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[RP] Quand les Moires brisent le mauvais fil...

Jacques.rogy
Jacques a bout de forces regarda la blondinette. Il avait eu beau s'évertuer à essayer de réanimer le petit corps rien n'y avait fait, Bastian ne revenait pas à lui. Il se recula et passa une main dans ses cheveux d'abattement en secouant la tête de gauche à droite, désespéré. Il n'eut même pas la force d'empêcher Nephe de se jeter sur le corps étendu de son fils. Il la regarda comme figé taper sur le thorax du petit, crier, secouer, hurler, pleurer. Incapable de dire un seul mot, la culpabilité et la tristesse mélangé dans ses veines, il put simplement tendre le bras pour poser sa main sur l'épaule de son amour. Les yeux baissés sur le sol, il ne pouvait regarder le corps sans vie de celui qu'il ne connaitrait jamais.... Les minutes de silence lui parurent longues, très longues...

Soudain Nephe saisit sa main avec une force qu'il ne lui pensait pas encore détenir. Il la regarda sans comprendre, puis son regard suivit le sien poser sur Bastian. Le petit crachait l'eau, il était donc en vie. Jacques sentit la chaleur revenir dans ses entrailles, et il avait envie de serrer tout le monde contre lui. Nephe plus réactive commença à basculer le garçon, voyant qu'elle peinait il l'aida. Puis se sentant un peu de trop, il se releva pour laisser la mère et le fils se retrouver.

Il essora brièvement ses vêtements et regarda la garde de son épée bien mal en point. Puis il aida le coché à se relever et voyant qu'il avait une flasque autour de sa ceinture, l'ouvrit et lui en donna une bonne rasade. Les joues de l'homme redevinrent rose et il commença à reprendre ses esprits. Jacques le sourire aux lèvres tapa amicalement dans le dos du coché.

Ses pieds pesaient une tonne, il avait essorer tant bien que mal ses vêtements mais n'était pas encore passé aux bottes. Pourtant chaque pas était devenu FLOC FLOC FLOC... Il se baissa et commença à défaire les lacets quand des petits bras lui sautèrent au cou. Pris par surprise par cet assaut inopiné Jacques tomba à la renverse mais eu le réflexe de serrer ses bras autour du garçonnet. C'est ainsi qu'en moins de deux sans le vouloir il se retrouva les fesses par terre avec une crevette blonde sur les genoux. Il regarde Bastian sans comprendre puis lui sourit amusé. Et la plantant ses petits yeux bleus dans ceux de Jacques, il lui lui bredouilla:


Toi .. sauvé ... Mama !

Jacques senti son coeur se serrer à l'entent de ses paroles. Le petit bonhomme avait une telle douceur, une telle sincérité dans les yeux, l'ours s'en sentait tout retourné. Il avait tout imaginé comme première rencontre mais certainement pas que les premières paroles de Bastian pour lui serait des remerciements. Le mini Nephe fit un énorme bisous sur la joue du Cosnois puis alla se fourrer dans les jambes du coché.

Il se releva un peu décontenancé de tout ce qui venait de se produire et posa ses yeux sur la belle blonde qui s'était entre temps approchée de lui. Il lui sourit et accrocha son regard après ses deux saphirs bleuté. Et il entendit enfin cette réponse qu'il espérait tant. Heureux, il lui caressa la joue, il s'apprêtait à l'embrasser quand elle s'affaissa contre lui. Mauvais souvenir de la Tour qui refait surface, la même angoisse qui l'étreignit...

Il l'allongea doucement au sol et la serra contre lui. Il lui caressa tendrement les cheveux un instant pour la calmer, elle desserra doucement sa main du bras du Brun. Il chercha des yeux la sacoche de Nephe, il lui fallait la potion anti-douleur. Il vit la sacoche sur le dos de Lib, il allait la soulever dans ses bras pour l'emmener à l'écart des yeux de son fils quand il la senti se raidir et porter la main à son ventre. Il suivit des yeux son geste quand son regard s'arrêta sur ses cuisses. Là, il comprit, sans rien dire, avant le départ, elle l'avait fait comme le médicastre lui avait conseiller. Pour elle ça devait être le moment...

Il défit son mantel et enroula Nephe dedans, plus pour ne pas alerté les autres que pour la réchauffer, ses affaires étant archi trempé comme ceux de sa pestouille blonde. Il siffla Byzance et souleva Nephe dans ses bras. En regardant Bastian et le coché, il essaya de rester calme et de ne pas laisser sa voix vibrer, ne pas trahir son émoi, surtout ne pas montrer son trouble. Il inspira profondément et prit une voix détachée.


Bastian ta mère est trés fatigué par tout ce qu'il vient de ce passer. Tu sais les femmes, elles sont plus fragiles que nous autres les hommes, un rien les perturbe. Tu vas monter avec ton ami coché sur Lib, je suis sur que la jument de ta maman sera heureuse de te retrouver. Et puis moi je vais m'occuper de ta maman et chevauché avec elle. Comme ça elle va pouvoir un peu se reposer et en rentrant elle te fera un gros calin.

Il se força à adresser un sourire tendre et rassurant au gamin. Puis son regard se posa sur le coché et discrètement un index sur la bouche, il lui fit signe de ne pas faire de commentaire et d'exécuter ce qui venait d'être décider derechef par lui seul.

Il se leva sa blonde chérie dans les bras. Byzance, obéissante pour une fois se tenait sage devant eux, attendant la suite des opérations. Il déposa doucement Nephe au sol, l'aidant à s'appuyer sur la jument. Il siffla Lib, et il détacha deux couvertures du paquetage qu'elle avait sur le dos. Il déplia la première coinçant l'autre entre ses jambes et enroula son amour dedans. Il déposa un baiser sur les lèvres de sa douce et lui murmure à l'oreille:


Nephe, je ne peux pas te monter seule aide moi je vais te porter. Pour que tu sois plus a l'aise mets toi en amazone, je te tiendrais fort contre moi.

Sans mot dire, elle se laissa faire. Il la hissa à bout de bras et elle s'installa. Il lui fit signe deux minutes d'attendre, il ne serait pas long. Il farfouilla dans son sac attaché sur le dos de la jument et en sortie une chemise épaisse. Puis la couverture dans une main, la chemise dans l'autre, il se dirigea vers Bastian. Le coché tenant l'enfant, il le déshabilla et lui fit enfiler la chemise sèche. La couverture étant assez grande, le garçonnet se fit emballer comme un cadeau de noël. Jacques prit le petit garçon dans ses bras afin de laisser le coché monté sur Lib. Puis une fois l'homme installer, il embrassa les joues rouges du garçonnet avant de le redonner à son compagnon de chevauché.

Il retourna presqu'en courant auprès de sa berrichonne. En moins de deux, il était grimpé sur sa jument, les bras autour de la femme de sa vie qui à présent souffrait le martyre. Il talonna Byzance et les quatre compagnons se mirent en route. Il baissa la tête et murmura à la femme abattu qu'il avait dans ses bras, les seules choses qui lui virent à l'esprit. Les seules choses que son coeur lui dictait.


Je voudrais tant prendre la moitié de ta souffrance pour t'aider mon amour. Je sais que je n'y peux rien... Mais maintenant je suis là, avec toi, aussi longtemps que tu le souhaiteras.

Il se sentait inutile, impuissant, nul, idiot, bête, face à une souffrance qu'il essayait d'imaginer et de vivre pour l'accompagner. A peine s'avouait il leur amour, que déjà il se trouvait dans l'impossibilité de l'aider.
Et sans rien ajouter, il posa son menton sur ses cheveux mouillés; sa main libre saisissant une des siennes pour y mêler ses doigts. Ses doigts maintenant qui resteraient mêler, il l'espérait à jamais.

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Nephertiti
[Pour une nouvelle vie...]

Là ! Tremblante, sanglotante, apeurée...
Là ! Dans les bras du seul homme, contre qui elle voulait rester blotti indéfiniment...
Là ! A essayer de penser à autre chose, essayer de se dire que ce n'est qu'un mauvais rêve et que demain elle se réveillerait auprès des deux trésors de sa vie, Jacques et Bastian.
Pourtant dès que la Berrichonne se regardait, elle ne voyait que cette tache sombre et visqueuse, signe d'une petite vie qui filait entre ses cuisses, tache s'agrandissait un peu plus à chaque nouvelle douleur.
Douleur physique qui était devenue presque supportable contrairement à la douleur de l'âme. Point facile de perdre ce qui aurait pu être un enfant, même s'il n'était pas attendu.
Toujours les yeux posés sur ses vêtements souillés, la Douce se remémora la matinée.

