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La fougue de la jeunesse mercenaire éclairée par la pâle lune...

Duel d'ombres en la forteresse noire

Jules
Limousin... Un dernier retour en ces terres pourries par la politique et la chevalerie détestée. Dernières affaires dans la sacoche, derniers regards en arrière. Liberté !
Un Poitou traversé à la va-vite, même état d'esprit qu'à l'habitude, aussi chaleureux qu'un iceberg. Deux rencontres qu'il n'oubliera pas cependant. Deux femmes aux cheveux de blé, piliers d'oubli à ce poids sur les épaules. On dit que les ténébreux sont toujours plus attirants... Il ne s'est jamais posé cette question.
Et enfin le rendez-vous : Loches, ville de Touraine. Le nid d'vipères offre son lot de surprises.

Le borgne mélancolique Maleus, chef de la Zoko, prêt à trucider n'importe quel adversaire pour le motif de la mauvaise humeur.
Le colosse démoniaque Eikorc, au même grade, quoique plus impressionnant que le rouquin ne l'aurait cru après la fureur en règle du borgne. Une force qui a laissé le jeune homme givré sur place. Il ne pouvait que constater sa faiblesse comparé au géant musclé. Y avait du boulot...
La brune Sélène, apparemment proche de celui que l'on nomme Fablitos. Une autre aguerrie de la compagnie, Libertad de cœur, encore en deuil.
Le blondinet Armand, nouvel homme d'armes zokoiste comme notre roux. Il doit décidément être écrit sur leur destin qu'ils doivent partager une longue route...
La peste Adye, préférée du charmeur, avec qui malheureusement le rouquin ne pourra - peut être - jamais se faire à ce caractère détonnant. La mauvaise foi n'a jamais été son dada.
Et...


La Blondie

Un duel prévu, sans date sinon l'envie d'un jour. Et avant de faire un crochet à la mer, après avoir pu revoir la Féline, le jeune fougueux se sent d'humeur et de santé à tenter le défi aujourd'hui. Chacun ses hobbies n'est-il pas ?
Alors le Sambre s'empare d'un bout de charbon et d'un vélin. L'idée l'a effleuré.


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Citation:

Lucie,
La forteresse et moi-même te réclamons. Serait temps que tu me montres ce que tu sais et que nous voyions notre force de combat après l'esprit.
Tu as jusqu'à ce soir pour venir.
En espérant que tu ne pionces pas encore avec tes ailes d'ange remplumées par ton blond,

Jules


Ah ce Gandrel, très appréciable si ce n'est sa curiosité. Mais le rouquin ne lui en veut pas, il aurait fait de même. Pour lui la blonde avait tapé dans l'œil du comédien, c'était certain. Alors il ose cette dernière phrase. Qui sait ? Peut être que la course du cheval de la Blondie n'en sera que plus soutenue.
Sourire narquois aux lèvres, le roc carmin monte jusqu'aux murailles sombres de la forteresse et vient rendre visite à son messager poids plume. Une attache puis le volatile s'envole...
Le Sambre garde une pupille posée sur la direction que prend l'oiseau quelques minutes avant de retirer mécaniquement son gant de cuir dextre, pour admirer cette chevalière à l'annulaire. Rappel des mots du borgne.


Tu sais qu'une fois que tu as mise cette bague... La seule façon de s'en séparer... C'est de mourir.

Les paroles restent en suspend quelques secondes, les pensées du combat à venir s'enchevêtrent dans l'esprit du rouquin. Elle va venir, c'est sûr. Alors autant s'échauffer de bon matin pour vérifier si la marque spéciale Félina s'est bien refermée.
Le cuir des mains s'échappe en salle d'entraînement pour venir tâter le fer d'un bouclier et de l'épée personnelle. Le jeune fougueux se lâche sur un pauvre pantin pendant plusieurs heures, enchaine les temps de repos de gorgées d'eau fraîche. Un des trois moyens qui lui font perdre tout ce foutu stress accumulé...
Charges, pas de côté, coups d'estoc, fausses esquives, coupes transversales, coups de pieds et de genoux... Tant de choses apprises et rabâchées par la rigueur de l'Armée et de la Rue.

Hélios commence à perdre de son éclat... Et la fatigue aidant, le Sambre s'accorde une sieste sur un banc de bois, après s'être épongé de cette sueur accumulée.
La nuit tombe, s'empare des remparts de la forteresse déjà si noire, le silence devient presque de mort. A son arrivée, le rouquin avait pu apprécier l'ambiance glaciale du lieu de dehors, mais une fois avoir foulé assez souvent les pavés, s'en était devenu presque une habitude, voire un plaisir de mercenaire.

Les lourds pas d'Arnülf dans les couloirs font ouvrir les âtres du jeune fougueux aux longs cheveux. Autant profiter du froid de la nuit qui s'engouffre. Les bottes noires cloutées claquent dans les escaliers de pierre, bruit qui se répercute de toutes parts, rendant impossible l'envie d'être furtif en ces lieux si silencieux à l'habituel.
Et alors que le roc carmin s'autorise cette promenade, un faible galop lointain amène ses jambes à entamer une course jusqu'à la cour du château. Les hennissements ne lui mentent pas sur la venue d'une personne.
Vient là l'ouverte de la grille zokoiste, un glas unique pour les oreilles du Sambre.

Yeux qui se plissent pour mieux découvrir l'identité de la forme qui s'avance en marchant, main aux rennes. Seule la lune vient donner une réponse qui étire un fin sourire au rouquin, éclairant d'une pâle lumière le visage de la blonde. Le bruit des pavés donnent le rythme au fil de ses pas à son encontre, main gauche nue sur le pommeau de l'épée.
Léger salut de la menotte opposée, tandis que la montagne scandinave s'empare de l'animal.


Ravi que tu sois là Blondie... On commence ?

Et sans attendre une seconde de plus, le jeune fougueux vient réduire l'espace entre Lucie et lui d'un sprint, son épée dégainée, main dextre l'empoignant.
Ce soir c'est visite de la forteresse avec pour divertissement un duel mercenaire ! Que voulez-vous... Cette jeunesse...

_________________
Lucie
La noire forteresse s’approchait dans le crépuscule. Lucie la distinguait à travers les arbres qui ceignaient l’endroit et le protégeaient des visiteurs inopportuns et des curieux. Aucune hâte, le noir destrier Montmorencien (petit mais plus résistant que le précédent, visiblement) allait au pas. Fièrement cadencé, mais le pas. C’est qu’on commençait à ne plus trop y voir, et que le chemin, peu emprunté, réservait des pièges aux arrivants. Racines, éboulements, affaissements de terrain, ronces cruelles.

Néanmoins, la blonde commençait à connaître la route par cœur, et pouvait se permettre de rêvasser sur son cheval. De se perdre dans les méandres de ses pensées profondes. De s’offrir aux abysses de sa mémoire …



[Quelques jours avant, au Nid d’vipères, à Loches]



Elle n’y avait pas trop prêté garde, au rouquin. Un jeune homme sûr de lui, digne de la Zoko, certainement. Lucie, qui ne faisait pas partie des recruteurs, acceptait en toute sérénité les nouvelles recrues. Sa confiance en les zokoïstes, mêlée à sa flemme de chercher, la tenait éloignée de ce genre d’exercice.

Ils avaient fait connaissance, petit à petit, papotant jusqu’à la frontière de ce que la fierté empêchait le jeune homme de confier ; et pas au-delà de l’image que la blondinette voulait bien laisser d’elle : insolente de lumière. Rarement elle montrait le dedans tout brisé. Sa douce affection pour un homme infidèle et retord. Senese. Sa douleur sourde pour une amante envolée. Laudanum. Sa haine grandissante pour celle qui faisait souffrir l’homme qu’elle respectait le plus au monde … Maleus. Et tout ce qui la faisait s’éloigner de Loches pour un temps, avant que de se briser, telle une porcelaine trop fine, contre le roc des mercenaires échauffés.

