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[RP] Cavalcade hivernale.

Valezy
Quelle ne fut pas sa surprise quand, au lieu de la voix nasillarde et irritante de Gaspard, se fut un timbre des plus féminins et envoutant qui lui répondit alors tout en déclamant un bien sombre présage…

Capitaine!!!!!!!!!!!!! Au secours! ! On m’assassine!

Cette voix… Il ne pouvait que la reconnaître… Johanara… Sa connétable. Mais que pouvait-il donc bien se passer en contre bas, nom de dieu ?
Valezy eut alors tôt fait de conclure qu’il n’y avait qu’un seul et unique moyen de découvrir réponse à cette question. Aussi, tout en regardant la pente menaçante et verglacée qui se présentait à lui tout en zigzagant entre les roches et les arbres, le Capitaine prit une profonde inspiration avant de s’élancer droit devant lui.

Il garda alors un souvenir confus de sa vertigineuse descente. Si ce n’était la vitesse qui ne cessait de croître, les frondaisons des arbres qui baignaient son parcours dans d’insipides ténèbres, des formes indéfinissables, aussi, qui le frappaient de plein fouet sur ses flancs.
Puis, enfin… La lumière…
Une pensée traversa alors son esprit, debout… Je suis encore debout… Si ce n’est pas la grande classe de…
Mais il n’eut guère le temps d’aller plus avant dans son excès d’orgueil qu’il sentit, alors, une plaque de verglas sous sa botte et cette dernière eut tôt fait de ramener de force Valezy sur la terre ferme… Au sens figuré, certes… Mais aussi au sens propre. Et c’est ainsi que l’homme acheva sa course folle, d’une manière bien peu gracieuse.

Un soupire… Ou plutôt un grognement… Toute colère l’avait finalement quittée lors de sa malencontreuse descente, mais pour faire place, cette fois-ci à une rage froide. Une seule chose pouvait le soulager quand il était ainsi…

Et se fut avec cette idée en tête que le Seigneur de Magnet se releva, tout en laissant tomber sa cape de fourrure qui, jusque là, l’avait toujours enveloppée et grand bien lui en fit, car cela lui évita ainsi de paraître pour un vulgaire aventurier aux habits usés et écorchés… Et là aurait été bien la seule et unique chose qui aurait pu accroitre encore plus sa haine.

Son regard balaya le paysage, analysant, par la même, la situation… Le terrain était plat et stable, quoi de plus logique pour une route ? A sa droite un coche et, justement, un cocher assommé… Un peu plus loin devant lui, un guerrier était plongé en plein combat avec un brigand… Il est loin d’être mauvais, se dit-il, peut être un futur soldat de l’Ost ? Il lui en parlerait hypothétiquement à l’occasion, mais actuellement, il était là pour tout autre chose. Un infime mouvement attira de nouveau son attention vers le carrosse… Etait ce bel et bien une rousse chevelure qu’il avait entraperçut à travers l’embrasure de la porte du véhicule? Le cri qu’il entendit par la suite le lui confirma.

L’homme se mit alors en route vers le coche ne prenant ni le temps de dégainer son glaive, ni de se retourner pour lancer quelques mots à voix basse au nain toujours allongé dans la neige.

Je reviens… Prend soin de ma cape.

Il eut, alors, tôt fait de franchir les quelques pas qui le séparaient du coche, lui offrant par la même une vision enfin claire de tout ce qui se passait autours de lui.
Un homme armé lui tournait le dos… Deux femmes de part et d’autre du coche. Johanara était la plus proche de l’ouverture, fruit de sa vaine tentative pour secourir son amie, elle avait eut tôt fait, en effet, d’être maîtrisé par l’herpaille qui les menaçait désormais toutes deux de son poignard…
Le brigand semblait, néanmoins, tout autant paniqué que ses victimes. Certainement l’œuvre de l’arrivée providentielle du mystérieux combattant. Et en cela, les coups d’œil affolés que l’homme jetait régulièrement par l’ouverture, opposée, du coche le lui confirmaient.

Pauvre fou, se dit Valezy, tout en avançant à pas de loups dans le dos de sa proie, à quoi penses-tu ? Tu n’as que deux choix désormais, un baroud d’honneur en tuant les deux nobles dames ou la fuite…
Que dis-je… Encore un pas et tu n’auras plus aucun choix finalement.

La faible lumière que la porte ouverte laissait entrer dans le coche s’obscurcit alors… Un craquement de bois se fit entendre. Mais, l’homme ne réalisa que trop tard qu’une présence hostile se tenait à quelques centimètres seulement dans son dos. Il eut, tout de même, le temps de se retourner, faisant ainsi siffler la lame de son arme qui se dirigeait droit vers la gorge de l’intrus… Et soudain un cri de douleur se fit entendre.

Tel un misérable fétus de paille, le poignet de son adversaire s’était retrouvé piégé par l’étreinte de sa main gantée. De telle sorte qu’une torsion ferme et implacable eut tôt fait de voir sa dague retomber lamentablement sur le plancher du carrosse et de se faire entendre un craquement d’os des plus désagréables. Par ailleurs, l’homme suivit peu ou prou le même chemin en s’agenouillant devant le capitaine… Il n’avait de toute manière guère le choix, pour lui se tenir debout et résister au soldat aurait voulu dire, voir son bras brisé de part en part.


Pauvre de toi… On peut dire que c’était le mauvais endroit et le mauvais moment pour un larron de ton espèce.

Ses yeux bleus se portèrent alors sur les deux femmes qui se tenaient désormais face à lui, pour s’arrêter un long moment sur le visage de Johanara. Quelques onces de sa peau étaient écarlates, preuves des violences qui lui avaient été infligées, en outre, un mince filet de sang s’écoulait de son oreille jusqu’au creux de son cou.
Ses yeux bleus se fermèrent et le brigand laissa échapper un nouveau cri de douleur qui recouvrit alors le crissement des gants de cuir.


Tu n’as aucun respect pour la beauté n’est t’il pas ?
Sombre fou…


Valezy rouvrit alors les yeux…


Baronne… Sans nul doute, cette rencontre est le fruit de la providence.
Que voulez vous que je fasse de ce pourceau ? Son sort vous appartient et il vous suffira pour cela d’un simple mot.

_________________
Johanara
Dans le coche , Johanara n’en menait pas large.

Une main griffant le visage rougeau de l’immonde pourceau qui tentait de dérober jarretière à Clémence , l’autre retenant ce qui lui restait de robe pour dissimuler aux yeux vuiseux son corset et son buste victorieux.

La comtesse semblait avoir perdue connaissance. Du moins était elle inerte.
Johanara n’en était point sûre , ne voyant de Clémence que la partie la plus charnue de son anatomie , l’infâme l’ayant forcé à s’allonger sur le ventre.

M’enfin, ne manquait plus que ça une comtesse aussi émotive qu‘une jeune pousse de courge!


Un premier hurlement se fit entendre. L’agitation dans le coche cessa un instant.
Dehors Bastien corrigeait le plus robuste des deux compères.

Second hurlement. Le sien cette fois , lorsque le brigand las de ces enfantillages la saisit violemment par sa lourde chevelure rousse avant de faire danser la lame de son poignard devant ses yeux , l’exhortant à se montrer docile.

Fixant le poignard , la lèvre tuméfiée et le regard outragé, souffrant plus des éraflures de sa fierté que de ses blessures, la jeune fille adressa une prière muette au très Haut, l‘implorant avec ferveur de leur envoyer de l‘aide.

Prière qui se matérialisa sous ses yeux stupéfaits en la personne de Valezy qui s’engouffra à son tour dans le coche.

Voyant le truand dégainer prestement son épée , la jeune fille poussa un cri d’effroi avant de se recroqueviller au fond du coche près de Clémence. Elle avait vu la lame passer tout près de son visage aussi poussa-t-elle un soupir de soulagement lorsque son bourreau fut désarmé.

Troisième hurlement. Les os craquèrent entre la main gântée du Capitaine. L’azur de son collègue se posa un instant sur son visage , instant qui sembla durer une éternité pour la Baronne. Goût de sang sur ses lèvres carmin et douleur lancinante à son oreille. Les traces de coups sur sa peau d’ôpale prenaient déjà une teinte bleutée.

Quatrième hurlement. Touchée par la sollicitude de son Capitaine , elle réussit à sourire faiblement malgré la douleur avant de tourner son attention vers le gredin…

Considérant le misérable , elle se leva péniblement et s’aida de la banquette. Se sentant chanceler , elle maudit sa cheville et cette satanée chute à Bourges qui depuis l’empêchait de se déplacer sans sa canne d’acajou. Mais ce n’était point le moment de faire preuve de faiblesse , pas devant son agresseur.
Et encore moins devant son sauveur.

Ses larges prunelles clairs toisèrent le malheureux qui gémissait au sol toujours prisonnier de la poigne de Valezy. Elle fit quelques pas qui provoquèrent plus de douleur que les coups des deux brutes. L’air marmoréen , sans rien laisser paraître de ses pensées , elle le fixa quelques instants avant de lui administrer du revers de la main le plus magistral des soufflets. Douleur intense à sa main tandis que la tête du maraud est projettée contre le coche l’assomant à moitié.


Ne faîtes rien. N’allez pas vous salir les mains , ce vil faquin n’en vaut pas la peine.
Je veux rentrer ….


Manquant s’effondrer sur lui , elle se rattrapa de justesse. Il était grand temps de retrouver sa canne d’acajou!

Les nerfs à fleur de peau , la mâchoire douloureuse et l’oreille meurtrie , elle sentit ses yeux s’embuer de larmes tandis qu’elle inspectait le coche à la recherche de sa précieuse canne d’acajou.

Chassant d’un geste rageur la perle salée qui s’étirait à l’orée de sa paupière , Johanara secoua Clémence sans ménagement , dès fois que la canne se trouverait sous ses amples jupons.

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--La_chouette.
La forêt déserte ressemblait à présent à une place de village où les gens allaient et venaient!

Mais c’était quoi ce bled? Pas moyen de brigander d’la donzelle en paix!
N’empêche qu’avec toutes ces conneries , il allait finir par s’retrouver une épée plantée dans le bide!

Bon l’chevelu avait visiblement la lame qui le démangeait.

La chouette n’avait aucune envie de se battre. Autant il aimait détrousser les bourgeois et trousser la jeunesse dorée au détour d’un chemin , autant les duels , la bravoure et tout l’tralala c’était pas son truc.

Se raclant la gorge avant de cracher un peu plus loin , il considéra un instant le gentillâtre qui gesticulait devant lui en déblatérant des inepties.



L’attaque fut violente , et ça le brigand ne s’y attendait pas. Savait se battre le petiot!
Bléssé au flanc et haletant , manquant à moitié se faire assommer par le glaive massif , il esquivait comme il pouvait les coups de son assaillant.

Les cris de son compère ne présageaient rien de bon. Qu’est-ce que ces filles pouvaient bien lui faire?
Il n’avait pas encore remarqué la présence de Valey.

Par contre celle du petit homme ne lui échappa pas.

Rassemblant ses dernières forces , il fit un bon de côté pour s’emparer prestement du col du nain et l’amener à lui sans ménagement.


Arrière ou je bute l’nabot!

Reculant , affaibli par ses blessures , il tenait sa lame tâché du sang de Bastien qu’il avait réussit à atteindre à l’épaule , contre le cou du drôle de bonhomme.

Bouge pas. Joue pas les héros et ça ira.

L’était grand temps de se tirer de ce bourbier. Il avait encore la bourse et les bijoux de la rouquine , ça suffisait. Peut être aussi qu’son compère avait fait les poches de l’autre brunasse.

HEP! L’mulot , on dégage , magne toi!

Jettant un regard au coche , il avait bien d’en l’idée de repartir sur l’un de ces purs sang à la robe de jais.
Bastien.
Le premier coup porta ses fruits et il s'en fallut de peu pour que le second soit également le dernier. Gravement blessé au flanc, le brigand n'avait esquivé la taillade du grand blond que de justesse. Malgré tout, cette blessure serait certainement très handicapante pour le maraud et un sérieux avantage pour Bastien. Au même moment régnait une agitation hors du commun dans le coche, ce qui attira l'attention du jeune homme. Il lança encore deux autres attaques sans conviction que le brigand évita aisément afin de se rapprocher de la porte du coche et, entre deux coups d'épée, y risqua un oeil.

À l'intérieur, il distingua plusieurs silhouettes en pleine lutte et supposa que les deux plus frêles étaient certainement dame Johanara et son amie. Mais dans ce cas qui était les deux hommes qu'il voyait. L'un d'eux devait bien être de leur côté mais lequel, celui qui cassait le poignet de l'autre où la victime de cette pince de fer. Cette période de réflexion qui ne dura en tout et pour tout que quelques secondes permis à l'adversaire de Bastien de lui porter un coup de dague, profitant de son inattention. Le jeune homme ne le vit qu'au dernier instant et n'eut à peine le temps d'esquiver le coup qui vint tout de même lui entailler l'épaule droite. Celui-ci lança alors sa hache vers le brigand qui l'évita d'un bond en arrière. Sa blessure n'était que superficielle mais saignait un peu trop à son goût.

Le brigand, qui semblait conscient de son désavantage, se jeta alors sur le nain qui avait si maladroitement déboulé jusqu'à eux et le menaça de son arme. Il n'y avait rien à faire sans risquer de blesser le malheureux innocent. Rageur, Bastien baissa ses armes, pourfendant le malandrin du regard. Ce dernier rappela son compère, l'enjoignant à fuir les lieux du crime. Le jeune fils de seigneur surpris le regard que porta le brigand sur l'attelage du coche.


N'espère pas fuir sur l'une de ces montures, je ne t'en laisserais pas l'occasion. D'ailleurs, je doute que ta blessure te permettes une telle chevauchée.
Valezy
Drapé dans sa dignité la jeune Baronne se redressa lentement devant les deux hommes… Et à la question du Capitaine, la première réponse fut une violente gifle assénée à même la joue du brigand. A ce spectacle, le Capitaine eu grand mal à retenir un sourire amusé, qui somme toute aurait été bien déplacé. Néanmoins, il ne pu s’empêcher de penser que Johanara ne manquait point de fougue… Et ceci alors même, que ses forces avaient atteintes leur derniers retranchements. En cela, les efforts visibles de la Connétable pour rester debout, le lui confirmèrent.

Vinrent alors des mots qui le surprirent… Laisser filer son prisonnier ? Faire preuve de clémence ? A n’en point douter, ce brin de femme savait faire preuve de dignité et de courage. Il ne put alors qu’hocher lentement le chef avant de déclarer.


Il en sera fait selon vos désirs, Baronne…


Et sur ces mots, il détourna alors les yeux, forçant sans aucun ménagement sa proie à faire de même… Considérant, ainsi, que le spectacle qu’offrait la belle, à cet instant précis, celui d’un visage digne et impassible se décomposant à force d’épuisement pour mieux laisser ses larmes et sa peur s’échapper, ne devait être vu de personne… Pas même de lui.

Aussi, allait-il s’apprêter à quitter le coche, quand Valezy s’arrêta soudainement avant de déclarer.


Vous savez… Vous avez su faire preuve d’un grand courage, ma chère. A votre place, bon nombre serait resté en sécurité au lieu de porter secours à une amie.
Pour cela, vous méritez mon respect… Et même plus que cela.
Aussi, croyez moi et soyez fier de ce jour.

Maintenant, prenez soin de cette jeune dame et reposez vous… Car, vous ne risquez plus rien désormais… Quiconque osera vous faire du mal, m’en répondra.


Il tourna alors lentement sa tête par-dessus son épaule, un sourire sur ses lèvres. Et son ton devint plus assuré quand il reprit.

Sur ce, je vais régler les derniers détails avant de vous escorter chez vous... Je vous en fais la promesse.

Somme toute… Des mots bien étranges pour un homme qui n’avait jamais vraiment fait dans les sentiments.

Sur cette réplique, la main libre du Capitaine s’éleva alors pour agripper avec fermeté les cheveux de son captif, et ce sans relâcher le poignet martyrisé de ce dernier.
Puis, les deux hommes quittèrent alors le carrosse….

Il lui vint alors une pensée… Derniers détails, hein ? Ca devrait m’apprendre à faire le fanfaron.

En effet, sous ses yeux, le deuxième brigand, qui était visiblement parvenu à se défaire de l’assaut du jeune aventurier, prenait en otage son domestique… Le Capitaine poussa un soupire, à la limite de l’exaspération… A ce rythme là, il ne pourrait bientôt plus se retenir, se dit-il. Il se devait de régler la situation au plus vite, tant qu’il pouvait faire preuve de raison... Tant qu'il pouvait éviter un bain de sang.

Aussi, tout en maintenant sa prise sur son propre otage, il s’avança pour se placer à quelques pas seulement du guerrier qui était survenu à point nommé quelques minutes plus tôt et sous le regard incrédule du brigand, dont le surnom, qu’il ignorait, se trouvait être la chouette.

Gaspard… Gaspard… Gaspard…
Toi qui a accompagné mon père des années durant, comment a tu pu te retrouver dans une telle situation ? Il semblerait que tu te fasses vieux.


Puis, redressant son regard vers celui qui osait s’en prendre à l’un de ses gens, il déclara d’une voix, dans laquelle ne pouvait se percevoir aucun doute.


Et bien… Il semble que nous soyons à un point chacun, si l’on peut dire…
Un otage contre un autre otage.
Aussi, voila ce que je te propose, tu relâches mon domestique pendant que je fais de même avec ton compagnon… Puis, chacun d’entre nous partira de son côté…
Comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve.

Sinon… Et bien, ma foi, si tu joues le mariolle avec moi….

La main du Capitaine, relâcha alors les cheveux de sa victime pour se poser sur la garde de son sabre tandis que ses sourcils se froncèrent en un air menaçant.

…Il y aura au moins trois morts en ce jour et en ces lieux. Car nul ne saurait s’en prendre à l’un de miens sans en payer le prix fort.

Et pour une telle cause, je serai prêt à parier que l'homme que voila, serait prêt à m'aider et à en découdre enfin avec toi.

Que décides-tu donc misérable ?

_________________
--Serguei
Derrière un chêne , Serguei, le vieux cocher berrichon s’éveillait lentement avec l’impression qu’un troupeau de bœufs lui étaient passés dessus.

Foutre-Dieu, s’il avait sous la main la sale enflure qui l’avait assommé , il en ferait des confettis.
Poussant un grognement sourd , il porta la main à son crâne et grimaça en sentant le liquide chaud et poisseux.

Il essuya le sang sur sa redingote tâchée de vin et de bière et entreprit de se relever.
La tête lui tournait mais il se réjouit de constater que la blessure était somme toute assez superficielle.

S’adossant contre le tronc du grand arbre , il tenta de reprendre ses esprits mais fut bientôt interpellé par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Sortant une petite fiole de son veston usé , il laissa l’Armagnac lui brûler la gorge. A jeun il pouvait pas réfléchir , et visiblement la situation demandait réflexion.

A présent dissimulé derrière un talus, il observait.

C’était quoi c’bordel ? Et c’étaient qui tous ces guignols?

Qu’est-ce qu’ils avaient fait d’la Baronne et d’sa copine franfeluchée?

Fronçant ses sourcils épais , il maugréa en pensant qu’la rouquine avait toujours eu l’chic pour se fourrer en plein guêpier. Vidant la fiole au fond de son gosier, il essuya ses lèvres épaisses du revers de sa manche.

Considérant l’homme qui tenait le nain en otage , il reconnut celui qui l’avait assommé plus tôt.

Son sang ne fit qu’un tour. Poussant un juron , il se saisit d’une grosse branche et profitant que ces messieurs soient occupés à discutailler et à se menacer , surgit de son buisson et lui assena un coup de bûchette en pleine poire.


J’vais t’apprendre moué à m’assomer! Pourriture! Foutu basin!

Et vlan un aut’ coup dans la rotule gauche. L’homme s’effondra sur le nain qu’il tenait toujours par le col. Sans s’en soucier , le cocher , branche bien en main , jeta un regard féroce aux trois autres hommes , se demandant s’il aurait à se battre.

D’autres volontaires? Sont où les gazoutes?
Valezy
Sans nul doute, aucun, la scène qui se déroulait en ses lieux et dont il était l’un des acteurs ne manquait de rien…
Des jolies femmes en détresse,
Des aventuriers sans peur et, presque, sans reproche,
Un suspense insoutenable,
Et, des rebondissements, en veux tu ? En voila !

De telle sorte, que le Capitaine ne pu réprimer un sifflement de satisfaction, quand, surgit de nulle part, le cocher de la baronne passa à tabac le minable qui osait s’en prendre à son nain.
Nain qui, d’ailleurs, ne tarda pas à disparaître de la façon la plus grotesque sous le corps inerte de son agresseur.

Puis, c’est alors que le nouveau héros ouvrit la bouche… Et soudain… Se fut le drame.
Car sous ce flot inintelligible de paroles, le Seigneur de Magnet ne pu qu’écarquiller en grand ses yeux azurs.


Basin… Gazoutes ?
Mais qu’est ce qu’il raconte celui là encore…

Il jeta alors un regard tout autour de lui, s’attardant sur le mystérieux guerrier qui leur avait prêté main forte, comme si il pensait pouvoir trouver en lui un hypothétique traducteur. Puis, haussant finalement les épaules, il déclara.

Ecoutez… Euh… Je ne comprends pas quand vous… Parlez.
Vous pourriez articuler ?

Pour ma part, l’on me nomme Valezy, Seigneur de Magnet et Capitaine des Comtés d’Armagnac et de Comminges.
Et je vous remercie sincèrement pour avoir sauvé mon serviteur… Bien que petit, ce dernier ne m’en est pas moins précieux.


Se disant, il déporta son regard sur le brigand assommé.


En parlant de ça… Gaspard ! Arrête de faire le gamin et sort de là.

Une voix étouffé et misérable lui répondit alors, tandis que le nain rampait tant bien que mal à même le sol pour s’échapper de sa condition.

Oui maître… Bien maître.

Visiblement satisfait de la réponse, Valezy déporta alors son regard vers les deux hommes, empoignant toujours fermement le dernier brigand entre ses mains.

Dîtes, personne n’aurait de la corde à tout hasard ?
_________________
--Le_mulot
HEP! L’mulot , on dégage , magne toi!

Oh que oui, il aurait bien aimé, l'mulot, se faire la malle. Assumer son surnom jusqu'au bout, et être capable, cette fois, de se faire tout petit et de filer entre les doigts. Mais non, il n'était vraiment pas dans la bonne posture pour l'envisager...

Il n'avait pas compris tout ce qui lui était arrivé, encore. Il se revoyait encore attraper les robes de la "comtesse", se réjouir d'avance de ce qu'il allait y voir. Mais il n'en avait pas eu le temps. L'instant suivant, il se retrouvait au bas du coche, le poignet en feu et les cheveux qui semblaient vouloir le faire s'élever vers le ciel.

Au dehors, c'était une véritable foire d'empoigne. Lui qui s'était plaint de ne voir personne, au final, c'était pire que sur une place de marché ! Pendant un instant, il eut cependant le sentiment que tout tournait à leur avantage : la Chouette tenait un homme en otage, un petit homme, certes, mais c'était tout de même mieux que rien. Et si la Chouette était en position de force, ils étaient gagnants, forcément. C'était la tête pensante du duo, après tout.

Mais, la tête pensante, ne devait plus penser beaucoup à présent... L'alcoolique notoire qu'ils avaient pris soin d'assommer au début de leur assaut n'avait pas été si soigneusement assommé, finalement... Et ils en payaient les frais. En un instant, le Mulot se sentit passer de la position de force à la position du rat pris au piège. Et l'autre qui baragouinait je ne sais quoi... Non, décidément, il était foutu... Surtout que l'arsouille qui lui réduisait le poignet en bouillie venait de dire qu'il était Capitaine... Ptet que la rouquine avait raison, alors, t'aleur... Ils étaient tombés sur la crème du comté...


Dîtes, personne n’aurait de la corde à tout hasard ?

Humm... de la corde ? Si, oui, j'en ai...

La tête non pensante du duo venait de perdre une occasion de se taire... Il lui avait fallu répondre avant de comprendre à quoi allait servir la corde... Sa bêtise le fit grimacer. Cependant, une idée germa dans sa tête, et, c'est sans perdre sa grimace, histoire de donner le change, qu'il poursuivit :

Mais euh... L'est restée de'dans l'sac, là-bas.

Joignant le geste à la parole, il désigna du menton l'avant du coche, sur le bord du chemin.

Derrière la broussaille..., ajouta-t-il en remarquant qu'on ne voyait strictement rien, là où il indiquait.

Si y'm'lâchait deux s'condes, j'peux aller vous l'chercher...
--La_chouette.
Pas très bien compris ce qui lui arrivait l'pauvre la Chouette!

C’était pas un nobliau mais deux qui foutaient son plan en l’air!
Note à lui-même pour plus tard : ne plus jamais brigander les filles d'la haute , ça s’arrange toujours pour avoir un ou deux chevaliers servants dans l’coin.

