--Aparajita
Tôt le matin, avant que les rayons solaires n'inondent l'horizon de leur généreuse lumière, Aparajita revenait d'une nuit en forêt.
L'air était vif, mais sauter, courir et chasser dans la forêt lourdaise réchauffait les corps, et insensibilisait les esprits à la froide morsure de l'hiver. Le petit gibier local l'avait appris à ses dépens : même initiée aux moeurs des Marchent-Debout, la femme-louve restait un prédateur avec lequel compter.
Dans la cité, la dravidienne longea les ruelles. Les nuits à Lourdes étaient plus calmes que dans d'autres villes traversées au cours de leur périple. Tant mieux, le physique d'Aparajita suscitait toujours des regards étonnés, lui rappelant d'anciens souvenirs qu'elle aurait préféré pouvoir oublier.
C'est donc sans encombre qu'elle arriva au logis que Ganapati partageait avec...celle dont elle ne voulait prononcer le nom, même en pensée.
De sa besace, elle sortit une corde équipée d'un grappin. Avisant la fenêtre qu'elle avait soigneusement entr'ouverte afin de revenir de son escapade nocturne, elle lança le grappin en direction de la rambarde du balcon, afin qu'il s'y accroche. Une fois sa prise assurée, elle entreprit de grimper le long de la corde, ses bras la tirant vers la fenêtre tandis qu'elle coinçait la corde entre ses pieds. En peu de temps, elle franchit la rambarde du balcon et poussa la fenêtre pour entrer.
A peine fut-elle dans sa chambre qu'elle émit un grondement. L'air embaumait d'une odeur caractéristique autant qu'inimitable. Elle en comprit rapidement la raison.
Visadhara se tenait devant elle.
Que faisait-elle donc sur son territoire ? Comment avait-elle osé ? Non contente d'avoir blessé son honneur, elle qui avait vendu le sien au plus offrant, voilà qu'elle venait la narguer ?
Yeux plissés, mâchoires serrées, la main dans sa besace serrant le manche de sa mortifère lame, la dravidienne se tenait prête à bondir.
Aparajita,
Mi-femme, mi-bête
Protégée de Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu