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[RP] La Louveterie

Ingeburge
Evidemment.

Elle aurait pu écrire le cauchemar qu'allait être cette entrevue sans se tromper. Elle aurait pu faire la liste de toutes les réactions d'AsdrubaelVect sans la moindre erreur. Elle aurait pu prédire le moindre mot, le moindre geste sans se fourvoyer.

Pour commencer, il ne répondit pas tout de suite, comme si rester muet allait arranger les choses.
Puis, il répondit, détaché, faisant l'innocent. Comme s'il ne savait pas à quoi elle faisait allusion...
C'est ce qu'elle glissa d'une voix ténue mais franchement irritée :

— Comme si tu ne savais pas à quoi je faisais allusion.

Tous ses sentiments se concentraient dans cette réplique agacée mais impuissante.

La suite... prévisible.
Il ne l'invita pas à gagner un salon, la bibliothèque ou toute autre pièce qui ne serait pas le vestibule, toute autre pièce qui ne la ferait pas se sentir indésirable.
De plus, non content de la laisser là, debout, dans le passage, il ne prenait pas la peine de congédier le domestique.
Enfin, il prétexta ne pas savoir.

Oui, elle aurait pu tout pressentir, prévoir, prédire... alors, pourquoi, alors qu'elle s'en doutait, pourquoi alors qu'elle savait se sentait-elle à ce point blessée?

Aux derniers prononcés, elle sourit, elle qui ne souriait jamais mais ce sourire n'avait rien de chaleureux et de réjoui, il était exaspéré et cynique.
Secouant la tête, légèrement, ce vague rictus aux lèvres, elle répéta en écho :

— Tu ne sais pas... tu ne sais pas...
Elle aurait pu débiter tout ce qui lui venait mais elle n'en fit rien... à quoi bon? Elle se contenta donc de hausser les épaules et fit quelques pas, recouvrant ainsi un calme plus glaçant que ses ires.

Et c'est d'une voix glacée, reposant ses prunelles opalines sur le Duc d'Amboise qu'elle dit d'une voix détachée :

— C'était une mauvaise idée. Je me suis toujours efforcée de ne pas céder à mes impulsions et j'ai lamentablement baissé la garde. Pour toi. Venir ici était une mauvaise idée. J'aurais dû agir avec ma raison au lieu de...

Elle s'interrompit, résignée. Oui, agir avec ce qui lui restait de cœur ce n'était pas vraiment le projet du siècle... elle avait été plus inspirée. Il lui fallait s'éloigner avant de compromettre une relation déjà plus que précaire et de se remettre en situation et se montrer imprudente. Elle s'était déjà égarée...

Mais puisque c'était lui... lui donner un indice, un seul. Elle indiqua alors :

— Puisque tu ne sais pas, repense, alors que mon mandat s'achève, à cette attitude changeante que tu as eue à mon endroit en public et en privé.
Sur cette ultime flèche du Parthe, elle tendit une main impérieuse vers le domestique, réclamant ainsi ses affaires.

Son regard étrangement vide resta posé sur la silhouette du duc.

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Armes en chantier
Asdrubaelvect
Au même titre qu'Inge, lui aussi aurait pu prévoir ce qui allait se passer, non pas dans les détails certes mais les grosses lignes : malgré tout ce qu'il faisait ou aurait pu faire pour apaiser la situation, rien n'y ferait jamais rien. Elle réussissait envers et contre tout à trouver le moyen de se vexer et à exprimer une exaspération envers lui.

Il la comprenait encore moins que l'accoutumée, venait-elle pour parler ou juste pour recevoir des excuses ? Il lui semblait assez rapidement qu'elle avait opté pour la deuxième solution et du haut de son incompréhension, il en était d'autant plus déboussolé que c'était une attitude extrêmement désobligeante... Malgré tout il ne pouvait se résoudre à y croire, cette Ingeburge qu'il croyait voir était aux antipodes de celle qu'il avait connue.

Asdru poussa un léger soupir et durant quelques secondes les lèvres pincées il se disait qu'il lui était insupportable de laisser ainsi sombrer leur relation.
Et malgré l'attitude de son amie qui dans ses yeux ressemblait comme deux gouttes d'eau à du mépris inqualifiable, il lui lança :


Et bien... allons dans le salon... je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire.

Si cela avait été un autre de ses amis proches, presque de sa famille, il lui aurait tendu la main -ou à défaut le bras- pour l'emmener jusqu'au salon en question, mais c'était ce jour-là une attitude qu'il s'interdisait et qui aurait été -il en était cette fois ci certain- très mal perçue : il n'avait pas besoin de cela en plus.

Alors voilà tout ce qu'il avait trouvé à lui dire, et il restait à présent pendu à ses lèvres pour savoir s'il avait -une fois n'est pas coutume- réussi à sortir une phrase qui ne déclenchait pas chez Inge une irritation des plus fracassantes.

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