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[RP] Cavalcade hivernale.

Johanara
Les yeux de la Baronne , immenses et d’un vert tendre , glissèrent lentement très lentement de la canne qu’elle contemplait à sa taille chaloupée.

Sanguienne! Cette douce chaleur qui s’était soudainement répandue au creux de sa hanche c’était bien la main du Capitaine!

S’empourprant jusqu’à la racine de ses cheveux roux , ses larges prunelles se liquéfièrent par le trouble et l’embarras.

Les joues comme deux pivoines épanouies , elle tenta de reprendre contenance en rétorquant par une remarque acide quand au comportement douteux de l’énergumène déchaîné mais ses lèvres , loin d’articuler quelques paroles audibles s’étirèrent en un sourire des plus niais , sourire qui fut accompagné par quelques battements de ses longs cils noirs.

Voyant qu’il ne relâchait toujours pas son étreinte , elle tenta de se concentrer sur ses paroles bien que son œil allait chercher à chaque instant l’image de cette main sur la courbe voluptueuse de sa taille.

Reprend toi bougre de cruche dégénérée! Pensa-t-elle cherchant son salut dans la contemplation assidue de ses poulaines.

N’écoutant pas un traître mot de ce qu’il déblatérait , Johanara ne pût que le regarder hébétée lorsqu’il lui tendit sa canne , ôtant par la même , la main de sa robe chamarrée.

Quelques instants plus tard , elle tendait enfin les mains pour mieux laisser glisser la canne , bafouiller quelques paroles incompréhensibles et se rendre tout à fait ridicule.


Norf…

Lachâ t’elle avant de se baisser , une main ramassant la canne , l’autre tenant les pans de son corsage déchiré qui dévoilait bien plus qu’il n’était raisonnable.

Flambant neuf? Oui oui un cocher flambant neuf , bien sûr. Humpf enfin le coche , pas le cocher .

Pestant intérieurement , elle tenta de sauver la mise en lançant d’un air faussement autoritaire et d’une voix qui se voulait assurée:

Serguei! Il suffit! Nous rentrons!
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Bastien.
M'enfin! pensa intérieurement Bastien. Il s'était donné la peine de se lancer au secours de ces dames au péril de sa vie et personne ne prêtait attention à lui.

Alors que le bandit, retranché dans ses derniers recours, avait pris un pauvre nain comme otage, apparut le Capitaine retenant fermement le second malandrin et, profitant de cette diversion, cet ivrogne de cocher avait assomé son adversaire par-derrière. Et voilà tout l'héroisme du jeune homme! Il aida tout de meme a ligoter les deux abrutis et récupéra son vieux manteau.

Il se tenait maintenant adossé contre un arbre, épongeant sa plaie avec un morceau de sa chemise et observant le manège "subtilement" amoureux de la jolie rouquine et du Capitaine, rigolant de voir le nain rosser le cocher. Mais l'autre dame comment se portait-elle?

Bastien se leva de son point d'observation et s'approcha du couple Connétable-Capitaine en toussant pour attirer leur attention.


Pardonnez-moi de vous interrompre mais j'aimerais bien savoir comment va votre amie que j'ai entrevut dans le coche tout a l'heure. Elle me semblait inconsciente lorsque je combattais ce malandrin et j'espere qu'il ne lui est arrivé de facheux.
Valezy
Se ne fut pas sans un profond intérêt que le Capitaine accueillit l’attitude soudaine de la jeune femme… Suivant par la même, de ses yeux bleus et avec la plus grande des attentions, le trouble perceptible qui s’emparait de la Baronne, tandis que cette dernière avait finalement remarqué le délicat contact que sa main exerçait sur sa hanche.

