En titillant un peu lavocat, elle avait bien espéré le faire réagir et cest avec un petit sourire en coin quelle lavait écouté parler.
Cétait à présent à son tour, elle se leva donc et attrapant quelques feuillets descendit de lestrade pour faire face à lassistance.
Maitre Phelim, il est vrai que ce procès traîne en longueur , tant que nous y avons limpression den avoir fait le tour mais nous nen sommes hélas encore quaux prémices et aux premiers interrogatoires des témoins , mais nayez crainte , je noublie pas et bien que vous gâchiez tous mes effets
laccusation connaît son travail et maintenant que jai la parole et que nous en sommes à laudience de laccusée , nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet.
Je ne plaide certes pas à la cour dappel , je ne suis quune modeste procureur, mais pour quelquun qui a beaucoup dormi à ce procès , vous semblez dun coup vouloir brûler les étapes.
Se tourne alors vers le juge
Votre honneur, je poursuis donc selon la procédure.
Nous avons donc, jusquà maintenant, si jose dire, planté le décor.
Revoyons donc ensemble la chronologie des faits tels quils se sont passés, au vu des différents témoignages et des recherches que jai moi même faites dans les archives du castel.
il savère que le contexte de lépoque que je nommerai plutôt dexplosif monopolisait toutes les attentions du conseil ducal et de guerre, on ne peut démêler cette affaire pour en définir la responsabilité de laccusée sans en faire mention.
- La ville de Briançon avec un maire absent depuis plusieurs jours, sans raisons invoquées, mais qui malgré tout reste sous la surveillance du conseil
- Révolte le 13 Septembre avec lapprobation non officielle du gouverneur
- A la suite, la lettre du vicomte qui dénonce entre autres le fonctionnement du conseil de guerre et condamne larmée pour sa non intervention ,ce qui a eu pour effet de provoquer son soulèvement.
Je nen ferai pas ici ni lanthologie ni la critique, je ne suis pas qualifiée pour cela et ce nest pas le sujet qui nous préoccupe.
- Un conseil de guerre donc qui, sen est trouvé étonné et offusqué puisque aucun vote ni débat à ce sujet navait été lancé à loffice des compagnies dordonnance
-une armée survoltée, indignée et blessée quil a fallu apaiser afin déviter des décisions hâtives et irréfléchies à lencontre même du pouvoir ducal.
- Intervention du gouverneur qui assumant , et cest tout à son honneur , présente ses excuses au conseil ducal, de guerre, des lances ce même jour et fait valider par vote la révolte le 14 Septembre
On aurait pu donc en rester là, si le 17 Septembre, la dame de Sauzet , tout juste nommée depuis le 13, Grand officier de la prévôté, navait fait une première déclaration , faisant état de révélations confidentielles inopportunes, erronées et déformées que je vous prouverai ensuite.
Aussitôt, le conseil ducal dans son ensemble réagit et dune même voix condamne non seulement les propos diffamants mais soulève les informations confidentielles que laccusée de par ses fonctions, naurait jamais dû prononcer.
Je verse au dossier pour une meilleure compréhension de cette affaire complexe la réponse officielle du conseil ducal dans son entier, soldats et civils, tous partis confondus.
Citation:
Malgré la teneur des propos du maire de Briançon, il avait été décidé en Conseil Ducal que personne, ni Conseillers, ni membres de l'Ost n'interviendrait en place publique afin de ne pas attiser le feu qui couvait dans les rangs ostiens. L'urgence résidait dans le rétablissement du calme dans les garnisons du Duché. Mais au vu des interventions qui se multipliaient sur la place publique, il était devenu urgent aux yeux du Conseil Ducal de faire taire les rumeurs destructrices... Arwel s'était proposée pour se rendre sur les lieux afin que le pouvoir s'exprime d'une seule et même voix. Elle vint donc faire face au Vicomte et à la Demoiselle de Sauzet, afin de leur apporter réponse officielle. Elle salua toutes les personnes présentes et prit ainsi la parole :
Bonjour à tous, vous pardonnerez le silence du Conseil Ducal dans cette affaire ces derniers jours, ce n'était ni volonté de cacher quoi que ce soit, ni indifférence, mais désir de ne pas envenimer une situation qui s'avérait déjà suffisamment tendue. Nous avons préféré travailler à l'apaisement des esprits de nos soldats plutôt que parader sur la place publique...
