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[RP] Au commencement était la mort...

Eriadan
La vue qui lui était offerte était horrible. Eriadan n'arrivait pas à le croire.
Il avança de deux pas et s'accroupit à deux mètre du corps nu et ensanglanté de Charlyne.
Il avait peine à reconnaitre la femme qu'il avait rencontré il y avait un peu plus d'une heure.
Son corps était couvert d'hématomes et sa gorge béante toute chaude saignait encore à faible débit.
Ses yeux étaient grand ouverts empreint d'une horreur.
De toute évidence, c'était le meurtre le plus affreux dont Eriadan avait été témoin.
Au fur et à mesure qu'il la regardait, il ressentait un certain malaise se propager en lui qui ne tarda pas à se changer en haine.
Posant ses mains sur les yeux de la victime qu'il referma, il se releva et se tourna vers Hermès qui le regardait en silence près de la fenêtre.

Le regard horrifié d'Eriadan se voila en un regard noir ténébreux mais dénué d'expression notable. Il avança vers lui d'un pas sûr, l'air impassible.
Hermès sentait que ça ne sentait pas bon. Et il avait raison.
Arrivé à un mètre de lui, Eriadan referma son poing et d'un coup vif et puissant, il le frappa en plein visage.
Déséquilibré par le coup porté à l'oeil, Hermès bascula et trébucha, percutant la vitre qui se brisa.
Chutant du premier étage, il s'étala lourdement dans la neige qui amortit sa chute.

Dans l'encadrement de la fenêtre, Eriadan apparut et le regarda du haut de la chambre.
Hermès ne bougeait pas, mais le Loup du Lac savait qu'il n'était pas mort.
Passant à travers la vitre brisé, et s'accrochant aux pierres de l'auberge, il descendit avec une agilité qui lui rappella ses journées de vagabondage sauvage en forêt.
Les pieds dans la neige, il s'approcha alors de lui et l'attrapa par la chemise avant de le frapper de nouveau au même endroit, espérant bien abîmer son oeil pour son pêché.
Hermès ne se défendait pas, les yeux rivés sur le côté.
Le Loup du Lac d'un air furieux le secoua alors et lui dit enfin.


"J'exige des explications!"


Le tenant fermement, Eriadan capta son regard qu'il trouva enfin. Hermès en effet releva la tête un oeil fermé, mais l'autre bien ouvert qu'il confronta à ceux du Loup.
Son sourire s'étira alors ce qui eut le don d'énerver Eriadan qui s'apprêta à le frapper de nouveau quand...

"Je sais où est Luna."

Soudain, toute la neige autour de lui lui sembla écarlte, d'un blanc aveuglant. Les mots percutèrent Eriadan en son âme comme s'il avait reçu un coup de massue en plein crâne.
Hermès savait où était Luna...
Etait-ce une ruse pour sauver sa peau?
Ou peut-être avait-ce un lien avec le meurtre qu'il venait d'accomplir.
Restant silencieux pendant quelques secondes, ordonnant ses idées qui se bousculaient, Eriadan le tira vers lui, son visage à quelques centimètres du sien, il le défia du regard.

"Je crois qu'il va falloir m'en dire un peu plus!"

Hermès sourit de nouveau. On aurait pas dit qu'il venait de se faire frapper, qu'il avait chuté du premier étage et qu'il était face à un Loup enragé près à le vider de son sang.

"Charlyne avait trahi Luna. Elle l'a laissée être enlevée par un inconnu en échange d'argent. Cherchez ses vêtements, vous trouverez certainement la bourse. Elle méritait son châtiment.
Je sais où est Luna."

A ce moment-là, le regard d'Eriadan fut attiré en direction du coin de l'auberge. Loulianne apparut dans la neige et sembla peu surprise du spectacle qui lui était offert.
Après tout, elle l'avait prévenu qu'il était dangereux...
Eriadan reporta son regard sur Hermès et le relâcha alors.
Se relevant, il se dirigea d'un pas ou deux vers Loulianne, dos à son Valet de Pic et lui ordonna alors.

"On va changer les règles. Désormais, tu ne fais plus rien sans m'en avoir avisé avant."

Hermès eut un léger rire d'approbation et Eriadan serra les poings. Magré tout, le Loup du Lac sourit intérieurement. Cette histoire était loin d'être terminée.

"Mène nous à Luna."
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[ Sur la route entre Cosne et Sémur ]


Sur son cheval, Hermès se toucha l'oeil. Il ne put s'empêcher de constater à la douleur que cela procurait qu'Eriadan avait plus de force que ses maigres bras laissaient paraitre.
Mais Hermès était prêt à tout endurer pour son Maître, il pourrait même se faire poignarder, et même mourir pour lui.

Les sabots des trois chevaux frappaient le sol de Bourgogne en direction de l'auberge dans laquelle Hermès savait être Luna et Meowalf.
Il n'avait pu dire à Eriadan qui était cet inconnu qu'avait rencontré Charlyne.
Il l'avait d'ailleurs tuée par précaution.
Eriadan ne devait savoir que Meowalf était vivant.
C'était le voeu le plus cher de son maître et il ne pouvait le trahir.
Son Maître lui avait d'ailleurs certainement avoué qui il était pour éviter d'avoir à la tuer lui-même, mais sachant Hermès en mission sur les lieux très prochainement, il avait confié, sans même l'avoir prononcé, cette tâche à son fidèle bras droit.

