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[Rp] Escale mouvementée à Chablis

Amael


Perdus, perdus, ils étaient perdus !

Amaël était, en panique, comme l'on dit si bien. C'est que pour le jeune noble, c'était une première. Et pas des moindres. Premier voyage à travers le Royaume, premier passage en Bourgogne, première attaque de brigands, première grosse peur de sa vie !
Ah comme sa mère allait crier, pleurer, taper, quand elle apprendrait ce qu'il lui était arrivé.
Elle si protectrice, inquiète d'un rien pour son fils, avait été dur à convaincre. Il avait fallu tout le charme d'Amaël, toute la sagesse et l'assurance du Père Adémar et toutes les cajoleries de son père pour qu'elle cède et le laisse partir découvrir le Royaume.
Et voilà, il fallait que ce voyage, paisible et agréable jusqu'à présent, tourne au cauchemar.

La première "brigande" venait d'être rejointe par une seconde, qui avait visiblement un caractère bien trempé. Mais elle avait le mérite d'avoir fait taire Célestine. Sa pauvre nourrice, assez agaçante il fallait l'avouer à geindre de peur, s'était tue devant les remontrances de la "brigande". Lui-même n'était pas très rassurée en face de cette femme. Il faut dire que son air peu aimable et son épée n'aidaient pas à la rendre sympathique.
Alors qu'elle semblait observer la résistance héroïque du capitaine Manfred, tout bascula.
Des bruits de sabots arrivant à vive allure, les cris d'un homme, comme des ordres, lancés dans l'air. Et soudain la "brigande" pas commode qui s'écarte vite du carrosse, suivie de son acolyte.
Paralysé un instant, ne sachant ce qu'il pensait, Amaël fut bien vite rattraper sa curiosité d'enfant et s'approcha de la portière, alors que Célestine commençait à geindre à nouveau, lui demandant de rester à l'intérieur.
Il vut alors les brigands s'enfuirs, à toute vitesse, au triple galop, alors que le carrose était entouré d'une troupe d'hommes en armes, certes peu rassurants eux-aussi aux premiers abords, mais qui en l'occurrence semblaient des alliés.
Amaêl joignit in instant les mains, leva les yeux au ciel et sourit avant de sauter hors du carrosse, Célestine, croyant qu'il allait se faire tuer, sur ses talons, geignant de plus belle.
Il contourna le carrosse, le capitaine Manfred avait mis pied à terre et un homme qui semblait diriger la compagnie se tenait près de lui. Le dernier soldat de sa garde semblait épuisé et avait quelques blessures mais il se remettrait rapidement. Amaël se précipita vers eux et laissa alors exploser son soulagement, sa joie.


Merci ! Merci beaucoup ! Merci infiniment ! Vous nous avez sauvés ! Ces brigands nous ont attaqués par surprise et le capitaine Manfred les a courageusement tenus en échec mais sans vous, ils n'auraient tout volé, voir pire ! Encore merci, que le Tout-Puissant soit loué ! Je Le remercie de vous avoir envoyé nous secourir !

Vous l'aurez compris, Amaël était très content qu'on l'ait sauvé. Il était surtout très soulagé et laissait s'évacuer sa peur par tous ces remerciements. Ils étaient à présent bien protégés et il était rassuré. Mais il savait que sa mère tomberait presque dans les pommes en apprenant leur aventure. Elle ne l'apprendrait donc qu'à leur retour en Alençon, qui serait certainement avancé.

Sauvés, sauvés, ils étaient sauvés !

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--Alona




L’intervention de Sadnezz avait été salvatrice pour les nerfs d’Alona qui commençait elle aussi à être excédée par les cris stridents de la nourrice. Non mais, quelle idée avait-on d’avoir une telle peur, et surtout de la montrer ? Si elle avait été à cette place, la jeune brigande aurait montré un visage impassible qui ne faisait transparaître aucun de ses sentiments. Au moins. Même le petit noble avait plus de contenance, alors que ce n’était encore qu’un gamin. Il y avait de ces gens, sur les routes…la femme aux longs cheveux noirs aimait voir la peur de ses victimes : cela montrait qu’elle avait tout de même plus de prestance que ce que ne pouvait suggérer son corps maigre. Mais là, c’en était trop.

Par contre, Alona fut beaucoup moins contente de voir la cheffe de la petite troupe lui couper son effet en l’empêchant de répondre elle-même au curé, qui lui restait neutre comme il le fallait. Il ne se laissait visiblement pas impressionner par l’arme mal entretenue qu’elle tenait à la main. Cela ne changerait malheureusement rien : la jeune femme était une guerrière avant d’être une brigande et ne s’arrêtait pas devant le courage d’un vieil homme d’Eglise. Surtout qu’elle avait faim. Elle aurait juste voulu continuer de jouer un peu avant de vraiment annoncer la couleur, surtout avec le nobliau si mignon, pour un Français. En plus, s’il était vraiment riche, ce ne serait rien de perdu. Du pain et des jeux, mais que demandent le peuple ? Elle avança sa main libre pour toucher la joue du très jeune homme.


- Ca me ferait plaisir de vous revoir, un de ces jours.

Elle allait enfin demander son dû, quand le cri tant redouté des brigands retenti non loin d’elle. « On dégage ! » avait crié Sadnezz. La brigande aux cheveux corbeaux était trop expérimentée pour ne pas savoir ce qu’il fallait faire et pour hésiter. Elle retira prestement sa main, et l’épée toujours dans l’autre, elle sauta sur l’un des chevaux de l’attelage, l’un de ceux que venait de libérer la cheffe du groupe, ceux qui se trouvaient le plus près d’elle. Ainsi, elle était sûre de ne pas se retrouver seule dans la forêt au cas où les soldats qui arrivaient apparemment se décideraient à les poursuivre dans les sous-bois. Elle ne comptait pas rejoindre si tôt le Très Haut, elle avait encore bien d’autres chose à faire vivante avant de trépasser à cause d’un homme en uniforme ducal.

- Bordel, la chance n’est vraiment pas avec nous. Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?

Cette question s’adressait plus à elle-même qu’aux autres, elle ne savait d’ailleurs pas où ils étaient et s’en fichaient. Ils finiraient bien par se retrouver, s’ils s’en sortaient vivants. Le problème était le temps qu’ils pourraient encore tenir sans réussir un coup, d’autant que là ils étaient vraiment tout près, ce qui allait encore plus démoraliser et dessouder le groupe. Comme s’ils avaient encore besoin de ça. La misère les poursuivrait-elle encore longtemps comme ça ?

Une fois qu’ils furent en relative sécurité dans les sous-bois, Alona rangea son arme. Il était inutile d’aider encore les soldats en leur donnant un indice sur la direction qu’ils prenaient. D’ailleurs, la jeune femme sauta de la monture qu’elle avait empruntée, la laissant à Sadnezz qui avait prit la bonne initiative de les attacher à la sienne. Ils valaient mieux qu’elles restent séparées quelques heures. Pour la suite, on verrait plus tard.

--Ademar





Il n'avait pas vraiment eu peur. Les brigands n'étaient pas des meurtriers. Il était rare qu'ils tuent d'autres gens que des soldats. Il ne pensait donc pas qu'ils leur feraient du mal s'ils coopéraient. Ses questions n'étaient qu'un moyen de gagner du temps et de montrer son assurance. Après tout, si quelqu'un mourrait en ce jour, c'était la volonté de Dieu.
Fort heureusement, la situation bascula, au moment critique. Des renforts inopinés les sauvèrent et prirent la fuite. A la suite d'Amaël et Célestine il quitta le carrosse pour aller à la rencontre de leurs sauveurs. Il ne manqua pas de voir que les brigands avaient malgré tout réussis à leur voler les montures du carrosse. C'était mieux que leurs vies, après tout.
Il rejoignit alors le capitaine Manfred, visiblement un peu mal en point et exténué, mais pas à l'article de la mort, Célestine, encore sous le coup de l'émotion de l'attaque, Amaël, tout excité face aux hommes les ayant sauvés et finalement le chef du groupe armé envoyés par Dieu, ou quelqu'un d'autre. Il s'avança jusqu'à l'homme, s'inclina un peu en guise de salut et de remerciement et fit signe à Amaël de se calmer avant de parler.


Bonjour et merci ! Je suis le Père Adémar, précepteur du jeune Amaël du Ried, que voici. Fils du Duc et de la Duchesse de Trun. Dieu soit remercié, vous nous avez sauvé de ces brigands. Qui sait ce qu'ils auraient pu faire ? Merci beaucoup. Nous avons une dette envers votre maître. Puis-je savoir qui vous servez ?
Troupe, incarné par Beatritz
« Moi-même » fut tenté de répondre Etienne. Il n'avait pas vraiment eu le temps de tout calculer. Les brigands avaient pris leurs jambes à leur cou... Et il serait temps de les rattraper plus tard. Il y aurait rapport à l'embaucheur de cette affaire, et nul doute que la Baronne voudrait qu'on nettoyât ses terres de la vermine. Alors, s'ils s'y trouvait encore, les mercenaires les chasseraient. Sinon... Ça ne serait plus leur affaire.

