Actarius
Longue et harassante avait été la route. Agressé sans relâche par un froid terrible, le détachement d'Oc avait progressé au plus vite et atteint Mâcon après bien des jours de voyage. A la tête de la prestigieuse lance languedocienne, qui comptait dans ses rangs, le Roy d'Armes et Pair de France, Sa Seigneurie Legueux d'Alanha, le Vicomte du Tournel. Le Languedoc avait laissé filer une mine sombre, un visage marqué par la fatigue et une douleur bien plus insupportable qu'une plaie béante dont le sang aurait giclé sans relâche. La perte de son deuxième fils quelques instants après sa venue au monde était devenue colère, rage. Puis, elle avait pris les contours de la détermination.
Combattre des hérétiques pour regagner les grasces divines. Car la mort d'un nouveau né ne pouvait qu'être une de ces justes punitions du Très-Haut. Seule la réponse au pourquoi manquait dans le cheminement réflexif du Mendois, mais cela importait peu au final. Il s'était à n'en pas douter attirer les foudres du ciel pour une chose ou une autre et cet acte quelqu'il fût l'avait privé d'un fils. Dame Fortune, dans l'infinie malice qu'on lui attribuait parfois, avait glissé peu après le drame une occasion en or de se remettre dans le droit chemin, et de s'amuser également. Oublier et tourner une page dans le sang d'hérétiques et helvétiques Genevois.
Au fil des chemins, Actarius avait retrouvé le sourire. Un sourire de façade d'abord, virilité oblige. Comment aurait-il pu faire preuve de faiblesse devant son épouse à peine remise physiquement de son accouchement ? Vint ensuite un sourire plus franc, plus profond, le rictus de la décontraction propre aux gens d'armes, à ceux qui ne vivaient que dans l'espoir de prendre part un jour à un juste et légitime combat. Bercé par des relents d'héroïsme que bien des esprits cyniques et chagrins, emplis de leur chimère de liberté ne pouvaient ou pire ne voulaient comprendre, l'appel n'avait pas laissé insensible le Coeur d'Oc. Et la perspective de poutrer du "Dedieu, Dedieu"... Oui, selon la légende les habitants du futur berceau du futur Rousseau se caractérisaient par une grande gueule et une arrogance terrible, mais également par cette expression nonchalante et délivrée la plupart du temps avec une telle suffisance. Bref, le croisé languedocien avait retrouvé de l'allant et de la bonne humeur plus il approchait du rassemblement. La compagnie de ses plus proches amis et de Toulousains fort sympathiques avait également participé de cette petite renaissance.
Le jour du départ pour Chalon, le Vicomte profita des préparatifs pour abandonner un instant son épouse et rejoindre Maxius. Il ne cherchait certes pas à mettre à l'épreuve la jalousie de son aimée, cela aurait été bien mal venu. Non, plusieurs questions pratiques le hantaient. Tandis qu'il approchait, il sentit le poids du regard noir de sa mie... un léger sourire naquit. Nanelle reprenait elle-aussi du poil de la bête. Le deuil, la douleur seraient peut-être toujours là, mais les ténèbres semblaient se dissiper. Ainsi fut interprété ce regain de jalousie inattendu. Le Seigneur ne fit mine de rien et s'adressa à la dame de Cunault et de Pena en Albigès de sa voix grave et douce.
Dòna, puis-je vous entretenir au sujet de notre arrivée à Chalon ?
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Combattre des hérétiques pour regagner les grasces divines. Car la mort d'un nouveau né ne pouvait qu'être une de ces justes punitions du Très-Haut. Seule la réponse au pourquoi manquait dans le cheminement réflexif du Mendois, mais cela importait peu au final. Il s'était à n'en pas douter attirer les foudres du ciel pour une chose ou une autre et cet acte quelqu'il fût l'avait privé d'un fils. Dame Fortune, dans l'infinie malice qu'on lui attribuait parfois, avait glissé peu après le drame une occasion en or de se remettre dans le droit chemin, et de s'amuser également. Oublier et tourner une page dans le sang d'hérétiques et helvétiques Genevois.
Au fil des chemins, Actarius avait retrouvé le sourire. Un sourire de façade d'abord, virilité oblige. Comment aurait-il pu faire preuve de faiblesse devant son épouse à peine remise physiquement de son accouchement ? Vint ensuite un sourire plus franc, plus profond, le rictus de la décontraction propre aux gens d'armes, à ceux qui ne vivaient que dans l'espoir de prendre part un jour à un juste et légitime combat. Bercé par des relents d'héroïsme que bien des esprits cyniques et chagrins, emplis de leur chimère de liberté ne pouvaient ou pire ne voulaient comprendre, l'appel n'avait pas laissé insensible le Coeur d'Oc. Et la perspective de poutrer du "Dedieu, Dedieu"... Oui, selon la légende les habitants du futur berceau du futur Rousseau se caractérisaient par une grande gueule et une arrogance terrible, mais également par cette expression nonchalante et délivrée la plupart du temps avec une telle suffisance. Bref, le croisé languedocien avait retrouvé de l'allant et de la bonne humeur plus il approchait du rassemblement. La compagnie de ses plus proches amis et de Toulousains fort sympathiques avait également participé de cette petite renaissance.
Le jour du départ pour Chalon, le Vicomte profita des préparatifs pour abandonner un instant son épouse et rejoindre Maxius. Il ne cherchait certes pas à mettre à l'épreuve la jalousie de son aimée, cela aurait été bien mal venu. Non, plusieurs questions pratiques le hantaient. Tandis qu'il approchait, il sentit le poids du regard noir de sa mie... un léger sourire naquit. Nanelle reprenait elle-aussi du poil de la bête. Le deuil, la douleur seraient peut-être toujours là, mais les ténèbres semblaient se dissiper. Ainsi fut interprété ce regain de jalousie inattendu. Le Seigneur ne fit mine de rien et s'adressa à la dame de Cunault et de Pena en Albigès de sa voix grave et douce.
Dòna, puis-je vous entretenir au sujet de notre arrivée à Chalon ?
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