Un garde traversa la salle du tribunal. Ses bottes étaient impeccablement brossées claquaient sur le plancher de bois... au moins lui, connaissait un mininmum les règles du savoir vivre et il ne laissait pas en arrière de lui la bouse dans laquelle il était habitué de marcher. Il salua le juge et déposa une épaisse enveloppe cacheté d'un sceau dont le juge reconnu immédiatement la provenance. Un large sourire s'afficha sur son visage. Chlodwing Von Frayner avait enfin envoyé son témoignage pour le procés de haute trahison...
Il allait décacheter l'enveloppe quand Yarwelh entra dans la salle du tribunal. Le juge était ravi! La fin du mandat arrivait et c'était la première fois qu'une dame - hormis la très féminine procureur - entrait normalement dans ce tribunal: nulle trace de boue, pas de tête jetée sur le bureau, pas de portrait flatteurs crayonées, pas de gardes la trainant par les bras et pas de quiches au fumet ravageur. Une entrée normale...
Yarwelh a écrit:
Messire le Juge, Madame la Procureur. Aujourd'hui, le fait que ma gifle soit due à une perte de mon honneur du à l'accusation de Toufuk n'a pas été reconnu et je le déplore. Toutefois, je me plie à vostre jugement. J'accepte de serrer la main de messire Toufuk
Dame Yarwelh, Votre présence ici vous honore et montre que vous souhaitez passer l'éponge.
Cependant je vous fais remarquer que la cour n'a point rendu de jugement et n'a encore rien reconnu... Dans cette histoire, la justice veut que je ne peux pas vous condamner pour une gifle qui semble bien mérité, mais je ne peux pas tolérer de tels comportements. Alors soit les deux partis acceptent sincèrement d'oublier cette mauvaise histoire soit Toufuk sera mis en accusation et je prononcerai un verdict pour vous deux.
Maintenant, si vous voulez bien vous asseoir... nous allons encore attendre un peu et voir si messire Toufuk daigne se présenter ici...
Pour l'instant, comme je l'ai dit, votre présence en ces lieux montre votre intention de régler cette histoire spinalienne et influencera certainement le verdict que la cour prononcera.
Il lui sourit, faisant comprendre par là qu'il avait bien pris note de son désir d'apaisement et que le jugement reflèterait le mérite de son geste et de ses sincères volontés.
Il sortit l'épaisse pile des parchemins de l'enveloppe et commença la lecture qui s'annonçait aussi longue qu'intéressante.
Citation:Bonjour à vous Votre honneur, puisqu’il semble que se soit ainsi que l’on vous nomme à présent. Qui sait demain peut être devrais vous donner du Votre Grace.
Quoi qu’il en soit bonjour. Merci de me donner l’occasion de me défendre, bien peu l’auraient fait comme l’a prouvé le procès de mon cousin Guise, honteusement condamné alors qu’il était en retraite dans un monastère, sans lui laisser l’occasion de se défendre. Mais certains sont prêts à tout pour satisfaire une basse vengeance personnelle.
Je me permet avant de commencer cette plaidoirie de rappeler le souvenir des personnes qui nous ont quitté récemment, comme mon cousin Constantin Von Frayner, ou encore ma cousine Mcchippie Von Frayner, et même mon ancien adversaire Yanahor de Rubempré, le Duc de Salm dont le verbe acerbe me manquera. Je voudrais aussi avoir quelque instants de silence pour ma mère Enorig d’Azayes qui nous a quitté il y a peu. Nuls doute qu’ils nous manqueront à tous en Lorraine, quoi que.
Le ton était donné.... quelques flatteries envers le juge, un peu de rancœur qui allait donner lieu à des bons règlements de compte et un soupçon d'émotion basé sur le dévouement envers le duché. Cette introduction annonçait une suite qui promettait déjà d'être un régal pour un lecteur assidu comme le juge.
Citation:
Je vais commencer, votre honneur, par retracer un peu les faits, puis je vous expliquerait pourquoi légalement j’ai estimé que ma révolte était légitime avant de finir par une petite critique du témoignage que je qualifierait de bien peu juridique du petit Selee pour enfin m’attarder sur les aspects purement moraux.
Les faits, votre honneur sont simples. Un homme ignoble, nommé Chlodwig Von frayner, baron en plus figurez vous, a organisé une révolte contre le conseil de Lorraine de l’époque dirigé par le Duc Selee, et figurez vous qu’il était accompagné par une bande de terroristes notoires (la moitié de l’Etat Major). Son crime ? Être ami avec le Souverain de Bolchen et ne pas en avoir profité pour piller les finances ou mettre à mort ses opposants. Soyons honnête, à votre place je réclamerais la pendaison ou l’écartèlement ou même je ne sais quel châtiment le plus scabreux possible. Mais il se trouve que celui-ci a trouvé dans les lois lorraines des passages qui malheureusement justifient ses actes, car il ne l’a pas fait juste « pour renverser Selee », contrairement à ce que celui-ci a bien pu dire lorsqu’il disait en taverne que ledit Chlodwig avait tenté de le tuer.
Désolé de tuer le rêve. Je m’appuierai pour ma démonstration sur un texte nommé « de la légitimité des révoltes » voté et adopté le 27 février 1456 (à l’unanimité des voix du conseil élu et de la HAL, pour la petite histoire). Donc non il ne s’agit pas d’un texte que les mauvaises langues pourraient qualifier de « créé pour l’occasion ». Car je les entends venir ceux là. J’ai l’habitude des racontards fatigants.
Que me dit ce texte ?
Citation:La révolte ou contre-révolte ne peut être légitime d'un point de vue légal que suite aux évènements suivants:
-Incompétence manifeste et attestée du Duc/chesse et de ses conseillers en exercice. Il faudra toujours utiliser cette notion avec discernement, pondérance et sagesse, puisque ne sera considérée légitime dans ce cas précis, que toute révolte visant à sauvegarder l'intérêt supérieur des finances et des institutions Lorraines.
Je reviendrait par la suite aux choses qui m’ont fait juger que la révolte était indispensable.
Citation:
Toute révolte contre le conseil ducal Lorrain ne pourra être légitime que si elle est menée par une personne de confiance et hautement fiable [niveau 3 et possédant 255 points de charisme] désignée par les membres de la haute noblesse lorraine. Ce dernier devra donc mener l’armée qui renversera le conseil. De plus, pour être légitimée, toute révolte contre le castel de Nancy devra être soutenue par la majorité absolue des membres de la HAL, l’état-major de l’ost lorrain devant également donner un accord de principe.
Le conseil insurgé légitimé -élargi- sera donc composé d'un leader, qui recevra le titre de régent jusqu’aux prochaines élections, et qui aura des pouvoirs équivalents à ceux d’un duc sans en porter toutefois le titre, ainsi que des conseillers ayant soutenu la révolte et de la noblesse ayant pris part à la révolte. Les rênes de l'armée devront être confiées temporairement aux membres de l’état-major de l’ost, le temps qu'un nouveau capitaine soit nommé.
Jusqu'à présent... rien de nouveau, un rappel des faits des plus justes dans l'ensemble et quelques bonnes idées pour les peines à prononcer. Si l'accusé voulait se faire écarteler, le juge ne pouvait que s'en réjouir. Ça serait l'occasion de faire une grande fête, la duchesse et le peuple pourrait assister à un spectacle qui sort de l'ordinaire.
Sabifax aimait le ton donné jusqu'à présent dans la lettre et la rigueur dont faisait preuve le baron. Il appréciait le style direct et la franchise employés. Peut-être que si les circonstances avaient été différentes, la relation entre les deux hommes aurait été moins belliqueuse voire amicale. Mais le juge n'oubliait pas les malversations de Guise au sein de la HAL qui avaient amené à cette situation et il continuerait à s'opposer à tout ceux qui utilisent leurs prérogatives pour manipuler les autres. Chacun ses principes et ses moyens pour arriver à ses fins...
Laissant là ses pensées politiques, le juge reprit sa lecture.
Citation:
Tout d’abord, laissez moi traiter de la fameuse incompétence du Duc Selee. Je me suis renseigné dans tous les duchés où il est passé. Malheureusement je n’ai pas conservé les témoignages de ces personnes, vous devrez donc vous contenter de ma parole. Certaines étant mortes, cela constitue autant de points sûrement difficiles à vérifier. Mais n’ayez crainte, elles ne sont là que pour appuyer mon argumentaire.
Parlons d’abord de l’Artois sa patrie d’origine. Un certain Reigninblood m’a confié il y a longtemps que « Selee était un incompétent notoire doublé d’un idiot ». Je ne fais que retranscrire ses paroles. Si vous désirez vérifier mes propos, je vous conseille de vous adresser à Thegreterror comte de Lille et de Saint-omer entre autres, actuellement au conseil d’Alençon qui se fera un plaisir de confirmer. Ensuite, j’ai le propre témoignage du chambellan d’Artois de l’époque de la révolte,sir Lokmar, qui m’a confirmé qu’à part se faire élire il ne savait rien faire d’autre.
Je me suis aussi renseigné en Béarn lieu où il a été, entre autres, bailli, et où il aurait fait perdre près de 20 000 écus à ce poste. J’ai aussi eu témoignage d’une constitution qu’il avait proposé, ce à quoi, en la lisant, Juju, le prince de Fontainebleau, le vieux renard berrichon, n’avait pu que se moquer de lui. Il avait d’ailleurs été me semble-t-il exclu du conseil suite à ces choses.
J’ai aussi observé les textes qu’il proposait, textes tous rétoqués par la HAL tant ils ne servaient à rien d’autre que « faire des mots et embêter les honnêtes gens ». Oui, cet homme ne proposait que des textes qui ont maintes et maintes fois prouvé leur inefficacité. Je citerais le fameux texte sur la loi martiale adopté il y a peu, ou encore le texte sur la mise en procès préventive, adopté uniquement pour le condamner avec son propre texte et le faire exclure de son parti. Oui j’étais jeune à l’époque, je le concède. Mais ça a réussit. Ces textes ont été unanimement qualifiés de « pitoyables et démagogiques, ne servant à rien d’autre qu’à rassurer une population sans avoir la moindre once d’efficacité » par des experts en droit aussi connus que Urbs de Valorl comte de Gravelines. Oui cet homme n’est qu’un démagogue sans compétence comme l’a d’ailleurs prouvé son mandat. Je rajouterais même qu’il est lâche et que donc il n’a rien à faire en tant que duc (membre de la noblesse) comme il l’a prouvé en refusant le duel face au baron de Commercy.
Maintenant me direz vous, les faits ! Il suffit de choses s’étant passé longtemps à l’avance. Eh bien si cela ne vous a pas suffit, je vous en amène d’autres. Déjà, il a fait communiquer des données économiques totalement farfelues, sans aucune logique. A cet effet, étant incapable de juger l’économie, j’avais transmis les données à ma mère la duchesse Enorig d’Azayes, légende parmi les CAC des royaumes, qui a pu affirmer que les chiffres étaient débiles. Ensuite, je rappellerais ses actes totalement illégaux, sans aucun respect du corpus législatif de l’époque, comme la dissolution de la HAL (on a beau ne pas être d’accord, cet acte est illégal, et nous sommes là pour juger des lois), ou encore la volonté exprimée de dissoudre l’Etat Major, bien qu’il se soit rétracté par la suite pour calmer l’Ost. Je lui reconnais que ce fut intelligent. Ensuite je rappellerais à tous la manière extrêmement confuse, voir franchement malhonnête dont il a traité l’affaire du pillage de Vaudémont. Il a fallu que plusieurs personnes protestent énergiquement pour qu’il consente à le mettre en procès. D’ailleurs, je me corrige, le procureur en le voyant s’enfuir l’a mis en procès directement sans attendre, car si il avait… attendu justement… eh bien le pilleur se serait enfuis de Lorraine. Et pour finir je m’attarderais sur une chose importante. Comment se fait il que nous avons pu prendre le château si facilement ? Eh bien parce qu’il n’y avait aucune défense ! De façon volontaire comme le témoignent les archives du conseil de l’époque. Trois villes de Lorraines dont la capitale sans aucune défense, pas un groupe de maréchaux. Et c’était ses ordres. C’est une preuve d’incompétence de plus. Imaginez que nous ayons été des brigands avec quel régal nous aurions pillé la Lorraine. Non Franchement si tout cela ne vous suffit pas je ne sais pas ce qu’il vous faut.
J’ai donc démontré son incompétence judiciaire, législative, économique, son incapacité à être noble et duc. Cela me semble suffisant. Maintenant voyons le reste de la loi.
Ah! Enfin du croustillant...
Des noms, des lieux... Il en connait des choses le baron. Le juge posa la feuille un instant et se demanda si c'était dans ses prérogatives d'écrire aux personnes nommées pour vérifier les dire de l'accusé. Évidemment, si Selee était si connu pour son incompétence dans tout les royaumes, il comprenait mieux les motivations qui ont poussé à le renverser. Moui... quelques courriers s'imposaient pour aller au fond de cette affaire. Un juge ne doit rien laisser au hasard et surtout pas un juge autant consciencieux que Sabifax. Il lui resterait à déterminer à qui il écrirait pour en apprendre plus sur l'incompétence présumée de Selee. Et... pourquoi pas à tous ?
Citation:
Il fallait que je sois une personne de confiance et hautement fiable. Bon… ça apparemment certains ont estimé que je l’étais. J’ai toujours servit la Lorraine et toujours agis selon mes principes. Après, beaucoup ne sont pas d’accord avec ça mais bon. Et j’ai bien été désigné par les membres de la Haute Noblesse Lorraine de l’époque. Jusque là je suis bon. J’ai également été soutenu par la majorité de la HAL comme vous pouvez le voir sur ce papier joint (http://casteldenancy.forumpro.fr/salon-des-decrets-ducaux-f5/legitimisation-de-chlo-vf-et-de-la-revolte-du-23-24-aout-1457-t9947.htm).Quant à l’accord de principe de l’Etat Major, je ne vous ferait pas l’affront de vous définir ce qu’est un accord de principe, mais sachez cependant qu’à partir du moment où il est écrit et signé, ce n’est plus un accord de principe mais un contrat. Aussi je vous inviterais simplement à remarquer que dans la liste des révoltés il y avait la majorité des membres de l’Etat major… je crois que c’est suffisant comme accord de principe non ? Sinon… si il vous faut plus… eh bien ce n’est plus un accord de principe.
Voilà, je pense avoir suffisamment démontré que j’étais dans mon droit, je ne sais pas quoi vous dire de plus. Si cela ne vous convainc pas… eh bien je ne sais que dire d’autre. Peut être ne mettons nous juste pas le même sens derrière les mots. Mais je peux faire une lettre du Souverain de Bolchen, qui a écrit les lois et donc selon le corpus législatif de l’époque était l’autorité coutumière. Au moins savait il, lui, ce qu’il mettait dans un texte. Mais non suis-je bête, c’est en réalité contre lui que sont dirigés les procès et quoi que je dise, quoi qu’il dise, quand bien même nous aurions raison, il faut nous condamner car nous sommes le mal en personne, ou je ne sais quoi d’autre. Mais je fais confiance à mon juge pour juger équitablement.
Large sourire sur le visage du juge... Vous en faites pas baron... Ca sera équitable.
