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[Hôtel de Lazare : à la recherche du p’tit chap’ron rouge]

E_newton
Il les avait tous deux écoutés, le vieux serviteur et la jeune damoiselle dont il ne connaissait toujours ni le nom ni le pourquoi de sa présence en ces lieux. Il avait puisé en chacun de leurs mots moult informations lui permettant de croiser les maigres renseignements qu’il possédait déjà, mais qui venaient tout à coup de s’amplifier grandement. Enguerrand qui se sentait responsable du départ de Cerrid, et qui replongeait dans les limbes de la folie de son « autre ». À coups d’bottes dans l’fond’ment qu’il serait allé le remuer s’il ne s’était contenu le Capitaine ! Était-ce ainsi que l’on devait se résigner ? Etait-ce ainsi qu’il lui avait appris à combattre l’adversité ? Lui, l’ancien Grand Maître, qui avait été l’un des exemples fédérateurs de ce qu’était devenu le blondinet, lui qui l’avait adoubé en ce jour de septembre 1457. Lui dont il se remémorait encore les paroles énoncées en ce jour spécifique … Il est un frère parmi nous dont la valeur et le courage n'ont plus rien à envier. Il est de ceux toujours sur les chemins, présent dès lors qu'il le peut dans chaque coup dur, chevauchant, rassemblant, organisant. Il est temps pour celui là d'accomplir ce long chemin qu'il parcoure depuis des années maintenant. Qu’en était-il advenu de ce beau discours sur les fondements mêmes de la Chevalerie et de la Fraternité ?

Les regards ne cessaient d’être fixés sur lui, comme s’il pouvait détenir la solution de cette fâcheuse énigme. Punaise qu’il se sentait petit et vulnérable en cet instant le Licorneux. Tous demeuraient désormais dans l’expectative, comme pendu à ses lèvres dont ils attendaient les mots annonciateurs d’une résolution dont il ne savait pas encore laquelle elle devait être. Alethea était demeurée muette, voire même transparente depuis leur arrivée en l’hôtel. À croire qu’elle avait trouvé le moyen de se fondre dans le décor sans que personne ne s’en aperçoive, mais lui la voyait. Yseault, qui avait interrompu sa question à l’arrivée de l’inconnue, et qui depuis s’était sagement tenue à ses côtés, quelque peu en retrait. Le jeune Fauconnier, qui après s’être fait vertement rabrouer, semblait plongé dans une sorte de bouderie. Et maintenant, Pierre et la brunette toujours inconnue qui semblaient eux aussi attendre une réaction du Capitaine.

Sa propre résolution était bien entendu déjà prise, mais pour autant, pouvait-il tous les embarquer dans cette histoire ? Il ne s’agissait pas là d’une mission à proprement parler. Même si certains d’entre eux l’avaient rejoint sachant qu’ils allaient partir à la recherche de Cerrid, il n’en était pas de même pour Yse par exemple. Quand bien même elle avait fait acte de candidature en l’Ordre, elle n’en était pas encore membre. Et le « petit » là, qui se voyait déjà partir en guerre contre une armée toute entière … Le Capitaine n'allait-il pas les exposer à des dangers qu’ils ne sauraient traverser ? Pourrait-il les protéger tous de ce qui pouvait les attendre ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qui les attendait ? Quelle ignominie faite homme, empêchait sa « petite sœur » de le rassurer sur sa condition en cet instant ? Que lui était-il arrivé en partant ainsi seule à la recherche de ce Jules ? Quel était cet homme après lequel elle avait choisi de courir seule ? Pourquoi cette traque qui lui était inconnue ? Pourquoi vouloir la mort de cet individu ?

Quand bien même il y ait un danger pernicieux présent ou non en la cité Poitevine, sa décision était déjà prise. Fusse t’il seul ou non, il irait la chercher, même à l’autre bout du Royaume si cela devait être le cas. Rien ne l’empêcherait, ni ne pourrait s’opposer à ce qu’il la retrouve. Quand bien même ce soit là son ultime quête, il la mènerait à bien. Il n’aurait de cesse que lorsqu’il reverrait son visage auréolé de sa chevelure si particulière. Il lui fallait cependant répondre aux interrogations qui venaient de lui être formulées, et il s’enquit de le faire promptement.

