Fionavaar
Autour d'elle, il n'y avait qu'une plaine. Une vaste plaine où les herbes hautes sifflaient dans le doux vent qui les couchait. Une plaine si immense qu'elle n'en voyait même pas le bout. Le doux soleil de mai chauffait sa peau, ses rayons se perdant dans son incroyable chevelure rousse. Elle était seule, et devant elle s'étendait l'infini. Et là, alors qu'elle aurait du sourire, la silhouette pleurait, ravagée par une peine aussi vaste que la plaine, amoindrie, fatiguée, les joues creusées, malade d'être restée alors qu'il était parti.
Un grognement réveilla Fiona en sursaut.
Autour d'elle, les murs rassurants de sa demeure semblaient lui reprocher ce nouveau cauchemar. Comme si la Varennoise avait le choix...
Pour la énième fois depuis des mois, elle s'était laissée glisser dans un fauteuil et avait sombré dans les bras de Morphée, sans s'en rendre compte, mais presque avec soulagement. Les cauchemars avaient commencé dès la fin du mois d'août. Un pressentiment, sans doute. Depuis sa mort, ils avaient redoublé, mais n'effrayaient plus Fiona. Ils étaient devenus son quotidien.
S'étirant de tout son long, elle passa sa main dans ses cheveux et jeta un il autour d'elle. Le grognement qui l'avait réveillé provenait du canidé qui, ventre contre terre, le museau entre les pattes, gémissait devant la porte. Cette porte par laquelle il était entré pour la dernière fois, et n'était jamais ressortit.
Lasko, viens ici... Je t'ai déjà dit de ne pas tourner autour de cette porte. Jo ne reviendra pas.
Elle eut un léger frisson en prononçant son nom. Lasko poussa un gémissement déchirant qui la fit sourire. A croire que ce chien avait pour le défunt époux de sa maîtresse une affection inconsidérée. Fiona y avait réfléchi longuement, avant d'en conclure que c'était surtout pour ses mantels que Lasko avait de l'affection pour Jo. Ou plutôt, pour ce qu'il restait de ses mantels une fois que ses crocs étaient passé par là...
Allez, arrête, ils devraient bientôt arriver..
Fionavaar
Il y avait deux choses que Fiona savait faire à la perfection: sourire - les diverses ambassades qu'elle avait eu en charge lui avait appris à le faire en toute situation - et... mentir - ça, elle l'avait appris toute seule! Et à cet instant précis, la jolie rousse savait pertinemment qu'elle allait avoir besoin de ces deux talents. Figée derrière la fenêtre, invisible malgré la seule vitre qui la séparait de toutes ces connaissances, elle avait eu, quelques instants plus tôt, l'impression que tout Varennes s'était réuni devant sa porte.
Faux.
C'était toute la Champagne, sa Champagne, qui venait de débarquer. Famille, amis, souvenirs rassemblés autour de Lily. Il n'y avait qu'un visage qu'elle ne connaissait pas - celui de Gabriel, qui était en fait Richard, ou le contraire (on ne sait plus très bien vu qu'ils se font toujours passer l'un pour l'autre). En même temps, leur ressemblance n'aidait pas... Fiona poussa un faible soupir, se demandant quelle attitude il convenait d'adopter envers tous ces gens. Sourire, et mentir donc. D'un geste souple, elle attacha ses longs cheveux roux et attrapa un châle qu'elle noua sur ses épaules. Sifflant Lasko, elle alla ouvrir la porte d'entrée, se glissant avec le chien à l'extérieur.
L'espace d'un instant, personne ne l'aperçut. Un instant qu'elle consacra à les observer à loisir, notant le moindre petit détail, le moindre petit changement. Un instant durant lequel elle ficha un sourire sur son visage, espérant qu'au moins une ou deux des personnes présentes trouverait cela choquant. Peut-être allait-il cependant falloir rajouter une touche de cynisme dans ses propos pour y parvenir... Elle détestait à l'avance devoir jouer le rôle de la veuve éplorée, et n'avait d'ailleurs pas l'intention de le faire. Il n'y avait vraiment rien de plus triste qu'une rousse qui pleure... non?
