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[RP] Le lac, l'ondine, l'intrus.

Milo
- Tu ne l'as pas dit, certes. Mais rien ne t'empêches de le penser, ou de le laisser transpirer dans tes gestes.

A priori. Lui se tait de nouveau, tout à sa cuisine. Qu'il aurait aimé avoir un peu plus d'ingrédients pour accompagner ce lapin. Quelques légumes, dont le mieux, quelques champignons. Des aromates, aussi. Mais n'étant pas un fin connaisseur, il n'aurait su dire s'il y en avait dans le coin. Après un nouveau silence, il se relève un peu pour saisir les bâtons, puis se retourne une fois de plus vers la jeune femme.

Accrochant au passage les éclats argentés, il penche la tête sur le côté, Azurs rivées une fois de plus en leur coeur. Face à face étrange, que celui qui voit un géant blond assis en tailleur, sans arme, face à une rouquine ceinte d'un bébé, une épée à portée de main. Tout deux silencieux, le blond cassant une fois de plus la trêve instaurée.

Ses yeux se posent sur l'enfant, endormi à présent. Un léger sourire en coin se dessine sur les lèvres du blond, alors que l'enfant dors d'un sommeil du juste. Qu'il en profite, la vie se chargera bien assez tôt de lui faire goûter son amertume. Lui se demande comment aurait été le sien. Garçon, fille ? Cheveux bruns, yeux bleus ? Cheveux blonds, yeux verts ? Aurait-il eu le défaut de son père, incapable de cligner d'un seul oeil ? Aurait-il eu le même grain de beauté que sa mère, un peu au dessus de sa lèvre supérieure ?

Eludant ce questionnement stérile, il tend les deux brochettes de sa dextre à la jeune veuve, les siennes dans sa senestre gantée. Juste avant d'en porter une à sa bouche, de souffler lentement dessus, troublant l'ascension du mince filet de fumée. Puis, de mordre dedans, savourant la chaleur de la viande contre son palais, le goût sauvage de la chair tendre, mêlée à celle piquante du bois. Se disant tout de même qu'une bonne tourte dégoulinante de jus lui aurait fait plus plaisir, mais il est rare d'avoir tout sous la main en pleine forêt.

En silence, Azurs toujours rivées dans les Hématites.
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Silencieuse, elle prit une des brochettes, et y mordit distraitement. Elle avait repris depuis peu de temps le goût de manger.
Le bébé se faisait plus lourd sur son bras, il dormait plus profondément.
Elle, elle avait détourné le regard. Les azurs fouillaient dans son âme, trop loin pour qu'elle puisse soutenir l'assaut.
Elle finit sa viande, savourant le plaisir simple du goût boisé su lapin.
Puis, se levant, elle tendit la brochette restante à l'homme.


Tiens. Je te remercie, mais je mange peu. Toi t'es grand, t'as besoin d'plus.

Et, lui tournant le dos, mouflet toujours endormi sur un bras et mérovingienne calée dans l'autre main, elle se dirigea vers son palefroi, et les vêtements qu'il n'avait, curieusement, pas tenté de mâchonner.
Posant le bébé, emmitouflé, entre les pieds du hongre, elle laissa glisser cape et couverture à ses pieds. Elle se fichait bien, maintenant, que l'homme la voie. Elle n'avait plus grand chose à cacher. Le tatouage bleu, au creux de son dos, soulevait parfois des questions. Elle les éludait d'un haussement d'épaules. Etait-ce de sa faute si les anciens symboles des prêtresses celtes mêlaient la lune à des entrelacs? De là à ce que l'on prenne celà pour la marque du Sans Nom...
Elle haussa machinalement les épaules. Comme si le blond avait réellement posé la question. Et tendit la main pour saisir sa robe de dessous.

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Milo
Son appétit est en tout point vorace à celui de l'enfant. Du moins... C'est ce qui serait, s'il avait eu autre chose que ce maigre lapin à se mettre sous la dent. Il baisse à son tour son regard lorsqu'elle détourne le sien, prenant machinalement la brochette tendue. Un léger sourire amusé sur ses lèvres, lorsque la raison de cette offrande est annoncée.

Frugal repas avalé aussi rapidement que le reste, os et bouts de bois jetés dans le feu, tandis que la rouquine se dirige vers son cheval, épée en main. Lui, il range consciencieusement ses affaires laissés à terre. Le briquet est rangé dans ses fontes, rejoint par les deux autres pommes qu'il mangera peut-être plus tard. La couverture, roulée puis attachée une première fois à la selle. Le bouchon de l'outre, ôté de nouveau, tandis qu'il se rince le gosier, faisant couler un peu d'eau sur son menton, qui goutte sur sa chemise, avant de la reboucher et de rejoindre son briquet. Et, un geste qui n'est pas nécessaire, mais pour lui prouver qu'il ne l'oublie pas, sa main gauche caresse distraitement le chanfrein de son alezan.

Ce n'est que lorsqu'il se retourne pour voir si la veuve est déjà partie qu'il le voit, sur son corps nu. Un tatouage, au creux du dos. Bleu, s'accordant presque parfaitement avec la chevelure rousse. Un entrelacs de feuilles d'arbres, à ce qu'il peut en deviner. Lentement, il s'avance, captivé par le symbole, comme doué d'une vie propre chaque fois que la jeune femme esquisse un mouvement.

Il s'arrête à quelques centimètres d'elle, dans son dos. La toisant de toute sa hauteur, mais il se veut rassurant. Si proche que ses fragrances reviennent assaillir une fois de plus son nez, qu'il peut sentir la faible chaleur se dégageant de son corps. Ayant pris soin de se mettre à l'opposé de l'enfant, du côté de l'arme. Car même s'il n'est pas dangereux, la rouquine peut interpréter, à juste titre, chacun de ses mouvements comme hostile.

Sa dextre vient effleurer le symbole, caresse légère suivant les contours bleutés, Azurs captivées par cet étrange tatouage, et plus encore, par sa porteuse. Qui est-elle ? Quelle est sa vie ? Que lui a-t-on a infligé, en dehors de son veuvage, pour qu'elle ai érigé cette forteresse inébranlable ? Toutes ces questions, il les pose silencieusement à ce tatouage qu'il dépeint sous ses doigts, comme s'il voulait sentir la moindre vibration émanant de son être, le moindre changement, le moindre frisson, le moindre grain de peau, la moindre fibre de son être respirer et bouger.

Conscient qu'elle peut le transpercer d'un seul mouvement du bras, d'une seule envie. Que tout irait très vite. Mais il n'en a cure, et laisse ses doigts sillonner sur sa peau, délicatement.
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Haletante.

Elle l'a senti s'approcher, si près, si près mais sans la toucher, d'abord. La présence du géant dans son dos, dangereusement attirant. Et l'air, entre eux deux, presque solide.
Sa main s'est crispée sur le tissu écru quand l'index a effleuré le tracé bleuté. Mais elle ne bougea pas. L'épée, molle, au bout de son bras, pourrait trancher dans le vif pour mettre un terme à cette rencontre. Le blond le sait, il s'est volontairement positionné de ce coté. S'offrant, à nouveau, à la mort qu'elle semblait trainer avec elle.
Les doigts parcourent le dessin, comme un souffle. Un souffle brulant. Sous le toucher délicat, la peau vibre, tressaille, frissonne. La rousse, elle, est parfaitement immobile. La main toujours refermée sur son vêtement, appuyée sur le dos du cheval.

Elle n'est plus que sensations. Incapable d'analyser les évènements, elle ne vit qu'à travers ce que son corps ressent. L'odeur de l'homme, virile, animale, dominante, en totale contradiction avec la douceur de ses doigts sur sa peau. Ce tracé, délicat, du dessin au bas de son dos. La pulpe de l'index, comme interrogatrice, quémandant des réponses. Quelles réponses? Et son souffle à elle, court, haletant, la tension de son corps qu'elle offre à un contact pour la première fois depuis si longtemps.

Elle ferme les yeux.

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Milo
Ses doigts courent toujours sur sa peau, attentifs et réceptifs aux moindres réponses données. Chaque pression se transforme en murmures rassurants, tandis que ses les éclats bleutés ne peuvent se détacher de la courbe de son dos. Lui-même, la respiration courte, ne peut empêcher sa main de la découvrir. Subjugué par ce symbole, et plus encore par les frémissements qui agitent chaque fibre de son corps

Et les questions, de nouveau, l'assaillent. Il se rend compte avec appréhension que le fait de songer à son départ forme une boule d'angoisse au creux de son ventre, lui vrillant l'estomac. Il n'a pas envie de la voir s'en aller, pour des raisons qu'il ignore. Alors, à regret, sa main quitte son dos pour venir reposer contre son flanc, inerte. Emportant avec elle ce symbole, gravé non seulement dans sa chair mais aussi au plus profond de ses yeux.