La dernière soirée en fut l’exemple suprême. Invisible entre les deux chefs. Incapable de le comprendre, de le défendre contre lui-même. Incapable de le soigner. Lui qui, la veille, lui portait toutes les attentions, s’était détourné d’elle et de ses frères d’armes pour une maudite donzelle masquée qui le trainait dans le pire des enfers … Joinville. C’était du moins ainsi que le voyait Blondie. Rien que le masque déjà … Lucie détestait les masques et le mensonge …
et Joinville !

Et le roux avait soigné le borgne.

La vision de la forteresse se troubla. L’encre noire coulait sur le tableau … Ah non, c’était juste les yeux de la petite qui piquaient. Elle inspira et lâcha un gros soupir énervé. Tu vas pas chialer pour lui. Pense à … Gandrel, tiens. La relation idéale, emprunte de sincérité et de simplicité. Une relation temporaire. Un homme distingué et délicat, séducteur séduisant, cultivé, curieux des autres. Et pas mercenaire, surtout. Eikorc avait raison, il ressemblait étrangement à Senese. Senese sans l’insidieux poison qu’il avait injecté en elle lentement. Oui, idéale …

Jules avait accompagné Lucie à Chinon, l’échangeant contre une Felina plus grognonne que jamais, et était reparti à Loches. Lucie sourit en coin à ce souvenir, il devait croire que ces donzelles-là, seules sur les chemins, ne savaient pas se défendre. Elle lui montrerait de quel bois elle se chauffait …


[Le matin même, à Chinon]


Justement, la lettre l’y invitant l’avait trouvée à demi-nue dans une chambre jonchée des plumes que le matelas éventré avait dégobillé alentour. Seuls ses longs cheveux blonds masquaient tant bien que mal sa peau qui s’offrait dans la lumière matinale, tandis qu’elle lisait ses quelques lignes, allongée sur le ventre sur ce qu’il restait du lit. « P’tain, c’est pas moooon blond » avait-elle grogné à l’imperturbable missive. Et elle s’était levée, furax, pour hurler à la fenêtre qu’on lui préparât son cheval.

Le garçon de l’auberge ne s’était pas longtemps rincé l’œil. Chemise, braies, brigandine étaient déjà enfilées, épée, bottes, petit déjeuner aussi, Blondie était en selle. « Qu’est-ce t’as à mater ? »



[Bonjour l’accueil]


Lucie met pied à terre pour parcourir les derniers pas. La herse se lève en un fracas prometteur. Arnülf est là, qui l’accueille et emmène sa monture. L’œil de la blonde a aussi distingué le feu de la chevelure de Jules, avant même qu’il ne parle. Pressé le petit gars, mais il va devoir attendre que je repose mes petites fesses et que je m’envoie une bière, se dit-elle.

Ravi que tu sois là Blondie... On commence ?


Tout juste le temps de dégager l’andalouse pour parer, que le roux est déjà sur elle. Elle applique à son arme un grand arc de cercle, pour compenser la vitesse qu’elle n’a pas eu le temps de prendre. Et pour cause …

Non, mais il va se calmer lui ! On dit bonjour déjà !

L’acier fait vibrer dans le silence un salut des plus courtois. Petite musique douce aux oreilles de la Blonde. Déjà, il sait comment s’y prendre avec elle. Une petite rangée de canines blanches luit dans les rayons de lune. Elle a roulé sur le côté pour parer le choc d’un éventuel retour, et se tient désormais en position. Sa chevelure a pris des teintes d’argent dans ce nouveau décor. Il ne veut pas l’emmener au chaud, dans de plus tendres alcôves, très bien, elle lui fera sa fête ici.
Ici ou …
Elle avise les escaliers qui montent aux remparts, les coursives, les arches qui entourent la cour d’entrée. L’embarras du choix.


Tout le plaisir est pour moi, Jules.


La phrase servait juste de prétexte à détourner l'attention. C'est elle qui fonce sur lui, cette fois, légère et précise, épée courte bien en pogne, déterminée à trancher un bras, ou au pire une épaule. Rien dont on ne puisse se passer pour survivre, en somme. Il ne mérite pas de mourir. Il n'a pas été si désobligeant. Pas encore ...

