Giuseppino
Giuseppino entre dans le verger.
Il se déchausse afin d'être en pleine communion avec la nature et sentir également l'agréable sensation de l'herbe fraîche sous ses pieds.
Il s'approche d'un figuier et en prend le fruit. Tout en dégustant la chair sucrée de ce dernier, il s'allonge sur une butte d'herbe, sort une bouteille de vieux Cluny qu'il avait dans sa sacoche de cuir, et profite de l'après-midi.
S'octroyant ce repos bien mérité après une journée de pioche, il se perd dans ses pensées:
(Que Mère Nature est généreuse et attentionnée avec nous, elle nous régale de ses bons fruits et de ses bons légumes, nous réchauffe grâce au soleil... mais peut aussi tout dévaster d'une seule colère, d'une seule tempête, d'une seule neige... Si belle et si cruelle... La nature est vraiment LA femme fatale par excellence, tant aimée que détestée... AAaahh... Matrice originelle, féconde nature.................)
Giuseppino pousse alors un long soupir.
Soudain il s'accoude : le mineur épuisé qu'est Giuseppino est tiré de ses pensées car il croit avoir entendu un bruit...
Giuseppino
Giuseppino, immobile, était alors à l'affût du moindre bruit... il se concentrait...
Lui qui était habitué à entendre des bruits de pioches ne percevait à présent que le doux son du chant des oiseaux, pourtant, il le sentait : bien que tamisé derrière cette douce mélopée hivernale, quelqu'un appelait à l'aide, il en avait la conviction, un lointain écho lui était parvenu...
Le pauvre mineur, fourbu, arriva néanmoins à se redresser : en moins d'une seconde il était debout. Son vieux squelette avait craqué à chacune de ses articulations mais il était sur ses deux jambes.
Il se dirigea, l'ouïe plus en alerte que jamais, à "l'aveuglette auditive", comme par tatônement sonore...
Après avoir marché une dizaine de minutes et commencé à pensé que le vin lui avait tapé sur la tête, il tomba, nez à nez, sur un arbre immensément haut, abondamment fournit.
Mais ce n'est pas tout ! : au pied de cet arbre il vit un jeune homme, peut-être même un enfant, squelettique, tremblant et gémissant de froid.
Il ne connaissait pas ce garçon mais comprit immédiatement qu'il avait besoin de lui.
Il s'approcha prudemment, tenant sa sacoche de cuir au creux de son bras gauche.
Il tenta timidemment une approche :
-Bonjour, je me prénomme Giuseppino, mais vous pouvez m'appeler Giuseppe...
Le garçon, pratiquement mourant, n'eut même pas la force de répondre...
Le sicilien s'assit à ses côté, commença à se décontracter tout en ouvrant son sac à provisions. Il en sortit le vin et les quelques figues qu'il avait ramassé en chemin.
Giuseppino, avec le but de réchauffer le malheureux, lui fit boire quelques gorgées de vin. Même s'il en recracha la moitié, le mineur commença à découper les figues en petit morceaux pour nourrir le jeune homme. Il enleva ensuite sa chemise, et, bien que trouée, espéra qu'elle réchauffe ce pauvre petit en l'installant sur les épaules de ce dernier.
Ils étaient alors tout les deux, l'un contre l'autre, se réchauffant mutuellement. Giuseppino ajouta :
- Reprends des forces mon jeune compagnon... il y a le temps pour faire les présentations...
Giuseppino, veillant d'un oeil sur le malheureux, se replongea dans ses pensées...
Giuseppino
Giuseppino se mit à sourire quand le jeune garçon le remercia pour son aide.
A ce moment là, il vit le malheureux pointant un doigt tremblant dans sa propre direction qui articula péniblement : " moi, Lawrence".
Le sicilien s'empressa de répondre d'une voie claire mais non moins éraillé :
- Je me présente : je m'appelle Giuseppino, je me suis récemment installé en ce village de Bourbon.
J'ai même eu la chance d'acquérir récemment un champ de blè, enfin... une chance, si l'ont peut dire! les récoltes ne sont pour l'instant pas très bonnes en cette saison... une charge de travail en plus quoi...
Giuseppino s'arrêta net car il comprit que ce garçon n'avait peut-être pas rencontré grand monde depuis un petit moment et qu'il avait perdu l'habitude de la discussion et puis... Lawrence... ce nom... pas vraiment Bourbonnais... avait-il seulement compris ce que Giuseppino venait de lui dire?... mystère...
Puis, chaque chose ne son temps : d'abord l'action, ensuite le repos!
Giuseppino se lève alors afin d'emmener le gamin chez lui afin que ce dernier recouvre des forces lorsque ce dernier, encore assis à même le sol léve sa tête pour orienter son regard vers Giuseppino, Lawrence dit alors :
- Vous pourriez... m'héberger ?
Le mineur lui répond :
- C'est justement ce que j'allais faire petit! allez viens! direction la maison!...
T'arriveras à te lever seul, ça va? sinon, je peux t'aider à marcher jusqu'à chez moi petit. Quand on pioche toute la journée, on n'est plus à ça près!
Giuseppino sourit et fit un clin d'oeil à Lawrence.
Il se dit ensuite à lui même qu'il aimait bien ce petit. En revoyant le môme il se revoyait un peu lui même, il y a quelques années, quand il était arrivé ici même.
Ouais!, il aimait bien le môme et ferait en sorte qu'il reprenne des forces...
Ils allaient certainement devoir se serrer chez lui, dans sa petite bicoque, mais c'est pas grave! lui aussi aurait bien aimé rencontrer quelqu'un qui l'aide à son arrivé... puis, quand y'a d'la place pour un, y'en a pour deux!
Sacré p'tit!...