Xmanfe1999
Les yeux fermés dans la pénombre de la petite chambre, immobile sous sa couverture Xm attendait.
Les crissements dans la neige se turent et la jeune femme n'entendit plus, pendant quelques secondes, que son propre souffle et les battements précipités de son cur. Puis, le glissement discret de la porte extérieure, coulissant dans son logement bien poli, comme un bruissement de soie sur un plancher. Un choc sourd et léger puis un deuxième dans la minuscule antichambre : le bruit des semelles de corde tressées de sandales de voyage posées avec précaution... La porte intérieure glissa encore plus furtivement que la porte extérieure.
La forme de Xm,allongée sous sa couverture, tournait le dos à la porte. A travers ses cils, la jeune femme pouvait distinguer sur le mur lui faisant face, une ombre mouvante. Un froissement de tissu. Un manteau qui tombe sur le sol couvert de joncs tressés.
Dans l'esprit tendu à l'extrême de la jeune femme, la voix puissante de l'instinct de survie lui hurlait de prendre la fuite, de se mettre hors de portée de l'être malfaisant qui avait pendant des jours abusé de sa crédulité, mais une voix plus insidieuse lui enjoignait de n'en rien faire, d'attendre le bon moment, de démasquer l'imposteur.
Aussi, lorsque l'intrus souleva la couverture pour s'allonger derrière elle, elle n'eut pas un mouvement . Le souffle angoissé qu'elle ne réussit pas à étouffer complètement renforça, sans qu'elle l'ait voulu, l'illusion qu'elle dormait profondément.
Une main sèche et froide se posa sur sa hanche et, à l'idée que cette main puisse s'insinuer sous ses légers vêtements de nuit, elle frémit intérieurement de dégoût, alors même que quelques jours plus tôt, ou était-ce seulement quelques heures, elle aurait donné le peu qu'elle possédait, sa vie même, pour sentir à nouveau sur elle sa caresse glacée.
Xm s'efforça de continuer à respirer calmement malgré la colère qui grondait sourdement en elle, mêlée de crainte. Elle maîtrisa l'angoisse qui lui mettait le cur au bord des lèvres et attendit patiemment que le souffle derrière elle ralentisse, pour devenir régulier et presque imperceptible.
Dehors, Cael devait grelotter de froid dans la neige. Xm pria pour qu'elle puisse tenir encore quelques instants, qu'elle ne revienne pas encore, que le bruit de ses pas ne vienne pas réveiller celui qu'elle s'apprêtait à confondre.
Quelques longues minutes d'attente encore.
Un silence presque absolu régnait dans la maison. Seul le grésillement presque inaudible su charbon dans le brasero donnait à cette instant suspendu hors du temps un semblant de vie.
Xm roula précautionneusement sur elle même, sans relâcher sa prise sur la garde de son sabre et s'accroupit à côté du matelas, repoussant de la pointe de son arme la couverture qui recouvrait jusqu'au dessus des épaules l'homme endormi . Sans ciller et sans le quitter des yeux une fraction de seconde, Xm étendit la main à côté d'elle pour saisir la lampe à huile qu'elle laissait toujours en veilleuse près de son lit et elle l'approcha du visage de l'homme.
Comment avait-elle pu être aussi aveugle?
Ce fut soudain comme si un voile, épais et opaque comme un linceul, se déchirait, soudain réduit en lambeaux devant ses yeux. Le voile de l'opium, de l'alcool, de la culpabilité, du chagrin, de l'amour inassouvi, du manque, l'avait empêché de voir ce qu'elle découvrait à présent avec stupeur: la teinture blanche peignée avec soin dans la chevelure noire, bien trop épaisse pour être celle d'un homme ayant dépassé la cinquantaine, les rides et les plis d'expression artistement dessinés au fard, les cernes et les lèvres mauves poudrés sur la peau blême passée au blanc de céruse...
L'illusion avait été parfaite... aussi longtemps que Xm avait, de toute son âme, souhaité y croire.
Xm reposa la lampe. La pointe acérée de son arme alla tapoter l'épaule de l'homme qui ne réagit pas. Xm renouvela son geste. La voix de l'homme, froide et cruelle, s'éleva sans qu'il daigne ouvrir les yeux.
Anata no koto de omoichigai ha shinakatta. Kimiha totemo sainouga arundane. *
Xm considérait l'homme sans rien dire.
Celui-ci se redressa sur un coude et ouvrit enfin les yeux. Une lueur malsaine y dansait, peut-être s'agissait-il seulement du reflet de la lampe, mais Xm ne put s'empêcher d'y lire une nouvelle preuve de son aveuglement passé.
Elle recula d'un pas, s'assurant de son équilibre sur ses talons et ses orteils, dans la position traditionnelle d'attente du sabreur, la pointe de son arme toujours dirigée vers la gorge de son mystérieux visiteur.