Les vieilles et les moches sinon. C’tout.

Pis alors l’Mulot! Quel cake! Pas foutu d’s’en sortir dignement! L’avait fallu qu’il se fasse prendre!

Comble du comble , le bellâtre qui le tenait par la tignasse semblait pas même avoir une éraflure!

Lui avait pourtant dit à la Mère Jeanne qu’son fils était bon à rien et qu’il pouvait pas l’prendre avec lui!
L’avait fait ses yeux de biche et la Chouette avait pas pu dire non.

Heureusement il avait l’nain! Docile , otage de première classe , l’avait pas cherché une seule fois à l’mordre ou à se débattre. Bon petit.

Z’allaient finalement pouvoir s’tirer sans trop d’embrouilles. Et alors , foi d’brigand , il ramènerait le pisseux chez sa mère! S’en était fini d’faire la charité aux simples d’esprit!

Alors que l’échange d’otage allait se faire , la Chouette eut juste le temps d’apercevoir la tronche la plus laide de la création avant de s’effondrer sur l’herbe, l’ pif en avant.

Foutue journée.
Valezy
La réponse à la question du Capitaine advint, alors, avec la plus grande des célérités. Mais ce ne fut point cela qui l’impressionna le plus… Car oui, l’homme était bel et bien impressionné. De toute sa carrière, il n’avait jamais vu cela. En effet, son prisonnier, visiblement peu satisfait de s’être fait maîtriser avec la plus grande des facilités, en arrivait à les aider à sa capture en leur indiquant, par ces mots et avec la plus grandes des efficacités, où trouver du cordage :

Humm... de la corde ? Si, oui, j'en ai...
Si y'm'lâchait deux s'condes, j'peux aller vous l'chercher...


Impossible… Voila le premier mot qui vint à l’esprit de Valezy, tout cela était tout bonnement impossible. Comment cet homme avait il pu, ainsi, se tromper si lourdement de vocation ?
Celui que son complice avait appelé le mulot, très certainement un surnom, du moins on ne pouvait que l’espérer pour lui, n’aurait jamais du devenir un brigand… Alors qu’il possédait visiblement toutes les qualités pour être un histrion de légende, un comique de génie. Un de ceux qui aurait pu faire rire les publics les plus difficiles, un de ceux dont les farces seraient rentrées dans la légende et le nom dans l’histoire.

La situation en était si grotesque que Valezy ne pu d’ailleurs retenir un fou rire qui résonna alors dans la forêt alentour. Puis, se reprenant tant bien que mal au bout de quelques secondes, retrouvant ainsi peu à peu sa contenance, malgré les larmes qui menaçaient de s’échapper de son regard. Il se décida de gratifier, comme il se devait, sa proie de quelques compliments.


Par tous les Saints… Je suis tombé sur une flèche.
Que dis-je, ce serait te manquer de respect, mon gaillard… Tu es un champion… Un champion toute catégorie même. Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus autant rit.

Quelle misère que tu sois né à la mauvaise époque… Car, au temps des hellènes, on t’aurait vénéré à l’image d’un demi-dieu.

Un grand sourire s’afficha alors sur les lèvres de Valezy avant qu’il ne poursuive d’un ton guilleret.

Quoi qu’il en soit, je te remercie pour ta serviabilité. Mais, je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse en te faisant effectuer les basses besognes. Aussi reste donc avec moi et repose toi de cette difficile journée.

Son regard se porta alors sur son serviteur.

Gaspard ! Tu l’as entendu ? Va donc me chercher cette corde et fissa !


Le nain, qui venait tout juste de quitter ses entraves, s’exécuta aussitôt, mais non sans avoir poussé, par la même, un profond soupire d’exaspération qui n’échappa d’ailleurs pas à l’attention de son maître. De telle sorte que ce dernier fronça les sourcils en retour. Et, à la vue de cette simple expression de désapprobation, le dénommé Gaspard hâta son pas, se mettant à courir, ou plutôt à se dandiner, pour rejoindre les fourrés que le Mulot leur avait indiqué quelques minutes plus tôt. Avant, de leur rapporter la corde si aimablement fournies par leur sponsor officiel.

Et bien… Il va falloir saucissonner tout cela maintenant.

Puis, marquant une pause avant de regarder le brigand…

A moins, bien sur, que tu ne veuilles te ligoter tout seul, comme un grand, pour nous filer un coup de mains ?


Il tapota alors gentiment la tête du brigand, visiblement satisfait de sa petite tirade.

Enfin… Autant j’aurai pu pardonner un brigandage, autant je ne saurai tolérer de telles violences sur des femmes.

Sur ces derniers mots, toute malice quitta le regard du Seigneur de Magnet, pendant qu’il força sa victime à se mettre, de nouveau, à genou. Et ceci, juste avant que sa botte ne s’élève pour se poser entre les épaules du Mulot et le ramener, ainsi, avec force brutalité à s’allonger à plat ventre. Et se furent deux yeux de glace, dans lesquels ne pouvaient se lire aucune trace de sentiments, qui se penchèrent sur le dos de l’homme.

Puis, de longues… Très longues minutes plus tard…

Grâce à l’aide de la petite troupe, ils n’eurent aucun mal à ligoter leurs prises. Les bras et les jambes des deux hommes avaient ainsi été entravées et leurs armes confisquées et ce juste avant qu’ils ne soient suspendus, comme deux misérables bêtes d’abattoir, à l’arrière du carrosse.
En effet, le Capitaine avait décidé de les ramener avec eux… Car si la baronne lui avait clairement exprimé le souhait de garder ces deux là en vie, il n’en avait pas moins l’intention de leur faire payer leurs crimes.
En outre, dans les poches et bourses respectives de leurs prisonniers, ils retrouvèrent d’ailleurs leur butin qui se résumait à quelques pièces d’or et à des bijoux de grandes valeurs, qu’ils prirent grand soin de récupérer.

Puis, alors que leurs travaux pratiques furent achevés, le Capitaine inspecta la solidité du cordage. Visiblement satisfait, il se détourna alors des deux hommes et c’est ainsi qu’un objet déposé à même le sol retint son attention.