Quelques secondes plus tôt, Valezy aurait il pu imaginer une telle scène ? La réponse ne pouvait être que négative, alors que l’homme contemplait avec délectation les délicates joues d’albâtre de son interlocutrice prendre une vive et ravissante teinte rose. Spectacle tout autant admirable que ses grands yeux d’émeraude brutalement saisit par la gêne…

De telle sorte, que se ne fut pas sans regret qu’il entendit la déclaration soudaine du mystérieux guerrier, dont il avait, auparavant, bien peu entendu le timbre de la voix.
Tant et si bien, que durant un court instant, l’officier se retrouva bien en peine de porter une réponse claire à la pertinente question, préférant en cela garder un silence pesant qui prit finalement un terme alors qu’il eut reprit le cours de ses pensées.

Et bien… Il semble, en effet, que cette jeune Dame ai été saisit de quelques maux qui l’ont soudainement plongé dans l’inconscience…
Pour ma part, je ne suis guère homme de médecine… Quant à la Baronne de Lignières, j’ai bien peur qu’elle n’ait point encore récupéré de toutes ses émotions.


Et durant un court instant, les yeux du capitaine vinrent papillonner en direction de la Connétable, avant de reprendre.

Aussi, peut être vous serait il agréable de lui porter quelques soins ?

De toute façon, je ne sais quelle était votre direction et vos projets, sieur voyageur, mais pour aujourd’hui… La nuit ne saurait plus tarder à tomber désormais. Aussi, mieux vaut rentrer à Auch.
Nous y déposerons, en outre, ces deux jeunes nobles Dames à l’hospice de la ville, afin qu’elles y reçoivent quelques soins…
Ainsi que les deux marauds, mais pour eux ce sera un arrêt simple dans les geôles de la Capitale.


Un maigre sourire vint alors ponctuer sa déclaration.

Puis, quelques minutes plus tard…
Conformément à ses consignes, Gaspard avait tant bien que mal réparé la porte du coche… Et si le résultat n’était certes pas fameux, il n’en demeurait pas moins suffisant pour bloquer les insidieux courants d’air qui n’auraient pas manqué de faire trembler de froid la petite troupe.

Le cocher semblait, lui aussi, s’être quelque peu remis de sa brutale déconfiture et si ses coups d’œil hargneux, jeté en direction du nain, n’avait échappé à personne. Le bougre eut au moins le mérite de ne pas réitérer un quelconque esclandre avant de reprendre son office, avec pour compagnon à l’avant du carrosse… Son agresseur. Si là n’était pas le comble de l’ironie… Mais il aurait été, de toute façon, hors de question que le Capitaine impose la présence de l’agaçant petit sauvage à l’intérieur du coche.

Valezy, quant à lui, avait justement choisit d’imposer sa présence à l’intérieur… Il n’avait, en effet, pas jugé bon d’emmener avec lui son destrier lors de sa ballade du jour…
Et en tout point cela était bien mieux ainsi, se dit-il, car il pouvait dès lors se livrer entièrement à ses réflexions.

Aussi, se fut son regard rivé sur le ravissant minois de Johanara, qui se tenait dès lors en face de lui, qu’il se livra à cet exercice, ainsi rendu aveugle au défilement des décors que leur offrait la fenêtre du véhicule en filant à travers les bois et les prairies de la campagne d’Auch.

La jeune femme n’avait plus guère desserré les lèvres depuis qu’elle avait ordonné à son cocher de reprendre la route. Valezy repensa au trouble qui l’avait saisit quelques secondes plus tôt… Etait-ce cette même gêne qui rendait la belle aussi silencieuse ? Son émoi avait il était sincère ? Ou ne s’agissait-il que de l’habile jeu d’une femme trop bien consciente de sa beauté ?
Ses questions ne pouvaient qu’aviver la curiosité et l’intérêt de l’homme… Mais aussi, attiser un début de flamme, qu’il ne pensait plus pouvoir ressentir.

C’est alors qu’une dernière pensée vint s’imposer à son esprit… Sans audace, l’homme ne pouvait se destiner qu’aux regrets. Telle était la première leçon que se devait de découvrir tout un chacun, et si possible, au plus tôt de son existence.