Il sentit le regard d'Eriadan sur lui. Ce dernier se méfiait de lui.
Il comprenait cela, mais Hermès ne lui ferait jamais aucun mal.
Premièrement, Hermès appréciait Eriadan. Après Meowalf, c'était l'homme qu'il admirait le plus.
Deuxièmement, il était la plus grande fierté de son maître, et jamais ce dernier ne lui ordonnerait de le tuer, au contraire. La mission sur laquelle était Hermès était censée durer, une mission constante de protection envers l'espoir du Loup Wolback.
Hermès se devait d'être prudent dorénavant et de tenter de regagner la confiance d'Eriadan, chose qui s'annonçait difficile...

L'auberge apparut finalement. Hermès descendit de cheval et avança vers l'entrée, suivi de près par Eriadan et Loulianne.

Lorsqu'il entra, il Le vit immédiatement.
L'auberge était fréquentée par bon nombre de voyageurs mais, dans le coin de la salle, près d'une fenêtre, il Le reconnut en contre jour.
Il portait une capuche sur le visage et était en train de fumer sa pipe qu'il avait taillé lui-même.
Hermès sentit une bouffée de bonheur monter en lui.
Il lui fallait absolument lui parler.
Mais Eriadan était toujours là. Et d'après son maître, il connaissait son visage...
Il ne devait pas le voir non plus.

"Vous feriez peut-être bien de chercher dans une des chambres à l'étage. Pour ma part, si vous le voulez bien Sire, je vous attendrai en bas..."

Il lui fit un léger sourire timide empreint d'un respect sincère, espérant de tout coeur qu'il accepterait...
Eriadan
Eriadan acquiesca.
Vu l'acte qu'il avait commis l'après midi, il préférait le tenir à l'écart de Luna.

La nuit était presque tombée.
Il leur avait fallut environ vingt minutes pour atteindre l'auberge.
Il ne put expliquer pourquoi, et bien que ce fut bien peu rationnel, Eriadan savait que Luna était ici. Mais il ressentit en plus un malaise qui le perturba.

Laissant Hermès, il alla voir un aubergiste.

"Excusez-moi je cherche une jeune femme de mon âge, brune, à peine plus petite. Elle devrait être avec un homme normalement."

"Oui, bien sûr, Sire! La jeune femme était blessée! Il a pris la chambre 13 pour aller la soigner! Ils sont là depuis quelques jours."

Eriadan eut un haut le coeur à l'évocation du numéro de chambre puis, sans le remercier, il prit la direction des escaliers.
L'aubergiste haussa les épaules et, voyant l'homme dans le coin de la salle, quand il se retourna pour appeller Eriadan et lui indiquer que l'homme était là, Eriadan avait déjà disparu.


Chambre 11...
Chambre 12...
Chambre 13.

Eriadan dégaina Allwings puis jeta un oeil à Loulianne. Celle-ci aussi avait tiré son épée. Ils se regardèrent tous deux pendant quelques secondes avec un regard grave.
Il ignorait ce que pensait Loulianne de tout ceci, mais il était heureux qu'elle fut en sa compagnie en cet instant.

Eriadan tourna alors la poignée avec délicatesse et poussa doucement la porte qui grinça.
L'intérieur de la chambre était parfaitement sombre. Les volets et les rideaux tirés, la pénombre les empêchait de voir quoique ce soit, faisant de cette chambre 13 un lieu des plus hostiles.
Avant de pénétrer dans les ténèbres, il décida alors de l'appeller en chuchotant:

"Luna!?"
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Lilo-akao
Entre la brume de l'inconscience et la douleur sourde qui lui tiraillait le bas du dos, Luna somnolait sans parvenir à plonger totalement dans un sommeil lourd et réparateur dont elle avait pourtant tant besoin. Son esprit fatigué n'avait d'autre occupation que de ressasser les événements des dernières journées, ou tout du moins, ce qu'elle parvenait à se remémorer. Elle se souvenait parfaitement d'un début de soirée dans une taverne de Cosne, où ses amis et elle avaient enchainées tournée sur tournée. Un peu ivre, elle les avait quittés en leur souhaitant une bonne nuitée avant de prendre la direction du lac. Elle se souvenait de l'air glacial sur son visage, dissipant les vapeurs d'alcool qui enveloppaient son esprit. Elle avait l'intention de faire quelques pas avant de rejoindre Charlyne, mais avant, elle était passée par le lac, oui. Mais que s'était-il passé sur les berges? La suite n'était qu'un enchevêtrement de sensations.

La curiosité d'abord. Mais impossible de se remémorer ce qui l'avait intriguée. Était-ce un bruit? Un mouvement?
L'agacement ensuite, suivi presque immédiatement par la colère et la peur... Qu'avait-elle trouvée qui la fasse réagir ainsi?
La peur devient brusquement terreur. L'avait-on attaquée?
Un choc. Une douleur atroce et puis, plus rien.

La jeune femme ne put réprimer un frisson. Elle ouvrit les yeux et tourna la tête pour observer la pièce autour d'elle. Plongée dans la pénombre et le silence, il n'y avait aucun mouvement notable, mais l'homme qui prenait soin d'elle savait se faire discret. Parfois, elle n'avait pas conscience de sa présence, jusqu'à ce qu'il s'approche du lit, pour vérifier qu'elle allait bien. Elle n'avait jamais vu ses traits. Une capuche aux bords larges dissimulait toujours son visage, mais au son de sa voix, elle imaginait qu'il devait s'agir d'une personne d'un âge mur. Pourquoi se dissimulait-il? Elle n'en avait aucune idée. Sa conduite était exemplaire. Elle n'avait rien à lui reprocher, mise à part son silence quant à la raison pour laquelle elle se trouvait seule avec lui. Il s'occupait d'elle avec attention et douceur, sans jamais la brusquer et, lorsque la veille, elle avait émis le souhait de se lever pour faire quelques pas en dehors de la chambre, il s'était approché du lit pour lui venir en aide.

Le cœur de Luna se pinça dans sa poitrine. Elle ferma les yeux en sentant les larmes pointer aux coins de ses paupières. Elle était restée saisie et horrifiée lorsqu'en essayant de se redresser elle avait pris conscience qu'il lui était impossible de bouger ses jambes. La panique l'avait envahie et elle s'était mise à crier d'effroi en refusant d'admettre l'affreuse réalité, celle qu'elle redoutait depuis quelques jours déjà, mais qu'elle se refusait d'admettre. Elle était paralysée!

Le grincement de la porte la fit rouvrir les yeux. Elle s'attendait à voir entrer l'homme à la capuche, discret et silencieux, comme à son habitude, mais la silhouette sombre qui se découpait dans l'encadrement de la porte resta immobile.

Luna?

En un geste de protection puérile, elle tira la couverture en laine un peu plus haut sur son corps et la serra fermement, au point d'en faire blanchir les jointures de ses doigts. Elle aurait voulu se lever et faire face la tête haute à l'inconnu qui se tenait là, pour ne pas montrer sa peur, mais elle était incapable ne serait-ce que de se redresser toute seule. Elle était atrocement vulnérable. Quiconque aurait voulu lui faire du mal aurait pu la briser en un battement de cil sans qu'elle ne puisse se défendre. Consciente de son impuissance face au danger, les larmes qui menaçaient perlèrent sur ses joues, tel un enfant terrorisé. Elle répondit à l'appel d'une voix ou perçait l'inquiétude:

Qui est là?
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Eriadan
Qui est là?

C'était sa voix, aucun doute il l'aurait reconnue parmi des milliers. Son coeur bondit dans sa poitrine au son de sa voix qu'il avait ardemment désirer entendre depuis de longues journées, depuis cette terrible lettre de Charlyne annonçant sa mort.
Il en avait terriblement voulu au Très Haut de lui avoir de nouveau enlevé un des êtres le plus cher à sa vie, et immédiatement il s'excusa intérieurement, se promettant de prier plus tard pour lui témoigner ses excuses avec toute son humilité.

Luna, c'est moi!

Remettant sa lame dans son fourreau, il pénétra dans la pièce, son oeil commençant s'habituer à l'obscurité, et il distingua sa silhouette dans le noir.
Il s'approcha alors d'elle avec prudence de crainte de l'effrayer...

Loulianne derrière ne partagea pas l'émotion du moment. Constamment sur se gardes, elle vérifiait qu'aucune autre silhouette ne paraîtrait dans l'obscurité puis surveilla le couloir au cas où le kidnappeur reviendrait.
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Lilo-akao
Le timbre de sa voix résonnait dans ses oreilles comme sortie tout droit d'un songe qu'elle aurait fait toute éveillée.

Eriadan?

Était-elle encore entrain de rêver? Cela semblait pourtant si réel! Elle était sous le choc. Comment était-ce possible? Lui, ici? Elle ne parvenait pas à y croire. Cela ne ce pouvait! Elle était entrain de se laisser emporter par ses espoirs les plus fous et son imagination lui jouait des tours. En ce moment, son double devait se trouver à des lieux et des lieux de là, à préparer son déménagement. D'un clignement de cil, sa silhouette aura disparue de son champ de vision et elle se retrouverait à nouveau seule dans la chambre sombre.

Luna ferma les yeux, n'osant les rouvrir. Elle entendit ses pas s'approchant doucement du lit et ne put résister à la tentation. Sa silhouette était à présent toute proche. Il était là! C'était bien lui, celui qu'elle attendait et espérait du plus profond de son être! Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle essuya vivement les larmes qui sillonnaient ses joues, soulagée de le voir. Avec lui, elle serait en sécurité. Il allait prendre soin d'elle et ne la laisserait plus aux mains d'un étranger. Elle n'aspirait plus qu'à se blottir dans ses bras protecteurs et tout oublier, mais lorsqu'elle fit mine de se redresser, elle fut bloquée dans son élan par ses membres qui refusaient de lui obéir. Horrifiée, elle dissimula son visage entre ses mains.

Je ne voulais pas que tu me vois comme ça... Je ne voulais pas...

Elle secouait légèrement la tête, incapable de le regarder. Elle se sentait diminuée et avait honte de sa faiblesse, mais elle était heureuse, tellement heureuse, qu'il l'ait retrouvée!
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Eriadan
Je ne voulais pas que tu me vois comme ça... Je ne voulais pas...

