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[RP] Les matinées gratinées d'Ana

Anastriana
Ana ouvre les yeux dans une pièce qui n'est clairement pas habituelle à son réveil.
Petit frisson, il fait un peu frisquet.
Couchée sur un tapis de laine, devant une cheminée, elle baille et s'étire. Elle déteste se réveiller dans ses habits de la veille, pouah!

A côté d'elle est étendu le jeune rouquin qui l'a écoutée babiller une bonne partie de la nuit avant de céder lui-même au sommeil.
Alors Ana s'était endormie à son tour, en regardant les intéressants dessins formés par les noeuds du bois des poutres au plafond. Et c'est pendant qu'elle voyait un mouton qui courait après un loup - Ana peut être très, très imaginative, imaginez donc ce qu'elle voit dans les nuages - qu'elle avait trouvé le chemin vers Morphée.
Le jeune artiste lui avait proposé de venir discuter toute la nuit chez lui, ce qu'elle avait accepté avec joie, étant donné que le manoir était vide et triste depuis que Brunehilde, Jean, et les enfants, étaient partis.
Ceci en tout bien tout honneur, cela va sans dire. De toute façon il était connu qu'Ana se fichait bien du qu'en dira-t-on. Et ils n'avaient effectivement fait que discuter, la jeune femme ayant entre autre écouté avec intérêt la description de l'enfance du rouquin.

Elle se lève sans bruit, et aide le feu à repartir dans l'âtre. Bientôt les flammes viennent lécher une large bûche, et réchauffent la pièce.
Ceci fait, elle se prépare un gobelet de lait, en regardant le jeune homme toujours plongé dans un profond sommeil. Elle sourit, se demandant de quoi il pouvait bien rêver.

Elle s'affale dans un fauteuil, et s'apprête à siroter le breuvage.
Mais une fois le lait sous le nez, elle est prise d'un violent haut le coeur, dégoutée par l'odeur.


"Pouah! Mais c'est pas possible, il est plus frais son lait ou quoi?"

Elle tente d'y tremper ses lèvres, et bien que le goût semble tout à fait normal, d'un lait qui n'aurait pas tourné, elle est complètement révulsée par l'odeur. Prise de nausée, elle laisse le gobelet sur la table non loin, et s'empresse de sortir prendre l'air.

Sitôt dehors, une nouvelle vague nauséeuse l'étreint, et elle laisse ses tripes se vider avec assez peu d'élégance il faut bien le dire. Mais ça soulage.


"Allons bon, j'ai dû manger un truc faisandé, me voila bien tiens."

Elle sort son mouchoir avec dignité, et essuie sa bouche en tapotant ses lèvres. Ou comment retrouver un peu d'élégance malgré tout!

Elle entre à nouveau dans la chaumine, et griffonne un mot pour le rouquin.
Ceci fait, elle retourne dehors, et respire à plein poumon l'air hivernal avant de tousser bruyamment, keuf keuf keuf. Bah oui, l'air hivernal ça les brule, les poumons, idiote va!
Elle se dirige alors vers l'Hotel Dieu, afin d'y prendre un remède contre la vilaine intoxication alimentaire qui la rendait malade comme un chien.
Le teint livide, elle pousse la porte de l'entrée, et se prépare une décoction.

Notez que c'est utile d'être médecin. Vous pouvez vous faire votre propre diagnostic quand vous êtes malade!
Enfin...
A condition d'être suffisamment clairvoyant... N'est-ce pas Ana?

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Anastriana
Ana se réveille, après une nuit sans rêves ni cauchemars, reposée par un sommeil enfin réparateur et serein.
De toute façon elle s'était littéralement écroulée de fatigue en rentrant chez elle.

Elle paresse au lit quelques instants, s'étirant tel un félin, profitant encore des derniers moments de volupté douce de l'éveil, celui où l'on est entre deux mondes.
Elle se remémore avec un sourire, sa visite nocturne à l'étranger la veille au soir, leurs ébats, violents, sauvages, mais qui lui avaient fait un bien fou. C'était comme se retrouver, atteindre la lumière, après une très lente et longue traversée du désert.

Toutefois en son coeur demeure la douleur, sourde, doucement sensible, éternelle, bien tapie, dormante, comme un volcan en attente. Si Ana cherche à fuir dans les bras de ses amants, toujours, incessament, la meurtrissure est là, lancinante.

Une autre douleur l'étreint mais celle-ci est bien physique et non morale.
Les nausées de la veille reviennent, surgissant aussi subitement qu'elles avaient fini par cesser.
Une main sur sa bouche, l'autre sur son coeur, elle essaie de reprendre contenance. Elle se concentre sur sa respiration, et arrive à retrouver une certaine maîtrise.
Allons donc, elle tient une bonne gastrite! Enfin c'est ce qu'elle se dit.
Deux jours sans manger, et ça passera. Sans doute. De toute façon elle ne peut rien avaler, toute odeur l'écoeure.

Elle se lève avec lenteur, de peur de ranimer les nausées, et se dirige vers la porte, qu'elle ouvre.


"Catheriiiiiine!"

Elle appelle la fille aînée de Berthe sa cuisinière. Cette dernière, embêtée de voir sa maitresse sans personne pour l'aider, suite à l'affaire du laçage de corset, avait fait venir sa fille. Une belle blonde de seize ans qui apprenait son métier de gouvernante, justement.

Voila qu'elle accourt et s'incline.


"Le bonjour Madame. Avez-vous bien dormi?
_Comme un loir! Merci de t'en inquiéter, tu es bien aimable.
_Je fais au mieux Madame.
_Peux-tu me préparer un bain, s'il te plait, et sort mes affaires, mais sans te presser, j'aimerai profiter de cette agréable matinée pour trainer un peu, je n'irais à Rohan que plus tard dans la journée. je suis un peu barbouillée qui plus est, du repos me fera grand bien.
_Comme il vous plaira Madame.
_Et arrête de m'appeler Madame tout le temps, c'est agaçant.
_Je suis votre obligée Ma... Heu je m'exécute!"


Et hop la jolie blonde se dépêche de mettre en oeuvre les ordres de sa maitresse du moment.

Ana sourit. Personne ne pourrait remplacer Brunehilde, mais cette petite à de bonnes manières, du maintien, et répond rapidement aux demandes. Peut-être pourrait-elle lui écrire une recommandation pour qu'elle trouve du travail auprès d'une Dame.

Elle se dévêt, laissant glisser le très fin linge de nuit sur elle, tombant en un flot de soie virevoltant jusqu'au sol.
Elle frémit de sa nudité, et avance lentement sur le parquet, les pieds nus, féline, jusqu'à la pièce attenante dans laquelle elle fait habituellement ses ablutions.
Catherine dépose au sol au moment où elle entre, une lourde marmite, de la fumée émane du grand baquet.


"C'est prêt mad... C'est prêt. Vous n'avez plus qu'à y entrer.
_Je te remercie."


Elle lève une jambe avec grâce, et trempe son délicat peton dans l'eau fumante... Pour le ressortir aussitôt en hurlant.

"Haaaaaaaaaaaaaaaaaaa mais ça va pas non?"

Elle se tient le pied à deux mains, en bondissant partout, autant dire qu'on passe de la scène voluptueuse et sensuelle, à la scène passablement ridicule. C'est Ana quoi. Ses cheveux détachés volent autour d'elle, une tempête brune à la peau blanche exécute une danse étrange dans la pièce.
N'imaginez pas la scène, Ana est assez ridicule comme ça. Merci pour elle.


"Mais enfinnnn Catherine, il faut mettre aussi une marmite d'eau froide pour obtenir la bonne chaleur, tu as voulu m'ébouillanter ou quoi?"

La pauvre enfant est rouge de honte, de gène, de frayeur, elle n'ose même plus respirer et s'avance vers sa maitresse.

"Madame je suis confuse vraiment, je vous adresse mes excuses, c'est que, j'ai voulu faire si bien, si vite, mais..."

Ana arrête de bondir comme un lapin partout, et regarde son pied. Il est fort rouge, evidemment, mais bon, elle s'en remettra...
Elle prend sur elle pour retrouver un visage plus serein, bien qu'elle ait les larmes aux yeux quand même, et rassure la môme responsable du drame.


"Ne te confond pas en excuses, va plutôt me chercher une marmite d'eau très fraiche, que je puisse y tremper mon pied. Agir avant de parler c'est parfois utile aussi crois-moi. Disparais de ma vue, à ton retour je t'aurais déjà pardonné, va."

Elle lui lance un sourire encourageant, inutile d'effrayer la petite qui ne l'a évidemment pas fait exprès. Mais aussitôt la porte refermée sur la blonde, Ana retrouve son air grimaçant de douleur, et lève un point rageur vers la porte.

"Gast de nom de Doué! Que ça fait mal, rogntudju! Quelle peste!"

Moui. Ana n'en veut pas à la petite mais, que voulez-vous, faut bien faire passer la douleur, et les insultes fonctionnent souvent assez bien!
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Anastriana
Couchée sur un canapé dans son salon, encore en habits de nuit, une simple robe de chambre épaisse sur ses épaules, Ana se repose à sa façon, en essayant de lire un manuscrit laissé à l'abandon depuis son accession à la mairie.
Mais son esprit n'est guère concentré sur l'ouvrage. Elle le referme, et caresse des doigts les superbes enluminures du titre.
Les bucoliques de Virgile. Elle en est au quatrième églogue, la bucolique "Pollion", mais le retour de l'âge d'or de Rome ne l'inspire guère.

Elle pose le précieux codex sur une table, et s'étire, lasse.


Elle avait erré dans le manoir toute la matinée, sous les yeux effarés de Berthe et Catherine, qui lui trouvaient une mine affreuse.
Son corps lui intimait l'ordre de ralentir, de se reposer. Elle ressentait ce besoin mais ne souhaitait pas l'écouter. Elle avait fini par baisser les bras en allant commencer sa lecture dans son salon, mais elle n'avait aucune motivation pour ça.

Ses joues commençaient à se creuser. Forcément, c'était le quatrième jour pendant lequel elle ne pouvait rien garder dans son estomac.
Berthe, touchée par l'état de sa maîtresse, n'avais même pas mimé une once de colère quand celle-ci n'avait pas fait honneur au grandiose repas qu'elle lui avait préparé pour le réveillon, la veille au soir.
Toutefois rien n'avait été perdu, Ana ayant fait venir Berthe à Rohan, avec toutes les délicieuses victuailles, partagées de façon simple et conviviale avec Charlotte et un voyageur du trégor.
Ana avait bien mangé un peu de dessert... Qu'elle avait rendu dès son retour au manoir.


La jeune femme laisse son regard se perdre dans le vague, et songe à l'année passée.
Quel est le bilan?
Morose, le bilan. La mort de Mat, de Guillaume, de Lely, de l'enfance et l'innocence de Blanche, de son mariage, de ses rêves.
Une découverte aussi. Son esprit ayant finalement écouté son coeur dans lequel était restait bien tapi, en sommeil, celui qu'elle aimait depuis tant d'années. Une découverte qui la laissait bien amère. Heureuse, et malheureuse à la fois. Cruelle, cette découverte.

Une année funèbre en somme.
Mais qu'est-ce-qui l'attendait en 1458? Comment savoir si cette année valait bien le coup d'être vécue? A quoi pourrait-elle s'accrocher pour garder la lueur brillante dans ses yeux?


Enfin. La vie malgré tout, continue. Et il faut faire avec ses aléas.

Elle se lève, faible, un peu tremblante sur ses jambes, et monte s'habiller. La mairie et les rohannais l'attendent, et elle n'aime pas rester trop longtemps au manoir, seule avec ses états d'âme, de toute façon.

Tandis qu'elle finit de boucler sa ceinture pour maintenir ses braies, elle entend une voix familière derrière la porte de sa chambre.


"Madaaaame. Je suis rentrée!"

Le visage d'Ana s'éclaire, elle ouvre la porte, sur une Brunehilde tout sourire, mais voilà que le sourire sur le visage de la gouvernante s'éteint aussitôt lorsqu'elle voit sa maîtresse.

"Madame! Qu'est ce que c'est que cette tête!"

Ana fait une mine dépitée. Sympathique comme salutation.

"Je suis malade Brune, mais bonjour à toi également, et bonne année."

Elle se retourne, déçue, laissant la porte ouverte. Brunehilde la suit, inquiète.

"Pardonnez-moi, c'est que, vous êtes pâle comme un linge. Et vous avez perdu de l'état. Que se passe-t-il?"

Ana s'asseoit devant sa coiffeuse, et entreprend de déméler ses longs cheveux.

"Je ne sais pas, je pensais avoir mangé quelque chose qui manquait de fraicheur, mais voila quatre jours que je suis malade. Je pense plutôt à une affection de mon estomac, telle qu'on en voit souvent l'hiver. Je ne garde rien, et je suis fort lasse. Et toute odeur m'est insupportable."

Brunehilde hausse un sourcil, fait des calculs rapides dans sa tête, et percute. Elle s'était déjà fait la réflexion qu'Ana avait du retard juste avant son départ pour Rieux.
Que dire. Que faire. La brave gouvernante est bien embêtée. Sa maitresse était-elle à ce point idiote? Ou bien préférait-elle rester dans le déni, pour se protéger?
Elle sourit, attendrie.


"Laissez-moi faire."

Elle prend la brosse des mains de la jeune femme, et termine de coiffer la tignasse soyeuse, avec beaucoup de soin et de douceur.

"Alors j'ai bien fait de rentrer au plus vite. Avez-vous pris quelque chose pour calmer votre mal?
_J'ai tout essayé. J'attends maintenant juste que ça passe. Je ne suis pas vraiment habituée à être malade, je suis plutôt d'excellente constitution normalement.
_Peut-être devriez-vous rester ici à vous reposer, vous vous prépariez à partir pour Rohan j'imagine?
_Je ne peux pas Brune, il faut quelqu'un à la mairie.
_Je peux m'en occuper pour vous."


Ana regarde sa gouvernante à travers le miroir, les yeux écarquillés.

"Ne faites pas cette tête, je suis tout à fait capable, je vous ai souvent assistée dans cette tâche.
_Bien sûr que tu en es capable. Mais les gens vont s'inquiéter si je ne descends pas à Rohan.
_Je leur expliquerai.
_Ils n'en seront pas moins inquiets.
_Vous pensez à votre propre bien-être de temps en temps? Vous êtes malade, écoutez un peu votre corps et reposez-vous.
_Je ne veux pas rester ici toute seule, ça me fait ressasser.
_Je vous enverrai du monde alors.
_T'as toujours réponse à tout comme ça!
_J'ai une maitresse qui m'a fort bien appris."


Ana baisse les bras. Brunehilde exulte.

"Bon, soit. On fait un compromis. Tu me laisses descendre au village, mais je ne m'occupe pas de la mairie, promis, je te la laisse! C'est le nouvel an, je dois adresser mes voeux à tous quand même."

La vieille gouvernante aquièsce, c'est de bonne guerre. Elle termine de natter les longs cheveux. Et pour une fois, elle lui fait une simple natte longue, comme sa maitresse aime à les porter.
Et elle réfléchit la Brunehilde, oh oui, elle réfléchit. Et plus elle réfléchit, plus elle devient pâle. Car oui, c'est évident, logiquement implacable, ça ne peut être que lui, et personne d'autre...

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Anastriana
Ana, étendue dans son lit, plus pâle que la mort, parle avec une Brunehilde qui n'en mène pas large vu l'état de sa maitresse.

Si les nausées de gestation sont habituelles, celles d'Ana sont trop importantes.
C'est quelque chose qui arrive assez rarement, mais parfois la mère subit une hyperémèse, des vomissements trop fréquents qui la vident de son énergie. Sauf que de l'énergie, si Ana en manque physiquement, côté mental, elle reste une battante.
Mais elle en avait trop fait, et son corps la lâchait.

Brunehilde lui prend une main, la regarde tendrement.


"Madame, il faut appeler un médecin. Laissez-moi faire venir Dame Lusiana!
_Non Brune, ça va aller, il faut juste que..."


Que quoi? Que tu te reposes belle Ana... Mais ça, tu ne le peux pas hein... Paradoxalement, c'est au-dessus de tes forces.

Mais laissez moi vous aider à remettre les choses. Car oui Ana sait désormais, qu'elle porte en elle la vie, qu'un petit être est tapi au creux de son ventre...



La veille au soir, alors qu'elle était de nouveau malade, Ana avait dû demander à Brunehilde depuis combien de temps elle avait eu ses derniers sangs, devant l'insistance d'Helena qui lui avait posé la question.
Six semaines, lui avait répondu sa gouvernante...
La belle Helena confirma donc à Ana qu'elle était de toute évidence enceinte, ce que charlotte semblait confirmer aussi.
Dans la tête d'Ana, divers calculs compliqués s'emmêlaient, mais il n'y avait guère besoin de calculer. C'était évident, trop même. Si encore le doute était possible. Mais il fallait qu'elle se rende à l'évidence, le père ne pouvait être que lui, et personne d'autre. Ce que Brunehilde lui confirma.

Elle s'était alors levée aussi dignement qu'elle le pouvait pour sortir prendre l'air, le coeur en proie à un désespoir mêlé de joie. Haletante, le coeur serré, la gorge et le ventre noués, elle s'était aussitôt évanouie.
Helena dut lui desserer son corsage pour qu'elle reprenne vie, et respire mieux, mais la future mère n'en était pas moins faible.

Ana ne savait sur quel pied danser. Elle s'était imaginée cette scène tant de fois. Ce fameux jour tant attendu où on lui dirait "Ana, tu es enceinte! Félicitations!".
Elle avait vu et revu ce moment tant de fois dans sa tête qu'elle aurait pu la jouer au théâtre sans problème. Sauf que dans le cas présent, voici que le décor et le contexte n'étaient plus les mêmes.
Alors elle était comme perdue. Elle voulait bondir de joie, de bonheur... Oh oui elle le voulait. Car dans le fond de son coeur, elle était heureuse de porter cet enfant, cet enfant d'elle, et de lui.
Seulement voila. Ana s'était toujours imaginée pouvoir offrir à sa descendance, un père présent, aimant, stable. Pour que sa progéniture ne vive pas sa propre souffrance, celle de ne connaitre ni père ni mère.
Mais dans le cas présent, c'était de nouveau une désillusion pour la jeune femme.

Elle n'aurait même pas voulu qu'il soit avec elle, encore moins l'obliger à habiter ensemble. Juste qu'il soit présent. Pas trop loin. Dans les alentours. Juste qu'il accepte, que son enfant puisse parfois aller le voir et l'appeler "père". Finalement, de la même manière qu'elle acceptait d'être aimé de lui. De loin. Mais là malgré tout. Présent dans les coups durs, et libre comme le vent le reste du temps.
Ouvrirait-il un jour les yeux, sur ce que la belle Ana acceptait, et accepterait toujours, par amour pour lui?

Bien entendu il y avait toujours la solution de trouver quelqu'un qui soit pas trop mal, pour tenir ce rôle. L'aimer un peu, se mettre avec, et lui demander de reconnaitre l'enfant comme le sien.
Mais Ana était totalement incapable de ça. Mentir à son enfant sur son père? Jamais. Le faire élever par un autre? Gerbant.

Finalement plus tard, prise de larmes incessantes, perdue, égarée, et pourtant heureuse, en un certain sens, tandis qu'elle épongeait ses yeux dans la chemise d'Anthoyne, il était apparu, le père de son enfant. Et bien que la présence d'Anthoyne lui en coûte, se donner en spectacle, c'était pas vraiment son truc, elle lui annonça la nouvelle. Et bien entendu il se cacha dans ses éternels lamentations sur lui même. Estimant qu'il ne faisait que semer le mal partout où il passait.

Le mal? Etait-il aveugle à ce point? Ne voyait-il pas ce feu de joie qui brulait au fond des prunelles de la jolie brune? L'envie de vivre qui brulait au fond de son coeur juste par amour pour lui? Ne pouvait-il se rendre compte, qu'avec Ana, il pourrait faire toutes les conneries du monde, elle serait toujours là, pas loin, présente s'il en avait besoin?
Que lorsqu'il était avec une femme, et qu'il était heureux, elle était heureuse aussi? Heureuse de le voir simplement souriant? Mais que lorsqu'il souffrait, alors à son tour, elle souffrait, ne supportant pas de le voir endurer de telles peines?

Bref, elle lui avait couru après, pour parler, parce qu'elle voulait le rassurer, lui dire qu'elle ne s'attendait pas à un étalage de vie de famille bien rangée... Mais entre son corps qui la lâchait, épuisé par la dénutrition, et le coup d'émotions trop nombreuses, elle s'était de nouveau évanouie, cette fois-ci bien mal en point.
Alors il l'avait prise dans ses bras pour l'amener auprès de personnes qui la réanimerait, avant de s'enfuir de nouveau.

Anthoyne et la jeune Lou réussirent à la faire revenir. Mais elle était lasse, complètement vidée.
Le jeune champenois l'avait raccompagnée chez elle, restant dormir au manoir, inquiet de son état. Et il pouvait l'être.

Brunehilde avait couché Ana, après lui avoir fait avaler de force une décoction de fraxinelle, et après un bon sommeil, elle s'était réveillée avec une mine qui aurait fait peur au plus solide des guerriers.
De nouveau prise de nausées, la gouvernante était très inquiète pour sa jeune maitresse.



Et donc voila. Ana est maintenant là, dans son lit, et se repose. Mais bien vite, elle met une jambe hors de sa couche, puis deux. Et se redresse avec douceur. Pas de gestes brusques surtout. Elle se repassait en tête toutes les précautions à prendre lorsqu'une future mère était affectée d'hyperémèse gravidique. Pour une fois, le médecin qui est en elle, agit de façon efficace.
Brunehilde la regarde dépitée.


"Vous allez vous rendre à Rohan, c'est ça?
_Oui Brune. Je n'ai pas le choix. Mais je saurais être sérieuse et prendre mes précautions, rassure toi.
_Je viens avec vous, je ne peux vous laisser seule. Et je vais gérer la mairie.
_Je n'en attendais pas moins de toi ma brave Brune. Aide moi à me mettre debout tu veux."


La gouvernante accourt auprès de sa maitresse, lui prête son bras.
Elle l'aide alors, à s'habiller, se préparer pour partir. Elle prend garde de ne pas trop serrer son corsage.
Elle lui fait apporter un repas de petite consistance, fait de poulet et de légumes froids, pour éviter les odeurs trop fortes.
Ana mange doucement, se force. Elle veut vivre. Pour l'enfant. Elle le veut. Alors elle sera sérieuse. Elle saura prendre du repos. Elle fera tout ce qui est nécessaire.
Mais elle ne mourra pas. Pour le faire vivre lui.

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Madeline
[Rennes, il y a deux jours]

Manches retroussées, le front qui perle de sueur, elle réfléchit. Elle fait le tour de l'édifice et ne comprend pas. Elle regarde ses compagnons maçons et hausse les épaules en désignant la dernière pierre.

Je ne comprends pas... Cela doit être la pierre en plus. La pierre de dépannage en somme. Y'a pourtant pas de trous dans notre mur.

Elle regarde ses hommes, puis la pierre, puis ses hommes.