Et une voix calme et posée se fit alors entendre…

Il est de coutume qu’une Dame récompense son sauveur, n’est il pas ? Hors, il me semble que nous n’ayons point encore abordée cette délicate question, Baronne.

A peine eu t’il le soin de terminer sa déclaration que le regard de son interlocutrice se posa sur lui. Son visage, une nouvelle fois, gagné par l’écarlate. Mais cette fois ci, Valezy aurait bien été en peine de définir s’il s’agissait de colère, d’indignation ou de gêne…
Et, il ne se laissa, de toute façon, pas le temps de découvrir réponse à ce mystère, avant de reprendre, non sans une lueur de malice au fond du regard.


Bien sur, rien ne vous empêche de me refuser cette faveur.

Un sourire plaisant vint se dessiner sur ses lèvres.

Tout comme, rien ne m’empêche de vous la proposer.

Aussi, vous serait-t-il d’agréable de passer une de vos soirées prochaines en ma compagnie ? Disons pour un diner… Juste entre vous et moi, cela va de soit. Le calme devrait ainsi nous changer agréablement de cette tumultueuse journée.
Qu’en dîtes-vous ?

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Johanara
Silencieuse , la Baronne regardait la sylve verdoyante défiler au dehors.
Le vert éclatant de ses yeux se fondait au vert tendre des prairies armagnacaises tandis que ses mains fines tambourinaient avec légèreté l’habitacle du coche.

Soucieuse de ne pas réitérer le tableau affligeant de sa perte de moyen , Johanara évitait de croiser le regard azuré du Capitaine.

Quelques instants plus tôt, elle avait remercié le jeune Bastien , chaleureusement , pour son acte de bravoure. Ce dernier s’occupait désormais de la jeune Comtesse toujours sous le choc.

Jamais Serguei n’avait eu conduite plus sereine , et la Baronne avait bien du mal à croire que son rimailleur ivrogne de cocher tenait les rennes , lui habitué à faire vivre un véritable supplice à ses passagers. Pour sûr la présence du nain à ses côtés devait l’empêcher de faire du zèle.

Tout comme la présence de Valezy plongeait la Connétable dans un embarras certain.
Resserrant ses longs doigts sur le tissu de sa robe , elle se risqua à jeter un coup d’œil en sa direction.

Ses yeux , deux myosotis profonds , étaient rivés à elle , et c’est avec un extrême déplaisir qu’elle sentit le rouge envahir son teint pâle.

Misère , ne grandirait elle jamais…

Sa main se crispa un peu plus sur son jupon , elle aurait voulu faire la conversation mais n’osait dire mot.

Il brisa alors le silence.

Pour le coup , la tendre rosée à ses joues se changea en écarlate. Une récompense?
C’est alors qu’il lui exposa ce qu’il avait en l’esprit.


Saisie par cette proposition surprenante, Johanara considéra le jeune homme un instant tout en se mordant la lèvre.

Etait ce bien raisonnable d’accepter pareille invitation?
Il fallait certainement le prendre comme un simple dîner entre collègues de l’Etat-Major.

Hochant la tête timidement , elle lui sourit avec douceur :


Ma foi mon Capitaine je ne saurais refuser …Vous avez fait preuve de tant de courage , il serait bien ingrat de ma part de vous dire non.

Les larges prunelles jade se firent limpides tandis qu’elle rajouta sur le ton de la confidence.

Et de vous à moi je n’en ai nullement envie.
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--Serguei
Serguei bouillonnait depuis qu’ils avaient quitté la petite clairière.
On lui avait flanqué le nain à ses côtés . Grognant , il porta la main à son épaule douloureuse et lança un juron avant de cracher sur les chausses de son compagnon d’infortune.

Foutu nabot , il lui avait presque pété la clavicule.


