Kirah
Acte I
Tout avait commencé deux semaines plus tot environ.
Alors qu'elle mettait la dernière touche à un nouvel essai de pigment pour ses enluminures héraldiques, dans sa tour-atelier de Neaufles, elle avait cru entendre un mouvement furtif non loin. Intriguée, elle avait parcouru la pièce des yeux, quand son regard avait accroché un rouleau posé sur la console.
Froncant les sourcils, elle s'en était approché et avait vérifié son contenue.
Tout avait commencé deux semaines plus tot environ.
Alors qu'elle mettait la dernière touche à un nouvel essai de pigment pour ses enluminures héraldiques, dans sa tour-atelier de Neaufles, elle avait cru entendre un mouvement furtif non loin. Intriguée, elle avait parcouru la pièce des yeux, quand son regard avait accroché un rouleau posé sur la console.
Froncant les sourcils, elle s'en était approché et avait vérifié son contenue.
Citation:
Ma flamme, Ma nachue,
De ces pas de danse,
Sous le regard de murs au lourd silence,
Le souvenir te tient il toujours émue ?
Le coffret, à la meme place se tient,
Si son contenu tu souhaites, viens.
De ces pas de danse,
Sous le regard de murs au lourd silence,
Le souvenir te tient il toujours émue ?
Le coffret, à la meme place se tient,
Si son contenu tu souhaites, viens.
Si l'auteur de ces quelques rimes ne laissait pas de doute dans son esprit, l'intrigue sous-jacente était une flamme à laquelle elle ne pouvait résister. Qu'avait-il donc inventé ? Les yeux brillants, heureuse de cette distraction, émue au souvenir des missives qu'ils s'envoyaient ainsi quelques fois quand elle ne pouvait demeurer auprès de lui, elle prit sans tarder son nécessaire. C'est qu'à la longue, les inventions de Gisors se révélaient parfois tout aussi, voir plus dangereuses, que les siennes. Mieux vallait etre bien équipée. Puis empruntant le chemin tant de fois parcourru, à la voute enfummée d'avoir ainsi servi... ravivant les souvenirs des rencontres illicites, et transits discret, elle parcourru la courte lieue qui la séparait de son but. Une porte, non scellée, donnant sur une cave.
Un instant elle s'imagina remettant ses pas dans ceux qu'elle fit tant d'années auparavant, se dissimulant d'Hildegarde, découvrant les murs creux, explorant les tapisseries en quete d'un chasseur, d'un cerf, d'une armure. Referait-elle la révérence aux murs de la salle ? interrogerait-elle l'atre sourd ?
Bientot sa main glissa derrière le lourd bouclier qui n'était que la copie de celui ce trouvant là à l'époque, l'autre ayant subi un bain impromptu. Le coffret ! Nouveau message sur cette chasse qui ne manquait pas de l'intriguer.
Citation:
Qui mieux que le Celeste,
Du haut de son nuage, ou sous la voute claire
Aurait pu entendre nos serments de naguere ?
Voyons si ton pas est toujours leste
Et si d'une danse légère
Tu retrouveras Menessaire
Du haut de son nuage, ou sous la voute claire
Aurait pu entendre nos serments de naguere ?
Voyons si ton pas est toujours leste
Et si d'une danse légère
Tu retrouveras Menessaire
Nouvelle énigme pour elle. Peut-etre ou peut-etre pas. Avec lui, chaque mot comptait. Des serments prononcés à voix claire, avec eux seuls pour témoins, il y en avait eu peu. S'il citait là Menessaire, qui fut la pierre angulaire de sa vie, dont la nuit qui le suivi marqua à jamais la route qu'ils allaient entreprendre ensemble, il n'y avait eu qu'un seul serment plus ancien, prononcé sous la voute céleste. A Gisors justement.... les remparts. Ce jour de décembre, si lointain. Cette nuit suivant des élections ambigues où ils avaient quelques peu abusés de la cuisine du manoir, cette nuit où il lui avait offert sa première robe d'émeraude... cadeau insouciant qui en avait précédé un autre. Ses pas la guidèrent inconsciemment vers les remparts du domaine, là meme où il l'avait fait tournoyer sous les étoiles avant de lui proposer de faire de Neaufle son atelier, et devenir à lui plus liée. Continuant son voyage dans le temps et les souvenirs, elle observa attentivement les lieux qui n'avaient que peu changés. Un coffret s'y trouvait, une robe - d'émeraude - et une cape y étaient nichés. Une autre question, un autre secret, un nouveau retour en arrière.
- Vinkolat, qu'as tu donc encore manigancé ? Si je comprends la robe, que signifie la cape ? Qu'attends tu de ...
Voilà qu'elle parlait toute seule une fois encore. Drole de lubie qui faisait s'exclaffer souvent un farceur qui depuis le Lavardin veillait au bon grain dans la vie du couple. Car alors qu'elle prenait robe et cape dans son giron, elle avait apercu deux autres objets au fond du coffret.
Un éclat de rire bien peu discret s'échappa de sa gorge, tandis que la lumière se faisait dans son esprit.
- Ah Vinkolat ! Avec toi je devrais pourtant savoir que je dois m'attendre à tout. Mais là !
Un nouveau rire lui vint auquel il lui sembla que la nuit donnait écho... un écho particulier à la voix rauque mais auquel elle ne prit garde. Saisissant les deux sabots, car c'est bien de cela qu'il s'agissait, elle se dirigea lentement vers les écuries. Ainsi donc, il souhaitait qu'elle reprenne la route sur laquelle ils avaient "usés leurs sabots" comme il aimait à le lui rappeler quand la nostalgie de leurs premieres recontres les saisissait et qu'ils évoquaient ces rencontres furtives sur la route où les menaient les tractations marchandes de deux dames mairesses de villes voisines. Dunhyll et Ondine, si elles avaient su... Les sabots ne pouvaient signifier que cela, de meme que la cape. Mais pourquoi la robe alors ? Celle-ci était d'une étoffe épaisse et soyeuse, robuste et délicate tout à la fois, reprenant les motifs brodés qu'elle affectionnait. Elégante mais pratique tout autant. Invitant au voyage mais qui n'aurait pas déparé en une réception à la Cour. A l'abri de la stalle occupée par la jument qu'elle montait habituellement à Gisors, elle se changeant, enfilant robe et cape, emballant les sabots.
La route Bayeux-Honfleur était son objectif. Il faisait nuit noire, mais la distance faisant, elle n'y serait pas avant le lendemain à la nuitée. Qu'importait, elle irait. Cette chasse, cette traque l'intriguait bien trop.
Chemin faisant sa vie se déroulait devant ses yeux, remontant le temps, faisant affluer nombres de souvenirs enfouis tandis qu'elle meme remontait les chemins vers ceux de sa jeunesse honfleuraise.