Un môme vint sautiller dans les pattes de son cheval, et un vieux sortit du carrosse. Et lui posa la question qui était si simple, et si compliqué. Il opta pour la simplicité, une simplicité qui ne lui mettrait personne sur le dos. Car un tel équipage, sans garde, n'irait pas loin ; ils lui demanderaient de les escorter ; il répondrait qu'il avait une autre mission. Alors... Autant leur indiquer Chablis.


-« Nous embauchons chez la Duchesse de Nevers dans deux heures. Elle a sa résidence de Chablis au village à une lieue peut-être d'ici. Nous y allons. »

Il se garda bien de répondre sur le reste. Il ne pouvait répondre « Enchanté », il ne l'était pas, et même ignorait si les Ried avaient, qui sait, eu maille à partir avec les Castelmaure par le passé. La noblesse, ce n'était pas son affaire.
Quant à ce que les brigands auraient pu leur faire... Un sourire carnassier s'esquissa sur le visage du capitaine. Mieux valait ne pas répondre à cette question non plus. Il se contenta d'ajouter, d'un ton dégagé :


-« Et vous, qu'allez-vous faire désormais ? »

Pendant le temps que leur chef avait parlé, les soldats avaient fait leur affaire. Certains, qui étaient manifestement accoutumés à la tâche, étaient descendus de cheval pour rassembler les blessés ou morts. D'autres, restés en selle, s'étaient formés en position de garde autour du carrosse. Et puis deux restaient à ne pas faire grand chose, sinon l'un, faire une grimace au gosse, et l'autre, reluquer la bonne dans le carrosse, qui semblait avoir besoin de réconfort. Il était tout disposé à lui en donner... avec sa permission.
Amael


Fort heureusement, Adémar les avait rejoints et le vieux prêtre avait calmé son élève. Amaël retrouva alors son sérieux. Il ne devait pas oublier son rang. Surtout qu'on venait d'évoquer une duchesse, comme ses parents. Une femme de la haute noblesse, une grande dame. C'était donc grâce à cette inconnue qu'il était vivant et portait toujours ses beaux habits. Que les malles du carrosse contenaient encore leurs biens et que leurs richesses pour ce voyage étaient préservées. Amaël ne se perdit pas en réflexions superflues. Seule une s'imposa à son esprit, alors qu'il se retournait vers le carrosse, voyant qu'il n'y avait plus de chevaux pour le tirer. Comment repartir ? Et où ? Ni une, ni deux il se retourna vers le soldat, dont il ne connaissait pas l'identité. Leur sauveur certes, mais sans manières pour autant. Après tout, ce n'était qu'un soldat. Il sourit légèrement.

Qu'allons-nous faire ? Ma foi, pour le moment, sans chevaux pour nous tirer pas grand chose. Néanmoins si vous acceptez de nous escortez jusqu'à Chablis je vous en serais reconnaissant et redevable. Là nous pourrons acheter de nouveaux chevaux, et surtout, je souhaite rencontre la Duchesse de Nevers. Je me dois de la remercier. J'ai une dette envers elle.

Amaël se demandait d'ailleurs ce qu'une duchesse faisait dans un village. Il aurait préférer rejoindre un château, mais soit. Ou alors avait-il mal compris les paroles du soldat ? Quoi qu'il en soit, il v-aurait assez vite sa réponse si l'homme acceptait de les aider à rallier Chablis et la fameuse Duchesse de Nevers.

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Troupe, incarné par Beatritz
-« Qu'allons-nous faire ? Ma foi, pour le moment, sans chevaux pour nous tirer pas grand chose. Néanmoins si vous acceptez de nous escortez jusqu'à Chablis je vous en serais reconnaissant et redevable. Là nous pourrons acheter de nouveaux chevaux, et surtout, je souhaite rencontre la Duchesse de Nevers. Je me dois de la remercier. J'ai une dette envers elle. »

« Envers elle ? Et moi, le gosse, je compte pour quoi ? ». Encore une fois, les pensées d'Etienne restèrent derrière ses lèvres. Ces nobles... Il se lasserait vite de les servir, lui semblait-il. Du moins son orgueil parlait là, car il savait bien que son ventre réclamerait un bon couvert, régulièrement, et s'y étant habitué, rechignerait à le laisser partir pour une banale affaire de fierté.

Servir un noble, c'était donc ne plus exister pour soi-même. Il saurait s'en souvenir.


-« Nous n'allons pas exactement jusqu'au village, mais au château, qui le précède d'une demie mille, à ce qu'on nous a renseignés. Enfin, si vous voulez remercier votre sauveuse, c'est l'endroit indiqué. »

Il resta un instant songeur. Puis se tourna vers le vieil homme, qui avait manifestement plus de capacités décisionnelles que le gosse.

