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[RP grand ouvert] Envies et en vie

Walan
Une semaine auparavant.

Allez quoi ! Viens grailler avec nous l'Grand Jean, t'vas pas aller te chasser d'la pitance alors que not' seigneur a dit qu'on pouvait user nos vivres et qu'on en rachèterait en ville.

Non, répondit sobrement l'intéressé en s'éloignant.

Créfieu, j'sais pas c'qui nous couve, mais il est d'plus en plus bizarre quand même, not' Grand Jean, entre la façon dont il s'est mis à s'vanter des entailles de sa masse depuis quelques s'maines et ça.

Il est devient vraiment étrange.
Le seigneur lui a déjà parlé en tout cas. Je crois qu'il lui a dit de se reprendre, qu'il fallait qu'il se comporte avec honneur et dignité et que c'était pas aristotélicien qu'il soit fier d'avoir tué nombre d'hommes, tout ça.


Faut qu'y fasse gaffe alors, parce que si l'Sans Repos il voit qu'il commence à pas respecter la manière dont y nous d'mande de nous tenir et à se comporter comme un d'ces écorcheurs qu'on ravagé l'Duché, il risque d'pas garder son poste, l'Grand Jean ...


Moment présent.

Walan avait longuement réfléchit. Il avait commencé à songer à ce problème qui risquait d'advenir avant même de partir de Meyrieu, et avait pris Grand Jean dans la petite troupe autant pour pouvoir garder un œil sur lui que dans l'espoir qu'un peu de mouvement lui rendrait ses esprits.

Mais rien n'y avait fait. L'état de Grand Jean ne s'était pas amélioré, au contraire même, il s'isolait maintenant de plus en plus du reste des hommes, restant à l'écart même lorsqu'il n'était pas de garde, refusant de manger avec eux et allant lui même chasser, quitte à ne pas manger tous les jours.
Plus grave, il lui était arrivé la veille de quitter son poste de guet pour aller faire une ronde loin autour du camp, sous prétexte qu'il gardait mieux en faisant ça. Ce jour là, le seigneur de Meyrieu l'avait vertement réprimandé et avait pris sa décision.

Elle avait été dure à prendre et il n'était pas simple pour le vicomte d'Ancelle de se séparer d'un homme qui l'avait longuement servit loyalement. Mais Grand Jean filait un mauvais coton, de plus en plus, et Sans Repos ne pouvait pas se permettre de conserver parmi sa garde un homme qui pourrait le déshonorer, lui et le reste de ses hommes.

Après une dernière journée de réflexion, il savait ce qu'il dirait et ferait. A l'écart, avec une petite ferme isolée pour assurer abris et subsistance et une petite somme d'argent, Grand Jean pourrait continuer de vivre sans causer de tort à lui même ou aux autres, et peut-être les cicatrices qu'une vie de combats avait laissé sur son esprit finiraient-elles par se résorber.
Malheureusement, cela arrivait bien trop souvent au goût de Walan, que de constater à quel point la vie de soldat pouvait changer un homme, et il se demandait parfois de quelle manière lui-même avait été affecté.

Mais l'heure n'était pas à ces pensées. Sortant de sa tente, Sans Repos se mit à la recherche de l'homme. Ne le trouvant pas, il alla voir Hugues, qui lui tenait lieu de second en l'absence d'autre soldat plus expérimenté.


Où est Jean ? il me faut lui parler.

Il est parti relever ses collets seigneur, vers le sud. Après une légère hésitation, l'homme d'armes posa la question qui lui brûlait les lèvres. Vous allez le congédier seigneur, n'est-ce pas ?
N'obtenant qu'un signe de tête affirmatif, Hugues reprit. Vous n'aviez pas vraiment le choix seigneur, tout le monde s'y attend depuis ce qu'il a fait hier.

Là encore, le vicomte d'Ancelle se contenta d'un signe de tête et, remerciant le soldat d'une légère pression sur l'épaule, se dirigea dans l'obscurité vers le lieu où il pourrait trouver Grand Jean.
Il marchait depuis quelques minutes lorsque le mouvement de silhouettes sombres au sol attira son regard. Tirant légèrement son épée hors du fourreau, prêt au combat, Sans Repos lança alors d'une voix ferme.


Qui va là ?

Son cri figea l'une des silhouettes qui releva la tête, tandis que l'autre se débattait avec un gémissement. Reconnaissant avec surprise l'homme qu'il cherchait en train de violenter quelqu'un, le seigneur de Meyrieu tira son épée et s'avança à grands pas, retenant à grand peine une volée de jurons avant de s'exprimer d'un ton implacable.

Écarte toi par Aristote ! Arrière Jean ! Et ne bouge plus maintenant !

Gardant ses yeux gris acier rivés sur son soldat et l'épée levée, Walan s'accroupit néanmoins à côté de la seconde silhouette à l'odeur assez nauséabonde et aux vêtements usés. Lui prenant l'épaule de la main gauche pour le redresser sans le regarder, il demanda plus aimablement malgré la colère que l'on sentait encore dans sa voix.

Vous allez bien mon brave ?

Merci Klem
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Terwagne
Mordre la main... Elle n'avait guère d'autre solution, vu la position où elle se trouvait et le poids qui l'écrasait au point de lui donner l'impression de lui couper la respiration.

Sauf que... Sauf qu'il l'avait tellement bien placée sa main, et qu'elle était tellement grande, qu'il maintenait à la fois ses lèvres fermées et sa mâchoire inférieure bloquée, empêchant ainsi tout geste de rébellion, tout cri, laissant seulement filtrer le mince gémissement qu'elle ne parvenait pas à retenir.

