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[RP] Du sang, peut naître de l'encre

Faebur
Faebur n'avait pas quitté la jeune femme des yeux, se concentrant à la fois sur sa réponse et sur son équilibre fort précaire par instant. Il ferma un instant les yeux, pour inspirer profondément, et reporta aussitôt son attention sur Kalliopé. Il s'était plutôt préparé à un refus catégorique mais certainement pas à la trouver hésitante dans sa réponse. L'avait-il tant surprise ? A vrai dire, ce n'était pas si étonnant, puisque lui-même était surpris d'avoir osé lui poser une telle question. En venant sur Pau, il n'avait absolument pas prévu de s'attacher à qui que ce soit, et encore moins à une femme. Il désirait juste se battre pour ses idéaux, avec ses maigres moyens, et aider ceux qui partageaient ses convictions. Et voilà qu'une armée et trois coups d'épée avaient changé beaucoup de choses...

Je dois bien avouer que votre proposition me tente pourtant, mais êtes-vous certain de pouvoir déjà reprendre la route ? De toute façon je ne vous laisserai pas seul ici, et vous accompagnerait au moins jusqu’à la prochaine ville que vous comptez rejoindre.

Il sourit à cette réponse. Pas vraiment positive oui, mais pas négative non plus, et elle disait vouloir rester encore un peu avec lui. Peut-être que d'ici là... Et comme il n'avait aucune idée de la prochaine ville qu'il devrait rejoindre, si tant est qu'il y en ait une sous peu, cela pouvait donc durer encore un moment.

Et vous comptez prendre la route bientôt ?

En fait heu... Je ne sais pas trop, mais je crois que les béarnais, ceux qui ont provoqué la raison de votre venue auprès de moi, ne sont pas vraiment disposés à laisser des gens comme moi quitter leur capitale bien tranquillement. Donc il est possible que je reste encore un peu ici. Comme ça eh bien...


Il s'arrêta un instant, et hésita à poursuivre. Avait-il le droit de lui proposer ce qu'il venait de lui proposer après ce qu'il venait de lui arriver à lui ? Ce n'était absolument pas sans risques, et il ne voulait pas être la cause de son malheur.

Si vous voulez rester avec moi, au moins jusqu'à ce que je doive bouger, vous aurez le temps d'y réfléchir davantage. Et de veiller à ce que je ne fasse pas trop d'effort, ajouta-t-il malicieusement, un léger sourire aux lèvres.

Quoi que vous choisissiez, je ne prierai jamais assez Aristote de vous bénir et de vous donner longue et heureuse vie.

Sentant sa jambe faiblir, Faebur s'assit, ou s'affaissa plutôt, dans l'herbe grasse et leva un regard à la fois timide et plein d'espoir vers Kalliopé, qui avait toujours plume et parchemin à la main.
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Kalliope
Il avait l’air aussi indécis qu’elle, et ne semblait pas vraiment savoir de quoi le lendemain serait fait. Ne détachant pas son regard du sien, elle se demandait où tout cela allait la mener. Les réponses de Faebur engendraient chez elle plus de questions qu’elles n’apportaient d’éclaircissements, mais curieusement cela ne la gênait pas vraiment. Peut-être avait-elle simplement peur des réponses qu’elle aurait eues.

Elle avait compris à demi-mots qu’il œuvrait pour un idéal qui semblait l’avoir conduit à se battre, et à se retrouver ainsi blessé dans cette forêt. Elle s’était toujours tenue loin de la scène politique, des organisations diverses, et n’y entendait au final pas grand-chose, et pour sa part se tenait en général éloignée des conflits, quels qu’ils puissent être. Elle prenait partie en général pour les gens et non pour les causes. Et c’est ce qui l’avait conduite ici, dans cette forêt, pour venir en aide à un blessé qu’elle ne connaissait presque pas.

Ce qui la poussait à rester, elle aurait été bien incapable de le dire à ce moment là. Comme de dire si elle le suivrait plus loin que prévu. Mais elle s’était promis de le reconduire jusqu’à une ville, et cela elle s’y tiendrait. Elle avait donc encore un peu de temps devant elle pour prendre sa décision.


