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[RP] Les matinées gratinées d'Ana

Anastriana
[Quand l'appétit va tout va!]

"Brunehildeuuuuuu! Trouve-moi des fraises!"

La gouvernante lève des yeux étonnés vers sa maitresse. Voila autre chose, des fraises! La veille elle avait réclamé un énorme steack, et encore l'avant veille, un gratin de choux-fleurs!

"Il fallait tomber enceinte un peu plus tard madame. Ou un peu plus tôt... Des fraises en plein hiver, j'ai beau tout faire pour vous satisfaire, là je crains que ça ne soit malheureusement possible."

Ana lui jette un regard furibond. Ben oui elle a envie d'fraises. ça arrive.
Les remèdes de Lusiana ont calmé la violence et la fréquence de ses nausées, mais du coup, ça a réveillé ses envies alimentaires étranges, celles là même que la plupart des femmes enceintes ressentent durant leur grossesse. Bon elle garde pas encore toujours ce qu'elle avale, mais c'est tellement bon de manger!

Ana en a vu passer des anecdotes de ce genre en consultation, la plus étrange sans doute, restant celle de cette femme qui se levait la nuit pour cueillir des pissenlits et les manger en salade!
Les lubies alimentaires chez Ana sont variées, mais aujourd'hui, ce sont des fraises qu'elle veut, un point c'est tout!
Des bonnes petites fraises de Plougastel, hmmmmm... C'est si bon!


"Et d'abord pourquoi le blé il pousse en hiver et pas les fraises, hein?"

Ha, un point pour Ana. C'est vrai ça, pourquoi d'abord?
Si l'on considère les choses de cette façon, alors on peut très bien faire pousser des fraises. Et même des kiwis tiens. Ou des bananes. Et puis des topinambours et des potimarrons! Hmmm une bonne soupe de potimarrons... Voila, Ana rêve de fruits qu'elle ne connait même pas. Quoique si les bananes elles sont tropicales et c'est son insulte gentillette favorie même.

Soudain, Ana passe du coq à l'âne dans sa tête. D'ailleurs un bon coq au vin, ça le ferait grave là. Et dans les Alpes elle a déjà gouté cette délicieuse gourmandise... Des oreilles d'âne... Oh rassurez-vous on coupe pas les grands et amusants appendices auriculaires de ces charmants animaux non non, les oreilles d'âne c'est une sorte de feuilleté fourré avec des épinards, et c'est juste à tomber sur le cul.
Donc justement à propos de tomber sur quelque chose, Ana s'interroge. Pourquoi dire, qu'on "tombe" enceinte?

Oui parce que on dit ça comme si tiens, zut hier je me suis cassée la gueule sur les pavés verglacés et depuis j'ai un polichinel dans l'tirroir. Cocasse quand même.
Ou alors c'est tomber en sainte. Comme Marie, pleine de grâce. Mais ça n'allait pas trop à Ana ça, elle est tout sauf une sainte la maligne.
Quoi qu'est-ce qu'elle a ma ligne? Elle est encore superbe! Un corps de rêve!

Bon plus sérieusement, ça faisait un peu fataliste non? Tomber, comme si, heu, plus dur sera la chute!
En même temps, si l'on considère le nombre de femmes qui y passent durant l'accouchement, effectivement on est en droit d'être un brin pessimiste.

Bon alors, tomber enceinte, c'est quoi cette expression française à deux écus encore?


"Brune! Pourquoi on dit qu'on tombe enceinte?! ça donne l'impression que c'est quelque chose de terrible duquel on se relèvera pas!
_Pas faux en même temps, puisqu'on est tombé.
_Justement! C'est pas très engageant comme situation!
_Ha ben ça, surtout la votre, si je puis me permettre. Il sera annulé quand, votre mariage?
_Rah, Brune! Tais-toi je suis de bonne humeur me gache pas ma journée!"


Ana grommelle, pendant que Brunehilde, qui est en train de tricoter des petits chaussons, la regarde amusée.

"Toutefois pour répondre à votre question, sachez, Madame, que lorsque le verbe "tomber" est suivi d'un attribut, il prend alors le sens du verbe "devenir". C'est aussi le cas de tomber malade, ou et bien tenez, tomber amoureux aussi!"

Affaissement de mâchoire inférieure de la femme gravide, qui regarde sa gouvernante avec un air stupéfié.

"Fermez la bouche vous allez baver!"

Ana s'execute et sourit. Sacré Brune! Toujours réponse à tout!

Elle regarde son ventre, et repense à l'image qu'elle a figé à tout jamais dans un coin de sa mémoire depuis la veille au soir.
L'image d'une main paternelle venant se poser justement là, tout contre son ventre, comme protectrice, et sa main à elle la couvrant, liant ses doigts aux siens. Une image à chérir pour le reste de sa vie.
Une image qui rendait l'expression tomber enceinte pas vraiment fataliste, ni pessimiste. Juste merveilleuse.

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Anastriana
"Faut pas vous mettre dans de tels états Madame, ce n'est pas bon pour vous."

Brunehilde, toujours la même, essaie de calmer Ana, qui depuis la veille au soir, passe son temps à claquer les portes, taper du pied, froncer les sourcils... Bref, être de méchante humeur.
Elle a même envoyé promener Berthe qui lui avait fait un gros far breton tel qu'elle l'avait demandé auparavant.

Et là, bras croisés, regard courroucé, de toute évidence, elle n'en démordra pas, furibonde elle est, furieuse elle restera.

Pourquoi est-elle comme ça vous vous dites? Si seulement je le savais moi-même!
Mais bon c'est Ana, elle est déjà plutôt allumée de base, alors imaginez avec les hormones. Elle passe du rire au larme en un claquement de doigt, ses humeurs se modifient sans arrêt!

Les joies de la grossesse quoi.


"Madame, vous devriez faire quelque chose qui vous occupe les mains."

Effectivement, Ana tortille les siennes dans tous les sens, toute exaspérée qu'elle est.

"Et pour ça je connais une activité parfaite!"

Elle soulève l'ouvrage qu'elle est en train de tricoter, un petit gilet rouge et blanc aux couleurs de Coëtlogon, évidemment destiné au polichinel.
Ana hausse un sourcil, et fait une mine dépitée.


"Tu veux que je tricote? Moi? Avec mes mains?"

Ana les regarde justement ses mimines. Celles-là même qui tiennent les rênes d'un canasson comme personne, celles qui manient l'épée avec dextérité, celles qui travaillent à l'enclume dans sa forge... Des mains, pas vraiment faite pour des activités oisives et peu viriles telles que le tricotage...

"Tu veux pas m'apprendre à réaliser des napperons et à faire de la broderie tant que tu y es!
_Pourquoi pas, ça va avec.
_Mais n'importe quoi toi hein! Vraiment! Vous avez tous décidé de me pourrir le reste de mon existence, y'a un grand complot destiné à me...
_Non mais vous arrêtez! Vous exagérez tout là, calmez-vous quelque peu. Je vous rappelle, que la broderie, est quelque chose que l'on enseigne aux nobles dames qui...
_Ha ouais! Ben voyons! Tu sais pourquoi on leur apprend ça? C'est pour les occuper! Comme si j'avais besoin qu'on m'occupe, j'ai plein de choses à faire!
_Oui mais là vous êtes vraiment très... Irritable, et il serait bon que vous retrouviez un peu de serenité. Et tricoter pour ça c'est parfait, croyez moi! ça ne vous dit pas, d'apprendre à faire une petite tenue pour votre enfant, qu'il pourrait mettre?"


Brunehilde est trop forte! Elle connait si bien Ana... Elle sait toujours toucher où il faut pour la faire céder!
D'ailleurs, tiens, voila qu'elle s'approche...


"Bon... Je veux bien juste voir comment on fait. Par... Curiosité uniquement."

Sourire vainqueur de la vieille gouvernante. C'est presque trop facile parfois!