Ce matin là, Jacques était parti travailler dans son échoppe, la laissant seule afin qu'elle se repose. Elle avait tenté de se vider l'esprit d'apaiser la tristesse qui l'avait envahie... Mais, comme une rengaine entêtante, elle se remémorait les paroles de l'homme de sciences. La voix neutre et détachée du Médicastre flottait dans son esprit.
* Madame ! Certes je vous remets une potion aux vertus calmantes, elle apaisera les douleurs... abdominales..., cependant ne tardez pas à prendre la potion "purifiante". Accordez-vous le temps de faire votre deuil, mais ne tardez pas. Vous risqueriez de mettre votre vie danger.... Bien plus qu'elle ne l'est déjà... * La Douce l'avait regardé avec des grands yeux implorants, n'y avait-il aucun espoir, même infime, que ce soit vivant ? * Madame ! je vous le répète. Aucun Espoir. Il n'est plus...*
Elle n'arrivait pas à penser à autre chose. La dernière phrase du Médicastre avait été dure, sans appel. Soit pour une fois elle ferait ce qu'on lui dit, soit elle en mourrait.
Mourir... voilà bien la dernière chose qu'elle voulait à présent...
Etrange ! Quand on sait que quelques jours auparavant, c'était tout le contraire. La Douce aux idées noires, avait pris comme résolution de s'attaquer seule à une armée... Mais une rencontre avait bouleversé le cours de sa vie... Jacques ! Le beau brun l'avait séduite en un regard.
Et c'est bien pour lui qu'elle ne désirait pas mourir.
Pas maintenant...
Jamais... Tant qu'il resterait à ses cotés.
Assise sur le bord du lit, le visage plongé dans ses mains, elle en était là de ses réflexions, lorsqu'Athéna, la boule de poil Cosnoise, avait par inadvertance fait tomber la besace de Nephe, du fauteuil ou elle se trouvait. Dans sa chute le sac s'était ouvert et le petit flacon en était sorti.
Un signe...
Une coïncidence...
Peu importe...
Sans réfléchir une seconde de plus, le Douce s'était emparée de la fiole, l'avait ouverte, et avait vidé le contenu en une traite, se pinçant le nez devant l'odeur nauséabonde qui s'en échappait. Puis elle avait pris soin de cacher la fiole vide, elle ne voulait pas inquiéter Jacques plus qu’il ne l’était déjà.
Pendant quelques heures, elle avait attendu avec appréhension "la délivrance", mais rien ne s'était produit. Rassurée, il faudrait certainement du temps pour que cela agisse, elle avait donc accueilli son Beau Brun le sourire aux lèvres. Et tout deux avait pris la route pour rejoindre Bastian, Nephe oubliant même qu'elle s'était "soignée"...


La Tache, inlassablement continuait de s'agrandir... Jacques souleva Nephe, le Cosnois avait compris ce qu'il se passait, rapidement du bout de ses bottes il balaya la neige légèrement rosie, afin de s'assurer que la petite tornade blonde qu'est Bastian ne remarquerait rien...
Puis avec douceur et essayant de paraître le plus naturel possible, il la porta vers Byzance, l'enroula dans une couverture, et l'aida à grimper sur son dos. Le beau brun partit ensuite s'occuper de Bastian. Malgrè le vide et la souffrance, Nephe fut touchée de voir son homme prendre soin de Bastian. Leur première rencontre se passait presque à merveille.
Revenant vers elle au pas de course, sans un bruit Jacques monta derrière elle et l'aggrippa avec force. La berrichonne se blottit tout contre lui, une main se tenant le ventre, l'autre serrant le garot de la monture... La chaleur réconfortante des ses bras c'est bien ce dont elle avait besoin à l'heure actuelle. Le début du trajet se déroula en silence pour les amoureux. Derrière pourtant, Nephe écoutait son fils s'émerveiller de tout, riant aux éclat en compagnie du coché, qui semblait s'être pris d'amitié pour son petit.
Puis le silence s'abattit de nouveau sur les quatre compagnons d'infortune, la Douce lança un regard sur son fils, il s'était endormi, peut être aurait-elle du en faire autant. Soudain la voix envoutante de Jacques raisonna à son oreille.


