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[RP] On se retrouvera à Mâcon

Milo
Depuis quelques jours, flocons et brouillard flirtent indécemment ensemble, accompagnant le géant blond dans sa chevauchée solitaire. Au sud quitté, Lyon. Au nord approché, la réunion sise en Dombes l'oblige parfois à s'arrêter pour trouver un abri, que ce soit dans les villages traversées, ou sous des arbres aux branches qui ne le protègent guère plus que son mantel mouillé. Gouttelettes implacables qui n'ont de cesse de s'infiltrer dans chaque interstice laissé ouvert, glaçant sa peau et la perçant d'aiguillons douloureux.

Pour certains, ce serait folie que de voyager en pareil temps. Mais il se refuse à attendre l'accalmie, alors qu'il est si proche du but. Les villageois rencontrés précédemment le lui ont dit, Mâcon n'est plus très loin, à quelques lieux à peine. Porté par la mèche rousse et le petit caillou noir brillant cachés au fond de sa besace, il a continué sa route.

Enfin, les remparts de la ville apparaissent, alors qu'un soleil qu'il devine déclinant à travers le camaïeu des nuages ne va pas tarder à laisser place à la nuit. Le tout paré d'or pour un temps, lorsque les mèches blondes dansantes devant ses yeux l'obligent un instant à les remettre à leur place. Mais, rebelles, elles refusent de se laisser conter, et, invariablement, reviennent le narguer.

Il franchit d'un pas leste les remparts, inclinant la tête en passant devant les gardes, surpris que l'habituelle cohorte de vélins en tout genre ne lui tombe dessus comme la misère sur le monde. Mais il est vrai que depuis son entrée en Bourgogne, elles l'ont, pour son plus grand plaisir, laissé tranquille.

Il plisse les yeux à travers le rideau neigeux, à la recherche d'une quelconque taverne. Persuadé de trouver les renseignements qu'il cherche ici, murmures jalousement protégés entre les murs épais. Il descend de Grani avec difficulté, membres engourdis par le froid. Grognant mentalement conte sa propre folie, il se dirige vaille que vaille vers les écuries, refusant de laisser l'animal dehors, par ce temps. Le laissant sous le coche, attaché. Provisoirement, le temps de glaner les informations idoines. A « L'auberge de Macon la grande ».

Revenu devant la porte de la taverne, il tente d'apercevoir du mouvement à travers les fenêtres embuées. Peut-être pour deviner, parmi les ombres, une chevelure brillant de milles feux. Mais rien ne filtre à travers les carreaux, aussi pousse-t-il la porte, la laissant se fermer doucement. Adossé contre, il tape ses bottes neigeuses après le chambranle. Faisant fi d'une quelconque protestation, le bois gondolé indiquant qu'il ne doit pas être le premier à faire ce geste.

Les Azurs peinent à percer le voile qui s'est invité devant elles, passant d'un seul coup de la lumière à la pénombre. Lentement, il enlève les fins cristaux de glace qui se sont formés sur ses sourcils, avant de jeter un oeil circulaire. Son corps réclamant à grands renforts d'articulations douloureuses un peu de chaleur. Il s'assied dans un coin, mal éclairé, son mantel humide posé à côté de lui, son regard accrochant sans qu'il ne s'en rende compte une chevelure flamboyante. Espérant inconsciemment que ce soit celle qu'il recherche. Accrochant pour quelques secondes les les éclats argentés.

« On se retrouvera à Mâcon »

La phrase continue de résonner dans son esprit, Azurs qui s'emplissent peu à peu de incertitudes. Là bas, ils étaient en terrain neutre. Ici, tout est différent. Ils sont chez elle. Dans son univers. Lui n'est qu'un intrus. Et il espère, tout au fond de lui, que son esprit lui a joué des tours, engourdi par la fatigue et le froid. Redoutant autant qu'espérant ce moment.

Azurs baissées, incapable de soutenir son regard, il pose ses mains à plat sur la table, les fixant obstinément. Tremblant au plus profond de lui-même, en attente de la sentence.
Breiz24
Lente journée, comme souvent. Pour une fois, elle s'est rendue à la municipale. Être assise et se faire servir épargne un peu sa jambe, trop sollicitée. Elle est donc calée dans un fauteuil, écoutant les histoires guerrières des croisés de retour.
Gauvain joue, rencontre un furet, un normand, essaye de s'initier au calva.
Lorsqu'il entre, elle ne fait pas vraiment attention à lui. Il faut qu'il parle, pour qu'elle le remarque. Cette voix. Les accents chauds, entourés de rocaille, elle ne les a entendu qu'une fois. Elle les reconnaitrait n'importe où.

Elle lève brusquement les yeux, elle le scrute. C'est d'une voix étranglée qu'elle murmure son nom, alors qu'il reste devant elle, les yeux baissés.
A coté, les normands se chipotent sur la qualité du calva. Ils aident. Le blond et la rousse s'incrustent dans la conversation. Ils ne se sont pas encore touchés.
Plus tard, elle se lèvera, et il remarquera sa jambe blessée.

