Frim2811
Frim, de retour en terre Bourguignonne, reçut quelques pigeons lui relatant les derniers évènements de Chalon.
Après avoir réglé ses affaires, elle entra dans la première taverne qu'elle trouva, et s'attabla pour lire ses messages.
Sa lecture la laissa perplexe, se demandant si son intermédiaire n'en avait pas rajouté un peu, pour le coup.
- Hum, tout ce déploiement était donc bien pour ça. Toute une armée pour arrêter un vieillard ... Toujours aussi mesurés nos soldats.
- Feraient peut être mieux d'aller patrouiller sur les routes, ça éviterait quelques mauvaises rencontres aux voyageurs
- Bref
Secouant la tête, elle continua sa lecture, et chercha à comprendre à quoi jouait tout ce beau monde ...
Que Lenada et Vaxilart s'emmêlent les pinceaux, rien d'étonnant, ils pouvaient se trouver à un mètre l'un de l'autre, à chaque fois qu'elle les croisait, elle avait l'impression qu'ils étaient en plein décalage. Apparemment, ils aimaient ça, et y montraient un certain talent.
Frim finit sa lecture et fut quelque peu interloquée. Les échanges entre Lena et Lingus ne lui étaient pas rapportés, mais cela ne manqua pas de l'étonner ...
- Eh bien, je verrai à mon retour ce qu'il en est, étrange tout de même
Frim commanda une bière, et s'installa confortablement, espérant croiser quelqu'un dans ce village qu'elle n'appréciait que très modérément
Lingus
Sur le trajet qui menait le convoi vers les geôles municipales, Lingus s'était peu à peu assombri, son front était à présent barré d'un pli soucieux qui lui conférait un air de profonde réflexion.
Et c'était bien là ce qu'il faisait, il réfléchissait.
Il se remémora les jours précédents, ses pensées le ramenèrent au dimanche, jour où il avait prononcé ce sermon qui lui valait d'être ici plutôt qu'au coin d'un bon feu.
Il ne put retenir un ricanement lorsqu'une pensée sinistre lui traversa l'esprit : il en aurait peut-être bien assez tôt du feu, et plus qu'il n'en fallait pour se réchauffer les orteils!
Il retrouva le fil de ses pensées, il lui fallait raisonner pour traduire le divin dessein que contenaient les évènements. Car il y en avait forcément un, caché derrière leur apparente absurdité, il le fallait, sans cela sa vie n'avait aucun sens.
Une fois l'église désertée, il s'était retrouvé seul avec la bouteille de vin destinée à la communion... pour finalement se retrouver vraiment tout seul! Il est plus aisé de vider une bouteille que d'y remettre le bouchon!
Dans un état d'ivresse avancée, il avait clos l'intense conversation qu'il entretenait depuis une bonne heure avec un candélabre pour se diriger d'un pas chancelant vers la sacristie où se trouvait le tronc à aumônes.
Malgré un apparent mépris pour le concept de ligne droite, il avait fini par atteindre le lourd coffret de bois et avait essayé une à une toutes les clefs de son trousseau, la bonne était forcément dedans!
Lingus avait réussi à ouvrir le cadenas et s'était aperçu que la trésorerie n'augmentait plus depuis le départ de Dame Jo.
Il s'était souvent demandé à quoi servait les fonds de cette collecte, sûrement à alimenter l'entreprise de falsification de Rome!
Ces écus seraient bien mieux dans sa poche! Lui saurait les utiliser à la diffusion de la véritable Foi!
Après deux très longues secondes d'hésitation, peut-être même trois, il avait empoché l'argent.
Une voix intérieure lui avait alors soufflé "Si ta pauvre mère te voyait Lingus..."
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait songé à sa mère mais il avait tout de même été pris de remords et avait placé dans le revestuaire toutes les miches de pains qu'il avait. Cela l'aiderait également à marcher plus vite et il le fallait!
Il était allé se coucher et le lendemain, alors qu'il allait quitter le village et raccrocher sa soutane au clou, il avait vérifié sa bourse une dernière fois avant de prendre la route.
Grand bien lui en avait pris car, il ne savait comment cela était possible, mais l'argent n'y était plus. Et lorsqu'il était allé vérifier s'il ne l'avait pas oublié dans la petite annexe de l'église, il avait découvert stupéfait que les écus étaient retournés à leur place dans la tirelire et que ses pains avaient disparus!
Lingus aurait pu fuir Chalon malgré tout mais ce phénomène étrange l'avait plongé dans une perplexité si grande qu'il n'avait pu se résoudre à partir ainsi.
Il était finalement parti cueillir quelques champignons en compagnie de Zarath pour se changer les idées et deviser nonchalamment.
A son retour, il avait trouvé plus de soldats à Chalon qu'il n'avait trouvé de champignons en forêt.
Ils approchaient des geôles, Lingus se gratta le menton d'un air dubitatif.
*Le plus étrange, c'est que cette même nuit, j'ai fait un rêve. J'étais au marché et je me vendais des pains... à moi-même! J'étais double, le vendeur et l'acheteur. Et je ne parvenais pas à saisir l'argent que je me tendais. Pendant ce temps-là, mes pains disparaissaient sur l'étal, transformés en une multitude de parchemins sur lesquels il y avait une inscription incompréhensible, toujours la même : "BUG 1240".
Serait-ce un signe divin?*
Le convoi s'arrêta à hauteur de l'évêque qui félicita les soldats puis s'adressa à Lingus, le tirant ainsi de ses réflexions.
M4DBORIS a écrit:Alors vous voilà, Lingus !
Quand je pense que je vous faisais confiance...
Confiance? Si vous voulez dire confiance comme celle, aveugle, qu'ont les fidèles envers l'Eglise romaine? Pour mieux les berner ensuite?
Alors oui vous me faisiez confiance de la même façon...
Qu'il est amer le sentiment de la trahison n'est-ce pas?_________________
Frim2811
Frim, de retour à Chalon, ne savait pas trop où donner de la tête.
Elle s'approcha, et s'adossa à un pilier, non loin du remue ménage principal
Les soldats avaient investi la place, cernant Lingus, de peur sans doute qu'il ne s'envole.
Face à l'attroupement hétéroclite se tenait l'évêque, l'air sombre.
Frim écouta les échanges entre les deux protagonistes, silencieuse et attentive.
Étonnée d'entendre parler de cerises et de gâteau en cette saison et dans ces circonstances, elle ne put s'empêcher de grimacer.
- Des champignons, lui avait on rapporté, maintenant des friandises, c'est plus une arrestation, mais un rendez vous de culinaires, ma parole
Frim resta sur place, attendant la suite des évènements, tout en se demandant ce qu'étaient les 7 princes-Démons, puis après un instant, se dit qu'elle avait pas vraiment envie de le savoir.