Si vous le permettez, messire Argael, je vais commencer par répondre à votre lettre et à tout ce que vous avez pu dire par la suite...
Elle se tourna ensuite vers la Demoiselle de Sauzet et s'adressa froidement à elle :
Je m'adresserai ensuite à vous, Demoiselle...
La jeune Commissaire au Commerce se tourna à nouveau vers le maire de Briançon :
Le Conseil Ducal estime que vous avez trahi la confiance qu'il avait placée en vous en détournant la mission qui vous avait été confiée de reprendre la mairie de Briançon afin de déverser les griefs que vous concevez à l'égard de l'Ost et de ses dirigeants.
Maintes fois, vous avez été invité à proposer vos idées afin d'améliorer ce qui pouvait l'être, jamais vous n'avez pris la peine de répondre favorablement à ces invitations. par contre, vous ne ratez jamais une occasion de déverser votre bile ! Pourquoi ne pas déployer autant d'énergie à construire au lieu de vouloir détruire par l'attitude que vous adoptez ?
Vous n'éprouvez peut-être plus de respect à l'égard de l'Ost, cependant, évitez de faire de votre opinion une généralité. Plusieurs Conseillers Ducaux actuels sont soldats et ont envers ce corps d'armes tout le respect qu'on doit avoir en des personnes qui se dévouent chaque jour pour la sécurité du Duché et encore plus ces derniers mois, avec toute l'abnégation qu'on leur connaît.
D'ailleurs, par ma voix, le Conseil Ducal tient à réitérer ici, aux yeux de tous, l'affirmation de la confiance et de l'estime qu'il a envers ces femmes et ces hommes qui se battent sans relâche, qui acceptent sans rechigner de s'éloigner de leur foyer pour se rendre là où leur devoir les appelle, au détriment de l'entretien de leur propriété et de leur enrichissement personnel.
Le Conseil Ducal réaffirme également toute la confiance et le respect qu'il a pour le Conseil de Guerre, le remerciant par ailleurs de tous les conseils avisés qu'il lui procure chaque jour. Malgré les assauts dont nous avons été l'objet ces derniers temps, il n'a jamais failli ni faibli.
Pourquoi avons nous gardé le silence si longtemps ? Pour la simple et bonne raison que tous les soldats se sont sentis humiliés, rabaissés et blessés par vos propos. Il nous est apparu plus urgent de travailler à l'apaisement de leurs esprits que de participer à une joute verbieuse qui aurait nullement fait progresser le débat et qui aurait pu avoir pour conséquence d'enflammer les esprits plus qu'ils ne l'étaient déjà. C'est donc dans un souci d'apaisement que nous avons préféré différer notre intervention en ces lieux. Et non pour une obscure raison que vous semblez sous-entendre...
Si vous avez été autorisé à reprendre la mairie de Briançon, et j'insiste bien sur ce fait, vous y avez été autorisé, c'est que vos capacités à la gérer et à veiller sur sa prospérité sont connues. Il est donc regrettable que vous ayez trahi cette confiance en venant attaquer ici même les institutions qui ont mis entre vos mains les moyens de la réussite de votre entreprise, au détriment de l'Ost. Gageons que dans leur grande sagesse, nos soldats sauront nous pardonner cette erreur de jugement...
La jeune Conseillère reprit un peu son souffle après un discours si long, chose qui n'était guère habituel pour elle, surtout en public. Elle porta alors son attention sur la demoiselle de Sauzet :
Demoiselle... Comme vous pouvez le constater, le Conseil Ducal ne se porte pas si mal que vous voulez bien le laisser entendre puisqu'il m'a été accordé sans difficulté de venir ici afin d'apporter une réponse officielle à tout ce qui a pu se dire ici...
Pour commencer, vous qui pourtant semblez toujours tout savoir, il faut croire que certains détails arrivent pourtant à vous échapper, ou alors, ils ne servaient peut-être pas suffisamment votre discours pour être rapportés ici.
