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[RP] Foutaises d'encre et retrouvailles

Saens
Le brun posa son front contre la pierre et lâcha un long soupir. Le corps spongieux dilaté à souhait, engin à l'air dans la petite ruelle sévère, il se soulageait de son fluide pas glacial. Crédiou ! Ç'fait du bien ! Pendant qu'il compissait sauvagement le mur, la vendeuse de légumes qui tenait son étal non loin lui jetait quelques petits regards furieux. Sont-ce manières ? Franchement. Mais le brun s'en fichait ; trois pintes il avait bu pendant qu'un vieux corniaud lui avait tenu la jambe avec des histoires de champs et de ces saletés de juvenes. D'habitude il les envoyait jaboter ailleurs mais là, il avait pas eu cœur. Résultat, il avait la poche aussi pleine que le ventre d'un noble. Oui ma ptite dame, rétorqua-t-il mentalement à la vieille aux carottes, j'avais comme quelque chose qui me turlupinait, et puis le marché il est dans la grande rue, pas où je suis, et estime-toi heureuse que je ne pissasses point sur des oignons ronds.

C'était un petit marché de rien, avec trois volailles et deux sacs de sel. Quand il ne fut plus tout à fait à son affaire, le brun l'ausculta. Il y avait des vilains, mais surtout des vilaines. Sa grisaille de regard erra sur les dos qu'il entrevoyait entre les tentures mitées de la vendeuse, sautant de trogne en trogne, de dos en dos ; des poussiéreux et des veloutés, des voûtés et des frêles et puis, le sien. A elle. En un quart de seconde il fut transporté des centaines de lieues plus bas, à une autre époque, à faire des expériences peu avouables – ça lui coupa la chique au tuyau tout net. Il remballa tout, fallait qu'il la voie. Qu'il vérifie. Il se frotta les mains, grimaça et les plongea dans le seau qui servait à rincer les dites carottes, pendant que l'autre mirait ailleurs. Vite et sans bavure. L'air de rien il regagna la rue, même pas fier de son forfait, tout accaparé qu'il était par la marseillaise retrouvée.

Un dos recouvert de noir et de rouge, pas comme avant mais y avait pas à y louper, il l'avait reconnue. La tignasse noire, les hanches en douceur et des petits bouts de profil qui se donnaient à déguster de temps en temps, quand elle penchait le nez pour admirer du tissu – ou des épices, ou des écuelles, peu lui chalait. Ce qu'il guettait lui, c'était le signe sans équivoque ; il voulait voir son poignet. Parce qu'après leur bêtises provençales, il s'en souvenait bien vert, un matin de départ, les deux s'étaient foutus un point d'encre sous la peau, au poing. Un petit point d'encre noire qui gisait, fidèle, direct sous la carne. Il le voyait chaque fois qu'il remontait sa manche, et ça faisait rouler les yeux des filles carminées. Mais il arrivait pas à distinguer comme il était là, planté au milieu de la rue. Alors il attendait qu'elle se retourne.

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Delta.
Quelques jours de répit entre deux prises. À nouvelle vie, nouvelle façon de faire. La brune se baladait en ville tandis que son Blond s’amusait à organiser une nouvelle sortie. Elle en serait, comme d’habitude. Elle lui plaisait cette vie, et puis… Et puis, elle ne connaissait que ça. Ce qui était son passé était enfermé dans une besace dont les détails hantaient son esprit clôturé. Quelques sensations diffuses, quelques sourires à ses lectures, dus aux termes évoqués, les souvenirs s’étaient faits la malle.

Il y avait peu, un brun du souvenir perdu, un brun des croquis, des courriers, celui qui semblait avoir été Le Brun, lui avait écrit. Elle avait bien songé l’aller voir ou lui dire de la rejoindre, qu’ils évoquent un passé, qu’il lui donne quelques pistes. Elle y avait songé… et était allée de l’avant. Elle se créerait un passé, n’irait courir après nulle chimère. Le Brun était un point d’encré. Tel son poignet. A elle. Mais sa vie se faisait blonde. Pourtant sa curiosité l’avait fait relire, observer, s’interroger. Son brigand de Blond était tiraillé entre l’envie qu’elle retrouve son entièreté et la peur, latente, que le passé prenne le pas sur le présent.