Damoiselle … je sais qu’elle est à La Rochelle, car elle m’en a informée par missive. C’est en tous les cas là où elle se rendait quand elle l’a écrite.
Je ne connais nul Jules, mais peu importe en fait. Si elle le traque c’est qu’elle a toutes les raisons de le faire.
Peu m’importe qu’il soit seul ou non, je vais la retrouver, nous la ramener, et rien ni personne ne pourra m’en empêcher.
Je reprends la route dès demain pour me rendre à La Rochelle.


Nulle allusion concernant ceux qui l’avaient accompagné jusqu’ici. Libre à chacun de faire ses propres choix, car il ne pouvait pas le leur imposer. Ils savaient désormais tous que le risque était présent, et que c’était en terre inconnue qu’ils allaient pénétrer. Il lui faudrait contacter Mackx, leur frère Licorneux, afin que celui-ci lui obtienne un laissez-passer en bonne et due forme. Il serait vraiment trop bête de se faire écharper par l’une des armées en stationnement dans chacune des villes qu’ils allaient traverser. Trois jours, ils y seraient dans trois jours, et d’ici là, tout pouvait encore arriver.

N’attendant nulle réponse, ni commentaire, il salua humblement le Maître d’Hôtel ainsi que celle qui demeurerait sans doute encore longtemps une inconnue. Intérieurement, il se remémora ces quelques vers qu’il avait écris un soir au fond de sa cellule dans les catacombes de Ryes.

Ethan a écrit:
Non, je ne suis pas ce noble Chevalier Blanc,
Qui de son bras, anéantira les brigands.
Chevalier fatigué, je chevauche en silence,
Le malheur à percé mon cœur de sa lance.
L’âme noire comme l’encre, Chevalier ténébreux,
Même avec ce collier, je suis demeuré Gueux.
En quête du graal, pour la vie, je suis parti,
Je défends mes vérités et les faibles si je puis.
Au soir de ma vie, quand enfin je sombrerais,
Vous m’oublierez, au néant je retournerais.

Peut-être courrait-il au devant de sa destiné …
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Lady_antlia


[Dans la taverne de Limoges ]

La Blonde conversait avec son amie Ald. Réchauffées par plusieurs tisanes, reposées par quelques heures de repos, elles conversaient à une table en attendant . Attendre, l'attente était ce qu'il y avait de pire. La plus mauvaise expérience avait été toutes ces armées, où l'attente mine les meilleures volontés. Et une désillusion complète lorsqu'il n'y avait pas combat.... Elle l'avait tant vécu en tant que capitaine d'armée, motiver encore et encore ses troupes: c'était le plus difficile, bien plus que la stratégie.
Ald ne connaissait point cela, elle n'avait jamais eu la chance ou la malchance d'être incorporée dans une armée.
La Blonde regarda sa tisane puis regarda la Rousse.


Il fait bien froid ces derniers temps... J'ai appris qu'il existait une plante contre les coups de froid : le génépy ... La connais tu ?
Un vieil homme m'en a touché deux mots lorsque j'etais en Dauphiné. C'est une petite plante fleurie des sommets des Alpes. Il allait la chercher lorsqu'il était jeune a une très haute altitude ... Et c'est devenu une sorte de rite chez eux . A chaque fin de belle saison, la famille va dans les sommets chercher la plante.

Elle fit tourner le restant de sa tisane dans le fond de sa chope.
Il faudrait en avoir toujours sur soit, un coup de froid cela peut avoir de graves conséquences...
Coup d'oeil à la Rousse en face d'elle, puis elle vida le fond de sa tasse.
ça donnerait sans nul doute un autre goût à cette ..
Conversion suspendue, quelqu'un venait d'ouvrir la porte. Un tout jeune garçon qui semblait chercher quelque chose ou quelqu'un, lorsque son regard s'écarquilla sur la cape azur estampillée de deux Licornes d'argent.


Hey! P'tit, tu la trouves belle ma cape?
L'Etoile lui adressa un joli sourire, et eut la surprise de voir le garçonnet venir à elle.
Dame, dame, on vous cherche. Des gens qui ont la même cape que vous. Il y a un grand blond, il m'a donné une pièce pour que je vous trouve, et que je vous dise .
Le garçonnet prit son inspiration et comme si il avait répéter en sa tête maintes et maintes fois, il récita:
le départ est prévu pour aujourd'hui . Le point de ralliement est la porte ouest d'la ville.
Le petit regarda la Blonde, fier de lui. Antlia tout en glissant ses doigts vers son aumônière lui sourit un peu plus :
je te remercie beaucoup pour cette commission. Un verre de lait chaud t'attend là bas.