Maudit basin , t’vas m’le payer , c’est moué qui t’le dis! S’ra pas dit que j’vais m’laisser faire par un minus dans ton genre! J’fais pas dans la parlure moué! T’vas voir! Diou j’vais t’faire ravaler ton cornillet! Et t’boulayer comme il faut! Vais t’apprendre moué à m’accagner!

J’vais t’débestiller! Face de fronque! Vais t’briser tel d’la muloche!


Toujours à râler , le cocher voyait bien que le nain se contenait , sans doute par crainte des ires de son maître. Tiens parlons en de ce basin.

Pis qu’ton baziot de caniot endimanché essaie même pô de bloner la Baronne. S’moué qui t’le dit , si j’vous r’vois dans l’parages , je vous f’rai l’regretter.

Accompagnant le geste à la parole , le poing de Serguei s’abattit sans autre forme d’avertissement sur la trogne du nain qui ne l’avait pas vu venir!

Enragé l’ivrogne lâcha ses rennes et se jeta sur le domestique , dentier en avant , prêt à lui mordre l’avant bras.

Le cocher dévia violemment de direction , et manqua se renverser par deux fois.

N’ayant cure du branlement et des turbulances , le vieux berrichon , les yeux assombris par la rage tiraillait de toutes ses forces la tignasse du nain.


J’t’avais bien dit nabot! Plus qu’à chialer comme un bousou!
Valezy
Un léger doute sembla s’emparer de son visage… Prestement remplacé par un simple sourire suivit d’un léger hochement de tête, qui fit, par la même, délicatement danser la flamboyante chevelure. Et réponse fut alors donnée par la jeune noble à sa question, ou plutôt… A sa proposition.

En retour à ses mots, une dernière étincelle vint scintiller derrière les paupières de Valezy, pendant qu’un sourire, indéniable marque de sa satisfaction, se dessina sur ses lèvres.

Et à la dernière remarque de la Connétable, il lui répondit en ces propos.

C’est bien là que réside l’essentiel, Baronne…
Aussi, vous ne pourriez me donner de réponses plus agréables.

Un regard intense vint alors se river dans celui de la jeune femme. De telle sorte qu’il aurait pu sembler que le Capitaine était à même de déchiffrer quelques sombres secrets par ce simple fait.

Je vous ferai donc conduire et escorter par mes gens, une fois que vous vous serez remises de toutes ces émotions, bien sur.

Evitant, par la même et avec grand soin, de s’arrêter sur les séquelles que la malheureuse venait de subir en cette triste journée.

Soyez de même assuré que je me fais grande joie à l’idée de cette soirée passée en votre agréable compagnie.

Et à cet instant, toute sévérité semblait avoir alors disparu de son visage pourtant impénétrable à l’accoutumée.

Au dehors, par la fenêtre du carrosse, ou plutôt de ce qu’il en restait, les décors se succédaient et déjà, à l’horizon, voyait se profiler, sous le regard du spectateur, les hautes tours de la cité d’Auch…

Bientôt, cette journée s’achèverait… Pleines de surprises et de dangers… Et, si nombreux étaient les protagonistes qui auraient été en leur bon droit de garder un sombre souvenir du moment passé dans ces bois, qui se trouvaient déjà derrière eux...

Il n’en irait certainement pas de même pour Valezy, se dit alors avec certitude ce dernier.

C’est alors, que la conduite du coche se fit soudainement plus brusque, déviant à plusieurs reprises de sa trajectoire initiale, menaçant, ainsi, de renverser le véhicule et leurs passagers.

Manquant de peu de chuter de sa banquette, il étouffa un juron tout en s’agrippant fermement à l’embrasure de la porte pour mieux se retenir.

Sa voix claqua, alors, comme un fouet, tandis qu’il s’exprima avec suffisamment de force pour se faire entendre du conducteur et de son compagnon d’infortune. Son visage ayant retrouvé cette impassibilité qui le quittait si peu souvent.

La route, maudits corniauds…
Fait arrêter ce cirque Gaspard… Immédiatement !


Une voix étouffée lui répondit presque aussitôt, avant que par deux nouvelles fois, le coche manque de peu de quitter la route…
Puis, leur allure se freina, tout aussi soudainement qu’elle était devenue folle.

Un soupire de soulagement s'ensuivit...

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--Gaspard_le_nain
Et, pendant ce temps là, à l’avant du coche.

Pourquoi le monde se devait il d’être aussi cruel à son encontre?
A cette légitime question, le regard du nain s’éleva vers les cieux comme s’il s’attendait à y recevoir une divine réponse. Son seul crime était d’être né petit, ce qui lui avait valu de ne connaître que le mépris et les brimades de ses pairs… Et cela se poursuivait inlassablement alors qu’il avait reçu comme énième punition, le fait de se retrouver avec l’autre sac à vin.

En cet instant, il aurait tout donné pour être grand, pour être libre… Et surtout pour écraser le crâne du cocher avec violence. Mais il était lié au service de Valezy et ne pouvait même pas se permettre ce dernier luxe… Le jeune maître avait, en effet, été bien clair et il n’était jamais bon d’aviver la désapprobation de celui-ci.

Mais, ce bougre d’âne de cocher ne s’arrêterait il donc jamais de débiter des phrases sans queues, ni têtes ? Tandis qu’à son écoute, la compréhension de Gaspard ne cessait de buter tous les deux mots.

Cela devenait tellement grotesque, que le nain se mit à bailler ostensiblement comme pour mieux faire part de son dédain…
Puis, ses yeux se rouvrirent alors… Pour mieux apercevoir le poing de Serguei filer sur son visage. Le contact fut des plus brutal et il sentit l’arrête de son nez céder sous la pression. Juste avant que de chaudes effluves ne s’écoulent sur son menton baignant, par la même, ses lèvres d’un gout métallique… D’un gout de sang.

Fou… Il était fou, se dit Gaspard tout en regardant son agresseur lâcher les rennes de ses montures laissant ainsi le carrosse libre de tout contrôle. Sa pensée fut rapidement ponctuée par la douleur que l’homme lui infligeait en tirant sans ménagement ses cheveux et en tentant de le mordre.

C’est alors qu’il entendit une voix émaner de l’intérieur du coche, celle de Valezy le sommant de reprendre la situation en main.

Le nain maugréa plus qu’il ne répondit.

Si tu crois que c’est facile… Il a le beau rôle le gamin…

Puis rivant son regard dans celui de Serguei.

Assez, tu te bas comme une pucelle qui plus est… Amateur !


La main calleuse de Gaspard s’abattit alors avec fracas sur l’épaule douloureuse du cocher, avant de serrer cette dernière de toutes ses forces et de faire s’échapper, à son adversaire, un gémissement de douleur.

Qui s’est qui pleure maintenant ?

Ses yeux se froncèrent et son front vint s’abattre sur le visage du berrichon qui s’affala alors sur la maigre planche qui soutenait la banquette du conducteur, manquant de peu de passer ainsi sous le carrosse lancé en plein galop.
Profitant de sa victoire, le nain reprit correctement son assise avant de rattraper, tant bien que mal, les rennes laissés à l’abandon. Il tira, alors, de toutes ses forces et au bout de quelques périlleuses minutes, parvint à reprendre le contrôle du véhicule et à freiner leur rythme.

Ses petits pieds, qui jusque là, avaient eu bien du mal à prendre leur appui à cause de sa taille, se posèrent alors sans ménagement dans le dos de Serguei. Maintenant, par la même, ce dernier en équilibre sur sa planche.