Que lui passa-t-il en tête lorsqu'elle sentit ses doigts s'égarer sur sa croupe? De la colère avant toute chose!

De la colère, oui! De la colère mêlée au dégoût qu'éveillait en elle le contact de sa langue rugueuse et baladeuse.

Pourtant, étrangement, cette colère n'était pas dirigée contre cet homme, mais bien contre elle-même qui avait été si incapable de parvenir, sans se faire repérer, jusqu'à l'endroit où elle avait planifié de se rendre...

De la colère contre elle-même d'avoir été aussi maladroite, inconsciente, et peu discrète surtout.

Fidèle à elle-même, la "Tempête"...

Incapable d'aller jusqu'au bout de ses projets personnels sans mordre la poussière!

Et si ce n'eut été l'hiver et la terre gelée, nul doute que de la poussière elle en aurait avalé plus que de raison lorsqu'il lui enfonça la tête dans le sol, avec une violence qui n'avait rien à envier à la célérité qu'il semblait avoir pour déchirer d'une seule main ses vêtements humides.

Parce que c'est un fait, le tissus ne tarda pas à commencer à céder sous les assauts de ladite main, et le froid à s'engouffrer par les failles... Un froid contrastant tellement avec le feu qui bouillait en elle qu'il lui fit mal à la peau.

Cette peau que quelques heure plus tôt elle elle avait rêvé de sentir caresser par la main de "Sans-Repos" se trouvait à présent attaquée par le froid et souillée par la main et la salive d'un rustre qu'elle aurait volontiers égorgé, si elle en avait eu la moindre possibilité.

Soudain, dans le silence de la nuit - uniquement entrecoupé par ses gémissements à elle et sa respiration d'animal en rut à lui - il lui sembla entendre des pas. Peut-être ce cauchemar allait-il prendre fin? Peut-être quelqu'un se trouvant là par hasard allait-il surprendre le gredin et la sauver de ses crocs et autres appendices répugnants?

Non, c'était idiot! Personne ne pouvait se trouver aussi proche du campement par hasard! Si quelqu'un se dirigeait réellement vers eux, cela ne pouvait être qu'un second soldat...

Et si jamais il venait prêter main forte au premier?!!! Un gémissement de peur et de colère dédoublée s'étouffa dans la main qui toujours enserrait le bas de son visage.

Et si jamais c'était un soldat proche de Walan et honnête?... L'éventualité, loin de la rassurer, lui glaça soudain le sang. Si un des hommes du Vicomte la reconnaissait, lui-même serait rapidement alerté, et saurait alors à quel point elle avait parfois des idées stupides et infantiles.

Une voix s'élevant à quelques mètres tout au plus mit rapidement fin à ses interrogations... Walan! C'était Walan en personne qui se trouvait là!

La colère, la honte, la rage, la haine, les relents de peur et de dégoûts... Tout se mélangeait en elle lorsqu'elle le sentit s'accroupir à ses côtés et lui prendre l'épaule, alors que l'autre homme l'écrasait toujours de tout son poids.

Allait-il s'exécuter?

Tout en enfonçant elle-même un peu plus sa tête dans le sol, espérant bêtement que Sans-Repos ne la reconnaitrait pas, elle grogna une réponse étrange à sa question.


Bien ouais
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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
--Grand_jean.
Prit par surprise, voici une chose fâcheuse. Son bonheur vint du fait qu’il s’agissait du chef de son armée. Au-delà de la question de savoir ce qu’il faisait à relever les collets pour lapins de nuit, c’est bien le fait qu’il le menace qui le fit voir rouge.

Écarte-toi par Aristote ! Arrière Jean ! Et ne bouge plus maintenant !

Un soldat levant une lame contre un autre soldat de la même armée, comment la chose était elle possible et pour quels motifs. Silencieux, son visage prit un mélange d’incompréhension et de fureur, il se releva silencieux dans un premier temps.

Vous allez bien mon brave ?

Voici que l’homme traitait un espion mieux qu’un de ses soldats. Quel chef militaire agissait de la sorte. « Mon brave » qu’il l’avait appelé, une gueuse qui espionnait pour on ne savait qui et qui s’infiltre la nuit venue, en tenue noire dans un camp militaire et il perdait sens de toute logique, et bafouait le sens de toute logique de précaution.

Ainsi donc agissait ce chef militaire, qui non content d’humilier de la sorte un soldat des plus fidèles au duché, donnait du crédit à une femme coupable de trahison. Par Aristote oui, sur l’instant le traître était bien le chef d’armée. Serrant les points le doute s’insinua en lui soudain. Aurait t’il pu se tromper sur ces chefs militaires qu’il avait toujours admiré, n’accordant point de crédit au gens les décriant ? Se pouvait il qu’ils eussent finalement raison.


Capitaine, finit il par dire, seriez vous, vous ? Que vous menaciez un soldat qui est en lutte avec cette femme, une espionne qui entre dans le camp ?

Grand Jean voyait par cette erreur de jugement de son chef, une raison d’en finir.

Je ne suis point fou, capitaine, pour des raisons que j’ignore, que j’aurais aimé connaître, vous me pensez fou, aliéné. Ne dites rien de ceci, la chose est connue, si je n’ai pas grande intelligence j’ai encore bonne oreille, et les soldats, grande muette au demeurant se trouve très bavards parfois.