Si vous voulez rester avec moi, au moins jusqu'à ce que je doive bouger, vous aurez le temps d'y réfléchir davantage. Et de veiller à ce que je ne fasse pas trop d'effort…

Oui voilà… ils tombaient d’accord… le temps de réfléchir… Elle ne put retenir un sourire à son attention.

Je resterai avec vous au moins jusqu’à ce que vous soyez rendu dans une ville, comme je vous l’avais dit et …

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle le vit rejoindre le sol, sa jambe le trahissant. Lâchant parchemin et plume elle se précipita vers lui, s’agenouillant à ses côtés, se reprochant aussitôt de lui montrer ainsi son inquiétude.

Ca va ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? Vous voyez, vous ne m’écoutez pas ! Retournez de suite vous reposer !

Essayant de reprendre un ton et un visage impassible, elle se penche au-dessus de sa jambe pour examiner sa blessure.

Bon, elle est plutôt bien… mais ne forcez pas dessus s’il vous plait, sinon on va finir par passer l’hiver dans ce bois. Maintenant excusez-moi un instant, mais j’ai un courrier à faire…

Elle ramasse son parchemin et sa plume, et s’installe à quelques pas de lui, appuyant son dos contre le tronc d’un arbre. Ne pouvant retenir un soupir, elle commence à noircir la page d’une écriture régulière, ne trahissant nullement son tourment. Poursuivant ses explications, ou tentatives d’explications tout en gardant un œil discret sur l’homme assis en face d’elle, elle parvint enfin à finir sa missive. S’emparant d’un pigeon grassouillet qui de toute évidence manquait d’exercice, elle le laissa s’envoler vers Saint Bertrand.
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Faebur
Ca va ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? Vous voyez, vous ne m’écoutez pas ! Retournez de suite vous reposer !

Faebur hésita entre le sourire montrant qu'il appréciait qu'elle s'occupe de lui et la mine penaude révélant qu'il était désolé de ne pas avoir tenu compte de ses recommandations. Mais il fut ravi lorsqu'elle se pencha sur lui pour vérifier l'état de sa blessure et se laissa faire volontiers. D'autant plus que ce n'était pas lui qui s'y connaissait en médecine. Il avait cru que le Très-Haut le protégerait des mauvais coups, grossière erreur de jugement visiblement.

Bon, elle est plutôt bien… mais ne forcez pas dessus s’il vous plait, sinon on va finir par passer l’hiver dans ce bois.

Tout l'hiver avec elle dans ce bois ? Hum... Tentant comme éventualité cela. Le jeune homme secoua la tête, comme pour se ramener à la raison. Vu le froid qu'il risquait de faire, qu'il faisait déjà même, c'était parfaitement inconscient, et il ne souhaitait pas qu'elle prenne froid à cause de lui. Réfléchissant à une autre option, il fut tirée de ses pensées par Kalliopé qui lui disait terminer sa missive. Oui, c'est vrai qu'il l'avait interrompue en pleine rédaction.

Il resta assis non loin d'elle et poursuivit sa réflexion, non sans jeter de fréquents coups d'œils, qu'il supposait être discrets, dans sa direction. Pesant le pour et le contre, et notamment la présence d'une armée béarnaise non loin, sans doute la même que celle qui lui avait infligé ces blessures qui l'affaiblissaient, il finit par se décider pour ce qui lui semblait être la moins mauvaise option et attendit donc patiemment qu'elle termine son courrier. Le pigeon s'envola dans le ciel parsemé de sombres nuages, et lorsqu'il ne fut plus qu'un point sombre à l'horizon, Faebur reporta son attention sur la jeune femme puis prononça d'une voix toujours un peu hésitante, mal assurée.


J'ai un peu réfléchi et heu... On ne peut pas rester là je pense, cette grange n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler un abri confortable. J'ai quelques connaissances en ville, et ils ont dû prévoir un endroit pour se reposer et se sustenter de façon correcte. Que diriez-vous de commencer par aller jusque là ? Enfin... Si cela ne vous dérange pas bien sûr...

Ignorant à qui Kalliopé avait bien pu écrire, le jeune homme se retint de de le lui demander directement. Après tout, cela ne le regardait en aucune façon, et c'eut été une grave indiscrétion de sa part que de poser une telle question. Peu importe après tout, si elle voulait lui en parler, elle le ferait.
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Kalliope
Suivant le volatile des yeux en soupirant, elle espérait qu’il arrive à bon port et que son destinataire se porte bien. Repensant à sa missive, elle fronça les sourcils, pas très satisfaite de ce qu’elle avait écrit. Enfin il était trop tard pour la modifier, elle devra faire avec.

Elle fut tirée de ses pensées par une voix qui commençait à lui être familière. Levant les yeux vers lui, elle mit un certain temps à comprendre ce qu’il lui disait. Oui, il fallait penser à quitter la forêt, le froid sévissait de plus en plus durement, et les vivres se raréfiaient. Il avait raison, mais curieusement l’idée que l’aventure se termine ne l’enchantait pas plus que ça.


Bien sûr, vous avez raison, et je pense que si vous vous en sentez la force nous pourrons partir dès demain. Une fois vos amis retrouvés, je serai rassurée et je pourrai alors … enfin on verra.

Bien sûr qu’elle pourrait le laisser en sécurité et repartir chez elle. Mais elle n’avait pas envie d’y penser maintenant. Ces quelques jours passés avec lui avaient tissés des liens, et elle savait très bien qu’une fois qu’ils se sépareraient, il y avait fort peu de chances qu’ils se revoient un jour. D’un autre côté, c’est bien ce qui était prévu au départ, alors pourquoi s’en formaliser. Le temps de le ramener, de faire quelques provisions, et d’ici deux à trois jours elle reprendrait la route pour Saint Bertrand.

Son regard posé sur lui, elle s’approcha et s’assit près de lui.


Alors vous pensez arriver à suivre la route jusqu’à Pau ? On prévoit notre départ pour demain matin ? Par contre, il faut me promettre qu’une fois en ville avec vos amis, vous ne ferez pas d’imprudence, et que vous vous reposerez quelques jours avant d’envisager un quelconque déplacement.

Elle lui parlait comme si sa décision était prise, se disant qu’ainsi cela lui faciliterait la tâche. Etre raisonnable une fois dans sa vie, elle devrait pourtant y arriver… elle n’était pas seule dans cette histoire, et n’avait aucun droit de partir comme ça…

Elle s’aperçut alors qu’elle le fixait du regard, et sentit ses joues rougir, gênée de l’avoir ainsi dévisagé. Elle baissa rapidement les yeux, et se mit à jouer avec un brin d’herbe, n’osant plus lever les yeux vers lui.

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Faebur
"Et je pourrai alors..." Faebur retint légèrement son souffle en entendant ses mots, attendant la suite avec inquiétude. Et je pourrai alors m'en aller ? C'est cela qu'elle voulait dire sûrement. "enfin on verra." Ah... Ce n'était pas tout à fait signe de départ ça. Relevant lentement la tête vers la jeune femme, il la dévisagea quelque peu et un léger sourire orna son visage fatigué. Sa présence lui faisait du bien, sans même parler de tous les soins qu'elle lui avait prodigués et sans lesquels il n'aurait pas eu la moindre chance de survivre. Oui, il lui devait beaucoup. Peut-être qu'écouter ces recommandations était une façon de la remercier, au moins en partie.

Alors vous pensez arriver à suivre la route jusqu’à Pau ? On prévoit notre départ pour demain matin ? Par contre, il faut me promettre qu’une fois en ville avec vos amis, vous ne ferez pas d’imprudence, et que vous vous reposerez quelques jours avant d’envisager un quelconque déplacement.


Le jeune homme, enfin jeune, pas tant que ça quand même, hocha la tête affirmativement, songeant en lui-même qu'il aurait bien plus de chances de tenir sa promesse si elle restait à ses côtés. Peut-être...

Je vous le promets.

Il se sentit un peu comme un enfant qui promettait de ne pas refaire de bêtises, alors même qu'il savait parfaitement que le genre de "bêtises" qu'il avait fait se renouvellerait sûrement à bien d'autres reprises, même en faisant tout son possible pour l'éviter.

Départ pour Pau demain matin... Oui, vous avez raison. Un peu tard pour partir ce soir, et je pense qu'une nuit de sommeil supplémentaire ne sera pas de trop pour ma jambe.

Il regarda sa besace qui traînait au loin, près de la grange et renonça à aller farfouiller dedans. Il avait promis de ne pas trop bouger et de ménager sa jambe, ce n'était pas pour rompre cette promesse 5 minutes après l'avoir faites.

Pour cette nuit... Je...


Chassant les quelques pensées qui lui venaient à l'esprit en prononçant ses mots, il secoua légèrement la tête pour se reprendre. Ce n'était pas le moment d'avoir des idées déplacées, surtout qu'il était fort probable qu'elles ne soient pas partagées.

Je ne voudrai pas que vous ayez froid cette nuit, alors si vous en avez besoin, il doit y avoir une deuxième couverture en laine, pas très grande j'avoue, dans ma besace.


Il lui sourit à nouveau, gardant lui aussi les regard fixé sur le brin d'herbe avec lequel elle était en train de jouer nerveusement.
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Kalliope
Le soir allait tomber très vite, et déjà le froid gagnait du terrain. Passer une nuit de plus en forêt n’était peut-être pas la meilleure idée qu’elle ait eue, mais pourtant c’était bien la seule option.

Je pense que pour cette nuit il serait plus prudent de se mettre à l’abri dans la grange. Le feu ne suffira pas je le crains. Je vais vous aider à vous déplacer, et merci pour la couverture, je l’accepte avec plaisir.

Se disant, elle se lève et se penche vers lui, lui tendant sa main pour l’aider à se relever. Elle le voit prendre appui sur sa jambe valide, et la grimace de douleur furtive lorsqu’il pose sa jambe blessée ne lui échappe pas. La route s’annonce difficile pour demain, mais elle ne veut pas le décourager, et ne fait aucun commentaire. Elle lui sourit, l’accompagnant lentement à l’abri de la masure en bois. L’aidant à s’installer aussi confortablement que possible sur la paillasse de fortune, elle repense à ces derniers jours. Malgré la précarité de leur situation, ces quelques jours auprès de lui avaient été finalement plutôt agréables, si on passait outre les soins qu’il avait fallu lui prodiguer dès son arrivée. Pourtant elle savait aussi peu de choses sur lui que lui n’en savait d’elle. Malgré cela, une relation de confiance s’était établie entre eux et elle regretterait sûrement de ne pas avoir eu le temps de mieux le connaître.

Une fois son blessé installé, elle ressortit chercher leurs besaces restées à l’extérieur, et dans la pénombre naissante, vit les premiers flocons virevolter autour d’elle. Tendant la main dans un geste infantile pour les attraper, un sourire éclaira son visage. Elle avait toujours aimé cette manifestation de l’hiver, même si pour cette fois il aurait mieux valu que le temps reste encore clément pour leur faciliter la route.

C’est donc avec un grand sourire, et les cheveux recouverts de cet éphémère poudre blanche qu’elle revint dans la cabane, lui remettant sa besace, n’osant fouiller dedans à la recherche de la couverture.


Il neige !!! s’écria-t-elle émerveillée, avant de se rendre compte qu’il risquait de ne peut-être pas apprécier la nouvelle. Tant pis, elle aimait profiter de l’instant présent, et s’approchant de lui, secoua sa chevelure au dessus de lui, pour lui faire profiter des flocons qui la recouvraient. Eclatant de rire devant son visage étonné, elle se laissa tomber à côté de lui, les joues encore rougies par le froid.

Bon d’accord, j’avoue que cela risque de nous compliquer la tâche sur les chemins demain, mais j’aime la neige, désolée !

