Walan
Une semaine auparavant.
Allez quoi ! Viens grailler avec nous l'Grand Jean, t'vas pas aller te chasser d'la pitance alors que not' seigneur a dit qu'on pouvait user nos vivres et qu'on en rachèterait en ville.
Non, répondit sobrement l'intéressé en s'éloignant.
Créfieu, j'sais pas c'qui nous couve, mais il est d'plus en plus bizarre quand même, not' Grand Jean, entre la façon dont il s'est mis à s'vanter des entailles de sa masse depuis quelques s'maines et ça.
Il est devient vraiment étrange.
Le seigneur lui a déjà parlé en tout cas. Je crois qu'il lui a dit de se reprendre, qu'il fallait qu'il se comporte avec honneur et dignité et que c'était pas aristotélicien qu'il soit fier d'avoir tué nombre d'hommes, tout ça.
Faut qu'y fasse gaffe alors, parce que si l'Sans Repos il voit qu'il commence à pas respecter la manière dont y nous d'mande de nous tenir et à se comporter comme un d'ces écorcheurs qu'on ravagé l'Duché, il risque d'pas garder son poste, l'Grand Jean ...
Moment présent.
Walan avait longuement réfléchit. Il avait commencé à songer à ce problème qui risquait d'advenir avant même de partir de Meyrieu, et avait pris Grand Jean dans la petite troupe autant pour pouvoir garder un il sur lui que dans l'espoir qu'un peu de mouvement lui rendrait ses esprits.
Mais rien n'y avait fait. L'état de Grand Jean ne s'était pas amélioré, au contraire même, il s'isolait maintenant de plus en plus du reste des hommes, restant à l'écart même lorsqu'il n'était pas de garde, refusant de manger avec eux et allant lui même chasser, quitte à ne pas manger tous les jours.
Plus grave, il lui était arrivé la veille de quitter son poste de guet pour aller faire une ronde loin autour du camp, sous prétexte qu'il gardait mieux en faisant ça. Ce jour là, le seigneur de Meyrieu l'avait vertement réprimandé et avait pris sa décision.
Elle avait été dure à prendre et il n'était pas simple pour le vicomte d'Ancelle de se séparer d'un homme qui l'avait longuement servit loyalement. Mais Grand Jean filait un mauvais coton, de plus en plus, et Sans Repos ne pouvait pas se permettre de conserver parmi sa garde un homme qui pourrait le déshonorer, lui et le reste de ses hommes.
Après une dernière journée de réflexion, il savait ce qu'il dirait et ferait. A l'écart, avec une petite ferme isolée pour assurer abris et subsistance et une petite somme d'argent, Grand Jean pourrait continuer de vivre sans causer de tort à lui même ou aux autres, et peut-être les cicatrices qu'une vie de combats avait laissé sur son esprit finiraient-elles par se résorber.
Malheureusement, cela arrivait bien trop souvent au goût de Walan, que de constater à quel point la vie de soldat pouvait changer un homme, et il se demandait parfois de quelle manière lui-même avait été affecté.
Mais l'heure n'était pas à ces pensées. Sortant de sa tente, Sans Repos se mit à la recherche de l'homme. Ne le trouvant pas, il alla voir Hugues, qui lui tenait lieu de second en l'absence d'autre soldat plus expérimenté.
Où est Jean ? il me faut lui parler.
Il est parti relever ses collets seigneur, vers le sud. Après une légère hésitation, l'homme d'armes posa la question qui lui brûlait les lèvres. Vous allez le congédier seigneur, n'est-ce pas ?
N'obtenant qu'un signe de tête affirmatif, Hugues reprit. Vous n'aviez pas vraiment le choix seigneur, tout le monde s'y attend depuis ce qu'il a fait hier.
Là encore, le vicomte d'Ancelle se contenta d'un signe de tête et, remerciant le soldat d'une légère pression sur l'épaule, se dirigea dans l'obscurité vers le lieu où il pourrait trouver Grand Jean.
Il marchait depuis quelques minutes lorsque le mouvement de silhouettes sombres au sol attira son regard. Tirant légèrement son épée hors du fourreau, prêt au combat, Sans Repos lança alors d'une voix ferme.
Qui va là ?
Son cri figea l'une des silhouettes qui releva la tête, tandis que l'autre se débattait avec un gémissement. Reconnaissant avec surprise l'homme qu'il cherchait en train de violenter quelqu'un, le seigneur de Meyrieu tira son épée et s'avança à grands pas, retenant à grand peine une volée de jurons avant de s'exprimer d'un ton implacable.
Écarte toi par Aristote ! Arrière Jean ! Et ne bouge plus maintenant !
Gardant ses yeux gris acier rivés sur son soldat et l'épée levée, Walan s'accroupit néanmoins à côté de la seconde silhouette à l'odeur assez nauséabonde et aux vêtements usés. Lui prenant l'épaule de la main gauche pour le redresser sans le regarder, il demanda plus aimablement malgré la colère que l'on sentait encore dans sa voix.
Vous allez bien mon brave ?
