Orthez-Tarbes
Regardant vers l'horizon, elle s'engage sur la route vers Pau, et, plus loin, Tarbes.
Bon, maintenant qu'on est plus perdus, on va foncer, hein, messire Alleaume ? Pas pour rien que...Messire ?
Eilith se retourne, pour ne voir qu'une rue déserte. Et zut, il avait du oublier qu'ils repartaient le soir même. Bah, après tout, il avait sûrement plus urgent à faire, mais bon, elle peut plus se permettre d'attendre non plus. De toute façon, elle se sent plus en sécurité en voyageant seule, on la remarque beaucoup moins.
Elle flatte l'encolure de son poney, qui se met à trotter, seul sur la route. Pas besoin d'être pressée non plus, elle y sera à temps.
Arrivée à Tarbes.
Enfin, elle arrive en vue de Tarbes. Sitôt arrivée, la demoiselle est accueillie par un pigeon vraiment bien éduqué qui lui indique les textes concernant les étrangers, placardés sur les portes de la ville. Elle s'engage un peu plus dans l'avenue, pour être aussitôt happée par un flot de personnes se déversant dans chaque recoin de la ville.
Ici, des clameurs montent de la mairie, dans ce qui semble être un débat politique, là, des personnes froncent le nez et expriment leur dégoût face aux latrines publiques. Un peu plus loin, de la vapeur et une certaine agitation sort des bains publics. Et de toutes parts, des boulangers, des meuniers, des producteurs de maïs, et tant d'autres, qui animent les rues en faisant leur réclames.
Pour sûr, cette ville semble réveillée, et pas qu'un peu! La flûte, si elle doit être quelque part, n'est pas loin.
La jouvencelle entre dans la première taverne peuplée qu'elle voit, et se retrouve nez à nez avec Simone.
Oh, Dame Simone!
Eilith!
Splaf.
A..aïe...Bonjour...
J'étais follement inquiète.
En disant ces mots, Simone a l'air furieuse. Puis elle sort le pigeon de la jeune fille, et le lui balance sur la table, tout en s'écriant :
Tiens, tête de piaf ! Faudra que tu mexplique comment tu les nourris, tes bestioles !
Eilith allait donner sa réponse, quand Simone sort en claquant la porte de manière spectaculaire. Hum...pas l'air contente...
Elle se retourne vers les autres personnes, quand un inconnu, qui s'avère être par la suite le troubadour qui lui avait envoyé le fameux message, s'approche d'elle et l'embrasse. Elle recule, luttant contre son réflexe premier de sortir sa paire de tenailles et d'en user sur quiconque l'approche de trop près, et se contente de lui indiquer poliment que les bisouilles, c'était pas sa tasse de thé, tout en essayant de suivre la conversation autour. Ce qui apparemment n'est pas du goût du messire, puisqu'il quitte aussitôt la taverne.
Vraiment un drôle d'accueil. Elle discute un peu, tout en émiettant du pain spécial moineaux pour le pigeon. C'est du pain vendu par un marchand itinérant, avec de la pâte de pavot dedans, si elle dit pas de bêtises. Ça avait bon goût, il paraît. Mais ses moineaux adorent, alors, elle le leur laisse.
La jeune fille regarde l'heure, et se dépêche de sortir pour aller trouver du travail.
Désillusion
C'est dans la rue qu'elle croise à nouveau le sieur Rocabar. Lequel la gratifie d'une longue tirade.
Elle fronce les sourcils. Ainsi, il lui avait mentie pour l'attirer dans cette ville ? Et voilà qu'il remettait en cause l'existence de cette flûte. Elle ne sait pas quoi lui répondre, déçue d'avoir été manipulée de cette manière.
Une phrase l'interpelle :"si vous m'aviez témoigné un peu plus d'égards dans cette taverne". Elle soupire. Pourquoi les gens accordaient autant d'importance au fait de se faire la bise, et tout ? A moins qu'il soit habitué à avoir des admiratrices autour de lui. Faudrait vraiment qu'elle trouve une parade infaillible pour ne plus attirer le regard de tous ces mâles et ces entremetteuses...
Enfin, il termine son monologue en jouant une scène. Elle le regarde faire, se demandant si toutes les personnes de Tarbes aimaient se donner en spectacle comme celui-ci. Bah, ça devait être un truc spécifique aux troubadours.
Il finit sa petite représentation, et tourne les talons, la laissant seule dans la rue. L'adolescente le laisse partir sans dire un mot, pensive. La flûte n'existait pas ? Pourquoi le vieil homme lui aurait menti, alors ? Pourquoi elle devrait croire cet homme-là, et pas l'autre ? Surtout qu'une personne dans la taverne affirmait posséder une flûte plaquée en or. Il lui restait cette piste-là à explorer. Puis retrouver Simone, elle saurait quoi faire. Et sinon, et bien...il restait pas énormément de solutions.
Elle réfléchit encore un peu, regardant les flocons qui tombent doucement, pour aller se mêler à la boue. Oui, sinon...
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Eilith, petit engoulevent,
Chantonne parfois dans sa bulle,
Accompagnée du tintement
Des cloches d'une campanule.