Aleanore
[Suite au viol perpétré à Mâcon]
Ombre esseulée dans les ruelles de Mâcon-la-Rusée qui titube, qui manque de seffondrer. Coquillage brisé, nacre souillée, le corail recouvert de sang du tissu des jupons traine dans la fange de la rue, de la vie, de sa vie. Ces mots lointains qui résonnent à ses oreilles, obscurs, sournois, aller au diable, elle le quitte, elle quitte lEnfer. Damnée. Quelques pas, trouver la force de sabandonner décemment au moins cela, esquif troublé, elle quitte un bouge mal famé pour gagner une auberge où elle pourra se laisser aller. Enfin, les noisettes discernent len-tête de lauberge où elles logent. Ombre esseulée dans les ruelles de Mâcon-la-Rusée qui titube et sengouffre dans lembrasure de la porte, capuche recouvrant le profil fin, laissant sinsinuer à lextérieur, les mèches salies dune soie ténébreuse. Chatte sauvage blessée, poupée cassée, la peau livide recouverte de sang, blanc et pourpre, deuil et union. Destruction.
Lentement, accrochée aux murs, elle avance. Lentement, gagner sa chambre, le repos. Pourquoi ne peut-elle y avoir accès.. Requiem Aeternam, les mots reviennent, cantique cynique, litanie qui détruit. Autour delle le silence, sont-elles parties ? Abandon qui lui vrille le cur, au moment où elle voudrait.. Mais ne peut pas.. Evidence qui la frappe, se taire, elle doit se taire, encore un coup de couteau dans le cur trop fragile. Le faire taire lui aussi. Se taire et se terrer. Animal blessé qui aspire à panser ses plaies, la porte de la chambre souvre, regard qui erre sur lunivers qui soffre. Clarisse est passée par là, les tentures personnelles et préférées ont été accroché même pour une nuit, Clarisse est passée mais nest plus là. La porte se referme, instant de latence, perdue au milieu dun décor familier, un instant, elle titube, se rattrape à une chaise, bascule en avant, la tête lui lance, le corps lui lance. Etre vivante la tue.
Les mains machinalement détachent la mante fourrée qui glisse au sol, sur le parquet souillé par les jupes qui trainent. Machinalement, elle passe une main dans ses cheveux. Souvenirs qui lui vrillent lesprit. Ses mains dans ses cheveux. Main qui vient étouffer un gémissement, les dents se plantent sauvages dans la chair tendre pour taire la douleur du cur. Reflet du miroir qui présente une jeune fille.. Une femme aux yeux hagards, yeux fous. Les lèvres tressautent, les dents sentrechoquent et tombe comme un couperet la conclusion.
-« Je suis folle. »
Noisettes écarquillés qui fixent un visage quelle ne reconnaît pas, cernées de navoir pas dormi ou trop peu, lèvres gonflées dune nuit quelle se réapproprie petit à petit. Abandon, les mains en coupe réceptionnent le visage. Se souvenir, savoir. Elle revoit la chambre. Elle entend les injures. Leur dispute, une de plus. Mais après, la migraine.. La douleur en bas, trop bas. Beaucoup trop bas. Douleur présente, lancinante, vivante. Trop vivante. Beaucoup trop vivante. La main gauche vient balayer dun geste brusque tout ce qui occupe la tablette de la coiffeuse, les noisettes fixent un instant, la main. Traces de sang séché sous les ongles, sur les mains. Souvenirs, son dos quelle revoit en lambeaux, déchiqueté par les ongles en furie, lâchés à lassaut pour repousser ou accueillir le sien, elle ne le sait même pas. Qua-t-elle fait ? Quont-il fait ? Que lui a-t-il fait ? Les questions tourbillonnent dans sa tête quelle tient à deux mains, compresser, écraser, les faire fuir, revenir, le passé, pas lavenir. Et le cri séchappe.