-« Nous pouvons vous prendre en croupe. Que fait-on pour vos paquets ? »
--Ademar





Adémar avait écouté le soldat et hoché la tête pour montrer son assentiment à certains de ses propos. La nouvelle maîtresse de ces hommes n'était pas n'importe qui. Il n'avait pas encore éduqué Amaël sur la noblesse bourguignonne, mais lui, était un dictionnaire de la noblesse du Royaume, savait fort bien à qui ils avaient à faire. Et nul ne pouvait ignorer connaître la duchesse de Nevers. Sa réputation, certes largement héritée de ses parents, mais néanmoins méritée, traversait les frontières même du Royaume. Le meilleur parti du Royaume. Baronne de Chablis. Bien sûr, ils étaient sur ses terres. A la question du soldat, aucune réponse n'eut le temps de venir d'Adémar qu'Amaël répondait déjà, ayant retrouvé son sérieux et s'étant calmé.
Le vieux précepteur ne put qu'hocher la tête pour montrer son accord avec les paroles de son jeune maître. Bien que celui ci ne sache pas encore ce que représentait une telle rencontre, qui n'était d'ailleurs pas assurée. Et il put voir sur le visage d'Amaël le plaisir de savoir qu'elle résidait en son château et non au village de Chablis. Lui-même en était fort aise. Voyant que le garde s'adressait à lui il fronça légèrement les sourcils. Ignorant Amaël, il faisait offense à l'héritier du Duc, bien que celui ne soit encore qu'un jeune garçon. Et par ailleurs, la proposition du soldat lui semblait assez inappropriée.


Je vous remercie d'accepter de conduire Messire Amaël et sa suite auprès de Sa Grâce la Duchesse de Nevers. Néanmoins nous ne pouvons abandonner là nos affaires, ni ... monter en croupe.

Il était evident que cela était inconvenant, pour Amaël bien sûr, et pour lui-même, surtout qu'il n'avait pas monté à cheval depuis bien des années et qu'il se serait cassé les os, à son âge, s'il montait de nouveau. Il fit une légère moue avant de chercher une solution, conciliant.

Serait-il possible d'atteler deux de vos chevaux au carrosse pour l'amener jusqu'au château de Chablis ?

Ils s'arrangeraient ensuite avec la Duchesse, si cela était possible, si l'homme acceptait de les emmener jusqu'au château.
Troupe, incarné par Beatritz
Etienne, calme-toi.

Le Capitaine en avait sa claque. Non, ses chevaux n'étaient pas des chevaux d'attelage, et il y avait fort à parier qu'ils rueraient dans les brancards. Non mais quoi encore ! Le vieux devait avoir passé trop de temps dans les livres, et pas assez dans une écurie. Foutus nantis ! Et si on vous apprenait la vie ?

Le Capitaine échangea quelques regards éloquents avec ses compagnons. Ils étaient des soldats, et on leur demandait de faire la nounou.
Il avait envie de répondre bien des choses à ces ennuyeux bonshommes. Qu'à pied, ils ne valaient rien, parce qu'ils étaient cavaliers, et non fantassins. Que les chevaux refuseraient. Que leur vie valait bien qu'ils prissent le risque de laisser deux heures leurs bagages cachés dans des fourrés.

Mais de guerre lasse, il démonta, et fit mettre pied à terre à ses hommes également. Non sans un regard assassin au vieux : « T'es pas aidant, toi ».

Et, malgré quelques difficultés - car les chevaux n'avaient, effectivement, pas l'habitude de se voir attelés - le convoi reprit la route de Chablis. Mais il était hors de question d'aller vite, car les hommes à pied tenaient par la bride les chevaux, bien assez affolés. Et il fallait aussi porter blessés et défunts. Chienne de vie.
Amael


Oh joie ! Le château et non le village, c'était parfait ! Amaël s'en réjouissait grandement même s'il fut un peu refroidi lorsque le soldat l'ignora pour s'adresser au Père Adémar. Oh bien sûr il aurait pu protester contre ces manières grossières, dire ou faire des choses qu'il était en droit de dire et faire. Mais après tout, ils les avaient sauvés. Et puis Amaël n'était pas idiot, jeune certes, mais pas idiot. Il comprenait bien que pour ce guerrier, difficile de s'adresser à un garçon comme à un égal ou un supérieur. Forcément le Père Adémar correspondait plus à cette image de "supérieur". Il écouta donc l'échange et les paroles de son précepteur, approuvant légèrement d'un hochement de tête.