A première vue, cela aurait pu passer pour un simple morceau de bois… Si ce n’était que ce dernier était bien trop rectiligne pour ne pas être l’œuvre d’une main humaine. Se rapprochant, il distingua alors une canne de facture remarquable… Certainement le fruit d’un artisan expérimenté, qui avait du atterrir là au beau milieu de l’agitation qui n’avait que trop régné en ces lieux. Aussi glissa-t-il, cette dernière sous son bras, tenant le reste du dû des deux malheureuses dans son autre main.

Et, ainsi se présenta-t-il dans l'enceinte du carrosse.

Dames ?
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--Serguei
Fronçant les sourcils, il dévisagea l’homme qui disait ne pas le comprendre.

Diou ! C’quoi qu’tu piges pô l’caniot? T’serais pô un peu baziot ?


Capitaine de l’Armagnac qu’il s’disait, c’tait pas censé être des basins pourtant les Capitaines !

J’te demande si l’gazoutes vont bien ? Boudion j’sens que j’vais encore m’faire jaspiner par la Baronne !


Il aida ensuite à ligoter les deux brigands, serrant bien fort sur les liens de celui qu’il avait assommé et qui était toujours sans connaissance.


Alors l’bestiau , t’fais la cacou ? T’as l'air d’une loche, t’vas finir en touisme , c’tapprendra basin de baziot à assomer l’Serguei !

Rire bien gras et et grosse paluche qui vient chiffonner les ch’veux du Bastien.

Comment va l’petiot ? L’Berry t’manque pô ? J’roigne tous les jours d’pas y être.

Quelques moment d’inattention, et l’vieux cocher rusé qui empestait la vinasse bon marché s’empare de deux trois breloques récupérées dans les poches d’la canaille ligottée.

Vlà qui payera un bon pichet à la taverne du coin et une catin avec ! pensa t’il goguenard.

Suivant le Capitaine qui fouinait autour d’son coche, il lui donna un bon coup d’épaule lorsque celui si se présenta à l’entrée .


Hé l’sauteriot , on t’as donné l’autorisation d’mettre tes bottes crottées dans l’coche ?

Pis lorgnant les jeunettes encore un peu effarouchées :

T’va bien M’dame ? D’hiors , belle pagaille ! Mais moué vous ai sauvé ! Pas un d’ces cani qu’allaient vous dégarciller !

Fierot, il bomba le torse tout en laissant son œil lubrique glisser sans vergonde jusqu’au corsage déchiré de sa maîtresse.
--Gaspard_le_nain
Il avait voyagé des années durant que ce soit avec le vieux maître ou avec son jeune fils et avait, par la même occasion, rencontré bien des gens que ce soit dans ce que les habitants du coin appelait le royaume de France ou par delà les Alpes, dans sa lointaine contrée natale. Mais, pourtant, jamais, oh grand jamais, il n’avait vu un tel bouseux… A chaque mot que l’homme prononçait, il ne suscitait autour de lui qu’incrédulité et incompréhension… Néanmoins, le cocher ne cessait de s’acharner en leur faisant part à tous, de ses insondables commentaires.
Gaspard ne pu alors réprimer un énième soupire d’exaspération… Mais déjà, le jeune maître retournait dans le carrosse, signe annonciateur que tout cela allait bientôt prendre fin, et ceci au plus grand soulagement de son serviteur.

Toutefois, quelle ne fut pas sa surprise en apercevant le dénommé Serguei pénétrer à la suite de Valezy dans le coche, écartant par la même ce dernier d’un virulent coup d’épaule et ne s’excusant que par une phrase qui, bien qu’il ne pu en saisir le sens de tous les mots, transpirait à grosse goute le manque de respect le plus flagrant.

A cette vision, le nain écarquilla ses yeux… Et se remémora cette froide nuit d’hiver qui s’était déroulée près de deux décennies plus tôt. Ardan avait alors confié son plus jeune fils, le dernier survivant, à la garde de son plus fidèle lieutenant. Etrange souvenir qui causait à la fois peine et joie dans le cœur du petit homme… Car si ce soir là, il avait perdu son plus proche ami, il y avait aussi gagné celui qu’il considérait depuis comme son fils.
Dès lors, le nain n’avait jamais failli à la parole donnée, protégeant, ainsi, l’enfant de son mieux… Et ce n’était, décidément, point aujourd’hui qu’il briserait le serment prêté sur le lit de mort de celui qu’il avait toujours vénéré.

Aussi, devant tous, le nain misérable, transi de froid, brimé à la fois par son maître et par celui qui avait osé le traiter comme le dernier des otages, quelques minutes auparavant, disparu purement et simplement….
Pour laisser place à celui qu’il avait toujours été… Celui qui avait, des années durant, fait régner une froide terreur dans le cœur des ennemis d’Ardan….

Et, c’est ainsi, qu’un hurlement de haine se fit entendre. Tous portèrent, alors, un regard incrédule sur la petite créature capable de pousser un tel cri. Mais loin de se laisser démonter pour autant, ce dernier s’empara à pleine main de sa chemise pour la déchirer…. Laissant ainsi, à leur vue, le spectacle de son impressionnante musculature. Car, tout aussi petit qu’il était, ses bras et ses épaules n’en était pas moins des plus volumineuses…

Une voix rauque eut, alors, tôt fait de franchir la barrière de ses lèvres.


Comment oses-tu ? Comment oses-tu traiter ainsi le dernier fils du Condottiere? Goute au feu de mes poings, chien !!!

Sur ces derniers mots, Gaspard s’élança à toute vitesse dans l’ouverture du coche, en poussant un nouveau cri de rage, dans lequel pouvait se percevoir de fort relent de folie.

Et c’est alors, que la voix de Valezy se fit, à son tour, entendre, à l’image d’une sombre prophétie.


Tu n’aurais jamais du faire cela, rustaud…

Et se disant, le jeune maître s’engouffra dans l’une des banquettes laissant, par la même, la voie libre à son garde du corps qui en profita pour s’emparer à deux mains du pauvre cocher, qui semblait bien loin de comprendre ce qu’il se passait.
Puis, sous le regard dubitatif de tout ce petit monde, Serguei disparu alors du coche, le nain à sa suite, par la seconde porte du véhicule. Porte qui, d’ailleurs, sortit de ses gonds en un craquement de bois sous le choc qui lui fut infligé, pour retomber lamentablement au sol.

Et les deux belligérants ne tardèrent d’ailleurs pas à la suivre. Chutant tout deux sur la route, en un subtile et savant mélange de corps, dans lequel il aurait été bien difficile de distinguer le nain du rustaud. Mais cela ne dura guère… Car, déjà, le nain rendu furieux se redressait avec une vivacité des plus surprenantes pour une créature de sa taille et de son poids. Ses deux poings massifs se dressèrent, alors, vers les cieux avant de retomber avec force sur le ventre du cocher, qui ne pu en avoir que le souffle coupé.

Puis, deux yeux luisants de colère toisèrent Serguei avant qu’il ne déclare.

Si tu crois que j’en ai finit avec toi…

Le nain se détourna alors, sans autre forme de procès, pour faire route vers le carrosse qu’il venait de ruiner purement et simplement quelques secondes plus tôt en le défigurant d’un gouffre béant. Avant de s’agripper aux dorures, et autres décorations, du coche, pour se mettre à l’escalader. Se retrouvant, ainsi, quelques instants plus tard… Sur son toit d’où il toisa une nouvelle fois le cocher.


Ses épaules et son cou craquèrent alors tandis qu’il gonflait ses muscles.

Je me nomme Gaspard… Sacré à plusieurs reprises champion de lutte gréco-romaine…
Aussi souvient toi de ce nom quand tu comparaîtras dans quelques minutes devant le Créateur.


Son coude s’éleva alors, tandis que sa main libre frappa à plusieurs reprises avec fermeté son membre dressé. Se faisant, un sourire carnassier défigura son petit visage barbu et il sauta dans les airs.
L’ombre de son coude se dessinant ainsi sur la gorge du cocher halluciné, effrayé et fiévreux qui voyait se défiler sous son regard bovin et aviné ce qui semblait bien être les dernières minutes de son existence...
Johanara
La gentillesse de son Capitaine l’avait surprise. Il avait su trouver les mots pour la réconforter et dissiper ses angoisses. Hochant la tête avec un sourire empli de reconnaissance , Johanara souffla un inaudible merci en le regardant sortir du coche.

Plus elle apprenait à le connaître , plus elle l’appréciait. Dire qu’au début elle l’avait mis dans le même sac que la plupart de ses congénères auvergnats , c’est-à-dire des ploucs sans manière!

Nulle trace de sa canne. Petite moue agacée. La peur et l’épuisement se dissipaient lentement laissant place à une légère impatience.

Au dehors , des cris…

Un frisson lui parcourût l’échine. Et si les deux ignobles crapules avaient finalement gravement bléssé Bastien et Valezy?
Blême , elle hésita à sortir du véhicule ,effrayée à l’idée que l’un d’eux puisse se trouver agonisant dans un bain de sang.

Alors qu’elle s’apprêtait à quitter son refuge , pâle comme une tâche de lune , le cœur en proie à une vive émotion , un rire tonitruant se fit entendre!

Le capitaine!



M’enfin! Je suis là à me faire un sang d’encre et le mufle en est à rioter gaiement!


Soulagée , elle se surprit à sourire largement.
Que pouvait il bien se passer de drôle en ce sordide endroit?
Dirigeant ses pas vers la portière, quelque peu chancelante et gauche sans sa précieuse canne , elle s’emparait de la poignée quand Valezy surgit devant elle.

Il s’en était fallu de peu pour qu’ils se cognent !


Norf! Vous m’avez fait peur…


Souriant avec douceur , elle recula légèrement.

C’est alors que son ivrogne de cocher déboula, poussant le capitaine d’un brutal mouvement d’épaule , fanfaronnant sans la moindre considération pour son sauveur! Sentant le regard du pourceau glisser sur sa peau d’albâtre , elle fit un geste agacé en sa direction.

C’est fini oui? Fais atteler le coche , nous rentrons. Et je te prierai de t’adresser au Seigneur de Magnet avec le respect dû à sa fonction et à son rang!

Tout est bien qui…


Stupeur! Un nain! Enragé!

M’enfin!!!!!!

Bousculée par l’animal , la baronne fut projetée contre la banquette.

Qui est-ce bougre d’âne bâté hurleur…????
...
Comment ça votre valet??


Regardant le Capitaine médusée , le bruit que fit la porte en cédant sous le poids des deux hommes lui fit tourner la tête lentement , très lentement.

Par la malepeste! Mon coche!

Boîtillant vers l’endroit où se tenait quelques instants plutôt la majestueuse porte aux dorures finement ouvragées , elle ouvrit de grands yeux en voyant le nain battre son cocher.

Oh hé vous là! M’en vais vous rosser! Je vais vous apprendre à maltraiter mes gens!

Se tournant vers son capitaine , mains sur les hanches , l’œil brillant , elle ajouta:

Voulez vous bien contenir votre basin de laquais? Il va me le tuer!!! Et par pitié , qu’il remette sa chemise!

C’est alors qu’un boulevari formidable se fit entendre, semblant provenir du toit.

Poussant un cri, elle s’agrippa au bras du jeune homme. De l’orage? Le ciel qui leur tombait sur la tête?

Alors qu’elle se cramponnait à lui , pas rassurée du tout , ses yeux s’agrandirent. Elle considéra l’objet qu’il tenait sous le bras avant de s’exclamer, mi-heureuse mi-surprise :


Mais c’est ma canne!
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--Le_mulot
Foutue journée, oui...

Décidément, quand on n'avait pas de chance, y'avait pas de raison que ça tourne... Y'en a des qui passaient la journée à attendre que le pigeon passe, et quand enfin il arrive, paf ! Paf le pigeon, car oui, le rôle du pigeon changeait de camp... C'était le jeu de l'arroseur arrosé, du chasseur chassé, du pêcheur pêché, du... voleur volé...

Toute la journée, il n'avait fait que croire à sa bonne fortune alors qu'à chaque fois, elle se retournait contre lui. Alors, cette fois, il avait décidé qu'il ne ferait plus rien, n'espèrerait plus rien. Ou alors le contraire de ce qu'il espérait. Oui, mais est-ce que le simple fait d'espérer quelque chose, même en voulant souhaiter le contraire pour que ça arrive pour de bon, n'allait pas faire que justement, c'était le contraire, qui allait se produire ?