Le jumeau ne comprit pas tout de suite ce qu'elle voulait dire par là, mais ça n'avait aucune importance.
Elle était là!
Désormais plus rien ni personne ne lui enlèverait sa Luna.
Alors que Loulianne surveillait le couloir Eriadan s'approcha d'elle et la prit dans ses bras.
L'émotion qu'il ressentit alors dépassa tout ce qu'il avait pu imaginer.
Il n'aurait même pas pu l'expliquer.
C'est comme si son corps entrait en ébulition, comme si chacune de ses cellules vibraient au contact de celles de Luna. Son coeur frappait sa poitrine avec un intensité telle qu'il eut l'impression de sentir son sang se diffuser dans chacune de ses veines.
Pris dans cette émotion nouvelle qu'il eut du mal à canaliser, sans savoir pourquoi, ses lèvres se posèrent alors sur celles de sa soeur jumelle.
Ses lèvres eurent sur lui l'effet d'un doux poison auquel il prit goût immédiatement, un poison qui infecta ses lèvres, sa bouche, son sang, son âme et de façon inexorable.
Descellant leurs lèvres, leurs regards se croisant dans la semi-obscurité, il se sentit bien mais non moins empreint d'une certaine gêne.
Souhaitant au plus tôt éviter quelconque commentaire, il lui demanda.


"Est-ce que tu vas bien? Il ne t'a rien fait?"

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Lilo-akao
Dans la pénombre, les yeux ambrés miroitaient tel un lac menaçant de déborder en raison des larmes qui s'en étaient échappées quelques instants plus tôt. Bien qu'il se soit écarté, elle sentait encore ses lèvres, posées avec douceur sur les siennes. Assaillie par le trop plein d'émotions auxquelles elle faisait face depuis plusieurs jours, son esprit était brumeux et n'avait pas vraiment pris conscience du baiser échangé. Luna n'y avait pas répondu, mais ne l'avait pas repoussé non plus. Les événements s'enchainant trop vite, elle était désorientée et observait sans réagir le visage masculin.

Est-ce que tu vas bien? Il ne t'a rien fait?

La question mit du temps à se frayer un chemin dans son esprit troublé. Elle repensa à l'homme qui avait pris soin d'elle depuis sa chute dans le lac et elle secoua légèrement la tête en signe de dénégation. Il ne lui avait pas fait de mal, non. Son regard croisa celui de son frère et elle détourna la visage, gênée.

Je... je ne tiens pas sur mes jambes. Il va me falloir de l'aide.

Lui dire qu'en réalité elle était incapable de bouger ses membres inférieurs était pour l'instant au dessus de ses forces. Elle n'arrivait pas à en accepter l'idée et c'était comme si prononcer l'évidence ôterait tout espoir de convalescence et de se voir un jour marcher à nouveau. Peut-être était-ce uniquement du au fait de son état de fatigue et aux courbatures qu'elle avait à cause de sa chute? Avec un peu de repos, cela s'améliorerait surement. Il ne pouvait en être autrement!
Ses yeux se posèrent à nouveau dans les siens et elle murmura à voix basse, en une supplique où perçait sa tristesse et son affliction:

Emmènes-moi loin d'ici...
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Eriadan
L'idée que Luna ne puisse marcher effraya Eriadan quelques instants. Que s'était-il réellement passé? S'était-elle vraiment noyée? L'étranger l'avait-il blessé? Pourquoi se jambes ne répondaient plus?
Tant de questions qui se devaient de rester sans réponse pour le moment.
Il y avait plus urgent.

Eriadan s'approcha alors de sa soeur et passa un bras sous ses jambes, puis l'autre derrière son dos. Lui intimant de s'accrocher derrière sa nuque, il se redressa tout en la soulevant.
Elle était légère, plus légère que son frère dont les pas pour quitter la pièce étaient parfaitement contrôlés.

Retrouvant Loulianne dans le couloir, il lui fit signe de le suivre.
Il descendit alors les escaliers et, arrivant en bas, où de nombreux voyageurs buvaient et ripaillaient en ce début de soirée, Luna s'excita soudainement.

"Que t'arrive-t-il?"

Son regard se riva vers le fond de l'auberge, puis son visage vint se coller au sien afin qu'elle lui murmure:

"Il est là bas! C'est l'homme cagoulé qui m'a emmené ici."

Eriadan tourna alors la tête, constatant la présence de l'homme aux côtés de ceux d'un autre...

Hermès.
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[ Quelques minutes plus tôt, dans l'auberge ]


Hermès observa Eriadan parler avec l'aubergiste puis disparaitre dans les escaliers.
Une fois qu'il était hors du champs de vision, il se dirigea alors vers sa table.
Chaque pas était témoin d'une émotion allant crescendo. Plus il s'approchait dans l'espace, plus il s'approchait dans le temps, et l'instant où il pourrait enfin de nouveau se confier à son maître était désormais proche.

Tirant la chaise, il s'installa observant l'homme qui était à sa gauche.
Ce dernier tira une dernière bouffée de sa pipe avant de vider le tabac consummé sur la table en bois et de la ranger dans une poche intérieur de son gilet.

"Je présume que tu as des choses à me dire si tu prends le risque de venir à mes côtés publiquement."

Il avait parlé sous sa capuche qui était toujours soigneusement posée sur son visage de manière à masquer ses traits.