Je voudrais tant prendre la moitié de ta souffrance pour t'aider mon amour. Je sais que je n'y peux rien... Mais maintenant je suis là, avec toi, aussi longtemps que tu le souhaiteras.

Alors qu'il mêlait ses doigts aux siens, dans un geste d'une intimité et d'une tendresse incroyable pour deux étrangers, Nephe s'abandonna dans ses bras, le contact de sa peau la grisant. Elle aurait tant voulu lui dire tout, lui faire une déclaration comme elle n'en avait jamais faite, mais les contractions de son abdomen n'allaient pas en s'arrangeant et la Berrichonne luttait en silence pour ne pas hurler de douleur.
Pourtant ses fines lèvres réussirent à articuler un mot...


... Toujours ...

Allait-il comprendre que c'était pour toujours qu'elle le désirait à ses cotés ?... Parce que oui, elle en était sûre Jacques était celui qu'elle attendait, son amour, son ame-soeur... Celui avec qui, discuter de tout était possible.
Sans s'en rendre compte, ils étaient arrivés à Bourges. Jacques avait décidé de ne pas pousser le trajet jusqu'à Saint Aignan, Nephe devait se reposer et ce malgrè le fait que les douleur fussent passées. C'était fini, plus rien n'occupait le ventre de la Belle, "la petite vie" s'en était allée, rejoindre d'autres petites vies, parfois oubliées...
Mais celle-ci ils ne l'oublieraient jamais.

Après avoir déposé le coché, et dédommagé le carosse noyé, la petite famille se dirigea vers la plus proche auberge.
Là à l'abris des regards indiscrèts, ils se retrouvèrent, se rencontrèrent...
Là à l'abris des regards indiscrèts, une autre page de leur éxistance s'écrivait...
Enfin réunis...
Pour toujours...
Unis dans le malheur comme dans le bonheur...
Ce jour là, Ce jour noir, une petite vie s'était éteinte, marquant le jeune couple à jamais... Certes... Mais, ce jour là ! ce jour de retrouvailles joyeuses, une nouvelle vie attendait Jacques, Nephe et Bastian...

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--Mythologie


[Epilogue...]

CLIC...

Le cliquetis métallique s'était fait plus sonnor, et l'espace de quelques secondes, le son entêtant semblait interrompu, figeant le temps et l'espace.
Les Moires avaient fait une petite pause, à peine plus longue qu'un battement de paupières. A y regarder de plus près Lachésis la sage avait glissé son doigt entre les lames, interrompant ainsi la course frénétique des ciseaux divins...
Elle avait ainsi sauvé une mère et son enfant... Son enfant né, mais le tranchant avait sectionné un tout petit filin. Un enfant non viable. La petite ame prisonnière de sa prison charnelle était enfin libérée...
Petit être à peine formé, dont personne ne soupçonnait la présence. Pourtant en étant attentif, les signes étaient présents... Saut d'humeur, instinct maternel exacerbé, crise de larmes, crise de rire...
Mais le fil avait été brisé et finallement voilà bien longtemps que la petite vie s'était échappée, pourtant l'ame était cloitrée.


clic......clic......clic..clic..............clic......clic

La marche funèbre avait repris son rythme inquiètant, l'épisode de bonté des Moires était à présent terminé et la vie reprennait son court.
Certes la vie des protagonistes de ce cliquetis si particullier serait marquée certainement pour l'éternité, mais à voir le sintillement du fil, nul doute qu'une vie pleine de bonheur s'offrait à eux. Il suffisait juste qu'ils saisissent la chance que le destin leur avait donné en les faisant se rencontrer.
Mais ceci seront les lignes d'une autre histoire. Le livre se referme sur le chapitre funèbre. Rentrez chez vous, riez, vivez et profitez car l'existence, en définitive, ne se résume qu'à un samedi soir sur la terre...
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