Le capitaine ne sembla pas très emballé par la proposition du vieux prêtre mais finalement lui et ses hommes mirent pieds à terre et firent comme convenu. Il s'avéra que l'idée n'était pas des plus aisé à mettre en oeuvre. Les chevaux, non-habitués à être attelés ainsi, ne se plièrent pas de bonnes grâces et la tâche fut ardue. Le regard et la mine que faisait le Père Adémar suffirent pour qu'Amaël comprenne qu'il n'avait pas vu les choses ainsi. Le jeune garçon en sourit. C'était un cérébral, un érudit, non un manuel sachant les choses pratiques. Mais les chevaux furent finalement bien attelés, ils purent ainsi remonter dans le carrosse et partirent, même si l'allure était lente, les soldats étant à pieds, devant maîtriser les chevaux et s'occuper des blessés et autres mal en points.


Oh mon Père j'ai hâte de rencontre la Duchesse ! Sans ses hommes, nous étions perdus ! La connaissez-vous quelque peu ?

Le jeune Ried était impatient de rencontrer celle sans qui il n'aurait peut-être plus rien, même la vie. Et à mesure qu'ils se rapprochaient du château de Chablis son excitation grandissait. Il se faisait dans son esprit tout un tas d'images de la Duchesse et espérait qu'elle serait telle qu'il la voyait dans sa tête. Encore un peu de temps à attendre puis ils seraient au château et il pourrait alors la découvrir ...

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Troupe, incarné par Beatritz
Ils arrivèrent enfin en vue de la bâtisse en pierre claire, à la haute tour carrée. Quelques arbres entouraient le château, qui, sur la courbure généreuse d'une colline, laissait voir, à quelques minutes de chevauchée, le village de Chablis dans sa ceinture de pierre.

Cinq minutes, en fin de compte, et ils frappaient à l'huis.

Etienne et ses hommes voyaient Chablis pour la première fois, car ils venaient prendre leur service. Le capitaine se demanda, l'espace d'un instant, comment la Duchesse prendrait le fait de recevoir ses renforts de garde avec en prime un môme, une pauvresse terrorisée et un vieux gâteux.

Mais d'abord...

Un garde assoupi fut réveillé à coups de talons.


-« Et oh ! Debout, toi ! »

Le Pelot grogna dans son sommeil, avant de, finalement, lever les yeux, puis se redresser lourdement.

-« Oué, oué... Qui c'est'y que j'dois annoncer ? »
--Ademar





Certes son idée, en théorie, était bonne, mais dans la pratique il fallait bien avoué que c'était plus dur. Mais que voulez-vous, c'est là le problème des érudits. Ils lisent, ils pensent, croient tout savoir ou presque, mais souvent ce n'est que de la théorie. Voyant les difficultés de leurs sauveurs Adémar s'était donc fait discret et avait pris un air désolé. Finalement ils remontèrent dans le carrosse et partir, à faible allure, tant bien que mal, vers le château de Chablis. A la question d'Amaël le vieux prêtre hocha la tête puis chercha un instant dans sa mémoire ce qu'il savait de la Duchesse avant de lui répondre.

La Duchesse de Nevers, Béatrice de Castelmaure, est une grande dame. Mais aussi une jeune femme. Elle a hérité des terres de ses parents alors qu'elle était au couvent. Elle est la fille de deux illustres pairs du Royaume. Ses titres autant que son ascendance en font une figure de premier plan de la France. Elle est par ailleurs l'un des meilleurs partis du Royaume. Son nom est connu, mais elle-même, ayant été au couvent, et donc n'étant pas habitué du monde, de la Cour, n'a pas beaucoup été vue en société. Mais comme je vous le disais, elle est encore jeune, bien que plus âgée que vous.

C'est tout ce qu'il savait de la dame, qu'il n'avait jamais vu ou rencontré. Très bientôt il pourrait se faire une opinion sur cette personne, tout comme Amaël.
Et ce ne fut pas long. Car bien qu'ils avancent lentement Chablis était proche du lieu de l'attaque. Une fois arrivé à proximité du château ils furent arrêtés au poste de garde. Passant la tête par la portière Adémar entendit la question du garde en faction et y répondit.


Messire Amaël du Ried, fils de Sa Grâce le Duc de Trun !

Ce nom ne dirait peut-être rien, sûrement même, à la maîtresse des lieux, mais au moins savait-elle que ce n'était point un pouilleux qui venait chez elle pour la rencontrer et surtout la remercier, bien au contraire.
Beatritz
La rencontrer, la remercier... et lui emprunter des chevaux et un toit le temps de régler la situation. Non ? L'affaire n'était pas si simple que ne le pensait le trop érudit rat de bibliothèque qu'était le précepteur de la Maison du Ried. Enfin les visiteurs furent annoncés, et le Pelot, enjoint par le capitaine Etienne qui semblait en tous points être l'homme dont on lui avait annoncé l'arrivée, ouvrit l'huis à l'équipage.

