Une visite Héraldique

Theudbald s'assit à proximité de l'âtre et commença à siroter un verre de vin. Il avait quelques affaires à traiter en privé avec le baron et le futur vassal au préalable...

Il se leva et sourit en voyant le baron entrer. Il fit une révérence respectueuse.

Messire, c'est un honneur pour moi que d'être reçu en votre demeure. Je fais route jusqu'à Paris, où certaines affaires m'attendent. J'ai cru bon de m'arrêter une journée en ce lieu, afin de mettre un peu d'ordre pour la cérémonie que vous préparez. Notamment, je souhaiterais discuter avec le dit Ganju au sujet de ses armes et d'autres choses rébarbatives. Je ne l'ai point invité, cela aurait été malséant de le faire, n'étant pas l'habitant de la place. Mais je suppose qu'il doit se trouver dans la baronnie... Pourrais-je vous demander de le faire quérir ?
La cérémonie se fera dans la foulée, si vous êtes parés à ce faire, ou bien à mon retour de France, dans quelques jours, à votre gré.

En effet, le voyage en France pouvait attendre. Theudbald n'allait pas refuser l'hospitalité, si ça pouvait lui éviter d'avoir à dormir dans une auberge mitée, au milieu de tous les vagabonds et les sent-la-pisse.

Il toisa le géant, se demandant si celui-ci savait parler. Il tenta de démarrer la conversation.

Du vin ?

Le lendemain, le Baron attendait dans le salon que son futur vassal se présente aux portes d'Arquian. Il était propre, les cheveux peignés ou presque, et un bon feu ronflait dans la cheminée. Ses yeux parcouraient les lignes d'un ouvrage ancien, prêté par un riche bourgeois de ses connaissances.
Au bout d'un moment, il fut forcé d'admettre que les enluminures l'intéressaient davantage que le texte en lui-même, complétement abscons. Un bâillement étira ses lèvres. Mais que faisait Godefroy? Dehors, une pluie fine et glaciale couvrait la forêt et les murailles grises.

Retour à Arquian.

Déjà...ou seulement, selon mon humeur.
J'avais bien tenter de me dérober mais Godefroy avait insister : "Si si, tu viens avec". Après tout, c'était normal que la soeur du futur seigneur l'accompagne dans cette aventure.
Godefroy ne pouvait pas savoir combien revenir ici était pour moi, autant une épreuve qu'une certaine joie.

Vêtue de bleu, en l'honneur de ma Duchesse, mais pas n'importe quel bleu, celui des cocagnes du Lauragais, celui de Béatrice, celui qui relève la couleur de mes yeux ; cheveux retenus en un chignon tombant sur mon cou, impeccable et quelques bijoux discrets...C'est que je ne veux pas paraître quelconque, à Arquian. Les raisons sont diverses...Une d'elles me tient à coeur, je vous laisse deviner.

Nous voici entrant dans ce même grand salon...
Theudbald est déjà arrivé, je m'en réjouis tandis que je salue d'une révérence polie le Baron du lieu.

Messire Baron, le bonjour.

Bourgogne entra donc dans la pièce, suivi du chevaucheur d'armes. La cotte de velours aux armoiries de Bourgogne avait été brossée soigneusement, bien mieux que ses cheveux, éternellement en formation tactique dite du bordel couvré. Il tenait en sa main droite la caducée fleur-de-lyssée, symbole de l'autorité royale qu'il représentait.
Il prit le temps de saluer tout le monde comme il se devait, puis commença :

Bien. J'ai quelques formalités à m'occuper pour le moment.

Se tournant vers le baron :

Votre géant Gorborenne vous aura sans doute averti. Je n'ai guère eu le temps d'aborder le sujet hier soir au repas. Je voudrais m'enquérir des armoiries des Dragons d'Arquian, car ce me semble qu'il y a là couille dans le pâté. dit-il d'un air faussement sérieux.

En cette saison, l'on me trouvait toujours collée à une cheminée lorsqu'il y en avait une avec de belles flammes crépitantes. Rien que le bruit du bois craquant sous la morsure du feu me réchauffait.
Aussi, la proposition de Theognis trouva en moi un écho favorable. Et je me retrouvai bien vite le dos au feu. Si j'avais été chatte, j'aurais bien pu ronronner.
Distraitement, j'écoutai le tirage de bretelle de la brave Mathilde qui ne se gêna pas pour envoyer une réponse osée à son maître. Ce qui m'arracha un sourire que je tentai de cacher en regardant bien vite le bout de mes bottes et en me pinçant les lèvres.

Le Héraut, mon héros à ses heures, ouvrit la bouche et alors que je m'attendais à ce qu'il s'adresse à mon frère, pour en savoir un peu plus sur ses armoiries, voilà que Bourgogne entame la conversation à propos des emblèmes des Dragons du Baron !!!
Vous commencez à me connaître et donc, n'êtes pas surpris lorsque mon sourcil se lève en sa version surprise !
Mais que diable allait donc faire le Héraut, mon héros, dans cette galère de Dragons ? Ignorait-il que leur chef crachait des flammes ?