Ne me manquez point capitaine, finissez-en, accordez moi une mort de soldat, car à me renvoyer en tous les cas, c’est m’appeler auprès d’Aristote ou en enfer bien plus sûrement.

La fureur sur le visage, une vie pour être jugé de la sorte, il ne quittait pas le visage de son capitaine. Pire il s’avança saisissant la lame avec la main et la resserrant. Tandis que le sang coulait déjà, il s’adressa à la garce ventre à terre.

Adieu mignonne, finalement c’est moi qui vais crier, quittant la vie de manière prématurée. Faut croire que ta croupe soumettra d’autre homme à leur désir.


Et sans prévenir tenant toujours la lame il s’avança en hurlant « Sainct georges et Dalphine »sur l’épée qui transperça son corps pour une dernière fois, celle-ci fatale de notre vétéran.

N’ayant point quitté du regard le capitaine, peu à peu ses yeux se fermèrent emportant dans une dernière image, le visage de cet homme. De qui put douter de la fidélité du Grand Jean et de qui préféra être courtois avec un ennemi qu’avec un soldat. Ainsi la fidélité des hommes semblait bien peu de chose quand au carrefour de la vie, le choix de la vie dans la honte ou la mort dans le déshonneur venait à se faire.
Terwagne
Enfin, l'homme se leva, et malgré le soulagement qu'elle aurait du ressentir face à la disparition du poids qui quelques secondes plus tôt lui coupait encore la respiration, la Dame de Thauvenay se sentit rapidement encore plus mal.

Non seulement l'homme venait de lever le voile sur le fait qu'elle était une femme, ce qui bientôt permettrait à Sans-Repos de comprendre que c'était elle qui se trouvait là au sol, mais en plus il avait une explication malgré tout logique au fait de l'avoir traitée de la sorte... Bien sûr que les circonstances pouvaient aisément laisser penser à un soldat qu'elle était là pour espionner! Comment aurait-il pu imaginer un seul instant qu'une femme rampant au sol et habillée de la sorte était une conseillère ducale, et pire encore un officier royal en manque de celui qu'elle aimait?

Par Aristote! Comment diable avait-elle put être aussi stupide et inconsciente?!?! Comment n'avait-elle pas réfléchi une seule seconde à cette éventualité?!?!

Perdue dans ses réflexions, elle ne comprit que trop tard le drame qui était en train de se dérouler à quelques pas d'elle à peine, en entendant le corps s'écrouler mollement sur le sol.

Alors, sans comprendre elle-même pourquoi, elle oublia sa peur, son envie que le Vicomte ne la reconnaisse pas, et ne songea plus qu'à cette mort atroce, par sa faute à elle, et au fait qu'elle allait attirer des ennuis à Walan au moment où il devrait expliquer comment cet homme avait perdu la vie.

La colère qu'elle éprouvait contre sa propre bêtise fut décuplée, et tout le reste mis de côté, au moins pour un temps, au moins jusqu'à ce qu'elle trouve une solution pour réparer ce qu'elle avait provoqué.

D'un bond elle fut debout, ne prenant absolument pas garde au fait que ses vêtements déchirés laissaient apercevoir une petite partie de sa poitrine et que le reste était facilement devinable tellement le tissus trempé lui collait à la peau. Son regard - vide de tout autre sentiment que la culpabilité et la rage - cherchant rapidement celui de l'homme qu'elle aimait, elle lui parla alors d'une voix qu'il ne lui avait encore jamais entendue, tout en s'avançant vers le corps sans doute déjà mort.


Vous me jugerez plus tard, si vous le voulez, ne comprendrez pas à quel point il a fallut que j'aie envie de vos bras pour tenter cette incursion idiote dans votre campement en pleine nuit, et cesserez de m'aimer tellement c'était immature de ma part.

Mais pour l'heure, vous allez retourner auprès de vos hommes, et ne rien leur dire! Absolument rien!


Ses mots étaient à la fois remplis de peine, d'amour, de honte, mais surtout d'autorité.

Parce que oui, alors qu'elle aurait du avoir une envie folle de s'excuser, de se terrer sous terre face à lui, sa colère la rendait autoritaire, et brutale.


Ce sang a coulé par mon unique faute, et moi seule me salirai les mains pour faire partir la dépouille de cet homme!

Moi seule, vous m'entendez?!


Ce n'était plus une tempête, c'était un ouragan...

A la violence de sa voix s'ajoutait une force humaine quadruplée, dont elle n'avait même pas conscience lorsqu'elle se pencha pour attraper les chevilles de la dépouille et la tirer en direction du cours d'eau qui se trouvait quelques mètres plus loin à peine.

Ce corps, elle allait s'en débarrasser en le jetant dans l'eau, et on le retrouverait dans un autre duché, bien des jours plus tard, sans savoir qui il était.

Sauf que... Sauf qu'elle n'avait pas pensé qu'il gelait et que le corps ne chuta pas mais glissa sur la surface raidie et gelée...


Norf de norf!


Rapide réflexion de la demoiselle, pour en arriver à la conclusion que si son poids à lui n'avait pas réussi à faire se rompre la couche de glace, il n'y avait aucun risque que son poids à elle provoque une telle chose.

Pas besoin de se poser plus de questions, la voila qui s'aventure sur la patinoire improvisée, s'accroupit pour...


SCRATCH !!!!!!

PLOUF !!!!!!