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Jules
[ Sont pas polis les rouquins... ]

La blonde pare in extremis mais retourne la situation avec brio. Il n'en attendait pas moins. Les sens du guerrier s'éveillent. Ah ce doux crissement de l'acier trempé à la rencontre de son autre... A vous en redresser l'échine. Et tandis que Lucie repousse le rouquin de ce large geste, celui-ci l'analyse et s'imprègne de chaque seconde comme un savoir exquis.
Petit retour en arrière... Dix-sept printemps pour la femme aux cheveux couleur argent. Plus jeune et elle l'avait sans mal repoussé du poignard - avant une belle gifle - alors qu'il voulait s'interposer entre les deux grands chefs de la Zoko. Sûrement avait-elle raison de le freiner dans cet élan suicidaire mais... Elle l'impressionna sans mal à cet instant, et le roc carmin se jura de la défier au plus vite ; Dès que les marques félines auront cicatrisé. Quelles passes d'armes et bottes avaient-elles apprises ? Quels chemins avait-elle parcouru en ce domaine...?

Et là voilà enfin, fière mercenaire à la balafre au visage. Encore des points en commun... T'en as bavé hein Blondie, cette pourriture de vie ne t'a pas laissé souffler un instant. Alors allons-y l' "ange", amusons-nous en cette froide nuit où la lune reflète chaque lopin de terre... Deux fous avec la seule envie de découvrir et de battre son adversaire au mieux de ses compétences.
Et croyez bien que les provocations vont fuser, à la manière de chacun.

Elle toutes dents en avant...
Lui, onyx inquisiteurs, sans esquisse, sous-estime ou fierté.
Ainsi on le lui avait appris, ainsi il se battrait, car rarement ces leçons se sont révélées fausses ou impuissantes. Ne montrer ni sourire ni dégoût lors d'un combat pouvait démonter la confiance d'un adversaire et l'empêcher toute lecture des mouvements...

Un bref moment de calme s'installe, la blonde apparemment avec une idée en tête, fixant le décor derrière lui. Sourire intérieur, oh oui tu as tout compris. Voilà le challenge.


Tout le plaisir est pour moi, Jules.

Il ne dit mot, toujours en garde. La phrase est balayée en son esprit au plus vite, plus une poussière gênante qu'autre chose. Il fait bien, là voilà, fondant sur lui avec agilité, déterminée à en découdre. Il reste de marbre jusqu'au moment du choc, pas de côté sur la gauche, épée devant lui, envoyant son genou opposé dans la hanche découverte de la Blondie.
Gémissement de douleur qui se fait entendre, suivi rapidement par un retour de lame de l'ange zokoiste. Le fer du jeune fougueux bloque l'attaque fermement, campé sur ses jambes, avant d'user de ses appuis et mouvements de recul enseignés face à la volée de coups que lui assène la blonde devenue furie un instant.

Un petit peu de punch ne fait pas de mal non ? Enfin, cette amusante pensée traverse la tête du rouquin avant qu'il ne comprenne que l'ange l'a amené dans un beau traquenard : les escaliers.
Les endroits confinés n'ont jamais été des places convenables pour sa carcasse... L'instinct tonne. Vite, aller jusqu'en haut sans s'attarder.

Mais ne l'a-t-elle pas mené ici après tout pour profiter de l'occasion ?...


Hmpf...

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Lucie
Ce premier échange a échauffé la blonde. Oubliée, l'envie de petit repas arrosé, au coin du feu. Il veut danser, on va danser ! Les épées se croisent, dès la cour, dans un rythme effréné, à qui emportera l'autre à la limite de ses défenses, à qui fera perdre pied à l'autre, sans pour autant se dévoiler.

Garder des ressources. Pas de précipitation, se dit la blonde emportée par l'élan. Pourtant, elle tape comme une brute et son bras est assuré. Un pied, puis un autre, elle gagne du terrain au fur et à mesure que son visage d'ange s'illumine d'un sourire machiavélique.

Règle numéro un, on reste courtois et humble. On dit bonjour, on offre une bière ...

Attaque à la jambe, entre deux coups. Puis elle ajoute, toujours sur le même ton, dégagé et serein.

... bordel.