Une main se posa sur l'épaule du garçon, puis elle déposa une pièce devant lui en soufflant un merci puis régla sa note et commanda le verre de lait chaud .
Ald allons nous préparer et acheter quelques vivres, cela vaudra mieux . Je ne sais ce qui nous attend là où nous allons ....

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Aldraien


Se marier avec une table, et pourquoi pas d’abord ?

C’était dans la taverne de Limoges que l’action avait lieu ce jour, enfin action…que les deux amies s’étaient retrouvées autour d’une -de plusieurs en fait- tisane(s), disons. Oui, il ne fallait pas exagérer, cette capitale était tout sauf un lieu où de l’action avait lieu, sauf quand il s’agissait pour certains de se plaindre de l’attitude peut-être trop froide de la rouquine, trop froide ou simplement peut attirée par le genre d’humour peu recommandable des habitants, presque de la débauche, pas son truc à Ald.
Elle n’était pas impatiente d’ordinaire la rouquine, mais cette fois elle avait hâte de quitter la capitale désertique, pour aller n’importe où tant que ce n’est pas cet endroit.
Car c’est connu, l’ennui fait revenir à la surface les souvenirs que l’on aurait souhaité oublier à jamais et ceux de Ald n’étaient pas des plus agréables, aussi elle tentait de s’occuper comme elle le pouvait mais ses pas la menaient pratiquement tout le temps en taverne. Parfois, elle avait rencontré Ethan, et, moins rarement, elle avait pu passer un peu de temps avec sa suzeraine d’amie, Antlia.
C’était d’ailleurs en sa compagnie qu’elle s’était retrouvée au chaud alors que dehors le temps se dégradait.

Il faisait bon dans la taverne, le feu présent dans l’âtre réchauffait les deux amies assises l’une à côté de l’autre, comme souvent. La rouquine, oubliant les règles de tenue pour une personne de la noblesse, était affalée sur sa table, ne faisant presque plus qu’un avec elle. Même qu’elle avait émis l’idée de se marier avec, pourquoi pas après tout ? Elle savait écouté et au moins elle ne la laissait pas seule, elle. Il allait falloir lui arracher la table en partant, sinon elle ne la laisserait pas.
Affalée donc sur sa table, elle écoutait le récit de Tlia d’une oreille quelque peu discrète, comme souvent ces derniers temps, l’esprit ailleurs. L’Etoile en tout cas semblait passionnée par sa plante venue toute droit des hauteurs du Lyonnais Dauphiné.
Les coups de froids aux graves conséquences…le seul dont Ald se souvenait était celui qu’Antlia avait eu à Lyon alors qu’elle était enceinte et qu’elle en avait trop fait. Elle se souvenait de la fièvre et des douleurs qui l’avaient tenu alitée de nombreux jours et de son bras qu’elle avait abimé.
Un sourire qui se dessine sur les lèvres de la rousse alors qu’elle repense cette fois à sa filleule et à ses petits coups de froid lors de leur voyage au bord de l’océan, à ses ‘m’ transformés en ‘b’ pour la plus grande rigolade de sa marraine et le plus grand ronchonnement de la demoiselle, ainsi que sa recherche de remèdes par tous les moyens possible.

M’enfin bien sûr ses réflexions sur la façon de torturer un herboriste pour avoir de vrais remèdes ne durèrent pas, interrompue comme elle le fut par le jeune garçon entré subitement dans la taverne, plus moyen de réfléchir tranquillement aux meilleurs instruments de maltraitance possible…
Regard qui passe de la cape azure de Tlia à Tlia elle-même et inversement, regard qui passe de la cape au gamin pour la rousse, amusée de la tête du petit qui semblait complètement sous le choc de la découverte, c’était pas si affreux que ça quand même.
Tête qui se relève quand le gamin ose enfin parler, oreilles aux aguets et pour le coup elle a bien fait. Le départ ! Enfin !
Le reste ne l’intéresse plus, le gamin aura son verre de lait et il aura bien gagné sa journée, Tlia et elle avaient maintenant de nombreuses choses à faire. Se levant en même temps qu’Antlia, elle salua d’un signe de tête le tavernier avant de sourire à son amie.