Elle élude plus ou moins la question. Répond à demi mots. Oui, elle est tombée. De son cheval. Non, ce n'est pas la fougue du cheval qui est à remettre en question. C'est son idiotie à elle, et son refus de se nourrir. C'est sa peur de perdre ses rusés, et une blague idiote d'un ami voulant la faire sourire. C'est son corps qui a brulé sa dernière réserve d'énergie et s'est endormi sans lui demander la permission. Pas de chance, elle était perchée sur le dos de son étalon de guerre tout jeune, pas sur celui de Sombrelance. Le cheval n'a pas effectué le pas de coté qui lui aurait permis de choir dans l'herbe au lieu de briser un os de sa cuisse sur une pierre.

Il s'enhardit, le blond. Il exige qu'elle se repose. Il refuse de comprendre que pour elle, ne rien faire et se faire servir dans une taverne, c'est le maximum du repos. Même la nuit, elle n'est pas aussi détendue.
Une discussion avec une demoiselle noble vient interrompre le débat. Elle l'aime bien, la petite. Elle craint pour la sécurité de son chien de manchon quand le vorace Gauvain s'empare d'une oreille.

Lentement, leurs mains s'entremêlent. Discrètement, aussi. La rousse n'est pas sure d'elle. Elle est encore moins sure de vouloir étaler aux yeux de tous le lien qui l'unit au blond. Elle masse sa paume blessée, elle garde ses doigts mêlés aux siens. Mais les présents sont de passage. Ils ne sont pas de ceux qui pourraient utiliser cette relation pour la blesser. Ou de ceux qui l'aiment, et ne comprendraient pas la fin de son deuil. Aucun rusé ne sait que le coeur de la Meyre s'est remis à cogner. Et qu'il s'affole.

Elle n'a rien dit. D'abord parce que la rencontre du blond a été suivie de près par la presque mort de la Ruse. Ensuite, parce qu'elle avait finit par se convaincre que ce n'était qu'un rêve. Malgré le lien bleu à son poignet. Malgré les promesses. Malgré le souvenir cuisant de ses mains sur sa peau, et de l'incongruité de leur rencontre.
Elle avait, de toutes ses forces, essayé de se convaincre que rien n'était arrivé. Pour ne pas souffrir s'il ne venait pas, après avoir escorté la brunette. Pour ne pas souffrir, s'il venait et la rejetait à cause de son nouveau handicap. Parce qu'elle avait beau lui avoir dit qu'elle guérirait surement, elle avait menti. Elle savait qu'elle avait trop demandé à sa jambe, trop tôt, et que l'os, s'il se ressoudait, n'était pas exactement là où il aurait du être. Elle l'avait senti se déplacer, une seule fois. Elle n'avait rien dit. Elle n'avait pas de temps à perdre. Elle refusait de rester immobile. L'os se ressouderait de toutes les façons. Quand elle pourrait s'appuyer normalement sur sa jambe, sa boiterie ne serait que très légère, alors pourquoi y accorder de l'importance?.

Le blond demandait une adresse d'auberge. Elle donna la sienne, et finit par se lever, pour y conduire son cheval et le bouchonner.


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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Retrouvailles pour le moins étranges. Lui, trop timide pour faire le moindre geste. Apeuré. Comme un enfant attendant observant un être qu'il trouve à la fois fabuleux et qui lui fait peur. Mais, à mesure qu'il se fait une place au milieu des étrangers, il prend trop les devants. Et un refus en pleine poire. Les paroles sont sèches, agacées. Brisant son coeur à chaque intonation. Inquiet, il l'est. La culpabilité lui ronge les sangs, sans qu'il n'en montre rien. C'est une des choses qu'il a appris. A se laisser ronger de l'intérieur sans rien exposer.

Quelque part, une petite voix lui dit qu'il vient de brûler la seule chandelle en sa possession. Qu'elle s'est consumée, qu'il a échoué. Sans-même s'en rendre compte. Partiellement du moins. Oubliant pourtant ce qui aurait du être son ancre. Ici, elle est autre chose. Elle n'est plus la déesse flamboyante qu'il a vu entièrement nue, sous un soleil d'hiver. Ici, elle est cachée. Parmi toutes les autres. Ici, il n'est rien...

Il déglutit péniblement quand l'un des étrangers demande à la cantonade d'où ils viennent. Son vagabondage a toujours fait sa fierté. Jusqu'à aujourd'hui. Il n'a pas su, au départ, qu'aucun n'était d'ici. Mais il aurait aimé s'enfouir six pieds sous-terre, et ne jamais revenir. Tant la honte le culpabilisait. Un vagabond qui n'a rien à offrir à cette veuve, mère de surcroit. La honte de passer pour un pique-assiette, lui qui est bien loin de tout ça. Et pourtant...

Quand il a demandé une auberge, elle lui a donné un nom. Juste avant de lui dire qu'elle en était la tenancière. Refusant son argent. Le rendant plus honteux encore, sans s'en rendre compte. Les pièces ont été rangées, le mantel remis. Le cheval amené à ladite auberge, seul le bruit de leurs pas crissant sous la neige venant rompre le silence. Une évidence tournant en boucle dans sa tête. Comprimant ce muscle qui ne cesse de battre sous sa poitrine.

Il enlèvera ses fontes, sa selle, les rênes, laissant le hongre à nu. Caressant doucement les naseaux du cadeau d'une autre rouquine, décédée il y a plusieurs mois. Il laisse Breiz s'occuper de l'animal, adossé au mur, bras croisés sur la poitrine. Ce n'est qu'après de longues minutes, qui lui paraissent des heures, qu'il se bouge enfin, posant sa dextre sur sa jumelle, stoppant en douceur les gestes. Sentant presque le regard désapprobateur de Grani sur sa nuque.

Lentement, il la fait pivoter sur elle même, avant de lui prendre le menton, Azurs plongées dans les Hématites. Souffle coupé un instant, retrouvant les éclats argentés qui ont su l'apaiser, là où d'autres avaient échoué. Ouvrant de nouveau son âme, à la recherche du lien qui les a unit lors de cette journée, presque irréelle. Voix profonde de basse, aux intonations chaudes mais enrouées, autant par ce qu'il ressent que par la peur qui lui ronge le ventre.


- Je m'excuse pour tout à l'heure. Je n'avais pas à insister pour que tu te reposes.

Il la lâche à regret, reculant d'un pas. Fixant obstinément l'étrange dessin formé par ses bottes noires sur la paille. Prononçant avec difficulté la phrase qu'il n'a pas envie de prononcer. Mais il le faut, pour être sûr.


- J... Je... Je partirais demain. A l'aube. Les Azurs se relèvent un instant, s'obligeant à regarder l'argent. Si... Tu le souhaites... Je prendrais ma lanière de cuir et tu n'entendras plus parler de moi. Je te le promets.

Avant de se reposer à nouveau sur le bout de ses bottes. Epaules affaissées, dos rond. Recroquevillé sur lui même. Géant à la merci d'un petit bout de femme fragile en apparence.
Breiz24
Non!

Un cri, qu'elle ne peut retenir, inquiétant l'alezan qu'elle pansait, et le souffle coupé, alors qu'elle tente de comprendre. Il est venu jusqu'ici. N'a-t-il fait tout ce trajet que pour récupérer le lacet bleu? La symbolique si forte du cordon est-elle réellement la seule raison de sa venue?
L'argent vire à l'acier quelques instants, quand, pour reprendre son équilibre, elle s'appuie sur sa jambe blessée. La douleur la renvoie à la première phrase du blond. S'est-il senti humilié qu'elle repousse ses attentions?

Que croyait-il? Qu'espérait-il trouver? Comment pouvait-il ignorer qu'en public elle ne pouvait que paraitre? Qu'elle n'était, réellement, que seule, avec son fils? Qu'elle ne vivait à nouveau que depuis leur rencontre, quelques semaines plus tôt.
Le rire de Gauvain lui fit relever la tête, poser à nouveau le regard sur le géant affaissé, après avoir jeté un coup d'oeil à l'enfant.
Acier, toujours, qui brandit son poing serré sous le nez des Azurs, exhibant le lacet bleu, délavé, ou nœud durci par de nombreux passages dans l'eau.


Faudra le trancher si tu veux le récupérer. Je ne l'ai pas ôté, je suis à toi!

Le ton est sec, dur. Aussi tranchant que l'acier, l'acier qui papillonne pour refouler les perles d'argent qui ne demanderaient qu'à rouler sur ses joues.
Elle ne comprend pas.


Milo...Elle ne comprend pas, et toute son angoisse s'est concentrée dans ce murmure étranglé, terrifié. Elle n'ose pas le toucher, quand bien même son poignet et son poing serré dansent devant les Azurs. Elle n'ose pas le toucher, de peur de précipiter sa fuite.

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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Sonné. Perplexe.

Il recule sous la violence des paroles. Se recroqueville un peu plus. Encore une fois, l'argent vire à l'acier, sans qu'il ne sache que faire. Le poing serti de bleu danse sous ses yeux, lui rappelant le pourquoi de sa présence ici. Une promesse. Sa promesse. Pour laquelle il serait prêt à tuer. Pour laquelle il serait prêt à mourir.

Il ferme un instant les yeux, incapable de parler. Les mots se bousculent dans sa tête, virevoltent dans sa bouche, s'entrechoquent contre ses lèvres. L'océan s'éveille à nouveau, pour venir plonger dans l'acier trempé. Mais, implacable, celui-ci ne laisse rien entrevoir. Et ses mots, de résonner encore.

Que croyait-il ? Sûrement qu'il pourrait l'alléger un peu de ce fardeau qui est le sien. Il connait la douleur, il vit avec constamment. Comme une seconde peau, elle ne le quitte pas. Se rappelant à lui s'il ose l'oublier un seul instant.

