Vivelame
Limoges et ses rues. Agréablement entourées de maisonnettes qui s'alignaient telles les pétales de cette fleur charnue. Coquettes et aussi légères que les ménagères qui s'évertuaient à les parfaire en les entourant de jardins qui du plus petit au plus spacieux étaient aussi empreint d'orgueil que leurs propriétaires.
Dans la belle ville de Limoges tout y était beau les propriétés bourgeoises poussant comme des champignons, les bonnes gens de pensée aristotélicienne aimant à montrer leur esprit charitable en donnant le pécule aux mendiants qui d'un petit nombre il n'y avait pas si longtemps,semblait grossir et vouloir vider les bourses bien remplies des Limousins. Mais tout ceci était fait de telle sorte que toutes ces bonnes gens s'allongeaient chaque soir dans leurs couches ayant l'impression d'avoir parsemé leur journée de bonne actions et que devant des croyants aussi charitables Aristote resterait leur guide.
Pourtant si on allait plus au nord de la ville, les choses commençaient à devenir tout autre.Et dans le décor comme dans la pensée. Les gens n'y étaient plus bourgeois mais mendiants, et depuis l'installation de l'un d'eux qui allaient en peu de temps devenir le "roy" de cette petite cour des miracles.
Dans les bas fonds de la ville de Limoges infiniment riches en créations imaginaires,les rues chaudes mêlaient le réel et l'irréel offrant ses plus évidentes perfections. Entre minuit et le petit jour toutes les existences exceptionnelle de la grande cité de s'y réunissaient impulsivement n'y cherchant que plaisir et débauche.
Si les bas fonds de Limoges n'étaient en rien aussi importants que la grande cour des miracles de Paris.Ils constituaient tout pareil un repaire de voleurs et d'assassins ; de mendiants aussi qui contrefaisaient les borgnes, les boiteux, se couvraient d'ulcères factices pour apitoyer les passants, infirmités dont ils se débarrassaient "comme par miracle" en rentrant dans leurs taudis.
Également à sa jumelle parisienne ce lieu regroupait à lui seul tout ce que Limoges a de plus impropre, de plus abjecte, de plus gauche et de plus bas. Tout ce qui est le reflet des grands Bourgeois, des Comtesses parfumées, des Sires élogieux, tout ce qui est dans l'ombre, sur le trottoir, dans les égouts...On a dit que la cour était un lieu d'asile ; ce privilège existait par la force des choses : si un voleur ou un assassin se réfugiant dans un de ces bouges, la maréchaussée aimait mieux l'y laisser en paix que de s'exposer à la mort en voulant l'appréhender.
Limoges, la belle et grandiose capitale de ce si beau comté, aux monuments titanesques et élégants, aux Gentilshommes sans égal. La ville au soleil éclatant du jour, la faisant briller tel un bijou dans son écrin, s'affairait sous la lumière lunaire,à de toutes autres occupations ...
Et comme dans un tour de main d'un grand magicien se dessinait l'envers du Décor. Car toute étoile a sa jumelle, son miroir et son opposé.
La glorieuse décadence, le majestueux avilissement, la splendide corruption, la luxueuse misère... Comme la cour des miracles de Paris les bas fonds de Limoges avait ses propres règles, ses propres lois. Ici vous nêtes à labri de rien, le succès comme la mort peuvent vous attendre au moins tournant,ne vous y risquez qui si croyez en leurs lois et sauvez vous si cela horrifie car vous n'échapperez pas à leur étreinte meurtrière si
vous, vous risquez de les comprendre trop tard...
C'est dans une de ces ruelles qu'avançait Vivelame Canabixas elle avait rendez vous à la taverne du "grelé" et s'y rendait à pas tranquilles, certaine qu'il n'oserait pas lui faire faux bond même si par le plus pur des hasards elle était en retard.
Contrairement à des rues contigües cette ruelle là était plus tranquille, loin de bruit ou si peu qu'il dérangeait moins que celui venant de la rue des libertines ou des prostituées faisaient des allées et venues continuelles se jetant sur le moindre passant susceptibles d'être un nouveau client. Et surtout cela arrangeait Vivelame Canabixas qui détestait plus que tout autre chose être touchée, d'où le recul des manants qu'elle croisait qui cherchait des yeux le signe qu'elle était d'humeur à discuter. Et aujourd'hui le signe voulais dire ne vous approchez pas. Les mains de Vivelame étaient nues ,sans les fameux gants noirs qu'elle portait de tout temps. Vivelame arriva enfin devant la taverne du grêlé et y pénétra.
"La taverne du grêlé"
En entrant dans le gouge ou quelques clients trainaient déjà malgré l'heure matinale,Vivelame chercha du regard celui qui l'attendait et alla vers lui, le tavernier l'ignorant à bon escient car il savait qu'elle ne resterait pas pour boire. Mais la venue de la demoiselle lui rappela soudain qu'il avait un livre des comptes à tenir qu'il lui faudrait bientôt montrer, et silencieusement il se retira dans la pièce du fond en refermant la porte derrière lui.
Entretemps Vivelame Canabixas s'était installée face à l'homme qui l'attendait. Sans tergiversions aucune elle alla droit au but.
S'lut! je t'écoute.
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Vivelame de Castelcerf Canabixas tite fillotte du Masque