Delta, car c’était son nom, à ce qu'on lui avait dit, se promenait donc, un panier au bras. Comme une ménagère, oui, monsieur. Bon, il n’était pas écrit sur son front que le fond du panier était garni de plantes en tous genres qui, mis à part l’arrache marmot, avaient bien d’autres vertus. A son habitude, donc, tandis que son homme était planqué, elle paraissait parfaite petite bonne femme. Pour qui ne la connaissait pas. Un léger sourire ornait ses lèvres tandis qu’elle semblait écouter les discours des marchands. Soyez heureux, messieurs, bientôt on aura besoin, réellement besoin, de vos marchandises, le château sera vide.

Il est des choses qu’on ressent, et un regard posé sur vous, ça vous cuit la nuque, et, par un curieux effet d’alchimie, souvent, ça vous fait tourner la tête et chercher, de vos billes cachées par un bout de paupières plissées, l’œil qui vous observe. Une étoffe à la main, c’est qu’elle cherchait parfois à cacher ses jambes, non par pudeur mais par souci de température, une étoffe à la main, donc, elle tourna légèrement la tête, pour apercevoir au milieu des choux, une esquisse, un rien plus habillée et en posture debout, d’un Brun. Dans son dos, la besace au souvenir la bombarda de ce qu’elle y a lu. Les sourcils se froncèrent, elle ne savait trop comment réagir. Alors, elle ne bougea pas.

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Delta.
Esprit libre.
Saens
Pléthore d'expériences, de paires de draps froissés, de sous-entendus éludés, de tremblements, de fausses promesses et de grands airs, toutes ces heures qui les avaient marqués jusque dans la basane, des mois et des lettres, des recettes de poiscaille grivoises et des réponses prudentes, des pas, de la poussière, des regards au poignet, des pensées d'ailleurs, des soubresauts réminiscents, son visage calqué dans l'histoire, et la donzelle ne fout rien. Absolument rien. Ou comment réduire à néant un pan de vie. Le brun se gratte, signe d'intense désappointement, une tempe chevelue. Il avait espéré un bonjour.

Il la scrute avec perplexité – après tout, est-ce que c'est elle ? Oui et non. Il a le sentiment d'être planté devant un cadavre de fantôme. Les ardents tombent sur le bras, suivent une veine bleuâtre jusqu'au poignet. La tache est là. Ils remontent brusquement sur le visage et le brun s'avance. S'il faut débuter, autant débuter classique.
 « Bonjour Deltamu. » Il reste à une toise d'elle, y a comme un sentiment de bizarre. Trouve sa contenance dans le blabla, une paluche qui frôle les tissus, les yeux dans les yeux. Il examine, débite des foutaises.

« A l'époque vous ne portiez ni noir, ni carmin. Il n'y a que quelques notes qui s'accordent à votre prunelle. Ce sont les orangés. Les orangés lourds, pas ventre de biche mais dos de chevreuil, soleil d'Orient et rond de citrouille. C'est une règle. La note safran adoucit le froid du bleu, surtout s'il est sombre, les teintes se lient, c'est assez étrange, un peu comme un ballet entre un coq furieux et une nymphe morbide, en toute harmonie. »
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Delta.
Et c’est qu’un Brun, ça bouge, ça se déplace, ça s’approche. Ça a des yeux qui vous accrochent le regard que vous ne pouvez vous en défaire, alors, pour vous donner contenance, vous inclinez un rien la tête et reposez l’étoffe. Et puis un Brun, ça parle aussi. Ça dit bonjour à une Deltamu que vous savez être vous, si si, on vous l’a dit déjà. Alors vous y avez cru. Et puis si vous n’étiez qu’un personnage, dans une histoire sordide, la voix, elle vous aurait réveillé du souvenir, bouté les tripes hors du temps et ramené, quelques mois plus tôt, dans une vie de sud, d’olives et de poiscailles, de prunes surtout, liquides. Et de mauvaise foi.

Mais pas de bol, Delta n’est pas un personnage d’une histoire fictive, Delta n’est qu’une enveloppe charnelle ayant perdu son souvenir. Une tête qui là, n’arriverait qu’à articuler un « Gné » niais si elle en était capable. Sauf que les paroles du Brun la laissent sans voix. C’est rare. En général, lorsqu’elle est silencieuse c’est qu’elle dort, ou qu’elle écoute un Blond, le sien. Elle se décide, enfin, il a l’air d’attendre qu’elle s’exprime, un minimum, quand même. Qu’a-t-il dit déjà ? Ah oui, bonjour.


« Bonjour… Saens, je suppose ?»

Et voilà, le ton est donné. La supposition appelle à l’interrogation. Enveloppe vide, avez-vous une âme ? Mais voyons, je ne suis pas baptisée ! Comme à leur habitude, ses pensées n’en font qu’à leur tête, qu’à sa tête. A elle, la tête. Inclinée sur le côté, encore, paupières plissées. Un sourire se dessine doucement sur ses lèvres.

« Ainsi je ne portais pas de carmin, ni de noir. J’avais froid, j’ai pris ce qui me pouvait couvrir. Et… J’ai fait tomber le Mu. Delta, simplement. Après, si vous y êtes attaché, vous pouvez le garder. Je ne vous en tiendrais pas rigueur.»
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Delta.
Esprit libre.
Saens
Elle lui déverse des vérités comme autant de petits cailloux secs. Saens... suppose-t-elle. Enfin, râle-t-il mentalement, et la gaudriole sous la luisarde, ça compte plus ? Et le magnifique viol ? Et les matins de mauvaise foi ? Les oliviers ? Hein ? Il en vient à l'interroger des yeux, voir si elle joue les marquises à l'indifférence. Elle a plutôt de jouer du rien. Puis regarde-toi le brun, on dirait une bonne femme qui panique parce que son énième bâtard d'amant a égaré sa mèche de cheveux.. Maintenant il lève le sourcil en douceur.

Comment fait-on, tonton, pour lui rafraichir l'esprit ? Une grande claque sur la fesse ? Allez jolie, ça te rappelle rien ? Foutrechiard non. C'est un galant né. Au marché on se tient bien. Ça lui tire un sourire d'amusement, tout, d'imaginer, et la retenue bizarre de la brune. Qui a perdu son « mu » - où a-t-elle bien pu le mettre ? Il mouchailla bref sur une épaule et une hanche mais il ne se souvenait plus. Probablement qu'il était ivre ce jour-là. Derrière il y avait des femmes qui pépillaient dans leurs moustaches, ça fait un cui-cui rassurant qui enveloppait la rue jusque dans ses confins.

Les petits moineaux choisissaient leur couleur, le brun tâchait de trouver des mots, travaux sensiblement symétriques ; la moelle de la phrase se donnait à la teinte du vocable.


« Dans le Sud vous n'portiez pas grand chose. L'astre cramait tout, aussi. Principe absurde, je tiens souvent à appeler les gens par leur nom qui leur sied. Ce sera donc Delta, je vous ampute du mu. Vous le portiez pourtant bien. Je ne sais plus où, mais bien. » 
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Delta.
« Et bien, appelez moi Delta. Le Mu y est toujours. Si tant est que vous parliez de celui-là. »

Elle esquisse un geste vague vers une aine un rien couverte ou couverte d’un rien, c’est selon. Et sa tête de se redresser, droite, souriante. Le temps ne s’écoule plus tandis qu’elle l’observe, elle cherche un détail, quelque chose qui lui raviverait l’esprit. Rien. Nada. Son regard glisse sur un poignet recouvert en quête d’une marque jumelle à la sienne. Pourquoi vérifier d’ailleurs ? Elle sait. Ella a lu ses mots, déjà. Elle sait.