De nouveau, les mots résonnent. Le faisant trembler de plus belle. Il tend les mains, agrippant ses épaules avec force, avant de la plaquer contre lui impérieux. Oubliant pour un instant la cuisse blessée. Sa dextre, encore une fois, vient se glisser au creux de son dos, là où loge le symbole qui l'hypnotise depuis le début. Sa senestre, elle, glisse sur son épaule, caresse son cou, avant de lui relever le visage. La forçant à le regarder. L'empêchant de détourner le regard.

- Je sais... Mais toi Breiz ? Est-ce que-tu veux encore de moi ? Est ce que tu as réfléchi ?

Il n'arrive pas à prononcer la peur qui lui vrille le ventre. La formuler, explicitement. A-t-elle réfléchit, aux conséquences de sa présence ? A-t-elle réfléchit, à ce que les autres pourront penser d'elle, penser de tout ça. Le veuvage n'est pas éternel, il le sait. Mais... Sa voix ne devient qu'un murmure. Presque inaudible. Pourtant il ne quitte pas les Ilménites. Il reste lié à elle, encore une fois, sa main esquissant le visage aimé, autant pour le rassurer que pour se rassurer.

- Je n'ai pas de biens matériels à offrir. Juste moi et mon cheval. Mais je ne veux pas qu'on te traite en paria parce que... Les mots peinent à sortir, mais il se force. Maudissant une fois encore la blonde, pour l'avoir forcé à rejoindre le monde des vivants. Maudissant de n'être "que" ça. Tu t'es donnée à un vagabond à la gueule cassée et au corps meurtri...

Sa voix se brise, quand sa honte est dévoilée. Perçant sous la forme d'un éclat bleuté qui s'échappe de son coeur, effleurant sa joue, caressant ses lèvres. Pour finir par dévaler son menton, avant de s'écraser plus bas, sur la paille.
Breiz24
Un gémissement sourd lui échappe quand il l'attire contre lui, impérieux, mais elle se laisse aller, sans résistance, refoulant la douleur dans sa cuisse gauche. La dextre vient se glisser dans son dos, au niveau du dessin bleu qui orne sa peau, avec une précision d'horloger. La sénestre gantée remonte le long de son cou, lui arrachant un frisson. Des semaines ont passé, mais elle n'a pas oublié la façon qu'il avait eu de la toucher. Elle n'a pas oublié l'odeur doucereuse du baume mentholé, appliqué un peu plus tôt, et qui s'échappe du gant de cuir.

Elle obéit à la main qui force son visage. Elle lève les yeux vers lui, laisse les Azurs plonger dans son âme. Âme verrouillée, parce que pétrie d'angoisse.
Elle l'écoute, la voix chaude, suave, la voix aussi angoissée que la sienne.
Elle l'écoute et elle ferme un instant les yeux. Oui, bel amour, j'ai réfléchi. Se replonger, vite, dans l'Azur, avant qu'il ne déborde. Elle le sent dans sa voix aux inflexions troublées.
Elle laisse lentement, prudemment, l'argent s'immiscer dans l'acier. Elle a agi trop tard. l'océan déborde, et elle échoue aussi à rattraper l'éclat d'azur qui disparait dans la paille, à leurs pieds.

Lentement, les bras qu'elle a passés autour de la taille du géant remontent le long de son dos, ses mains crochètent les épaules et elle se hisse vers lui, se tendant à l'extrême vers le visage aimé. Sa gauche lâche l'épaule, elle laisse tout son poids peser sur sa droite. Sur sa jambe valide. Et, du bout des doigts, elle vient suivre le chemin laissé par l'azur liquide, effleurant les lèvres qu'elle désire croquer, remontant sur la pommette mainte fois dessinée, avant d'aller se perdre dans l'or des blés.
Elle se hisse plus encore, l'argent plongé dans l'océan, si près qu'ils pourraient presque se toucher, et cligne des yeux avant de souffler :

Je me donne à qui je désire. Et c'est toi que je désire

Elle n'ajoute plus rien, goutant, les lèvres légèrement entrouvertes, la saveur de son souffle, si proche du sien. Hématites dans l'Azur.

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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Il se laisse faire, quand ses mains remontent le long de son dos, glissant sur ses épaules. Quand elle se tend vers lui, de nouveau. Quand elle prend possession de lui, une fois encore. Croquant, esquissant, dessinant, ébauchant chaque courbe de son visage. Il ne bouge pas, et écoute. Azurs au coeur des Hématites.

Ce n'est que lorsqu'elle parle, lui rendant un souffle qu'il a retenu dans l'attente de sa réponse, qu'il se penche vers elle. Laissant à son tour sa senestre s'imprégner une fois encore de ses traits, qu'il connaît par coeur, mais dont il ne se lasse pas. Dans son dos, la main dépeint inlassablement, fébrile, le tatouage, imprimé dans la rétine.

Et lentement, il pose ses lèvres sur son front. Dans un geste, qui, chez lui, est à la fois un signe d'excuse, d'apaisement et de reconnaissance. La gardant serrée contre lui. Se dire qu'elle est réelle, qu'elle n'est pas juste un songe, tiré de son imagination, voire de sa folie. Il inspire son odeur, cet arôme qui sait le rendre fou, d'une simple exhalaison. Coeur battant à l'unisson.

