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Plus dure sera la chute

Acta est Fabula

--Theobald

Arrivé dans cette ville que je ne connaissais point, je m'installai sur la place public et haranguai les badauds :

Moi, Theobald, ménestrel par vocation, conteur par passion et commentateur de matches de soule à l'occasion, entreprends ce jour de vous narrer la geste de l'un des hommes les plus singuliers qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer.

Tout commence au couvent Sainte Marguerite de Cahors, nouvellement libéré par le Bon Roy Levan.Un voyageur ouvre les yeux. Au dessus de lui, une soeur lui applique sur le front des compresses humides. Qui est-il ? Elle l'ignore. Tout au plus a t-elle repéré que, dans son délire, l'homme s'exprime en une langue étrange et inconnue. Comme s'il venait de loin. Elle a lu, il y a peu, les aventures de ce marin d'Orient répondant au nom de Sindbad. L'homme portera désormais ce nom, jusqu'à ce que sa mémoire lui revienne.

En haillon, l'homme poursuit sa vie à Cahors. Vagabond d'abord, paysan ensuite. Très vite, il s'oriente vers la voie diplomatique. D'ambassadeur, il devient rapidement vice-Chambellan, puis Chambellan. Les portes du Conseil de Guyenne s'ouvrent à lui. Les mandats s'enchaînent. Et tout semble lui sourire.

Jusqu'à ce jour de septembre 1456...Un homme envoyé par le mystérieux Ordre de la Pierre-Dieu vient de Venise pour le ramener, afin d'être jugé pour le vol d'une relique et le meurtre de son gardien. Refusant d'être jugé pour un meurtre dont il n'a aucun souvenir, le constantinopolitain fuit vers le Bourbonnais-Auvergne en compagnie de la Dame de Sarliève et de son époux.

Là bas, il retrouve Aparajita, une mystérieuse femme-loup venue du plus profond des Indes, dont le charme exotique dissimule des méthodes de combat apprises auprès de l'Ordre qu'il fuit. Mais il doit aussi échapper à Katalin Lupescu, mentor d'Aparajita désireux d'obtenir les preuves de la culpabilité de Sindbad pour les ramener tous deux à la Cité des Doges.

Pour savoir une fois pour toute s'il est le meurtrier que tous accusent, Sindbad se fait hypnotiser par Juliette1357, une montbrissonaise. Il découvre alors que la clé de son passé se trouve en Orléans. Et c'est à Blois qu'il retrouve tous ses souvenirs.

Tous ? Non. Le vol de la relique et le meurtre de son gardien, Darjus Stankevicius, restent irrésolus. Une lettre de son ancienne élève, Antonetta, invite Sindbad à se rendre là où "les anges volent avec légèreté".

Mais il n'est plus seul désormais : Michele et Marcello, les M&M, deux impitoyables nettoyeurs italiens à la solde de l'Ordre de la Pierre-Dieu semblent le suivre comme son ombre. C'est à Laval qu'il apprend de la bouche même de la soeur de Katalin Lupescu que la relique volée permettrait à une poignée d'élus initiés à son utilisation de changer en or le métal le plus vil, le plomb. Le Grand Maître de l'Ordre de la Pierre-Dieu, un certain Romeo, aurait néanmoins entrepris une purge de ces initiés pour rester seul détenteur du secret de cette transmutation. Mais l'un des derniers initiés ne serait autre que notre valeureux constantinopolitain.

Et le voilà face à face avec les deux nettoyeurs les plus redoutables de tous les royaumes. Il faut la détermination de son garde du corps et de son mentor venu des contreforts des Carpathes pour lui permettre de s'échapper en sautant par une fenêtre fermée et en prenant temporairement retraite en un monastère angevin. Mais le traqueur de Transylvanie et sa soeur sont à la merci des sinistres M&M. Et Katalin paiera la mort d'un des deux nettoyeurs d'une nuit de tortures et de souffrances indéfinissables qui le laisseront défiguré. C'est dans cet état que le constantinopolitain et ses compagnons de voyage le retrouvent à La Teste.