Haussement d'épaules, ou du moins ce qui essayait d'y ressembler, à l'arrière du coche. Jamais "le Mulot" n'aurait du suivre cette maudite chouette... Si la mère Jeanne n'avait pas tant insisté, aussi !... Le seul moyen d'ramener d'l'argent, qu'elle avait dit... C'était ça ou la mine... Finalement, l'aurait su, l'aurait pris la mine tout d'même... Enfin, nan... la mine... Nan. Mais bon, se retrouver là, ligoté comme un gigot... Vallait mieux la mine... Enfin nan... mais si... Quoi que... nan... Mais si... Et encore...
Valezy
Il avait pourtant prévenu l’indélicat cocher… Toutefois, ce dernier n’en avait eu cure, à moins tout simplement, qu’il n’est été trop lent de corps et d’esprit pour prendre en compte ses avertissement. L’un dans l’autre, il était désormais en bien mauvaise posture. Mais après tout, peut être cela lui apprendrait il à manifester plus de respect? De toute façon, il ne l’avait pas volé. Ce dernier point relevait du domaine de la certitude.
C’est alors, que la douce voix de la baronne le tira de ses songes. Et à sa première question, le Capitaine ne pu qu’afficher ostensiblement un air gêné.

Oui, mon valet. Vous me voyez navré pour une telle… Débauche de violence. Mais, il se complait à me protéger vaille que vaille...

Puis, jetant un regard tout aussi gêné sur le trou béant, qui prônait là où se trouvait encore un peu plus tôt une porte.

Il faut au moins lui reconnaître qu’il réussit bien son office.

Puis, continuant sa réplique pour lui-même dans son esprit…
Même si ce maudit nabot n’aura jamais de cesse de me faire prendre honte à la moindre occasion.

Mais déjà, la belle ne l’écoutait plus, se rendant ainsi devant l’ouverture pour contempler son cocher recevoir une sérieuse déculottée par un nain qui ne payait pourtant pas de mine. Valezy connaissait toutefois trop bien la bête pour manifester quelques surprises… Il ne faisait guère bon, en effet, de se tenir face à Gaspard quand ce dernier se laissait gagner par la rage. Et, à vrai dire, le Capitaine lui-même, tout aussi confiant qu’il puisse être en sa force et en sa maîtrise des armes, ne s’y serait pas risqué. Il fallait bien avouer, aussi, que se faire rosser par un petit homme relevait plus de l’humiliation que de la douleur.

Le tintamarre était pourtant loin d’être terminé…Et avec lui, le lot de surprise que réservait cette bien étrange journée pour les différents protagonistes de cette toute aussi étrange histoire.
Ainsi, à l’intérieur du coche, se fit entendre quelques craquements provenant du ciel… Non décidément cette journée ne relevait, par trop de point, que de la fantasmagorie pure et dure. Cela n’avait que trop duré et tel fut alors la conclusion que tira Valezy de tout ceci.

Du moins, tel fut son constat pour quelques secondes seulement. Car il devait bien vite changer d’avis, quand sa Connétable après avoir poussé un petit cri apeuré vint se cramponner à lui… Et en tout point, un tel contact n’était pas pour lui déplaire. Se dit il, cette fois ci, en sentant l’agréable toucher de la, non moins, agréable jeune femme qui se collait à lui. Aussi, le Seigneur auvergnat, qui n’était pas homme à perdre le nord et ce, quelque soit la situation dans laquelle il pouvait être plongé, en profita pour poser une main sur la taille de Johanara. Cette dernière ne sembla d’ailleurs pas s’en apercevoir sur le coup et à la vue de son effarement, cela était bien normal.

Toutefois, malgré tout le plaisir que pouvait bien lui susciter cette position… Il se dit qu’il serait peut être de bon ton d’arrêter Gaspard avant qu’il ne commette l’irréparable. Aussi, tout en gardant un léger air confus dessiné sur son visage, adressa t’il à l’attention de son domestique.

Gaspard, cela suffit maintenant arrête ses âneries. Le malheureux a eu son compte.

Mais, à son désappointement, il lui sembla bien, alors, que la réponse lui provint des cieux.

Oui, maître.

Et, comme pour mieux confirmer cette impression, il ne pu que contempler le Nain tomber, quelques secondes plus tard, depuis le toit du coche pour s’aplatir comme une crêpe, à plat ventre sur le sol, à quelques centimètres seulement de Serguei… En effet, allez comment savoir, la seule voix de son maître avait suffit pour faire dévier la chute meurtrière du serviteur. Mais ne dit on pas, qu’il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas savoir ? Aussi prenons au mot ce proverbe.

Un haussement de sourcil, suivit d’un regard vers le ciel… Qui ne tarda pas à replonger, de nouveau sur le nain… Presque aussitôt suivit d’un claquement de langue désapprobateur.


Mais, tu es un gros malade, Gaspard…
Quel est donc ce comportement ? Regarde-le plutôt. Ce n’est point un homme d’arme… Et il est à mille lieux d’être en mesure de me faire quelque mal que ce soit.

Sa déclaration fut presque aussitôt suivit d’un hochement de tête, marque de son exaspération.

La guerre est finit… Faudrait voir à se calmer… Espèce de fou furieux.
En attendant, fait plaisir à la Baronne et rhabille-toi sur le champ… Et tu en profiteras pour me remettre ce cocher d’aplomb et pour me replacer tant bien que mal cette porte, d’ailleurs.


Gaspard ne jugea pas bon, néanmoins, de répondre et il suffisait au Capitaine de voir la mine déconfite de son vieux serviteur pour constater que ce dernier avait bien comprit la leçon.
C’est alors, que la baronne remarque la canne qu’il tenait précieusement sous son bras.
L’air déconfit du Capitaine le quitta alors… Il allait en effet pouvoir rebondir après les frasques de son tourbillonnant protecteur et cela n’était pas pour lui déplaire. Aussi, sa main toujours posé sur la taille de son interlocutrice, déclara t’il.


Oui… En effet, je l’ai trouvé dehors à même le sol près de la…

Mais il eu alors la présence d’esprit de ne pas raviver sa précédente déconfiture en faisant la sottise de parler de porte.


Près du coche…
Ainsi que vos biens… Mais cette fois ci dans les poches des deux marauds, bien entendu.


Et, se fut presque à contrecœur qu’il ôta enfin sa main, pour rendre à la Connétable son du.

Quant à votre carrosse…


Une main vint se glisser à l’arrière de sa nuque… Il aurait bien voulu esquiver plus avant le sujet, mais cela aurait été manqué de toute décence…

Je m’engage à vous en faire parvenir un flambant neuf, bien sur…


Un sourire se dessina sur ses lèvres, mais il n’en pensa pas moins… Maudit nabot !!!

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