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[RP] Au commencement était la mort...

--Charlyne

Charlyne


[Dans l'auberge, à Cosne]


Que faisait-elle à Cosne? C'était une bonne question! Qu'allait-elle faire maintenant qu'elle était libérée de tout engagement? Resterait-elle en Bourgogne, où elle avait suivi la jeune Wolback quand elle était à son service, ou bien retournerait-elle en Touraine au près de sa famille? Elle n'y avait pas encore songé. Les événements récent s'étaient enchainés tellement vite! Elle resterait probablement dans les parages. Voyager en cette saison ne serait pas agréable, elle retournerait chez elle au printemps. Oui, au printemps...

Espérant qu'elle n'aura pas été trop longue à répondre elle reprit la parole en regardant l'homme qui se tenait en face d'elle:

Je travaillais au service d'une noble dame, mais le Très-Haut l'a rappelé à lui il a quelques jours de cela... Paix à son âme.

Elle baissa la tête un instant et se signa. Une pointe de remords effleura son esprit, mais elle la chassa rapidement. Il n'y avait plus rien à faire à présent. Autant accepter les faits plutôt que de les ressasser inlassablement.
Se redressant, elle garda les main serrées et les posa sur ses genoux.

A présent il me faut trouver un nouveau poste dans une famille bourguignonne. La tache ne sera pas aisée, mais je ne vais pas vous embêtez avec cela...

Elle adressa un sourire discret à l'homme, qui l'écoutait attentivement.
C'est ce moment que choisit l'aubergiste pour arriver avec deux pichets fumants qu'il déposa sur la table devant les convives.

Voici le vin chaud. Les plats arrivent tout de suite.

Charlyne le remercia d'un hochement de tête et le regarda s'éloigna à grands pas en direction de l'arrière-boutique et des cuisines. Une fois qu'il eut disparu de son champ de vision elle se tourna à nouveau vers l'homme qui l'accompagnait.

Je ne sais même pas comment se nomme mon hôte...
Il vous arrive souvent d'inviter des inconnues à partager un repas avec vous?
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic


Le Valet de Pic écoutait Charlyne avec attention, le sourire aux lèvres. Elle devint plus bavarde finalement.
Hermès était doué pour ça. Eteindre l'instinct pour ne laisser s'exprimer que la conscience d'une femme sans science.
Lorsqu'elle se signa, il en fit de même avec une exagération telle qu'on aurait dit qu'il se moquait.

Alors qu'il s'apprêtait à lui répondre qu'il ne l'embêtait pas, avec la plus grande hypocrisie et son sourire le plus lunaire, l'aubergiste arriva avec le liquide de la rédemption.
Il sourit de plus belle.
La question qui suivit surpris Hermès... tout du moins pour une inconsciente...

"Si vous le permettez, je garde mon nom pour des moments plus... intimes.
En revanche, je dois vous avouer que je n'ai pas l'habitude d'inviter de telles demoiselles à partager ma table."

Lui accordant un regard qui aurait très bien pu la dévorer il ajouta.

"Il faut dire que je rencontre rarement de telles demoiselles, seule, dans un univers aussi agressif que cette journée d'hiver. Je ne pouvais vous laisser seule et abandonnée, il me fallait vous..."

Hermès détourna le regard en direction de la fenêtre où il aperçut une ombre furtive. Il avait presqu'oublier ce léger problème à régler...
Reportant son attention à Charlyne il la vit attentive, comme un poisson qui attendait qu'on le mette dans l'eau.

"... protéger."

Il prit alors un pichet et remplit le verre de la damoiselle avant de s'en servir une bourrasque.

"Et bien trinquons!
Trinquons à la vie! Et trinquons à la mort!
Trinquons à cet oxygène si éphémère qui pénètre notre corps pour nous ressourcer et nous faire jouir de la vie!"

Elargissant son sourire il ajouta:

"Dieu m'accorde le privilège d'être votre oxygène...
Allons buvez!"
--Charlyne

Charlyne


Quel étrange personnage... Un sourire chaleureux figé sur les lèvres, un brin charmeur, des gestes doux et pourtant, Charlyne ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain malaise face à cet homme. Elle ne l'avait pas remarqué aux premiers abords, mais le fait qu'il refuse de lui révéler son nom lui mit la puce à l'oreille. Il y avait quelque chose en lui qui sonnait faux. Quelque chose dont il fallait se méfier, mais elle n'aurait su dire de quoi il s'agissait. Elle avait un mauvais pré sentiment, qui ne faisait que s'accroitre au fur et à mesure de la discussion.