Je vais aller préparer mes affaires, puis j’irais préparer les chevaux pour le départ. Nous nous retrouverons comme le petit a dit, à la porte ouest de la capitale, je t’y attendrai avec les montures.

Chose dite, chose faites, la rouquine ne traine pas, elle est trop heureuse de quitter enfin Limoges, la capitale déserte. Dans sa chambre, elle n’a plus qu’à ranger une ou deux choses, gardant souvent ses bagages prêts à être le plus rapidement possible emmenés, on ne savait jamais ce qu’il pouvait arriver. Une question de pratique, parfois il n’y avait pas de temps à perdre et là c’était justement ce genre de situation pour laquelle la technique existait : c’était une situation d’urgence, elle avait besoin d’air la rouquine, et vite !
Pas le temps de dire ouf que la vassale est déjà dans les écuries à s’occuper de leurs montures qui n’avaient pas fait de l’exercice depuis trop longtemps, elles allaient finir par s’engraisser. Rapidement, avec expérience puisqu’elle le faisait très souvent, elle prépara les chevaux, rechignant toujours à ce que quelqu’un s’en occupe à sa place, tout palefrenier renommé qu’il aurait pu être. A la limite lui donner des conseils, et encore.
C’est qu’elle était exigeante mine de rien la rouquine, surtout quand ça concernait ses habitudes, leurs habitudes.
Au lieu de rendez-vous, elle y était assez tôt, attendant patiemment l’arrivée des autres en tenant les deux montures par la bride. Une fois la nuit tombée avec le silence sur la ville, ils se mettraient en route tous ensemble, encore une fois.

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Mariealice
[Parce qu'il est l'heure.]

Bruits de bottes sur les pavés limougeauds au petit matin alors que le jour se levait à peine. Silhouette encapuchonnée, se cachant sous une cape désormais sans âge vestige d'un passé résolu mais qu'elle gardait presque religieusement pour la mémoire de celui qui la lui avait offerte un soir à Rochechouart voilà bien des années.

Silencieuse elle avançait, inspirant l'air froid de cet hiver, reprenait possession pour quelques heures simplement de cette ville. La ville se réveillait doucement parmi les chalands, les coursiers, les artisans ouvrant leurs échoppes. Et elle marchait. Réfléchissait-elle? Aller savoir. Peut-être que oui mais à quoi? Nul de ceux qui la croisaient n'auraient pu le dire, ombre des rues, fuyant ou cherchant quelque chose.

Ses pas s'arrêtèrent sur la berge de la Vienne et ses yeux se perdirent dans la contemplation de l'eau filant à toute à l'allure. La brune aimait l'eau. Aussi loin qu'elle s'en souvint elle l'avait toujours aimée. Les lacs gelés pour faire du patin ou se baigner en été. Un sourire vint éclairer les traits du visage sous la capuche. Karyl voulait s'y rendre mais ils parlaient bizarre lui avait-il écrit. Elle avait répondu au petit aventurier que c'était parce qu'il s'agissait d'une langue qui était autre. Comment se portait-il ce petit ange blond? Etait-il prudent au moins? Le clocher de la cathédrale la sortit de ses rêveries. Prime. Il était temps d'aller le chercher, peut-être même d'affronter la bête tapie là quelque part sous le regard ambré.

Ses bottes reprirent les rues en sens inverse, remontant la pente vers les hostels côte à côte, presque jumeaux, l'un fermé, l'autre qui en prendrait le chemin sous peu. Enfin il s'était décidé, cela lui avait pris bien du temps, elle devait bien s'avouer qu'elle n'y croyait plus vraiment d'ailleurs et rongeait son frein. Jusqu'à cette lettre, ces mots couchés sur un parchemin. Il venait. Elle était partie, l'autre rodait et lui venait. Son sang n'avait fait qu'un tour et la réponse avait fusé à son tour. Ne bouges pas on arrive. Je t'interdis de partir sans moi. Il n'avait pas discuté, connaissant sa soeur suffisamment pour savoir qu'il n'avait pas à discuter, comprenant sans doute qu'elle avait peur de le savoir seul sur les routes.

La brune finit par s'arrêter dans une cour, fit retomber en arrière le tissu pour dévoiler son visage tandis que ses yeux observaient la façade. Où se trouvait-il? Dans quel état? Un soupir avant de venir frapper à la lourde porte de bois qui finit par s'ouvrir sur le visage du vieil homme qui s'occupait de la maisonnée.