Qu'est-ce qu'on en fait ? On la met avec celle qui nous restait pour l'hôtel de Clodeweck ? Hum !? on va faire ça ?

Commence à marcher en tapant ses deux mains sur ses cuisses.

Je ne comprends pas... On a dû louper une page dans la notice... T'es sûr de la traduction Pedro ?

Chûr madame la marquiche, chûr de chez chûr !

Dans ce cas... Encore un chantier de fini ! On peut prévenir Alba que son hôtel est flambant neuf !

Un homme l'interrompt soudain.

Ma chère marquise, puis-je solliciter votre savoir faire pour terminer mon hôtel ?

Madeline qui souffle sur sa truelle d'or pour faire rire ses hommes, se retourne vers l'homme et son visage s'assombrit.

Oh désolée, je ne vais pas pouvoir répondre favorablement à votre requête mon ami car je m'en vais ce soir même de Rennes.
Lorsqu'une Plumieuse a besoin de moi, je ne peux que foncer la soutenir.
Blanche a besoin de moi, de ma présence.
Je m'en vais à Rohan, messire... Vous m'en voyez navrée.


Il y aura bien des hôtels, bien des chantiers en Bretagne. Ils attendront tous.
Le soir même, Madeline de Valendreuse pliait bagage... direction Rohan... Good morning Rohan... Courage Blanche... j'arrive.

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Anastriana
[dans une ancienne chaumine, 47 rue du paradis, Rohan, pendant qu'une Madeline fait construire des hotels, une Dame quitte son manoir, pour son humble chaumine...]

"Madame, il faut tout réorganiser ici, ce n'est point un lieu pour une Dame!"

Ana sourit à sa gouvernante, qui s'affaire partout autour d'elle à tout nettoyer.


Brunehilde, la veille, avait eu une idée lumineuse.
Pour éviter bien des efforts à sa maitresse, elle lui avait dit qu'elle pourrait peut-être se réinstaller dans son ancienne chaumine à Rohan, le temps qu'elle aille mieux.
Cela lui évitait le chemin, la fatigue, trop de mouvements inutiles qui pourraient faire survenir ses nausées.

idée pas mauvaise en soit, sauf que Brunehilde voulait déménager à peu près tout le manoir dans la modeste maison...



"Brune, calme toi s'il te plait, ça me rend malade de te voir courir partout comme ça..."

La gouvernante arrête d'épousseter la cheminée, et la regarde.

"Bon, bah fermez les yeux, vous ne me verrez point courir ainsi!"

Ana fait une mine dépitée. N'importe quoi.
Brune repose son plumeau, et la regarde en souriant.


"Madame. Je faisais heu... De l'humour!
_Percutant ton humour, je suis morte de rire d'ailleurs tu vois bien."


Ana pose sa nuque contre le dos du fauteuil, ferme les yeux, pose ses mains sur son ventre... Ses nausées reviennent, elle essaie de se concentrer pour garder le peu qu'elle a réussi à ingurgiter un peu plus tôt. Inspire... Expire... Inspire...

"Madame, ça ne va pas fort hein?
_Non, pas très, je me sens de plus en plus faible, je ne sais plus quoi faire. Et Lusiana est partie pour une longue retraite, je ne sais pas vers qui me tourner... J'essaie de faire bonne figure devant les autres, mais bientôt même ça, ça me sera impossible..."


Ana pense soudain à quelque chose. Et si elle disparaissait? Elle devait prendre des dispositions.

"Apporte moi de quoi écrire. Je vais établir mon testament."

Regard effaré d'une gouvernante en panique.

"Madame enfin! Vous ne pouvez pas songer à des choses plus gaies! Et puis, excusez-moi, mais vous ne l'avez jamais fait encore? Si c'est le cas c'est irresponsable de votre part!
_J'en ai déjà un de fait, mais il n'est pas à jour.
_Bien. Mais pas maintenant, reposez-vous d'abord, vous le ferez ce soir.
_Heu... C'est toi qui décide maintenant?
_Dans le cas présent oui, vous n'êtes pas assez raisonnable, quelqu'un doit l'être pour vous. Dormez maintenant."


Ben voyons.

"La mairie, ça se passe comment?
_Très bien, ne vous inquiétez pas pour ça.
_Faudra quand même que tu me fasses des rapports bien plus détaillés qu'un simple "très bien"!
_A vos ordres lieutenant"


Et la brave Brunehilde de mimer un pâle salut militaire, sous l'oeil amusé d'Ana.

"Ha! Je vous ai fait sourire!
_A peine. Je vais aller prendre l'air un peu, j'ai besoin de respirer.
_Faites attention alors, rentrez immédiatement si vous ne vous sentez pas bien.
_Oui maman."


Cette fois, c'est Brunehilde qui esquisse un sourire.

Ana se lève, doucement, très doucement. Elle prend garde de délier tous ses gestes, elle a l'impression de vivre au ralenti, mais elle sait qu'elle doit rester calme, elle doit le faire, pour le polichinel qu'elle porte...

Elle se couvre chaudement, et avant de sortir, dit à Brunehilde, d'une voix un peu faible:


"Ma chaumine n'est pas le manoir, mais tu sais, je m'y sens mieux. Je trouve ça plus... Chaleureux."

Brunehilde regarde sa maitresse, et perce dans ses yeux malades, ses joues creuses, son air las, le remerciement qui se cache derrière cette phrase.

Alors que sa maitresse est sortie, elle frappe dans ses mains, et aussitôt surgissent Jean, le majordome, et Berthe, la cuisinière, qui ont déménagé du manoir à la chaumine avec Brunehilde pour rester auprès d'Ana.

La gouvernante les réunit, un grand conseil de domestiques dévoués se prépare.


"Bien, voici les ordres à suivre. Aucun surmenage. Mais aucun. Vous devez rester attentifs à ses demandes, et ne pas la mettre en colère.
Elle ne doit avoir aucune émotion.
Berthe, tu ne prépares que des repas froids. Toute odeur la rend nauséeuse, sa tisane du soir, tu la laisses refroidir, elle arrive à la boire de cette façon. Essaie de varier son alimentation, mais évite la viande, je crois qu'elle la supporte difficilement, à part le poulet, ça ça passe bien, si c'est froid toujours.
N'apporte pas à boire sur son plateau lorsque tu lui montes sa nourriture, lorsqu'elle boit pendant qu'elle mange, elle rejette tout.
Tu dois lui préparer des petites quantités, mais fréquentes, toutes les deux heures, environ, j'ai l'impression que ça passe mieux ainsi, plutôt que de faire trois grands repas.
Et lorsque tu cuisines, veille à ouvrir la fenêtre, et fermer la porte, aucune odeur tu m'entends! Aucune!
Et assistez la discrètement dans ses gestes les plus simples. Mais restez naturels, vous la connaissez, elle ne supporte déjà pas de devoir rester inactive, alors être assistée..."


Jean et Berthe hochent la tête.

Tous les trois se regardent, domestiques complices et unis devant les difficultées vécues par leur maitresse.
Tous trouvant bien injustes, que maintenant que la Dame porte enfin en elle la vie, cela la rende si malade. Tous inquiets, quant au pronostic vital de celle qui est une patronne si gentille... Colérique certes... Mais pas méchante pour un sou.

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--Brunehilde


Assise au bureau du maire, la brave Brunehilde gère les affaires courantes de la fonction.
La première chose à faire le matin, c'est bien entendu ouvrir tous les courriers, et y répondre. Et il y en avait toujours une pile intéressante!

Les petites demandes de chacun, leurs tracas, leurs soucis, leurs envies, leurs coups de gueule... Tout le malheur de tous se jouait précisément dans ces courriers matinaux.
Un message pour dire au maire combien son travail est exemplaire?
Ou un autre pour louer la joie de vivre qui règne à Rohan?
Un dernier pour... Juste prendre des nouvelles?

