[Entrée en tribunal]
Un oeil se lance vers l'arrière de la salle. Une Linon qui entre. Elle ne l'a vu qu'une seule fois à Saumur, il y a de ça quelques mois déjà. Son visage se décontracte et laisse un sourire naitre au coin de ses lèvres lorsque la blonde se rappelle l'enlèvement subit au pauvre Recteur de Touraine.
Là est une autre histoire. Aujourd'hui, c'est encore un procès de plus, ou il faut essayer de se défendre du mieux que l'on peut en sachant souvent pertinemment que la peine est perdue. Dommage, que c'est bon d'entendre la sentence de la gorge du Juge qui n'est autre que "Non Coupable!"
Et oui, la blonde est une grande rêveuse. Une grande rêveuse parmi les mercenaires. Une femme d'arme qui reste une très agréable personne à côtoyer. Mais il semble que dans ce monde cruel, il n'y ai pas la place pour des gens comme elle, comme eux.
Si seulement..
Alors elle sourit à l'avocate, ravie de la voir. La blonde se dit qu'enfin ils pourront commencer. Elle a en effet l'impression que cela fait des heures si ce n'est des jours qu'ils attendent. La conviction n'est pas là. Le Juge ne semble pas vouloir rigoler. Il est ferme, dommage, Paillasse est du genre à s'amuser dans toute condition. Le procureur à l'air d'être un peu plus ouvert bien qu'il fasse encore des erreurs. Sans oublier qu'en plus, il est celui qui a porté plainte contre Karine.
Il fera donc tout pour qu'elle plonge, c'est étonnant pour personne.
Linon marmonne, Karine le remarque et sourit, les yeux rivés sur la donzelle. "Chouette" qu'elle se dit, deux femmes dans la salle et l'ambiance risque d'être à son comble. Il faut sourire, montrer qu'on n'est pas là pour faire perdre du temps à qui que ce soit.
-Bonjour... comment vas-tu? Je pensais qu'on se verrait avant le procés...
La blonde répond.
-Tu parles, n'a le temps de rien dans ce Comté. Tout traîne, mais nous on n'a pas le droit. A peine tu es arrivée que le Proc' a lancé l'acte d'accusation. Va falloir qu'on s'débrouille autrement.
Un grognement sort la la gorge de Karine. Histoire de peut être, ou vraiment, parce que ça fait bien.
-Euh... tu veux parler ou j'y vais ?
Un regard vers son avocate.
-Allez, j'me lance.
[Plaidoirie]
On remet ses jupons en place, on garde la tête haute, parce qu'on est très au fait des conséquences de ses actes, et on se lance. Avant cela tout de même, on se concerte avec son avocate car il faut bien être sure de ne pas dire de conneries. Tout un travail que Karine commence à effleurer du doigt.
M'sieur l'Juge, M'sieur l'Procureur, Mazelle mon avocate.
Petit signe de tête en direction de tout le monde.
J'vous ai manqué hein.. M'suis dit quil fallait remédier à ce besoin aussi vite que possible. Pis qui naime pas entendre parler dune blonde comme moi hein.
Sachez tout de même que mon nom est Karine de Pommières et non pas Kar1, surnom que me donnaient mes parents quand j'étais petite. Cest très étrange puisque je ne me présente jamais sous ce diminutif là. Seriez-vous allés jusqu'en Bourgogne faire des recherches sur ma plus tendre enfance? A mon avis, à part un Recteur qui dit connaitre ma grand-mère, je ne vois pas vraiment quelles informations révélatrices vous auriez pu récupérer. Ah si.. Peut être que je manque à certaines personnes. Difficile de m'oublier. Sourire narquois de la blonde.
Aussi, au vu du dossier qui commence à peser lourd au Poitou, j aimerais savoir pourquoi vous vous acharnez à continuer à mappeler dame alors que je ne suis toujours pas mariée et que cela n'arrivera jamais. Je vous préviens tout de suite. Pourtant, je me souviens très bien, pendant mon précédent procès, avoir très clairement stipulé à M'sieur Xavix, qui n'était autre que le Procureur à l'époque, de faire attention à cette appellation. Etant donné que tous les procès sont détaillés au mot près, quelque part au château ou moi-même, femme non Poitevine que je suis, ai accès, je suis étonnée que ceci n'ai pas été retenu.
Ces détails sont anodins certes, mais l'on pourrait alors se dire que le respect envers l'accusé n'est pas respecté, alors qu'il nest pas encore coupable.
En ce qui concerne mon lieu de résidence, qui semble changer de trop à votre gout, sachez que j'ai fait partie intégrante de la guerre du Berry en marchant aux cotés de l'armée du Limousin. Veuillez s'il vous plait me dire comment les habitants de Châteauroux auraient ensuite souhaité que je reste dans l'enceinte de cette dernière. De plus, ceci n'a strictement rien à voir avec mon accusation, et je n'ai pas forcément envie que tout le monde sache ou l'on peut trouver ma petite fortune. Oui, pourquoi ne pas envoyer messire Cyclope pendant que vous y êtes. Lui qui se fait un plaisir de nous prendre pour des cons finis en criant haut et fort qu'il aimerait piller la Rochelle à nos cotés. Dites lui de chercher un coffre à Guéret, dans ma bicoque complètement délabrée. Il se situe sous l'évier de la cuisine. Il devra user de force. Mais il arrivera à ouvrir ce dernier.
Discrétion donc, que je vous prierais de respecter à l'avenir.
Ensuite, si vous lisez un peu mieux l'accusation de mon procès précédent, vous vous rendrez compte que je n ai jamais été accusé pour m'être révoltée contre la mairie de Poitiers, ni pour l'avoir pillée dailleurs. Cela fait un peu tâche pour un procureur censé vouloir rendre justice à son Comté de ne pas savoir exactement ce qu'il en est des dossiers précédents. Remettre ceci sur le tapis, c'est très bien, faites ce que vous voulez, mais autant que cela soit vrai je vous prie. Et comme vous l'avez si bien dit vous-même, ma peine a été purgée en tout bien tout honneur et dans les règles de l'art. Je ne vous ai en aucun cas piqué quelque pépite d'or que ce soit alors que j'accédais à la mine toute la sainte journée. Je suis venue aux heures prévues tous les matins et ce pendant 15 jours d affilés. Et pour insister un peu plus, parce que j'aime à le faire, je suis quand même venue du sud alors que j aurai très bien pu éviter le Poitou pendant un temps pour ne pas payer ma dette.
Cela pourrait-il plaider en ma faveur? Je suis une emmerdeuse finie, mais toujours de bonne foi.
Ce qui me conduit d ailleurs tout droit à la raison pour laquelle je me suis présentée à la mairie de la Rochelle.
Vous avez une ville puissante, riche ainsi que prospère avec un marché bien rempli (trop peut-être mais cest une autre histoire). Malheureusement, à part ça, le maire sortant était bien trop peu présent. Ayant un petit pincement pour le Poitou maintenant, faut bien dire ce qui est, je n'ai pu me résoudre à laisser la Rochelle dans ce sommeil profond qui dur depuis trop longtemps maintenant.
A part le marché, nous trouvions une église bien vide, des tavernes remplies de fantômes ou de sorciers et cest tout. Rien d autre, aucunes animations sur la place centrale du village.
Rien.
Alors ayant l'expérience et la motivation requise, j'ai posé ma candidature pour qu'il y ait un peu plus de remous dans cette ville. Dans mon programme, que j'espère vous avez lu, vous pourrez remarquer que j'ai insisté sur le fait que je ne piquerais en aucun cas les caisses de la mairie. J'en aurais fait le serment sur le blason de votre Comté si j'avais été élue. Une nouvelle fois pour prouver mon sens de l'honneur.
La blonde sourit en se rappelant son ami Baron en train d'escalader la façade de la mairie pour récupérer le blason en question.
Accéder à un titre par les votes n a pas sa pareille. Cest pourquoi jamais, ô grand jamais, je ne laisserais croire toute une population mon bon vouloir et ma bonne volonté pour ensuite leur planter une dague dans le dos. Certes le sang coulerait, et je ne vous cache pas que ce liquide carmin est d'une beauté incroyable, mais je ne suis pas de ce genre.
De plus, je suppose que vous avez suivi les élections de près et avez remarqué que plus du quart de la population me faisait confiance. Pour une donzelle peut connue, autre que par les autorités, ne trouvez vous pas que je sois convaincante?
Elle insiste. 26,3% croit en moi.
D'ailleurs, pour prouver une fois de plus que je n"essayais pas d'être fourbe, j'ai proposé mes services au maire entrant pour animer cette ville, pensant légitime d'écouter la voix de ce bout de population. J'aurais pu alors démontrer scientifiquement, par A plus B, qu'on ne s'investit pas dans une ville si on veut seulement piquer les caisses. Dans ce cas là pourtant, je n aurais pas eu accès à la trésorerie et aurais pu travailler en faveur de la ville. Mais Monsieur Velaron a refusé alors qu'il n y a aucun décret qui stipule qu'il faille être de la ville pour intégrer un conseil municipal.
Karine attrape la correspondance avec le Maire Velaron posée sur la table et tend les parchemins au Juge.
Insistons sur un autre point maintenant.
En me présentant alors que je n'étais pas du Comté, je n'enfreins qu'une seule coutume alors que j'aurais pu m'installer sans votre accord. J'aurais pu en plus voter pour moi. Dans ce cas là, j'aurais été poursuivie pour ne pas avoir demandé l'autorisation d 'emménager, MAIS AUSSI pour m'être présentée bien trop tôt à la mairie (deux mois de délais).
Auriez-vous préféré ceci?
Un sourire en coin, légèrement aguicheuse comme toujours, elle regarde le Juge puis le procureur et ajoute le bras tourné vers son avocate.
Pour conclure, j'ai fait venir une avocate qui n'a plus rien à prouver avec une réputation comme celle-ci. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, Linon de l'Ordre des Avocats du Dragon prendra alors la parole pendant le procès pour me défendre.
Regard entendu. Elle sourit toujours, de manière sympathique, ce qui n'est guère surprenant de sa part. La blonde se recule, évitant de tourner le dos au Juge et s'installe sur le banc des accusés aux cotés de son avocate.
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Karine de Pommières.