Gyldas
Il faisait beau. De bon matin, comme elle en avait pris l'habitude depuis la naissance d'Alexandre, Gyldas se rendait chez la fermière la plus proche de chez elle possédant une chèvre. Le bébé prématuré avait maintenant trois mois, mais il ne supportait toujours pas le lait de vache. Et fragile comme il était, sa mère continuait à lui prodiguer des soins de nourrisson: lait de chèvre bouilli dans un biberon préalablement lavé à l'eau très chaude.
Elle n'en avait pas pour longtemps: l'animal était toujours trait à son arrivée, et Gyldas n'avait qu'à se servir dans le grand bidon. Elle poussa donc la grille de la cour mais ralentit aussitôt.
** Bizarre: les volets sont fermés. **
Elle jeta un coup d'il alentours. La chèvre était dans son enclos et tentait de brouter l'herbe rase. Personne ne semblait lui avoir donné sa ration de foin. Méfiante plus qu'inquiète, Gyldas frappa à la porte de la petite chaumière. Personne ne répondit, mais quelqu'un toussa. Gyldas poussa doucement la porte avec précaution.
- Y'a quelqu'un? Je viens pour le lait.
Toujours pas de réponse, mais nouvelle quinte de toux qui fit grimacer Gyldas. Elle gardait un mauvis souvenir de la seule grippe qu'elle ait jamais eue, mais qui avait bien failli lui coûter la vie. Et aussi mal en point que semblât la fermière, Gyldas ne tenait pas particulièrement à l'aider, au risque de tomber malade à son tour. C'est encore et toujours à son bébé qu'elle pensait. S'il attrapait une infection quelconque, ça lui serait fatal.
La lieutenante de Tulle n'eut pas à enquêter bien longtemps pour savoir que ça n'allait pas. L'odeur de renfermé qui régnait dans la pièce la fit grimacer. Elle fut interrompue dans ses pensées par un rat qui s'enfuit soudain en lui filant entre les jambes. Elle sursauta et lâcha son bidon.
- Mais qu'est-ce que c'est que c'est que cette hygiène? Je suis un peu déçue, vous m'avez habituée à mieux que ça.
Laissant la porte ouverte, Gyldas entra dans la maison pour ouvrir les volets.
- Restez pas là madame. Ca fait deux jours que je suis malade. Prenez votre lait et partez. Vous me payerez plus tard.
La voix venait du lit situé en coin de la pièce.
- Malade ou pas, c'est pas une raison pour rester enfermée.
Gyldas ajouta une bûche dans l'âtre, mais elle devait bien reconnaître qu'elle répugnait à s'approcher de la petite femme. Secouée d'une nouvelle quinte de toux aussi peu rassurante que les précédentes, le regard de la fermière se fit suppliant.
- Je vous en prie! Allez vous-en! Prenez votre lait et allez vous-en!
Assez dubitative, Gyldas obéit et rempli son bidon tout en gardant un il sur le chantier qui régnait dans la pièce. Si la fermière continuait sur cette lancée, il faudrait sérieusement songer à trouver quelqu'un d'autre pour s'approvisionner en lait de chèvre.
- Bon d'accord.
Elle laissa les volets ouverts pour laisser entrer la lumière et prit soin de bien refermer la porte afin que le peu de chaleur restât dans la pièce. Si demain la fermière était toujours dans cet état, elle prendrait sur elle pour lui envoyer un médecin.
Sur le chemin du retour, la lieutenante ne put s'empêcher d'analyser ce qu'elle venait de voir. Des rats, certes, elle en avait vu souvent à la fermette, mais qu'ils entrent dans la maison, c'était la première fois. Quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à savoir quoi. Rentrée à la chaumière, elle donna le bidon à Lénora:
- Fais le bouillir plus longtemps que d'habitude. La fermière est sérieusement malade.
D'après le médecin, faire bouillir le lait écartait tout danger. Refoulant son appréhension, Gyldas tenta de se convaincre que ça serait vrai cette fois aussi.
- Je reviens, il faut que j'aille faire une course.
[A la mairie]
C'était trop soudain pour être normal. Gyldas avait donc sellé son cheval et foncé bride abattue jusqu'à la mairie. Elle frappa au bureau de Tique et entra. Certes il était occupé, avait d'autres chats à fouetter, mais Gyldas savait qu'il ne lui en voudrait pas: elle n'était pas du genre à déranger quelqu'un pour rien.
- Ticque: y'a un truc bizarre à la petite fermette en dehors de la ville. La femme est malade et des rats se baladent partout. Elle n'a pas l'air d'avoir la force de se lever. Ça m'inquiète, mais je n'ai pas trop osé m'attarder. Tu sais j'ai des enfants et
Elle attendit de voir s'il allait s'en inquiéter ou non. Elle espérait que ça serait le cas. Peut-être qu'elle paniquait pour rien. Mais le cas lui semblait sérieux, cette fois.