Merci Klem
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Allez quoi ! Viens grailler avec nous l'Grand Jean, t'vas pas aller te chasser d'la pitance alors que not' seigneur a dit qu'on pouvait user nos vivres et qu'on en rachèterait en ville.
Non, répondit sobrement l'intéressé en s'éloignant.
Créfieu, j'sais pas c'qui nous couve, mais il est d'plus en plus bizarre quand même, not' Grand Jean, entre la façon dont il s'est mis à s'vanter des entailles de sa masse depuis quelques s'maines et ça.
Il est devient vraiment étrange.
Le seigneur lui a déjà parlé en tout cas. Je crois qu'il lui a dit de se reprendre, qu'il fallait qu'il se comporte avec honneur et dignité et que c'était pas aristotélicien qu'il soit fier d'avoir tué nombre d'hommes, tout ça.
Faut qu'y fasse gaffe alors, parce que si l'Sans Repos il voit qu'il commence à pas respecter la manière dont y nous d'mande de nous tenir et à se comporter comme un d'ces écorcheurs qu'on ravagé l'Duché, il risque d'pas garder son poste, l'Grand Jean ...
Moment présent.
Walan avait longuement réfléchit. Il avait commencé à songer à ce problème qui risquait d'advenir avant même de partir de Meyrieu, et avait pris Grand Jean dans la petite troupe autant pour pouvoir garder un il sur lui que dans l'espoir qu'un peu de mouvement lui rendrait ses esprits.
Mais rien n'y avait fait. L'état de Grand Jean ne s'était pas amélioré, au contraire même, il s'isolait maintenant de plus en plus du reste des hommes, restant à l'écart même lorsqu'il n'était pas de garde, refusant de manger avec eux et allant lui même chasser, quitte à ne pas manger tous les jours.
Plus grave, il lui était arrivé la veille de quitter son poste de guet pour aller faire une ronde loin autour du camp, sous prétexte qu'il gardait mieux en faisant ça. Ce jour là, le seigneur de Meyrieu l'avait vertement réprimandé et avait pris sa décision.
Elle avait été dure à prendre et il n'était pas simple pour le vicomte d'Ancelle de se séparer d'un homme qui l'avait longuement servit loyalement. Mais Grand Jean filait un mauvais coton, de plus en plus, et Sans Repos ne pouvait pas se permettre de conserver parmi sa garde un homme qui pourrait le déshonorer, lui et le reste de ses hommes.
Après une dernière journée de réflexion, il savait ce qu'il dirait et ferait. A l'écart, avec une petite ferme isolée pour assurer abris et subsistance et une petite somme d'argent, Grand Jean pourrait continuer de vivre sans causer de tort à lui même ou aux autres, et peut-être les cicatrices qu'une vie de combats avait laissé sur son esprit finiraient-elles par se résorber.
Malheureusement, cela arrivait bien trop souvent au goût de Walan, que de constater à quel point la vie de soldat pouvait changer un homme, et il se demandait parfois de quelle manière lui-même avait été affecté.
Mais l'heure n'était pas à ces pensées. Sortant de sa tente, Sans Repos se mit à la recherche de l'homme. Ne le trouvant pas, il alla voir Hugues, qui lui tenait lieu de second en l'absence d'autre soldat plus expérimenté.
Où est Jean ? il me faut lui parler.
Il est parti relever ses collets seigneur, vers le sud. Après une légère hésitation, l'homme d'armes posa la question qui lui brûlait les lèvres. Vous allez le congédier seigneur, n'est-ce pas ?
N'obtenant qu'un signe de tête affirmatif, Hugues reprit. Vous n'aviez pas vraiment le choix seigneur, tout le monde s'y attend depuis ce qu'il a fait hier.
Là encore, le vicomte d'Ancelle se contenta d'un signe de tête et, remerciant le soldat d'une légère pression sur l'épaule, se dirigea dans l'obscurité vers le lieu où il pourrait trouver Grand Jean.
Il marchait depuis quelques minutes lorsque le mouvement de silhouettes sombres au sol attira son regard. Tirant légèrement son épée hors du fourreau, prêt au combat, Sans Repos lança alors d'une voix ferme.
Qui va là ?
Son cri figea l'une des silhouettes qui releva la tête, tandis que l'autre se débattait avec un gémissement. Reconnaissant avec surprise l'homme qu'il cherchait en train de violenter quelqu'un, le seigneur de Meyrieu tira son épée et s'avança à grands pas, retenant à grand peine une volée de jurons avant de s'exprimer d'un ton implacable.
Écarte toi par Aristote ! Arrière Jean ! Et ne bouge plus maintenant !
Gardant ses yeux gris acier rivés sur son soldat et l'épée levée, Walan s'accroupit néanmoins à côté de la seconde silhouette à l'odeur assez nauséabonde et aux vêtements usés. Lui prenant l'épaule de la main gauche pour le redresser sans le regarder, il demanda plus aimablement malgré la colère que l'on sentait encore dans sa voix.
Vous allez bien mon brave ?
Merci Klem
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