Valatar
La Seine est scintillante, au crépuscule. Le Louvre, imposant et magistral, s'y mire, confondant son reflet avec celui de la lune, à peine plus haut.
Depuis que Valatar fréquentait Paris, il y avait pris ses habitudes. Parmi elles, la coutumière promenade du soir. Chaque fois, il choisissait l'un de ses quartiers favoris pour y laisser traîner ses pieds. Au départ seul, puis accompagné de son cousin, depuis qu'il travaillait à la Cour d'Appel. Ce soir là, il marchait le long de la Seine, sur le quai qui fait face au Louvre, et qui, justement, reliait les lieux de travail des deux cousins: le Palais de Justice, sur l'île de la Cité, et le Palais des instituts, siège de l'Académie Royale de France.
Alors qu'ils marchaient, en devisant joyeusement, les deux hommes ne se rendaient pas même compte qu'ils atteignaient le paroxysme de l'amitié. Des années durant, ils avaient avancé ensemble dans la vie; et ce n'était pas l'effet du hasard s'ils se retrouvaient à nouveau ensemble dans la plus grande ville du monde.
Cette promenade était particulière, pourtant. Ne serait-ce que par son trajet. En effet, partout où le jeune vicomte posait ses yeux, il pouvait y trouver un souvenir précis. Que ce soit le Louvre, où il lui arrivait de rendre des rapports d'ambassade après ses entrevues avec les dirigeants du Royaume d'Angleterre, Notre-Dame de Paris, qu'il fréquentait régulièrement pour les messes qui y étaient célébrées, l'Hôtel-Dieu, juste à côté, où il rendait visite aux malades, le jour de la Saint-Noël, pour leur donner quelques miches de pain et s'en sentir mieux. La Seine, qu'il se promettait de faire découvrir à ses femme et enfant, prochainement. Et devant eux, l'Académie. Discrète sous sa sobre coupole noire, l'Académie était le lieu qui, pour Valatar, faisait rimer travail et joie. En effet, de toutes ses fonctions (et Aristote sait qu'il en cumulait) celle de dirigeant de l'Académie était celle qui lui procurait la plus grande satisfaction, probablement pour la haute richesse culturelle qu'elle lui offrait.
Vous souvenez-vous, mon cher cousin, de la première fois où vous êtes venu à Paris? Je me souviens de ma première fois, à moi: j'étais bien jeune, et j'y avais suivi une vieille amie qui voulait me faire visiter les locaux de l'AAP, dont j'étais correspondant. Je me demande ce que Tosca est devenue, depuis le temps que je ne la revois plus. Et vous, Hugo, qu'est-ce qui vous a fait venir en cette ville magique, la première fois?
Les pavés faisaient résonner leurs pas. S'il n'était pas conseillé, généralement, de se promener sans garde dans Paris au coucher du soleil, le quartier du Louvre était plutôt sûr, et la prévôté veillait. Aussi les deux hommes ne craignaient pas pour eux, et discutaient en toute confiance. La chaleur épaisse de la nuit tombante ne faisait que renforcer ce sentiment de sécurité. Au loin, une corneille fit retentir bruyamment le battement de ses ailes, alors qu'elle traversait la Seine pour se diriger vers l'abbaye de St-Germain. Un petit vent mit fin, pour un instant, à l'opacité de la chaleur. C'est un sourire serein que Valatar adressait à son cousin, en l'écoutant répondre.
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Depuis que Valatar fréquentait Paris, il y avait pris ses habitudes. Parmi elles, la coutumière promenade du soir. Chaque fois, il choisissait l'un de ses quartiers favoris pour y laisser traîner ses pieds. Au départ seul, puis accompagné de son cousin, depuis qu'il travaillait à la Cour d'Appel. Ce soir là, il marchait le long de la Seine, sur le quai qui fait face au Louvre, et qui, justement, reliait les lieux de travail des deux cousins: le Palais de Justice, sur l'île de la Cité, et le Palais des instituts, siège de l'Académie Royale de France.
Alors qu'ils marchaient, en devisant joyeusement, les deux hommes ne se rendaient pas même compte qu'ils atteignaient le paroxysme de l'amitié. Des années durant, ils avaient avancé ensemble dans la vie; et ce n'était pas l'effet du hasard s'ils se retrouvaient à nouveau ensemble dans la plus grande ville du monde.
Cette promenade était particulière, pourtant. Ne serait-ce que par son trajet. En effet, partout où le jeune vicomte posait ses yeux, il pouvait y trouver un souvenir précis. Que ce soit le Louvre, où il lui arrivait de rendre des rapports d'ambassade après ses entrevues avec les dirigeants du Royaume d'Angleterre, Notre-Dame de Paris, qu'il fréquentait régulièrement pour les messes qui y étaient célébrées, l'Hôtel-Dieu, juste à côté, où il rendait visite aux malades, le jour de la Saint-Noël, pour leur donner quelques miches de pain et s'en sentir mieux. La Seine, qu'il se promettait de faire découvrir à ses femme et enfant, prochainement. Et devant eux, l'Académie. Discrète sous sa sobre coupole noire, l'Académie était le lieu qui, pour Valatar, faisait rimer travail et joie. En effet, de toutes ses fonctions (et Aristote sait qu'il en cumulait) celle de dirigeant de l'Académie était celle qui lui procurait la plus grande satisfaction, probablement pour la haute richesse culturelle qu'elle lui offrait.
Vous souvenez-vous, mon cher cousin, de la première fois où vous êtes venu à Paris? Je me souviens de ma première fois, à moi: j'étais bien jeune, et j'y avais suivi une vieille amie qui voulait me faire visiter les locaux de l'AAP, dont j'étais correspondant. Je me demande ce que Tosca est devenue, depuis le temps que je ne la revois plus. Et vous, Hugo, qu'est-ce qui vous a fait venir en cette ville magique, la première fois?
Les pavés faisaient résonner leurs pas. S'il n'était pas conseillé, généralement, de se promener sans garde dans Paris au coucher du soleil, le quartier du Louvre était plutôt sûr, et la prévôté veillait. Aussi les deux hommes ne craignaient pas pour eux, et discutaient en toute confiance. La chaleur épaisse de la nuit tombante ne faisait que renforcer ce sentiment de sécurité. Au loin, une corneille fit retentir bruyamment le battement de ses ailes, alors qu'elle traversait la Seine pour se diriger vers l'abbaye de St-Germain. Un petit vent mit fin, pour un instant, à l'opacité de la chaleur. C'est un sourire serein que Valatar adressait à son cousin, en l'écoutant répondre.
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