Délicatement, il laisse sa bouche venir croquer une pommette, son menton, jouer, encore et toujours, avec sa peau, ses fragrances. S'en délecter, lui qui se sait insatiable d'elle. S'excusant silencieusement auprès de l'alezan qui attend toujours la fin des soins, lorsqu'il est soumis à son regard.

Ses lèvres continuent d'explorer, de chercher, d'apprécier, juste avant de se poser sur les siennes. S'enivrant de son souffle, alors que sa langue berce la barrière de chair, pour venir chercher leur prisonnière. La goûter, la cajoler, la posséder. Toute entière. Qu'elle soit sienne, uniquement sienne.

Et les Azurs de dévoiler leur âmes, gardant la bonde sur l'océan tumultueux. Conscient malgré tout de la présence de l'enfant, tout proche.

Si tu savais... Mon amour...
Breiz24
Elle le laisse faire, se coule contre lui, s'appuyant légèrement contre son torse pour reposer sa jambe, fatiguée d'être debout. Elle ne rompt pas l'étreinte. Elle le laisse, dans un premier temps, s'approprier son visage. Répond, en douceur, au baiser, entrant dans la danse, instinctivement, comme si mille fois répétée.

Sa sénestre, lentement, quitte l'or pour se glisser sur le dos, effleurant à travers le tissu les marques profondes qu'elle a déjà apprivoisées. Du bout des doigts, elle esquisse les sillons, pour venir par se reposer, main à plat, dans le creux de son dos.
Elle se détache de lui, lentement, reprenant appui sur son pied, reposant ses orteils. Et se stabilisant en déposant au sol son pied gauche. Taisant la brulure sourde qui gagne lentement, perfusant autour de la fracture.
Ne lâchant pas les Azurs des yeux, espérant que l'argent ne trahit pas l'élancement qui nait dans la jambe.

Elle sourit. De toute son âme, elle lui sourit. Avant de se pencher vers Gauvain, à la porte du box, prêt à entrer, épée de bois brandie devant lui.
Elle le prend dans ses bras, un instant. Le blond sait que le rouquin haut comme trois choppes sera toujours, immanquablement, prioritaire.
Elle cajole un instant le bambin, avant de le déposer à l'extérieur du box, boitant plus bas que jamais. Elle s'adosse au montants de bois, et plonge à nouveau dans l'Azur. Inquisitrice.

Non, je ne sais pas. Je ne sais, pas, tu te caches. Pourquoi?

Elle lui sourit, tend légèrement la main vers lui, comme une invitation à s'approcher à nouveau, à l'enlacer à nouveau. A la faire sienne, à nouveau.


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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Le champ de bataille est exploré, encore une fois. Avec lenteur. Réécrivant l'histoire, à sa manière. Plus douce, moins saignante. Le faisant frissonner, sous la chaleur du baume formé par ses doigts. Les blessures ont beau être vieilles, elles se ravivent parfois, dans ses pires cauchemars. Le brûlant autant que s'il venait de les subir.

Il la relâche et observe l'enfant, lequel joue avec son épée en bois. Lui en profite, pour, discrètement, apaiser les démons qui s'élancent contre leur carcan de cuir. Grimaçant légèrement contre leur assaut répété. Mettant dans un coin de sa tête que la Vierge, Aleanore, accepterait avec joie de la lui couper, si jamais il le souhaitait.

Il fronce les sourcils quand elle se déplace, boitant plus qu'il ne faudrait. Il ne sait pas depuis quand la blessure est là, en son sein. Il sait juste qu'elle la fait souffrir, au vu de ce qu'il s'est passé en taverne. S'apercevant qu'il a encore son mantel humide, sur les épaules, il l'enlève, le posant sur la porte entrouverte du box.

J'ai eu peur... Que tu me repousses... Ma déesse flamboyante.

Un sourire. Appelée ainsi parce que, ses courbes dévoilées par le soleil d'hiver, elle lui faisait penser à Freyja, déesse de l'amour chez ses ancêtres. A la chevelure aussi chatoyante et enflammée que de la lave en fusion. Enfin, selon la légende.

Il s'approche d'elle, une main dans son dos, l'autre liée à la sienne, l'attirant contre lui. Ocean contre argent, rougissant, tandis qu'il l'embrasse tendrement, laissant parfois errer sa bouche sur la ligne de sa mâchoire, entremêlant sa chevelure légèrement humide à la sienne. Dardant sa langue qui vient cueillir les notes humides et épicées, au creux de son cou. Soupirant légèrement, fébrile comme un puceau.

Hésitant à rompre l'instant pour lui dire demander de se reposer ou bien ne pas rompre l'union des âmes à peines retrouvées. Lentement, il laisse ses mains se mettre en coupe sous ses fesses, la soulevant, afin de soulager sa cuisse. Océan contre argent, laissant la bonde libre à ses sentiments. Qu'importe à présent, il n'a plus besoin de se cacher, puisqu'ils sont à l'abri de tout et de tous.
Breiz24
Elle se laisse à nouveau aller contre lui, apaisée. Il l'attire contre lui, et elle passe, instinctivement, un bras autour de son cou, alors que la dextre dessine à nouveau l'entrelacs bleuté de ses reins.
Elle plonge les doigts dans les blés humides, les dégage de leurs visages, alors que la langue pointée dans son cou lui arrache un frisson.