Elle s'approche encore, le forçant à se réfugier vers les escaliers. Il est acculé à la première marche. Montera, montera pas ? Les épées se croisent, ripent jusqu'au pommeau, où les mains agrippées soutiennent le poids de l'adversaire. Lucie tend son petit minois, tout près des lames immobiles, et lui fait le coup du chaton abandonné en minaudant :


A pire, on fait un p'tit bisou.

Il la repousse, elle tente de lui crocher la jambe tandis qu'il monte les premières marches. Elle le verrait bien tomber sur ses petites fesses et dégringoler jusqu'à ses pieds, pour s'y prosterner. Mais le jeune mercenaire qui semble pas pris de ce même désir esquive avec rapidité et souplesse.

J'vais t'apprendre la politesse moi !

Lâchant un petit rire diabolique, elle le poursuit dans l'escalier, lacérant ses braies et ses bottes. Peut-être même la chaire, en-dessous. De toute façon, il faut que la leçon rentre et Blondie, légèrement affamée, libèrant la zokoïste timbrée, l'adepte des machines folles et des coups tordus, n'hésite pas à attaquer Jules sur tous les fronts. Dans cet endroit confiné, son agilité devient un avantage certain, et Jules ne peut plus attaquer sans risquer de lui tomber dessus. Il ne peut que fuir sous ses coups. Elle jubile. Elle sait qu'une fois arrivés dans la coursive supérieure, elle aura perdu l'avantage, mais elle jubile.
On a tous ses petits plaisirs ...

Mais Lucie ne s'y abandonne pas tout à fait, et elle talonne le nouveau de près, bien décidée à ne pas lui laisser le temps de se retourner, car en haut des marches, c'est sa tête qui sera à portée d'arme. Et elle ne tient pas particulièrement à écoper d'une symétrique balafre.
Jules
Fait comme un gros rat dans une petite boîte. Rien à redire, la Blondie a bien joué sur la stratégie. Il fallait s'y attendre, elle, l'élève du Maleus que le rouquin considère comme un homme avec beaucoup de cervelle.
Un grognement sourd lâché avant de s'obliger dorénavant à être plus concentré... La fuite est de mise, tout en prenant le moins de coups.
Les épées viennent de nouveau se rencontrer plus langoureusement, le fer de chacun tremblant sous la force dégagée des deux adversaires. Pour sûr qu'il ne faut pas la prendre à la légère l'ange de la zoko... Enfin p'tete, vu la gueule qu'elle tire à la seconde. Vous savez comme les chats qui demandent du lait sur le pas de la porte, avec la paire d'yeux qui va.


A pire, on fait un p'tit bisou.


Dans tout autre cas le rouquin aurait répondu sincèrement à quel point une relation plus poussée ne serait pas possible entre eux deux ; Et que l'on se rassure... Lucie renchérirait.
La Blondie donne donc habilement le 'la' du combat avec un crochet de la jambe que le roc carmin esquive non sans mal, le terrain étant plutôt glissant et confiné. C'était juste.


J'vais t'apprendre la politesse moi !


Et tandis qu'un rire cristallin se répercute dans l'escalier de pierre en colimaçon, l'ange zokoiste prend largement l'avantage de son physique galbé sur la grande carcasse. Coups tous plus vicieux les uns que les autres dirigés vers ses jambes et pieds, lacérant sans mal le tissu des braies rouges et effleurant le cuir des bottes noires. Aucune attaque possible pour le rouquin, qui ne cesse de se crisper en maudissant par râles rageurs la longueur de ces escaliers qui lui semble sans fin.
Des pensées toutes plus tortueuses lui viennent à l'esprit. Pourquoi n'écoperait-elle pas d'une trace de ce combat celle qui s'amuse dans un tel instant ?... Une balafre de plus, dix amants/maitresses de retrouvé(e)s - et j'insiste sur le pluriel du choix, comprenne qui pourra - !