Le Pelot leur indiqua la direction des écuries et du corps de garde, tandis que Judtta, la plus ancienne et la moins fine des servantes de Chablis – mais c'était une teutonne, on l'en excusait donc – accourrait vers le carrosse. Un peu parce qu'elle espérait beaucoup de l'escorte, quoiqu'elle n'eût pas à se plaindre des œillades poussives de Gros Gimont, un peu parce qu'un carrosse, ce n'était pas attendu, et le ratafia avait été préparé pour les rudes hommes d'armes, pas pour de fins palais de nobliots. Du moins, pas pour d'autres que celui de la Dame et ses quelques dames de compagnie.
Un fils de Duc, on lui dit. Elle passa la tête dans le carrosse, compta sur ses doigts potelés. Trois, mais à la vesture, seulement deux à la table de la Duchesse. Bon, on s'arrangerait bien. Le cellier était loin de se trouver dégarni.
Les passagers descendirent, Judtta y alla de sa courbette gauche, puis de sa grave voix teutonne, renforçant bien les R depuis le fond de la gorge, leur indiqua le chemin jusqu'au vestibule. Elle était débordée, la pauvre ! Dans quel ordre tout faire ? Elle choisit d'aller voir la Duchesse d'abord. Elle signifia au gamin, à son précepteur et à la bonne qui les accompagnait d'attendre un peu, sivouplé, elle allait revenir. Cela leur laissait le temps d'apprécier les boiseries du vestibule.

Elle revint effectivement. Voici ce qui suivit alors : la bonne fut envoyée aux cuisines, où on lui donnerait un remontant et un petit quelque chose pour remplir sa dent creuse (et si elle n'a pas de dent creuse, tant pis pour elle), en attendant de lui indiquer où elle passerait la nuit – car il fallait s'organiser, mine de rien : tout ne coulait pas de source.
Pour les gardes, leur collation prévue serait servie sous peu, et les blessés en assez bon état y auraient droit. Les autres seraient étendus dans la grange, sous de chaudes couvertures, et devant la grange un feu serait fait pour réchauffer, si cela se pouvait, les hommes, en attendant l'arrivée d'un médicastre et d'un barbier du village – car les barbiers, comme l'on sait, sont aussi chirurgiens. Le médicastre de Chablis relevait à la fois du rebouteux, de l'apothicaire et de l'exorciste, ce qui n'était pas inhabituel dans le pays ; il avait en tout cas la fiance de la Dame des lieux.
Le fils ducal, enfin, et son précepteur, furent menés le long de la galerie sur cour intérieure, qui donnait au lieu des airs de cloître, jusqu'à la chambre de la Dame, où il était commun qu'elle reçût ses hôtes. Ils y attendraient, avec elle et lui expliquant leurs malheurs, leurs désastreuses malencontres. Etienne, le capitaine de la nouvelle garde, les y accompagna pour aller prendre son service, et les précéda dans la place - ce qui fut l'affaire d'une minute, après quoi, lui parti, une dame de compagnie leur ouvrit les deux battants successifs de la porte pour les introduire. C'était une pièce chauffée d'un grand feu à main gauche, à multiples chaises et malles garnies de coussins damasquinés, lumineuse par le mur du fond qui donnait au sud, sur un coteau de Chablis. Le lit en bois ciselé était dans un angle, à droite derrière la porte lorsqu'elle était ouverte, et soigneusement fait. Un chat gris y dormait, peu dérangé de tous ces allers et venues. Sur les murs lissés et blanchis à la chaux étaient peintes des figures campagnardes et sacrées, notamment Saint Bynarr, entouré de vigne, car ainsi voyait-on le patron de la Bourgogne à Chablis.

La Duchesse de Nevers était une jeune femme aux cheveux noirs d'ébène, bouclés, comme sa mère, dont elle avait aussi hérité deux prunelles d'un bleu de ciel d'hiver, un bleu froid, perçant, intransigeant. Elle avait la lèvre charnue et le nez arrogant de son père, ce qui en faisait une belle personne d'allure volontaire et tantôt douce, tantôt autoritaire, selon que ses lèvres s'étiraient ou non en un sourire aimable. Derrière elle, assises également, deux jeunes femmes, dont l'une avait un gros livre posé sur ses genoux, et l'autre, une viole de gambe. Une troisième était venue ouvrir aux infortunés visiteurs et les annonça ainsi :


-« Messire Amael du Ried, fils de Leurs Grâces les Ducs de Trun, et son précepteur. »