Elle sourit, des Hématites, quand il glisse ses mains sous elle pour la soutenir. Quand deux feux se combattent en elle. Celui de sa cuisse, tiraillée par la fracture pas assez consolidée, et celui de son ventre, soulevé par une lame de désir brûlant.
Un gémissement lui échappe. De douleur. Pas de chance. Elle s'accroche un peu plus fermement à son cou, espérant taire la douleur un moment. Plongeant le nez dans le cou où les arômes s'accentuent. Goutant la peau dont elle n'a pas oublié le parfum. Pour finir par la pincer, un peu trop fort, entre ses dents, étouffant un gémissement de peine, les yeux fermés sur des larmes brûlantes. De honte d'avoir à avouer la faiblesse de son corps.

Un murmure, alors qu'elle se tortille pour retrouver la terre ferme:
Milo? Essayer de se détendre. Inspirer. Expirer. Refouler la douleur. Si elle la nie, elle disparaitra. Pour un temps. Milo je... Un soupir Je dois m'assoir. Un moment... Juste un petit moment... Sa main se perd à nouveau dans les mèches blondes, avant de retomber pour se poser sur la joue de Gauvain, qui s'est approché et accroché à la robe de sa mère. Elle le prend à nouveau dans ses bras, faisant fi de la douleur supplémentaire qu'il lui impose, et ajoute : Et puis on sera mieux à l'intérieur... Gauvain a ses jouets et... Il y a un feu...Inspirer, expirer. Le douleur disparaitra. Inspirer... Grani a faim... Le foin et l'avoine sont là bas... au fond... je te laisse faire. Je ne peux pas...Nouvelle grimace, lors de l'aveu de son impuissance. Elle s'appuie plus lourdement au montant de la porte du box, libérant le blond de son étreinte. Un sourire d'excuse, l'argent dans l'océan.

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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
La peau est pincée, un peu trop fortement. Cela lui suffit pour deviner que la jeune femme se bat contre la douleur nichée dans sa cuisse. Il recule légèrement la tête, pestant intérieurement contre la tête de mule qu'elle était. Mais, plus encore, contre sa propre faiblesse, tandis qu'haletante, elle lui indique où est la nourriture pour l'alezan. Océan contre argent, il l'observe sans dire mot durant quelques minutes. Impuissant, encore une fois. Sachant qu'elle se fermerait comme une huître au moindre de ses gestes ou paroles pour tenter de la raisonner.

Il se dirige vers l'endroit indiqué plutôt, prenant du fourrage pour l'animal, avant de le poser tout près de l'animal à terre. Puis, il récupère ses fontes, jetée en travers de ses épaules, et son mantel sous le bras. Revenant vers la jeune femme, inspirant légèrement pour s'empêcher de les prendre dans ses bras, le mouflet et elle, et de les emmener à l'intérieur. Il penche la tête sur le côté, tendant sa senestre gantée qui vient se poser sur sa joue, avant de glisser sur sa mâchoire, majeur et annulaire entre soumission et affront relevant doucement son visage, la forçant à le regarder.


- Tu vas faire même mieux qu'ça rouquine. Tu vas nous amener dans ta chambre et tu vas t'allonger.

Il se penche vers elle, Azurs contre argent, leurs souffles s'emmêlant. Tu n'as pas besoin de ton masque ici, petite mère, tu sais ? Il laisse l'océan exprimer tout ce qu'il ne peut dire, sa crainte de la perdre, d'échouer, une fois encore. Montrer son impuissance aussi, et que jamais il ne la jugera, surtout pas lui, surtout pas elle. Il ferme les yeux un instant, posant son front contre le sien.

- Tout ce que je te demande... Les paupières se lèvent, éclats bleutés s'ouvrant en grand. C'est de me laisser m'occuper de toi. Juste toi, moi et Gauvain. Rien d'autre.

Il se recule et laisse ses doigts quitter lentement son menton, toujours rivé dans le regard de la rouquine, avant d'esquisser un geste pour prendre la direction de la taverne.

Fais moi confiance mon amour... S'il te plaît.
Breiz24
Elle sourit, le regardant aller et venir pour s'occuper de son cheval. Elle ne le quitte pas du regard, imprimant sa manière de se mouvoir au fond de sa rétine.

Elle sourit à nouveau quand il l'attire contre lui, et plonge ses Azurs dans l'argent. Il n'y a rien de caché, bel amour. Tout est là.
Elle crispe les mâchoires, légèrement, refoulant la douleur, à l'écoute de ses injonctions. Elle sourit, à nouveau, concédant :
J'vais me reposer J'vais me reposer, et ce n'est pas toi qui me dira où et quand, bel amour. Ni toi, ni ce corps qui finira par se plier à ma volonté.

