Chaos
[Polignac dans le Bourbonnais-Auvergne]
Chaos leva ses yeux vers le ciel. Des flocons de neige tombaient du ciel gris. Un sourire aussi glacé que l'eau à terre étira les lèvres gercées du balafré. Certains aiment dormir sous les étoiles de la voûte céleste, d'autres préfèrent s'asseoir devant leurs fenêtres et admirer l'aube ; le brigand préfère la couleur chaotique du ciel d'un rude hiver. Aucun oiseau n'osait s'aventurer dehors, aucun arbre ne dansait harmonieusement dans les violentes bourrasques de vent, aucun gueux ne se risquait à sortir en laissant la moindre parcelle de peau à découvert.
Il n'y avait que l'helvète qui avançait paisiblement, la neige crépitant sous ses pas, son souffle chaud formant de la fumée balayait par un courant d'air. La nuit était encore présente, personne ne croiserait son chemin, encore moins le chemin menant à la lice du village en cette heure matinale, ou peut-être le Fol qui se moqua de lui une fois de trop, de lui, le Roy du Jargor, le chef craint et incontesté. Il avait déjà remis à sa place cet importun en lui entaillant la gorge, mais il continua ses pitreries, et une seule solution fut trouvée : un combat. Ainsi, ils verraient qui du Seigneur qui aboie et qui montre les crocs à la moindre occasion ou du Joyeux Luron qui détend l'atmosphère avait raison d'être ce qu'il est.
L'arène était en vue, couverte de son paradoxal manteau de neige blanche et de ténèbres noires. Le balafré pénétra dans l'enceinte du Colisée, jetant un regard circulaire dans l'endroit. Les gradins en bois étaient vides, le terrain central semblait être un rectangle sans fond donnant sur les profondeurs abyssales.
Froussard... murmura-t-il
Ces mots, il avait espéré les prononcer, car il savait que physiquement, il était plus faible que son comparse depuis sa disparition en Allemagne, et sa subite réapparition en Normandie, en guenille, le corps amincit ; mais il avait gardé son tempérament, et comptait bien arriver à son but, qui était de faire autant de ravages possibles de son vivant pour mourir épée à la main sur un champs de bataille, avant de siéger à la droite du Sans-Nom, plutôt que d'être une brebis de plus du Très-Haut.
Chaos joint ses mains devant sa bouche pour en amplifier les sons, et hurla dans la lice : Rix ! Viens t'battre si t'es couillu !
La seule réponse qu'il reçut était les échos doucement étouffés par le vent hivernal. Exaspéré par tant de lâcheté et soulagé de ne pas avoir à risquer sa vie alors qu'il était donné perdant, le balafré se retourna, toujours cet air sérieux sur le visage, et c'est là que le Fol lui répondit à sa façon...
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Chaos leva ses yeux vers le ciel. Des flocons de neige tombaient du ciel gris. Un sourire aussi glacé que l'eau à terre étira les lèvres gercées du balafré. Certains aiment dormir sous les étoiles de la voûte céleste, d'autres préfèrent s'asseoir devant leurs fenêtres et admirer l'aube ; le brigand préfère la couleur chaotique du ciel d'un rude hiver. Aucun oiseau n'osait s'aventurer dehors, aucun arbre ne dansait harmonieusement dans les violentes bourrasques de vent, aucun gueux ne se risquait à sortir en laissant la moindre parcelle de peau à découvert.
Il n'y avait que l'helvète qui avançait paisiblement, la neige crépitant sous ses pas, son souffle chaud formant de la fumée balayait par un courant d'air. La nuit était encore présente, personne ne croiserait son chemin, encore moins le chemin menant à la lice du village en cette heure matinale, ou peut-être le Fol qui se moqua de lui une fois de trop, de lui, le Roy du Jargor, le chef craint et incontesté. Il avait déjà remis à sa place cet importun en lui entaillant la gorge, mais il continua ses pitreries, et une seule solution fut trouvée : un combat. Ainsi, ils verraient qui du Seigneur qui aboie et qui montre les crocs à la moindre occasion ou du Joyeux Luron qui détend l'atmosphère avait raison d'être ce qu'il est.
L'arène était en vue, couverte de son paradoxal manteau de neige blanche et de ténèbres noires. Le balafré pénétra dans l'enceinte du Colisée, jetant un regard circulaire dans l'endroit. Les gradins en bois étaient vides, le terrain central semblait être un rectangle sans fond donnant sur les profondeurs abyssales.
Froussard... murmura-t-il
Ces mots, il avait espéré les prononcer, car il savait que physiquement, il était plus faible que son comparse depuis sa disparition en Allemagne, et sa subite réapparition en Normandie, en guenille, le corps amincit ; mais il avait gardé son tempérament, et comptait bien arriver à son but, qui était de faire autant de ravages possibles de son vivant pour mourir épée à la main sur un champs de bataille, avant de siéger à la droite du Sans-Nom, plutôt que d'être une brebis de plus du Très-Haut.
Chaos joint ses mains devant sa bouche pour en amplifier les sons, et hurla dans la lice : Rix ! Viens t'battre si t'es couillu !
La seule réponse qu'il reçut était les échos doucement étouffés par le vent hivernal. Exaspéré par tant de lâcheté et soulagé de ne pas avoir à risquer sa vie alors qu'il était donné perdant, le balafré se retourna, toujours cet air sérieux sur le visage, et c'est là que le Fol lui répondit à sa façon...
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