Docrate
Docrate se tenait là depuis longtemps, il n'avait de cesse d'écouter tous les débats qui agitaient la Confédération, et ils avaient été plus que nombreux ces derniers temps.
Il écouta attentivement Métalpark. Il avait du respect pour cet homme, sa droiture, son engagement sans failles, tout cela sans parler du fait qu'il était le promis de sa chère amie Dame Seva, ce qui suffisait à ses yeux à le rendre estimable. Il lui sembla que pour la première fois depuis longtemps, on touchait véritablement le coeur du problème: l'unité de la Confédération.
Toutefois, s'il abordait les vrais problèmes, il semblait à Docrate que Messire Métalpark avait des solutions pour le moins vagues et surtout manichéennes.
Il prit son courage à deux mains, conscient de ses limites mais fort de son expérience et de son envie de servir:
Hmmm, pardon si je vous dérange Messire, mais il me semble que vous vous êtes arrêtés dans votre développement, non?
Car la solution aux problèmes de la Confédération ne peut pas qu'être la mise à mort de ceux que vous appelez des "hérétiques" et brûler la Charte. Déjà qui sont pour vous les "hérétiques"? Qu'ont ils fait de mal?
Les adeptes du Lion? Soit, leur penchant pour la guerre peut, il est vrai, les rendre pour le moins antipathiques. Mais la plupart des réformés de notre pays vivent leur foi le plus simplement du monde, pacifiquement, sans rien demander d'autre que de pouvoir prier et célébrer Dieu en paix. Et je dis ça alors même que je ne suis pas l'un des leurs. Et quand bien même, si cela avait été le cas, ma foi aurait elle eu pour effet de me discréditer par avance? Il ne faut vraiment pas avoir confiance en sa foi, en son église, voir en son Dieu, pour comparer des croyants d'autres obédiences aux enfants de Satan.
Docrate marqua une pause, le temps pour lui de s'assoir et de s'adosser à un mur.
J'ai été un guerrier dans une autre vie, tout cela est bien loin derrière moi comme vous pouvez le voir à mon ventre rebondi.
Docrate sourit à l'évocation de son empâtement chronique. Puis, il redevint grave, et repris son récit.
J'ai combattu au nom de l'Eglise, au nom de puissants hommes d'Eglise. J'ai combattu contre les armées de la Sublime Porte, j'ai fait couler le sang et j'ai versé le mien pour une mission que je considère encore aujourd'hui comme divine. Je l'ai fait entouré de compagnons que nos propres chefs considéraient comme des hérétiques, des monstres. Tout cela parce qu'ils étaient utraquistes. Et pourtant, sans eux, ces mêmes chefs boursoufflés de leurs soit disant gloire, auraient eu leurs têtes posées au sommet de piques, à l'entrée de Nicopolis.
Mais je m'éloigne du sujet. Je voulais juste vous dire qu'on est tous l'hérétique de quelqu'un. Il me semble par exemple, que votre vision de la religion et de la foi n'est pas la même que la mienne, quand bien même nous vénérons le même Dieu, et nous servons la même Eglise.
Votre désir d'unité, je le partage. Mais je vois mal comment nous pourrons avoir l'unité, si nous ne la faisons pas avec TOUS les Helvètes, peu importe leur foi.
Il me semble que le système a besoin d'être réformé pour sûr. Mais vers quoi? Comment? Je n'ai pas d'idées là dessus, je ne suis qu'un humble paysan aujourd'hui. Mais j'aime mon pays, j'aime ma cité, Sion, et j'aime mes compatriotes. C'est pour cela que j'attends aussi d'hommes aussi éminents que vous, messires Tchantches, Federer, Gogo, Andaevinn, Heimdalloo et des dames de valeur comme les Dames Accrosenseo, Gaia, Ceedjane, Anissina, Estelledelavigne et j'en oublie, j'attends, non, NOUS attendons des propositions!
Le peuple est excédé par les disputes stériles et les menaces sans fins. Vous passez tous tellement de temps à vous envoyer des piques que vous en oubliez le principal: la Confédération Helvétique a besoin de vous. Faites donc vos propositions, le peuple tranchera! Sinon, ce sera la fin de ce pays. Et je partirai avec lui, les armes à la main.
Docrate n'en revenait pas d'avoir dit tout cela. Mais il se dit qu'après tout, il fallait bien qu'il le fasse. Cela faisait trop longtemps qu'il avait le coeur lourd. Il se leva lentement, et déplaça son imposante carcasse en dehors de la gargotte en pensant qu'il devait s'occuper de ses vaches et commencer à préparer son paquetage pour Genève.