"Maître, c'est Charlyne qui m'a dit que vous étiez ici.
Comme elle savait toutes ces choses sur vous, je me suis senti obligé de la tuer. Vous m'avez dit qu'Eriadan ne devait pas savoir.
Elle n'a pas su tenir sa langue. Tout laissait à croire qu'elle aurait pu en faire autant avec Eriadan..."

Hermès le regardait, espérant peut être apercevoir ses traits, mais il restait de profil, la capuche le masquant, observant un point fixe sans s'en détourner.
Il poursuivit alors.

"Eriadan m'a surpris alors que je venais de mettre fin à ses jours. Elle..."

"A-t-elle souffert?"

Il l'interrompit alors dans son élan et Hermès se coupa net. Entendant la question, Hermès s'interdit de lui mentir.
Mais il s'autorisa à faire quelques omissions.

"Sa mort fut rapide. Un coup net tranchant sa gorge. Je lui devais bien ça..."

"Parfait.
Tu as donc du justifier ton geste envers l'Héritier pour garder sa confiance.
Supposant que je ne comptais pas garder Luna vu que mon but est de la protéger, tu as jugé bon de l'amener ici pour qu'il retrouve sa soeur."

"C'est exactement cela, Sire..."

Une fois encore, il avait cette clairvoyance qui lui était propre. Peut-être était-ce du a fait qu'il connaissait bien Eriadan et ses réactions, ainsi que lui-même...
Hermès lui devait tout.

"Qu'est-il arrivé à ton oeil?"

Hermès fut surpris qu'il lui posa cette question alors qu'il ne le regardait même pas. Il fixait toujours ce point sans s'en détacher. De plus, cela semblait dénoter qu'il ne connaissait peut être pas ce trait de caractère d'Eriadan...
Portant un doigt sur le cocard qui semblait grossir à vue d'oeil, le Valet de Pic plissa un oeil.
Décidément il n'y était pas allé de main morte et Hermès en était réellement surpris.
Ses bras faibles d'apparence dissimulaient une force tel son air angélique dissimulant un être démoniaque.

"Il semblerait qu'il n'ait pas apprécié aux primes abords la vision de la servante de sa soeur la gorge béante..."

"Je vois..."

Il s'interrompit quelques secondes, comme s'il réfléchissait sur un point en particulier avant de poursuivre:

"Tu ferais mieux de partir maintenant. Il ne faudrait pas qu'ils nous..."

Hermès ne comprit pas immédiatement pourquoi son Maître s'était interrompu.
Tournant la tête, il vit alors Eriadan, Luna dans ses bras, suivis de près par Loulianne.
Le visage de son Maître, lui, n'avait pas bougé. C'était donc cela, le point qu'il fixait.
Il guettait leur arrivée.
Luna semblait murmurer quelque chose dans l'oreille d'Eriadan, et avant qu'Hermès n'ait le temps de réagir et de se lever, leurs regards se croisèrent.

Hermès se leva alors immédiatement pour aller à la rencontre ou à l'encontre d'Eriadan.
Eriadan
Ses doutes envers Hermès se révélèrent alors fondés, ce qui déclencha en Eriadan une étincelle enflammant sa haine.
Il avait tué la Dame de Compagnie de Luna et il complotait avec son ravisseur.
Ses sens étaient en alerte et il ne pensa pas que l'avoir emmené ici était étrange, suicidaire ou...ou bien révélait alors un fait auquel il n'avait pas pensé.
Non il ne pensa pas à tout cela.
Il ne pensait désormais qu'à faire payer le traître mais surtout celui qui avait fait du mal à Luna.

Faisant pivoter sa soeur, il la confia alors à Loulianne et marcha en direction de la table du fond. La réaction d'Eriadan et son expression meurtrière n'échappèrent pas aux clients de l'auberge. Il traversa la pièce, croisant nombre de clients qui virent son regard ténébreux fixé sur le fond de l'auberge.

Hermès se dirigea vers lui avec un grand sourire.

"Sieur Eri..."

Avant qu'il n'eut le temps de terminer sa phrase, son oeil cocardé rencontra de nouveau le poing fermé d'Eriadan. Déséqulibré (encore) sous ce nouveau choc, le Loup du Lac poussa son Valet qui s'étendit par terre.

L'inconnu se leva alors. Eriadan réagit immédiatement. D'un coup violent, il poussa la table sur laquelle il était installé.
Sous le choc, il retomba sur sa chaise.
Eriadan souleva alors la table pour en supprimer l'obstacle et s'apprêta à frapper l'homme, exactement comme à Hermès.
Son poing partit d'une violence telle qu'il était sûr de l'atteindre.
Croyant avoir atteint sa cible Eriadan observa l'homme surpris.
Celui-ci avait bloqué et enfermé son poing de sa main droite. Son visage était toujours camouflé sous sa capuche, mais il put percevoir légèrement ses traits.
Essayant alors d'examiner son identité son poignet fut tordu par un mouvement rotatif de la main de l'individu. La douleur fut intense et Eriadan perdit totalement l'équilibre.
Sans lâcher sa main, l'homme se leva et se révéla être plus grand qu'Eriadan ne l'imaginer, puis tirant son bras dans la diagonale, Eriadan s'étala de tout son long, son visage percutant durement le sol.