Gentes dames et beaux messires, pour en savoir davantage, attardez vous icelieu. Moi, Theobald, je vous promets un final à la hauteur de vos espérances... Des frissons, de l'angoisse, et la vérité qui se dévoile enfin...


Theobald
Ménestrel,
Narrateur de « La Geste d’Orient »
Commentateur de matches de soule
Sindbad
C'est par un petit matin glacial, et avant que l'astre solaire n'éclaire de ses rayons la cité lourdaise que l'homme de Constantinople et ses compagnons en franchirent les portes.

C'est que les membres de cet étrange cortège qui le suivaient n'avaient rien de conventionnel. A sa droite, la dravidienne à la peau noire, à sa gauche, le transylvanien défiguré. Voilà qui ressemblait fort à une cohorte venue tout droit du Royaume du Sans-Nom. D'où la discrétion dont le groupe entourait son arrivée dans la cité au pied des Pyrénnées.

Le petit groupe, après s'être présenté au planton de garde, entra dans la ville des Tailleurs de Pierre à la recherche d'une chambre. Passant devant le château, résidence du Comte de Bigorre, le petit groupe franchit l'enceinte et entra dans la ville.

Le soleil, maintenant levé, dardait de ses rayons les maisons aux volets de bois bleu azur. La foule des paysans et des artisans allaient et venaient dans les ruelles. De temps à autre, une troupe de gens en armes montés à cheval ou circulant à pied fendait cette foule composite de flâneurs ou de marchans ambulants.

Que les Réformés de Genève, omniprésents à Pau, semblaient loin...

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Ambassadeur Royal de France en Angleterre

Ex-Chambellan de Guyenne (avril/septembre 1456)
--Katalin_lupescu


Le visage soigneusement masqué par le capuchon de son mantel, la tête baissée, ainsi le transylvanien franchit-il les murs de la cité lourdaise.

Il lui tardait que le groupe trouve une auberge et plusieurs chambres pour se reposer, afin de se cacher de la vue publique. Il ne pouvait désormais plus apparaître en plein jour, sans que les femmes enceintes n'évitent son regard et que les mères ne rappellent à elles leurs enfants.

Sa vie lui avait été volé cette nuit à Laval. Mais sa colère restait intacte. Tôt ou tard, lui et son tortionnaire se retrouveraient face à face. Et il se vengerait, ou mourrait en s'y essayant.


Katalin Lupescu
Le traqueur de Transylvanie, mentor d’Aparajita
Custos de l'Ordre de la Pierre-Dieu
mutilé par les M&M, il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l’autre
--Aparajita


Décidément, Aparajita ne s'habituerait jamais à l'hiver en ces contrées...

La vie en son pays natal l'avait habitué à des températures autrement plus supportables que celles ci. Bien sûr, il y avait la pluie. Notamment entre
Asadha et Asvina, et cette chaleur...

Mais c'était un climat infiniment plus supportable qu'ici.

Grelottante, malgré l'épais manteau que
Ganapati lui avait ordonné de porter, la dravidienne espérait rejoindre rapidement un endroit au chaud. En plus, le froid abaissait son niveau de vigilance. En cas d'attaque, ils seraient tous vulnérables.

Et puis toutes ces cités grouillantes de
Marchent-Debout, elle ne s'y ferait jamais non plus. Finalement, elle ne se sentait au calme que chez Ganapati ou, à la rigueur, chez Bodhisattva. Au moins, les gens ne la regardaient pas étrangement.

Aparajita suivit donc le reste du groupe, espérant que la foule et ses mouvements imprévisibles ne la séparerait pas de ses compagnons de voyage.