Rien du tout bien sûr. Car ainsi sont les choses, il est bien rare que les gens écrivent pour dire qu'ils vont bien et qu'ils sont heureux!

La preuve en est, par ce dernier courrier. Un courrier venant de toute évidence de loin, en tous cas pas du rohannais.

Brunehilde l'ouvre, parcourt les lettres inclinées des yeux, et pâlit. Oh oui, elle pâlit d'horreur...
Mais elle ne panique pas la brave gouvernante. Oh non. Car c'est justement là son travail, garder son sang froid et prendre les décisions qui s'imposent.

La lettre disait que le 29 décembre 1457, avaient été retrouvés les corps gisants de Messire le frère de la Dame, Elim de Nominoë et de son épouse, Dame Eléane de Drog Hart, sauvagement assassinés...
Accompagné des condoléances habituelles...

Et Brunehilde savait que dans l'état actuel de la dame, apprendre une telle nouvelle serait tout à fait néfaste pour sa santé, elle qui de jour en jour déjà, perdait du poids, et devenait tel un cadavre ambulant dans les rues du rohannais.
Elle avait déjà fort mal vécu la disparition de son autre frère Guillaume au début de l'été... Bien que l'un et l'autre ne soient pas ses frères de sang, mais ses frères de coeur, leur disparition restait néanmoins la pire des déchirures.

Alors la brave gouvernante prend une grave décision. Elle rédige une réponse brève et signe du nom de sa jeune maitresse.
Quant au courrier reçu, elle le cache dans sa propre besace... Sa maitresse apprendrait tout ça... Mais dans quelques mois.
Brunehilde sait, qu'elle risque le renvoi... Mais peu lui importe. Ana ne risquera ainsi pas sa vie.
--Glougloute
Ça fait déjà un moment que je suis ici. Où, d'ailleurs ? Fichtre, c'est que je n'en sais rien !
Je barbote, amas cellulaire que je suis, virevoltant entre les parois douces et tièdes qui bordent mon univers. Une petite bulle qui me chatouille l'amnios, tandis que de temps en temps, je tire sur le machin rose qui me relie au ventre de maman. Bien sûr, je ne sais pas ce qu'est un ventre. Je ne sais pas, non plus, ce qu'est une maman. Mon activité cérébrale est bien limitée, mais tout à fait normale pour le minuscule têtard que je suis, affublé d'un prémisse neuronal, toboggan nerveux qui tombe en cascade dans mon dos.
Oh, glouglou ? Ça, c'est le manger qui arrive. Invention superbe, que j'applaudis à chaque fois que de ce tube élastique, mon petit déj' se pointe. Servi sur un plateau, s'il vous plait. Je règne sur cet espace vital, sur mon cocon liquidien, et commande aux aliments leur venue.
Ma tête ressemble à un ballon écrasé en tous sens. Impossible, donc, de voir une quelconque ressemblance avec mes géniteurs. Donateurs généreux d'un capital génétique fourni, d'ailleurs, dont je n'ai qu'un vague souvenir.
Réminiscence d'une nuit, sauvage et volée, arrachée au hasard, lorsque d'une minuscule sphère opaline, et d'un asticot microscopique, est née une petite merveille : moi. Nuit à trois, où lorsque mes compagnons de voyage se sont endormis, épuisés par leurs ébats fornicateurs, je me lançais dans la plus grande, la plus incroyable, la plus vertigineuse des aventures.


Anastriana
"Brune? Je ne comprends pas, Elim ne m'a pas répondue! Je lui ai envoyé un joli parchemin ouvragé, pour le nouvel an, et je n'ai toujours rien reçu en retour!"

Brunehilde, occupée à recoudre une chemise, ne lève pas la tête.
Elle tient son rôle de menteuse comme elle le peut... C'est à dire avec professionnalisme.
Ana quant à elle, fait mine d'être plongée dans une lecture qui endormirait même le plus atteint des insomniaques. Mais son visage est perplexe, ses sourcils froncés.
La gouvernante tente quelque chose, une diversion bien trouvée.


"Il est peut-être en mission, quelque part sur les routes. Ne m'aviez-vous pas dit qu'il était passé lieutenant là-bas en Normandie?
_Ben oui, mais... Eleane m'aurait répondu elle. Vraiment, je ne comprends pas. Je suis inquiête même. Ce n'est pas du tout son genre!"


La gouvernante cette fois retire son regard de l'ouvrage, et la scrute avec un air rigide. Elle réprime un frisson... Ana est d'une maigreur inquiétante, pour une femme enceinte.

"Ha non hein. Pas d'inquiétude. Il vous écrira bien. Il est sans doute occupé de son côté.
_Oui... Mais comme je lui annonçais en même temps être enceinte, je m'attendais à une réaction. Même Eleane n'a rien répondu! Tu ne trouves pas ça étrange? Nous nous écrivons chaque semaine, puis là plus rien! Sympathique, cette nouvelle année!"


Ana est déçue, très déçue. Mais elle admet que Brunehilde a sans doute raison, et que son frangin est sans doute pris par ses responsabilités.
Ou qui sait, peut-être était-il en route pour une visite surprise?
Elle sourit à cette idée, il l'avait déjà fait, après tout!

Elle pose une main maternelle sur son ventre, et sourit... Elle imagine déjà Elim venant faire connaissance avec son neveu, ou sa nièce, jouer avec lui, le faire sauter dans ses bras... Elim aime tant les bambins!

Ironie tragique d'une histoire qui ne s'écrira pas. Mais ça Ana ne peut le savoir. Et pendant que Brunehilde est rongée de tristesse et de culpabilité, Ana rêve à des scènes qui malheureusement jamais ne se joueront...

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Anastriana
L'air hagard, les yeux vides, Ana n'est plus que l'ombre d'elle même.
Après une soirée difficile, ou plutôt une discussion très éprouvante avec le père de son enfant, elle était rentrée chez elle en larmes, désespérée.
La flamme de son coeur vacillait, et elle n'avait aucun pouvoir pour la rendre plus vive. Elle s'éteindrait peut-être bientôt, petite lueur encore palpitante, qui n'arrivait pas à puiser en elle l'énergie nécessaire pour survivre.
Alors qu'elle avait tant, tant à donner.

Elle ne comptait donc pas. Elle n'était pas assez à ses yeux pour qu'il se reconnaisse en elle et se retrouve. Pourtant... Il s'y trouvait.
Là, tapis dans son coeur battant, il y était, depuis toujours.
Et dans ses entrailles, là où une petite vie encore hésitante grandissait doucement.
Dans les yeux d'Ana aussi, s'il savait bien voir, il s'y trouverait, petite étincelle vivace.
Et dans tout le reste, ses envies, ses actions, ses convictions.
Il était partout en elle, elle l'avait dans la peau comme on dit. Mais il était aveugle, se couvrait d'un voile de douleur.
Elle comprenait sa douleur, comprenait tout parfaitement. Mais ne pouvait accepter de le perdre. Impossible. Inimaginable. Insensé.
Invivable...

Toujours est-il qu'une fois chez elle, elle avait passé son temps à être prise de spasmes de l'estomac douloureux, rendant à la terre l'intégralité de ce qu'elle avait pu ingurgiter, plus malade que jamais.
Titubant vers son lit, sous l'oeil épouvanté de ses trois domestiques, elle s'y était effondrée, et avait pleuré des heures durant.
Brunehilde était restée près d'elle, caressant ses cheveux, la déshabillant avec douceur tel un amant de tendresse, lui enfilant ses vêtements de nuit avant de remonter sur elle les épaisses couvertures.
Et Ana ne disait rien, rien. Elle semblait muette. Seule ses larmes parlaient pour elle. Que s'était-il donc passé? Alors que la gouvernante faisait en sorte que nulle émotion forte ne secoue sa jeune maitresse!

