Amael
Perdus, perdus, ils étaient perdus !
Amaël était, en panique, comme l'on dit si bien. C'est que pour le jeune noble, c'était une première. Et pas des moindres. Premier voyage à travers le Royaume, premier passage en Bourgogne, première attaque de brigands, première grosse peur de sa vie !
Ah comme sa mère allait crier, pleurer, taper, quand elle apprendrait ce qu'il lui était arrivé.
Elle si protectrice, inquiète d'un rien pour son fils, avait été dur à convaincre. Il avait fallu tout le charme d'Amaël, toute la sagesse et l'assurance du Père Adémar et toutes les cajoleries de son père pour qu'elle cède et le laisse partir découvrir le Royaume.
Et voilà, il fallait que ce voyage, paisible et agréable jusqu'à présent, tourne au cauchemar.
La première "brigande" venait d'être rejointe par une seconde, qui avait visiblement un caractère bien trempé. Mais elle avait le mérite d'avoir fait taire Célestine. Sa pauvre nourrice, assez agaçante il fallait l'avouer à geindre de peur, s'était tue devant les remontrances de la "brigande". Lui-même n'était pas très rassurée en face de cette femme. Il faut dire que son air peu aimable et son épée n'aidaient pas à la rendre sympathique.
Alors qu'elle semblait observer la résistance héroïque du capitaine Manfred, tout bascula.
Des bruits de sabots arrivant à vive allure, les cris d'un homme, comme des ordres, lancés dans l'air. Et soudain la "brigande" pas commode qui s'écarte vite du carrosse, suivie de son acolyte.
Paralysé un instant, ne sachant ce qu'il pensait, Amaël fut bien vite rattraper sa curiosité d'enfant et s'approcha de la portière, alors que Célestine commençait à geindre à nouveau, lui demandant de rester à l'intérieur.
Il vut alors les brigands s'enfuirs, à toute vitesse, au triple galop, alors que le carrose était entouré d'une troupe d'hommes en armes, certes peu rassurants eux-aussi aux premiers abords, mais qui en l'occurrence semblaient des alliés.
Amaêl joignit in instant les mains, leva les yeux au ciel et sourit avant de sauter hors du carrosse, Célestine, croyant qu'il allait se faire tuer, sur ses talons, geignant de plus belle.
Il contourna le carrosse, le capitaine Manfred avait mis pied à terre et un homme qui semblait diriger la compagnie se tenait près de lui. Le dernier soldat de sa garde semblait épuisé et avait quelques blessures mais il se remettrait rapidement. Amaël se précipita vers eux et laissa alors exploser son soulagement, sa joie.
Merci ! Merci beaucoup ! Merci infiniment ! Vous nous avez sauvés ! Ces brigands nous ont attaqués par surprise et le capitaine Manfred les a courageusement tenus en échec mais sans vous, ils n'auraient tout volé, voir pire ! Encore merci, que le Tout-Puissant soit loué ! Je Le remercie de vous avoir envoyé nous secourir !
Vous l'aurez compris, Amaël était très content qu'on l'ait sauvé. Il était surtout très soulagé et laissait s'évacuer sa peur par tous ces remerciements. Ils étaient à présent bien protégés et il était rassuré. Mais il savait que sa mère tomberait presque dans les pommes en apprenant leur aventure. Elle ne l'apprendrait donc qu'à leur retour en Alençon, qui serait certainement avancé.
Sauvés, sauvés, ils étaient sauvés !
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