Aparajita,
Mi-femme, mi-bête
Protégée de
Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu
--Theobald


Le ménestrel observa une minute de silence, afin de se désaltérer de l'eau de la gourde qui ne le quittait jamais. Puis, il reprit le fil de son récit :

Alors que ses compagnons de voyage manifestaient de plus en plus ostensiblement leur besoin de trouver gite, pitance et repos en quelque taverne, l'esprit de Sindbad vagabondait ailleurs. Une phrase de Zinca trottait en son esprit : "...souvenez vous en lorsque vous serez en présence de la Bellissamae".

Qu'était-elle donc ? Une une personne ? Ou autre chose ? Comment allait-il la trouver ? Etait-elle connue dans tout Lourdes, ou seulement auprès de quelque érudit ?

C'est alors qu'il était plongé dans cet abîme d'interrogation que l'homme de Constantinople trébucha sur un pavé saillant. Perdant l'équilibre, il s'étala de tout son long.

Il nota alors un claquement mat. Le cri d'une femme retentit aussitôt, à lui en vriller les oreilles. D'autres clameurs lui firent écho. Que se passait-il donc ?

Relevé par ses compagnons de voyage, il se retrouva soudain entouré de plusieurs étrangers : paysans, artisans, et même un homme de Dieu. Tous se pressaient autour de lui, s'inquiétaient pour son intégrité physique. Que lui était-il donc arrivé ?

Levant le regard, Sindbad comprit alors l'objet de leur effroi : dans un tonneau à côté duquel il se tenait debout quelques instants plus tôt s'était fiché une flèche.

Encore abasourdi, l'homme ne réalisa pas immédiatement que le destin venait de lui épargner une mort certaine.

Mais qui donc en voulait à son existence ?


Theobald
Ménestrel,
Narrateur de « La Geste d’Orient »
Commentateur de matches de soule
--Aparajita


Tout en suivant le groupe, la dravidienne tremblante de froid regardait la buée s'échapper de sa bouche par volutes et monter vers le ciel. Elle trouvait cela curieux autant qu'étrange, cette fumée qui disparaissait das le frimas du petit matin.

Le bruit de pigeons prenant leur envol retint son atention. Dans son enfance, elle avait appris à se méfier de ce bruit d'ailes, qui annonçaient fréquemment l'irruption d'un prédateur. Mais en cette étrange contrée, les prédateurs les plus dangereux de ces oiseaux stupides étaient les chats. Et encore...Rien à voir avec les félins gris tachetés de rouille qui évoluaient dans les forêts et les prairies de son pays natal.

Mais il y avait des prédateurs plus dangereux : ceux qui se dressaient sur leurs deux pieds.

Par réflexe, la dravidienne leva les yeux. Elle vit alors la silhouette immobile, tenant son arc bandé, dont la flèche pointait vers
Ganapati.

La réaction d'Aparajita fut instantanée : d'un croche-pied, elle fit chuter
Ganapati. Il serait sûrement très en colère, mais au moins serait-il vivant.

Dans le même temps, elle entendit le bruit sec de la flèche qui se plantait dans le tonneau. Mais lorsqu'elle releva la tête, l'inconnu avait disparu. Elle vit
Prison se mettre à courir, mais sans comprendre pourquoi. Avait-il vu quelque chose ?

Il ne restait, autour d'elle,
Baul et Ganapati, qu'une foule affolée par l'incident, qui se précipitait vers eux afin d'aider Ganapati à se relever, voir s'il n'était pas blessé ou simplement par curiosité.

Elle devait écarter ces importuns.


Aparajita,
Mi-femme, mi-bête
Protégée de
Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu
--Katalin_lupescu

Le froid était vif et cinglant, en cette matinée ensoleillée. Et la nuit avait été courte, puisque passée à voyager. Pourtant, jamais logis ne sembla au transylvanien si long à trouver.