Et donc ce matin, la Dame est en proie au vide. Le néant commence à s'installer en elle. Son âme allait disparaitre. Sans âme, que reste-t-il? Un corps doué de mouvements, répondant à des reflexes instinctifs primaires.
Manger, boire, dormir et respirer... Autant de gestes simples mais qui puisent une énergie considérable. Et la vitalité lui manque sans aucun doute.

Elle se traine donc. Sort de chez elle en silence, tout le monde dort, elle peut s'enfuir discrètement. Car même brunehilde a besoin d'un peu de repos de temps en temps.

Dans les rues encore sombre, car l'aube se lève à peine, elle marche. Ou plutôt erre. titubante. Faible. Partout autour d'elle, se bousculent tant de souvenirs.
A chaque coin de rue, sur chaque place. Elle a déjà tant vécu. Des joies et des peines. Des mallheurs comme des moments d'allégresse. Et tout ça se mélange pêle-mêle dans son esprit, s'imbriquant les unes aux autres, pour former ce qu'elle est devenue maintenant.
Les expériences nous créent. Et Ana en est à ce dire, qu'elles nous consument également à petit feu, pour finalement un jour s'apercevoir que nous avons entièrement brulé. Plus de matière, plus moyen de nourrir le feu ardent qui nous fait avancer.
Lui en est là. Ana en sera là s'il disparait.
Un enchainement sombre plane sur le village de Rohan, celui la même qui a pourtant retrouvé sa joie de vivre et sa bonne humeur.

Arrivée au bord du lac, étendue glacée miroitante sous les premiers rayons du soleil, elle s'asseoit sur un banc, emmitouflée dans son cafard, perdue dans ses sombres pensée, égarée sur une route de douleur. Et alors qu'elle n'a pas ouvert la bouche depuis la veille au soir, sort de a gorge l'appel, puissant, enfoui, si violent, sincère, le cri que l'on dit libérateur.


"Je t'aime, je t'en supplie, ne meurs pas!"

Les mots résonnent avant de s'évanouir dans les profondeurs de la forêt.
Pendant un instant, les coups de haches non loin se taisent. Leurs propriétaires sans doute étonnés. Tout est silencieux.
Puis peu à peu, les sons reprennent, formant la musique d'ambiance du quotidien.

Ana respire avec difficulté. Sa gorge, ses poumons, son ventre, tout semble pris dans un étau. De toute évidence le cri n'a de libérateur que le nom. Elle ne peut même plus pleurer, elle n'a plus de larmes.

Elle reste ainsi, seule, sur son banc, avec sa peine, la neige commençant à tomber. Ses deux mains sur son ventre comme pour protéger ce petit être du froid... Et de sa douleur. Ressent-il tout ce qu'elle vit? Comment voit-il les choses, depuis ses entrailles? Sans doute n'est-il pas encore assez développé pour en penser quoi que ce soit.
Mais une fois né... Que ressentira-t-il... S'il n'a pas son père à ses côtés pour l'aider à grandir?

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--Glougloute
Don't Worry ! Be Happy !

La vie de fœtus, sans vouloir exagérer, c'est le pied. Depuis ces quelques semaines où je squatte le bedon maternel, je ne peux qu'aboutir à cette conclusion, éternelle et indubitable : je kiffe à donf.
Depuis peu, j'arrive à me mouvoir dans un sens où dans l'autre ; de cette proéminence tubulaire qui me relie à l'utérus maternel, je dessine un lasso imaginaire, faisant voltiger les amas cellulaires stagnant dans l'eau tiède comme des papillons qui s'envolent. Oui, oui. L'éclate totale !
Quand je suis fatigué, je ferme mes yeux -qui sont déjà fermés, enfin pas formés, donc j'y touche pas, mais c'est pour préciser que je me concentre, quoi.- et j'écoute ce qui se passe dehors. Des bruits, parfois même des odeurs, qui traversent ma bulle et m'atteignent avec quelques secondes de retard. Fluctuation des intonations, sauf de la voix proche et aimante de ma mère, qui elle m'arrive bien plus vite, et agrémente mon petit corps en formation d'une décharge hormonale.
Pfuiiiiit ! Hop, c'est Maman qui parle. De la voix qui hausse le ton, aimante et douce, de la main qui se plaque avec amour sur l'arabesque qui perce sous la chemise, mon placenta excité m'envoie une petite décharge électrique, un rehaussement protéique qui m'agite un peu. Et de mes mains en formation, de ce bout de membre auquel pendouille un prémisse de main, j'envoie un micro coup dans la paroi abdominale, signale la présence à celle qui, peut être, l'interceptera.
Allo là-haut ? Tout va bien ? Ici c'est calme. 37,3°C, pas de perturbation. Vagues puissance 3 pour l'après-midi, surf envisagé pour finir la journée. Et sinon, pour vous ça baigne ?

Hier soir, c'était mouvementé. En quelques heures, j'ai effectué plus de sauts périlleux que depuis ma création. L'acrobate le mieux formé n'aurait pas fait mieux, c'est vous dire. Tellement, qu'à la fin je n'étais plus capable de distinguer les trompes du col, c'est vous dire.
Mayde, Mayde ! Houston, nous avons un problème !
Et aux réponses maternelles, à l'afflux de stress cellulaire et à l'oppression diaphragmatique, je réponds, zen : Don't Worry ! Be Happy !


Anastriana
La veille, Ana avait été si mélancolique... mais soudainement, comme une vague d'optimisme et de fraicheur, quelque chose l'avait poussée à sortir de son terrier de douleur, et à arrêter de se lamenter.
Comme une envie soudaine de se dire, allons, lève toi et marche!
Comme si une petite voix l'incitait à sortir du néant dans lequel elle plongeait irrémédiablement.

Et aujourd'hui, Ana a juste envie de repos. Pas d'anecdote idiote, pas de larmes, ni de rire.

Elle veut rester seule avec son polichinel. Lui parler, lui raconter des choses. Pour essayer de se retrouver un peu, de se souvenir de ce qu'elle a vécu, pour mieux appréhender l'avenir.

Ainsi, assise dans un fauteuil, les jambes surélevées, près de la fenêtre, à travers laquelle l'étendue blanche de la neige rend le paysage presque irréel, Ana remonte les souvenirs. Elle les hisse du fond de sa mémoire à l'aide d'une corde.
Certains ont trempé depuis longtemps dans le liquide froid, noir, glacial de l'oubli, mais elle les essore. Elle veut que tout revienne. Elle veut revenir.

Les deux mains sur son ventre, comme si elle pouvait ainsi entrer en communication avec le petit être, elle parle, parle... Pouvait-il entendre ce qu'elle lui disait? Elle n'en avait aucune idée.
Et puis il doit être encore si petit... Son ventre commence tout juste à prendre une petite forme ronde, mais cela n'est visible que pour elle, qui est habituée à son ventre plat aux saillies des muscles proéminents. Ces muscles-là étaient désormais noyés dans la masse...

Ainsi elle lui conte comment fut Rohan il y a des années de cela.
Quand dans les tavernes résonnaient de concert avec la voix de sa mère, celle, des mousquetaires, Sirkorben, Golgol, Supershadow, et Slivo.
Ses anges gardiens, ses amis fidèles. ceux qui lui faisaient une coure respectueuse, entre l'amour et le jeu, entre l'amitié et la fraternité.

Les tavernes ne connaissaient à l'époque que le rire. La vie consistant de façon générale à se mettre la tête dans le tonneau, et à le vider. Chanter des chansons paillardes, danser sur des airs de gigue. Manger des parts de la tourte aux champignons de Lutinmagique, et découvrir un monde parallèle aux facettes très... Colorées.
Et puis déjà il était là, lui et sa maudite corde, le géniteur, le paternel, celui qui à l'époque, voulait déjà essayer la solidité des poutres de la taverne et s'y pendre, pour un amour perdu, et elle passant son temps à le convaincre du contraire, son coeur commençant doucement mais surement à le faire entrer en son sein, pour le laisser ensuite là, en sommeil. Comme quoi des années après aucun détail n'avait changé.
Ana se souvient donc de lui, Giwdull, Sirko, et elle, en train de palabrer sur des brèves de comptoir, accoudés au bord du puits. Puits dans lequel un jour justement ce futur père la fit tomber, pour calculer la profondeur du puits, selon la distance parcourue et le temps avant qu'elle fasse plouf. A l'époque on menait des études passionnantes. Chouchennisée, mais passionnantes.