Un bailli et un soldat mort à l'eau... La lune moqueuse éclairant le tableau...
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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Walan
Les événements s'étaient déroulés à une vitesse folle.

La supplique et le suicide de l'un de ses propres gardes -l'un de ceux qu'il chargeait de veiller sur ses fiefs et de protéger ceux dont il devait assurer la sécurité- avaient assombri Walan et fait revenir l'expression de marbre qu'on lui connaissait bien. Il ne pouvait que s'en vouloir de ne pas avoir su prendre sa décision plus tôt, avant que la folie ne fasse céder Grand Jean à l'acédie.

Triste fin que celle-ci, celle d'un homme ne comprenant pas les raisons de son seigneur à vouloir l'écarter de sa proie.
Il était trop tard, désormais, pour lui rappeler que Sans Repos avait demandé d'empêcher les gens d'entrer dans le camp mais pas d'errer aux alentours -après tout, toutes les personnes passant les portes de la ville pouvaient voir les quelques tentes et la petite dizaine d'hommes qui s'y activaient- ; qu'il avait toujours attendu de ses gens qu'ils se comportent avec dignité et honneur ; et que la réaction du vicomte d'Ancelle était due à sa surprise de le voir molester à l'écart du camp ce qui avait tout l'air d'une mendiante du coin ...
Triste fin que celle-ci, provoquée par un sentiment de trahison qui n'aurait pas dû être et une folie qui aurait pu être évitée.

Mais ce n'était pas tout ... car alors même que l'épée souillée de sang du seigneur de Meyrieu venait à peine de quitter le corps de Grand Jean et que son propriétaire n'avait pu faire d'autre geste que rabattre son bras le long du corps avec accablement, la victime se révélait être la dame de Thauvenay.
Stupéfié, Sans Repos l'avait dévisagée, dans ses vêtements déchirés et trempés, l'air de douter de ses propres sens. Mais bientôt, un regard et une voix qu'il n'avait pu remettre en cause lui avaient confirmé qu'il s'agissait bien de celle qu'il aimait, la Tempête cette fois en pleine fureur.
Et voilà qu'avant même qu'il n'ait eu le temps de lui répondre qu'il n'était pas question pour lui de faire disparaître la dépouille de l'un de ses hommes, pas plus que de la laisser là seule, la voilà qui se retrouvait dans la rivière gelée ...

Sans un mot, le visage toujours aussi sombre, le vicomte d'Ancelle coupa de sa lame encore rouge un jeune frêne qui poussait là sans rien demander à personne. Il s'avança alors sur la rive pour tendre la perche improvisée à la dame de Thauvenay et fini, bon gré mal gré, par réussir à conjuguer ses efforts à ceux de sa belle pour la tirer d'affaire et lui faire rejoindre la sécurité du rivage .
Sans mot dire, il retira sa cape pour la placer sur les épaules de Terwagne, avant d'ôter également son gambison et son baudrier et de se diriger rapidement vers le cadavre qui se retrouvait désormais coincé dans les racines d'un arbre par le courant. Après une rude lutte dans l'eau glacée, Walan finit par reprendre pied sur la rive avec le corps de Grand Jean, trempé et frissonnant, mais le visage toujours aussi fermé.

Se relevant, il retourna reprendre ses biens tout en déclarant à voix basse et manquant d'expression à sa dame.

Jean m'a bien servi et longtemps, cette ultime et malheureuse ... folie ... ne doit pas faire oublier cela, et c'est ce que les autres devront retenir.

Vous avez été agressée alors que vous veniez au camp, il a voulu vous secourir mais a été mortellement blessé. Vous avez fuit en sautant dans la rivière et vos agresseurs y ont jeté le corps avant de s'enfuir.

Allons au camp désormais.

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Terwagne
Remontée sur la berge grâce à lui et la "brindille" qu'il lui avait tendue, la Dame de Thauvenay observait le Vicomte d'Ancelles et se demandait si elle rêvait...

Qu'il lui en veuille du drame qui venait de se produire, c'était certes logique, et pour le moins normal, oui, mais qu'il ait l'air d'hésiter à se mouiller lui pour venir la sauver pour ensuite mieux sauter à l'eau afin d'en ressortir un cadavre, voila qui était bien étrange.

Ainsi donc, même mort un soldat avait plus d'importance qu'elle à ses yeux...

Se réchauffant comme elle le pouvait dans la cape qu'il lui avait posée sur les épaules, elle s'avança à sa rencontre dès son retour sur la terre ferme, et voulut se pencher pour l'aider en s'excusant du mal dont elle était la cause, mais les mots qu'il prononça de suite, et surtout le ton avec lequel il le fit lui ôtèrent toute force et toute envie de tenter de communiquer avec lui.

L'homme qui avait mis tant de temps à s'ouvrir à elle, tant de temps à laisser filtrer son côté humain, venait soudain de ré endosser son armure de glace et d'impassibilité, elle le comprit de suite.

Pas un regard inquiet vers elle, pas un mot ni un geste qui la rassurerait sur le fait qu'il ne la haïssait mais l'aimait toujours... Rien... Une pierre lisse et froide.

Glacée à l'intérieure plus encore qu'au niveau de la peau elle resta un moment silencieuse suite à ce qu'il venait de lui dire, puis sans un mot elle ôta sa cape et la lui rendit, le regard empli de larmes.

Ce soir, non seulement Walan avait perdu un homme, mais Terwagne elle avait perdu l'humanité et la sensibilité de celui dont elle avait mis tant de temps à percer la carapace. Et la seule responsable, c'était elle.


Vous leur direz cela, oui, si vous pensez que c'est le mieux à faire.
Pour ma part, je n'ai déjà provoqué que trop de mal dans vos rangs, et plus encore en vous.

Ma place n'est pas ici.


Dans un dernier regard elle tourna les talons et s'élança vers les portes de la ville, ne lui laissant pas le loisir de la retenir.

En cette fin de nuit, celle que l'on put voir rejoindre sa chambre d'auberge était toujours bien en vie, mais sans plus aucune envie...

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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Walan
Terwagne attendez ! avait lancé Walan d'un ton mêlant bien des sentiments -surprise, tristesse, tendresse, ...- en voyant la Tempête s'éloigner pour retourner en ville. Dame, revenez je vous prie !
Mais las, qu'elle ne l'entendit pas ou préfère le fuir, il ne put la retenir auprès de lui et seule la lune le vit baisser la tête pour en une expression affligée lorsqu'il pencha vers ce point.

L'histoire semblait se répéter encore, et encore, et encore, et Sans Repos avait l'impression que sans cesse la même scène se rejouait : lui devant tuer pour celle qu'il aimait, arrivant parfois trop tôt, parfois trop tard, mais avec toujours pour résultat la perte de sa dame par sa faute.

Le visage sombre, le seigneur de Meyrieu chargea comme il put le cadavre de celui qui avait été l'un de ses hommes sur ses épaules, et se dirigea lentement et grelottant vers le camp. Accueilli bien vite par un "qui va là ?" prononcé par un Hugues apparaissant à contre-jour devant l'un des braseros, Walan se contenta de répondre de manière à être identifié.

La mine que fit celui qui faisait office d'aide de camp parla d'elle même lorsqu'il se rendit compte de ce que transportait son seigneur et la tenue de celui-ci. Il n'eût cependant pas le temps de prononcer un mot que le vicomte d'Ancelle lui parlait à mi-voix.


Jean est tombé au combat pour sauver la dame de Thauvenay qui venait me rendre visite. Elle a échappé à ses agresseurs en sautant dans la rivière et ils se sont débarrassés du corps avant de fuir en se rendant compte de leur échec.
Que les hommes préparent la veillée, l'un des nôtres n'est plus.


Hugues ne serait pas dupe en entendant cette histoire pleine de lacunes, Walan s'en doutait bien, mais il comprendrait que cette version préserverait l'honneur de celui avec qui il avait pu servir.
Sans attendre, Sans Repos s'éloigna à nouveau des feux du camp en directions des portes de la cité, avec un unique commentaire.


La dame de Thauvenay est rentrée en ville, je dois aller voir comment elle se porte.

Une dizaine de minutes plus tard, le seigneur de Meyrieu avait franchi les portes de la ville et retrouvé l'auberge où logeait la Tempête. La mine ahurie du tenancier de l'établissement aurait pu être particulièrement drôle, n'eût été l'état d'esprit de Walan, lorsqu'il vit débarquer celui qui la dernière fois qu'il était venu avait défoncé l'une de ses portes et avait ranimé tant bien que mal une dame ivre et empoisonnée.

Aussi, c'est avec anxiété qu'il indiqua à l'homme la nouvelle chambre de cette même dame, et il ne put s'empêcher d'observer Walan s'engager dans le couloir jusqu'au moment où, rassuré, il le vit frapper convenablement à la porte.


Boum boum boum

Terwagne, ouvrez moi s'il vous plait.


La voix était basse, juste assez forte pour passer le bois de la porte sans être compréhensible de l'aubergiste qui continuait régulièrement de jeter un œil inquiet, et c'est avec le même mélange d'affliction et de douceur que celui de ses appels précédents qu'il continua.

Ma dame, nous devons parler de ce qu'il s'est passé, ouvre moi je vous prie.
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Terwagne
Boum boum boum

Et bien, pour du service rapide c'était du service rapide! A peine avait-elle eu le temps de gravir les escaliers, d'entrer dans sa chambre, et de commencer à se dévêtir que déjà on lui apportait l'eau chaude qu'elle avait mandée en arrivant.

S'enroulant rapidement dans une couverture et se mettant derrière la porte côté gonds, elle allait l' entrouvir à peine assez pour permettre à l'aubergiste de pousser la bassine - dans laquelle elle espérait se réchauffer un peu - sans s'offrir pour autant à sa vue, lorsqu'elle entendit les mots quasi murmurés de l'autre côté de l'assemblage de bois.

Norf! Il l'avait suivie!

Réfléchir, vite, très vite, trouver une raison de ne pas lui ouvrir, de...

De quoi?!?! De l'éviter à nouveau comme tous deux l'avaient fait si longtemps? De laisser la situation se pourrir sournoisement sur des non-dits? Non, si cela devait s'achever entre eux, autant que ça soit fait clairement.

Poussée par cette soudaine volonté de s'expliquer entre quatre yeux, elle ouvrit la porte, oubliant sa quasi nudité sous le drap rugueux qui l'enveloppait. Aussi, les derniers mots qu'il prononça ne furent-ils pas étouffés par la porte, et put-elle se rendre compte de l'affliction dont il semblait être la proie.


Entrez, et refermez la porte, voulez-vous.
Il ne fait guère chaud, et ce plongeon m'a quelque peu... refroidie.


Tournant les talons pour libérer le passage, elle se rappela de l'état dans lequel elle se trouvait, et du spectacle que cela devait être. Et comme souvent, toujours même, lorsqu'elle se sentait bête, ce fut l'agressivité qui prit le dessus sur le reste.

M'enfin, Vicomte!
Vous voyez bien que je ne suis guère présentable, non?!

Dépêchez-vous de fermer cette satanée porte avant que quelqu'un d'autre ne me voie!

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Membre de l'APD : la compétence au service des Lyonnais et Dauphinois
Walan
Quelque peu étonné par le ton de la dame de Thauvenay, Walan referma la porte de la chambre calmement -provoquant sans le savoir un profond soupir de soulagement de la part de l'aubergiste- avant de détourner le regard lorsqu'il remarqua véritablement dans quelle tenue était effectivement la jeune femme.
Lui même n'était guère présentable, à vrai dire, mais pas tout à fait dans le même sens : une bonne partie de sa tenue était toujours trempée et dégoulinante suite à son passage dans la rivière, tandis qu'une large tache sombre ornait sa cape au niveau des épaules. N'eût été la couleur brun foncé du tissu, cette tache n'aurait d'ailleurs pas manquée d'attirer l'attention de par sa couleur écarlate trahissant son origine.

Toujours est-il qu'à dire vrai et bien qu'il ne semble pas s'en rendre compte, l'aspect du vicomte d'Ancelle était à ce moment là fort piteux, les frissons réguliers qui le parcouraient ne faisant qu'accentuer cet effet. C'est donc dans cet accoutrement -et fixant l'une des poutres du plafond avec un regard plutôt mal à l'aise suite à sa découverte de la carence vestimentaire de sa dame- que Walan répondit à mi-voix avec le ton pince-sans-rire qui était régulièrement le sien.


Au moins je n'ai pas dû défoncer la porte cette fois ...

L'ombre d'un sourire passa brièvement sur le visage de Sans Repos avec qu'il ne reprenne plus sérieusement, planté à l'entrée de la chambre. Il avait eu largement le temps de songer à ce qu'il dirait en venant, et pourtant une hésitation inhabituelle chez lui était perceptible.

Mes hommes avaient ordre de ne garder que le périmètre du camp, pas plus loin ... et j'ai toujours insisté pour qu'ils se comportent convenablement ...

Jean n'avait plus tout à fait tout son esprit depuis quelque temps, je comptais le remercier et lui confier une ferme à tenir, un peu à l'écart ... je comptais le lui annoncer ce soir, mais le Très Haut en a voulu autrement.


Se faisant un peu plus sûr, le seigneur de Meyrieu termina doucement.

Ce qui est fait est fait, ma dame ...
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Terwagne
Devant les tremblements qu'elle apercevait chez lui, mais aussi et surtout devant le ton de sa voix, qu'elle n'avait jamais encore entendue aussi peu sûre d'elle, hésitante, elle ne put que baisser les armes de sa violence.

La "Tempête" toujours réussirait à faire fondre son armure de glace, lui avait-il dit un soir en taverne, et là ce soir c'était lui qui faisait se radoucir la tempête...

Ce qui était fait était fait, certes, et ni lui ni elle n'y pourrait rien changer, il avait raison. Mais comme elle s'en voulait! Comme elle aurait voulu être capable de retourner quelques heures en arrière, se retenir d'aller le rejoindre!

Cherchant à croiser son regard, elle se rendit compte qu'il fixait le plafond, et mit un temps à comprendre que c'était sa tenue à elle, ou plutôt son manque de tenue, qui en était sans doute la cause.

Laissant sa hargne verbale de côté, elle répondit au trait d'humour qu'il s'était permis quelques instants plus tôt et qui constituait un de leurs rares points communs : l'auto-dérision lorsqu'ils se sentaient perdre pied.


Oui, cette porte aura eu plus de chance que sa soeur du fond de couloir.

Vous aussi, ceci-dit, vous avez plus de chance que ce soir-là...
Je ne suis ni ivre, ni au bord de la mort.

Je n'irais pas jusqu'à dire être mieux vêtue, c'est un fait, mais...


Un petit rire nerveux secoua sa gorge, et elle reprit.

Nous n'avons pas de témoin, cette pauvre Matheline doit être au lit à cette heure.

Elle n'osait bouger, et ses yeux l'observaient, tandis qu'elle cherchait comment pouvoir se sortir de cette situation avec un tant soi peu de brio. Cela paraissait compliqué...

Soudain, une idée saugrenue! Folle pour tout dire!

Le ridicule ne tue pas, et encore moins quand on le provoque soi-même...


Vicomte d'Ancelle... Vous êtes trempés, frigorifié, et je refuse de vous voir malade par ma faute, en plus de tout le reste.

Prenez cette couverture, vous en avez plus besoin que moi!


D'un geste brusque elle se déballa et la lui posa sur les épaules, avant d'ajouter en toute hâte.

Mais surtout ne vous avisez pas de baisser les yeux vers moi!
Vous risqueriez d'attraper un coup de chaleur trop brusque par rapport au froid dont vous êtes la proie.

C'est dangereux, les chocs thermiques... Surtout à votre âge.


Nouvel éclat de rire alors qu'elle s'éloigne pour chercher de quoi se vêtir dans la malle posée au pied du lit.
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Walan
Mon âge ? Et bien qu'a-t-il mon ... grumf ...