Depuis qu'il vivait défiguré, il lui semblait mieux comprendre pourquoi son élève fuyait la compagnie des hommes. Ce n'était pont tant par un quelconque instinct sauvage, que par le refus de se voir traiter comme moins qu'un être humain. Et il lui avait fallu perdre son apparene humaine pour comprendre ce qu'était l"humanité.

jetant un coup d'oeil rapide à la dravidienne, il la surpris le nez en l'air. Dirigeant son regard dans la même direction qu'elle, une silhouette plus que familière, l'arc à la main, prêt à tirer, se révéla à lui.

Marcelo...

L'homme qui était à l'origine de sa mutilation, qui avait pris plaisir à l'entendre hurler se trouvait donc en ville.

L'autre l'avait également vu. De surprise, il en avait lâché sa flèche. Tandis qu'Aparajita faisait le nécessaire pour protéger le reste du groupe, il se lança à la poursuite du vénitien.

Les rues populeuses et étroites semblaient avoir comploté pour ralentir sa course. Il serra dans son poing la dague qui pendait à son côté. Lorsqu'il l'aurait rattrapé, au centuple, il lui ferait payer sa dette.

L'homme s'engouffra dans une ruelle sur sa gauche. Sans réfléchir, Katalin s'engagea à sa suite.

Mais sa proie semblait avoir disparu. Impossible, où avait-il bien pu se cacher ?

Katalin fit demi-tour. Peut-être quelqu'un l'avait-il vu ? En interrogeant quelques personnes, il aurait alors la clé de son énigme. Un moment, il hésita : devait-il montrer son visage ? N'était-il pas plus sage de tenter de retrouver ses compagnons de voyage ?

Mais le souvenir de cette nuit passée en compagnie de cet homme raviva sa colère. Son visage était peut-être hideux, mais au moins délierait-il quelques langues.

Il avisa une échoppe au nom de circonstance :
"Chez la Très Brillante". Une clochette tinta lorsqu'il en poussa la porte, et se trouva au milieu de fioles remplies d'un liquide incolore.

Mais quel produit vendait-on donc ici ?

Il resta en arrêt tandis qu'une jeune femme, la chevelure couleur de feu, venait à lui, non sans une expression de dégoût sur son visage qu'elle tentait de dissimuler :


"Günaydin efendi. Puis-je vous aider ?"

Katalin Lupescu
Le traqueur de Transylvanie, mentor d’Aparajita
Custos de l'Ordre de la Pierre-Dieu
mutilé par les M&M, il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l’autre
--Aparajita


Un grondement sourd, qui part du fond de la gorge, et qui se termine en un feulement. Puis, un ordre bref que la dravidienne aboie plus qu'elle ne prononce :

Allez...lui besoin air. Vous étouffer...

En espérant qu'ils comprennent, sinon, elle devra passer à l'offensive.

Apparemment, son intervention a l'effet escompté. Tous reculent. Tous, sauf un homme, avec une croix autour du cou. Un
brahmane de ce Royaume, sans doute. Heureusement, Baul est là pour lui parler. Il parle beaucoup, utilise des mots qu'elle ne comprend pas toujours, mais il semble capable de convaincre ces gens.

Ganapati veut se lever, mais Aparajita l'en empêche.

Ganapati non stare troppo in fretta ordonne t-elle en italien. Au moins, ces béotiens ne comprendront-ils pas ce qu'elle lui dit.

D'un signe, il fait comprendre à tous qu'il va bien. Peu convaincue, la dravidienne l'aide néanmoins à se relever.

Il semble ne pas lui tenir rigueur du croc-en-jambe qu'elle a dû lui faire pour sauver sa vie. C'est déjà cela...


Aparajita,
Mi-femme, mi-bête
Protégée de
Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu
Sindbad
Toujours à terre, Sindbad ne comprenait pas exactement ce qui lui était arrivé. Avait-il trébuché ? Avait-il été poussé ?

Et que faisait toute cette foule autour de lui ?

Devant lui, Theobald et Aparajita tentaient de contenir la foule. Lui par la persuasion, elle par la dissuasion. Deux méthode, un résultat.

Par contre, où était Katalin ? Avait-il pris la fuite pour éviter les questions embarassantes sur son visage défiguré ?

Tournant la tête, la flèche plantée dans le tonneau apparut alors dans son champ de vision, à l'endroit où il se tenait debout quelques secondes plus tôt. Sans cette chute providentielle, il serait actuellement allongé dans son sang, à l'agonie. D'une courte prière, il remercia l'Unique de l'avoir épargné.

Au prêtre qui lui demandait s'il était blessé, il secoua la tête en signe de dénégation.

A la vérité, et hormis ses compagnons de voyage, lui seul inspirait quelque confiance. Tentant de se lever, la voix rauque d'Aparajita l'en dissuada :


Aparajita wrote:
Ganapati non stare troppo in fretta


De l'italien...Cette langue qu'il avait en horreur. Il comprenait pourquoi sa protégée utilisait cette langue, mais il ne l'appréciait pas pour autant.

Avec son aide, il se releva néanmoins. Et remercia le prêtre pour son soutien, tout en excusant la conduite de sa protectrice.


Il remercia sobrement l'homme de Dieu. Puis, une idée lui traversa l'esprit. S'adressant au prêtre, sur le point de partir, il demanda :

Vous qui êtes de Lourdes, et qui devez connaître pas mal de monde, le nom de Bellissamae vous dirait-il quelque chose ?

C'est alors qu'un corps dur étranger entra en contact violent avec ses côtes. Se tournant, son regard rencontra les sourcils froncés et le visage du ménestrel qui exprimait la désapprobation.

Décidément, depuis son arrivée à Lourdes, le constantinopolitain allait de surprise en surprise.

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Ambassadeur Royal de France en Angleterre

Ex-Chambellan de Guyenne (avril/septembre 1456)
--Katalin_lupescu


De l'ottoman ? Ici ?

Katalin resta un moment sans mot dire. Il connaissait la sonorité de cette langue pour l'avoir entendu en Moldavie ou en Valachie. Mais la Transylvanie échapppait au giron des sujets de la dynastie d'Othman. Et la dame allait l'apprendre.


Buna ziua dor de. Je viens du Royaume au delà de la forêt, et je ne paie pas le haraç. En plus, nous sommes tous deux loin de notre Royaume respectif, et je suis pressé. Nous allons donc faire court : auriez vous aperçu un homme encapuchonné courir dans cette ruelle ?

D'un coup d'oeil, il détailla à nouveau les fioles, soigneusement rangées sur les rayons.

Et, pour satisfaire ma curiosité, que vendez vous ici, et pourquoi avez-vous appelé votre échoppe "La Très Brillante"?

Le transylvanien attendit la réponse de la jeune personne.

Katalin Lupescu
Le traqueur de Transylvanie, mentor d’Aparajita
Custos de l'Ordre de la Pierre-Dieu
mutilé par les M&M, il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l’autre
--Theobald


Décidément, je me demande bien ce qui vous a pris...

Nous avions enfin fini par trouver gîte au coeur de la cité lourdaise, en une charmante petite auberge qui servait une garbure, sorte de soupe aux choux, à en rêver la nuit, accompagnée d'une production viticole locale des plus estimables.

Pour autant, la question posée par le constantinopolitain à l'homme de Dieu était le genre d'impair auquel cet homme aussi fin que cultivé ne m'avait guère habitué. Il finit d'ailleurs par m'avouer son incompréhension quant à ma réaction. Sa culture me faisait parfois oublier qu'il avait vécu loin de ce Royaume.


Je pensais que vous aviez compris cela depuis Laval ? Néanmoins, je m'en vais donc arfaire votre culture du Royaume de France :

Il y a fort longtemps, en ce Royaume, vivait un peuple, les Galli. En fait, je devrait dire une mosaïque de peuples, tant les bigerriones de la région avaient peu à voir avec les Pictones poitevins ou les Caleti artésiens.

