Terwagne
Cela faisait à présent près de deux tours d'horloge qu'elle tournait et retournait la missive dans ses mains, passant et repassant son regard sur les courbes encrées, sans réussir ni à comprendre pourquoi cette missive lui avait été adressée à elle, ni à se décider sur que faire, ou plutôt comment le faire.
Citation:
Bonjour Dame,
Si mon messager à fait son travail comme demandé, vous devriez recevoir cette lettre après ma mort.
Si mon messager à fait son travail comme demandé, vous devriez recevoir cette lettre après ma mort.
Pourquoi les derniers mots qu'une femme qu'elle ne connaissait pas, ou si peu, qu'elle n'avait rencontré qu'une seule fois - lors d'une fête où elle avait été invitée sans doute plus par politesse qu'autre chose - lui étaient-ils adressés à elle?
Pourquoi, au moment de rendre son dernier souffle, cette femme avait-elle confié un de ses biens les plus précieux sur cette terre à une inconnue, lui accordant par là une confiance sans nom, que personne jusqu'à aujourd'hui n'avait placée en elle?
Terwagne était à la fois perplexe, émue, mais aussi plongée dans le souvenir de certains des mots qu'elle avait prononcés dans la salle de réunion de l'Alliance Pour le Dauphiné, à l'égard de cette femme, à peine quelques heures avant de voir les dernières lignes écrites de sa main lui être remises...
Oh, les phrases et la colère qu'elle avait déversées dans les murs de leur parti, elle ne les regrettait pas vraiment, non, puisqu'elle les avait bien réfléchies avant de les exprimer... C'était juste sa réaction à elle face à un lavage de linge sale en place publique d'une femme éconduite qui tentait de se venger d'un jeune homme qui l'avait séduite, un spectacle qu'elle avait trouvé aberrant et scandaleux de la part d'un membre d'un groupe par rapport à un autre membre de ce même groupe, un scandale dont elle regrettait qu'il entache non seulement les valeurs de la noblesse, de l'OST, mais aussi celles de l'APD.
Alors oui, pour la première fois depuis son arrivée en Lyonnais-Dauphiné, la Tempête avait élevé la voix, avait dit tout haut et sans mettre de gants ce qu'elle pensait, se moquant éperdument de l'effet que cela aurait sur l'image que l'on avait d'elle, avec le simple besoin de laisser s'échapper sa colère avec franchise.
Quoi qu'il en soit, ces mots elle n'avait pas eu l'heure de les prononcer en présence de celle à qui ils étaient directement adressés, puisque celle-ci n'était pas présente à l'APD ce jour-là, contrairement à ce que Terwagne avait espéré en entrant. Etrange.
Etrange, oui, mais pourtant à aucun instant la Dame de Thauvenay n'aurait pu se douter qu'alors qu'elle était en train de s'exprimer dans ces lieux, la responsable de son soulèvement s'apprêtait à mettre fin à ses jours, et encore moins qu'au moment de le faire, c'était à elle qu'elle avait décidé de confier un de ses plus grands espoirs, une de ses plus grandes fiertés de femme...
Lavoyageuse l'estimait-elle donc à ce point sans même la connaitre? Non, cela ne tenait pas debout.
Mais bien plus que ces questions sur le pourquoi cette immense preuve de confiance, Terwagne pensait surtout à ce geste que la Vicomtesse de St Priest avait commis, le même geste qu'elle-même avait voulu faire quelques semaines plus tôt mais dont le Vicomte d'Ancelle l'avait sauvée...
Walan...
Lavoyageuse et lui avaient été proches par le passé, il le lui avait confié... Comment prendrait-il cette mort? Comment l'apprendrait-il? Le savait-il déjà? Lui avait-elle écrit une dernière lettre à lui aussi?
Si il n'y avait pas eu en elle cette peur de le croiser depuis sa tentative d'empoisonnement, Terwagne serait sortie de la chambre qu'il avait mise à sa disposition, dans son domaine, afin d'aller lui parler de cette étrange missive, mais la peur était là, et elle n'y parvint pas...
Alors elle continua à réfléchir, non plus sur ce qu'elle allait donner comme suite à cette lettre, sachant très bien au fond d'elle-même qu'elle réaliserait de son mieux ce "testament spirituel", espérant qu'elle en serait à la hauteur, mais sur comment s'y prendre, là tout de suite.
Au bout d'un long moment, elle su... Elle su que le mieux qu'elle pouvait faire était sans aucun doute de réagir avec son coeur, ses doutes, et puis sa plume...
Elle écrivit à _Aramis_, une lettre très brève, remplie de silence, mais surtout représentant sa main tendue.
Citation:
Cher Aramis,
Je ne peux que supposer l'état dans lequel vous trouvera cette lettre lorsqu'elle vous parviendra, et prie de tout mon coeur pour que vous ayez tout de même la force de la lire.
Je ne vous y dirais pas grand chose, les mots me manquant, juste que celle qui vient de vous quitter m'a confié ce qui sans doute était sa dernière volonté sur cette terre, et que je voudrais vraiment la réaliser.
Si vous en avez la force et le courage, je préfèrerais vous en parler de vive voix que par l'intermédiaire de ce vélin. Votre heure et votre lieu seront les miens.
Avec toute mon affection,
Terwagne
Je ne peux que supposer l'état dans lequel vous trouvera cette lettre lorsqu'elle vous parviendra, et prie de tout mon coeur pour que vous ayez tout de même la force de la lire.
Je ne vous y dirais pas grand chose, les mots me manquant, juste que celle qui vient de vous quitter m'a confié ce qui sans doute était sa dernière volonté sur cette terre, et que je voudrais vraiment la réaliser.
Si vous en avez la force et le courage, je préfèrerais vous en parler de vive voix que par l'intermédiaire de ce vélin. Votre heure et votre lieu seront les miens.
Avec toute mon affection,
Terwagne
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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois