Si l'on devait résumer son arrivée vers l'Océan bleuté...
Des mois dattente, deux pour être précis. Deux mois passés dans le marasme dune quête qui navance pas, à la recherche dune vérité fugace qui semble se jouer deux. Deux mois à regarder lhorizon. Au loin la Touraine. Ils avaient promis, promesse ne sera pas tenue. Et puis, un courrier, une opportunité enfin, la guerre est terminée mais quimporte, ils iront.
[Loches, une nouvelle route se trace]
Ils étaient là, presque tous réunis. Eikorc, Maleus, Mira, Lucie, Félina... Zoko ad Eternam. Retrouvailles vite passées, palabres habituelles échangées, la vie reprit son court lancinant, le calme avant la tempête, avant la douche froide dune nouvelle promesse balayée dun revers dinsouciance.
Colère qui explose
comment peut-elle ?
Incompréhension qui se devienne
mais pourquoi ?
Peine qui sinstalle
ça ne compte donc pas ?
Colère qui se calme
est-ce si grave ? De quel droit la retenir ?
Rage qui se mue en décision
Eikorc !
Ainsi le jeune prétentieux de Bourgogne céda, acceptant la bague zokoïste autant que les règles. La compagnie ou la mort, les ordres avant le cur. Loiseau lyre avait trouvé sa cage. Nouvelle condition quil tarde à accepter, les azurs tournés vers le ciel, quadviendra-t-il de sa liberté ? Fougue rouquine qui le déstabilise, doutes exacerbés, faiblesse cachée qui explose au grand jour, colère qui colle à la peau
à quand la paix ?
Bague trop vite posée au sommet dun rocher juché au pied dun arbre dans le calme dune clairière. Condition trop dure à accepter pour un jeune coq ayant perdu ses ailes. Comment vivre dans lombre quand loiseau rêve de lumière ?
Bague heureusement ramassée par une féline méconnue devenant confidente. Lacceptation passera par lentrainement. Apprentissage du maniement des armes, souplesse du corps déjà acquise, reste le mental à fortifier. Confiance qui sinstalle, espoir qui renait au même rythme que coulent la sueur et le sang, au même tempo quune colère inavouable.
Et le temps passe
[Thouars, le marasme se poursuit]
Il existe des temps dans une vie où plus rien ne semble fonctionner. De ces moments souvent simples et qui pourtant semblent insurmontables nait la désagréable sensation de ne rien maitriser. Certitude dérangeante, angoissante qui nous piège alors dans son écrin doré : Ils ne comprennent rien ! Renfermement, isolement, rejet des autres, ils ne me comprennent pas ! La vérité voudrait que bien souvent ces autres comprennent bien mieux quon ne le pense mais, trop renfermé sur notre souffrance, lon devient aveugle à leur présence, sourd à leurs paroles, indifférents à leur propre sensibilité.
Ils ne peuvent pas comprendre
.
Comprendre cette colère qui sinsinue jusquaux cauchemars, étreint le cur, aveugle et exacerbe la faiblesse rendant lImage de soit pitoyable, comment convaincre si lon ny croit plus soi-même ? Armand trouva pourtant la force de relever la tête, poursuivre lentrainement, supporter les coups, les railleries, les médisances, les regards. Releva la tête pour se dire : je vaux bien que cela. Saccrocher et y croire enfin
jusquà la trahison.
Trahison qui nen est pas une, et pourtant le blond remit tout en question. Elle, lui
La lumière et lombre
le ying et le yang
ensemble. Comment navoir rien vu ? Et le feu de la haine qui couvait jaillit enfin, déversant sa puanteur comme caquettent des poules. Elle a trahi ? Non, elle a juste aimé et pourtant
Chefs qui sen mêlent la brouille avec le rouquin doit cesser- Inepties déballées, trahison dévoilée et bague à nouveau posée sur la table, cen est trop. Il fallut bien du temps aux chefs zokoïste pour faire comprendre à limpétueux combien il se trompait
nul trahison ici mais dans lazur toujours le même éclat. « Si tu fuis, tu seras le lâche quil voit en toi ». Saphirs qui se lèvent vers leurs semblables, un brun plus clairs peut-être, laissant apparaitre leur vanité touchée au cur. Jamais ! Et rester finalement pour cette simple phrase versée, qui éteint pour un instant le feu ardent de la douce détresse dun gamin perdu.
Gamin pourtant Adulte qui ne voit guère dun bon il cet autre discutant avec sa belle alors quil est au prise avec ses chefs. Jointures qui blanchissent, dents qui grince et homme qui se moquent alors que la belle taquine, blond qui explose encore une fois déversa sa bile sur le pauvre type avant de quitter la taverne non sans traiter à demi-mot la brune de catin
pour un simple bonjour.
Il perd pied le blond et il le sait. Il est tellement en colère sans même savoir pourquoi ? Il voudrait changer sa vie sans voir ce quil a déjà. Il se met à boire
sisoler pour mieux sombrer. Et Adye ? il ne veut plus la voir, ne pas lentrainer dans sa chute, ne pas passer ses nerfs sur elle, vouloir la protéger peut-être
et la mettre à lécart. Il ne vit rien de sa détresse le blond, trop centré sur ses petits problèmes, des semaines quil la regardait plus et pour un bonjour, un sourire, une taquinerie il linsulte sans vergogne. Le voyage vers la rochelle devient plus pour le blond devenu trop silencieux, un voyage vers ses abîmes.