Etrange sensation que celle de savoir sans en avoir les sens émoustillés, de l’observer en n’ayant pour tout ressenti que celui d’une femme qui rencontre un inconnu. Bien fait, le trimardeur, il faut l’avouer, quelques poils blancs en dedans de la barbe, mais rien d’inquiétant. Ainsi, il a été son Brun ? Combien de temps ? Combien de mots échangés ? Faiseur de maux ? Il semble. Cause de sa difficulté à aimer le Blond comme il le mérite ? Elle n’en sait rien ! Et cela l’énerve. Bien qu’elle n’en montre rien.


« J’ai failli vous répondre, quand vous avez écrit. Voire, venir en ce nord où vous plantez vos navets. Je cherche réponses sans savoir quelles questions poser. »

Et de s’avancer d’un pas, si les yeux ne se souviennent, le nez, peut être ? Tenter les sens, sans tâter Saens. Son Blond attendra un peu, pourvu qu’il ne s’inquiète pas. Si la rencontre doit durer, elle amènera le Brun dans leur Isba.
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Delta.
Esprit libre.
Saens
 « Je pensais au même oui. », affirme-t-il en parlant du « mu ». En parlant de mue, d'ailleurs, la femme semble avoir subi la sienne. Et du travail d'artiste. Même peau, mêmes lèvres, et intérieur lessivé. Elle a l'air un peu piquée, même. Un peu perdue au milieu de tout ça. Une tourterelle au yeux roulants au milieu des moineaux. Ça lui va bien.

 « Ne vous en faites pas pour l'absence de réponse, ou de visite. D'ailleurs je... n'ai même planté... » de navets, non. En place de, il avait planté une graine, dans le ventre d'une brune, et c'était le bazar en grand. Un bazar empoisonné. Avec des fils qui pendaient de partout, comme une vie qui s'effiloche. « … de navets, non. »

« Mais, ne causons pas légumes. Vous avez des questions sans réponses. Il est plus amusant de quêter les questions en ayant les réponses, mais vous ne les avez pas non plus. C't'embêtant. Le service que je pourrais vous rendre, ce sont des réponses au hasard. Je doute que cela vous avance à grand chose. Aussi, je pourrais poser les questions. Essayons. Vous avez cuit un poisson, récemment ? Venez, j'ai besoin de me délier les jambes, et les jaspineries de tissu m'épuisent.»


Il l'engage à le suivre en amenant un bras vers sa chute de reins, sans y toucher. Il a déjà assez de problèmes comme ça. L'esgourde en attente de réponse, premiers pas qui descendent la grande rue parmi les affairés. Jette quelques brusques coups d'œil sur elle, perplexes comme des citrons. C'est parce qu'il tente de déchiffrer. En vain, encore.
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Delta.
Un... poisson ? Cuire ? Ça, oui, des tas, avec son Blond. Enfin, non, c'était lui qui les avaient préparés. Autant elle connait l'usage des herbes par elle ignore quel savoir enfoui, autant la bectance, elle ne s'y risque pas. Quoique la question n'est sans doute pas à propos des repas partagés avec son homme. Un plissement de sourcils plus loin, son esprit pas trop lent, a fait le lien avec un courrier du Brun qu'elle avait lu.

Rougeur aux joues, regard amusé malgré une légère gène. Et oui, l'a changé la Delta. Il faut dire que se souvenir d'un courrier tel que celui là amenerait du carmin à n'importe qui.


« Je n'ai pas cuit de loup. Bien qu'un partage ma vie et me grille allègrement.»
Et la brune de reprendre contenance, sourire mutin aux lèvres. « J'avais cru lire, quelque part, que vous me deviez recettes. »

Elle avance tranquillement, ni proche ni lointaine, consciente qu'il y a un passé là, tout proche, qu'elle pourrait toucher du doigt si elle s'y risquait. Un passé qui lui a plu, vraisemblablement, incompatible avec son présent. Pourtant, nombre de réponses semblent inscrites en ce trimardeur au poignet teinté.

Et elle même de tenter de lire sur le nez de l'homme, non taché d'encre, étonnamment. Étonnamment ? Elle s'arrête brusquement. L'arrête, également.
« Dites voir, ça vous arrive souvent d'avoir le nez plein d'encre ?» Et d'incliner la tête sur le côté, encore. De sourire. Et d'attendre réponse.
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Delta.
Esprit libre.
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