Alcalnn
[Dijon, à l'aube]
Alcalnn avait retrouvé Pierre et les autres Normands la veille, après la messe solennelle donnée par la Duchesse de Bourgogne, accessoirement Cardinale et donc apte à pareille entreprise. C'est avec joie qu'il abordait la suite de la campagne avec son vieux frère d'arme, qui avait lui aussi été de la Guerre de Bretagne. En fait, étaient là les anciens du 2nd Corps de la Bande de Normandie, sans avoir le nom du 2nd Corps. Le Suisses pouvaient chier dans leurs braies...
Varades, Fougères, Vannes, Rohan, Orléans, tant de villes étaient tombées entre leurs griffes expertes de Léopards, qu'ils s'étaient taillés une renommé fameuse dans le Couchant. Mais il y avait des nouveaux, Joel, bien que ce n'était pas là sa première sortie, était là dans sa première vraie Campagne. Cela fit remonter des souvenirs au Chat de la prise de Sainte Anne dans les îles normandes et de la bataille qui en suivit où, le père du jeune homme avait gagné son titre de noblesse. Il y avait aussi Luhpo, qui compagnait le Duc en tout et qui allait aussi certainement y gagner renommée. Foulque aussi était un nouveau parmi les anciens du 2nd Corps, quoique lui avait mené le 1er pendant de longs mois et donc s'était vite retrouvé dans le bain.
Auryn, la jeune Irlandaise était prête au matin, quand on donna l'ordre de départ. Cela faisait déjà quelques heures que Monterolier et ses courreurs étaient parti en avance, éclairer leur voie. Alcalnn avait laissé à Pierre le soin de mener le corps de bataille principal. Composés d'hommes d'armes montés, de coustillers, d'un certain nombre de coulevriniers et d'archers, il composait le principal dispositif de la Compagnie Normande. On y voyait flotter sa bannière, celle des croisés acquise à la messe, mais aussi celle de la Baronne d'Harfleur, de la Baronne d'Ouillie et bien évidement, les Toulousains fraichement arrivés parmi eux.
A l'arrière garde, les Salamandres de Theil, de Faurgemont et de Monterolier assuraient la protection des bagages et surtout, de Rohana, la bombarde du Duc qui était arrivée elle aussi la veille au soir par voie fluviale et qu'on avait débarqué avec peine et fixée sur un long chariot imposant avec des essieux massifs pour porter son tonneau et demi.
A l'avant garde était donc le Duc, entouré de ses hommes d'armes, dont son Escuyer, son page, l'Irlandaise et ses vassaux, Joel de la Poissonnière et Neville de la Brée au Mont. Cavalerie montée en demi-harnois, pour ne pas s'épuiser mais pour ne pas être surpris non plus.
Imposant dispositif qui quitta la capitale de Bourgogne pour se diriger vers celle du Franc Comté, au rythme lancinant du tambour de guerre et des crys des dizainierz et centenierz, officiers respectivement chargés de dix et cent hommes d'arme.
[Franc Comté]
Le soir, sans incidents, ils arrivèrent à Dôle, la première ville du Saint Empire qu'ils traverseraient. Point trop s'attarder car ils avaient obtenu un laissé passé in extremis et ils espéraient qu'on ne leur bloquerait pas inutilement la route. De toute manière ils n'étaient pas seuls. Les autres croisés, Perigourdins, Angevins, Bourguignons, Orléanais, et Languedociens, devaient être à 20 lieues au sud-est de leur position. Pas de quoi arriver à temps, mais une bonne possibilité de leur prester main forte pour le deuxième assaut.
Le Duc fit venir à lui, les différents composante de la Compagnie pour organiser le camp. Végèce, un grand auteur de la fin de l'Empire des Anciens, avait semé des germes dans les Capitaines de ce temps et c'est selon ses prescriptions qu'ils établirent le camp.
Rapidement ils apprirent que le Franc Comte n'était qu'un patin au main de son parlement et que ce dernier venait d'être désavoué. De là, Alcalnn fit passer l'ordre à ses troupes de fortifier le camp et d'éviter tout contact avec les Impériaux. Le lendemain, ils reprendraient la route. Sauf contre ordre...
C'était tout de même aberrant, que le Royaume de France ayant été attaqué, on ne puisse mener une expédition punitive contre le pays d'où les assaillants étaient originaires? Et encore, de quoi se plaignaient ils? On aurait très bien pu s'en prendre à la Provence, à la Hollande ou même à Dôle, puisque Genève faisait partie du Saint Empire? Où était donc la justice pour les Béarnais spoliés? Elle était là, avec les Croisés.
Bref le Chat ne se sentait pas le moins du monde en danger et il attendait patiemment que chaque composante de la Compagnie de Croisés le rejoigne sous sa tente...
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