Et la brune malgré les mots blessant vient à sa rencontre, un froid sest installé, pourtant les points doivent être mis sur les I. Les choppes et tabouret volent et pour la première fois, le blond frappe la brune
Il vient de toucher le fond.
Et tout le monde sait bien que ce nest quau fond du trou que lon peut enfin songer à se relever. Bien souvent sépuisent les gens durant la chute à tenter de remonter. Tentative bien dérisoire, il faut chuter pour remonter. Et pour la première fois depuis leur arrivée à Loches, depuis le souhait dAdye de partir pour Joinville, Armand lève enfin les yeux vers elle et voit enfin ce qui était sous ses yeux
Il a près de lui le plus beau des trésors et enfin il accepte de rompre cette carapace de silence, « Tu es en train de tout détruire Armand » et pour la première fois il se confit en toute sincérité.
Toujours aussi perdu mais avec Adye à ses côtés, il accepte enfin daller se coucher. Si seulement il savait combien la jeune femme pouvait avoir peur de le perdre, sil pouvait comprendre lui aussi ses sacrifices, il trouverait alors sa planche de salue
mais il nen était pas encore là, et demain serait un autre jour.
Un jour qui se lève pour venir taquiner les paumière du jeune mercenaire endormit qui trouve une brune blotti contre lui. Trouver en ses proches la force de se battre. Il en aurait besoin !
Besoin lorsque quelques heures plus tard lordre du borgne fut lancer : les deux trouillons ferraient le reste du voyage à pied. Blond qui accepte assoiffé de montrer sa valeur, Rouquin qui rechigne, plus réaliste et un borgne qui se lasse. Le blond courra seul.
Une course à larrière de la troupe, usante, crevante, éreintante. Une course pourtant enrichissante qui permet à loiseau de retrouver ses ailes, cest une course vers LA Rochelle, une course vers lOcéan, une course vers la liberté
la Paix, enfin.
Et si maintenant on reprenait où nous en étions resté...
[La rochelle, enfin]
"Amis ! Contemplez locéan..magnifique, capricieux..mortel
doux vents salés ou tempêtes meurtrières
peut être la création la plus réussie du très haut perché
"
Le blond de ne se fit pas dire deux fois
Bien quéreinté et toujours aussi silencieux, un sourire se dessina pourtant sur son visage. LOcéan enfin.
Il est difficile pour ceux ayant grandit loin de cette immensité bleuté de comprendre son pouvoir quasi hypnotique. Bien que dangereuse et meurtrière, son calme et sa douceur la rendent apaisante. Passer des heures à regarder le rivage se balancer au rythme de la marée berce et assagit autant quune mer démontée se brisant sur les rochers peut envouter et fasciner.
Oubliant la douleur de ses muscles, Armand laissa le groupe, hypnotisé gardait son regard plongé au cur de cet océan qui sétendait devant lui à perte de vue. Il se mit presquà courir le jeune fou pour rejoindre le sable fin de la plage un sentiment de liberté et de joie chassant tous ses démons. Près de cette immensité, il était enfin chez lui.
Et le blond se ficha bien du reste de la troupe, seule une pensée pour sa belle le fit sourire. Il naurait pas grand mal à tenir sa promesse
demain
pour lheure il avait un rendez vous quil ne voulait manquer sous aucun prétexte. Et faisant fit de toute prudence, alors que le soleil voilé de nuage semble jouer à cache-cache, voilà notre jeune mercenaire plongeant dans leau glacée de lOcéan Atlantique, riant aux éclats, éclaboussant quelques chimères, plongeant encore et nageant jusquà lépuisement. Il était heureux enfin.
Et ce nest quà la nuit tombé, lorsque le froid vint le mordre avec brutalité que le blond de décida enfin à rentrer. Il avait hâte de revoir sa compagne et de lui expliquer en détail ce que demain serait un éclat malicieux brillant dans ses azurs.
Et lorsque le lendemain Adye vînt à sa rencontre dans la grande pièce de lauberge où il avait élu domicile, une pipe au bord des lèvres, cest avec un grand sourire quil laccueilla. Nul besoin pour la belle de réclamer son du, son compagnon ne rêvait de rien dautre que de lenvoyer se baigner. Programme de la journée : une ballade main dans la main au fil de leau, pour lui faire comprendre la beauté de cette immensité avant de songer au lendemain et dun plonger en entier.
La prenant sur ses genoux, d'un air rêveur il lui murmura simplement :
Pardonnes mes erreurs et suis moi, je vais te montrer, ce qui me fait tant rêver...
Et se mettant à rire de bon cur il se leva, gardant sa belle dans les bras et monta à l'étage chercher quelques affaires. Le temps était maussade et mieux valait se couvrir, ils étaient pas à l'abri d'une malencontreuse bousculade, surtout la jeune femme au vue de l'air espiègle qui brillait sur la mine enjouée de son compagnon.
Couverture, provisions et vêtements de rechange préparés, le jeune couple quitta alors l'auberge,se taquinant comme toujours. Une belle journée se présageait, au bord de l'eau, face à la mer... enfin!
... La paix enfin était retrouvée!
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Un jeune con prétentieux