Son sentiment était étrange. Il avait l'impression de connaître cet homme, sa façon de combattre...
Il avait l'impression de l'avoir déjà combattu.
Son allure, ses mouvements...

Sa réflexion fut coupé court par un coup de genoux dans le dos pour l'immobiliser au sol.

ERIADAAAAAAAAAAAAAAN!!!


Il entendit alors la voix de sa soeur hurler son nom.
Luna craignait pour sa vie.
Il put l'apercevoir d'un oeil au fond de la pièce.
Elle était au sol.
Que faisait-elle au sol? Loulianne devrait la...
A côté de Luna, les jambes élancées de son ancienne amante ayant perdu la mémoire, celle de sa nouvelle et chère Dame de Compagnie.
Relevant légèrement le visage, il comprit.

Loulianne était en train de bander son arc et lâcha alors la flèche.
L'inconnu l'avait vu lui aussi. Alors qu'il faisait subir tout son poid sur le corps d'Eriadan, il pivota sur le côté.
La flèche traversa la pièce passant au dessus des clients qui, dans l'excitation prirent la sage décision de se baisser, progressa à vive allure.
Dans un roulé boulé, l'homme se retrouva dos au sol.
La flèche de Loulianne était descendante et vint alors se planter au ras du mur.
C'était moins une pour l'inconnu...

Avant qu'il ne prit la décision de se relever, Eriadan lui sauta dessus, prêt à le frapper quand il stoppa alors son geste.
Pris d'effroi, son expression était celle de ceux qui semblaient avoir vu un fantôme.

Dans son mouvement, le visage de l'homme avait été décapuchonné. Son visage complètement découvert, Eriadan reconnut alors ses traits.
Les traits d'un ancien allié, les traits d'un mentor, les traits d'un homme qui aujourd'hui était avec le traître Hermès, était avec sa soeur...

Sa soeur à qui il n'a fait aucun mal... Hermès qui est son Valet...
L'esprit d'Eriadan se brouilla.
Et si Hermès n'était pas un traître?
Et si cet homme, ce mentor, ce chasseur qu'il n'avait pas vu depuis des années, souhaitait aider Luna?
Et s'il s'était complètement trompé...

L'esprit d'Eriadan se brouilla... Et l'autre en profita.
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--Meowalf
S'il y avait une chose que Meowalf Wolback ne voulait absolument pas, c'était bien que son petit fils reconnaisse son visage...
Non pas le visage de son grand-père qu'il était incapable de situer, mais les traits d'un ancien mentor...
Les traits d'un homme qui réveilleraient en Eriadan de nombreux souvenirs et soulèveraient de nombreuses questions.
Trop de questions...




"La bandera fue amarilla y tan grande que los... Moros... lo tenian miedo? *
On dit comme ça?"

La pointe d'un bâton frappa alors le sommet du crâne du jeune Eriadan. Meowalf l'observait d'un air impassible et droit. Il inspirait une grande sagesse et malgré ces vêtements miteux, il dégageait cette air que certains qualifiaient de noble.

"Habla francés solo si te lo permito. Claro?"

"Claro..." **

"Bien... C'est comme ça qu'on dit oui."

Meowalf le toisa quelques instants et finit par sourire.

"Tes efforts intellectuels portent ses fruits. Dommage que ton physique ne soit pas aussi robuste. L'agilité c'est bien pour monter aux arbres, mais pour ce qui est du combat..."


Ils étaient tout deux dans une bâtisse au fin fond d'une forêt bretonne. Le genre de barraque en pierre et en chaume qui menace de s'effondrer à tout instant. Cela faisait déjà plusieurs mois que Meowalf avait trouvé Eriadan agonisant sur le sol, des griffures méchantes sur le corps, proche d'une biche morte.
Rassurez-vous, ce n'est pas la biche qui lui avait fait cela, mais un combat à mort pour un déjeuner...
Meowalf songea alors à la seule cicatrice que son petit fils arborait dans le dos, la seule qu'il lui restait de cet affrontement... Ce jeune gamin avait des capacités et malgré son jeune âge, il en avait déjà vu des vertes et des pas mûres...
Il l'avait reconnu très vite... Il ne pouvait que reconnaitre son petit fils.
Il avait d'abord hésité, puis il décida de rester auprès de lui afin de lui enseigner un maximum de choses pour le destiner à la vie qui l'attendait.
Evidemment, il s'était fait passer pour un simple chasseur.
Et lorsqu'Eriadan avait atteint l'âge de se poser les bonnes questions, telle que... "Comment un simple chasseur peut-il posséder et manier si bien l'épée? Comment peut-il connaitre l'anglois, le castellan et le latin? Pourquoi parle-t-il avec un langage si raffiné... lorsqu'il se met à raconter des histoires qu'un simple chasseur n'est pas censé connaître...?"
Lorsqu'il se posa ces questions, à savoir quelques années après l'avoir recueilli, il le chassa alors de sa maison forestière, le poussant inconsciemment vers sa première étape... Angers...

Mais pour l'heure, reprenons à la suite de la leçon de castellan. Meowalf s'était levé pour saisir une espèce de petite nappe carrée enroulée comme un parchemin ainsi qu'une boîte dans laquelle était alignées trente deux pièces sculptées de sa propre main.
Déroulant la nappe sur la table, le jeune Eriadan qui n'avait pas plus de treize ans observa alors l'etoffe en damier qu'il avait pris l'habitude de côtoyer.