Le blason des Dragons? Oui, ma compagnie a pour symbole cet animal, en quoi cela vous intéresse?
Ah oui, tiens, c'est vrai ça, en quoi ça l'intéresse, le Héraut de tous les temps ?

Toujours devant ma cheminée - le "ma" étant passager évidemment, je la laisserai là en partant - je lançai un regard interrogateur à mon frère puis le reposai sur mon Bar...euh sur le Baron.

Quid de la réponse ?

Le héraut le voilà, Godefroy s'attendait à ce qu'il s'adresse à lui, en effet le baron lui avait signifié que Bourgogne voulait s'adresser à lui, au sujet de son blason.

Mais le Héraut n'en fit rien, il s'intéressa au blason des fameux Dragons, Godefroy écouta donc d'une oreille lointaine, préférant s'intéresser à la décoration de la salle.

Il répondit par un léger sourire au regard de sa sœur et s'approcha lui aussi de l'âtre.

Tout d'abord, choisir un écu de forme moderne, tel que votre propre blason, non point en goutte d'eau.

Je pense que vous garderez l'escarboucle d'or sur l'aile du dragon. Aussi votre dragon doit être teinté d'un émail, soit azur, sinople, sable ou gueules (bleu, vert, noir ou rouge).

Par déduction, je supposerai que vous conserverez vos escarboucles d'or et le dragon de sable. Donc le champ se devra d'être d'un métal : argent ou or.

Mais vous avez libre choix. Il se pourrait mettre l'escarboucle en chef, sur le champ et non point sur le dragon. Il se pourrait semer l'escarboucle de même, tel les fleurs de lys du Roi ou l'hermine bretonne...

N'oubliez point : pas de métal sur un métal, ni d'émail sur un émail.

Hmm, j'ajouterais ne jamais avoir vu cette forme de dragon sur quelconque armoirie. Le dragon héraldique se représente de profil, comme ceci.

Le chevaucheur d'armes sortit un parchemin et une mine de fusain. Bourgogne en fit un croquis.



Ici, il est regardant à senestre. Sa position normale est tourné à dextre, tout comme le lion bourguignon.

Il releva les yeux et dévisagea Arquian, guettant sa réaction.

Il s'appliqua sur son parchemin à esquisser quelques essais, dont certains finirent froissés et jetés dans le foyer. Il parvint à présenter ceci :



Voilà... dit-il d'un ton morose.
Mais je ne suis pas du tout satisfait. C'est... moche. Permettez que j'essaye autre chose.

Et il se remit à plancher sur un parchemin.



Un rictus de satisfaction se dessina sur son visage.

Voilà qui est mieux ! Ceci est "l'enté en pointe", messire. D'argent, au dragon de sable lampassé de gueules, à l'enté en pointe de sable à l'escarboucle d'or. Je pourrais aussi essayer avec une champagne, un chef, un giron ou un franc-quartier...

Hélas, il ne sent pas le froid, les esprits s'échauffent, escarboucle, argent, or, montagne et soleil, cela discute ferme, les traits se lancent, les couleurs s'échangent et les courbes se forment.
Enfin, surgit des brouillons un blason apprécié:



Théo montre aux Volvent le résultat de leurs recherches.

Puisse le Trés-Haut nous accorder la victoire en Provence!

Et les richesses d'un bon pillage, ajoute silencieusement le Baron. On ne sait jamais, il risquerait de choquer ses invités.

Della a le sourire de circonstance mais ses lèvres frissonnent. Théo a bien des astuces pour les réchauffer, mais de bonnes bûches au feu suffiront pour cette fois. Il les pique lui-même pour les porter dans l'âtre, observe un instant, fasciné, les étincelles, puis se retourne vers Theudbald, tranquillement.

Je vous remercie beaucoup de votre aide, je suis certain que mes Dragons seront ravis de ce nouveau blason.

Orion sera un peu grognard, mais il marchera.

Cependant, vous m'avez dit hier que vous souhaitiez rencontrer les Volvent. Les voici à votre disposition....

Croisant le regard de Della, il laisse trainer un sourire sur ses lèvres, avant de s'échapper en direction de son fauteuil, derrière la table, observant ce petit monde régler leurs affaires.

Ah, enfin on s'intéressait un peu à lui, bah oui manque d'affection le "Gody". Il écoute tout ce qu'avait à dire le héraut, héros en certaines occasions.


Vous vous apprêter à rendre hommage à messire de Montereau. Vous savez que l'hommage est un serment réciproque engageant deux gentes personnes, contrairement à l'allégeance qui engage deux fiefs. Vous en jouirez donc de votre vivant et du vivant de votre suzerain, ne pourrez le vendre ni le léguer.

Oh que oui les Renarts savaient très bien ça, ils en avaient fait la douloureuse expérience à la mort de Eldwin.
Il passa mentalement sur le contenu du serment vassalique, car il le connaissait, là n'était pas le problème.


Qu'en tant que noble, vous aurez à porter vos armoiries en tout lieu public et en tout événement. Vous aurez à le rappeler de temps en temps à Railly, ce me semble. J'ose espérer que la dite Dame nous fera l'honneur d'arborer ses couleurs pour la cérémonie.

