Toujours dans le château...
Angel sourit en entendant sa femme. Ils avaient leur motivation, lui et elle. Tenter de changer les choses en Champagne, encore et encore. Dur dur...
Ils le diront c'est assuré. Mais ça, on le sait depuis longtemps. Ils nous rabâchent la même chose à chaque fois qu'on leurs prouve leur incompétence. C'est si facile de dire cela. Ainsi, nous sommes les méchants, et la plupart des champenois suivent aveuglement leurs dire, sans réfléchir une seconde. Mais comme tu l'as dis, nous ne piquerons rien pour notre part des caisses de Champagne. Nous ne sommes pas des brigands, même si on essaye de le faire croire. Si j'étais un brigand, j'aurais depuis longtemps été élu maire de Ste Ménéhould, et je serais parti avec la caisse. Rien de plus simple avant notre révolte de l'an dernier, quand nous avions encore une caisse pleine et conséquente.
Enfin... Il est peut être temps d'aller parler aux champenois qui doivent s'exciter de plus en plus dehors.
Angel sourit et salua de la tête les révoltés, avant d'attendre Adel qui le rejoignit.
A plus tard, les traitres vont discuter!
Sur les remparts du château...
Après quelques détours dans le château et son dédale de salles et de couloirs, les ménéhildiens arrivèrent dans une immense salle.
Ah, sans doute la qu'ils doivent faire les banquets. On a du se tromper de chemin. C'est trop grand ici aussi pfff.
Et les revoilà à partir dans l'autre sens, cherchant un escalier pour descendre les étages. Finalement trouvé. Ils purent ainsi passer dans une petite cour, et grimper en haut de la tour de guet. Ça grondait en dessous, et Angel regarda son épouse.
Bon sang, on voit bien d'ici! Comment n'ont ils pas vus le coup venir? Sans doute comme la dernière fois... Ils sont prétentieux, mais ils ne valent pas un écus.
Le ménéhildien prit appuis sur les créneaux, regardant la foule en contre-bas. C'est qu'il n'avait pas envie de se prendre une flèche en pleine tronche. Quelques uns faisaient des gestes grossiers envers leurs personnes, mais il se contenta de passer le regard sur d'autres. Combien étaient réellement prêts à les écouter dans tout ce tas de champenois? Moins de la moitié il parierait. Dommage, mais on ne savait jamais, et qui ne tente rien n'a rien, c'est bien connu. Alors Angel prit la parole, assez fort pour espérer se faire entendre.
Bien, je vois qu'il y a du monde pour réagir. Alors maintenant, même si beaucoup d'entre vous n'ont aucune envie d'écouter un traitre parler, je suis sur que pour quelques uns, cela sera intéressant de connaitre nos motivations.
Petite pause.
Très bien. Comme vous le savez, notre révolte de l'année dernière, à Ste Ménéhould, s'est soldé par des négociations avec le conseil en place à ce moment la. Conseil qui n'a évidemment rien lâché concernant nos demandes pourtant légitimes. En effet, le duché prouvait son incompétence avec la première prise de Reims, avec les impôts exorbitants qu'il nous demandait ensuite. J'avais déjà prouvé à ce moment la que le système de défense champenois était mauvais. J'ai donné des solutions, mais par orgueil sans doute, le conseil n'a évidemment rien retenu. Tout le monde a rigolé. Un révolté qui proposait de nouvelles solutions de défense, n'était ce pas risible? Sans compter que ma proposition donnait plus de pouvoir aux villes, et non au conseil et au duché. Imbécilité...
Beaucoup n'ont donc pas su pourquoi nous nous révoltions, se contentant de reprendre ce que le conseil disait tout haut: les sales et méchants ménéhildiens se révoltent en ne pensant qu'à eux! Tout cela pour avoir des avantages et de l'argent pour leur ville! Ah les salauds! C'est cela une Champagne unie? Je le redirais une fois de plus, une fois sans doute dans le vent: il fallait absolument faire bouger les choses en Champagne, ou nous allions à la catastrophe.
Rien n'a changé, les impôts ont continué à être versé à tour de bras par chaque ville pour le duché, toutes les deux semaines au départ, puis tous les mois enfin. Si je prends pour exemple Ste Ménéhould, nous devions payer 2600 écus toutes les deux semaines. Les autres villes payaient peut être moins, car possédant moins d'écus à ce moment la. Toujours est il que chaque ville a payé cher, très cher. Tout cela à cause de l'incompétence d'un conseil.
Ouvrez les yeux champenois! Nous avons vainement tenté de faire prendre conscience au peuple qu'on nous manipule! Un poste de sergent par la, un poste de milicien par ci. Cessez de vous conduire égoïstement et de ne penser qu'à votre poste, qu'à votre petit confort! Ouvrez les yeux, la Champagne tombe de plus en plus bas! Les autres duchés se gaussent de nous, et à raison. Il fallait de nouveau une action permettant de réveiller les champenois. Discuter, la diplomatie? Pour qu'on nous rit au nez une nouvelle fois, en nous traitant de sales rebelles... Je ne vois pas très bien comment nous aurions pu changer quelque chose. Ne restez plus donc que la révolte. Virer de nous même ce conseil qui ne tire la Champagne que vers le bas, et qui une fois de plus, montre son incapacité à défendre notre duché.
L'on m'a rapporté que certains nous traité de lâches, ma femme et moi. D'où sommes nous ces lâches dont vous voulez nous faire passer? Nous assumons pleinement nos actes, et nous l'avons toujours fais. Nous sommes passés par la prison pour protéger notre famille. Nous sommes passés par la prison pour tenter de faire bouger la Champagne, et comme vous le voyez, nous ne renonçons pas. Les lâches ne sont que les champenois n'ayant même pas le courage d'avoir leurs propres opinions, n'ayant même pas le courage d'ouvrir les yeux et de remarquer devant les preuves que nous vous offrons, à quel point ce conseil est incompétent.
Changez tout cela champenois! Car vous le pouvez! Il suffit aux prochaines élections de changer, de voter enfin pour une liste avec des gens compétents, ayant prouvés que sous leur règne, la Champagne ne s'est guère abaissée!
Angel se tut. Il n'avait ma foi plus grand chose à dire. Que ceux qui ne comprenaient pas ceci et conservent dans leur tête l'image d'un traitre lui était bien égal. Au moins, il faisait bouger les choses. Ne restait plus qu'aux champenois à enfin ouvrir les yeux pour les nombreux qui se les voilaient. Il évita également de parler de la pauvreté des caisses ducales, à en se demander où partaient les nombreux impôts payés par toutes les villes de Champagne. Mais une nouvelle fois, cela montrait l'incompétence du conseil... Pauvre Champagne. En tout cas, que les autres révoltés pillent les caisses ne changeraient pas grand chose. Il fallait tout reconstruire. A voir si les champenois continueraient de vouloir se rouler dans la boue ou non...
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"C'est en faisant des pas de loups qu'on réalise un grand bond"