Tout d'abord, le Conseil Ducal ne s'est jamais désintéressé de la situation de Briançon lors de l'absence de dame Ombeline et nous n'avons pas laissé cette ville à l'abandon. J'ai moi-même contacté régulièrement Dame Ninoua pour m'enquérir de la possibilité de son retour, étant donné que la fonction que j'occupe au sein du conseil ducal me permet d'avoir des liens privilégiés avec chaque maire de notre Duché. Nous nous sommes également arrangés afin que les rachats faits journalièrement aux villes puissent continuer à nous parvenir, pour ne pas que le marché briançonnais souffre de la situation.
Concernant la prise de la mairie en elle-même, aucune erreur n'a été commise : d'une part, la loi n'exige pas un vote du Conseil Ducal en tel cas, elle impose simplement à celui qui la prend d'avoir l'aval du Conseil. Nous en avions parlé de manière informelle et il s'est bien entendu imposé à nos esprits que, dans l'intérêt de la ville et de ses habitants, nous ne pouvions laisser telle situation perdurer, après voir attendu suffisamment longtemps pour nous assurer que la mairesse de Briançon ne pourrait plus assumer ses fonctions. Il est étonnant que vous, en tant que Grand officier de la Prévôté ne connaissiez pas parfaitement ce point du Coutumier.
Maintenant, si quelqu'un doit prendre la responsabilité du marasme dans lequel cet épisode nous a plongé, ce n'est en aucun cas le Conseil de Guerre qui n'a pas été informé au préalable de cette prise de mairie puisqu'elle a été assurée par des civils. Le seul et unique responsable est le Conseil Ducal, qui dans sa hâte de voir la situation réglée, a omis de transmettre cette information d'une importance capitale.
Alors, pourquoi nous sommes nous permis de nous passer des services de l'Ost dans cette histoire ? Certainement pas par manque de confiance en nos soldats ou en leur encadrement, ni par mépris, mais parce que nous avons estimé que ces derniers temps, les femmes et les hommes qui le composent étaient suffisamment sollicités et que puisqu'il y avait suffisamment de civils de confiance à Briançon pour s'en charger, il n'était pas utile de faire appel aux soldats épuisés par nombre de nuits de défense.
Ensuite, face aux propos tenus par le maire, nous avons demandé aux soldats d'éviter de réagir sous le coup de la colère afin d'éviter une escalade inutile dans l'échange d'amabilités. Nous tenons d'ailleurs à vous remercier pour votre intervention opportune qui, nous en sommes sûrs, n'a pour unique but que de calmer les esprits...
Enfin, le Conseil ducal ne s'érige pas en tribunal : les propos du Vicomte sont outrageants pour l'Ost. Il savait pertinemment qu'il reprenait la mairie sans l'aide de l'Ost et ce n'est donc pas la prise de Briançon qu'il risque de payer, mais les paroles malveillantes qu'il a eues à l'encontre de notre Ost.
Par contre, nous constatons que si vous nous retirez le privilège de pouvoir nous instituer en tribunal, cela ne vous dérange pas de vous l'octroyer pour juger le travail du Conseil de Guerre et du Conseil Ducal... Comme quoi, la vie est ironique parfois, lorsque le jugement sort de votre bouche, il vous semble moins méprisable.
Pour finir, les Conseillers Ducaux maintenant sortis de leur réserve attendent au minimum des excuses pour les propos tenus en ce lieux à l'encontre de l'Ost et de son Conseil de Guerre et nous resterons en place publique le temps qu'il faudra pour les obtenir.
Ceci étant dit, cette réponse aurait encore pu suffire à arrêter lescalade, si laccusée avait reconnu ses torts et présenté de façon publique ses excuses.
Au lieu de cela, la dame De Sauzet persiste et signe, se place en position de victime, contribuant à alimenter le feu déjà bien étendu, par des interventions toutes aussi inopportunes que mensongères.
Cest alors que le conseil qui navait encore pris de décisions arrêtées sur les suites à donner à cette affaire, nous a saisi, par lintermédiaire de la prévôté , nous, cour de justice, dune plainte émanant des compagnies dordonnance pour trahison.
Reprenant son souffle, et après avoir réclamé un peu deau pour se rafraîchir le gosier asséché davoir tant parlé, la procureur se tourne alors vers laccusée.
Ma dame, on vous reproche donc de faire état dans vos déclarations de faits que seuls les personnes ayant accés à certaines parties du Castel peuvent connaître.