La jeune femme écouta distraitement l'avalanche de mièvreries sous lesquels il essayait de la noyer. Croyait-il qu'elle était dupe? Maintenant qu'elle avait ouvert les yeux elle ne pouvait ignorer les indices qui auraient du la mettre en alerte dès l'instant où il avait posé sa cape sur ses épaules alors qu'ils étaient encore sur la place enneigée. Ce geste n'était pas naturel et n'avait rien d'anodin envers l'inconnue qu'elle était alors. Pourquoi l'avait-elle laissé faire? Était-elle sortie si perturbée par son entrevue avec Eriadan?

... le privilège d'être votre oxygène...
Allons buvez!

Se saisissant de son pichet embaumant les épices, elle trinqua avec lui dans un sourire crispé.

Le privilège est pour moi... A notre rencontre!

Charlyne porta le breuvage à ses lèvres et en but une gorgée. Elle reconnut l'agréable saveur de la cannelle, mêlée à celle du clou de girofle et du vin rouge, au quel elle n'avait pas goûté depuis fort longtemps. Son godet émit un léger claquement lorsqu'elle le reposa sur la table en bois. Se calant contre le dossier de sa chaise elle plongea son regard dans celui de son voisin et décida d'être franche et directe.

Vous savez que la situation est des plus déplacée? Nous partageons un repas,en tête à tête dans une auberge déserte alors que nous ne nous connaissons pas. Je ne sais même pas votre prénom et encore moins qui vous êtes... Vous pourriez être un malfrat, un violeur ou une brute épaisse.
Je ferais mieux de rentrer chez moi.

La jeune femme n'attendit pas sa réponse et recula sa chaise pour se lever.
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic


Hermès leva les yeux sur elle qui se levait.
Un peu de résistance?
Le valet adorait ça...
Il s'enfonça alors dans son siège pour se mettre à l'aise.

"Un malfrat, un violeur, une brute épaisse...
Vous avez vu ma morphologie?"

Souriant de plus belle...

"De toute évidence, non... Pardonnez moi. Ces vêtements ont tendance à cacher mes bras bien maigres ainsi que mon coeur des plus chaleureux."

Son regard posé sur elle, il se força à moins sourire.

"Si vous voulez mon avis, vous êtes une femme que les hommes ne regardent pas, vous passez, invisible devant eux.
Or ma gentillesse soudaine vous trouble. Elle apparait comme... invraisemblable. C'est pourquoi vous vous imaginez les pires scénarios me concernant alors que tout ce que je souhaite, c'est..."

La regarde alors qu'elle est toujours debout et lui fait un sourire aguicheur.

"... combler mon insupportable solitude. Vous savez, je vous aime bien Charlyne."

C'est ce moment que choisit le cuisto pour arriver avec deux assietes fumantes de viande rouge avec une sauce au vin parsemé d'oignons découpés en fines lamelles.
Avant de partir, il leur souhaita bon appétit. Et l'appétit se faisant sentir... L'odeur fumante de la viande était irrésistible.
Se rapprochant de la table et croisant les doigts, il lui sourit de nouveau, un sourire accueillant et généreux.

"Vous restez pour manger j'espère?"
--Charlyne

Charlyne


Fulminant intérieurement, elle s'imaginait déjà le farcir avec la viande fumante qui trônait dans leurs assiettes. Elle aurait pu le gaver jusqu'à ce qu'il étouffe en hoquetant et que les petits oignons lui ressortent par les trous de nez! Ses remarques étaient d'une inconvenance! Sans parler de son arrogance soudaine! Il se mettait les doigts dans l'œil s'il pensait qu'elle n'était pas capable de trouver mieux que lui. Il lui annonçait comme ça, de but en blanc, qu'elle n'était pas une femme attirante, et puis quoi encore? Elle était loin d'être une laideron et elle avait reçue une certaine éducation! On ne devenait pas dame de compagnie en claquant des doigts. Pour qui se prenait-il?

Charlyne s'apprêtait à lui répondre froidement qu'il était hors de question qu'elle reste un instant de plus en ces lieux, mais le cuistot était toujours debout à quelques pas de la table et observait la scène d'un air curieux. Elle pouvait lire son avidité dans ses yeux. Il espérait avoir un petit scandale à se mettre sous la dent. Et bien, lui aussi il se fourrait le doigt dans l'œil! Elle n'allait pas lui faire ce petit plaisir. La jeune femme lui adressa un regard noir et se tourna à nouveau vers son hôte. Il la regardait toujours, avec son sourire immortel vissé aux coin des lèvres. Elle reprit place à table.

Je reste, pour faire honneur aux fumets délicats qui émanent de nos assiettes...

