[Dans la chambre qui est devenue son refuge.]
Nulle visite. Seules celles sans conscessions de Victoire. Une vrai Penthièvre, un caractère franc et entier.
Elle s'est accrochée à sa cousine comme une damnée ces derniers temps. Elle se sent sombrer. Depuis le jour où elle s'est laissée glisser, où elle s'est abandonnée et offerte à la mort, elle est revenue différente.
L'envie de repartir, de se sentir à nouveau sereine comme ces quelques secondes de tranquilité. Ne plus se battre, se reposer.
Parfois, elle prenait plume et vélin. Et elle écrivait, elle écrivait sans discontinuer. Comme si elle couchait son testament sur papier. Comme s'il le fallait.
Erik, où est il ? Pourquoi ? Pourquoi n'est il pas là ? Pouquoi... Qu'est devenu l'amour ?
Je veux dédier ce poème
A toutes les hommes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A ceux qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A ceeux qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et forte
Qu'on en demeure épanouie
Au compagnon de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A ceux qui sont déjà pris
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçu
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux curs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lêvres absentes
De toutes ces beaux passants
Que l'on n'a pas su retenir
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En mémoire des joueurs de Fablitos et Zoko33.