Il esquisse un mouvement vers l'auberge, alors elle sort du box, en referme soigneusement la porte, avant de sortir de l'écurie, le précédant vers l'intérieur de la salle. Salle déserte, parce qu'elle avait pris soin de fermer boutique pour la journée. Sa jambe la faisait trop souffrir, ce jour là, et elle voulait profiter de son fils.
Elle referma la porte derrière eux, le guida à travers la salle vide de clients, éclairée seulement par le feu ronflant dans l'âtre, jusqu'aux escaliers grimpant à l'étage. Elle dépose Gauvain, laisse l'enfant escalader les marches, une par une, le suivant de près. Utilisant la vitesse d'escargot du bébé pour soulager sa jambe en s'appuyant lourdement sur la rampe, montant doucement. Suivie par le blond.
Elle tourne à gauche, pousse la première porte, sur le même coté du couloir. Ouvrant sa chambre aux yeux du géant.

La pièce est simple. Un grand lit, un coffre pour ses vêtements, un pour ceux de son fils. Des jouets en bois éparpillés sur le sol. Le lit d'enfant qu'elle a fait de ses mains, et où le bébé n'a presque jamais dormi. Deux fauteuils et une petite table près de l'âtre. Un écritoire. Sa vie dans une seule pièce.


Tu peux poser tes affaires... un geste vague de la main, englobant toute la chambre. Invitation dans sa plus stricte intimité, où personne n'est entré depuis près de six mois. Où personne n'est jamais entré, parce qu'avant elle vivait dans une maison. A elle. Qu'elle avait abandonnée pour rester dans la taverne, le refuge des rusés. Là où le corps du Pi embaumé avait reposé en attendant d'être envoyé de la cave au bucher, résumant somme toute toute sa vie. Là où toute sa vie est concentrée, elle l'invite. ...où tu veux...

Elle, elle s'assoit au bord du lit, tendant sa jambe blessée devant elle sur le matelas, en preuve de bonne volonté, l'autre reposant toujours sur le sol. Elle suit du regard Gauvain qui s'élance à travers la pièce, à la recherche de jouets qu'il aurait oublié d'étaler au sol. Plus que jamais consciente de la présence du blond. Suspendue au moindre de ses gestes.

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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Il la suit, silencieux, prêtant à peine attention à la configuration de la pièce. Engourdi par la chaleur qui peu à peu envahit ses membres, contraste qui provoque la chair de poule. Observant malgré tout la démarche claudicante de la jeune femme. Pinçant son coeur à chaque arrêt dans les escaliers, rythme imposé par le bambin. Se maudissant de ne pas avoir été là pour, peut-être, éviter cela.

Il reste sur le seuil, se dandinant d'un pied sur l'autre, lorsqu'elle l'invite dans sa chambre. Son sanctuaire. Il n'ose entrer, intimidé. Et, plus encore, touché par sa confiance et l'honneur qu'elle lui fait. Lorsque sa voix parvient jusqu'à lui, il fait un pas, inspirant profondément. Observant le visage de la jeune femme, qui, sous l'égide des braises mourantes, se font avec sa chevelure, couvrant sa peau d'une légère couleur cuivrée, presque nacrée. Son regard glisse sur son corps, avant de venir se poser sur l'enfant, occupé à jouer. Vagabonde sur le petit lit, de simple facture.

Ses pas le conduisent, lentement, vers la petite table de bois, où il pose ses fontes, recouvertes à demi par son mantel humide. Sa dextre se crispe dessus, palpitant emballé. N'osant faire le moindre geste, sans une invitation. De peur de briser le sceau apposé par un veuf sur cet endroit. Lentement, il se tourne vers l'âtre, prenant quelques bûches mises de côtés, et les dépose sur les braises agonisantes. Soufflant légèrement dessus, pour tenter de les raviver. Des petites branches encore accrochées au bois prennent rapidement, et il suit pendant quelques secondes la course folle des flammèches, léchant et consumant avidement leur support.

Prenant une inspiration, il se tourne vers la rouquine, dont la jambe torturée repose enfin sur son lit. Timidement, il s'assied en face d'elle, faisant s'enfoncer plus que de raison le matelas de paille et gémir le bois, à tel point qu'il se demande, avec effarement, s'il ne vas pas s'effondrer sous son poids. Il retient son souffle, le temps de tester les appuis végétaux, jetant un oeil à la jambe avant que sa main ne vienne effleurer le tissu, délicatement, plus légère qu'une plume.


- Est-ce que tu as des cataplasmes à changer ? Ou un baume à mettre ?

Un sourire s'esquisse sur ses lèvres, alors qu'il souffle sur une mèche dorée, presque sèche, lui barrant le visage. Tremblant légèrement de tout ce qu'elle lui offre, éclats bleutés l'interrogeant, prudemment.

Pourquoi moi, ma douce ?
Breiz24
Parce que.