Sa voix était froide et ses yeux brillaient d'une colère contenue. Elle avait hâte que ce repas s'achève et qu'elle puisse prendre poliment congé de cet homme, qui la mettait de plus en plus mal à l'aise.
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic


Il l'observa s'installer de nouveau et entamer sa chair rouge et tendre.
Le regard posé sur sa poitrine, songeur, il dit:

"Je crois m'être mal exprimé."

Elle releva la tête et releva ses yeux sur les siens.
Après tout peut être était elle plus maligne qu'elle en avait l'air.
Ou peut être simplement trop... féminine.
Il fallait la prendre avec beaucoup de soin.
Hermès voyait le genre.

"J'ai laissé entendre que vous étiez invisible. Vous avez dû croire que je pensais que vous n'aviez rien de remarquable."

Mise en doute des préjugés qu'elle aurait pu avoir. Il faut ramollir tout cela, prendre du recul.

"J'aurai plutôt dû mettreen évidence la stupidité des hommes incapables de vous voir. C'est eux qui sont aveugles...
Ne vous êtes vous pas demandé pourquoi moi, pauvre artisan sans grand sou, avait décidé de vider sa bourse pour une femme telle que vous?"

Il laissa un instant de répit pour la faire réaliser ce qu'il venait de dire.
Il posa alors une main sur la table et de l'autre remplit de nouveau le verre de Charlyne.
Reposant le pichet son regard brun plongea dans celui de Charlyne lui témoignant toute la sincérité dont il pouvait faire preuve.
Qu'est ce qu'il ne fallait pas faire pour son maître...

"Il est difficile pour moi de vous avouer que seule au milieu de cet univers hostile vous vous révéliez tel un diamant au milieu du charbon.
Vous avez cristallisé ma journée de votre éclat et il me fallait absolument vous le rendre.
C'est pourquoi, et uniquement pourquoi j'ai décidé de vous mener dansun coin tranquille et de vous offrir plus que de raison un vin chaud et un repas. Encore que ces présents semblent à mes yeux bien trop fades face à la Princesse que vous semblez être..."

C'est un sourire légèrement timide qu'il lui fit découvrir cette fois. Le Valet de Pic détestait devoir se mettre dans de tels états pour séduire. C'était toutefois nécessaire. Peut être même qu'avec de tels efforts, il aurait droit à un supplément plaisir...
Qui sait...

"Allons votre silence me gêne! Parlez moi de vous, votre enfance, votre passé, vos projets, vous m'intéressez vraiment, j'aimerai tout savoir...
Mais je ne voudrai pas donner l'impression de m'imiscer dans votre vie non plus..."

De dominant il passait à dominé. Il était face à une nunuche et c'est lui qui était désormais nunuche.
Malgré tout, Hermès n'avait jamais songé à changer de job...
Et puis pour rien au monde il n'aurait arrêté de voir le Sieur Wolback à l'oeuvre.
Pour Hermès c'était si... stimulant!
Mais il était encore très loin de son niveau, il avait du chemin à parcourir.
Et c'est sur ce genre de sentier battu, se prenant pour un noeud, qu'il deviendrai la perle de Venise, le Roy de l'inconscient et des désirs...
Tout un programme.
Jubilant intérieurement, il jeta un regard timide sur la nappe, feignant la crainte qu'elle ne le croit pas.
--Charlyne

Charlyne


Il semblait avoir saisi sa bévue et se démenait à merveille pour la rattraper. Ses paroles charmeuses brossaient Charlyne dans le sens du poil et cela semblait fonctionner. La jeune femme se détendit légèrement et, l'espace d'un instant, un sourire fugace étira ses lèvres. Il avait raison sur un point, elle n'avait plus l'habitude d'être courtisée. Était-ce la véracité de ses propos qui l'avait froissée quelques instants plus tôt?

Depuis qu'elle était entrée au service de Luna Wolback, elle n'avait plus eu un instant à elle. Sa vie était devenue aussi instable que celle de la jeune noble, qui l'entrainait dans son sillage et la menait de mésaventure en mésaventure. La brune insatisfaite pour qui elle avait travaillé de nombreux mois était une vraie furie! Imprévisible, dynamique et inconsciente, elle demandait une attention constante de la part de sa dame de compagnie, qui n'avait cessé de lutter bec et ongles pour la maintenir dans le droit chemin et lui faire tenir son rang. De querelles en réconciliations elles en vinrent à mener une relation ambiguë. La jeune dame avait placée Charlyne sur un pied d'égalité, faisant fi des convenances. Plus proche d'une amie que d'une suivante, elle était devenue sa conseillère et confidente. La disparition de la Wolback avait laissé un grand vide dans la vie et dans le cœur de la tourangelle. Maintenant, elle se retrouvait seule et désœuvrée, loin de sa famille, dans un duché qui n'était pas le sien.