"Une nouvelle partie, Maître?"

"A condition que tu te rappelles de la règle principale pour gagner..."

"Toujours anticiper, avoir un coup d'avance!"


Eriadan lâcha ses mots telle une leçon qu'il avait apprise par coeur, d'un ton neutre et monotone. Meowalf sourit, se disant que ce petit lui ressemblait de plus en plus.
Disposa alors l'échiquier, il lui répondit.

"Les blancs commencent..."

Eriadan déplaça alors sa première pièce qui fut introductive à une longue partie. Meowalf avait pu constater les progrès sratégique de son héritier mais jusqu'à présent, le petit n'avait jamais réussi à le battre...

"Echec!"

Meowalf ouvrit de gros yeux. Il venait de sacrifier un cavalier pour favoriser un fou, mais cette manoeuvre permit à Eriadan de placer sa tour dans une position d'échec envers son Roi.
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
De toute évidence, il l'avait sous estimé...
La partie continua alors et les pièces mourrurent les unes après les autres, jusqu'à ce qu'au final, il ne restait plus que les Rois.
Partie nulle.

C'était la première fois qu'il ne gagnait pas face à Eriadan...
Il leva alors son regard sur lui et son regard cuivré se mêla dans les yeux de la même teinte du jeune Eriadan...



Ces deux mêmes regards qui se croisèrent alors à cet instant, où Eriadan s'était jeté sur Meowalf sans savoir qui il était, ces mêmes regards mêlés tel leur sang qui glaça celui d'Eriadan s'attendant à tout sauf à voir son ancien Maître...

Meowalf profita alors de son moment d'inattention et d'un geste vif et puissant le frappa au visage, ce qui eut pour effet d'assomer Eriadan à moitié s'étalant au sol.
Le Doyen Wolback se releva alors et jeta un bref coup d'oeil à son héritier avant de quitter l'auberge au plus vite.
Il vit au passage Hermès, son fidèle, qui se releva et le suivit à l'extérieur.

Meowalf atteignit alors son cheval et s'apprêta à grimper lorsqu'il vit à un emplacement de la selle, le poignard qui était rangé...


Traduction:
* "Le drapeau était jaune et si grand que les Mores en avaient peur."

** "Tu parles français seulement si je te le permets, est-ce clair?"
" C'est clair..."
--Valet.de.pic


Lorsque le Valet de Pic se redressa, rassemblant ses esprits, il vit son Maître sous le corps d'Eriadan.
Il n'eut alors pas le temps de réagir que le visage du jeune héritier, qui semblait d'ailleurs figé, fut percuté du poing violent de Meowalf qui le déséquilibra et le fit tomber en arrière.
Meowalf se releva et se dirigea vers la sortie.
Avant de sortir, il lui jeta un regard et disparut à l'extérieur...

Hermès ne pouvait le laisser partir comme ça...
Qu'allait-il se passer avec Eriadan désormais?
Il ne lui ferait plus confiance. Il le tuerai probablement...
Eriadan est aussi dur qu son grand-père Meowalf... Il serait capable de le pendre haut et cour en pleine place publique pour montrer à tous le sort qu'on réserve aux traîtres...
Mais Eriadan est loin de savoir...
Loin de savoir que sa présence à ses côtés n'est qu'une protection envers lui de la part de son grand père et qu'il ne s'agit pas de trahison...
Malgré tout il comprenait Meowalf qui refusait de lui apprendre la vérité.

Se relevant alors, il courrut lui aussi vers l'extérieur, jetant un oeil à Eriadan qui était encore étendu de tout son long.
A l'extérieur, l'air était froid et tranchant et des flocons de neige flottaient dans l'atmosphère.
Il faisait de plus en plus sombre, mais pas assez pour qu'il ne distingua pas son Maître au loin, près de son cheval.

S'approchant de lui, il vit alors qu'il tira un poignard qu'il connaissait bien...
Sur ce poignard était gravé un W d'or sur le manche en bois vernis.
Ce poignard appartenait à Eriadan...

Lorsque Hermès avait rencontré Eriadan, c'était cet été, juste après sa réapparition.
En effet, alors que le Béarn subissait la guerre civile, Eriadan avait subi un rapt d'un homme qui lui était inconnu, qui avait toujours caché ses traits... Un homme qui le violenta et qui finalement l'obligea à se battre, après près de deux semaines d'isolement.
Le duel n'avait pas été terminé.
Eriadan avait perdu son poignard, mais pas son épée.
Cet homme qui l'avait enlevé, c'était Meowalf.
Meowalf qui ne désirait pas que son héritier se batte dans cette guerre civile qui n'avait aucun intérêt.
Meowalf qui l'avait violenté pour l'endurcir et qui désormais avait toujours son poignard...

Il ignorait ce à quoi il pensait à cet instant quand il leva alors son regard vers Hermès.
Il lui demanda alors.

"Es-tu toujours prêt à tout pour moi?"

"Bien sûr mon Maître, mon serment et inviolable."

Meowalf le regarda alors l'air impassible et lui répondit.

"Eriadan a reconnu en moi un mentor, un ami, quelqu'un en qu il peut avoir confiance. Il aurait pu me tuer, mais ce seul visage l'a affaibli..."