C'est sur Napo que son regard se posa finalement. Quand Godasse, son meilleur ennemi, avait (lâchement, si si!) fui vers le sud, Fiona avait décidé de reporter toute l'amitié qu'elle avait pour lui sur Napo. Qui mieux que lui pouvait supporter les piquantes remarques de la Varennoise? Il avait déjà Jo sur le dos, il ne lui manquait plus que sa femme... S'éclaircissant la gorge, elle attira l'attention sur elle. Un peu banal comme entrée en scène, certes, mais Fiona n'avait pas le talent de Tomsz pour ce genre d'exploits, il fallait l'avouer.
Hum... Jo aurait adoré venir vous saluer, mais je crois qu'il est un peu fatigué.
Finalement, peut-être que Tomsz ne lui arrivait pas à la cheville...
Quasi
Quasi avait fait quelques pas . L'attelage avait fait vite et c'est le dos fourbu qu'elle accepta son bras pour descendre.
Déjà que Jo avait empoisonné sa vie de son vivant, voila que même mort il s'acharnait sur elle en mourant à l'autre bout du Royaume. Elle l'avait connu dès son plus jeune age et Jo n'avait eut de cesse de la tourmenter.
Elle avait souvent juré de se venger et avait des doutes sur les intentions de Joffrey en mourant avant qu'elle aie pu y parvenir. Il était capable de tout pour l'ennuyer.
Durant le trajet elle avait écrit un mot pour la douce Fiona . Elle savait qu'il lui serait difficile de parler de Jo sans s'énerver et donc elle avait préféré prendre sa plume, douce et gentille. Un mot qui retraçait la vie de l'époux disparu, vie des plus dissolue s'il en était.
Il y avait du beau monde pour cette cérémonie, et du moins beau.
Elle put apercevoir son amie lily, et pas bien loin celui qui adorait lui faire parvenir des courriers douaniers, la supposant certainement si esseulée que sa littérature répétitive ne pouvait que la combler.
Quasi reconnue la plupart des autres ...invités s mais avant d'aller les saluer, elle se dit qu'il valait mieux retrouver un maintient correct. Un pas après l'autre, au bras de son escorte, elle s'approche du groupe espérant pour atteindre Fiona et lui remettre ce pli.
Alors qu'elle s'approchait enfin de Fiona, elle vit Richard Wargner puis..Richard Wagner. Ainsi les bessons Wagner étaient là eux aussi. Étrange volonté de Dieu que de donner la même image à deux personnes...
Se forçant a ne pas les fixer du regard, elle chercha a attirer le regard de Fiona .
Fionavaar
Elle grimaça, consciente de sa bourde. Oh, ça n'était pas la première, ni même la dernière d'ailleurs. Mais enfin, elle aurait pu s'abstenir... Surtout que maintenant, elle se mordait la lèvre un peu trop fortement, pour se retenir de parler. Elle esquivait aussi comme elle pouvait les regards qui avaient sans doute du se tourner vers elle - à vrai dire elle n'en savait rien, puisqu'elle les évitait.
C'est alors que ses yeux croisèrent ceux de Quasi.
Heureusement que Jo n'était plus en vie. Il aurait hurlé en la voyant aussi près de chez lui - et en serait sans doute mort. Mais Fiona sourit, parce-qu'elle n'avait plus vu ce visage depuis longtemps. Une autre des femmes qu'elle appréciait et estimait... Elles étaient si peu nombreuses, désormais! La seule chose étrange était sans doute ses grands yeux qui la fixaient avec intensité, presque avec urgence. Fiona n'avait jamais été très douée en langage des signes... Etait-ce une sorte de reproche pour la malheureuse phrase qui avait précédé? Si tel était le cas, elle osait à peine imaginer le visage de ceux qui avait un peu moins d'humour qu'elle...
Quasi donc, sa seule porte de sortie. Elle tombait vraiment bien, au fond.
Quasi! Je suis heureuse de te voir en Champagne. Et figure toi que...
... que Jo ne peut même plus te pousser à bout? Hum. Il valait mieux éviter.
... que Lily a prévu un programme pour le moins interessant!