Oubliant la situation et la mise en garde qui venait pourtant de lui être faite, Walan avait baissé les yeux pour réagir à cette petite pique dont il était pourtant si souvent la cible. Bien entendu, il lui fut dès lors bien plus compliqué de terminer sa phrase, son regard s'étant posé sur toute la nudité que lui présentait la dame de Thauvenay en train de chercher dans un coffre.

Aussi prompt qu'il avait été à s'exclamer, le vicomte d'Ancelle releva les yeux vers la poutre qu'il contemplait quelques instants plus tôt, avec pour seule différence dans son expression un ... rougissement ?
Etait-il possible que ce noble, soldat depuis des années et vétéran d'un certain nombre de batailles, voit son visage se teinter d'un léger rouge -qu'on aurait pu prendre pour un léger abus d'alcool ou un réchauffement après un long passage dans le froid- en ayant en face de lui un femme nue ?
Apparemment.

En tous les cas, c'est clairement gêné que Sans Repos observait le plafond, resserrant la couverture sur lui avant de reprendre d'un ton qu'il aurait aimé dans la continuité du précédent mais qui semblait crier son embarras.


Hum, et bien qu'est-ce qu'il a ... mon âge ?
Je ne suis plus un fringant jeune homme mais je suis encore loin d'atteindre un âge où un coup de ... chaud me ferait rendre l'âme.

Grmbl


Maugréant à voix basse sur un tel discourt, la scène semblait avoir complètement chassé des esprits la raison même de ce pourquoi elle avait lieu. Oubliés Jean et son cadavre, oublié le plongeon dans la rivière, oubliés l'agression et le sang.
Pour l'heure, le présent se faisait bien plus pressant et n'accordait aucune place au reste ... qui reviendrait sans doute bien trop vite hanter les humeurs.

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Terwagne
Elle avait beau être un peu - beaucoup? - spontanée et irréfléchie, la Dame de Thauvenay, il n'empêche que tout en cherchant rapidement de quoi se vêtir, elle jetait malgré tout de temps à autre un regard en coin en direction du Vicomte.

Aussi ne fut-elle aucunement dupe de la raison du rouge qui semblait s'être emparé de ses joues, ni du ton de sa voix, puisqu'elle avait bien remarqué sa caresse oculaire le long de sa peau nue.

Gênée, elle l'était aussi, dire le contraire serait mentir, mais il était hors de question qu'elle le lui montre, ou même qu'elle le lui laisse deviner. Ne surtout pas lui laisser comprendre qu'elle était elle aussi troublée par ce regard.

Aussi, après avoir enfin trouvé son bonheur - ou du moins son sauvetage - dans la malle, ne l'enfila-t-elle pas de suite, mais le garda-t-elle en main tout en s'approchant à nouveau de lui, s'arrêtant à quelques pouces de distance à peine.

La situation, autant que de la mettre mal à l'aise, lui donnait envie de sourire, voir de rire, mais peut-être n'était-ce que nerveux? Parce qu'il faut bien admettre que la distance se rapetissant ne fut pas sans effet sur elle... Elle qui quelques heures plus tôt avait tellement rêvé de sentir ses mains sur elle, ressentit soudain la même folle envie lui brûler la peau, et ne sut pas trop comment chasser cette idée de sa caboche. Une envie folle et fulgurante, aussi folle que brûlante...

Se mordant la lèvre inférieure, elle tendit sa main vers la sienne, puis s'interrompit, brusquement. Pas maintenant! Pas dans cette chambre impersonnelle!

Une idée pour reprendre le dessus sur la situation, Dame Bailli? Ah ça, les chiffres, on maîtrise mieux que les sentiments, n'est-ce pas? On se sent plus à même d'argumenter et de se faire comprendre avec des calculs qu'avec des gestes et des mots!

Une idée? Non... Aucune... Juste inverser les rôles, encore et toujours...


Ne me mettez pas au défi, Messire Sans-Repos.

Je risquerais de vous prouver fort rapidement que si je ne tiens pas à vous voir rendre l'âme, je pourrais en revanche vous la faire chavirer au point que vous en oubliez votre âge, justement, et moi aussi.


Se hissant sur la pointe des pieds sans pouvoir s'en empêcher, elle lui posa un baiser taquin au coin des lèvres, et reprit.

Notez qu'il y a quelques minutes vous aviez retrouvé des façons non pas de jeune homme fringuant, mais bien mieux que cela...
Des manières de petit garçon curieux espérant que la dame dont il espionne le corps dévoilé ne l'a pas remarqué.


Petit rire avant de conclure sur un :

N'ayez crainte, je ne le répéterai pas, ne vous chaparderai pas, et n'exigerai pas de vous que vous m'épousiez, vous pouvez respirer.
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Walan
Walan avait eu beau garder les yeux rivés sur le plafond, il n'avait pas pu manquer l'approche de la Tempête, tenant bien un vêtement dans sa main mais restant pratiquement nue malgré tout face à lui.

Quelques difficiles déglutissements plus tard, elle était là, toute proche, à le frôler. La proximité de la dame de Thauvenay avait fini par lui faire baisser les yeux vers son visage pour se perdre dans son regard. Malgré tout, il pouvait sentir son corps, si près de lui, devinant la simple chemise* de la jeune femme cachant fort peu ses formes.
Il aurait fallu être de glace pour ne pas ressentir de trouble d'une telle proximité, et Walan ne l'était pas malgré l'attitude avec laquelle il se protégeait. Sans remarquer le geste de la main de Terwagne, celle de Sans Repos alla toucha doucement, presque imperceptiblement, le tissu de la chemise.