-« JE SUIS FOLLE ! »
Combat perdu davance contre la raison. Animal blessé qui hurle sa douleur, râle désespéré de qui a peur, elle souffre la poupée dans son âme et conscience de ne savoir qui a mené ou terminé la danse. Les noisettes allumées dun feu nouveau tressautent, chavirent comme le cur. Souffre-douleur, évacuer, les ongles se font destructeurs, arrimés à la première tapisserie trouvée, cri de rage tandis quils déchiquettent savamment luvre précieuse. Sur les joues, le torrent de larmes ne sarrête plus, intarissable source de sa peine, les griffes destructrices sactivent, jetant au sol une porcelaine délicate. Petit à petit, la chambre décorée avec soin devient le champ de bataille dune lutte qui noppose que sa folie à elle-même. Rendre les armes. Jamais ! Les yeux se posent sur la cotte enfilée avec hâte, cotte tâchée du sang dun homme quelle ne connaissait même pas, cotte qui lui fait horreur. Horreur comme le cri qui séchappe des lèvres, nerveux et fébriles les gestes pour larracher de son corps ce tissu souillé du sang dun autre, de la vie. Et la sienne ? Qua-t-il fait de sa vie ? Frémissantes, les mains pleines de plusieurs sangs mêlés achèvent denlever la cotte. Nue pour la deuxième fois de la journée puisquelle na pas pris le temps denfiler autre chose avant de quitter le bouge. Nue et souillée pour la deuxième fois de la journée.
Corps qui se tend à lextrême, hurlement sauvage, la douleur à létat pur, cest donc cela. Et soudain, le cri sarrête, suspendu, plus dair, les lèvres happent un dernier souffle, les noisettes clament leur fureur de vivre, trop lâche pour mourir. Brisée, la corde rompt et la poupée retombe disloquée sur le lit, plus soigné que celui qui a vu sa jeunesse et sa pureté partir en fumée. Corps dalbâtre marbré à divers endroits, elle nétait pas faite pour lamour, elle nétait pas faite pour cet amour, trop violent. Et sur les cuisses, derniers vestiges dune immaculée, le sang séché dune vierge éplorée. Les noisettes fixent, lueur folle, loreiller. Pendue au coin des cils, au bord du cur, au saut de lâme, perle de cristal. Larme ultime dune jeune fille devenue femme. Devenue folle pour lamour dun homme. Et entre les lèvres qui tremblent, les mots glissent, limpides, souffles éphémères, répétés pour mieux convaincre.
-« Folle, je suis.. folle. »
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Ombre esseulée dans les ruelles de Mâcon-la-Rusée qui titube, qui manque de seffondrer. Coquillage brisé, nacre souillée, le corail recouvert de sang du tissu des jupons traine dans la fange de la rue, de la vie, de sa vie. Ces mots lointains qui résonnent à ses oreilles, obscurs, sournois, aller au diable, elle le quitte, elle quitte lEnfer. Damnée. Quelques pas, trouver la force de sabandonner décemment au moins cela, esquif troublé, elle quitte un bouge mal famé pour gagner une auberge où elle pourra se laisser aller. Enfin, les noisettes discernent len-tête de lauberge où elles logent. Ombre esseulée dans les ruelles de Mâcon-la-Rusée qui titube et sengouffre dans lembrasure de la porte, capuche recouvrant le profil fin, laissant sinsinuer à lextérieur, les mèches salies dune soie ténébreuse. Chatte sauvage blessée, poupée cassée, la peau livide recouverte de sang, blanc et pourpre, deuil et union. Destruction.
Lentement, accrochée aux murs, elle avance. Lentement, gagner sa chambre, le repos. Pourquoi ne peut-elle y avoir accès.. Requiem Aeternam, les mots reviennent, cantique cynique, litanie qui détruit. Autour delle le silence, sont-elles parties ? Abandon qui lui vrille le cur, au moment où elle voudrait.. Mais ne peut pas.. Evidence qui la frappe, se taire, elle doit se taire, encore un coup de couteau dans le cur trop fragile. Le faire taire lui aussi. Se taire et se terrer. Animal blessé qui aspire à panser ses plaies, la porte de la chambre souvre, regard qui erre sur lunivers qui soffre. Clarisse est passée par là, les tentures personnelles et préférées ont été accroché même pour une nuit, Clarisse est passée mais nest plus là. La porte se referme, instant de latence, perdue au milieu dun décor familier, un instant, elle titube, se rattrape à une chaise, bascule en avant, la tête lui lance, le corps lui lance. Etre vivante la tue.