"Bon je vous montre. D'abord vous ne prenez qu'une seule aiguille, pour monter les mailles. Vous prenez votre pelote, et vous prévoyez environ trois fois la largeur de la pièce que vous souhaitez tricoter. Vous pourriez commencer par quoi voyons... Un petit bonnet par exemple!"

Et voici la Brunehilde partie dans ses explications, Ana se prenant rapidement au jeu, commence l'ouvrage. Très rapidement, elle comprend et se débrouille.
A la fin de la matinée, un petit carré de laine est terminé. Brunehilde coud les bords, ajoute un ponpon, et voici un petit bonnet de laine bien chaud pour la future tête blonde.
Enfin blonde ou brune on sait pas encore. Puis ptêt rousse après tout... Mais Ana espère que non, quand même! Mais comme il y en a du côté de la famille paternelle, le risque demeure!

Bref, toujours est-il qu'Ana est plutôt fière, et puis ça lui a changé les idées, elle est un peu plus sereine, comme quoi, ça marche finalement.


"Je sais Brune! Je vais lui confectionner une belle couverture de laine, avec le grand écusson de Coëtlogon et ses hermines dessus, ça va être magnifique! Et de chaque côté je broderai deux grands destriers cabrés, ça va être superbe!"

Hop, laine blanche, rouge, et noir, et c'est parti, le gand ouvrage d'Ana a commencé, et si la qualité de sa production est à la hauteur de sa mauvaise humeur, ce gosse aura la couverture la plus belle de tout le grand ouest!
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Anastriana
En voila, un réveil inhabituel...

Elle ouvre les yeux, sa joue encore tendrement posée sur une peau qu'elle effleure de ses doigts.
Les premiers rayons du soleil percent à travers la fenêtre, baignant la pièce d'une lumière douce, nimbant le visage de son bel amant, sublimant la blonde chevelure.
Un regard autour de la chambre, pour se remémorer le lieu.
Tout lui revient peu à peu.

Douce soirée d'ivresse des corps, qui s'était terminée par un tendre moment, entourée des bras protecteur de celui qui pour un soir encore, a bien voulu l'aimer, alors que peu à peu elle avait trouvé le sommeil, posée tout contre lui.
Soirée de jeux amoureux, mêlés au plaisir. Ou comment profiter de ce que la vie, et le destin capricieux, pouvait parfois vous offrir de meilleur.

Elle lève son regard vers celui qu'elle aime, de l'amour le plus violent, le plus sincère, mais aussi le plus tendre, et le plus passionné à la fois, celui qui fait à la fois tout accepter, et tout refuser en même temps, celui qui fait de vous un volcan prêt à jeter le feu de ses entrailles à tout moment.
Celui pour lequel on pouvait ébranler des montagnes, traverser des océans. Pour cet homme là, Ana est vraiment prête à tout, elle l'a toujours été d'ailleurs.
Il est ce qu'elle aime le plus. Le vent libre, sauvage, imprenable, passioné, la virilité brute et sans ambage, mais aussi parfois la douceur qui pansent les plaies les plus profondes...
Dans le coeur d'Ana, il est la tempête qui souffle, à la fois Mistral et Tramontane, froid et violent, que le Leste chaud du sud. Il est aussi la forteresse impénétrable dans laquelle elle se sent protégée de tout, à ses côtés, elle se sent invincible.

Et puis il est aussi celui qui sait éveiller en elle toute la large gamme des émotions humaines. Mais de toute évidence ce matin, elle ne fera pas de tricot pour passer ses nerfs en tous cas... Elle est parfaitement sereine, et ça fait du bien.
Détendue, un léger sourire éclairant son visage, Ana sait reconnaitre les moments privilégiés tels que celui-ci, et en profiter, les vivre jusqu'au bout, parce qu'on ne sait jamais quand arrivera le prochain.

Alors elle repose sa tête sur le torse musculeux, bardé de diverses cicatrices, couvert d'une histoire militaire riche. Ses doigts en dessinent les bords, imaginant pour chacune d'elle l'expérience douloureuse qui s'y rattache.
Ici, un carreau d'arbalète sans doute, ou une flèche d'un arc long. Encore là, une dague fourbe, et là, une longue estafilade sans doute faite par une épée... Partout sur ce corps, on peut lire l'histoire de la Bretagne, la Sainte Martine, les cent jours... Tout est inscrit là, sur chaque plaie.

Elle prend entre ses doigts une mèche blonde, sourit devant les tempes légèrement grisonnantes, observe les lèvres douces, la forme du visage.
Sa poitrine se lève et s'abaisse doucement, au rythme de la respiration lente du sommeil... Rêve-t-il?

Ana songe qu'elle devrait sans doute se lever, tenter de retrouver ses habits éparpillés au rez-de-chaussé, et filer travailler à la mairie, avant de commencer ses consultations à l'Hotel Dieu.
Mais après tout... Paresser au lit, depuis combien de temps n'a-t-elle pas fait ça? Et puis la vision est trop sublime, elle ne peut détacher son regard.
Bientôt il ouvrira les yeux lui aussi, et alors il sera temps de retrouver ses esprits, et de retourner vaquer à ce qui fait son quotidien.

Elle passe une main tendre et protectrice sur son propre ventre, qui bientôt ne cachera plus ce qui y grandit, et dans un murmure étouffé, presque inaudible, elle souffle :
voici ton père mon enfant, sois-en fier!

Mais la pensée maternelle est bien vite interrompue par un souvenir qui parasite cet instant de tendresse : Brunehilde!
Elle n'est pas rentrée dormir chez elle, et imagine déjà la vieille gouvernante en proie à l'angoisse, la cherchant partout dans le village, ameutant tout le monde pour la retrouver... Mais tant pis, le temps des remontrances arrivera bien assez vite.

Pour l'heure, seule la paix intérieure, trop rare, compte.
Elle étire son corps lascivement, se déliant avec soin, et tandis qu'un léger frisson secoue son corps nu, voici que des yeux noisettes s'ouvrent au monde...

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Rowenda
Légèrement éveillé par ses caresses il ouvre doucement ces yeux noisettes avant de sourire en voyant Ana qui se tient a ses cotés, se remémorant la soirée précédente son sourire s'élargit encore. Doucement il se redresse et s'étires a son tour, prenant son temps, éveillant ses muscles engourdis par le sommeil avant de venir l'embrasser.
Sa main se glisse sur sa nuque pour rendre plus doux encore ce léger échanges, ses lèvres caressant les siennes au réveil pour la saluer.


Demat Ana, tu as bien dormi ?

Une main qui se glisse dans les cheveux de la brune alors qu'il se laisse retomber dans son lit, la regardant en laissant ses yeux s'habituer a la lumière et son corps se réveiller. Bien que l'envie de se réveiller n'y soit pas malgré tout, sa main passe dans ses cheveux, ses doigts s'y emmêlent légèrement et son regard plonge dans le sien. Ana, l'âme de Rohan, celle qui l'incitait étrangement toujours a revenir ici plutôt qu'ailleurs, sa Ana, fidele amie et confidente, et désormais plus encore.
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"L'ancien forum ou rien !"
Anastriana
Sourire devant les yeux qui s'habituent doucement à la lumière, et regard profiteur face au corps viril qui se réveille et s'étire...
Elle lui rend avec beaucoup de douceur et une infinie tendresse son baiser, ses lèvres lascives sur les siennes. Petits frissons le long de l'échine lorsque la main douce glisse sur sa nuque.


"Demat Ana, tu as bien dormi ?"

Quelle question! Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis... Depuis... Elle ne peut même plus se le remémorer! Un sommeil profond, sans rêves, sans cauchemars...

"Comme un poisson dans son bocal!"

Une réponse à la Ana quoi!

Elle le regarde, ses doigts vagabondant toujours sur lui, accoudée sur le matelas, la tête dans sa main. Les yeux rivés sur les siens, elle sent un frisson la parcourir toute entière devant l'intensité du regard qu'il lui porte... Un regard inhabituel, vraiment profond. Que fallait-il y lire?
Il est parfois si mystérieux, et si complexe.

Elle porte sa main libre contre sa joue, la caressant doucement, sans le quitter des yeux... Et songe avec tristesse que ce moment trop rare va bientôt se terminer, là, dans quelques minutes.

Elle va redevenir la vieille bique aux yeux de tous, ils se taquineront et se chamailleront... Jusqu'à une prochaine nuit d'amour tendre.
Demain? Dans un mois? Qui sait. En attendant, Ana fige l'instant, elle le dévore, le déguste, gourmande et affamée pour l'éternité.
Tant pis, s'il ne l'aime qu'à son bon vouloir et s'il la fuit la plupart du temps. Car ces moments là valent tout l'or du monde, et ils n'appartiennent qu'à eux seuls. Tout comme l'amitié sincère qui les lie et leur complicité. Et désormais, ils partagaient bien plus.


"J'espère que toi aussi... A vrai dire j'ai si bien dormi que je resterai bien à paresser!"

Elle rit doucement, frissonne sous cette main puissante mais qui sait se faire si tendre, alors qu'elle se mèle à ses longs cheveux.
Adieu la mairie, l'Hotel Dieu, Brunehilde, et tout le bazar, ce matin, seul ce regard là lui importe.

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--Glougloute
suppression du lien {kya}

Une question, une seule.
POURQUOI ? Pourquoi tu m'as fait ça, à moi, hein ? Je t'avais rien demandé, moi. Pis c'est abusé, de me mettre devant le fait accompli. "Ca y est, fini, voici le fournisseur de spermatozoïdes".
Eh ben pas d'accord !
Non, Glougloute n'est pas d'accord. Ce foetus, merveille d'aboutissement de l'évolution, technologie ultra développée, avec une profusion cellulaire dans tous les sens. Et tout ça pour : Pro-tes-ter.
Non-au-père-rowenda !
Nous-voulons-une-vraie-situation ! Non-non-NON !
Et de ses doigts mal formés, il tape un cou dans l'endomètre utérien. Ça lui fera les pieds, à la mère le Dü. Enfin l'utérus. Bref.


Et puis, l'émotion. Intacte, qui arrive dans un sursaut. Le temps qu'il comprenne, que tout ça c'est une question d'hormones maternelles, que la traitresse génitrice balance un max de dopamine, qu'il va planer un moment avant d'atterrir... Le mal est fait. Il vague, regard flou, s'amusant d'une bulle comme d'un amas de protéine qui flotte. Oh, des leucocytes !
Il tente de résister. Essaye de plier son cordon, d'empêcher la manœuvre de diversion. Rien à faire... Il capitule. Et se laisse envahir par l'affluence de joie soluble, par le distillat d'amour pour le sieur. Par l'horreur d'une affection paternelle...

Vous ne passerez pas ! Perfiiiiiiiii....!

Enchanté. Je m'appelle Glou. T'es qui, toi ?
Et il s'approche, se colle, plaque le petit être qu'il est, bonhomme en formation, tout contre le ventre de sa môman. Sentant, presque, la respiration de son obsédé congénital de père près de lui.

--Glougloute
J'avais réfléchi. Intensément, avec mes petits neurones en formation. Ma moelle refermée, mon tunnel de synapses en plein effervescence.
Et quelle réflexion ! Il m'était apparu, alors que je mangeais quelques nutriments envoyés par ma mère, cette adorable femme qui m'était biologiquement liée, que j'avais été on ne peut plus désagréable avec mon paternel. J'avais été pris de remords, de tristesse même, et avais cherché à me faire pardonner.
Mais comment ?
Surchauffe dans la commissure antérieure. Je cherche, je cherche...

Yataaaa !

J'envoyai, de par ma connexion privilégiée avec mamounette, un message d'amour pour mon papounet. Première mondiale, d'un dialogue interposé entre un futur moi, et un papa en devenir.
Comme un fou va jeter à la mère des cellules vides et puis espère qu'on pourra lire à travers S.O.S. écrit avec de l'air...
Pour te dire que je me sens seul, je dessine au cytoplasme vide : un désert.
Et je flotte, je me raccroche à la vie, je me saoule avec le bruit du corps qui m'entoure....! Comme des cordons nouées de tresses sans comprendre la détresse des mots que j'envoie.

Papa-je-t'aime-reviiiiens !

Anastriana
Déjà du lit mes idées se pressent vers toi, mon immortel bien-aimé, de temps en temps joyeuses, puis de nouveau tristes, attendant du destin de savoir s'il nous écoutera.

Vivre je ne le puis que totalement avec toi ou pas du tout.

Oui, j'ai décidé d'errer au loin jusqu'à ce que je puisse voler dans tes bras et me dire chez moi auprès de toi, que je puisse envoyer mon âme toute entourée de toi dans le Royaume des esprits, car oui hélas cela doit être.

Tu le comprendras d'autant mieux que tu connais ma fidélité envers toi, jamais un autre ne pourra posséder mon coeur, jamais, jamais!
Oh Doué pourquoi faut-il se séparer de ce que l'on aime tant!

Ton amour fait de moi la plus heureuse et la plus malheureuse à la fois.
A mon âge j'aurais maintenant besoin d'une uniformité, d'une égalité de vie... Celà se peut-il étant donné notre liaison?

C'est seulement en considérant notre existence à travers le calme que nous pourrons atteindre notre but de vivre ensemble.
Alors sois calme. Aime-moi.
Aujourd'hui. Hier.
Quel désir baigné de larmes vers toi.
Toi. Ma vie. Mon tout. Adieu.

Oh continue de m'aimer! Ne méconnais jamais le coeur tant fidèle de ta bien-aimée!

A jamais à toi
A jamais à moi
A jamais à nous

Texte adapté d'une lettre de L. Van Beethoven

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Anastriana
Malade, toujours malade...

Brunehilde regarde avec compassion sa maitresse vider l'intégralité de la petite collation ingurgitée un peu plus tôt, et secoue la tête. ça devient plus qu'inquiétant.


"Les remèdes de votre amie ont amélioré pendant un temps votre état mais je trouve que ça empire. Voyez, combien d'évanouissements avez-vous chaque jour? Et puis, excusez-moi de vous le dire ainsi, mais vous n'avez que la peau sur les os, c'est fort inquiétant. Voir effrayant."

Ana écoute, mais entend à peine. Evidemment qu'elle le sait. Mais elle pense tant à celle qui fut sa patiente, quelques années plus tôt, et qu'elle n'avait pu sauver, prise du même mal lors de sa grossesse... A vrai dire, Ana, au-dedans, elle est totalement angoissée.
Mais pour tenter de le vivre au mieux, elle reste naturelle auprès de ses amis, et demeure aux yeux de tous vaillante autant qu'elle le peut. Même aux yeux du père.

Elle se redresse, écarte ses mèches brunes de son visage, plus blanche qu'un drap fraichement lavé par ses lavandières, on va bientôt voir à travers elle...

Elle grimace, sent les picotements qu'elle connait désormais trop bien à ses extrémités, quelques lumières dans sa vision... L'évanouissement arrive, décidément ce matin elle enchaine.
Elle agrippe sa coiffeuse à côté d'elle, respire avec calme, tente de se maitriser... Mais ses yeux se révulsent, et elle tombe.

Branle-bas de combat dans la chaumine, Brunehilde court à ses côtés, la rattrapant de justesse avant qu'elle ne touche le sol, la couchant avec douceur.
Heureusement, sa maitresse lui a tout appris, et elle connait les gestes. D'autant plus qu'elle les répète plusieurs fois dans la journée...

Jean accourt alors que la gouvernante l'appelle, amène les sels, tandis que Brunehilde l'empêche d'avaler sa langue... Jambes surélevées, tapotage de joues...
Comme une scène mainte fois répétée auparavant, presque trop coutumière.