L'argument de l'état major... Le juge l'attendait. Dans cette révolte, c'était finalement le point faible. Tout avait été fait selon les textes, certes de façon tarabiscotée mais selon les textes, la HAL approuve - même si elle s'est arrangée pour n'avoir qu'un membre - puis désigne un baron comme régent, quelques déclarations sur la mauvaise gestion et voila.... la révolte est au château.
Malheursement pour le baron, le juge est aussi membre de l'OST, de surcroit procureur militaire et il a obtenu la condamnation des membres de l'état major devant la cour martiale. Tous ont déclaré avoir été berné et manipulé à leur dépend. Mais ça apparemment le baron si bien informé ne le savait pas.
Oui... il aurait put lui dire ou lui communiquer les éléments du dossier militaire voir même lui faire savoir le jugement de la cour martiale. Mais... Fallait il que la justice donne à l'accusé toutes les chances de s'en tirer ?
Citation:
Maintenant venons en au… comment pourrais je le qualifier ? Pas témoignage, disons torchon alors rédigé par Selee. Déjà il me qualifie de complice. Je proteste énergiquement. Que vous décidiez de qualifier Guise comme mon complice pourrait passer, mais j’aimerais quand même que Sthoreal et moi portions la paternité de cette révolte car c’est nous qui en avons eu l’idée et qui l’avons préparé. Un peu de respect je vous prie. Il me qualifie ensuite de mécréant, acte de diffamation pur et dur, je suis on ne peut plus croyant, mon cousin le cardinal Kad m’ayant proposé de devenir diacre de part ma grande connaissance des textes, ayant été baptisé par les archevêques de Reims et de Lyon et étant le secrétaire particulier d’un cardinal. Franchement quel mécréant je fais bouh j‘en tremble. Ah mais bien sur, le petit Selee emploie des mots qu’il ne connaît pas. Bien une nouvelle preuve de son incompétence je crois ? En plus de sa bêtise profonde.
Ensuite je proteste énergiquement à nouveau. Diffamation pure et dure. Je n’ai pas démissionné sous son mandat comme il le dit. Cet homme est un mythomane de la pure espèce qui cache son incompétence derrière des mensonges. Je dois encore me répéter au cas où il ne l’aurait pas compris ou remarqué. Je rappelle qu’en période d’élection, l’ancien Duc reste Duc jusqu’à l’élection du nouveau. Circa était donc toujours le Duc. Et je l’avais prévenu que si Selee devenait duc, ma démission était effective à la seconde où c’était officiel. J’ai prévenu à l’avance le Duc Circa qui m’a donné son accord et en effet, à l’instant où l’élection de Selee a été validé, je n’étais plus au conseil. Vous pouvez le vérifier. J’ai tout fait selon la loi.
Je ne m’attarderais pas sur la suite que j’ai déjà démonté, sinon que je rappellerais qu’un procès ne respectant pas la procédure élémentaire instituée par la Charte du Juge ne prouve rien. Mais bon, nos conceptions de la justice semblent être différentes. Mouvance des lois d’un côté, stricte respect de l’autre. Ensuite je ne me suis jamais prétendu Duc régent de Lorraine comme ce mythomane semble le prétendre. Mais bon, il n’est plus à un mensonge près pour assouvir sa petite vengeance personnelle sans aucun lien avec une quelconque justice. Je me suis toujours prétendu régent. Mais bref, passons. Oui régent la loi me le permettait. Après si certains m’ont qualifié de Duc régent, eh bien ça je n’y peux rien. Quand au qualificatif de régence noire, je me permet de dire à votre honneur que ce qualificatif ne repose sur aucune démonstration et qu’il s’agit donc une fois de plus d’une tentative stupide (car infondée) de me décrédibiliser. Et je terminerait par dire qu’une fois de plus cet homme ment. J’ai continué à me prétendre seulement régent. Pourquoi me direz vous ? Eh bien parce qu’un trône ne saurait souffrir de vacance et que je suis resté, selon la loi, le seul régent officiel de Lorraine puisque rien n’est venu légitimer la contre révolte.
Allez, un dernier pour la route, son témoignage est suffisamment pitoyable pour qu’il écrive ceci : « J’aimerais signaler également qu’après le château repris, il continuait a se prétendre duc régent de lorraine et participa à des joutes en France. » Si l’on en suit sa phrase, il me reproche d’avoir jouté. Mais bref je me doute que ce n’est pas ce qu’il voulait dire.
Sincèrement, vous ne pouvez me reprocher que d’avoir fauté par rapport à la législation en place à l’époque de mes fautes présumées, comme l’a rappelé notre empereur lorsque la CSI a tenté de faire des lois rétroactives. Donc vous devez vous baser uniquement sur la législation en place à l’époque. Donc vous êtes obligé de constater que finalement le seul qui a respecté les lois, c’est moi.
Maintenant que j’en ai terminé avec ledit torchon j’aimerais m’attarder sur les aspecte purement moraux de l’histoire. Je me doute que certains n’y verront que manipulation, hypocrisie, ou même encore arrogance ou je ne sais quel qualificatif mignon. Qu’importe l’avis de ces gens, les sables du temps les oublieront. J’ai estimé qu’il était de mon devoir de protéger la Lorraine d’un incompétent. J’ai agis. Oui j’ai osé agir et c’est sans doute ça qui fait le plus mal à certains qui justement eux en sont incapable. Parler, faire des discours oui ça ils savent. Au-delà… je ne ferais que citer à nouveau le chancelier d’Artois : « Selee à part se faire élire, il ne sait rien faire d’autre ». Je crois que ça se passe de commentaire. Les titres, la poudre aux yeux, le clinquant, le bling bling, si c’est ça leur monde, je suis très bien dans le mien et je comprends qu’ils soient contre moi lorsque je met au jour leurs mensonges sur lesquels ils bâtissent leur vie. Toute cette clique de gagne petit, l’Histoire, celle avec un grand « H » les oubliera dans ses tiroirs comme elle en a oublié tant d’autres. Et la postérité me donne déjà raison. Lorsque vous agissez vous gênez trois catégories de personnes: celles qui veulent que surtout rien ne change, celles qui veulent que ça change, mais pas avec vous, et celles qui veulent que ça change, mais autrement. On est ici, en plein dans cette configuration. Volpone ne m'aurait pas contredit
Finalement puisqu’on veut tant me mettre sur le dos je ne sais quels crimes innommables, intéressons nous plutôt aux faits. J’ai pris un château en disant que certains étaient incompétents, j’ai lancé des enquêtes pour faire la lumière là-dessus (malheureusement on s’est dépêché d’enterrer ça et de ne pas le faire aboutir, comme c’est étrange, personne n’a sorti de preuves pour les contredire), je n’ai pas pillé, et je n’ai pas poursuivi mes adversaires politiques. Et enfin ! Je n’ai pas fuis ! Je suis resté trois semaines en Lorraine avant qu’on daigne me mettre en procès. Sincèrement j’ai l’air d’un vrai coupable ?
Sabifax répondrait plus tard à la question, pour l'instant il reposa le parchemin sur la table. Il était temps de prendre une petite pause mirabelle. Le verre que la procureur lui avait gentiment offert étant déja vide, le juge dut ouvrir une de ses bouteillers pour se servir un plein verre d'eau de vie. Sentant le regarde de Barberine sur lui et sa précieuse bouteille, il en profita pour lui servir un verre du divin nectar qu'ils appréciaient tant. Il posa les parchemins sur un coin du burea et se leva pour lui apporter, accompagné d'un sourire.
Voila! C'est pour vous. Je sais que vous êtes vous aussi une amatrice de boisson fruitée.
J'ai vu vos réserves diminuer et j'ai passé une commande spéciale au duché. Je serai bien embête si vous veniez à en manquer. J'ai comme la certitude que vous puisez votre enthousiasme judiciaire dans ce délicieux liquide. Consommée modérément, la mirabelle est une source de discernement et sert bien la justice de notre duché.
Il lève son verre pour trinquer avec la procureur, très fier de leur collaboration durant tout ce mandat. En outre, elle avait fait preuve d'un remarquable sens du partage, puisant allègrement dans son tonneau.
Je dois retourner finir de lire un courrier important que j'ai reçu concernant une affaire au tribunal...
Mais ensuite, je souhaiterai qu'on se parle. Je crois savoir que malgré la très légère sentence donnée à Gnaaz, il est allé se plaindre à la CAI...
Il se penche vers Barberine et murmure à voix très basse de sorte qu'elle soit la seule à entendre.
Il serait capable de lire dans nos pensées... mais Je n'ose pas croire que ça soit vrai. Il n'est même pas capable de lire un texte normalement écrit... Alors vous l'imaginez lire nos pensées... * rire *
Bon! Je retourne à mon bureau. Mais nous parlerons de cette nouvelle affaire plus tard.
Il salua Barberine puis reprit sa place sur le fauteuil assez rembourré pour accueuillir son fessier avec le confort qu'il méritait. Puis il reprit la lecture du courrier de Chlodwig Von Frayner, accusé de trahison pour s'être révolté contre le duc Selee.
Citation:
En face de moi j’ai quoi ? Des personnes que j’ai directement mis en cause qui veulent me voir condamner. Prenez par exemple Selee, dans son témoignage, il précise que : Je témoigne en ce jour sur l’Honneur pour permettre de condamner le complice de guise von frayner, ce mécréant de chlodwig von frayner ». Dit il qu’il vient pour faire justice ? Non ! Il dit qu’il vient « pour me faire condamner ». Eh bien oui mesdames et messieurs il le dit lui-même c’est juste une vengeance. Une vengeance de personnes aigries, vexées que je leur ai fait un pied de nez, vexés parce que moi je fais des choses qu’ils n’arrivent pas à faire, vexés parce que moi je n’ai pas besoin d’un titre pour exister.
Certains me diront, « mais et la grandeur de la Lorraine, y avez vous pensé ? » Mais mes pauvres, j’y pense tous les jours et croyez bien que parfois ça m’empêche de dormir. Imaginez, le jour où Selee est devenu duc, j’ai reçu les moqueries de nombreux artésiens et béarnais qui me disaient que la Lorraine était tombé bien bas. S’en était presque pire que lorsque Pirlet est devenu duc. Là j’avoue que ça a été les anciens flamands… j’ai pris cher ce jour là « mais comment une buse comme pirlet a pu devenir duc, refait une révolte, c’est une insulte à l’intelligence » m’a dit un vicomte flamand dont je tairais le nom par respect. Flamininien mon père et Ardarin, Dieu ai leur âme disaient la même chose de leur temps. Ardarin l’avait même surnommé « la cloche ». C’est en premier lieu pour la grandeur de la Lorraine que je l’ai fait. Mais grandeur est un mot qui échappe à beaucoup d’entre vous. Imaginez, certains ont fait deux mandats à la tête de la Lorraine et personne n’en a rien à faire d’eux, moi j’ai fait deux jours sur mon trône… et je suis connu internationalement. Et en bien. Par exemple, le jour de ma prise de château, j’ai immédiatement et spontanément reçu deux demandes d’interview, ainsi que les félicitations officielles et officieuses de nombreux duchés et organisations politiques ou militaires. Et je ne vous parle même pas des particuliers (ni des félicitations pour avoir ôté du trône un « boulet finit » selon leurs propos). Non décidément je fais là appel à des notions qui échappent à beaucoup. Je le constate tous les jours. Pour la majorité de votre clique c’est « mes petits intérêts, mes petits intérêts, mes titres tiens aussi, pis des cadeaux à mes amis ». Le concept d’État vous échappe totalement. Alors juger de la grandeur de la Lorraine… mais vous n’y entendez rien, pis, vous ne savez même pas ce que c’est.