Et puis la découverte de l'amour, de la passion, de la tendresse, des premiers ébats...

D'abord il y eut Bob1al, qui rapidement lui fit découvrir ses premiers émois.
Puis Slivo, qui lui apprit ce que signifiait l'amour courtois. Elle lui brisa le coeur si bien, qu'encore aujourd'hui elle souffre de la peine qu'elle lui infligea en le quittant. Il partit ensuite, en miettes, elle n'avait plus jamais eu de nouvelles.
Golgol était plus comme un père, mais un père... Proche disons... Très proche parfois! Un peu comme son mentor plutôt.
Il la fit d'ailleurs entrer au manoir du chêne blanc et elle porte aujourd'hui son anneau druidique grâce à lui.
Puis Sirkorben, avec qui elle resta en relation libre pendant des années, chacun vivant d'autres aventures intimes selon les rencontres du hasard, goûtant ce que le destin mettait sur leurs routes.
Une relation décriée par certains, mais dans laquelle tous deux trouvaient leur équilibre, s'aimant d'ailleurs passionnément.

Et puis les frères, aussi, ceux qui étaient en quelque sorte sa famille, Elim et Guillaumetell. Avec eux un serment d'amitié ne suffisait pas, ils étaient bien plus. Ils partageaient des valeurs, des principes, ils étaient soudés fraternellement à tout jamais.
Guillaume l'a quittée, mais Elim est toujours là, ombre rassurante, penser à lui était toujours si réconfortant. Son canard en sucre, son Eliminou. Qui d'ailleurs semblait l'avoir oubliée depuis quelques temps, le vilain.

Et tant, tant d'amis.
tiens, Meriadoc par exemple, qui s'occupa bien souvent à regarder son décolleté... Amusant quand on sait qu'il l'a menée quelques années plus tard à l'autel pour son mariage, figure paternelle s'il en est.

Dans cet amas de souvenirs emmêlés, que pouvait-on raconter comme conclusion à un être en devenir?
Tout ceci ne remontait pourtant qu'à une période brève de sa vie. Brève... Mais la meilleure de toute. L'époque de la jeunesse, de l'insouciance.
Une ère fantastique pendant laquelle on pense pouvoir tout conquérir, tout faire, car nous sommes invincibles!

Elle baisse son regard vers le polichinel, un regard tendre de future mère, et croyez-moi personne n'a jamais encore vu cet air là sur son visage, sauf peut-être la jeune Blanche parfois, et lui dit:


"Tu sais mon petit, la vie va t'apporter bien des tracas. et c'est pour cela que tu dois toujours garder en mémoire les moments heureux. Ceux-là sont autant de cataplasmes pour les plaies de l'âme. Les moments heureux sont souvent vécus auprès de nos amis.
Par-dessus tout, chéris tes amis, entretiens avec ferveur tes relations avec eux, ne les laisse jamais tomber.
Quand plus rien ne va, ce sont eux qui ramènent une petite lueur dans ton esprit obscurci. Même lorsqu'ils auront disparu, leur parole demeurera en toi.
Ils viveront à travers toi, par tes souvenirs. Honore toujours l'amitié, fais en ton cheval de bataille.
Mais ne te dis pas ami avec le premier venu. L'amitié se distribue avec parcimonie, et quand, un jour, tu peux considérer quelqu'un comme ton ami, sincère, véritable, sois heureux, et bat toi toujours pour protéger les valeurs qui vous relient, ne t'en détourne jamais.
L'amitié, c'est avant tout une conduite morale. C'est aussi ce qui nous aide à nous améliorer. Car l'ami véritable t'indiquera toujours si tu prends le mauvais chemin et que ta sagesse s'est égarée. Si tout le monde entend ce que tu dis, seul les amis écouteront ce que tu dis, et les vrais amis, les meilleurs, découvriront ce que tu ne dis pas.
Et tu verras que malgré ton attachement à tes amis, tu ne connaitras la valeur de la véritable amitié, que lorsque tu l'auras perdue. C'est toujours en imaginant la perte de quelque chose, qu'on appréhende avec plus de justesse sa présence."


Voila, donc aujourd'hui, une petite leçon sur l'amitié. Pauvre môme, avant même de naitre, voila que la mère fêlée transmet ses visions idéologiques.
La plupart des mères racontent des histoires... Des contes de fées... Des légendes oubliées... Non non, Ana elle, elle donne déjà des leçons de choses!

Pauvre polichinel!

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--Glougloute
Interférences, le courant ne passe pas. Zut, flûte, crotte ! Impossible de comprendre ce que la voix féminine veut dire.
En même temps, les paroles s'enchainent les unes après les autres, et c'est 'achement ennuyeux. Pas de zapette pour accélérer un peu, je me contente de bailler, et de me laisser descendre dans mon cocon, m'installant confortablement contre les parois amniotiques. Le discours s'éternise, devenant lancinant et vraiment désagréable. Chuuuuut ! ça essaye de dormir en bas ! Nuisances sonores, on a pas idée d'être aussi peu respectueux, dites. Si je finis délinquant ou terroriste, inutile de chercher pourquoi.
Oh, et puis mince. Marre de marre, je boude.
Alors je pince les lèvres, nez retroussé légèrement ; aucune difficulté pour la batracien que je suis, à faire figure d'épouvante. Plus de ressemblances actuellement avec un lézard qu'un homo sapiens... La vie est injuste.

Maman ne répond pas à mes questions. Jamais, d'ailleurs.
Elle pourrait s'inquiéter de mon sort, me dire qui est mon père, cet ingrat qui jamais ne s'est présenté à moi ! Eh ben même pas. Mère indigne.
M'en fous, plus tard je lui expliquerai ma façon de penser. Na !
Je dormirai deux heures par nuit, j'attraperai toutes les maladies possibles et imaginables, je ferais de la contrebande de chouchen, je deviendrai accro à la prunàVampi... Tu n'auras pas de répit, j'vais te détruire !
Et pis même, un jour, je fuguerai. Mais pas aujourd'hui, parce que... il fait froid dehors.


Anastriana
[Deux mois de grossesse*, bon anniversaire p'tit haricot!]

"Berthe je te jure, j'ai appris un truc hier soir, mais un truc..."

Ana secoue la main en faisant une tête terrible, une tête avec une moue de mystère mystérieux!

"Mais bon je peux pas encore t'en parler.
_Ben... C'po c'que v'faites là?
_Non je te dis juste que je sais un truc mais que je ne peux te le révéler!
_Dans c'cas m'dame faut pas m'dire ça, ou alors, s'vous l'dites, c'est qu'z'avez envie d'en parler, dans l'fond!"


Incroyable, comme parfois les domestiques, ont plus de bon sens et de perspicacité que leurs maîtres, n'est-il pas?

"Hum. Bon ben je ne dis plus rien voila!"

Et ana reprend son labeur du jour. Et un peu de beurre aussi, sur une tartine, en espérant la garder dans l'estomac.
Son dur labeur du jour, c'est d'éplucher des haricots. Activité passionante s'il en est. Comme elle est consignée chez elle, autant trouver des activités hautement productives!
Et comme Berthe en a un plein seau à éplucher, autant l'aider.

Elle attaque par les pieds, schlak! Elle écorche l'animal en retirant le fil, et coupe, shtik! Avant de retourner la bête pour lui trancher la tête, schtok!
Et ce inlassablement, sur moultes légumes verts au corps fin et allongé. Extra-fins même, ce sont les plus goutus.