Perdue, c'est ce qu'elle était depuis quelques jours. La solitude lui était tombée dessus d'un coup, comme une masse et cet homme qui lui faisait face lui proposait de la briser. Au fur et à mesure qu'il lui parlait ses craintes se dissipaient. Qu'elle était sotte de ne pas avoir remarqué plus tôt que lui aussi n'aspirait qu'à avoir un peu de compagnie!

Allons votre silence me gêne! Parlez moi de vous, votre enfance, votre passé, vos projets, vous m'intéressez vraiment, j'aimerai tout savoir...
Mais je ne voudrai pas donner l'impression de m'imiscer dans votre vie non plus...

Elle prit soudain conscience que le pauvre homme s'évertuait à deviser en essayant de la sortir de son mutisme. Elle était restée silencieuse bien trop longtemps. Il devait se poser des questions et penser qu'elle lui en voulait, ce qui n'était plus le cas. Sa colère s'était envolée aussi vite qu'elle était apparue.

Veuillez m'excuser. Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise...

Elle lui adressa un sourire chaleureux avant de boire une gorgée de vin.

Je suis arrivée en Bourgogne il y a peu et je ne connais pas grand monde. Mes journées étaient chargées lorsque je travaillais pour Dame Luna. Je n'ai pas eu l'occasion de lier connaissance avec les personnes que je croisais et... je crois que j'ai un peu tendance à me renfermer sur moi-même depuis qu'elle n'est plus là.

En prononçant ces dernières paroles, Charlyne sentit la peine pointer à nouveau le bout de son nez. Sa gorge se noua légèrement. Elle espérait qu'il ne remarquerait pas son trouble. Ne souhaitant pas poursuivre d'avantage dans cette voie, de peur de se laisser aller à la tristesse, elle dévia la conversation.

Vous m'avez dit être artisan, quel est votre métier? Je suis curieuse...

Regardant son hôte, elle lui adressa un nouveau sourire.
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic


Et naturellement il répondit à son sourire, n'ayant pas échapper le trouble qui émanait d'elle.
Il la sentait désarmée.
La situation se retournait à son avantage, et il lui fallait entretenir cela.
N'ayant pas touché à sa viande, il la regarda avec des yeux presqu'amoureux.

"Je suis herboriste. Je me procure des herbes médicinales et je les revends à des infirmeries et autres médecins. C'est un travail nomade qui m'a mené jusqu'à Cosne... jusqu'à vous."

Il savait qu'en disant une telle chose, il éveillerait son intérêt. Les herboristes n'étaient pas le genre d'hommes que l'on rencontrait souvent mais avait l'habitude d'éveiller les curiosités. On savait tellement peu de chose sur la science de la médecine.

"Et j'ai notamment quelques notions en médecine du corps grâce à un médecin que j'ai rencontré sur les plages de Gascogne.
Il faisait avec ses mains des merveilles à vous couper le souffle, permettant d'oublier les chagrins les plus traumatisant. Par le corps, il libérait l'esprit..."

Il parlait avec passion espérant que cela intéresserait Charlyne davantage, Hermès parlait comme s'il était ailleurs...

"J'ai eu la chance d'être son élève quelques mois durant m'enseignant son art de la sérénité corporelle. C'est une science difficile à mettre en oeuvre, d'autant plus qu'il est difficile de pratiquer... Vous comprenez, les gens ont tendance à être pudique, quand bien même un mal les ronge au plus profond de leur âme..."

Reprenant une gorgée de vin sans la quitter des yeux, il ajouta:

"Enfin bref! Assez parlé de moi. Vous me semblez tendue justement.
Quelque chose de mal vous est arrivé?
Vous disiez travailler pour ... Dame Luna?
Et que désormais vous devez chercher du travail?"

On approchait le couplet final. Encore quelques efforts et elle serait entièrement à nue devant lui.
Cette expression fit sourire légèrement Hermès, mais pas trop pour ne pas éveiller les soupçons.
Cet instant était véritablement son préféré, le moment où sa proie s'apprêtait à poser d'elle même un pas dans la gueule du Loup...
--Charlyne

Charlyne


"Herboriste", ce mot réveilla en elle des souvenirs encore récents. Il y a quelques semaines, elle avait rencontré une jeune femme connaissant les secrets des plantes et les utilisant à des fins médicinales. Elle détenait le pouvoir de sauver des vies en appliquant des cataplasmes, ou grâce à des breuvages aux senteurs épicées. Mais utilisées à des fins néfastes, les plantes pouvaient être bien plus efficaces qu'une lame... N'était-ce pas elle qui avait incité Luna à rendre visite à cette herboriste pour qu'elle se débarrasse du parasite qui prenait vie en son sein?

Chassant résolument cette idée de son esprit elle se concentra sur les explications de l'homme lui faisant face, tout en continuant à savourer son plat. Il semblait passionné par les vertus des plantes, mais également par le pouvoir que de simples gestes pouvaient exercer sur le corps et l'esprit. Charlyne était un peu sceptique, mais l'écoutait avec une curiosité non feinte. Elle aurait été curieuse de le voir à l'œuvre afin de pouvoir juger des effets de la science dont il vantait les mérites.

Lorsqu'il s'interrompit pour boire une gorgée de vin, elle regretta presque qu'il n'ait pas continué à parler de ce domaine si mystérieux à ses yeux. Mais il l'avait conquise par ses paroles et sa gentillesse. Naïvement, elle posa un pied dans la gueule du Loup et avec le sourire, en plus!

A vrai dire, ce n'est pas à moi qu'il est arrivé quelque chose de mal, mais à Dame Luna. Celle-ci a disparue depuis plusieurs jours déjà et tout laisse à croire qu'elle s'est noyée dans les eaux du lac... C'est un terrible accident.

Les yeux de Charlyne se voilèrent et sa mine se fit plus sombre. Depuis ce jour tragique, elle était rongée par le remords.
Quand elle reprit la parole, elle avait la tête légèrement baissée et triturait nerveusement sa serviette, posée sur la table.

Je me sens un peu responsable de sa mort. J'aurais du être présente, cela ne serait pas arrivé. Mais elle avait une sainte horreur d'être suivie à longueur de journée... Elle trouvait toujours un moyen d'échapper à ma vigilance où de me trouver des occupations qui lui permettrait d'être seule pendant quelques heures.
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic


Hermès la regardait curieux.
Ils en étaient arrivés enfin à ce qui l'intéressait. Ce pour quoi il l'avait invité en ce lieu.
Découvrir la vérité sur Luna.

"Je comprends ce que vous voulez dire... Les nobles ont la facheuse tendance à n'en faire qu'à leur tête.
Sa perte a dû être intolérable pour vous.
Vous devez vous sentir au plus mal..."

Le Valet de Pic tendit son bras au dessus de la table pour caresser tendrement le sien lui témoignant toute son empathie.
La relâchant il lança avec beaucoup d'enthousiasme.

"Puisque vous cherchez un emploi, pourquoi ne pas me suivre dans mes aventures d'herboriste! Vous pourriez devenir ma disciple! Je vous apprendrai toutes les subtilités de cette science, et ainsi nous pourrions mieux apprendre à nous connaitre!
Ca me ferait extrêmement plaisir..."

Il laissa un instant d'hésitation où il diminua son enthousiasme ajoutant avant qu'elle ne réponde:

"Mais avant cela, il faudra mettre son corps en terre je présume. Je pourrai vous soutenir dans cette tâche.
Où repose-t-elle actuellement?"

C'est avec beaucoup d'assurance dans sa manipulation qu'il posa le doigt là où ça fait mal.
Il avait prononcé ses mots avec une innocence parfaite, comme celle de l'homme qui s'inquiétait réellement du bien être de la jeune femme qui se trouvait devant elle, rappellant avec humilité qu'il était un aristotélicien pratiquant et discipliné, et qu'en tant que telle, les funérailles et l'enterrement d'un défunt était des plus naturels.
Il sentit néanmoins une légère gêne lorsqu'il posa la question et en profita alors pour ajouter en chuchotant:

"Faites moi confiance, vous pouvez tout me dire."
--Charlyne

Charlyne


L'espace d'un instant elle crut qu'elle allait s'en sortir et que la conversation au sujet de Luna Wolback allait s'arrêter là, jusqu'à ce qu'il pose LA question qui la glaça d'effroi. Elle ne s'y attendait pas. Quand il lui avait proposé de la prendre comme disciple et de lui enseigner ses connaissances elle s'imaginait déjà s'éloignant de cet endroit maudit où la jeune noble n'aurait jamais du mettre les pieds. Mais à présent c'était comme si le temps venait de suspendre son vol. Son esprit se mit en ébullition. Qu'allait-elle répondre? Devait-elle lui faire confiance? Elle cherchait ses mots et hésitait à reprendre la parole, mais son silence qui se prolongeait ne ferait qu'éveiller la curiosité en lui, alors qu'en formulant sa question il n'avait faire preuve que de simple politesse. Il fallait qu'elle réponde quelque chose, et vite!