Chaque peuple vénérait pourtant le même panthéon divin, regroupant une myriades de divinités aux noms étranges, tels Belenos, Taranis, Teutates, dont les bardes racontaient l'histoire, tandis que les druides servaient d'intermédiaires.

Ces divinités n'étaient point vénérées sous leur forme humaine, mais au travers de leur manifestation naturelle. Ainsi, la déesse Arduinna, divinité chasseresse, était vénérée au travers de la forêt qui occupait la plus grande partie de cette région, aujourd'hui intégrée au SRING.

Mais l'aristotélicisme, qui étendait peu à peu son influence en ces terres, voyait ces anciennes croyances d'un mauvais oeil. Par le Concile d'Arles, il fut alors décrété que "si quelqu'un allume des flambeaux, rend un culte à des arbres, à des fontaines ou à des pierres, ou bien néglige de les détruire, il soit réputé coupable de sacrilège". De nombreux arbres furent coupés, et de nombreuses sources enfouies afin de satisfaire aux exigences aristotéliciennes.

Or, vous avez évoqué devant cet homme de Dieu un culte désormais considéré comme hérétique. En effet, l'une des divinités, vénérées comme source, était appelée Bellissamae ou Belisama, c'est à dire...


Theobald
Ménestrel,
Narrateur de « La Geste d’Orient »
Commentateur de matches de soule
--Graziella.


..."La Très Brillante".

L'ottomane marqua une pause. L'homme lui faisait horreur, tant par son physique que ses manières autoritaires. Mais son existence lui avait appris à composer avec la nature humaine, voire à en exploiter les faiblesses.

C'était, il y a fort longtemps, le nom d'une source à laquelle les habitants de la région prêtaient des vertus miraculeuses. Elle était, à leur yeux, l'émanation bienveillante d'une déesse païenne gaélique.

Les aristotéliciens, soucieux d'effacer toute pratique de ce qu'ils considéraient comme une hérésie, firent enfouir cette source. Mais celle ci affleure encore en certains endroits, connus de quelques uns. J'en récolte donc l'eau que je vends à ceux qui se souviennent de ce mythe. Pour l'Eglise, je ne suis qu'une modeste vendeuse d'eau.

Quant à votre encapuchonnée...


La vendeuse d'eau s'avança vers Katalin tout en posant un doigt sur ses lèvres, afin de l'intimer à la discrétion. Puis, elle poursuivit, tout en désignant de l'index l'arrière du comptoir :

Désolé, mais je ne l'ai point vu. J'étais occupé en mon arrière-boutique.

Graziella
Sindbad
Une source ? Voilà qui paraissait beaucoup plus clair. La pièce qui le mènerait à la vérité se trouvait près d'une source qui coulait autrefois à Lourdes.

Cela excluait d'entrée le Gave de Pau, qui passait à proximité de la ville au su et au vu de tous.

Sindbad se gratta la tête, tout en terminant son pichet de bière. Peu évident de retrouver une telle source, si elle ne coulait plus depuis si longtemps.

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Ambassadeur Royal de France en Angleterre

Ex-Chambellan de Guyenne (avril/septembre 1456)
--Theobald


A ce point du récit, je me raclai la gorge, et pris de nouveau quelques gorgées d'eau. Alentours, un murmure s'élevait, Quelques impatients qui souhaitaient sans doute entendre la fin de ce récit. Mais ne disait-on pas que tout venait à point à celui capable d'attendre ? Cette courte pause terminée, je repris donc le fil de mon récit.

Tandis que le constantinopolitain se perdait en conjectures sur la localisation de la supposée source, allant jusqu'à envisager de consulter quelques documents en l'université du Béarn, mon esprit quelque peu embrumé par les bières successives que j'avais ingurgité vagabondait. Je passai en revue, de manière légère et distraite, les différentes énigmes qui s'étaient mises en travers de notre chemin, et la manière dont nous les avions résolu.