Il posa alors ses yeux sur le W doré du poignard et ajouta:

"Tu dois rester avec lui. C'est vital... Et il doit désormais coller de la haine sur ce visage, au nom de mon propre serment. Je ne dois pas exister auprès de mes petits enfants, alors il devra éprouver de la haine envers mon visage...
Tu te rappelles de ce poignard?"

"Oui, Maître... S'il sait que vous le possédez, il fera le rapprochement avec le rapt de cet été..."

Meowalf le regarda et lui sourit.

"Exactement."

Il tendit alors la main vers son fidèle valet de pic et posa sa main sur son épaule. Il l'attira vers lui lorsqu'à la porte de l'auberge, il vit apparaitre Eriadan.
Parfait.
En plus, il serait témoin...
Eriadan les aperçut alors et courrut en leur direction lorsqu'il s'arrêta net à quelques mètres d'eux, horrifié.

Meowalf l'avait fait.

Alors qu'Eriadan courrait en leur direction, la lame tranchante du poignard des Wolback pénétra la chair de Hermès dans son ventre. Sous la surprise, Hermès lâcha un cri de douleur.
Laissant la lame plantée dans son ventre, il repoussa Hermès qui s'affala sur le sol humide et sauta sur sa monture avant de crier à son cheval et disparaitre dans la nuit...
Eriadan
Le coup porté à sa tempe avait été tellement violent qu'il vit un voile noir recouvrir son regard et il se sentit à peine s'étaler sur le sol.
Lorsque sa vue revint, c'est Loulianne qui le soutenait. Son visage...
Elle avait l'air inquiète.
Ce même visage qu'elle avait lorsqu'Eriadan partait combattre du temps où il était Béarnais...
Il se redressa alors doucement soutenu par son ex amante et appuya sa main sur son épaule.
Il la regarda alors et recadra ses pensées...

Le chasseur...
Hermès...

Il semblait évident qu'ils étaient ensemble... Hermès voulait le protéger. Luna n'avait rien eu... Le Chasseur, son Maître l'avait toujours aidé... Peut être en avait il fait autant cette fois-ci. Et Hermès ne l'aurait nullement trahi dans ce cas... Mais qu'est ce que cache cette union entre les deux? Serait-il un espion? Et pourquoi aurait-il tué Charlyne?

Beaucoup de questions pour le Loup du Lac.
Bien peu de réponses.

Il se releva alors et se dirigea vers la sortie. Il devait en avoir le coeur net. Il devait savoir.

Le vent était glacial, mais Eriadan s'en aperçut à peine. Il titubait un peu sous l'effet du coup. Sa tempe était toujours endolorie. S'avançant dans la pénombre, il entendit une voix s'éteindre lorsqu'il les vit.
Son maître semblait embrasser Hermès. Drôle de signe d'affection...
Soudain, le corps de Hermès recula de deux pas avant de s'étaler sur le sol.
Ca n'avait aucun sens...
Eriadan regarda son ancien maître galoper et disparaitre dans la pénombre, totalement passif et interdit.

Finalement, il se resaisit et courrut en direction de Hermès. Il avait un poignard planté dans le ventre, proche de l'appendicite. Eriadan agit alors derechef. Il déchira un morceau de sa cape noire, retira le poignard d'un coup vif et appliqua le tissu froid contre la plaie.

"Tiens ça fermement, il faut limiter l'hémoragie."

Eriadan avait reconnu le poignard instantanément, mais il se promit d'y penser un peu plus tard, lorsque Hermès serait hors de danger...


Un peu plus tard, Hermès se retrouva dans une chambre de l'auberge. Eriadan et Loulianne lui avaient fait des points de suture après avoir désinfecté la plaie et l'avaient bandé fermement.
Eriadan s'excusa du vacarme causé auprès de l'aubergiste et paya le double des chambres pour le mobilier abîmé.
Une chambre pour Hermès, et une autre pour Eriadan, sa soeur et Loulianne.
Loulianne et Luna observaient toutes deux Eriadan, songeuses, tandis que celui-ci scrutait le poignard encore souillé du sang d'Hermès sur sa lame, perdu dans ses pensées...


Ce poignard... Celui de la famille Wolback... Celui qu'il avait perdu lors de son duel avec cet inconnu qui l'avait enlevé cet été et séquestré dans la forêt...
Cette impression en combattant cet homme...
Son visage...
Aussi difficile que ce fut pour Eriadan, il lui fallut admettre et accepter trois vérités.

La première, l'homme qui avait sauvé Luna était celui qui l'avait enlevé cet été là.
La deuxième, c'est que cet homme semblait intime avec Hermès, mais qu'il l'avait poignardé...
La troisième, c'est que cet homme n'était autre que le chasseur qui avait fait suivre une éducation accrue à Eriadan pendant de nombreuses années.

Eriadan avait du mal à joindre les bouts...
Il lui fallait absolument parler à Hermès et au plus vite...


Il repensa alors au sang d'Hermès, à celui de Charlyne, à celui de Luna près de la racine et il se dit alors, que le commencement en Bourgogne avait été des plus sanglants et des plus morbides, un commencement mystérieux, un commencement obscur...

Il ne sut quel serait la suite, mais une chose était certaine,...

... au commencement était la mort.
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