Puis, il se pencha, finalement, pour arracher sans ménagement l’outre d’armagnac que l’ivrogne semblait garder en permanence à sa ceinture. Et ceci, juste avant d’y boire une bonne lampée. Pour, enfin, déclarer:


Et ça, gros nul… C’est le tribut du vainqueur !!!
Johanara
Rah! Ce regard! Des yeux aussi beaux , on les visite , on s’y engage et on s’y perd.

Eperdue , Johanara écoutait le Capitaine, jetant de temps à autre un coup d’œil inquiet vers Bastien , priant le Très-Haut de ne pas passer pour plus sotte qu’elle ne l’était devant l’héritier de son grand ami défunt.

« Je vous ferai donc conduire et escorter par mes gens, une fois que vous vous serez remises de toutes ces émotions, bien sur. »

Il lui fallut se mordre la langue fortement pour ne pas laisser échapper de ses lèvres purpurines quelques paroles empressées lui suggérant qu’elle se remettrait bien vite et qu’il ne faudrait point trop tarder!

Valezy arborait un air amène et serein qu’elle ne lui connaissait pas. Son visage dur et fermé à l’accoutumée rayonnait d’une certaine douceur et la Baronne, suspendu à ses lèvres , se surprit à désirer être la cause de ce changement.


Une première secousse la sortit de sa rêverie , et elle laissa un rire cristallin fuser dans l’air , en voyant le preux Capitaine manquant chuter. Elle sourit avec malice tandis qu’il sommait aux deux enragés de ralentir l’allure.

Grand mal lui en prit. Quelques instants plus tard , le coche freina brutalement , envoyant la jeune fille choir dans les bras des deux hommes assis côte à côte.


Norf de norf! Nous n’en réchapperons pas vivants!

Tentant de se relever, les remuements du véhicule empêchant de rester digne , ses jupons s’accrochèrent à la garde de l’épée de Bastien.

M’enfin! A ce rythme là , c’est en corset et bas que j’arriverai à Auch!

Maugréant , coincée entre le Capitaine et le jeune Bastien , elle pria Aristote de toute ses forces pour que Clémence ne se réveille pas en cet instant. Tentant de tirer sur le tissu , elle rajouta :

Je me demande si je ne vais pas livrer Serguei en même temps que les deux ploucs aux autorités!

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--La_chouette.
A l’arrière du coche , minable et morveux , la chouette reniflait et soupirait , insensible à la conduite chaotique du véhicule.

La mine dépitée de son compère lui fendait le cœur. Dans quelques jours , leurs corps se balanceraient probablement au bout d’une corde. Ils avaient commis beaucoup de larcins , brigandant sur les routes et tendant des embuscades dans les bois. Peut être méritaient ils le sort qui les attendait après tout…

Mais l’mulot , c’était un bon p’tit gars. Même pas vingt ans , un peu benêt. La chouette s’en voulait terriblement de l’avoir entraîner dans cette vie de pillard. Quelle idée , elle avait eu la Jeanne de lui r'filer son fils pour pas qu’il finisse comme son père , mort lors d’un éboulement à la mine…

Jeanne… Jeanne et ses grands noirs en amende et sa peau douce comme du p’tit lait!

Allez l’mulot , tire pas la tronche , ça va aller , s’il faut partir , on l’fera la tête haute hein…

Le tête coincée dans le nœud d’une corde plutôt. Ou peut être bien décapitée à coup de hache.
Va savoir ce qu’ils faisaient aux brigands dans c’bled.

Attaquer une comtesse aussi…Z’avaient pas été très malins. Quand ils s’en prenaient aux prélats , leur soutirant les pierres précieuses qui ornaient leurs crucifix et leur bijoux , personne ne s’en souciait.

C’est moins agréable à sauver un évêque engoncé dans sa cape de fin velours qu’une jeunette dans ses froufrous parfumés.