Ana ouvre les yeux, immédiatement reprise de nausées, et... Se met à pleurer. Pas de tristesse, mais plutot nerveusement, par la fatigue, la lassitude.
Chaque fois elle se sent plus humiliée, de devoir être ramenée. Que ses gens la voient ainsi sans défense, ceux devant qui elle doit justement rester forte et maitresse de soi et des lieux.
Sauf que depuis un certain temps elle ne gère plus grand chose, Brune s'occupe de tout, même des affaires du manoir. Lusiana a pris les trois quarts des patients à l'Hotel Dieu, elle s'est elle-même mise à la place de lieutenant du dispensaire à la caserne pour éviter les entrainements trop lourds de la cavalerie, et quant à la mairie, elle ne s'occupe plus que des affaires administratives les plus simples, Brunehilde s'affairant au reste.

Et Ana se sent... Presque inutile. Faible et bonne à rien. Un poids lourd que ses gens doivent trainer. Une plaie pour Rohan qui doit pourtant compter sur elle plus que jamais.
Alors elle se donne contenance, la belle brune. Elle garde la tête haute devant les rohannais. Elle donne le change, et à ce jeu, il faut avouer qu'elle excelle.
Chaque jour elle reste joyeuse, resplendissante, enjouée, pleine de vie.
Mais lorsque les yeux de ses amis ne sont plus sur elle, c'est la chute, après trop d'efforts.

Et ce matin, clairement, les choses se compliquent pour elle.

Heureusement, le moral est au beau fixe, et ça l'aide à faire front.
On peut même dire qu'elle plane au pays des rêves bleus. Je n'y crois pas c'est merveilleux, un monde fabuleux, quand dans les cieux, nous partageons ce rêve bleu à deux, toussa toussa quoi...

Et sous le ciel de cristal, elle se sent si légère, elle vire dévire et chavire, dans un océan d'étoile. C'est beau hein? Oui un peu mièvre j'admets, mais c'est pas d'moi alors bon.

Bref vous l'aurez compris, avec le futur papa, les choses en ce moment se passent... Plutôt bien. Même très bien. Alors la belle en profite. Qui la blâmerait?
Après tant d'années d'attente, restant aveugle de celui qu'elle recherchait pourtant de manière inconsciente, voici que ses yeux sont grands ouverts, et ils brillent, ils scintillent de cette lueur qu'on trouve chez les femmes épanouies.

Mais le papa en question, est absent pour quelques jours. Et la santé d'Ana se dégrade.

Comment tout cela va-t-il se terminer?
Va-t-elle mener cette grossesse jusqu'à son terme sans encombre?
Aura-t-elle un fils ou une fille?
Sera-t-il blond ou brun? Ou roux (ha non hein!)?
La mère Michel retrouvera-t-elle son chat?
Rowenda se décidera-t-il à l'aimer et à la chérir?
Est-ce qu'il le fera jusqu'à ce que la mort les sépare?
Qu'est ce que la chanson d'Aladdin fait dans cette histoire?
Peut-on dire rire de tout?
Peut-on douter de tout?
Peut-on désirer l'impossible?
Peut-on parler pour ne rien dire?

A cette dernière question phillosophique, je réponds oui, la preuve!

Pour le reste, vous le saurez, en suivant les prochains épisodes, de la vie trépidante et néanmoins déconcertante d'Ana!

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Anastriana
"Brunehilde?
_Oui Madame?
_Dis... Tu crois que je serais... Une bonne mère?"


Hop, allez, aujourd'hui dans la catégorie femme enceinte, je prends, la période de doute sur ses capacités de devenir mère. On les aura bientôt toutes faites!

Brunehilde la regarde avec tendresse. L'impétueuse, fougueuse, délicieusement rebelle Ana, quand elle ouvre son coeur aux sentiments les plus guimauves, ça fond dans la bouche!
Enfin attention, pas trop de guimauve quand même, après c'est indigeste.


"Bien entendu, que vous serez une bonne mère. Pourquoi en douter?
_Et bien... Tu sais... Je ne me souviens pas de ma propre enfance...
_Et donc?
_Ben... J'ai aucun exemple. Pas de base. Rien de concret pour m'imaginer les choses, pour m'appuyer sur un modèle, ou... Enfin tu comprends?"


Bien entendu qu'elle comprend Brunehilde. Mais elle se trompe sa maitresse, elle sera une bonne mère, la vieille gouvernante en est intimement convaincue.

"Il faut juste laisser parler l'instinct...
_Rah mais vous me dites tous ça! L'instinct, l'instinct! J'élève pas un chiot, on n'est pas des animaux!
_Certes, vous n'avez pas tort en cela. Toutefois vous verrez que les choses se passent naturellement. Et dites vous que justement, vous élèverez cet enfant, totalement à votre façon, selon vos vues, vos principes, vos valeurs, votre façon à vous de faire, sans être parasitée par un modèle parental.
_Oui, c'est pas faux ça... Mais ça fait si peur!
_Et puis... Peut-être ne serez-vous pas seule... Pensez au père...
_Ha oui, le père...
_Et bien oui, il va être un peu présent tout de même?"


Là, Brunehilde a les sourcils froncés, le regard courroucé... Elle l'aime pas beaucoup, le papa, faut dire.
En même temps, en remettant les choses dans leur contexte, on comprend son point de vue. Brunehilde, soixante cinq ans, mariée pendant plus de trente ans au même homme décédé maintenant, toujours fidèle à son souvenir (en même temps à son âge...), avec des principes de vieille germanique coincée, aux valeurs rigides...
Gouvernante d'une Dame qui a trompé son mari, l'a même empoisonné une fois, a failli le passer par le fil de son épée... Trompé deux fois, elle en est presque certaine, elle ne connait pas le second, mais le premier est un blond qui a déjà sept enfants, qui ne peut plus se marier parce qu'il a lui même péché d'adultère lors de son mariage.
Elle ne dit rien... D'abord parce que sa maitresse dans le fond elle l'aime bien, et puis parce que le blond en question, la rend heureuse. Alors que dire? Et bien rien. Juste oberver et espérer secrètement que tout se passe au mieux.


"Présent ou non il participera forcément, je ne prendrai pas de décisions importantes sans avoir son consentement. Il est autant le mien que le sien. Il est juste notre.
_Et bien j'espère moi qu'il fera désormais face à ses responsablités.
_Il le faisait avant, les choses se sont déroulées de façon tragiques, mais il était vraiment décidé à être sérieux.
_En la trompant avec vous?"


Et hop, un coup de poignard, un.

"Il ne l'a pas trompée qu'avec moi!"

La réponse fuse mais le mal est fait. Ana se sent profondément coupable de toute la tragédie qui s'est déroulée. Coupable d'une mort qui n'aurait pas dû être. Coupable de laisser deux enfants orphelins de leur mère. Coupable de la souffrance qui déchire le coeur de Rowenda... Coupable quoi. C'est un peu son petit truc à elle, se sentir coupable de tout comme ça. Réveillez-la cette gourde bon sang!
Arf, oui mais comme elle n'en parle jamais... Evidemment, elle garde ses souffrances pour elle-même, c'est tellement mieux...

Brunehilde se sent un peu coupable aussi pour le coup et lui sourit gentiment.


"Pardonnez cette dernière parole, qui était déplacée.
_Tu n'as fait que dire une vérité.
_Cessez malgré tout de vous tourmenter, cet enfant vous l'aimez déjà, ça se voit, au fond. Vous l'aimez parce qu'il est le fruit de votre véritable amour, de celui que vous chérissez depuis toujours. Plus tard vous apprendrez à l'aimer simplement parce qu'il sera lui, une individualité résultant de l'éducation de ses deux parents, de ses expériences, et de ses opinions propres. Vous vivrez des disputes, mais aussi des moments tendres. Mais toujours, toujours, vous l'aimerez, croyez moi. Et tant que vous l'aimez, ce petit être, croyez-moi, vous serez alors toujours la mère qu'il lui faut."