Son... son corps n'a pas été retrouvé.

Quelle idiote! Mais quelle idiote! Pourquoi n'avait-elle pas simplement répondu que Luna avait déjà été mise en terre? A présent les yeux de l'homme brillaient de curiosité. Il ne la lâcherait pas comme ça! Elle devina ses questions informulées. Que s'était-il passé? Que savait-elle?
Ne pouvant soutenir son regard, Charlyne s'empressa de saisir son verre et de boire une gorgée de vin. Le liquide lui parut sec et râpeux, laissant dans sa bouche un goût âcre. Elle étouffa un toussotement.

Pardon, excusez-moi...

Reposant son verre, elle croisa à nouveau son regard pénétrant. Il avait eut l'air compréhensif quand il s'était enquis de l'enterrement de Luna. Son attitude envers Charlyne était presque protectrice. Peut-être pouvait-elle lui faire confiance? Peut-être y avait-il toujours un espoir?
La jeune femme jeta un regard bref autour d'elle pour s'assurer que personne ne se tenait à portée de voix, puis elle se pencha vers lui et murmura:

Je ne peux pas vous en dire d'avantage... pas maintenant. Pas ici.
--Valet.de.pic


Hermès, le Valet de Pic



Hermès jeta un oeil à l'aubergiste. Dans l'encadrement de sa porte menant aux cuisines, il observait le couple avec une curiosité avide.
Beaucoup trop avide au goût du Valet de Pic.
Il lui fit signe de venir, ce qu'il fit immédiatement.
Hermès se leva alors et dit à l'aubergiste.

"Je souhaiterai une chambre de votre auberge pour le reste de l'après-midi."

"Mais vous n'avez même pas touché à votre..."

"C'était vraiment délicieux, je vous remercie pour ce repas."

Il plaça une bourse dans la main de l'aubergiste et lui lança un regard insistant.

"Une chambre?"

"Une chambre."

L'aubergiste les quitta alors disparaissant dans la cage d'escaliers.
Hermès se retourna vers Charlyne qui sembla confuse.
S'approchant d'elle il lui tendit la main et la rassura.

"Détendez-vous. Personne ne vous veut le moindre mal."

Malgré elle, elle prit sa main et Hermès l'encouragea à se lever.
Vainqueur, il lui fit alors son plus beau sourire et lui annonça:

"Je m'appelle Hermès!"
Eriadan
[ Près du chantier du port de Cosne ]


Du sang...

La probabilité pour que ce soit celui de Luna était très élevée.
Son bracelet avait été retrouvé à quelques mètres à peine de cet endroit.
Eriadan eut un haut le coeur.
Regardant la distance entre le lac et cet endroit, il déduisit que si désormais elle était morte, c'était tué par quelqu'un...
Le regard de nouveau en direction du sentier, il sut désormais où il devait aller.
La haine brouilla son coeur et il se retourna violamment en direction du lac, à tel point que l'ouvrier sursauta.
Sans un regard dans sa direction, il sauta sur sa monture et dit:

"Merci pour tout."

Et dans un cri d'encouragement, il frappa les flancs d'Avalone qui courrut en direction de la ville de Cosne.
Eriadan devait y retourner afin de retrouver Hermès.
Il risquait d'avoir besoin de lui...
Au cas où.

Les sabots frappèrent le sol avec une violence témoignant de l'empressement d'Eriadan.
Il n'avait pas une minute à perdre, pas une seconde.
La vie de Luna en dépendait peut être, et il était hors de question de jouer avec sa vie...

Les gardes le reconnurent immédiatement et le laissèrent passer sans poser de question.
Eriadan chevaucha dans les rues à la recherche de son valet, ou du moindre indice qui aurait pu le mener à lui.
Soudain à quelques pas d'une auberge ce qu'il vit lui parut incensé.

Une personne qui ne devrait pas être ici.
La colère d'Eriadan, qui était déjà bien entamée, s'enflamma de plus belle.
_________________

HRP: La famille de Chambertin recrute des membres. Contact par MP. Réponse assurée!
Loulianne
[ Nevers, quelques heures après le départ d’Eriadan ]

La jeune femme plaqua son visage contre la fenêtre de la nouvelle maisonnée d’Eriadan. Les mains en visière, elle tentait de distinguer à l’intérieur de l’habitation, une quelconque trace de ses effets personnels. Nul objet, nul vêtement. A peine la maison avait été habitée, à peine semblait-elle abandonnée. Ainsi serait-il parti sans la prévenir ? Ou bien peut-être l’avait-il averti de son départ et elle ne s’en souvenait pas ? Une chose était certaine, elle avait remarqué l’absence d’Avalone aux écuries alors qu’elle s’y était rendu pour s’en occuper et maintenant, elle constatait que les affaires d’Eriadan manquaient.