Les Azurs se ferment un instant, hésitantes. Fuir serait la solution la plus sage. Beaucoup plus pour elle que pour lui. Il n'est pas salaud, du moins veut-il le croire. Il se mord violemment la lèvre, pris entre deux feux. Partir, la laisser seule, reprendre le cours de sa promenade comme s'il ne l'a jamais vu, oublier cette douleur en son sein et l'oublier elle. Ou bien rester, et accepter toutes les possibilités, quelles qu'elles soient.

Le coeur battant à tout rompre, légèrement vacillant, il pose sa main gauche sur le dos du destrier, non loin de celle de la jeune femme. Autant pour se retenir que pour... Que pour quoi ? Sentir sa main contre la sienne ? L'aider à prendre le tissu et la forcer à le remettre ? Pour l'empêcher de la faire souffrir, en trouvant la présence terre à terre du destrier ? Mais pourquoi ne pas regarder l'enfant endormi en ce cas ?

Un tremblement agite ses épaules, involontairement. Se maudissant d'être si faible. Il ne peut pas, il ne faut pas. Pourtant... Pourtant sa respiration devient de plus en plus courte. Pourtant son coeur explose à chaque battement dans sa poitrine. Pourtant son odeur l'enivre, alors qu'il tente de se faire une raison.

Et sa dextre, gardienne du symbole, de venir effleurer son bras pour venir se refermer sur la main contenant l'arme, tandis qu'il se penche sur son épaule, les fragrances d'épices, de miel et de vin décuplées par leur proximité. Là, tout contre son oreille, sa voix profonde de basse, légèrement timide, vient briser le silence instauré entre eux, dans un murmure rauque, Azurs fixant un point invisible.


- Tu peux déposer les armes, belle ondine... Je m'en irais si tu me le demande, sans te faire de mal...
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[La vue]

Ses yeux sont clos.
Elle laisse l'homme, lentement, découvrir le dessin dans son dos. S'en imprégner. Il prend son temps. Traçant, encore et encore, la ligne bleutée, le contour du croissant de lune, esquissant les feuillages. Hésitante. Rassurante. Perplexe. Elle sentait les émotions filtrer à travers le léger contact.

Il s'arrête. La main l'abandonne, et va se perdre elle ne sait où, elle n'a pas réouvert les yeux. Il tremble. Elle le sent frémir, derrière elle. Pourquoi?
Son souffle s'est accéléré. Elle l'entend. Elle le sent, aussi. La caresse de l'exhalaison, sur son épaule, la fait frémir. La tend. L'angoisse, mais la saisit au ventre. Y réveillant une chaleur qu'elle ne se connaissait plus, ou presque. Il souffle sur les braises. Elle retient le sien.

Le tissus de sa robe de dessous, sur le dos du palefroi, se tend. Il a posé sa main, tout près. Très près, à la frôler. La frôler, mais pas la toucher.
Elle expire lentement, brusquement consciente de son apnée. La chemise de l'homme, poussée par le vent, effleure son bras nu, lui arrachant un frisson. Elle déglutit, péniblement, la gorge nouée, les sons bloqués. Elle ne sait plus bouger.

Elle ne sait plus, jusqu'au frémissement, provoqué par la lente glissade de la dextre sur son bras, jusqu'à sa main, jusqu'à ce que cette main se referme sur la sienne. Jusqu'à ce souffle, cette voix, chaude, contre son oreille, contre son cou, qui lui arrachent un infime gémissement de surprise. Les lèvres entrouvertes goûtent à l'haleine, acidulée, chargée de l'odeur de la pomme et du lapin partagés.

Et, lentement, elle bouge. La gauche, d'abord, tâtonnant à la recherche du fourreau vide, sur le dos du hongre. La droite, ensuite, avec douceur, emportant celle du blond dans son mouvement. Avec une infinie délicatesse, la mérovingienne retourne à sa place.
Le bras en travers du ventre, pressé entre ce dernier et le bras du blond, la main toujours crispée sur le pommeau de l'épée qu'elle a rangé, c'est un souffle qui lui échappe.
Chuchotis étranglé d'angoisse, de désir, et de honte de désirer, étouffé par la culpabilité de cette chaleur qui grandit.
Elle tremble, de tout son corps, quand le désir fuse :


Ne pars pas...
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Milo
Azurs fermées, il ne bouge plus. Déglutir devient difficile, il se passe la langue sur les lèvres avant d'expirer lentement. Sa respiration est saccadée, en rythme avec les pulsations de son coeur. Attendant dans une angoisse sourde la réponse. N'osant faire le moindre geste, préférant rester dans le doute que de savoir la vérité.

Ses yeux se rouvrent lorsqu'elle bouge, observant d'un air craintif les mouvements. La senestre se retrouve orpheline alors qu'elle déplace sa main, tandis que sa dextre, épousant sa jumelle, suit le mouvement lorsque l'épée est remise au fourreau. Tendant l'oreille lorsque sa voix chuchote sa réponse.

Incertain de ses paroles, malgré ses tremblements, ce n'est qu'après quelques instants qu'il comble les quelques centimètres le séparant du corps de la rouquine. Sa main liée à la sienne glisse le long du fourreau, pour s'immiscer entre lui et son ventre, l'attirant contre lui, afin d'apaiser ses tremblements. Sa main gauche quitte le dos de l'étalon pour venir entourer son épaule droite, la serrant doucement.

Ses lèvres restent près de son oreille, n'osant croire à ses paroles, qui pourtant, sont bien réelles. Tout comme les frissons qui lui parcourent l'échine, tout comme cette angoisse chassée à petit coup par la chaleur qui imprègne son ventre. Et lui s'imprègne d'elle, pour n'en oublier rien, pour être sûr qu'il ne rêve pas, de son corps, la douceur de sa peau, son odeur.


- Je reste...

Sa voix à lui se brise sur ce dernier mot, étreint par une émotion inédite. Un mélange de culpabilité, de soulagement, de désir grandissant et de honte. Alors seulement, sa dextre quitte son emplacement douillet pour venir soustraire les doigts de leur jumelle au pommeau. Et les lier ensemble, paume protectrice recouvrant entièrement celle de la jeune femme.

Protectrice tout comme l'attitude du géant. Il n'ose faire plus pour laisser la veuve libre de ses choix, pour lui montrer que quoi qu'il arrive, il ne lui fera pas de mal, ni ne l'influencera. Ne pas rompre la trêve instaurée plus tôt. Seules ses lèvres se poseront sur sa joue, avec tendresse. Le corps imposant, réchauffé par les faibles rayons du soleil, frémissant à son tour.
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[le tact]

Elle ne bouge plus.
A nouveau, le corps est immobile. Emprisonné, entre les bras du géant. Protégé. Pressée contre lui, elle sent chacun de ses tremblements. Elle tremble aussi. Le corps luttant contre l'esprit. L'esprit fatigué, recru de luttes acharnées contre lui même, bataillant toujours. Impossible. Possible. Céder. Ne pas céder. Et la chaleur qui grandit dans son ventre, appelant, des tréfonds de sa mémoire, le souvenirs de gestes, de mouvements. La recherche de l'apaisement.

Elle ne bouge plus, la main entrelacée dans la sienne. Elle n'ose pas bouger. Elle ne sait plus comment faire. Le désir, la culpabilité, l'envie, la honte, le corps, l'esprit. Tout est trop inextricablement mêlé pour qu'elle ose bouger.
Le désir, cette chaleur qui l'envahit, percée d'aiguillons brûlants. La culpabilité, de s'abandonner. De n'être plus sa veuve. D'arrêter de se punir de n'avoir su l'aimer avant sa mort.
L'envie, sourde, languide, de céder au désir, de refouler la culpabilité, de se donner. De s'assouvir. La honte, les joues empourprées, à ses pensées qui se bousculent. Quel goût à la peau du blond? Comment la touchera-t-il si elle cède?
Le corps. Il y a si longtemps que son corps n'est plus qu'une simple enveloppe pour son esprit. Le plaisir, elle se l'interdisait.
L'esprit. L'esprit dirigeait le tout. Rationalisait. Pesait les pour, les contres, faisait des comptes d'apothicaire, comptait les points. Luttait contre ce corps qui voulait s'abandonner.

Un souffle sur son cou. Sur sa joue, où s'égarèrent les lèvres du géant.
Elle tourna la tête, arquant le cou, pour lui offrir les siennes.
L'esprit avait cédé.

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Milo
Il la serre plus fort contre lui, alors que les tremblements se font plus violents. De peur de la voir s'effondrer, peut-être. Petite femme fragile entre ses doigts, qui semble pouvoir se briser au moindre souffle de vent davantage fort que les autres. Et il le sent, son combat intérieur. Le même qui le ronge. Mais pas pour lui. Pour elle. Parce qu'il ne veut pas qu'elle regrette son geste. Qu'elle culpabilise pour ce qu'ils font.

Il se demande s'il doit continuer, ou s'arrêter. Le doute l'envahit, tandis que la jeune femme se bat contre ses propres démons. Il peut la protéger, ça oui. Mais pas contre elle-même. Pas dans les affres inaccessibles de l'extérieur. Alors, il l'étreint plus fort, mais délicatement. A la fois pour lui servir de point d'appui, et pour lui montrer une fois encore qu'il n'est pas là pour la briser.

Les Azurs s'emplissent de surprise lorsqu'elle s'offre à lui, le cou arqué. Surpris, hébété, et un peu rougissant. Comme un puceau devant son premier baiser, sauf qu'il n'est pas novice en la matière, loin de là. En revanche, touché par sa confiance...

Alors il prend l'offrande, penché sur elle, avec tendresse, sans rien demander en retour. Se liant à elle, goûtant l'haleine plus sucrée que la sienne, rendue sauvage par le lapin avalé plus tôt. Avec, en arrière goût, un autre arôme. Plus profond, plus caché. Qui ressemble à celui de sa peau. Ce mélange enivrant d'épices, de miel et de vin. Son palpitant cognant tellement qu'il se demande avec amusement si elle peut l'entendre, dans le silence qui les entoure, uniquement troublé par leur souffle, la respiration de l'animal.

Sa senestre quitte son épaule pour venir se poser sur son ventre, ignorant le fourreau qui cliquète contre elle. Immobile, elle se veut apaisante, rassurante. Tandis que son baiser se fait le plus délicat possible.
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[L'odorat]

Lentement, alors que leurs souffles se mêlent, elle ouvre les yeux. Le regard gris se plonge dans l'azur, et s'y noie, à la recherche de réponses. Pourquoi toi? Pourquoi ici, pourquoi maintenant?
Et, plus douloureuse encore, pourquoi moi?

Elle avait cédé. Et du plus profond d'elle même, des vagues de joie sauvage accueillaient cette reddition. La joie se reflétait dans ses yeux. La joie et le désir, violent, sourd, animal. L'esprit avait cédé, elle n'était plus que sens.
La sénestre gantée vient se poser sur son ventre, avec légèreté. Elle la recouvre de sa main gauche, rassurante, comme pour dire "oui, tu peux, je t'autorise, j'ai envie de ce contact", avant de remonter, légèrement, le long de l'avant bras. Effleurant la chemise, frôlant le tissus, hésitante. Cela fait si longtemps. Si longtemps qu'elle n'a pas laissé un homme la toucher. Que son corps n'était que le domaine privilégié de son fils, qu'elle nourrissait, ou simplement le réceptacle de son âme amputée par le deuil.
La main finit son ascension et finit par se perdre dans le cou du blond, alors que leurs souffles se mêlaient encore.

Elle se laissait aller. De tout son poids, contre le corps du géant. Sentir son torse, contre son dos, ses hanches, ses bras puissants refermés sur elle.
Les yeux dans les yeux, toujours, et ne pas rompre se contact. Alors que lentement, le désir montait, enflait, et se révélait dans les hématites.
Regard avide, regard perdu, regard embarrassé, regard brulant, regard noyé. Elle avait ouvert les reflets de son âme aux Azurs, elle le laisserait en découvrir la moindre parcelle.

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Milo
Azurs contre Hématites. Bleu contre gris. Blond contre Roux. Elle contre lui.

Des questions plein les yeux. Brillantes comme de petites étoiles dans le firmament. Il ne peut y répondre. Pas encore. Peut-être jamais, à dire vrai. Toutes peuvent se résumer en un pourquoi. Les réponses peuvent se résumer en un parce que. Mais jamais sans connaître le pourquoi du comment. Alchimie étrange que celle qui veut que deux corps s'unissent sans que la raison en comprenne... la raison.

Et là, perdu dans ses éclats aciers, il laisse à son tour ses yeux refléter ce que les mots ne peuvent exprimer. Son désir. Sa tendresse. Sa reconnaissance. Son honneur. Honneur pour lui faire confiance, lui, qui, malgré ses faux-airs de mercenaires, ne souhaite en aucun cas la blesser. Lui qui ne veut rien d'autre que l'aider.

La profondeur des émotions qui émanent de son regard le laisse plus pantelant encore lorsqu'elle rompt son immobilité, et le découvre. Lentement, avec timidité. Et lui reste ainsi, plongé au plus profond de son être, souffle mêlé. La protégeant davantage lorsqu'elle se remet entièrement à lui. Rougissant légèrement du désir qu'il peut apercevoir dans les lueurs aciers, égal au sien.

Pourtant... Il prend son temps. Encore une fois, ne pas la brusquer. Elle qui est plus fragile et plus vulnérable qu'une biche. L'apprivoiser, petit à petit. Sa main gauche trace de léger sillons sur sa peau, réactive aux moindres frissons, conscient de la froideur du cuir à l'extérieur, alors que ses doigts sont bouillants à l'intérieur. Même la douleur qui l'habitude continuellement est apaisée. Ou plutôt, il n'y prête plus guère attention.

Sa main droite serre plus fort sa jumelle, caressant l'intérieur de sa paume. Ses lèvres de caresser sa peau, parfois, avant de revenir se river aux siennes. La sienne de vibrer sous ses doigts. Et sa langue de venir goûter son essence, par à coup. Exploratrice timide, un peu téméraire et joueuse, attendant de voir jusqu'où elle peut aller, dans cette position peu confortable, qui les veut contorsionnistes. Pourtant, il ne rompt pas le contact. Il la laisse devenir maîtresse d'oeuvre, car lui n'a plus besoin d'apaiser son esprit.

Alors, Azurs toujours rivées dans les Hématites, il la laisse à son tour accéder aux tréfonds de son âme.
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Son âme s'ouvre aussi, et elle y plonge sans vergogne. Les regards sont liés, alors que les bouches se cherchent, s'explorent, se goûtent. Elle reste adossée à lui, pour sentir frémir, dans son dos, le corps du géant, tandis que du bout des doigts, elle part à la découverte de son cou.

Elle ferme les yeux, un instant, quand la main gantée esquisse des dessins sur son ventre. Le contact du cuir, différent, la surprend. Agréable. doux. Frais. Se replonger, vite, dans l'océan qui la regarde.
Le souffle court. Et le désir, toujours, montant par vagues à l'assaut de son corps, jusqu'à l'envahir, jusqu'à ce qu'elle en tremble.
Elle se laissa aller un peu plus lourdement contre lui, lui offrant un instant sa gorge, pressant vivement les doigts de la dextre entre les siens.

Puis, lentement, elle dénoua les mains jumelées, et, ne lâchant pas les Azurs des yeux, avec une infinie prudence, elle se tourna entre ses bras.
A nouveau, l'hésitation. Le souffle court. Le cœur battant si vite. Trop vite?
Peu importait. La raison avait été jetée aux orties. Rien n'existait. Rien d'autre que leurs souffles irréguliers, que leurs cœurs battants à l'unisson.
La main gauche glissa du cou le long du bras, effleurant les muscles, jusqu'à la main aux doigts blessés, auxquels elle s'entremêla.
Et, timidement, elle recula d'un pas. Offrant son corps aux Azurs. Regard baissé, détourné. Gêné de ce corps qui malgré sa jeunesse portait les traces de son vécu. De son ventre qui avait porté un enfant, avant de se creuser, quand elle oubliait de manger, après son veuvage. De ses seins, lourds de lait, dont elle avait oublié qu'il puissent un jour être à nouveau des objets de désir et non de nutrition.
Elle réprima un frisson. Non de froid, mais d'angoisse.

Le ventre noué, de la peur de son rejet, et du désir qu'elle avait de lui, elle releva lentement le visage, lui offrant à nouveau les secrets de son âme, pour, un instant plus tard, rougissante, replonger vers le sol. Insoutenable. Son regard la cuisait.
Tremblante, elle attendait. Qu'il fasse un geste, n'importe lequel. Qu'il la touche, ou qu'il la repousse, dégouté.

Elle, elle restait debout face à lui, en offrande, le visage à demi dissimulé par les longues mèches rousses que le vent rabattait devant elle.
Les yeux obstinément fixés sur ses orteils.

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Milo
De longs frissons lui parcourent la nuque lorsqu'elle se met à effleurer celle-ci du bout des doigts tandis qu'ils se goûtent mutuellement. Tremblements accentués par la légère bise qui les entoure, et se mu en délicieuse torture. Et ses lèvres, de sonder un instant son cou juste avant qu'elle ne se retourne, et recule d'un pas.

Il tente de s'accrocher à ses prunelles, mais elle le fuit. Pour des raisons qu'il ignore sur l'instant, juste avant qu'elle ne lui jette de nouveau un regard en coin. La raison s'impose à lui comme une évidence, elle a peur. Lui croit qu'elle a peur du mal qu'il pourrait lui faire, pas du dégoût inexistant qu'elle pourrait lui inspirer. Et de la savoir frémissante d'effroi à l'idée qu'il puisse la toucher broie son palpitant comme jamais il n'aurait cru possible.

A lui en couper le souffle, à lui avaler l'air à grande goulées. Peut-être a-t-il été trop entreprenant, peut-être son approche n'est-elle pas la bonne ? Aussi, lorsqu'elle baisse de nouveau les yeux, face à lui, le visage dissimulé par ses mèches rousses, il ne sait que faire.

Il reste un long moment à la contempler, à observer chaque courbe, gracieuse à ses yeux, de son corps, se méprenant sur l'objet de cette fuite. Doucement, il détache ses doigts des siens pour finir par combler la distance qui le sépare de Grani, détachant dans des mouvements précipités la seconde couverture. Elle lui a bien fait comprendre qu'elle n'avait jamais froid mais... Ce geste lui laisse un instant de répit, pour réfléchir à la suite. Ne coupant pas son désir pour elle. Bien au contraire. Le décuplant d'une étrange manière.

Le géant revient vers la jeune femme, déplie la couverture et la dépose sur ses épaules, en profitant pour glisser sa main droite sur sa nuque et l'attirer contre lui. La bordant comme tout à l'heure, mais avec d'infinies précautions. Le blond reste un long moment à la serrer ainsi, joue posée contre sa tête, sa main gantée s'immisçant sous la couverture, exerçant une pression ferme dans son dos, pour la maintenir contre lui. De peur qu'elle ne s'échappe, que tout se brise. De rester pantelant de hantise.

Alors, lentement, tandis que sa senestre vient croquer le symbole de son dos, sa dextre lui relève le menton, en douceur, avant de plonger dans la chevelure rousse et de frôler chacune des courbes de son visage. Un coeur Azur trop emballé, sincère, protecteur, timide, désireux aussi, plonge de nouveau dans les Hématites. Ses lèvres dessinent son front, le contour d'une pommette, pour finir par se perdre contre les siennes, profondément, et accrocher son regard, afin de la rassurer. Tout en murmurant d'une voix rendue rauque par l'émotion, et par ses propres tremblements, au diapason avec les siens.


- Je ne te ferais pas de mal...

Et sa bouche de continuer à l'explorer, avec la plus infinie tendresse, pour lui prouver qu'il ne ment pas. Corps du géant englobant presque entièrement celui de la rouquine, dans cette attitude protectrice qu'est devenue la sienne.
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Il se détache. Il recule. Il va vers son cheval. Il s'en va.
Elle le savait. Elle a trop brutalisé son corps pour être désirable et... Il détache une couverture, il revient. Il l'enlace, la protégeant du froid qu'elle ne ressent pas.
Il l'attire, la main gantée de cuir vient se poser au creux de son dos pour la plaquer contre lui, alors que l'autre se pose sur sa nuque. Il la maintient. Elle se laisser aller.

Incapable d'effectuer un seul geste, elle laisse son corps reposer contre celui du géant, les deux mains posées à plat sur son torse.
Doucement, le cuir effleure son dos, suivant avec une remarquable précision les contours du tatouage bleu. Il lui relève le menton, et la dextre plonge dans sa chevelure alors que ses lèvres douces viennent papillonner sur son visage. Les yeux clos, elle se tend vers lui.
Et le murmure, à nouveau, le souffle chaud, rauque, contre son oreille. Il ne lui fera pas de mal. Il le dit. Elle le sait. Un sourire, le premier, s'ébauche.


Je sais...

Oui, elle le sait. Elle le sent. En chacun de ses geste transpire la volonté de la protéger. D'être doux. Dans la manière dont il l'enserre, dans la douceur de la main dessinatrice sur son dos, dans la légèreté de ses lèvres sur son visage levé vers lui.

Et à nouveau, une vague de désir, violente, vient déchirer son ventre. Elle veut goûter sa peau, elle tire sur les pans de la chemise, glisse ses mains dessous alors qu'à nouveau, la couverture tombe au sol.
Du bout des doigts, elle explore la douceur du ventre, y prenant appui d'une main pour se hisser sur la pointe des pieds, à la rencontre de ses lèvres, de son cou, croquer son menton, et à nouveau, les lèvres douces, la langue exploratrice. Le ventre en flammes.

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Milo
Une bouffée de désir lui vrille le ventre lorsqu'elle se repose une nouvelle fois sur lui. Il se demande, perdu dans le camaïeu de ses yeux, si elle sait ce qu'elle provoque chez lui. Si elle le devine, alors qu'il lui ouvre son âme. Si, parmi les éclats bleutés, elle peut voir qu'il est intimidé. Autant par la confiance qu'elle place en lui que par l'image qu'il peut lui renvoyer. Petit bout de femme perdue, fragile et forte à la fois, téméraire et craintive, qui cherche des réponses qu'il n'est pas sûr de pouvoir lui fournir.

Ho, cela ne lui arrive guère souvent, de se sentir tout petit. Les occasions doivent se compter sur les doigts de la main, où il a l'impression de retomber en enfance, lorsqu'il a fait une bêtise, devant le regard mi-bienveillant, mi-réprobateur des adultes. La seule personne qui a réussi ce tour de force jusqu'à présent, c'est Ilmarin.

Les éclats gris se cachent de lui lorsque sa voix s'élève pour venir apaiser sa crainte. Celle qu'il a de la voir fuir, de lui faire mal, par mégarde.

Il ferme à son tour les yeux lorsqu'elle extirpe les pans de sa chemise de son pantalon, et glisse ses doigts sur son torse, effleurant au passage cette large rivière légèrement argentée comme si elle bouillonnait. Il se laisse découvrir, le corps parcouru de délicieux tremblements. Dans son dos, sa main gantée esquisse toujours le symbole, déviant parfois sa course pour suivre la ligne imposée par sa colonne vertébrale.

Azurs qui éclosent et viennent s'offrir aux Hématites, une fois encore, emplies de passion, juste avant que ses lèvres taquines ne viennent lui mordiller le lobe d'une oreille, ébaucher le contour de de sa mâchoire, croquer la naissance de son cou, dessiner le galbe de son épaule. Poussant un léger soupir en se laissant enivrer par l'arôme délicat du miel épicé qu'elle dégage, qui le rend fou d'envie.

Ce désir, il a grand mal à le contenir. Celui de prendre possession d'elle, de la sentir frémir comme s'il s'agissait de son propre corps, d'assouvir ce feu qui le ronge petit à petit. Bestial, sauvage, avide. Pourtant, il parvient à garder la main sur la bonde. Promesse qu'il se fait depuis le début. Apprivoiser la jeune femme. Mais surtout... La laisser maîtresse d'œuvre.

Alors, le nez enfoui dans son cou, sa langue goûtant sa peau, la seule chose qu'il s'autorise, est de glisser sa dextre dans son dos, tâtonnant à la recherche des lanières de cuir maintenant sa senestre, pour l'ôter et la jeter à terre, en direction de ce qu'il devine être la couverture. Et ses mains brûlantes de se poser au creux de ses reins, la plaquant davantage contre lui.
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