Le concept de noblesse vous échappe également. Pour vous c’est un titre, une couronne, un beau blason et des potes vassaux qu’on envoie combattre à sa place (des fois qu’on prendrait des risques… oulà non). Ah et puis un bout de papier abscons récité tous les deux mois parce que bon… faudrait pas se faire destituer. C’est sur un champs de bataille, quel qu’il soit, qu’on reconnaît le noble, c’est bien à l’abris qu’on reconnaît le lâche… et le cireur de pompes. Je l’ai déjà dit, ce qui compte dans la vie, ce n’est pas le titre mais le rang. Quand j’étais seigneur, j’avais plus d’influence et de pouvoir que la majorité des ducs et la plupart des régnants. Mais non, encore une fois vous ne vous intéressez pas à ce qu’est l’âme de la noblesse, mais à la façade, à ce que les gens croient être la noblesse… le blason, la couronne, les beaux habits et…au final, le néant d’être.
Et vous savez ce qui me fait le plus rire dans l’histoire… c’est qu’avec tout ça j’aurais pu refuser d’aider un empire et une Lorraine où je suis assez unanimement haïs (et je n’en suis pas peu fier). Mais non, pour moi noblesse, famille et serments ne sont pas des vains mots. Et vous aurez beau me condamner, non seulement je n’en aurais rien à faire (car ce genre de choses ne me touche même pas… d’ailleurs avez-vous seulement un jour compris ce qui pouvait nous toucher Guise et moi ? Avez-vous seulement pris la peine de comprendre nos buts réels, le monde dans lequel nous évoluons et que vous ne pouvez pas saisir, tout juste effleurer ? Non) mais en plus je continuerais à aider non pas vous les personnes mais l’État Lorrain et la notion d’Empire, concepts sur lesquels vous urinez et crachez allègrement sans même vous en rendre compte tant votre course à la petite place est pitoyable.
C’est sans doute de l’arrogance, je le conçois… ou alors tout simplement de la tristesse en contemplant vos existences mornes et ternes, sans autre objectif que des petites choses que n’importe quel démago pourrait avoir. Je vais vous le dire sincèrement… j’ai pitié de vous.
Moi je suis toujours resté fidèle à mes convictions, du début à la fin. Vous… vous n’en avez pas.
Vous avez eu de grands hommes parmi vous, peu ont suivit leur exemple. Je vais encore paraître agaçant, mais la postérité me donnera raison, elle l’a toujours fait et encore aujourd’hui est en train de le faire.
Voilà Votre honneur, comme vous l’aurez compris cette dernière partie d’ordre plus morale ne s’adressait pas particulièrement à vous (pas du tout même pour ainsi dire, vous avez toujours su rester fidèle à vos convictions et bien qu’elles diffère des miennes c‘est une attitude que j‘admire), à peu de gens en particulier en fait, mais ceux à qui elle est destiné se reconnaîtront… et me haïront encore plus. Les ravages de la vérité que voulez vous. Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. C’est maintenant à vous de trancher en votre âme et conscience. Je pense avoir fait tout ce que je pouvais.
Finalement je ne regretterais qu’un truc dans cette histoire, ne pas avoir pu voir la tête de Selee le matin de la prise du château.
Vous pourrez me prendre mes titres, mon argent, ma vie même… mais il y a une chose que vous ne m’enlèverez jamais… c’est… le panache.
Chlodwig Von Frayner d’Azayes, Duc de l’Aigle et Baron de Chateau-rouge
Fait à Montpensier le 21 janvier 1458
Pour la Lorraine.
Voila, la lecture était ENFIN terminée. Le parchemin regagna son enveloppe. Le juge prendrait le temps de tout relire à tête reposée, puis il rendrait son verdict.
Finalement, il ne regrettait pas du tout d'avoir écrit au baron pour lui laisser une chance de se défendre. Si ce qui est raconté sur Selee est véridique, peut-on en vouloir et condamner ceux qui ont essayé de le renverser?
Le juge se recula dans son fauteuil et s'accota confortablement pour y songer...
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