Mélilou écouta attentivement ce que lui raconta la dame Lilas. Elle fut un peu déçue de ne pas entendre quelques révélations extraordinaires, mais elle relativisa. Elle en savait déjà bien plus que lors de son arrivée, et il lui restait encore trois jours à passer à Sainte-Ménéhould. Elle reprit son cahier mais ne nota rien; elle savait déjà tout ce que la dame venait de lui dire.
Elle vida sa chope d'un trait et remercia Lilas de lui avoir accordé un peu de son temps, puis lui signala qu'elle se retirait dans sa chambre. Elle allait quitter la table lorsqu'elle se ravisa et lui demanda si, en cas de besoin, elle pouvait lui écrire durant les trois prochains jours. Lilas aquiesça, tout en lui précisant qu'elle quitterait Sainte durant la nuit même, et qu'il lui faudrait donc utiliser les pigeons pour lui faire parvenir les parchemins. Elles se saluèrent une dernière fois et Mélilou monta se coucher.
[Le lendemain, 4ème jour de l'an de grâce 1457]
Ayant encore une fois omis de tirer les tentures aux fenêtres, Mélilou se leva dès l'aube, et se dit que c'était tant mieux. Elle avait fort à faire aujourd'hui, et n'aurait pas de trop d'une journée complète. Elle passa toute la matinée à la halle, ou elle nota quelques informations et notamment la plainte du messire Bobbynight. Elle consigna également le recrutement de la confrérie sanguinaire, et la colère d'un messire disant qu'il était scandaleux que la mine soit fermée car cela gelait le marché du travail dans la cité.
Sur le midi, elle déjeuna au Pas Cher, une autre taverne de la ville, où elle fit connaissance avec une dame nommée Clotus, une autre nommée Silverser, et deux hommes, les messires Boss et Lafeuille. Elle se rendit ensuite à l'Office du Courrier, et y recopia soigneusement tout ce qui traitait de la révolte, et notamment la déclaration de révolte lancée quelques semaines plus tôt par le messire Angeldark, déclaration qui avait ensuite déclenché les événements qu'aujourd'hui plus personne n'ignorait.
Une fois tout ceci fait, elle rentra au Frais Brochet et allait s'installer à une table quand elle regarda autour d'elle. La taverne était bondée, et il était certain qu'elle serait, à un moment ou à un autre, tentée de se mêler aux villageois. A moins que, comme la veille, ce ne soit l'un d'eux qui vienne à elle. Aussi elle monta dans sa chambre et prit place sur sa couche pour relire tout ce qu'elle avait écrit. Elle s'installa comme elle put, jambes en tailleur, carnet ouvert aux dernières pages de la journée.
Citation:
[le 4ème jour de l'année 1457]
Une nouvelle entendue aujourd'hui à la halle de la cité: les Loups ont attaqué un messire sur les chemins, non loin de Sainte-Ménéhould. Tenter de trouver des réponses sur le pourquoi de cette action.
Mélilou était restée pour écouter le messire parler. Aussi on pouvait lire, juste en dessous:
Citation:
Finalement, tout ceci n'a rien d'un hasard. Ce messire Bobbynight s'est fait attaquer pour des raisons apparemment légitimes. Il a pénétré en Champagne sans autorisation, violant donc la déclaration de fermeture des frontières. De plus, messire V_d, l'homme que j'ai croisé à la tête des Loups en arrivant à Sainte, a l'air de dire que bien d'autres charges pèsent contre Bobbynight. Inutile de pinailler pendant des heures, il semble évident que la victime n'est pas aussi innocente qu'elle veut bien le crier.
Elle tourna la page.
Citation:
[Le même jour, à la halle]
J'apprends, en entendant un homme hurler à qui voudra l'entendre, que la mine est fermée. Je ne sais pas pourquoi cela le met tant en colère, il y a pourtant des offres d'emploi à la mairie.
Il y a une affiche bien étrange aujourd'hui. Une confrérie voulant se faire appeler "les Loups Sanguinaires" appelle au crime et au brigandage. Je ne sais comment il est possible que de telles incitations au trouble restent ainsi à la vue de tous. Le climat est déjà assez tendu comme cela. D'ailleurs, il paraît que les deux camps en sont au statut quo. Pourtant, les tensions sont palpables en halle, j'ai l'impression que tout peut basculer d'un moment à l'autre.
Elle tourna la page une nouvelle fois.
Citation:
[Le 4ème jour de l'an 1457, à l'Office du Courrier de Champagne]
Voilà la réponse du Commissaire aux Mines concernant la fermeture de la carrière de Sainte:
Ménéhidiennes, Ménéhildiens,
Cette nuit, une inondation a gravement endommagé une galerie de la carrière de pierre qui s'est effondrée. En l'état, la carrière est dangereuse pour les mineurs qui y travaillent.
En conséquence, la carrière sera fermée dès demain pour réparation, et ce pour une durée d'un minimum de 2 jours.
Nous allons réparer la galerie inondée et en profiter pour étayer les autres parties de la carrière afin de la sécuriser.
Le service des mines travaille au mieux pour réouvrir la carrière au plus vite dans des conditions de sécurité renforcées.
Elvis de Serage
Commissaire aux mines
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Nombre de communiqué de la Duchesse mentionnent les différentes nominations au conseil ducal. Je suis étonnée par tant de mouvement. Démission, nomination, démission encore...on a l'air de rentrer et de sortir du Conseil comme d"un moulin ces derniers temps.
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Le Duc de Joigny, Francis de Joachim, s'est réveillé de sa léthargie. Il se dit dans la ville qu'il aurait démissionné de ses fonctions au Conseil car on lui aurait refusé l'accès au château.
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Je consigne ci-après et pour mémoire, la déclaration de révolte du messire Angeldark.
Les deux pages qui suivaient étaient noircies de haut en bas de la fameuse déclaration et le carnet s'arrêtait là. Mélilou prit sa plume et écrivit pour conclure cette journée:
Citation:
[Taverne du Frais Brochet, le 4ème jour de l'an 1457]
J'ai rencontré hier soir une dame du nom de Lilas. Un soldat des Loups de Champagne. Nous avons discuté mais, malgré tous mes efforts, je n'ai pu lui faire dire autre chose que ce que je savais déjà. Elle m'a cependant reparlé du statut quo et des négociations qui stagnent en l'Eglise, mais je n'en ai guère appris plus. Bien qu'elle quitte Sainte ce soir, elle m'a indiqué que je pouvais lui écrire en cas de besoin.
Sa lecture avait du lui prendre un temps qu'elle n'avait pas mesuré. En entrant dans sa chambre, la nuit tombait seulement. En refermant son carnet, elle regarda par la fenêtre. La nuit était plus noire que l'encre.
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Pourquoi voit-on partout le mot citoyen? La révolution et la citoyenneté, c'est 1789...
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