Bonjour Pierre. Comment allez-vous? Mon frère est-il par ici?

L'intendant la regarda avec des yeux ronds avant de réagir et de la saluer à son tour, ouvrant en grand pour qu'elle entre dans le vestibule.

Mon dieu, Votre Seigneurie j'ignorais que vous veniez. Le Baron ne m'a pas prévenu. Voulez-vous que je vous fasse préparer quelque chose? A manger? A boire? Oh j'en oublie les bonnes manières. Bonjour. Votre frère est... Enfin vous savez il ne veut voir personne. Que moi. Trois fois par jour.

La mâchoire de Marie se serra tandis qu'il exposait les faits. Ainsi elle avait eu raison de craindre.

Ne vous inquiétez pas Pierre. Je vais bien et je n'ai besoin que d'une chose. Que vous me meniez à lui.

Elle leva la main alors que le vieux serviteur ouvrait la bouche et commençait à secouer la tête.

Pierre, croyez-moi je sais ce qu'il en est. Il ne me fera aucun mal mais je dois le voir. Tout de suite. Et faites préparer ses malles. Nous partons et il vient avec nous. Et vous aussi bien évidemment si vous voulez rester à son service. Vous êtes le bienvenu.

Marie lui sourit, essayant d'être à la fois convaincante et rassurante alors que lui revenait en mémoire la dernière fois, et à vrai dire jusque là la seule, où elle avait rencontré l'Autre. Cela ne serait pas facile si vraiment il reprenait le dessus mais après tout elle n'avait pas fait tout ce chemin, attendu aussi longtemps pour faire demi-tour maintenant. Elle suivit donc l'intendant qui ne cessait de lui jeter de fréquents coups d'oeil angoissés tout en lui recommandant d'être prudente et à qui elle répondait qu'il n'avait pas à s'en faire et que tout irait bien.

La porte s'ouvrit enfin avant de se refermer derrière elle mais cette fois elle avait les clés. Tandis que ses yeux s'habituaient lentement à la pénombre.

Nadji, c'est moi Aella. Je suis là, je suis venue te chercher comme promis.

Oui je suis là mon frère et personne ne m'empêchera cette fois de te ramener.
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Cerridween
[ Bien après la bataille...]


Elle est devant la porte.

Elle la regarde un instant.
Ils sont partis au sud. Elle a encore les cahots de la carriole dans la peau. Pourtant il fut doux, ce voyage. Malgré tout. Elle a oublié un peu dans les bras d'un Morphée et sur l'épaule d'un frère. Celui qui est venu la chercher, fou d'inquiétude, avec les volontaires qui avaient sillonné la route et la ville de La Rochelle.

Elle a encore dans le coeur le reproche de son regard. Il s'était effacé. A l'abri d'une couverture, lorsqu'elle s'était laissée faire, laissée menée au train de la calèche qui l'avait ramenée. Il n'a pas dit grand chose. Il l'a juste regardé dormir. Il lui a offert son bras pour descendre. Elle a sourit à demi. Et ils sont paris.
Ils sont partis au sud.

Et elle comprend pourquoi maintenant. Elle ne sait pas quand ils reviendront. Elle ne sait pas s'ils reviendront tous. Elle voudrait être là pour veiller sur eux, comme il aurait voulu être à ses côtés pour affronter le diable. Mais qu'aurait-elle pu faire avec ce bras mort.... Rien. Et les doutes devant cette porte reviennent.

Qui voudrait d'un maitre d'arme avec un bras en moins ? Qui voudrait d'un Capitaine diminué et usé ? Qui voudrait d'une amante défigurée ?

La tête ne se secoue pas pour évacuer les pensées.

Pour une fois elle doit faire confiance. Faire confiance au temps. Le temps qui guérit tout. Peut-être son épaule aussi. Leur faire confiance. Se dire qu'ils ne feront rien de dangereux, rien qui les mettent dans un pétrin sans nom. Qu'il l'écouteront leur autre Capitaine, qu'ils le suivront. Et lui faire confiance à lui.

Il lui avait dit qu'il porterait tout avec elle. Il lui avait promis d'être là, toujours. Il n'a pas tenu tout le temps sa promesse. Mais il était revenu. Elle le sait. Il est souffrant lui avait dit Ethan. Il n'avait pu les recevoir, mais il est là.