Les mains machinalement détachent la mante fourrée qui glisse au sol, sur le parquet souillé par les jupes qui trainent. Machinalement, elle passe une main dans ses cheveux. Souvenirs qui lui vrillent lesprit. Ses mains dans ses cheveux. Main qui vient étouffer un gémissement, les dents se plantent sauvages dans la chair tendre pour taire la douleur du cur. Reflet du miroir qui présente une jeune fille.. Une femme aux yeux hagards, yeux fous. Les lèvres tressautent, les dents sentrechoquent et tombe comme un couperet la conclusion.
-« Je suis folle. »
Noisettes écarquillés qui fixent un visage quelle ne reconnaît pas, cernées de navoir pas dormi ou trop peu, lèvres gonflées dune nuit quelle se réapproprie petit à petit. Abandon, les mains en coupe réceptionnent le visage. Se souvenir, savoir. Elle revoit la chambre. Elle entend les injures. Leur dispute, une de plus. Mais après, la migraine.. La douleur en bas, trop bas. Beaucoup trop bas. Douleur présente, lancinante, vivante. Trop vivante. Beaucoup trop vivante. La main gauche vient balayer dun geste brusque tout ce qui occupe la tablette de la coiffeuse, les noisettes fixent un instant, la main. Traces de sang séché sous les ongles, sur les mains. Souvenirs, son dos quelle revoit en lambeaux, déchiqueté par les ongles en furie, lâchés à lassaut pour repousser ou accueillir le sien, elle ne le sait même pas. Qua-t-elle fait ? Quont-il fait ? Que lui a-t-il fait ? Les questions tourbillonnent dans sa tête quelle tient à deux mains, compresser, écraser, les faire fuir, revenir, le passé, pas lavenir. Et le cri séchappe.
-« JE SUIS FOLLE ! »
Combat perdu davance contre la raison. Animal blessé qui hurle sa douleur, râle désespéré de qui a peur, elle souffre la poupée dans son âme et conscience de ne savoir qui a mené ou terminé la danse. Les noisettes allumées dun feu nouveau tressautent, chavirent comme le cur. Souffre-douleur, évacuer, les ongles se font destructeurs, arrimés à la première tapisserie trouvée, cri de rage tandis quils déchiquettent savamment luvre précieuse. Sur les joues, le torrent de larmes ne sarrête plus, intarissable source de sa peine, les griffes destructrices sactivent, jetant au sol une porcelaine délicate. Petit à petit, la chambre décorée avec soin devient le champ de bataille dune lutte qui noppose que sa folie à elle-même. Rendre les armes. Jamais ! Les yeux se posent sur la cotte enfilée avec hâte, cotte tâchée du sang dun homme quelle ne connaissait même pas, cotte qui lui fait horreur. Horreur comme le cri qui séchappe des lèvres, nerveux et fébriles les gestes pour larracher de son corps ce tissu souillé du sang dun autre, de la vie. Et la sienne ? Qua-t-il fait de sa vie ? Frémissantes, les mains pleines de plusieurs sangs mêlés achèvent denlever la cotte. Nue pour la deuxième fois de la journée puisquelle na pas pris le temps denfiler autre chose avant de quitter le bouge. Nue et souillée pour la deuxième fois de la journée.
Corps qui se tend à lextrême, hurlement sauvage, la douleur à létat pur, cest donc cela. Et soudain, le cri sarrête, suspendu, plus dair, les lèvres happent un dernier souffle, les noisettes clament leur fureur de vivre, trop lâche pour mourir. Brisée, la corde rompt et la poupée retombe disloquée sur le lit, plus soigné que celui qui a vu sa jeunesse et sa pureté partir en fumée. Corps dalbâtre marbré à divers endroits, elle nétait pas faite pour lamour, elle nétait pas faite pour cet amour, trop violent. Et sur les cuisses, derniers vestiges dune immaculée, le sang séché dune vierge éplorée. Les noisettes fixent, lueur folle, loreiller. Pendue au coin des cils, au bord du cur, au saut de lâme, perle de cristal. Larme ultime dune jeune fille devenue femme. Devenue folle pour lamour dun homme. Et entre les lèvres qui tremblent, les mots glissent, limpides, souffles éphémères, répétés pour mieux convaincre.
-« Folle, je suis.. folle. »
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