Mais voilà qu'elle reprenait la parole, arrachant un
"ça je n'en doute pas une seconde" murmuré à voix basse avant qu'elle ne vienne déposer un baiser à la commissure de ses lèvres et ne continue.
Grmbl, voilà qu'elle avait aperçu son regard pourtant si bref -du moins, il le pensait- et qu'elle mettait ceci sur le compte d'une curiosité fort peu convenable de sa part. Il allait à nouveau rétorquer qu'elle partait d'un léger rire et terminait d'une petit pique.

Que répondre ? Que dire à cela ? Rien. Lorsque les mots manquent, autant agir. Et agir, il le fit. Écartant les bras, et la couverture au passage, Walan enlaça la Tempête pour la serrer tendrement contre lui tout en rabattant les pans de la courtepointe sur eux.
Baissant le visage tout en caressant doucement le dos de sa bien aimée, il lui baisa brièvement les lèvres avant de dire tout bas.


Après tout, quel mal y a-t-il a contempler la belle dame que l'on aime ?


* Au XVe siècle, le sous vêtement habituel est la chemise, aussi bien pour les femmes que pour les hommes.
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Terwagne
De renversement de situation en renversement de situation...

Tel est pris qui croyait prendre, et elle qui jusque là s'était sentie en position de force malgré tout, se retrouvait à présent en équilibre bien instable. Son regard plongé dans le sien, elle n'avait pu empêcher sa peau de frissonner au contact de sa main, et n'en fut guère plus capable lorsqu'il écarta la couverture pour lui faire une place au creux de ses bras.

A sa question, elle ne répondit pas immédiatement, se contentant de fermer un instant les paupières, profitant de la chaleur du geste, de la douceur de la caresse, mais surtout de la glace brisée entre eux.

Au bout d'un moment, pourtant, elle releva vers lui son visage et laissa s'échapper non plus des mots de "tempête", mais bien des aveux d' "alizé".


Je suppose qu'il n'y en a pas plus que de rêver de sentir les mains de l'homme qu'on aime se poser sur nous.
Et ma folie de ce soir n'aura été dictée que par cette envie, et cet amour.


Comme pour l'empêcher de répondre et d'ajouter encore plus à la gêne où elle se trouvait déjà d'avoir été aussi franche, elle partit immédiatement à la recherche de ses lèvres et y posa les siennes, voulant unir leurs deux souffles comme un jour peut-être le destin unirait leurs deux vies, comme cette nuit, au-delà de la morale et de la bienséance, elle mourait d'envie que l'amour unisse leurs deux corps.

Ce baiser - qui sans doute le surprit lui tellement il contrastait avec la timidité de sa voix quelques instants plus tôt - elle s'y jeta avec toute la passion dont elle se sentait déborder, avec toute la fougue contre laquelle elle avait si souvent lutté, avec tout l'appétit qu'elle avait de lui, avec tout ce besoin surtout qu'elle avait de se sentir vivante.

Parce que oui, à cet instant précis, plus que tout au monde, ce dont elle avait besoin c'était de se sentir vivante et aimée... Aimée au-delà des mots.

Et là, brusquement, sans crier gare, au milieu de ce besoin d'être aimée surgit en elle la peur... La peur de souffrir comme comme seuls ceux qui déjà ont vécu le pire des chagrins peuvent le comprendre. Parce que même si elle en avait oublié les circonstances et le coupable, elle savait au fond d'elle que cette immense douleur indescriptible - celle qui vous brise lorsque l'autre moitié d'un "Nous" s'en va - elle l'avait déjà ressentie.

Quittant l'étreinte de leurs lèvres, elle leva vers lui son regard un peu perdu, avant de laisser s'échapper dans un murmure tremblant les mots suivants :


Promettez-moi de ne jamais me briser...
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Walan
Leurs souffles, leurs regards, leurs lèvres se mêlaient et une chaleur croissante envahissait le vicomte d'Ancelle. La passion du baiser que venait de lui donner la Tempête l'avait surpris, mais avait également accentué grandement la flamme qui brûlait désormais avec force au sein de Walan.
Le regard légèrement inquiet de Terwagne, sa question, Sans Repos y répondit par un nouveau baiser ardent, exalté, presque violent tant le désir se faisait fort. Et c'est en la serrant un peu plus contre lui tout en se dirigeant vers le lit que le seigneur de Meyrieu s'apprêtait à y succomber, emporté par cette vive chaleur.

La raison semblait avoir été oubliée, tout comme ce qui venait de se passer quelques dizaines de minutes auparavant. Les mains de Walan ne se contentaient plus désormais d'une tendre étreinte mais se laissaient emporter dans des caresses passionnées, tandis que ses lèvres ne pouvaient cesser de parcourir la peau de sa bien aimée.

Mais alors même que la passion et la fougue allaient définitivement l'emporter sur la raison, la bienséance et la morale, l'élan fut brisé par le plus infime des événements. Le contact du fourreau sur la cuisse, sensation si familière, si anodine pour un soldat, ramena à l'esprit de Sans Repos tout ce pour quoi il se retrouvait à ce moment et en ce lieu auprès de sa belle.
Une agression, un homme souhaitant assouvir ses pulsions, une mort. Et voilà, alors même qu'il venait de s'élever contre ça, qu'il aurait profité de la faiblesse et de l'égarement de celle qu'il aimait pour céder à sa passion ...
S'écartant un peu tout en la gardant dans ses bras, Sans Repos observa longuement la femme qu'il aimait.

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