Alcalnn
[Fatigués, mais heureux, en Bourgogne]
Les Normands... Cette rumeur n'était plus celle de leurs ancêtre, précédée de l'effroi et de l'hystérie, lorsque, à bord de leurs navires à proue de dragon à fond plat, ils remontaient tout les cours d'eaux et s'enrichissaient en femmes, en or, en bétail en esquivant habilement toutes les tentatives de défenses des locaux... Non ce temps était révolu, et leurs descendants qui avaient conquis la moitié du monde, du Nord des îles de Grande Bretagne, jusqu'à la Terre Sainte, en passant par l'Italie et le lointain royaume des Rus...
Monterolier, un bon compagnon de voyage, chevauchait à coté de lui. Ils avaient reçu des nouvelles inquiétantes selon quoi le Château ducal de Reims était tombé et sa réserve pillée par une bande en maraude, qu'on supposait originaire de Cambrai. Bien qu'il n'appréciait guère l'arrogance champenoise, il n'en restait pas moins que c'était une mauvaise nouvelle. Il avait dessuite envoyé un coursier à son ami, le Capitaine Royal de Champagne, pour lui prodiguer conseil et réconfort. Il espérait que l'ancien Archevêque s'en sortirait dans le triage des brebis galeuses égarées.
De tout le voyage, qui fut fort rapide mais sur une grande distance, il n'avait que peu échangé de mots avec les Barons de Gros Theil et de Ouillie... Même le jeune de Lionne s'était tenu à l'écart. Peut être l'imminence des combats les renfermaient ils sur eux même? Heureusement en Faurgemont et Monterolier il avait trouvé une fraternité d'arme tout à fait agréable. Il se souvenait de quelques vers d'un excellent Capitaine...
"C'est joyeuse chose que la guerre ; on y oït, on y voit beaucoup de bonnes choses, et y apprent moult de bien"
Pour lui il renaissait. Son seul regret était de n'avoir pu être compagné par sa femme et son fils ainsné. Il y avait trois raisons à cela, d'une part sa femme n'était pas en état de porter les armes et son fils était encore un peu jeune et manquait de discipline, d'autre part les Hélvètes étaient réputés pour leurs férocité au combat, les Bourguignons en savaient quelque chose et enfin, il préférait savoir que quelqu'un veillait sur ses terres. Mais il savait que sa douce, originaire de Bourgogne aurait aimé revenir sur la terre qui l'avait vu naitre, même si, elle avait tout adopté des coutumes Normandes, jusqu'à prendre son nom à lui, il savait qu'elle aimait cette terre. Il serra le foulard qu'elle lui avait noué autour du coude pour lui envoyer un message d'amour et d'affection. Peut être que le collier qui lui avait offert la réchaufferait, là bas, au Mont Saint Michel.
Il se retourna et vit la file des cavaliers qui le suivaient. Normands, Bretons, Gascons, que des peuples batailleurs, avaient été soudoyerz par ses soins. Il avait aussi là des membres de sa mesnie, Luhpo de Lionne et Casmir, son Lieutenant, n'en étaient ils pas les oriflammes? Puis venaient les Salamadres de Gros Theil, Montpoignant et Monterolier. Enfin, fermant la marche, Ouillie et Brée au Mont leur servaient d'arrière garde avec les mules qui devaient être exténuées.
Alcalnn avait reçu une missive, une fois encore, alors qu'ils passaient Tonnerre, l'informant que sa fameuse Rohana, une bombarde d'un tonneau et demi, était à Chalon, l'attendant avec le reste des croisés. C'était une bonne chose. Il ne manquait plus que le Vicomte de Conches, la Baronne d'Harfleur, et d'autres qui ne tarderaient pas à les rejoindre... C'est vraiment joyeuse chose que la guerre...
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