Et ces trois dames de compagnie étaient vêtues d'un bleu pâle et tendre, cortège au bleu roi de la robe à tassel de leur maîtresse. La dame de compagnie ne connaissait pas le nom du précepteur, et en vérité, ce n'était qu'affaire de protocole que de les annoncer, car sa maîtresse en savait bien autant qu'elle-même, et peut-être, savante qu'elle était, connaissait-elle aussi les noms des Ducs de Trun.
La jeune fille, tournée vers les visiteurs à peine entrés, s'inclina devant eux et énonça :


-« Sa Grâce Béatrice de Castelmaure, Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux, Baronne de Chablis et de Laignes. »

Et ladite grâce de leur indiquer les sièges et malles couvertes de coussins qui étaient les plus près d'elle, proche du feu avec ces mots :

-« Bienvenus, bons voyageurs, bienvenus, asseyez-vous, dites-nous donc vos tourments, vos voyages, vos requêtes, en attendant que le déjeuner soit servi. »
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Amael


Ils étaient arrivés au château de Chablis ! Enfin ! L'excitation était grande en Amaël. Il connaissait pas Béatrice mais avait grande hâte de la rencontrer. Lorsque les portes du château furent passés et qu'ils arrivèrent dans la cour Amaël observa par le fenêtre le château. Il n'était pas comme celui de Trun, mais c'était un beau château. Une fois descendu du carrosse ils l'abandonnèrent au bon sein des gens du château alors qu'ils étaient guidés par une servante jusqu'au logis principal et au hall d'entrée où ils furent invités à attendre le temps que la maîtresse des lieux soit prévenue de leur arrivée. C'est vrai qu'ils arrivaient comme un cheveux sur la soupe !
Amaël ne cessait de tourner la tête, ses yeux observant tout, dans tous les sens. Il ne voulait rien manquer. Adémar, à ses côtés, était comme d'habitudes très calme, restait immobile, et attendait et quant à Célestine elle restait discrète, observant elle aussi les lieux, mais distraitement.
Lorsque la servante revint elle invita Amaël et Adémar à la suivre, la Duchesse les recevrait sur l'heure apparemment, alors que Célestine, elle se rendait aux cuisines pour manger un p'tit quelque chose et les attendre, et aussi s'occuper de leurs affaires très certainement. Ils furent rejoins par le capitaine grâce à qui ils était là et celui ci, lorsqu'ils furent arrivés aux appartements de Béatrice, fut reçu le premier. Sûrement pour prendre ses ordres auprès de sa nouvelle employeuse. Amaël ne manqua pendant leur "voyage" dans le château de tout observer comme il le faisait depuis leur arrivée. Mais une fois arrivé aux appartements de la Duchesse il se calma grandement, reprit toute la contenance allant avec son rang.

Ils furent alors introduit auprès de la Duchesse. Certes plus vieille que lui elle n'en restait pas moins jeune jeune femme tout à fait charmante. A ses côtés se tenaient deux autres dames de compagnie. Amaël, voyant leurs tenues, sourit légèrement. La Providence fait parfois bien les choses. En parfaite harmonie avec les robes de la Duchesse et ses dames de compagnie les vêtements d'Amaël étaient d'un bleu profond, agrémenté de broderies dorées, ce qui mettait en valeur ses yeux verts et et ses cheveux châtains clairs, qui entouraient son visage fin. Une fois annoncé à Béatrice et alors que la troisième dame de compagnie présentait sa maîtresse Amaël, certainement imité par Adémar qui se tenait derrière lui, exécuta une parfaite révérence à la hauteur du rang de Béatrice. A son invitation il prit place sur un siège et prit alors la parole.


Votre Grâce. Soyez infiniment remerciée pour ce chaleureux accueil et que le Ciel vous bénisse d'avoir épargné à nos vies bien des tourments dont seul la Créature-San-Nom doit connaître la nature.

Oh Amaël était impressionné par Béatrice, qui malgré son âge dégageait beaucoup d'autorité, de charisme, mais une certaine bonté émanait aussi de la jeune duchesse. Et son visage était sympathique à Amaël, il se décontracta donc, inconsciemment rassuré, à mesure qu'il parlait.

Nous avons entrepris depuis l'Alençon un voyage à travers diverses provinces du Royaume pour étendre nos connaissances du monde. Nous sommes passés par le Maine, l'Anjou, la Touraine et l'Orléanais avant d'arriver en Bourgogne. Nous nous rendions à , passant à proximité de Chablis, lorsque notre carrosse a été attaqué par une bande de brigands. Le capitaine Manfred, qui commande ma garde, et ses hommes se sont vaillamment défendus, mais sans l'aide des hommes que vous avez engagé, je ne sais où nous saurions actuellement ...

Après une légère pause, il reprit, en venant au "vif" du sujet.