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Elle n'en avait pas pour longtemps: l'animal était toujours trait à son arrivée, et Gyldas n'avait qu'à se servir dans le grand bidon. Elle poussa donc la grille de la cour mais ralentit aussitôt.
** Bizarre: les volets sont fermés. **
Elle jeta un coup d'il alentours. La chèvre était dans son enclos et tentait de brouter l'herbe rase. Personne ne semblait lui avoir donné sa ration de foin. Méfiante plus qu'inquiète, Gyldas frappa à la porte de la petite chaumière. Personne ne répondit, mais quelqu'un toussa. Gyldas poussa doucement la porte avec précaution.
- Y'a quelqu'un? Je viens pour le lait.
Toujours pas de réponse, mais nouvelle quinte de toux qui fit grimacer Gyldas. Elle gardait un mauvis souvenir de la seule grippe qu'elle ait jamais eue, mais qui avait bien failli lui coûter la vie. Et aussi mal en point que semblât la fermière, Gyldas ne tenait pas particulièrement à l'aider, au risque de tomber malade à son tour. C'est encore et toujours à son bébé qu'elle pensait. S'il attrapait une infection quelconque, ça lui serait fatal.
La lieutenante de Tulle n'eut pas à enquêter bien longtemps pour savoir que ça n'allait pas. L'odeur de renfermé qui régnait dans la pièce la fit grimacer. Elle fut interrompue dans ses pensées par un rat qui s'enfuit soudain en lui filant entre les jambes. Elle sursauta et lâcha son bidon.
- Mais qu'est-ce que c'est que c'est que cette hygiène? Je suis un peu déçue, vous m'avez habituée à mieux que ça.
Laissant la porte ouverte, Gyldas entra dans la maison pour ouvrir les volets.
- Restez pas là madame. Ca fait deux jours que je suis malade. Prenez votre lait et partez. Vous me payerez plus tard.
La voix venait du lit situé en coin de la pièce.
- Malade ou pas, c'est pas une raison pour rester enfermée.
Gyldas ajouta une bûche dans l'âtre, mais elle devait bien reconnaître qu'elle répugnait à s'approcher de la petite femme. Secouée d'une nouvelle quinte de toux aussi peu rassurante que les précédentes, le regard de la fermière se fit suppliant.
- Je vous en prie! Allez vous-en! Prenez votre lait et allez vous-en!
Assez dubitative, Gyldas obéit et rempli son bidon tout en gardant un il sur le chantier qui régnait dans la pièce. Si la fermière continuait sur cette lancée, il faudrait sérieusement songer à trouver quelqu'un d'autre pour s'approvisionner en lait de chèvre.
- Bon d'accord.
Elle laissa les volets ouverts pour laisser entrer la lumière et prit soin de bien refermer la porte afin que le peu de chaleur restât dans la pièce. Si demain la fermière était toujours dans cet état, elle prendrait sur elle pour lui envoyer un médecin.
Sur le chemin du retour, la lieutenante ne put s'empêcher d'analyser ce qu'elle venait de voir. Des rats, certes, elle en avait vu souvent à la fermette, mais qu'ils entrent dans la maison, c'était la première fois. Quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à savoir quoi. Rentrée à la chaumière, elle donna le bidon à Lénora:
- Fais le bouillir plus longtemps que d'habitude. La fermière est sérieusement malade.
D'après le médecin, faire bouillir le lait écartait tout danger. Refoulant son appréhension, Gyldas tenta de se convaincre que ça serait vrai cette fois aussi.
- Je reviens, il faut que j'aille faire une course.
[A la mairie]
C'était trop soudain pour être normal. Gyldas avait donc sellé son cheval et foncé bride abattue jusqu'à la mairie. Elle frappa au bureau de Tique et entra. Certes il était occupé, avait d'autres chats à fouetter, mais Gyldas savait qu'il ne lui en voudrait pas: elle n'était pas du genre à déranger quelqu'un pour rien.
- Ticque: y'a un truc bizarre à la petite fermette en dehors de la ville. La femme est malade et des rats se baladent partout. Elle n'a pas l'air d'avoir la force de se lever. Ça m'inquiète, mais je n'ai pas trop osé m'attarder. Tu sais j'ai des enfants et
Elle attendit de voir s'il allait s'en inquiéter ou non. Elle espérait que ça serait le cas. Peut-être qu'elle paniquait pour rien. Mais le cas lui semblait sérieux, cette fois.
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