Mon attention fut alors attiré par un point : notre mystérieux interlocuteur aimait jouer avec les lettres, à en perturber l'ordre normal pour obscurcir le sens de son propos. Mais dans le cas présent, l'orthographe du nom de cette déesse n'était pas fixée. D'autant moins que son nom et son culte étaient bannis par l'Eglise.

Une hypothèse s'imposa à moi : et si, au lieu de jouer avec les lettres, notre guide avait bouleversé les sons. Cela méritait d'être creusé...

je me concentrais sur le nom de la divinité: Be-li-sa-ma. Que pouvait-on en tirer ?

En l'absence d'autre clé de compréhension, je décidai de partir du principe qu'il avait interverti le sens des syllabes.

Ma-sa-li-be ? Ma-sa-le-bi ? Non, cela ne collait pas...

Ma-sa-bi-le ? Tiens...pourquoi ne pas solliciter la connaissance qu'avait immanquablement ce tavernier des lieux alentours ?

M'excusant auprès de mes compagnons, je me levai et me dirigeai vers mon interlocuteur, fort occupé à nettoyer quelques chopes sales :

Dites moi, j'ai rendez-vous avec l'un de mes amis en un lieu qu'il m'a nommé mais que, par distraction, j'ai oublié. Quelque chose comme Masa...je ne sais plus.

Massabielle ?


Ce fut l'illumination. Mon esprit, aussi vite qu'il le pouvait, compara le nom toponymique avec celui de la déesse Bellissamae. Aucune lettre ne manquait.

Oui, c'est cela...Est-ce loin ?

Oh, guère plus de dix minutes à pieds vers l'est de la ville. C'est un gros rocher à deux pas du Gave de Pau...L'a des goûts curieux, votre ami...


Sans relever la dernière phrase, je revins à la table annoncer au constantinopolitain et à sa protégée le résultat de mon investigation. Nous étions sur le point de partir lorsqu'un gamin vint me remettre un message, que ses doigts crasseux avaient sali.

Après lui avoir remis quelques écus, j'en pris connaissance. C'était Katalin. Il me demandais de venir le rejoindre en une échoppe nommé "La Très Brillante", à proximité du Gave de Pau. Tous les éléments convergeaient.

D'un commun accord, nous convinmes donc de nous diriger, moi vers l'échoppe, Sindbad et Aparajita vers la grotte, et de tous nous retrouver là bas.

Nous touchions au but...


Theobald
Ménestrel,
Narrateur de « La Geste d’Orient »
Commentateur de matches de soule
--Aparajita


Aparajita accueillit silencieusement la suite des événements. Quand Ganapati lui expliqua de quoi il retournait, elle récita, sous les yeux étonnés de Baul, un mantra pour supplier Laksmi de les accompagner, Elle entreprit ensuite d'affûter le Katar qui ne l'avait jamais quitté.

Chacun partit de son côté,
Baul Pour retrouver Prison et eux vers le rocher.

La dravidienne ne quittait pas
Ganapati du regard. A mesure qu'ils se rapprochaient de l'endroit, elle le sentait devenir tendu, nerveux. Lui, habituellement si calme, si posé, semblait envahi par le doute. Ses sourcils froncés, la mâchoire serrée, ses poings qu'il serrait convulsivement de temps à autre : tout indiquait une tension croissante. Elle prit alors la parole :

Aparajita rester à côté Ganapati. Aparajita pas peur Ganapati. Coeur Ganapati bon. Aparajita confiante. Pas tout savoir, mais pas croire Ganapati criminel.

Ganapati se rappeler Arjuna, chef armée Pândava ? Pândava que quatre, comme nous. Alors Aparajita confiante.


Puis, Aparajita sortit de son sac un mala et entreprit de psalmodier, tandis que tous deux faisaient route vers le rocher.

Aparajita,
Mi-femme, mi-bête
Protégée de
Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu
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