Il avait foiré sur toute la ligne. A présent qu’il sentait sa fin approcher , les regrets lui rongeaient l’âme et le corps. Il aurait dû continuer son labeur aux champs et épouser la Jeanne. Au lieu de la laisser filer avec cet abruti de mineur cornu. Mais l’était bien jeune encore et il avait pas eu envie de s’passer la corde au coup.

Haha. Petit ricanement tandis qu’il essaie de remuer un peu. A ça ils l’ont pas loupé! Ligoté comme un jambon! Pas même moyen d’bouger un orteil.


Tu sais quoi l’mulot…Si on a un foutu procès , laisse moué parler. J’vais leur dire qu’t’y es pour rien.
Pô la peine qu’on soit pendu tous les deux. Pis ça f’rait trop de peine à ta mère. T’sais qu’j’aime pô quand elle pleure la Jeanne. T’as compris p’tiot?

Pas sûr que l’mulot accepte. S’étaient attachés l’un à l’autre d’puis l’temps.

Les chamailleries du cocher et du nain les détendirent un instant.


J’prend l’pari que l’ivrogne s’fait éclater!

Héhé , écoute , j’crois qu’le nain lui a réglé son compte!
Valezy
A freinage brutale… Réaction brutale…
Et se fut comme si une tornade de tissu froufroutant, auréolée d’une rousse chevelure, vint s’abattre à ses côtés tandis que la baronne venait d’être littéralement éjectée de sa banquette.

Inquiété par la brusquerie de ce dernier événement, le Capitaine s’apprêtait à s’enquérir auprès de la jeune femme, afin de s’assurer qu’elle ne s’était point fait douleur…
S’apprêtait seulement, car quand son regard se posa sur sa nouvelle voisine d’infortune, sa sollicitude laissa place à un tout autre sentiment…

Malgré tout ses efforts, il ne pouvait plus, en effet, ignorer les déchirures de la tenue de la Connétable, s’y attardant, ainsi, plus que de raison… Ressentant par la même l’agréable chaleur que le corps de la belle diffusait dans sa propre chair. Percevant, tout autant, la blancheur de cette peau, qu’il ne pouvait imaginer que douce, comme une troublante invitation.

Et c’est alors que le coup de grâce lui fut donné… A l’évocation du bustier de l’agréable créature… La simple mention de cet atour, lui suffit pour soudainement lâcher la bride à son imagination et son esprit n’eut guère de mal à rendre tangible ces simples paroles.
S'ajoutant, ainsi, à son soudain émoi, car Valezy n’en restait pas moins un homme après tout.

Ses yeux se fermèrent alors, son souffle se fit imperceptiblement plus rauque et plus rapide et se fut enfin à son tour de se sentir monter le rouge aux joues.
Calme-toi… Il faut que tu te calme avant que cela ne se voit… Aussi difficile que cela puisse être, se dit-il alors. Et, en retour à cette pensée, les ongles de sa main s’enfoncèrent dans son genou.

La baronne se mit alors à aborder le sujet de son cocher… Et il s’abstint bien de répondre, ne se sentant en rien capable de lui offrir une réponse compréhensible.

Tu n’es pas un enfant, bon sang… Tu n’es même pas émotif… Pense à quelque chose de désagréable. Mettant en œuvre ses propres conseils, son esprit vagabonda, alors, dans ses souvenirs… Se replongeant pas la même dans une de ces anciennes et sanglantes batailles qu’il avait mené.

Et force fut de constater que cela fonctionna et même s’il ne pu retrouver, aussitôt, toute sa superbe. Il se força, tout de même, à faire bonne impression.

Attendez… Je… Je vais vous aider… Enfin… Essayer…

Puis, quelques heures plus tard…

Le carrosse avait fait son entrée dans la bonne ville d’Auch…
La baronne avait finalement pu retrouver sa place,
Le Capitaine avait enfin pu reprendre le contrôle sur ses vices,
Et l’Hospital de la cité commençait à se dessiner droit devant eux, tout au bout d’une des rues de la ville…

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