Brunehilde des fois elle parle tellement, qu'à la fin on a perdu le fil et on n'a pas d'autre choix que d'être d'accord.

Donc, Ana hoche la tête, pour signifier que oui oui elle est d'accord elle a compris... Bon elle reste perplexe mais pourquoi pas.
De toute façon, une femme enceinte sans ses angoisses... Ce ne serait pas vraiment une femme enceinte...


"Et puis si vous avez besoin d'un modèle, et bien pensez donc à moi!"

Voila, petit mot de la fin façon Brunehilde, tandis que le rire des deux femmes résonne dans le petit séjour d'une humble chaumine rohannaise.
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Anastriana
[bain purificateur, salvateur, et tous les trucs en -eur]

Fatigue

Ana sent qu'elle va chuter à chaque pas. Mais son esprit la maintient encore debout, et elle pense à lui, lui, lui toujours. Elle puise sa force en lui habituellement, mais il n'est pas là...
Tout son corps appelle au repos, à l'accalmie, souhaitant assouvir un besoin de douce inertie.
Fatigue des sens, et fatigue de l'âme, tout en elle demande un peu de quiétude.


Nudité

Elle se déshabille avec lenteur.
Fait glisser sa chemise le long de son dos en roulant doucement des épaules.
Dénoue le lien de sa natte, et laisse ses longs cheveux descendre en une cascade brune jusqu'au bas du dos, courant le long de sa poitrine, jusqu'à une descente de rein légèrement arrondie.
Elle retire lentement le cordon qui soutient ses jupons, ceux-ci tombant le long de ses jambes jusqu'au sol.
Elle pose un pied sur une chaise, et déroule un bas, en prenant son temps. Puis l'autre.
Se redresse, frémit un instant de sa nudité la plus complète, s'observe dans le psyché.
Une main caresse son ventre qui forme un arrondi, tranchant nettement avec le reste de son corps, amaigri et frêle. Un pâle sourire éclaire son visage fatigué. Ici aussi, elle puise sa force. Puisque c'est une part de... Lui.


Parfums

Des senteurs subtiles arrivent à ses narines, lui font déjà tourner la tête, embrumant son esprit.
Brunehilde a terminé de préparer son bain, les odeurs parfumées et énivrantes l'appellent, l'attirent.
Elle marche en silence, les pieds nus, sur le parquet froid. Ses cheveux virevoltent avec légèreté, caressent son dos, ses reins, sa poitrine. Elle porte le bout de ses doigts dans l'eau, apprécie une chaleur qui bientôt va l'entourer toute entière.
Aloès, camphre, basilic, menthe, et une touche d'ambre... Les arômes embaument l'air et envahissent la pièce.
Le voyage des sens peut commencer.


Immersion

Une jambe se lève avec grâce, les orteils chatouillent la surface de l'eau, apprécient la chaleur... Et le pied plonge dans l'onde voluptueuse, entrainant le reste d'un corps qui recherche avant tout, le répit, la paix, un instant de sérénité.
Immergée totalement, elle sent tout son corps se relâcher au contact léger de l'eau, dont la température laisse fondre tout, les soucis, les angoisses, les impressions d'étouffement.
Comme l'enfant qui baigne en son sein, elle retourne à un état foetal, entourée d'une chaleur douce et apaisante.


Oubli

Plongée dans un bain de douceur, Ana se repose, dans une immobilité complète, les oreilles noyées dans le silence de l'eau, laissant le temps, comme en suspension.
Bientôt son esprit se vide, empli d'un néant d'abord noir, puis bienheureux. La laissant épurée de tout ce qui la rend à fleur de peau, la faisant glisser vers la quiétude tant recherchée.

_________________
--Brunehilde



"Et puis si vous avez besoin d'un modèle, et bien pensez donc à moi!"***

Brunehilde repense à cette phrase, qu'elle a lancé comme ça, à Ana... Sauf que ce que Ana ne sait pas, enfin, ne sait plus, c'est qu'elle pourrait tout à fait suivre ce conseil... Si sa mémoire lui revenait.

La brave gouvernante, assise sur un banc, devant le lac, médite sur son passé, pour mieux appréhender l'avenir.
La nature silencieuse en cet hiver froid, lui renvoit des images de ce qui fut, la bise glaciale sur son visage ridé, lui rappelant une vie ancienne...

Elle se replonge une trentaine d'années en arrière, voyage dans le temps qui demande un peu d'exercice à sa mémoire... Ravivant des souvenirs heureux, et d'autres, plus douloureux...

En ce temps, elle travaillait comme gouvernante pour la famille Walsh-Montfort.
Mariée depuis quelques années à un soldat breton, Auffray Le Galloudec, elle avait quitté sa Germanie natale pour le suivre dans son pays.
Ses employeurs, Humbwolt de Walsh, et Clothilde de Montfort, étaient une famille noble, aux valeurs dont elle se sentait proche. Des personnes vertueuses et agréables avec leurs gens.

Elle était en charge des enfants de la famille.
Il y avait Balmir, un petit garçon turbulent mais attachant, et Anast, petite brune caractérielle mais au coeur généreux, qui tenait son prénom d'un fief du duché de Brocéliande.
La Dame de la maison, Clothilde, allait bientôt leur faire un petit frère, ou une petite soeur.
Tout allait pour le mieux, la joie régnait dans cette demeure, et brunehilde était heureuse.
Son mari et elle ne pouvaient avoir d'enfant, à cause d'une ancienne blessure de guerre de celui-ci, mais élever les petits de sa nouvelle famille lui suffisait.

Sauf que tout à une fin. Et alors que sa maitresse Clothilde venait d'accoucher d'une jolie petite fille aux cheveux roux, qui fut baptisée Feliantine, un drame secoua la famille.

Ils étaient alors dans l'albigeois. Humbwolt participait à la croisade qui y était menée, contre les hérétiques.
Mais le destin fit, qu'il y perdit la vie, lors d'une bataille sanglante.
Clothilde ne put jamais accepter la mort de son mari, et rapidement, la folie la gagna.

Feliantine fut confiée à la famille du frère d'Humbwolt, Meriadoc, Duc du rohannais en Bretagne, Balmir quitta la maison, ne restait plus que la jeune Anast.
Brunehilde resta pour cette dernière, sa maitresse étant incapable de l'élever, son chagrin et son deuil douloureux la plongeant chaque jour un peu plus vers la folie de l'esprit.

Un soir, la gouvernante trouva Clothilde, serrant contre elle la très jeune et frèle Anast, qui étouffait contre sa mère, semblant ne pas vouloir la lâcher,alors que l'enfant suffoquait.
Effarée, Brunehilde lui arracha Anast, et quitta la maison, en emportant celle qu'elle éleva par la suite comme sa propre fille, qui était de toute façon bien trop jeune pour se souvenir de tout ça.

Elle et son mari s'installèrent dans une chaumine, dans la profonde forêt rohannaise, et l'élevèrent dans le secret le plus total, évitant le village de Rohan, préférant les petits lieux dits des alentours, plus discrets.
Elle décida d'ajouter à son nom, celui qu'elle aurait souhaité donner à sa propre fille, si elle avait pu en avoir une, Riana.
Et c'est ainsi que la jeune Walsh-Montfort, devint Anastriana Le Galloudec, fille d'une gouvernante et d'un simple ancien soldat breton.

Elle lui apprit à lire, à écrire, lui enseigna l'art de la pousse des simples, l'histoire du pays, le calcul, les bonnes manières, tout ce qui pourrait l'aider par la suite à devenir une jeune fille convenable, souhaitant qu'elle reçoive l'éducation soignée d'une jeune fille de son véritable rang.
Ana était avide de savoir, jeune fille curieuse de tout, mais son caractère bien trempé, lui donnait souvent du fil à retordre!
Toutefois, sa générosité, son sourire, sa joie de vivre, était une bénédiction, qu'elle et son mari chérissaient tendrement.
Ils ne lui révélèrent jamais sa véritable naissance, et Ana les appelait père, et mère, sans se douter de ses origines.

Alors qu'Ana allait avoir seize ans, et que Brunehilde commençait à songer que cette mascarade avait peut-être trop duré, pensant la présenter officiellement à la vraie famille de la jeune fille, un drame survint, qui annula ses plans.

Une bande de brigands mal dégrossis, mais bien armés, attaqua leur chaumière, bien trop isolée. Son mari Auffray, défendit avec hargne sa famille.
Toutefois, celui-ci menait une vie de paysan paisible depuis trop d'années, les batailles étaient loin derrière lui, et il ne maniait plus son épée avec autant d'agilité.

Il tua l'un d'entre eux, qui maintenait Ana entre ses cuisses, prêt à la violer, arborant un rictus malsain et pervers.
Celle-ci se débattait, hurlait, et finit par voir une lame transpercer son assaillant, son sang dégoulinant sur elle.
Elle eut juste le temps de crier pour prévenir Auffray qu'un autre bandit brandissait sa hache au-dessus de la tête de celui qui était son père, avant d'écarquiller les yeux, la hache s'affaissant lourdement sur le crâne du vieux breton, qui s'écroula, mort.

Brunehilde pendant ce temps, tentait de maintenir à l'écart deux autres hommes, et assista, impuissante elle aussi, à la mort de son mari.
Elle hurla à Ana de s'enfuir, mais la jeune fille ne comptait pas abandonner sa mère.

Elle repoussa le corps lourd de l'homme mort étendu sur elle, esquiva une attaque de celui qui maniait la hache, et ramassa au sol l'épée d'Auffray.
Son père adoptif lui avait enseigné quelques coups, et elle batailla avec toute la force de sa colère.
Et alors que l'homme venait de repousser sans effort l'un de ses assauts, elle se retrouva à terre. La hache menaçante s'apprêtait à retomber sur elle, mais dans un réflexe de survie, elle lui taillada les chevilles, roula, et se releva pour lui porter cette fois un coup fatal.

Pendant ce temps, brunehilde luttait toujours contre les deux derniers. Son bâton en main, elle les maintenait à distance. Le hasard, malheureux, fit qu'elle renversa la lampe posée sur le bord de la table, et le feu gagna rapidement le mobilier.
Ana et Brunehilde s'enfuirent, poursuivie par les deux autres, qui réussirent à les faire se séparer.

La suite, en ce qui concerne Ana, Brunehilde ne la connait pas, cette partie reste enfouie quelque part dans l'esprit de la Dame de Coëtlogon.

Elle sait, que la jeune fille s'est réveillée, avec une migraine épouvantable, une tempe blessée, adossée sous un chêne, ses vêtements tâchés de sang, une épée prêt d'elle, le corps perclus de douleurs et d'ecchymoses, et surtout, totalement amnésique de ce que fut sa vie, se souvenant de son prénom, sans autre souvenir distinct.
Sans doute, son esprit préféra lui faire occulter tout ça, pour lui permettre de mener une vie nouvelle, exempte des souvenirs les plus douloureux.

Brunehilde quant à elle réussit à semer son poursuivant. Et elle retrouva Ana au village de Rohan le lendemain, faisant chaque village, chaque lieu-dit, dans l'espoir de la revoir vivante.

Lorsqu'elle apprit qu'une jeune fille brune, était arrivée amnésique de tout ce qui fut son existence au village, dans un état lamentable, et qu'elle découvrit que c'était celle qui était sa fille à ses yeux, elle prit une décision grave. Celle de la laisser vivre sa nouvelle vie. Celle de respecter l'oubli imposé par son esprit. Et de s'effacer à son tour.
Et Brunehilde, s'enfuit vivre son deuil loin de tout, d'abord au couvent, puis se mit au service d'une autre noble, lorsque le chagrin la quitta, pour ne laisser place qu'à des souvenirs douloureux.

Quelques années plus tard, elle revint, lorsqu'elle découvrit qu'Ana se cherchait une gouvernante.
Elle venait d'être annoblie par celui qui était son oncle sans que ni l'un, ni l'autre, ne le sache. Le hasard de la vie. Ou peut-être que le sang parle, et se retrouve...
Ana la choisit comme gouvernante, et c'est ainsi que Brunehilde put de nouveau prendre soin d'elle, tel qu'elle le fit juqu'aux seize ans de la Dame.

Et aujourd'hui, assise sur ce banc, elle ne sait que faire. Fallait-il révéler tous ces évènements à sa... Fille?
Elle sait combien il est douloureux pour Ana de ne pas connaitre ses origines, son passé. Elle connait ses angoisses de mère en devenir.
Mais vivra-t-elle mieux en sachant tout ça?

Dans une matinée froide de janvier, assise au bord d'un lac gelé, une vieille dame verse des larmes glacées, une pour chaque souvenir, une pour chaque question qu'elle se pose sur l'avenir...



*** Voir trois messages plus haut, celui ci compris.
Anastriana
La nuit est chaude, tout le fond de l'air semble moite... Elle court.
Ne pas se retourner, ne pas regarder en arrière, ne pas croiser le regard de celui qui la poursuit...
Une fuite, une course interminable, s'échapper est sa seule pensée. Des branches qu'elle évite, son souffle qui devient plus court. Ses jambes épuisées qui se dérobent sous elle...
Puis une douleur aigüe sur la tempe, alors que sa tête semble heurter quelque chose...

Et enfin la sensation de chute vertigineuse, comme tomber dans un grand trou noir sans fin. Avant le réveil, soudain et brutal.


Ana se dresse d'un bond violent dans son lit, poussant un cri d'angoisse, son corps humide, recouvert de sueurs froides, les yeux exorbitée.
Une main protectrice, dans un reflexe maternelle face au danger, se pose immédiatement sur l'arrondi de son ventre.

Tout aussi brutalement, son esprit occulte le cauchemar, le plongeant dans l'abime de son inconscience. Elle sait qu'elle a fait un mauvais rêve, mais n'en a déjà plus le souvenir.
Seule demeure, la sensation d'angoisse, qui l'oppresse, comprime sa poitrine, l'empêche de respirer correctement.

Elle ramène ses genoux contre elle, tel l'animal traqué, et se recouche dans cette position protectrice, sur le flanc. Elle ramene l'edredon par-dessus sa tête, s'emmitoufle, alors que tout son corps est pris de tremblements violents qu'elle ne peut controler.
Seule dans sa chambre, seule dans son lit, prise d'une inquiétude sourde qui la torture.

Les cauchemars, elle a l'habitude. Elle en a toujours eu, aussi loin qu'elle s'en souvienne, mais elle les oublie souvent immédiatement après avoir ouvert les yeux. Toutefois ce matin, la sensation qui accompagne son réveil est nettement plus angoissante qu'à l'accoutumée. Elle se sent... En danger.

Déjà la veille au soir, elle ne s'était pas sentie bien. Comme l'impression qu'une ombre malveillante planait près d'elle et voulait la submerger, l'engloutir, la détruire.
Plus tôt en taverne également, en la présence d'un étranger, son corps s'était mis en alerte, de façon complètement inexplicable.
Plus tard, alors qu'elle rentrait chez elle, dans la nuit glacée et silencieuse, prise d'une panique soudaine dans le noir, ses pas l'avaient conduit là où elle se sentait en sécurité... Auprès de lui. Et après une longue hésitation, se sentant ridicule avec ses angoisses, elle avait frappé à la porte d'une masure qui ne pouvait l'accueillir ce soir là...
Avait-il vu la lueur de la peur tapie dans le fond de ses yeux émeraudes? Cette idiote ne lui en ayant rien dit, sans doute que non.

Devient-elle folle? Est-elle victime de paranoïa? Que signifie tout ceci?

Alors que les tremblements commencent à cesser, elle n'ose se rendormir. Elle reste en alerte, dans un demi-sommeil, à l'écoute du moindre bruit. Mais sa chambre reste évidemment silencieuse, quel danger pourrait-il bien y avoir?

Elle sort sa tête de sous la couverture, regarde autour d'elle, frémit un instant, avant de se lever. Ses deux jambes fermes et galbées apparaissent, ses pieds se posent sur le parquet. Elle se déhanche, se met en marche, essaie de respirer calmement, de calmer la peur ridicule et insensée qui l'étreint.

Elle a l'habitude alors d'ouvrir ses rideaux, profitant du soleil qui caresse et réveille son corps encore las, mais ce matin, elle n'en fait rien. Elle reste dans la pénombre, et va faire des ablutions rapides dans la salle d'eau attenante.
Elle s'habille rapidement, sans appeler Brunehilde, se démontant les bras pour attacher seule son corset, enfilant une longue robe ample. Puis elle enfile ses bottes, nattes ses cheveux très rapidement, et ouvre sa porte sur le salon.
Elle attrape son gilet chaud, sa capeline, sa besace, et regarde sa porte d'entrée. Elle réprime une sensation de vertige, dû à ses évanouissements habituels, pose une main sur la poignée, s'y accroche un instant... Avant d'inspirer fortement, et d'ouvrir.

Elle se dirige d'un pas rapide, vers la mairie, sort la lourde clef, ouvre, entre, claque la porte, et la verrouille, avant de s'y adosser et de glisser lentement au sol, en proie à une crise de panique.
Ses genoux contre elle, en tous cas autant que son ventre le lui permet, elle les entoure de ses bras, pose son front dessus, et tente de reprendre contenance...

La journée, va être longue.

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Anastriana
Réveil brutal. Sommeil agité. Cauchemars incessants.

Le front parsemé de gouttelettes de sueurs froides, Ana se réveille le coeur encore étreint par la douleur de l'angoisse.

Elle tourne son regard sur le côté, le souffle court, mais son lit est vide... Elle est seule, perdue, en proie à une agitation qu'elle ne controle pas. Elle plonge son visage dans ses mains, et ses yeux laissent couler des larmes nerveuses, voila que les nerfs lachent.

Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, pourquoi cette peur, pourquoi cette inquiétude, et tous ces mauvais rêves, dont elle ne garde même pas le souvenir, mais juste les sentiments négatifs qui en découlent?

Si seulement l'impression d'oppression pouvait s'écouler avec ses larmes.
Mais même pas.
Elle se calme bientôt, laissant son corps être submergé par la torpeur que l'on ressent après les pleurs. Vide de tout, sauf de l'angoisse.

Elle cherche, ce qui peut bien la rendre aussi apeurée. Son enfant à naitre? Peut-être.
Mais ce sentiment d'appréhension l'habite tellement, qu'elle rase les murs dans la rue, ferme les rideaux de toutes les fenêtres où elle se trouve. Elle se sent traquée. Elle vit dans l'inquiétude constante qu'un danger menaçant rode.

Et donc en cette nuit avancée, elle pleure seule dans son lit. Forcément, ça fatigue les nerfs, d'être dans un état d'alerte incessant.

D'ailleurs la veille au soir, elle était agitée, prise d'une nervosité incontrolable, allant même jusqu'à demander à Rowenda qu'il l'a raccompagne chez elle, n'osant affronter la nuit obscure seule.
Et à ses côtés, elle se sent bien, son corps se détend, l'angoisse demeure, mais le sentiment de protection qui émane de lui la rend plus forte.

Il est encore très tôt. La nuit n'a pas levé son voile sombre dehors. Mais tant pis, elle se lève, elle ne veut pas se rendormir, le réveil est trop désagréable, les cauchemars bien trop éprouvants.

Elle s'habille en hâte, natte ses longs cheveux, prend ses bottes dans une main, ouvre et referme sa porte en silence, et descend à tâtons, les pieds nus, les marches de l'étage, prenant garde aux craquements des escaliers. Elle les connait par coeur, et sait où marcher pour les éviter.

Elle se dit qu'elle devrait manger quelque chose, mais à quoi bon? Dans l'état auquel elle se trouve, elle ne gardera rien, c'est évident. D'ailleurs son estomac est vide mais les nausées sont quant à elles bien présentes.

Elle enfile ses bottes, attache sa capeline, se couvre la tête, et sort en silence.

Elle marche d'un pas rapide, les yeux toujours aux aguets. Le ciel n'a pas revêtu sa couverture lumineuse même en cette fin de nuit, pas d'astres, que le noir qui engloutit les formes des chaumines et des bâtiments.

Elle se retourne fréquemment, l'impression désagréable qu'on la suit. Elle court bientôt, morte de peur. Et voila qu'elle se retrouve devant une porte qu'elle connait bien. Sa porte à lui.
Elle la fixe, emmitouflée sous son gilet, son châle, et sa capeline.
Triple épaisseur, triple protection?
Elle s'approche, pose sa main sur le bois clair, s'imprègne de lui toute entière, s'il pouvait là, à cet instant, lui transmettre sa force...

Ses yeux inquiets dansent dans ses orbites, toujours aux aguets, sentant le danger proche, à chaque seconde. Elle voudrait frapper, entrer, fondre dans ses bras, se sentir en sécurité, et peut-être même, qui sait, trouver enfin un sommeil reposant.

Elle se retourne dos à la porte, glisse tout le long, et reste ainsi accroupie, perdue dans des réflexions sans fin.

Autour d'elle, rien ne bouge. Le silence de la nuit ne la rassure pas. Elle tremble, elle ne sait pas quoi faire. Ou plutôt si, elle sait. Elle devrait frapper. C'est juste qu'elle n'ose pas. Pourquoi? Vaste question au multiples acceptations.

Elle se releve doucement, jette des coups d'oeil à droite et à gauche, et l'envie de fuir au loin est soudain la plus forte.

Et c'est poussée par cette envie de fuite irraisonnée, qu'elle court soudain vers les écuries. Morvac'h est là, il a senti sa peur, il l'attend.

Elle sent l'aura bienfaitrice du grand irlandais l'apaiser un peu, il plonge son nez sous l'un de ses bras, il la rassure, à sa façon.
Elle lui prodigue quelques caresses, pose sa tête contre son encolure, en une étreinte tendre, comme deux amis complices.

Elle enfile une bride au puissant destrier, et le sort. Elle lui fait plier les antérieurs, afin qu'il s'abaisse, et la brune se hisse sur le large dos.
Morvac'h se redresse, et dans un léger claquement de langue, elle le propulse en avant...

Les gardes aux portes la regardent passer au grand galop, médusés. Elle n'en a cure. Elle fuit, aussi vite que le vent. Morvac'h est le second dans ce monde qui lui apporte un sentiment de sécurité.

Morvac'h, son irlandais, elle lié à lui, et lui lié à elle, en une seule entité. Celui qui est venu vers elle, qui s'est offerte à elle.
Celui qui lui a sauvé la vie lors d'une bataille, la portant aussi vite que possible à Vannes, risquant sa propre vie.
L'irlandais sauvage à la robe et aux crins aussi noirs que les cheveux de la brune, aux jambes solides et rapides, à l'endurance maintes fois éprouvée.
Morvac'h, ou la rage de vaincre et d'abattre son adversaire, n'hésitant jamais à mordre, à ruer, c'est un guerrier au courage sans limite.
Il est aussi le confident, l'ami, réceptacle de ses pensées les plus intimes.
Il n'accepte d'être approché par personne d'autre qu'Ana. Sauf lui... Lui, il accepte étrangement sa présence, ce qui a toujours dérouté la jeune femme.

Et Morvac'h aujourd'hui galope avec toute la force de ses jambes mais aussi celle de son coeur, portant la brune au loin.
Le paysage défile, ils traversent des bois, des villages, des champs.
Ana le laisse aller, le vent froid contre son visage comme une gifle glaciale.
Les premiers rayons du soleil font doucement leur apparition vers l'est, caressant la terre, amant de douceur qui réveille la nature.