Pour ce soir elle n’avait plus envie de se poser de questions sur ce qu’elle ferait le lendemain, elle s’installa à côté de lui, prenant en souriant la couverture qu’il lui tendait, et d’humeur bavarde pour une fois, entama la conversation d’un ton léger, espérant apprendre à le connaître un peu mieux.
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Faebur
Prenant la main qu'elle lui tendait pour l'aider à reprendre appui sur sa jambe et demie, Faebur en apprécia la finesse, contrairement aux siennes, plus larges et calleuses. Le travail à la mine ne les avait pas arrangées, bien au contraire. Il essaya en vain de retenir la grimace de douleur qui déforma furtivement son visage lorsqu'il s'appuya de tout son poids sur sa jambe blessée. La fatigue commençant à se faire sentir, le court trajet pour retourner jusqu'à la grange, bien que très agréable par un certain côté puisqu'il se trouvait être soutenu par une très charmante demoiselle, lui parut fort long et laborieux. Heureusement que ses deux autres blessures n'étaient pas aussi importantes, sinon ses chances de survie auraient été bien plus minces.

Il fit un geste vers sa besace pour s'en saisir lorsqu'ils passèrent à côté, mais Kalliopé ne semblait pas du même avis et l'entraîna avec lui jusque dans la grange pour l'installer confortablement, ou aussi confortablement que possible vu les maigres moyens dont elle disposait. Au moins, ils avaient un toit au dessus de la tête et ne seraient pas obligés de dormir à la belle étoile, étoiles qui seraient d'ailleurs sûrement cachés vu les nuages qui s'étaient amoncelés au dessus d'eux durant la journée. Faebur regarda la jeune femme ressortir pour ramener leurs besaces respectives, s'efforçant de ne pas laisser son regard s'égarer plus que la décence ne l'aurait permis, puis ferma les yeux quelques secondes, inspirant profondément.

Il les rouvrit brusquement en entendant la jeune femme s'exclamer qu'il neigeait et il eut un large sourire en voyant sa mine réjouie, sans songer un seul instant que cela risquait de leur poser quelques problèmes de déplacement, surtout avec sa patte folle. Mais ce n'était pas le moment de s'encombrer avec de simples détails matériels contre lesquels ils ne pouvaient rien faire de toute façon. Surpris lorsqu'elle secoua ses longs cheveux au dessus de lui, il grimaça en sentant quelques flocons lui tomber sur le visage, surtout quand l'un d'entre eux jugea très spirituel de s'engouffrer dans une narine, manquant de le faire éternuer. Il renifla un bon coup (de façon très élégante donc) et joignit son rire au sien, tellement il était contagieux.


Bon d’accord, j’avoue que cela risque de nous compliquer la tâche sur les chemins demain, mais j’aime la neige, désolée !

Ne soyez pas désolée, cela fait du bien d'entendre quelqu'un rire, et de voir votre beau sourire orner votre visage. Ça faisait longtemps...

Il la regarda s'installer à côté de lui, songeant en lui-même que pour la première fois depuis fort longtemps, il allait passer une soirée paisible, si sa blessure à la cuisse voulait bien le laisser tranquille. Sur son invitation implicite, il lui parla un peu de lui, de sa vie parfaitement banale et inintéressante à Angoulême, puis de sa rencontre avec la Réforme et sa venue dans le Béarn pour se battre pour la Vraie Foy, contre l'Église Aristotélicienne. Faebur regardait Kalliopé très souvent, pour vérifier qu'il ne l'ennuyait pas avec son discours, sans oser orienter la discussion sur la jeune femme, trop timide pour la questionner sur sa vie à elle. Il se risqua finalement à lui poser une question, profitant d'un léger creux dans la conversation, alors que le feu à l'extérieur de la grange se consumait lentement, projetant quelques lueurs blafardes à l'intérieur.

Tout à l'heure... Vous disiez que la neige nous ralentirait... Cela ne vous dérange pas ? Enfin, je veux dire, que le voyage en ma compagnie soit plus long...
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Kalliope
La pression retombait de jour en jour. Faebur se remettait lentement mais sûrement de ses blessures, et l’atmosphère avait bien changé depuis le jour de son arrivée. C’était la première fois qu’ils discutaient vraiment tous les deux, qu’ils prenaient le temps de se connaître un peu, et qu’ils passaient enfin un moment de réelle détente. Le chemin qui les attendait demain ne serait certes pas de tout repos, mais pour le moment elle comptait bien ne profiter que de l’instant présent.

Ne soyez pas désolée, cela fait du bien d'entendre quelqu'un rire, et de voir votre beau sourire orner votre visage. Ça faisait longtemps...

Ses joues rougirent en entendant ces quelques mots, mais elle essaya de n’en laisser rien paraître, et les yeux posés sur lui, elle écoutait son récit avec beaucoup d’attention. Même si elle avait du mal à comprendre comment on pouvait ainsi adhérer aveuglément à une cause, elle pouvait comprendre son point de vue. Elle était d’accord sur un certains nombre de choses pour lesquelles il avait décidé de se battre, mais elle avait pour principe d’intervenir un minimum dans les affaires de chacun. Sa vie était sur les routes, et s’impliquer était quelque chose d’étranger à sa conception de la vie. Elle avait cru y arriver il y a quelques temps, auprès de l’homme qu’elle aimait, mais finalement, l’appel de l’aventure semblait avoir eu raison de cet engagement.

Tout à l'heure... Vous disiez que la neige nous ralentirait... Cela ne vous dérange pas ? Enfin, je veux dire, que le voyage en ma compagnie soit plus long...

Elle n’eut pas le temps de répondre qu’un bruissement d’ailes attira son attention, retour du volatile dodu qui avait réussi à pénétrer dans la grange. Elle le délesta de son message, lui envoyant quelques grains de maïs au loin. Elle lut la courte missive, et soupira. Puis se tournant vers lui en essayant de sourire :

Non ne vous inquiétez pas, il semble que la durée du voyage ne soit plus un problème. Et puis du moment que la route se fait en bonne compagnie, il n’y a aucune raison de s’en plaindre non ? Et puis je pense qu’en partant à l’aube, malgré votre jambe, nous devrions joindre Pau dans la soirée, avant que la nuit ne tombe. Vos amis vous attendent ?

Jouant distraitement avec le parchemin qu’elle avait gardé dans sa main, elle se réinstalla le plus confortablement possible, sachant qu’ils devraient bientôt dormir au vu de la journée qui les attendait demain, mais n’en ayant pourtant pas la moindre envie. Que ferait-elle une fois à Pau… elle le déciderait sûrement au dernier moment, comme à son habitude. Le froid s’intensifiant, elle tira la couverture se blottissant dessous, son regard toujours posé sur lui.
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Faebur
Faebur regarda le pigeon atterrir, évitant de penser que le pigeon rôti était un mets particulièrement savoureux, et observa la jeune femme lire la missive qui se trouvait attachée à la patte du volatile. Pas de bonnes nouvelles visiblement, mais il se garda bien de la questionner à ce sujet, après tout cela ne le concernait point. Il l'écouta attentivement, et ne put réprimer un sourire réjoui lorsqu'elle lui annonça que la durée du voyage n'était plus un problème, puis sous-entendait qu'elle trouvait qu'il était de bonne compagnie. C'était bien la première fois qu'on le lui disait, car il avait pour habitude de peu parler, répondant par monosyllabes quand on l'interrogeait la plupart du temps.

Vos amis vous attendent ?

Pas que je sache, j'ai été un peu séparé de tout le monde lorsque... enfin, après avoir reçu les coups d'épée qui vous ont amenés près de moi. Et puis, j'ai toujours été quelqu'un d'un peu solitaire.


Il la regarda se blottir sous la couverture en laine et esquissa un sourire avant de faire de même, brusquement saisi par la froidure de la nuit. Ils cessèrent tous deux de parler, appréciant le silence de la nuit, seulement troublés par les bruits de la nature qui leur devinrent rapidement familiers. Le feu finit par ne projeter plus qu'une simple lueur, et la grange se trouvait pratiquement plongée dans l'obscurité. La chevelure noire de Kalliopé faisait ressortir la clarté de son regard, l'éclat des flammes mourantes se reflétant dans ses yeux. Faebur ne voyait plus que ça de la jeune femme et écoutait sa respiration régulière, jusqu'à ce que les paupières de la bohémienne se ferment doucement, suivies de peu par les siennes, oubliant la très légère douleur de sa jambe ainsi que le froid qui régnait en maître dans leur maigre refuge pour plonger enfin dans les abysses réconfortantes du sommeil.

Un pâle rayon de soleil les réveilla dès les premières heures du jour. Faebur s'étira avec difficulté, sentant les muscles de son dos craquer et sa jambe recommencer à le faire souffrir, mais moins que les jours précédents. Il laissa Kalliopé aller faire un brin de toilette, grignotant un morceau de pain rassis avec application, cherchant surtout à ne pas laisser ses pensées s'égarer, et gardant le dernier fruit qu'il restait pour la jeune femme. Après ce repas plus que frugal, ils se dépêchèrent de remplir leurs besaces du peu d'affaires que chacun d'eux possédait, afin de partir au plus vite. Avant de s'éloigner, Faebur regarda la bicoque branlante qui leur avait permis de se protéger du froid et retint un léger soupir avant de se détourner, se tournant vers la jeune femme.


Bon... En route !

Il prit un air enjoué et ils entamèrent la route qui allait les mener jusqu'à Pau à un bon rythme, c'est-à-dire aussi vite que le néo-palois pouvait progresser avec le handicap de sa patte folle. Les soins reçus étaient néanmoins efficaces puisque la douleur, bien que toujours présente, était largement supportable et le laissait avancer sans trop ralentir sa compagne de voyage. L'air était pur, froid mais dégagé, sans vent, temps idéal pour la marche s'il avait pu faire quelques degrés de plus. Ils ne firent que de rares et courtes pauses, pressés d'atteindre leur but, qu'ils voyaient au loin, aidant à garder courage. Faebur jetait de fréquents coups d'oeil vers Kalliopé, impressionné de la voir marcher ainsi, sans s'économiser, mais sans se fatiguer non plus, cela se voyait qu'elle avait l'habitude de voyager, comme tous les bohémiens d'ailleurs.

Ils arrivèrent à Pau en fin de journée, et Faebur poussa un soupir de soulagement en franchissant les portes de la ville, repérant rapidement les nombreux soldats qui patrouillaient de tous les endroits stratégiques de la ville. Visiblement, les Helvètes et les sicaires du Lion de Juda inquiétaient toujours autant les autorités béarnaises, avec raison sans nul doute. Direction l'auberge "le refuge", tenue par Phonya, où Faebur, toujours accompagné de Kalliopé put prendre connaissance d'une courte missive qui lui était adressée. Il la lut plusieurs fois avec attention, avant de la jeter au feu d'un geste brusque. Pas besoin que des personnes mal intentionnées tombent dessus et ne s'empressent de tirer des plans sur la comète. Il se tourna vers la jeune femme qui attendait patiemment et esquissa un sourire gêné.


En fait heu... C'était vraiment très gentil à vous de venir avec moi jusqu'à Pau mais... D'après ce que je viens d'apprendre, il ne faudrait pas que je reste en ville. Aimeriez-vous m'accompagner ?

Il vit la jeune femme hocher la tête et prendre une expression pensive. Ignorant le contenu de la missive qu'elle avait reçue, il se doutait qu'elle allait décliner sa proposition, mais lui laissa le temps de la réflexion, croisant discrètement les doigts pour se tromper. Au bout d'un silence qui lui parût durer des heures, Kalliopé le regarda droit dans les yeux et le surprit en lui annonçant qu'elle était prête à le suivre, au moins pour un certain temps. Cette réponse, qui lui laissait la possibilité de l'abandonner dès le lendemain convenait toutefois parfaitement au jeune homme.

Après une courte nuit passé, enfin, au chaud, dans une petite chambre de l'auberge, que Faebur insista pour payer, malgré les dénégations de la jeune femme, chambre à deux lits bien entendu, ils se levèrent une nouvelle fois dès les premières lueurs du jour et se dépêchèrent de se mettre en route. Les douaniers étant nettement moins réveillés, et donc moins tatillons, quand il est tôt, ils purent sans problème sortir de la ville et apprécier le paysage de la campagne béarnaise qui s'étalait devant eux. Ils hâtèrent le pas et disparurent derrière un bosquet au détour d'un chemin, cachés aux yeux des citadins qui auraient pu tourner leur regard dans la direction où ils étaient partis.

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