Elle sourit quand les Azurs s'inquiètent de la solidité du lit. Elle sait, elle, qu'il est solide : c'est elle qui l'a fabriqué et installé ici. Elle était charpentière, avant de se dévouer à l'engraissage de ses renards. Chaque meuble de la pièce porte sa marque. Son préféré restant, immanquablement, le berceau de l'enfant. Où dort le chat, souvent.
Elle tend légèrement la main vers le géant, l'invitant à s'approcher plus près, hésitante, tremblante.


Non, rien. Ce soir. La journée, je ne défais pas l'atèle. Il ne faut pas la défaire. Elle évite de se lancer dans un discours sur les fractures et le meilleur moyen de les guérir - l'immobilisme. Elle sait qu'il chercherait à la contraindre à nouveau. Elle ne veut pas le blesser par un nouveau refus.
Elle l'observe. Elle sourit lorsqu'il souffle sur une mèche d'or. Elle dévore son sourire des yeux. Elle le dévorerait bien tout court. L'argent la trahit un instant, avant qu'elle ne les pose sur l'enfant qui s'élance à la poursuite du chat, épée de bois brandie devant lui.

Elle se déplace légèrement, s'installe au milieu du lit, adossée à un oreiller de duvet. La jambe droite elle, est repliée et la plante du pied vient flirter avec l'atèle de bois, sous le lourd tissu de la robe noire.
Machinalement, ses doigts viennent effleurer le lien bleu. Le lien qu'elle n'a pas quitté depuis des semaines et dont le nœud, subissant l'eau, est soudé. Le lien qu'elle a brandi sous le nez du blond quelques instants plus tôt, se déclarant sienne.
Le geste est inconscient, mécanique. Effectué des milliers de fois.
Elle relève les yeux et plonge dans l'Azur, souriante. Apaisée.
Il est là. Sa présence emplit la pièce, calmement. Elle quitte les azurs, détaille chaque recoin de la pièce, revient sur le blond assis au coin du lit. Et sa présence est normale. Naturelle. A nouveau l'océan. Elle sourit.

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Meyre Rusée
Veuve du PiYre de Bourgogne
Milo
Il hoche la tête, laissant les doigts venir effleurer ceux tendus. Laissant de côté l'invitation, pour le moment. Pas par envie. Par timidité, ça oui. Parce qu'un instant, un tout petit instant, quelques millièmes de seconde probablement, l'argent s'est ouvert. Désireux. Alors, pour donner du temps à son palpitant de se calmer, il se lève et défait ses bottes, les posant méticuleusement, trop pour que le geste soit naturel, au pied du lit.

Il se retourne, apercevant vaguement le geste d'effleurement sur la lanière de cuir bleue. Le faisant rougir comme jamais. Il baisse légèrement la tête, masquant son trouble. Et, encore une fois pour occuper ses mains, évitant de se les tordre d'angoisse, il délasse lentement son gant, qui rejoindra le tas informe de ses bottes. Puis, la petite sacoche de cuir accrochée par une épaisse lanière de cuir rejoindra le tout. Elle qui contient le caillou noir brillant et la mèche de cheveux rouges, gardés soigneusement. Chéris.

Il relève la tête, penchant légèrement la tête sur le côté. Gêné, maintenant qu'il se retrouve à nu, malgré ses vêtements. A nouveau, les yeux se baissent pour se poser sur l'enfant jouant avec le chat, un léger sourire au coin des lèvres. Voilà celui qui, sans le savoir, est le gardien de la veuve. Petit bout d'homme haut comme trois pommes, capable de terrasser le plus valeureux des prétendants.

Il rejoint la rouquine, profitant d'une brèche dans la bataille opposant un félin à un rouquin, pour venir s'installer à côté de la blessée. Prudemment, sa grande carcasse vient s'adosser à son tour contre le mur, du côté de la jambe valide. Son bras gauche vient s'enrouler autour de ses épaules, senestre balafrée posée contre sa joue, la caressant distraitement. Se voulant apaisante aussi. Ils ne peuvent pas céder encore à ce désir, au moins égal au sien, qu'il a aperçu dans les yeux de la jeune femme. Pas tant que l'enfant reste là, à jouer.

Fermement mais doucement, il l'attire contre lui, calant sa tête avec précaution au creux de son épaule. Inspirant cette odeur tant aimée. Arôme de miel épicé. Fragrance qu'il n'a pas oublié. Tout comme cette chevelure, aussi flamboyante que les feu sur lequel il a rivé ses yeux. S'habituant, peu à peu, à ce nouvel environnement. S'en imprégnant pour mieux l'appréhender.

Ses lèvres viennent jouer contre les tempes de la rousse, tandis qu'il raffermit sa prise contre elle. Prenant garde toutefois, dans sa perception, à la faire bouger le moins possible, et, par extension, faire bouger sa cuisse. Il inspire longuement, picotements le taquinant délicieusement.


- Vous avez mangé ? J'ai une miche de pain dans mes fontes.

Conversation banale, et plate, sans aucun intérêt. Mais lui, taciturne au possible, railleur en public, ne sait-jamais quoi faire en privé. La solitude n'est pas amante à aimer meubler les silences...
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