Votre Grâce, nous vous devons la vie. J'ai une dette éternelle envers vous. Néanmoins je me dois de faire une nouvelle fois appel à votre bonté. Ces vils marauds ont volés nos chevaux. Accepteriez-vous de nous offrir l'hospitalité le temps de trouver de nouveaux roncins pour notre carrosse ? Soyez certaine que vous en saurez dédommagée. Mais je ne souhaite pas vous importuner, vous avez déjà fait beaucoup pour nous, donc si vous préfériez que nous ne restions pas je comprendrais ...

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Beatritz
La Duchesse vit en tout premier lieu le vêtement bleu du jeune garçon, et se demanda : bleu de Picardie ou bleu du Lauragais ? Puis la question passa. C'était souvent l'un ou l'autre, selon le marchand, et si cet habit n'était pas de ses cocagnes, un autre de la garde-robe de l'enfant devait bien l'être. Elle écouta les mots de ce volubile garçon, qui devait, songea-t-elle, avoir un excellent maître de rhétorique. Son trivium ne souffrait d'aucune lacune.

-« Nous sommes terriblement désolée du désordre qui règne sur nos terres, bien contre nous. C'est à cet effet que nous avons engagé un supplément de gardes, ceux-là même qui vous ont porté secours. Vous serez les bienvenus chez nous, tant qu'il le faudra. Nous enverrons Gros Gimont au village, faire savoir qu'il vous faut de nouvelles bêtes d'attelage. Nous pouvons également mettre à votre disposition un coursier, qu'il vous soit permis de donner de vos nouvelles à vos parents. Trun est en Alençon, dites-vous ? Et où dites-vous que vous vous rendiez ? »

Il ne serait pas dit, c'était certain, que la Duchesse de Nevers était proche de ses finances. Le propre de la noblesse était de s'endetter pour le prestige et la gloire – et il n'en fallait pas tant à la Castelmaure pour être déjà connue de toutes parts, car sa réputation dépassait déjà son immense fortune, issue, pour une conséquente part, des cocagnes lauragaises.

Au-delà de cela, il y avait une chose qu'elle avouerait moins, c'était qu'un peu de visite à Chablis, tant que c'était en de raisonnables proportions – car la foule restait sa hantise – la tirait de sa solitude et égayait ses journées. La volubilité du jeune homme offrait donc de belles perspectives pour les quelques heures ou quelques jours qu'il resterait, avec son taciturne chaperon, au domaine de Chablis.

D'un signe de main et en quelques mots, elle fit signe à l'une des dames de compagnie, dont c'était aussi le rôle, d'aller préparer une chambre, à la mesure de qui les occuperait.

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Amael


Amaël était serein à présent, face à Béatrice, qu'il admirait, c'était indéniable. D'ailleurs il la fixait un peu trop, ce qui était loin d'être poli. Mais il buvait littéralement ses paroles. Oui Béatrice était jeune, mais Béatrice dégageait une grande force, une autorité naturelle, tout cela dans un écrin de calme et de bonté apparents. Oh bien sûr elle devait avoir ses petits travers, comme chacun, mais la première impression d'Amaël était plus que satisfaisante. Oh il n'était pas en émoi, sous le coup de l'émotion, tel un fougueux étalon face à une jument, non ce n'était pas ça, il était tout simplement admiratif de cette grande dame qui pourtant était encore bien jeune.

Il hocha légèrement la tête pour acquiescer à quelques unes de ses paroles puis reprit la parole à son tour pour lui répondre et encore une fois, la remercier, ce qu'il ferait encore beaucoup et encore longtemps, très certainement !


Vous n'avez pas à être désolée Votre Grâce. Avec ces guerres qui ravagent le sud du Royaume nos routes sont moins protégées et donc à la merci des infâmes engeances de nos provinces. C'est tout à votre honneur d'avoir engagé ces hommes pour assurer plus de sécurité sur vos terres. Sans cela nous étions perdus, il font donc vous remercier, non vous blâmer. Je vous remercie pour votre accueil et ce que vous faites pour nous. Soyez bénis et récompensés pour cela.

Il sourit à la duchesse puis continua, répondant à ses questions.

Nous gagnons la bonne ville de Tonnerre, pour y faire étape, avant de nous rendre en la capitale, Dijon. Et en effet, les terres de Trun sont en Alençon, au nord, aux frontières de la Normandie. Oh ce ne sont pas des terres aussi riches que doivent l'être celle du Lauragais mais elles sont prospèrent, un excellent poirier y est produit. Connaissez-vous le poirier Votre Grâce ? Je me doute que vous devez plutôt être adepte du vin de vos terres, mais si vous le souhaitez je vous ferais parvenir quelques caisses.

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