Qu’est-ce que tu cherches ma mignonne ?

Une voix criarde provenant de derrière fit sursauter Loulianne qui se retourna aussitôt. Elle fit face à une femme rousse un peu plus âgée qu’elle. Son allure provocante laissait penser à une de ces femmes qui trainent tard les soirs dans les tavernes à la recherche d’un homme qui accepterait ses services. Elle balaya du regard Loulianne de haut en bas, avant de lui adresser de nouveau la parole.

Si tu cherches le beau brun qui habitait cette maison, tu perds ton temps ma jolie. Je l’ai vu partir dans la nuit peu avant que le jour se lève, et il a pris la porte de la ville menant à Cosne.

A peine avait-elle entendu les paroles de la ribaude que Loulianne se dirigea d’un pas pressé vers sa maison, non loin de celle d’Eriadan, décidée à partir sur les traces de ce dernier. Elle avait rassemblé à la hâte ses quelques affaires et alors qu’elle s’apprêtait à quitter son habitation, elle retrouva la ribaude devant sa porte à attendre sous la neige. Agacée, Loulianne passa à côté d’elle sans lui prêter attention pour se diriger vers les écuries. La femme lui courut après, peinant à la rejoindre.

…Attends ma jolie, qu’est-ce que tu fais ? Tu le connais cet homme ? Eh !... nan mais… marche pas si vite, attends !…Et l’autre qui est parti juste après lui, tu le connais aussi ?

Loulianne s’arrêta net et se retourna vers la femme, en fronçant des sourcils.

Qui « l’autre » ?

La jeune brune fixa du regard la ribaude qui semblait s’être figée soudainement. Voyant qu’elle ne répondait pas, Loulianne s’approcha d’elle et lui agrippa le poignet en la secouant.

Parle ! Qui était l’autre ?
Je… je sais pas, il a suivi celui que tu cherches. Je l’avais vu arriver quelques heures après vous à Nevers. Tu le connais pas ?...
A quoi il ressemblait ?
Je sais pas… son visage était couvert. Il portait une capuche… ha-habillé tout en noir.

Quelque chose clochait, quelque chose n’était pas prévu. Qui était cet homme qui était arrivé après eux à Nevers ? Les suivait-il depuis leur départ ? Et si tel était le cas, Loulianne ne se rappelait pas de l’avoir entre-aperçu.
Elle lâcha le poignet de la ribaude et continua son chemin, le pas de plus en plus rapide, jusqu’à ce qu’elle arrive aux écuries, où elle retrouva son cheval qu’elle sella à la hâte sous le regard attentif de la rousse, qui ne quittait aucun de ses gestes. Une fois terminé, Loulianne passa un pied dans l’étrier et monta son cheval. La ribaude posa sa main sur la bride de l’animal et regarda Loulianne.

Tu sembles inquiète belle brune… Ecoute, je ne connais cet homme, mais s’il veut du mal à celui que tu cherches, ne pars pas seule sur les chemins. Je ne pressens rien de bon… reste ici, viens t’amuser avec moi ma mignonne…

Loulianne ne l’écoutait quasiment pas. Elle ne supportait pas l’idée d’être laissée en arrière, et elle supportait encore moins qu’un inconnu les ait pu suivre sans qu’elle s’en soit rendue compte. Alors qu’elle finissait d’enfiler ses gants de cuir, elle se pencha sur la rousse, prononçant quelques mots la mâchoire serrée :

C’est justement parce que tu ne ressens rien de bon que je dois partir. Elle se redressa rapidement en regardant de haut la ribaude. Et maintenant écarte-toi.

La femme desserra sa main de la bride du cheval et fit quelques pas en arrière. Loulianne donna un coup de botte contre les flancs de l’animal et partit au galop sans plus tarder, espérant le rattraper au plus vite.

[Ville de Cosne, quelques heures plus tard]

Après plusieurs heures de chevauchée dans un froid qui vous glace le sang, Loulianne aperçut au loin, les murailles de la ville de Cosne et les fumées s’échappant des cheminées des maisons. Tirant doucement sur la bride, pour ralentir la cadence du cheval, la jeune femme observait la ville se demandant si Eriadan s’y trouvait, se demandant qui était cet homme qui les suivait. Représentait-il un danger ? Que voulait-il ? Qui était-il ?
La jeune femme ne cessait de s’interroger lorsqu’elle s’aperçut que la ville était toute proche maintenant. Arrivée à la porte de la ville, elle fut interpellée par les gardes qui lui demandèrent son identité et l’objet de sa venue.