"Tu sais que le haricot c'est originaire du même pays que le maïs!
_Heu... S'vous l'dites. C'quel pays?
_Ben... En fait ça je n'en sais rien. Mais c'est un pays très lointain, parait-il, on dit qu'il est au-delà de ce que tu vois**!
_Au-d'la de c'que vois?
_Oui oui, au-delà de ce que tu voiiiis!
_Derrière la f'nêtre? Ben oui, du potager m'dame, mais c'po un pays vraiment!"


Ana se frotte les yeux entre son pouce et son index.
Les domestiques s'ils sont parfois doués de bon sens et de perspicacité, comme on disait plus haut, ils n'en restent pas moins très terre à terre et parfois un peu... Simplets. Enfin pour quelques uns, pas tous.
On pourrait difficilement dire de Brunehilde qu'elle est simplette par exemple.

Tiens, la voila justement, la bonne Brunehilde.


"Dame Ana, mes respects matinaux.
_Demat Brune, ça baigne?
_Heu... ça... ça patauge je dirais, c'est quoi ça?"


Brune désigne les pieds d'Ana sous la table, qui trempent dans une bassine d'eau. Ana suit le trajet indiqué par la main qui montre. Haaa, ça!

"C'est rien, j'ai les jambes lourdes et j'ai mal aux pieds, un peu d'oedème quoi. Allez viens donc te détendre et t'asseoir avec nous! On épluche des haricots, ceux du pays qui est, au-delààà de ce que tu voiiiis!
_Ben oui de l'ouest lointain. Faites moi une place alors."


Voyez, Brune c'est quand même la classe.
Et les trois femmes papotent, racontent les derniers potins glanés par chacune d'entre elle, rient, croquent des haricots crus... La vie de domestique chez Ana faut admettre que c'est plaisant. Surtout quand la Dame est de bonne humeur!

Et Berthe de lancer le sujet-auquel-on-peut-pas-répondre, c'est son don à elle, sa capacité perso, sa petite habitude favorie.


"M'dame, z'avez des idées d'prénom pour le p'tit haricot qui pousse?
_Tu donnes un nom aux plantes que tu cultives dans le potager?
Regard étonné, et on dit d'Ana qu'elle est fêlée, de tout évidence la contagion était en progrès!
_Je pense que Berthe parle de celui que vous dénommez, le polichinel Madame.
_Haaaaaaaa,lui! Ou elle!"
Regard embêté, non finalement elle est belle et bien la seule fêlée dans cette pièce, zut! "P'tit haricot tiens c'est mignon comme désignation ça! A peine né ce petit est comme sa mère on l'appelle par plein de sobriquets, il aura toutes mes qualités c'est certain!"

Et Ana de rire, comme c'est bon, de l'entendre rire, justement!
Sa santé ne s'est guère améliorée, mais le moral semble au beau fixe.
C'est le problème avec les femmes enceintes, les hormones, ces substances encore inconnues mais qui font malgré tout leur oeuvre, les font passer de l'extase solaire à la déprime lunaire!


* depuis qu'Ana sait qu'elle est enceinte, désormais une semaine=un mois de grossesse. Elle vient donc de terminer son second mois, chaque vendredi, un mois supplémentaire ce sera passé

** référence au film "Le roi lion 3"

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Anastriana
"hubert! Bois pas ma tisane non d'un chien!"

Ana, les deux mains sur les hanches, enguele Hubert.
Hubert c'est qui? Ou quoi? Vous vous demandez!

Hubert, c'est un Saint Hubert. Un bon gros chien aux longues oreilles, fin limier, mais très pataud, pas bien agile.
C'est le copain d'Ana, elle l'a offert à son amie Lusiana, voila bien longtemps. Mais de temps en temps, Ana en a la garde, et elle est bien contente parce que Hubert, ben c'est un ami fidèle, loyal, doux, et il tient chaud la nuit. Vous faites pas d'idées hein!

Et donc la veille Lusiana lui a laissé Hub, parce qu'Ana était en colère, et que sans doute l'ex duduche c'était dit que ça la calmerait un peu.
Alors une partie de la nuit, Ana a raconté tous ses petits malheurs au brave chien, qui était surtout intéressé par les papouilles qu'elle lui fit en même temps.
Et un coup de langue sait chasser au loin les soucis...


Hubert se fait vieux, mais il a gardé tout son odorat. Et là, v'la qu'il boit la décoction qu'Ana s'est préparée, remède justement donné par Lusiana pour l'aider à combattre ses nausées.

Elle le tire par le collier.


"Allez arrête, va jouer ailleurs!"

Le brave toutou la regarde de ses yeux de Saint Hubert qui tombent, on lui donnerait vraiment le bon dieu sans confession à celui-là!

Donc le clébard sort faire un tour, nez au ras du sol, cerveau en alerte à la moindre odeur...

Hmmm... Trace de chat... Sale bête... Oh, ça c'est la Berthe qu'est passée par là... Elle avait un jambon dans les bras... Intéressant... Et ça c'est! Oh!

Le chien se met en arrêt soudain, patte en l'air, corps tendu, nez au vent...


"Ecureuil!"

De la chaumine, Ana rappelle le toutou.

"Huuuuuubeeeeeeert, la pâtée!"

Ha bon, l'écureuil attendra, tant pis. La pâtée d'Ana ça vaut tous les écureuils du monde. Elle est gentille cette humaine, toujours elle lui met un os à moelle en supplément!
Et la nuit quand il dort avec elle, elle lui grattouille longuement la tête, et ça, c'est juste exstatique quoi!

Et donc le chien déboule, il galope, il court, il... S'étale et roule en boule jusqu'aux pieds d'Ana qui est morte de rire.
Le problème d'Hubert, voyez-vous, ce sont ses oreilles. Longues, démesurées, elles trainent par terre. Et quand il court, il a tendance à marcher dessus, et puis là, c'est le drame.


"Allez mange donc au lieu de faire l'idiot!"

Et la brave bête de s'empiffrer joyeusement, des morceaux de viandes soigneusement découpés par Ana. Ben oui faut lui mâcher le travail, il commence à avoir les dents un peu pourries le vieux limier.

Et une fois la gamelle bien terminée, bien nettoyée, Hubert il aime bien un truc, c'est sauter sur Ana qui est assise, pour lui faire des calins.
Et pouf, il saute, donc. Haaaaaa qu'on est bien là...

Ana accuse le coup, humpffffff, se reçoit le gros toutou sur le ventre, et le regarde en panique.


"Hubert ça va pas non! T'es cinglé! On t'a pas dit! La place est prise d'ja voyons!"

Elle le dégage d'un bras rageur, le chien descend et la regarde avec des yeux encore plus tristes que d'habitude.
Ana fond.


"Roh pardon Hub', mais bon, il faut faire attention quand même, tu vois, là, y'a un haricot-alien-polichinel qui pousse, lui coupe pas la tige c'est encore une jeune plante!"

Hop, caresse de la gorge du chien, qui trouve l'humaine bizarre, elle lui raconte des trucs... Les humains sont vraiment des idiots à passer leur temps à leur parler, comme s'ils comprenaient eux les représentants de l'espèce canine, le langage étrange (mais fascinant) des humains!
Mais comme on aime bien leur faire plaisir, on leur répond toujours, ça les fait sourire, et Hubert aime bien rendre les gens heureux, surtout ceux qui lui donnent des os à moelle.


"Wouf!"

Brave Hubert!
Il snif un coup le ventre d'Ana parce qu'elle le lui montre, et percute. Oui oui il a connu ça déjà. Mais quand... Ha oui dans sa jeunesse! Sa maitresse lui avait fait le même coup! Plus droit de sauter sur elle, plus le droit de jouer, plus le droit à rien! Quelle vie d'chien...

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