Mais l'entretien des roches de la forteresse laissant à désirer... En telle nuit froide et humide, le roc carmin ne manque pas de glisser sur la dernière marche de pierre, ce qui équivaut à un joli fracas suivi d'une légère glissade en arrière sur le dos. Bienvenue dans l'un des nombreux couloirs du château, éclairés par quelques torches, fixées aux sombres murs.
Le roux étouffe à peine un juron qu'il aperçoit la gourmande Blondie se jeter sur lui. L'instinct de survie lui dicte le reste... Les jambes se déplient et les pieds viennent cueillir lourdement le ventre féminin pour l'amener avec élan derrière lui. Il n'est pas question d'en rester là.

Le Sambre ne prend même pas la peine de voir la réception de l'ange sur le sol qu'il se relève rapidement pour se ruer sur elle et accomplir à nouveau l'union des deux épées, métal froid crissant de violence...
L'homme use de sa force au plus vite pour balancer un bon coup de genou gauche dans le ventre déjà touché de la mercenaire, avant de s'écarter sur le côté, sur ses gardes, appuis bien en place, lâchant à peine quelques mots comme à son habitude.


On s'marre moins j'espère... Tu vas moins causer, promis Blondie... J'vais tout faire pour...


Le genou n'est pas parti au hasard... Autant couper le souffle et revenir sur les parties déjà bien entamées. Muscles bien chauffés et regard noir à l'ange, c'est un rouquin colérique qui se délecte de l'expérience du combat présent.

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Lucie
Même pas essoufflée, Blondie. Ses jambes se souviennent des entraînements passés à courir dans les escaliers, monter, descendre, jusqu'à épuisement, puis, courir, la tête tournant encore, sur les créneaux vertigineux. Tant qu'il n'y a pas de douves en dessous, la lionne sait tout. En particulier se jeter sur l'adversaire qui s'est pris une belle gamelle en haut des marches. Dommage pour lui, c'était l'occasion d'avoir l'avantage.

A la lueur des torches, elle voit deux pieds se tendre vers elle. Durcit les muscles. Peste intérieurement. Qu'est-ce qu'ils ont tous avec mon ventre putain ! Heureusement que je suis pas enceinte, il ferait pas long feu le mouflet. Le coup lui provoque un gémissement, mais elle profite de l'impulsion pour faire une roulade sur le sol et s'éloigner, le temps de parer avec l'andalouse qu'elle n'a pas lâchée. Bien lui en a pris, l'autre est tout déchaîné et les épées le disent.

Jules ... l'enflammé. Celui-ci a besoin de se confronter aux autres, de se mesurer, de se comparer. Une bonne leçon d'humilité, voila ce qu'il cherche ici. Seulement, la blonde, l'humilité, elle connait pas trop. Alors ce sera rien de plus qu'un entraînement sur fond de cours de langage. Elle veut qu'il s'exprime aimablement. Il veut qu'elle se taise ... et il le lui inculque à coups de genoux dans le ventre. Cette fois, même pas le temps de gémir. Rien. Muette.

Pliée sur un bras, l'épée toujours en parade, Lucie peine à reprendre son souffle et à faire taire la douleur qui irradie dans le ventre et le haut des cuisses.


On s'marre moins j'espère... Tu vas moins causer, promis Blondie... J'vais tout faire pour...

L'azur de ses yeux a pris des teintes océan, tandis qu'elle croise le regard noir de Jules. Il s'est un peu redressé, c'est le moment d'esquisser un mouvement du bras, pour faire diversion et mieux chasser ses jambes d'un coup de botte violent. D'un bond elle est sûr lui, à terre, et lui coince le bras droit sous sa lame qui a changé de pogne. S'il bouge, ça tranche. Enfin normalement, parce qu'elle ne fera pas le poids longtemps, c'est certain. Alors pour le domestiquer un peu, elle cogne du poing droit sur la trogne du roux. Sans retenue. Une pluie de coups.
Ses phalanges deviennent douloureuses, mais pour attendrir la viande, faut frapper.


Tu m'f'ras quoi ? M'coup'ras la langue ?


Elle se tient prête à bondir, à la récidive, telle un chaton léger et agile. Elle sait aussi que si c'est lui qui frappe, ne serait-ce qu'une fois, ça fera mal. Très mal, vu l'engin.