Il est de rigueur que quiconque franchit lenceinte des compagnies dordonnance, que ce soit à la prévôté, au conseil ducal ou conseil de guerre se doit de respecter la confidentialité de ce qui est dit et fait .
Je vous cite:
Citation:Il était une fois un conseil ducal qui dirigeait notre beau duché.
Tout n'était pas rose là bas, les conseillers commencèrent à prendre des mines affreuses.
Disputes, attaques personnelles, oh oui, ne croyez pas que le conseil ducal est un havre de paix, ressemblant à Bisounoursland car vous seriez déçus.
Rien que la dernière missive publiée, parlant de la sanction héraldique du Vicomte alors qu'aucune décision n'est encore prise est une preuve de cela, mais continuons.
Là vous divulguez un fait important et sujet à relancer une polémique déjà bien suffisamment d'actualité.
Notre gouverneur, ayant laissé entendre que des mesures pourraient être prises en ce sens.
Vous révélez ainsi, trois jours après cette annonce qu'aucune décision n'est encore prise au risque de nouveaux remous.
Pour le fait, je dirais et bien, encore heureux que cette décision n'a pas été considérée à la lègère.
Je poursuis :
Citation:
La question est donc soulevée des prochaines démarches à suivre, une révolte est énoncée dans un lieu ou nombre de personnes sont habilitées à donner leur avis.
Pas seulement les membres du conseil ducal non, mais aussi ceux du conseil de guerre, les dirigeants de notre Ost.
Les discutions ont débutées le 9 septembre.
Le 11 le gouverneur annonçait la reprise de Briançon le lendemain.
Le 13 il annonçait la réussite de la révolte et là...
Ici, non seulement vous divulguez des informations bien précises sur ce quil se passe au castel mais de plus elles sont fausses.
Aucune discussion na été lancée à ce sujet à loffice des compagnies dordonnance avant le 13, date de la prise de Briançon.
Citation:
En tout cas vous tous qui m'écoutez réfléchissez bien à tout cela, a ce qu'on ne vous dit pas ou qu'à moitié, à la conséquence de vos actes, car oui j'ai entendu parler de votre possible mise en grève, membres de notre Ost, contre quoi?
La vérité tout simplement.
Certainement le point plus important qui à lui seul peut justifier de cette mise en accusation.
Révéler en place publique que notre armée pourrait tout bonnement refuser dexécuter les ordres, revenait à inviter au château de Lyon les nombreux ennemis du duché alors présents sur nos terres.
Ma dame, mes questions sont simples :
- Aviez vous seulement conscience que lampleur de ces informations divulguées qui nappartenaient à la connaissance que de quelques élus auraient pu avoir des conséquences dramatiques ?
-Etiez vous consciente davoir dérogé au devoir de confidentialité, inhérent à votre charge ?
- Que vos déclarations que je qualifierai de mensongères et calomnieuses auraient pu ne pas être relevées autrement que par une sanction et que cest votre insistance à brouiller les esprits qui vous place aujourdhui en position de traître ?
Et enfin, répondant à la question de maitre Phélim sur vos motivations à vous exprimer en place publique vous avancez le fait que vous en aviez parlé au conseil au préalable, certes vous vous êtes exprimée sur cette fameuse lettre, déclencheur de tout mais ma dame, puisque vous aimez la vérité alors faisons là et pas quà moitié.
- Quavez vous préconisé suite à cela ?
- Avez vous dune façon ou dune autre influé sur lost par une demande particulière ?
Jai moi aussi le sens de la vérité, et je ne mattache pour cela quaux faits prouvés, aux dates et non à une libre interprétation de celle ci.
La vérité cest que vous avez participé au débat engagé le 14 non pas depuis un moment mais une journée et que vous avez pris , la décision de porter ceci en place publique en vous parjurant, alors que je le souligne vous nétiez alors que suspendue de vos fonctions en attendant vos explications et non renvoyée.
Vous aviez toujours accès aux différentes salles et pouviez intervenir.
Alors ma dernière question sera celle ci, bien que jen connaisse la réponse :
- A quoi êtiez vous le plus attachée ?
A vos fonctions ou votre duché et sa sécurité?
Et je terminerai par une phrase qui ne sera pas sans doute sans vous rappeler quelque chose
Citation:...souvent les actes ont bien souvent des conséquences que nous n'aurions pas supposées.
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