Prenant leurs outils, elles étaient parties sous le soleil pour explorer l'île. Elles s'enfoncèrent vers l'intérieur, sur la petite piste qui montait vers les hauteurs. Le chemin était difficile, envahi par la végétation, mais à n'en pas douter il avait été créé un jour de la main de l'homme. Des troncs avaient été coupés sur les côtés, on en voyait les souches, et la piste délimitée à certains endroits par de grosses pierres. Il fallait à présent se frayer un chemin entre les branches qui envahissaient la sente et ralentissaient leur progression.
Au terme d'une longue ascension, Cassandra pointa la main en direction d'une masse compacte, noyée dans la végétation.
Regardes Cassiopée, c'est ce que j'ai vu de loin en allant chercher les fruits. C'est taillé de la main de l'homme ça, ce n'est pas dû au hasard. Je suis sure qu'il s'agit d'une construction. Encore un petit effort et nous en aurons le coeur net.
Elles continuèrent leur chemin jusqu'à arriver tout au sommet. C'était l'endroit était le plus élevé de l'île. De loin, on apercevait le village. Elles commencèrent à creuser, ôtant les couches de terre apportée par le vent et les pluies, et les plantes qui avaient opportunément colonisé ce sol meuble.
Au bout d'un long moment, un raclement se fit entendre. Elles arrivaient à la pierre. Redoublant d'ardeur, elles dégagèrent enfin un grand bloc de pierre taillée. C'était la base d'un guerrier, assis sur une tête de serpent.
Fascinées, elles restèrent un moment à ce reposer, s'extasiant devant leur trouvaille en partageant une mangue pour reprendre des forces. Continuant à creuser avec obstination, elles finirent par dégager ce qui semblait l'entrée d'une salle. Une porte de bois avait jadis dû en défendre l'entrée, mais elle n'était à présent plus que poussière. Une grande cavité sombre restait impénétrable à leur regard. Elles allumèrent alors une torche, avant d'entrer avec précautions dans l'édifice. La lumière dansante de la flamme éclairait les parois d'ombres fantomatiques. Dans cette pièce ronde, creusée à mêle la roche, trois sièges sculptés. Au fond, face à l'entrée un siège à l'effigie du jaguar, et de part et d'autre de cette sculpture, la banquette était ornée de deux sièges à l'image des aigles. Un troisième, incomplet, semblait servir de table au milieu de la pièce.
A côté de l'entrée gisaient quelques jarres et des fragments de pierre.
Cassandra fouilla méthodiquement cet amas d'objets hétéroclite pour en retirer quelques tablettes, qu'elle s'empressa de ressortir au jour pour les examiner plus à loisir.
Cassiopée... regardes. Ces pierres sont gravées de glyphes anciens... Penses -tu qu'ils aient un rapport avec la tablette trouvée au fond du lac ?
Elles emportèrent chacune une tablette de pierre, et retournèrent sur la plage, où Cassandra prit de quoi écrire. Arriver à lire la langue ancienne et désormais presque oubliée leur prit le restant de la journée, mais le soir quand elles allumèrent leur feu, les deux traductions étaient finies :
Le seigneur doit accomplir la destinée glorieuse de Tlaxcalla.
Conquérir le monde connu doit être sa priorité,
Et porter la massue être son honneur
L'élu, cet être descendant de Malinalxochitl la vénéneuse,
Devra se débarrasser de ses concurents,
Peu importe la façon.
Et lorsque le disciple de la vénéneuse devient Seigneur en Tlaxcalla,
Tlatoanis, prêtres, guerriers,
Hommes, femmes, enfants,
Lui doivent obéissance et respect
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