Elle a besoin... elle a besoin qu'il tienne sa promesse. Parce qu'elle n'a plus rien pour l'instant qu'un bras en écharpe, un visage coupé en deux, des doutes, un avenir à redessiner, une flamme éteinte et un coeur qui se meurt.

Elle avance lentement. Les gardes ont évité de croiser son regard. Elle a portant senti le leur dévisager la trace encore rouge sur sa peau et sa démarche saccadée. Elle n'aura fait qu'un signe de tête pour la forme, laissé sa monture à leur soin.

Il y a cependant des choses qui clochent même si elle est partie depuis longtemps. Il y a trop peu d'agitation. Même au creux de l'hiver qui a laissé des trainées blanches sur le paysage qu'elle a traversé. Il y a trop de silence dans cette cour. Peu de montures. Peu de petits riens qui trainent.

Elle a avancé jusqu'à la porte et ses pas ont résonné dans le hall de l'autel en se répercutant trop bruyamment contre les murs. Il manque... ce coffre à l'entrée. Il manque... cette table... il manque... cette odeur de cuisine.... le bruissement de la robe de la servante qui venait fureter dès qu'il y avait un intrus.... seul le crépitement léger du feu dans l'âtre de la grand salle presque vide lui fait signe qu'il y a encore quelqu'un.
Elle frissonne.
L'hôtel qu'elle retrouve ressemble à un tombeau.

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Pierre_de_Charney, incarné par Cerridween
Depuis plusieurs jours déjà il se démenait au sein de l'hôtel de Lazare, afin de parachever les tâches données par son maitre. La bâtisse avait été vidée de son essence, la plupart de ses occupants l'ayant quittée quelques jours après le départ du baron, prenant à leur tour le chemin de la Bourgogne et de cette vie nouvelle qui s'offrait à eux.

Lui toutefois, ainsi que quelques serviteurs et gardes avaient reçu pour tâche de maintenir la maisonnée en état, dans l'éventualité d'un retour provisoire de leur maître en ses terres limousines. Provisoire tout autant que fort peu probable, connaissant les raisons qui avaient poussé le baron à quitter cette province. Mais serment d'obéissance il avait prêté, et ainsi en serait il jusqu'à sa mort. Telle était sa loyauté envers son maître, qu'il partageât ou non ses avis et pensées.

Ainsi donc peu à peu la demeure avait perdu son âme, sa vie, comme quittant lentement mais inexorablement la terre des vivants pour plonger sans retour possible en un profond sommeil qui l'endormirait pour les années à venir.
Les pièces avaient été vidées une à une, les malles débarrassées de leurs contenus. Les placards n'étaient plus que recoins sombres et inutiles, tandis que buffets, armoires et autres commodes ne contenaient plus que poussière et restes de leurs anciennes fonctions.

Revenant des appartements du baron, le vieux serviteur s'était arrêté en haut de l'escalier menant au grand hall de la demeure. Pétrifié aurait été mot plus convenable à la situation présente.
La silhouette qui se tenait en contrebas n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. Il pouvait la voir, jetant regards de dextre et de senestre, sa posture trop inhabituelle pour ne pas révéler infime partie des épreuves qu'elle n'avait pas manqué de traverser.

Elle était revenue.
Contre toute attente.
Contre tout espoir de son maitre qui l'avait crue départie à jamais, ce qui l'avait poussé à trouver force assez pour enfin prendre le départ.

Elle était revenue. Mais il n'y avait plus rien.

Alors, lentement, la vie s'insuffla à nouveau en les veines du serviteur, et c'est à pas lents qu'il descendit les marches de pierre de l'imposant escalier, ne pouvant détourner son regard du visage meurtri de la jeune femme.
Sa voix parvint à franchir la barrière de ses lèvres, résonnant de façon presque déplacée dans ce grand espace presque vide.


Chevalier...Vous...ici...je...

Une pause. Quelques marches encore. Hésitations.

Il est parti, chevalier. Il...il vous croyait perdue...il...

Comment lui dire. Comment lui expliquer l'inexplicable. Comment lui annoncer ce peut ce qu'elle ne savait déjà.
Il se sentait en cet instant présent terriblement impuissant. Impuissant et souffrant profondément de cette si injuste situation, pour ces deux êtres qui, victimes de leurs destins en étaient arrivés à franchir le pas de chemins désormais différents.
Cerridween
[ Par le feu... libre... ]

Il est parti, chevalier. Il...il vous croyait perdue...il...

La phrase tombe comme un couperet...
Il est parti....
Il est parti....
Les yeux verts et embrumés cherchent un instant une erreur dans l'évidence.
Il est parti...
Il est parti...
La main gauche tremble tout à coup contre le corps encore meurtri.

Il était son salut, il était son secours.
Il devait l'être. Il l'avait promis. A la lueur de la lune, devant le néant et l'éternité. Il avait promis. Par le sang, de donner son corps, son cœur, son être, de mourir pour elle, de mourir avec elle. Il avais promis. Il est parti. Elle voulait une épaule, elle voulait dormir. Simplement. Qu'on lui murmure du bout des yeux, à la chaleur des ambres, que tout n'est pas perdu, qu'ici le soleil brille toujours, qu'elle n'était pas morte, pas encore. Qu'elle n'était pas la simple addition de blessures, qu'elle comptait encore quelque part. Qu'elle pouvait sourire encore. Que les nuages sur le seuil étaient restés au dehors. Qu'ici elle ne sentirait plus aucune pluie même sur ses joues venir ternir ses jours.

Sa seule consolation sera donc un hôtel vide et les yeux désolés d'un intendant qui n'y est pour rien.

Et du fond de ses entrailles, monte une colère insoupçonnée...
Les doigts valides se crispent contre la cape. Le teint a pâli et la mâchoire s'est serrée même si la cicatrice laissée par le Colosse lance ses éclairs. Il a laissé dans son corps le Diable ce feu assoupi, cette étincelle froide qui attendait un souffle pour devenir un brasier.

Le mérites-tu Pivoine ? Après tout ce que tu as fait ?
Toi qui a menti pour lui ? Toi qui a passé des nuits blanches lorsque tu l'avais enfermé dans les geôles de Ryes pour qu'il combatte ses démons ? Toi qui a prit ses propres coups et qui en garde la marque ? Toi qui a mit ton rang, qui est tout ce que tu possèdes pour qu'il garde sa vie et sa place ? Toi qui a pensé ses blessures ? Toi qui a attendu et supporté les absences et les réclusions ? Toi qui n'a rien demandé, rien réclamé ?
Il vous croyait perdue...
S'est-il seulement inquiété ? Non... il a admit que tu avais trépassé. Il a admit que tu étais partie. Il n'a rien fait. Et si Ethan n'était pas venu te chercher avec les autres licornes, que serais-tu devenue ? Où sont passés les promesses de protection... celles murmurées qui disaient qu'il porterait tout avec toi... où sont passées les promesses de secours... elles sont parties enfermées dans les coffres qu'il a pris avec lui.

Trahie... il l'a trahie... envers et contre tous les mots prononcés, les serments, les épreuves... il l'a trahie.
La colère boue dans ses veines et les yeux cernés de bleu se relèvent sur l'intendant en étincelant d'ire et de larmes rageuses.
Soit.

La silhouette noire se dirige d'un pas qui se veut assuré vers la cheminée qui crépite encore. Elle regarde un instant le feu qui crépite et dans lequel un tisonnier repose. La main se porte à la large chemise lacée sur l'avant, seul modèle qu'elle peut mettre maintenant sans hurler de douleur. Fébrilement les doigts la délassent assez pour que le haut de sa poitrine soit découvert. Et sans semonce, sans que Pierre ait pu s'approcher pour empêcher son geste, sûr et sans hésitation, elle porte le tisonnier brûlant sur la cicatrice de l'affrètement.
Un hurlement.
Un hurlement qui emplit l'hôtel et les alentours. Une odeur acre s'épent dans l'air froid pendant que la main laisse tomber au sol le tisonnier dans l'écho de la chute résonne contre les murs.
Elle s'est affaissée... le souffle court... les larmes aux yeux.... le corps fracassé de douleur. La colère pourtant se s'apaise pas.

Au bout d'un instant elle se redresse et revient difficilement vers Pierre, pétrifié dans l'entrée, blanc comme un linge...
Elle réussit à articuler en passant à sa hauteur alors qu'elle se dirige vers la sortie :

Ton maître est délié de tous ses serments maintenant... 

Le corps meurtri passe les montants de la porte d'entrée, manque de s'affaler dans les escaliers, puis
s'efface à la vue du vieil intendant.

Il ne lui reste qu'une chose à faire.
Aller chercher Adrian et partir...
Ailleurs...
Et loin...

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