Tu es zokoïste maintenant. Alors considère-nous comme des frères d'armes. Pas comme des reflets de toi. Tous égaux, tous différents.
Tu vas dire bonjour, putain ?!
Jules
Silence moteur.

Gel du combat mercenaire. De ces instants où les muscles se crispent, où les yeux se jaugent, où l'esprit se demande quelle solution prendre... Quelques secondes pourtant... Mais si prenantes, si vice-lardes. Le noir des Sambre fixe l'océan de la blonde... Pas de côté, s'écarter, attaquer ? Trop de chemins, pas assez d'expérience, ni de vivacité.

Action.

La blonde bouge le bras armé de l'andalouse. Belle ironie... Le rouquin n'y voit que du feu. Son fer vient se mettre à hauteur de son ventre alors que les jambes fortes de l'ange viennent le faucher. La grande carcasse tombe à nouveau bien bas. La leçon est apprise : quand tu te dégages de ton adversaire, mets-toi à distance raisonnable d'une balayette.
L'esprit du roux s'avoue vaincu alors que le corps buriné heurte violemment la pierre froide de la forteresse noire.
Bordel, rien vu venir... Y a du boulot... Au moins je m'en souviendrais pour la prochaine...

Frisson.

La blonde ne perd pas une seconde et rejoins le roc carmin, l'enjambe sans mal. Seulement, pas une seule emprise ferme ou dangereuse au ventre ou aux hanches, sinon au bras armé du roux qui lâche sans discuter la lame à sa fin. Qu'est ce qu'elle lui fait ?...
Puis une volée de coups de poings au visage. N'importe quoi. Elle s'excite, ne réfléchit à rien sinon de lui faire rentrer dans le crâne sa............................ Politesse ?!


Tu m'f'ras quoi ? M'coup'ras la langue ?

Tu es zokoïste maintenant. Alors considère-nous comme des frères d'armes. Pas comme des reflets de toi. Tous égaux, tous différents.
Tu vas dire bonjour, putain ?!


L'ange n'usait donc pas d'humour dans ses paroles depuis le début mais de sérieux. A en tomber par terre -ah zut déjà fait- pour le rouquin. Et si on prenait une tisane pendant le duel ?... Un combat c'est un combat, on va pas s'échanger des douceurs pour décontenancer l'adversaire !
Et lors d'une dizaine de coups à la joue... Le roc carmin est moins d'humeur à contenir sa colère. La grande carcasse serre le poing sénestre libre pour y déverser tout ce flot dégoulinant ; les puissantes jambes du fougueux quand à elles profitent de l'excitation de la donzelle pour l'enserrer aux hanches au maximum. Aucune chance de sortir de la prison de chair... Le poing s'abat dans un râle sur la joue la plus proche.


Rage.

Roulé-boulé qui suit le sens de la frappe rousse. Souvenir félin... Mêmes serres, mais sans la dague au cou. Juste les grandes pognes qui viennent serrer au sang les poignets féminins. Plus de fer pour les deux combattants. Le souffle lourd, le rouquin reprend contenance. Elle aurait gagné si facilement lors de la balayette. L'épée posée sur la jugulaire et ce serait fini ! Pourquoi ces gestes pour pareilles bêtises ? Compagnons d'armes oui mais... Dans un duel on y met du sien ! Quelle importance d'un futile "bonjour" alors qu'il l'accueille avec joie au début ?
Alors les lèvres vermeilles ensanglantées bougent, laissent le souffle chaud effleurer le visage de l'ange qui prend une teinte fantôme ainsi.


Un zokoïste a besoin d'un bonjour dans un duel après un accueil ?! Tu t'fiches de qui Blondie ? C't'ait d'l'humour hein ? Tu veux pas aussi que je te tends une bière à chaque balayette ?
T'aurais pu prendre l'avantage quand j'étais à terre !
Nan t'as préféré t'acharner au poing sans regarder le reste. C'quoi le rapport avec le respect et la camaraderie là ? Bien sûr que ca reste un duel entre compagnons d'armes !
Mais bordel, on s'était dit qu'on allait se donner à fond, pas râler pour avoir eu au lieu d'un bonjour un "ravi que tu sois là" !


Reprise de souffle. Sont bien beaux là.

Tu veux ton bisou là ?


Un peu d'humour sans le vouloir... Mince c'est qu'elle a réussi à lui faire sortir ça après tout. Ex-æquo ?

_________________
Lucie
[The end]

Trouver un juste milieu pour que ça reste un entraînement. Ça non plus, Lucie ne connait pas trop. Elle s'est légèrement emportée dans l'exercice ... certaine de pouvoir lui échapper en un tour de passe-passe. D'ailleurs, elle le sent se tendre sous elle, il va enfin riposter après l'avoinée qu'elle lui met, c'est pas trop tôt. Déjà, elle sourit à demi, prête à sauter sur ses pieds et à l'entraîner à son tour dans un autre escalier, vers les remparts, déjà amusée de la course poursuite qui va suivre. Mais ...

Elle l'a vu venir du coin de l'œil pourtant, et elle s'est prestement décalée, mais le poing lui éclate quand même la pommette gauche, la sonnant suffisamment pour que la suite ne soit que subie. Comme par enchantement, elle se retrouve à la place du roux, soumise à ses volontés, les hanches enserrées entre ses cuisses puissantes, les poignets pris au piège de ses mains rageuses. Son épée a disparu. Contractant tous ses muscles, peinant à lui enlacer les jambes pour se soustraire à son poids telle une vipère glissante et souple, elle tente un ultime coup de boule vers celui qui s'est redressé et qui lui parle désormais.

Que dit-il ... elle ne sait plus trop. Il a parlé de bière. Et puis elle réalise qu'il a peut-être pris au sérieux son prétexte farfelu pour la bagarre. Vrai qu'ils ne se connaissent pas trop tous les deux. Qu'il n'a peut-être pas eu l'occasion de voir Blondie sous son jour le plus déjanté. Vrai que ces derniers temps, elle s'est plus inquiétée pour son maître d'arme qu'autre chose. Et que les délires catapultesques et couturiers sont bien loin. Mais tout de même ... Quelle image a-t-elle bien pu lui donner pour qu'il la pense si terre à terre ?

Et puis une pointe d'humour vient enfin ponctuer le discours. Elle sourit. Le sang coule sur sa joue de nacre, à moins que ce ne soit celui de Jules qui ne goûte sur elle. Elle laisse échapper un petit rire cristallin qui vibre dans l'air froid et humide de la sombre forteresse.

Ex æquo ...

Ses yeux sont redevenus clairs, sa folie s'évanouit et elle réalise qu'elle est là, étendue sous lui, essoufflée, les cheveux épars, et que cette proximité la met mal à l'aise et l'étouffe. Lucie l'intouchable renait, elle se dégage vivement, un peu trop peut-être, puis retrouve contenance une fois sur pattes et une fois les armes rengainées.

Elle prend alors un ton dégagé pour déclarer :


J'crois qu'tu vas devoir affiner ta souplesse dans les escaliers ! ... Et moi, m'exercer à la lutte ...

Sa joue est un brasier, qui vient cogner en rythme à l'intérieur de son crâne. Mais elle n'en montrera rien, et ira se recoudre avec soin dans la cellule qui lui sert de chambre ici. Une petite cicatrice de plus, pas loin de celle que lui avait laissée le baron noir. Elle sourit, elle s'en fout, l'essentiel est ailleurs, dans le fait de s'être confrontée à Jules, de l'avoir fait sortir de ses gonds.
D'avoir sué avec lui.
Dans les liens qui se créent dans ces moments.
Elle lui adressera juste un petit hochement de tête en remerciement, avant qu'ils ne rejoignent leurs pénates.

...

Cette nuit-là sera longue, hantée de cauchemars délirants provoqués par une sourde fièvre. Au petit matin, ou peut-être plus tard dans la journée, on trouvera l'ange, livide, étendu sur des draps carmins.

Si c'est un homme qui la trouve, il pensera à un meurtre, tant il y a de sang.
Si c'est une femme, elle saura.
Elle saura que si l'enfant en elle est encore en vie, il a de bien maigres chances de survivre à l'hémorragie ... et Lucie avec.

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