Il écouta attentivement Métalpark. Il avait du respect pour cet homme, sa droiture, son engagement sans failles, tout cela sans parler du fait qu'il était le promis de sa chère amie Dame Seva, ce qui suffisait à ses yeux à le rendre estimable. Il lui sembla que pour la première fois depuis longtemps, on touchait véritablement le coeur du problème: l'unité de la Confédération.
Toutefois, s'il abordait les vrais problèmes, il semblait à Docrate que Messire Métalpark avait des solutions pour le moins vagues et surtout manichéennes.
Il prit son courage à deux mains, conscient de ses limites mais fort de son expérience et de son envie de servir:
Hmmm, pardon si je vous dérange Messire, mais il me semble que vous vous êtes arrêtés dans votre développement, non?
Car la solution aux problèmes de la Confédération ne peut pas qu'être la mise à mort de ceux que vous appelez des "hérétiques" et brûler la Charte. Déjà qui sont pour vous les "hérétiques"? Qu'ont ils fait de mal?
Les adeptes du Lion? Soit, leur penchant pour la guerre peut, il est vrai, les rendre pour le moins antipathiques. Mais la plupart des réformés de notre pays vivent leur foi le plus simplement du monde, pacifiquement, sans rien demander d'autre que de pouvoir prier et célébrer Dieu en paix. Et je dis ça alors même que je ne suis pas l'un des leurs. Et quand bien même, si cela avait été le cas, ma foi aurait elle eu pour effet de me discréditer par avance? Il ne faut vraiment pas avoir confiance en sa foi, en son église, voir en son Dieu, pour comparer des croyants d'autres obédiences aux enfants de Satan.
Docrate marqua une pause, le temps pour lui de s'assoir et de s'adosser à un mur.
J'ai été un guerrier dans une autre vie, tout cela est bien loin derrière moi comme vous pouvez le voir à mon ventre rebondi.
Docrate sourit à l'évocation de son empâtement chronique. Puis, il redevint grave, et repris son récit.
J'ai combattu au nom de l'Eglise, au nom de puissants hommes d'Eglise. J'ai combattu contre les armées de la Sublime Porte, j'ai fait couler le sang et j'ai versé le mien pour une mission que je considère encore aujourd'hui comme divine. Je l'ai fait entouré de compagnons que nos propres chefs considéraient comme des hérétiques, des monstres. Tout cela parce qu'ils étaient utraquistes. Et pourtant, sans eux, ces mêmes chefs boursoufflés de leurs soit disant gloire, auraient eu leurs têtes posées au sommet de piques, à l'entrée de Nicopolis.
Mais je m'éloigne du sujet. Je voulais juste vous dire qu'on est tous l'hérétique de quelqu'un. Il me semble par exemple, que votre vision de la religion et de la foi n'est pas la même que la mienne, quand bien même nous vénérons le même Dieu, et nous servons la même Eglise.
Votre désir d'unité, je le partage. Mais je vois mal comment nous pourrons avoir l'unité, si nous ne la faisons pas avec TOUS les Helvètes, peu importe leur foi.
Il me semble que le système a besoin d'être réformé pour sûr. Mais vers quoi? Comment? Je n'ai pas d'idées là dessus, je ne suis qu'un humble paysan aujourd'hui. Mais j'aime mon pays, j'aime ma cité, Sion, et j'aime mes compatriotes. C'est pour cela que j'attends aussi d'hommes aussi éminents que vous, messires Tchantches, Federer, Gogo, Andaevinn, Heimdalloo et des dames de valeur comme les Dames Accrosenseo, Gaia, Ceedjane, Anissina, Estelledelavigne et j'en oublie, j'attends, non, NOUS attendons des propositions!
Le peuple est excédé par les disputes stériles et les menaces sans fins. Vous passez tous tellement de temps à vous envoyer des piques que vous en oubliez le principal: la Confédération Helvétique a besoin de vous. Faites donc vos propositions, le peuple tranchera! Sinon, ce sera la fin de ce pays. Et je partirai avec lui, les armes à la main.
Docrate n'en revenait pas d'avoir dit tout cela. Mais il se dit qu'après tout, il fallait bien qu'il le fasse. Cela faisait trop longtemps qu'il avait le coeur lourd. Il se leva lentement, et déplaça son imposante carcasse en dehors de la gargotte en pensant qu'il devait s'occuper de ses vaches et commencer à préparer son paquetage pour Genève.