Petit sourire moqueur, qu'est ce qu'il aimait que sa sœur soit reprise à l'ordre. Par contre c'était bon à savoir, partout et tout le temps!

Qu'en tant que noble, vous aurez à vous unir avec une dame de sang noble.

Là petite grimace, et pensée pour Lison, mais encore une fois le problème était résolu, enfin du moins il l'espérait.

Que vous ne pouvez plus vous permettre de vous voir condamné pour des faits de brigandage, sorcellerie, meurtre et escroquerie grave, sous peine de destitution. Que la trahison et la haute trahison vous sont de même des plus déconseillées.

A cette phrase, sourire narquois, apparemment il avait le droit à la félonie, non pas qu'il est l'intention de s'y adonner, mais bon, comme royaliste pur souche on avait fait mieux quoi. Défenseur de feu ( note du rédacteur: en fait pas feu mais bon le sais pas le Gody) Niria de Ponthieu, déclarée félonne au Roy, c'était jamais très excitant dans un CV.

Si il avait des questions ? Biensur qu'il en avait une, mais avouer devant le héraut/héros et son futur suzerain qu'il avait une bâtarde le mettrais mal à l'aise, il décida donc de garder le silence sur ce point.

Non point Bourgogne.

Ah oui, joli, le blason. Ca a de la gueule, ce dragon pour les Dragons sur une belle couleur dorée qui rappelle le soleil.
J'acquiesce d'un sourire qui s'élargit lorsque le Baron lui-même se charge de recharger le feu mourant. Il deviendrait bien mon héros aussi, lui, tant qu'à faire.
Ca pourrait même être un avantage pour un futur assez proche...
L'idée de la campagne en Provence, par contre, me laisse un drôle de petit vide au creux du ventre. Craindrais-je pour lui ? Le sourire qu'il me tend n'apaise pas cette crainte même s'il ravive l'impatience qui est devenue ma compagne...

J'entends d'une oreille distraite les paroles de Theudbald concernant la vassalité jusqu'à ce que...
Vous aurez à le rappeler de temps en temps à Railly, ce me semble. J'ose espérer que la dite Dame nous fera l'honneur d'arborer ses couleurs pour la cérémonie.
Hein, quoi ?
Mais qu'est-ce qu'il me veut, mon héros ?
Je laisse couler, d'autant que Godefroy affirme ne pas avoir de questions.
Héhé, le Héraut l'attrape...lui montre les armes. Je tends le cou pour les admirer, sans néanmoins quitter mon devant de cheminée d'où s'échappe une chaleur délicieuse.
Jolies armes...Mais...grrr, pourquoi c'est lui qui aura les vignes sur ses armes ???? C'est pas juste ! Je sens que je vais bouder...Par contre, les trois petits monts, c'est marrant...Ne pas rire.

vous revendiquerez Seignelay en arborant ses armes sur votre cotte, messire. Ainsi que Railly devrait le faire
Plus envie de rire, là ! Il me cherche le Héraut ? Va me trouver, lui !
Petit soupir d'exaspération typiquement féminin et regard coulé vers le Baron...viendrait pas à mon secours, des fois, lui ?
Oui oui, on fera...on fera...

Et donc...où vivrons-nous cet événement ? Ici ou à Beaumont ?

Théo montra au Poursuivant d'Armes les fameuses armes accrochés au mur

Elles sont là, messire, et n'attendent plus que mon ordre pour claquer au vent leurs jolies couleurs bourguignonnes.

Reposant le doigt sur la table, à l'endroit d'un vélin épais et neuf du veau de la veille.

Quant à cette déclaration, je vais m'y employer. J'ai déjà rédigé sur un brouillon quelques courtes phrases, mais n'ayant jamais cédé de terre à un vassal, je voulais avoir votre avis sur les formules employées.

Lit à voix haute.



Coup d'oeil vers Theudbald.

Cela vous semble-t-il bien?

Coup d'oeil vers Della.

Nous pourrions organiser cela à Beaumont, pourquoi pas?

Et ainsi éviter les impondérables d'une cérémonie au château, avec les doux-dingues qui vivent ici.

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Nous pourrions organiser cela à Beaumont, pourquoi pas?

Oui oui...pourquoi pas. C'est une excellente idée. Vous pourrez ainsi constater de vous-même que ces terres sont bien gouvernées.
Sourire appuyé d'un regard satisfait tandis que je délaisse ma cheminée pour lire par-dessus l'épaule de Theudbald.
Amusement inattendu lorsque je lis :
"Que le très-aimé et le très-laborieux Godefroy"
Depuis quand Godefroy est-il laborieux ? Et aimé...? Je retiens difficilement un petit rire qui s'étouffe sur mes doigts cachant mes lèvres.
Mais bon, qu'importent ces mots...Beaumont nous est rendu !
Soulagement...

Et tant que j'y suis - près du Héraut - je lui souffle :
Je ferai un effort, je porterai mes armes...
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*S'en suit une modification de la signature^^