Plus elle s'éloigne de Rohan, mieux elle se sent. Elle sait qu'une telle chevauchée n'est pas raisonnable dans son état, et elle pourrait bien subir de sèches remontrances à son retour de son escapade... Mais les soucis arrivent bien assez tôt, pour le moment, seul compte ce moment de liberté.

Bientôt elle se penche sur l'encolure noire, ferme les yeux, laisse l'irlandais mener la charge seul, et choisir de leur destination. Son galop, son balancier, la bercent, ses sabots qui frappent le sol en rythme dans une cadence régulière, sont un tempo apaisant.

Et Morvac'h sait où aller, il connait le chemin. Il traverse la grande forêt de Lanoué sans s'arrêter, et continue sa route droit vers Trehorenteuc, avant de s'enfoncer... Dans Brocéliande.

Ana se redresse, sentant l'ombre du Val Sans retour l'emmitoufler, l'accepter en son sein, la protéger. Toutes ses peurs se sont envolées alors que son compagnon arrive près du lac du miroir au fée. Il s'arrête un instant et se désaltère, tandis qu'Ana s'imprègne de la quiétude du lieu.

Le lac peut faire penser à celui du rohannais. Prisonnier de l'immense forêt, sa surface ne forme pour ainsi dire jamais de vaguelettes, le vent ne pouvant percer la protection des arbres qui l'entourent.

Elle flatte l'encolure de Morvac'h, qui reprend son chemin, au pas, l'antique forêt entoure Ana de ses bras pour extirper de son corps toutes les tensions des derniers jours.

Il s'arrête finalement dans un endroit légèrement dégagé, la jeune femme se laisse glisser à terre, et s'adosse au tronc d'un arbre, tandis que son étalon reste près d'elle, protecteur en veille, à l'affût du moindre bruit.

Et c'est ici, au coeur de Brocéliande, qu'Ana trouve enfin un moment, pour un sommeil réparateur.

En songe, elle revoit Golgol, qui vient déposer dans sa chevelure une pâquerette, tel qu'il le faisait lorsqu'elle était jeune, son sourire de vieux druide est chaleureux, son baiser contre son front comme une bénédiction ancienne.

Mandamarad et Gannika la couvent d'un regard bienveillant, Myrca la salue de la main en souriant.

Elle salue Mat, qui lui fait un clin d'oeil et pose simplement son index contre le front de la jeune femme. Lorsqu'il faisait ça avec elle, cela signifiait, "arrête de trop réfléchir Ana!". Il lui envoie un baiser, et claque des doigts.

La jeune femme ouvre ses yeux, observe les arbres qui l'entourent. Son corps est détendu, mais courbaturé, ses muscles sous tension pendant des jours ayant laissé une marque douloureuse.

Elle se lève et caresse la robe de l'irlandais qui a veillé près d'elle pendant son sommeil, avant de remonter sur lui.

Elle inspire doucement, remet l'étalon au pas. L'envie de rester ici est forte, intense, mais ce n'est pas encore le moment, elle le sait. Elle doit retourner affronter ses peurs à Rohan, et comprendre ce qu'il se passe.


De retour au village, l'après-midi est bien avancé. Peu à peu en se rapprochant de Rohan, l'angoisse la regagne. Le répit aura peu duré.
Le long trajet l'a épuisée, mais l'instant de sereinité qu'elle a pu obtenir valait toutes les peines du monde.

Elle descend discrètement de Morvac'h et l'envoit aux écuries, tandis qu'elle marche, d'un air naturel, dans la rue, espérant, que son escapade cavalière n'ait pas été remarquée.

Sinon tant pis, elle affrontera la tempête.


J'offre une miche de pain aux courageux qui auront lu ça en entier!!!!!!

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Anastriana
Avant de se rendre à la mairie pour terminer de mettre ses papiers à jour, et laisser la place à Rowenda, Ana fait une inspection générale des nains.

Mais qui sont les nains d'Ana? Ses videurs de taverne evidemment.

Ils sont sept. Il y a Envie, Luxure, Orgueil, Acédie, Avarice, Colère, et Gourmandise.

Elle entre donc en taverne. Acédie dort lamentablement dans un coin, Gourmandise avale un sanglier rôti, Colère lui criant dessus parce qu'il ne va encore pas en laisser pour les autres, Orgueil se pâme devant son miroir de poche, trouvant sa barbe magnifique, Luxure tente de séduire avec peu de résultat de toute évidence une cliente pas trop moche, Avarice compte et recompte la dernière solde qu'Ana lui a versé.
Et Envie jalouse d'un oeil brillant les écus d'Avarice, la femme de luxure, le miroir d'Orgueil, le sanglier de gourmandise, il jalouse même le puissant sommeil qui doit être on ne peut plus réparateur d'Acédie.

Bref, rien de nouveau quoi.

Les sept frères (oui parce qu'ils sont frères, septuplés même, la mère est morte en couche vous pensez bien), lèvent leurs yeux vers la nouvelle arrivante, et laissent soudain tous leurs activités pour venir s'aligner devant elle.


"Belle Ana à la peau plus blanche que la neige, nous les nains capitaux, nous vous saluons!"

Hop, révérence naine, barbes qui trainent au sol, le nain c'est très utile, ça balaye le plancher.

Ana rigole.


"Redressez-vous les amis. Bon vous allez avoir un nouveau chef pendant quelques temps, servez le comme vous me servez moi, c'est à dire avec tout votre panache!"

Elle les regarde, soudain dubitative.

"Dites, vous mangez bien votre soupe aux radis comme je vous l'ai ordonné? Vous ne grandissez toujours pas, c'est fâcheux. Vous prenez pas en longueur mais en largeur, c'est très intéressant, oui très intéressant..."

La brune se frotte le menton un instant perdue dans ses reflexions, son étude sur la nanocroissance avance, oui oui oui...

"Enfin, toujours est-il que changement de patron ou pas, des clients dont on ne veut pas, y'en aura toujours.
Acédie, tu vires les dormeurs qui ronflent sur leur chaise.
Colère, tu dégages ceux qui se bagarrent et cassent le mobilier.
Avarice, tu éjectes ceux qui veulent pas payer de tournée.
Luxure, tu refroidis ceux qui forniquent dans la taverne.
Gourmandise, tu mets à la porte ceux qui veulent pas prendre un menu.
Orgueil, tu vas mettre les pédants et les m'a-tu-vu en face de leur propre reflet devant l'abreuvoir. Ou Dans l'abreuvoir plutot.
Et Envie, tu chapeautes l'équipe.

Compris les nains?"


Et les nains d'opiner du chef, le grelot qui pendouille au bout de leur bonnet sonnant joyeusement.

"En attendant, mission jardin pour vous les enfants. Chacun sa fleur ou son arbre, chacun son poste. Faites une belle vitrine pour nos visiteurs. Prenez un air naturel. Et si un chien vous urine dessus, vous savez quoi faire.
_On montre les crocs?
_Ou les canines mon frère!
_Et si on montrait les crocs à l'espèce canine?
_Ouais je vote pour!
_Moi je vote contre!
_Tu votes toujours contre Colère t'es pas drole!
_Moi j'ai envie d'dorm...
_ARRETEZ!"


Ana crie, mais faut dire que sept nains qui discutent, c'est quelque peu le brouhaha.
Elle se calme et sourit.


"Bon c'est fort bien. Et n'oubliez pas, fuyez les pommes, et mangez des radis. Et chantonnez quand vous rentrez du boulot."


Le script que je lis là, dit ensuite qu'Ana tombe inanimée et qu'un prince au cheval blanc vient l'embrasser d'un vrai baiser d'amour, la réveillant du même coup.

Si le prince est simplement maire, et que le cheval est alezan, ça marche aussi, vous croyez?

La suite nous le dira!

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