[ RIEN NE SERT DE PESTER ]
Il est des rumeurs qui précèdent certains évènements mais dans certains cas le porteur de ces rumeurs crée l'évènement.
Habitué à voyager en Limousin, Reb avait quelques opinions sur les gens de cette contrée et leur façon de partager leur quotidien avec les animaux.
Reb avait souvent pesté alors qu'il avait à cotoyer les rues de Tulle. Les miasmes entouraient certains quartiers populaires que de gros tas d'immondisses venaient compléter.
L'hiver venait de prendre son blanc mantel comme pour cacher pauvreté de sol. Beaucoup de vagabonds couchaient dehors, sous portes cochères. Ce fut au détour d'une ruelle que Reb rencontra son premier pesteux.
Reb avait déjà vécu épidémie en Bourgogne. Une maladie étrange qui prenait les poumons et dont les chances de survies étaient mince si l'on ne gagnait pas un dispensaire au plus vite.
L'alerte fut donnée par grands toussés lachés, accompagnés de longs râles que le vagabond avait peine à contenir. Son corps était adossé bras écartés. Ses jambes avaient écart alongé, bien décidées à ne plus porter.
Reb avait expérience et n'aimait pas se mélanger à autrui sans prendre assurance et distance.
Reb s'accroupi à 20 pas de l'étranger.
Tu es étranger n'est-pas?
Tu as la bien vilaine posture, aurais-tu mal donné par dame nature?
L'homme se contenta de tourner les yeux sans teint vers son interlocuteur puis se perdit dans une triste toux.
Dans l'ombre de la porte cochère, Reb distingua une autre personne dont le corps ne semblait bouger. Son corps avait été disposé de façon a gagner doux repos étrenel. Reb comprit vite que cette homme venait de perdre sa compagne et qu'il avait fait de son mieux pour lui donner meilleur repos de corps.
Est-ce ta compagne?
Reb avait grande peine mais ne pouvait rien faire.
Soit assuré, tu la rejoindras sous peu !
A cet instant, Reb repensa à sa propre vie, ses propres souffrances. Le ciel lui avait donné punition en le couvrant d'un mal étrange souvent confondu avec la lépre.
Le mal allait et venait, laissant marques à son gré sans jamais causer autre souci que perte de peau. Les autorité de Bourgogne lui avait imposé une crécelle pour annoncer sa venue...
Souriant à ce détail, il fouilla dans sa besace et extirpa l'objet donné en avril 1455. Reb se redressa puis reprit chemin en prenant soin de laisser sur son coté. Il fit tournoyer vivement l'objet en poussant de vive voix:
OYEZ OYEZ BRAVES GENS...LA PESTE EST ENTRE VOS MURS!
PEUT-ÊTRE AVEZ VOUS ÂME IMPURE !
Reb gagna les rues de Tulle, répandant triste son qu'il aimait à porter. Les maladies accompagnaient souvent grandes folies, comme les viols ou les meurtres. Folies de corps ou d'esprit, comme si dernier jour devait survenir.
Le Limousin devenait malsain et Reb ne voulait vivre d'autres lendemains incertains. Ses pas le menèrent à la taverne municipale...Il devait partir au plus vite mais devait s'enquérir de la santé d'une personne qu'il ne voulait perdre.
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