Loulianne d’Eldrid, je vis à Nevers. Je viens rendre visite à des proches.

Elle avait l’impression de perdre un temps précieux. Après avoir attendu quelques minutes, qui parurent une éternité pour Loulianne, la herse se leva doucement dans un fracas infernal et la jeune femme put pénétrer dans l’enceinte de la ville.
Les rues étaient désertes. Seul le froid et la neige y résidaient. Loulianne errait dans la ville, avançant doucement sur son cheval, elle scrutait les moindres allées, les moindres recoins, lorsqu’elle approcha de la grande place de Cosne où elle aperçut un homme portant une capuche, entièrement vêtu de noir, s’approchant d’une femme seule au milieu de la place. Loulianne descendit de l’équidé, se demandant si cet homme était celui qui avait suivi Eriadan. Elle posa une main gantée sur l’encolure de son étalon et le repoussa légèrement en lui chuchotant quelques mots à l’oreille :

Fais-toi discret…

L’animal s’éloigna lentement et la jeune femme put observer la scène discrètement cachée derrière un mur. Elle regardait « l’homme inconnu » parler avec cette jeune femme, scrutait le moindre de ces gestes, jusqu'à ce qu’il s’éloigne avec elle en direction d’une auberge.
Attendant quelques secondes, elle se décida à les suivre, traversant le plus discrètement possible la place, en direction de la bâtisse.
Vu de l’extérieur, l’auberge semblait déserte et peu fréquentée. Loulianne se plaqua contre un mur et s’approcha doucement d’une des fenêtres, pour observer ce qu’il se passait à l’intérieur. Elle se pencha légèrement pour regarder mais ne vit rien d’autre que des tables vides et l’aubergiste. Elle avança d’un pas et se pencha davantage pour observer l’intérieur où elle aperçut l’homme et la femme attablés dans un coin de la pièce. Mais ce fut un pas de trop qui la fit manquer de glisser sur une petite plaque de verglas. Elle se rattrapa de justesse sur le rebord de la fenêtre, l’arrière-train frôlant le sol enneigé et étouffa quelques jurons dans le fond de sa gorge pour avoir certainement révélé sa couverture. Elle se releva lourdement en prenant soin de ne pas se remettre debout devant la fenêtre et s’éloigna de l’auberge pour reprendre son souffle qui semblait geler dans ses poumons. Elle s’appuya contre le mur d’une habitation et tenta de mettre de l’ordre dans son esprit.
Qui était cet homme bon sang ?
Les quelques secondes qui lui avaient permis de le voir assis à cette table, laissaient croire que cet homme représentait un danger important pour Eriadan.
Les yeux rivés sur le bout de ses bottes qu’elle enfonça dans la neige, il lui fallait agir. Il lui fallait retrouver Eriadan. Le prévenir qu’un inconnu les suivait depuis leur départ.
Mais où était-il ?
Elle releva la tête.
Nul besoin de le chercher plus longtemps.
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Eriadan
Quittant sa monture, ses pieds s'enfoncèrent dans la couche de neige.
Mais l'épaisse poudre blanche ne refroidit pas les ardeurs d'Eriadan.
Le mot qu'il lui avait laisser sur la table était clair et ne laissait aucune marge d'interprétation.



Ne cherche pas à me suivre.
Attends mon retour.

Eriadan



"Je croyais avoir été clair.
Qu'est ce que tu fiches ici?"


Le Loup du Lac prit sur lui pour ne pas la frapper, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Toute cette tension, ce stress vis à vis de sa soeur en danger le plaçait au bord du craquage émotionnel. Il avait une envie de hurler telle que ça lui brûlait les entrailles.
Et dans cette situation, la moindre goutte, surtout si c'était de l'insubordination, était prête à faire exploser le vase.
Il lui lança un regard noir mais ne la toucha pas, tempérant ses ardeurs du mieux qu'il put, car il n'était pas de nature violente.
Malgré tout, il lui fit comprendre qu'elle n'avait rien à faire ici, et qu'il était très en colère.

Néanmoins, Eriadan ne connaissait pas son ennemi et son manque d'obéissance pourrait être un avantage si jamais la situation venait à se corser.
Cette idée permit à Eriadan de reprendre le contrôle de ses émotions, mais la regardait toujours, attendant une réponse.
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