Anataha wa nemutte ita nodesune, neh?**
L'homme ricana à la stupidité de sa propre question.
Sore wa kakujitsu desu...***
L'homme se tut.
Xm l'observait toujours, le sabre fermement brandi à deux mains. Il finit par s'asseoir en tailleur, repoussant complètement la couverture et la rejetant dans l'angle de la pièce. La manuvre n'échappa pas à Xm qui y reconnut clairement la volonté de se ménager un terrain plus favorable au combat, ou une fuite plus rapide.
Yamete kudasai! ***
Xm avait craché l'ordre entre ses dents, avec autant d'autorité et de brutalité que la situation l'imposait.
Le feu aux joues, Xm contourna sans le quitter des yeux, le simulacre de maître qui la regardait calmement.
Elle puisa dans un coffre une des cordes dont elle s'était servie pour hisser les plus grosses poutres de la charpente de la maison et la jeta aux pieds de l'homme qui, comprenant, ce qu'on attendait de lui, entreprit de se lier les pieds.
Anata wa dare desuka? *****
Qui je suis? répondit l'homme dans un français parfait à une Xm complètement stupéfaite.
Je pensais que tu l'avais deviné tout à l'heure Kiku-Chan, ajouta-t-il en insistant avec une joie mauvaise sur le surnom de Xm.
Après tout, peut-être n'es-tu pas aussi intelligente que mon père le pensait!
Je ne me suis pas trompé sur toi. Tu es très douée.*
Tu ne dormais pas , n'est-ce pas?**
C'est évident...***
Arrêtez!****
Qui êtes vous?
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Les crissements dans la neige se turent et la jeune femme n'entendit plus, pendant quelques secondes, que son propre souffle et les battements précipités de son cur. Puis, le glissement discret de la porte extérieure, coulissant dans son logement bien poli, comme un bruissement de soie sur un plancher. Un choc sourd et léger puis un deuxième dans la minuscule antichambre : le bruit des semelles de corde tressées de sandales de voyage posées avec précaution... La porte intérieure glissa encore plus furtivement que la porte extérieure.
La forme de Xm,allongée sous sa couverture, tournait le dos à la porte. A travers ses cils, la jeune femme pouvait distinguer sur le mur lui faisant face, une ombre mouvante. Un froissement de tissu. Un manteau qui tombe sur le sol couvert de joncs tressés.
Dans l'esprit tendu à l'extrême de la jeune femme, la voix puissante de l'instinct de survie lui hurlait de prendre la fuite, de se mettre hors de portée de l'être malfaisant qui avait pendant des jours abusé de sa crédulité, mais une voix plus insidieuse lui enjoignait de n'en rien faire, d'attendre le bon moment, de démasquer l'imposteur.
Aussi, lorsque l'intrus souleva la couverture pour s'allonger derrière elle, elle n'eut pas un mouvement . Le souffle angoissé qu'elle ne réussit pas à étouffer complètement renforça, sans qu'elle l'ait voulu, l'illusion qu'elle dormait profondément.
Une main sèche et froide se posa sur sa hanche et, à l'idée que cette main puisse s'insinuer sous ses légers vêtements de nuit, elle frémit intérieurement de dégoût, alors même que quelques jours plus tôt, ou était-ce seulement quelques heures, elle aurait donné le peu qu'elle possédait, sa vie même, pour sentir à nouveau sur elle sa caresse glacée.
Xm s'efforça de continuer à respirer calmement malgré la colère qui grondait sourdement en elle, mêlée de crainte. Elle maîtrisa l'angoisse qui lui mettait le cur au bord des lèvres et attendit patiemment que le souffle derrière elle ralentisse, pour devenir régulier et presque imperceptible.
Dehors, Cael devait grelotter de froid dans la neige. Xm pria pour qu'elle puisse tenir encore quelques instants, qu'elle ne revienne pas encore, que le bruit de ses pas ne vienne pas réveiller celui qu'elle s'apprêtait à confondre.
Quelques longues minutes d'attente encore.
Un silence presque absolu régnait dans la maison. Seul le grésillement presque inaudible su charbon dans le brasero donnait à cette instant suspendu hors du temps un semblant de vie.
Xm roula précautionneusement sur elle même, sans relâcher sa prise sur la garde de son sabre et s'accroupit à côté du matelas, repoussant de la pointe de son arme la couverture qui recouvrait jusqu'au dessus des épaules l'homme endormi . Sans ciller et sans le quitter des yeux une fraction de seconde, Xm étendit la main à côté d'elle pour saisir la lampe à huile qu'elle laissait toujours en veilleuse près de son lit et elle l'approcha du visage de l'homme.
Comment avait-elle pu être aussi aveugle?
Ce fut soudain comme si un voile, épais et opaque comme un linceul, se déchirait, soudain réduit en lambeaux devant ses yeux. Le voile de l'opium, de l'alcool, de la culpabilité, du chagrin, de l'amour inassouvi, du manque, l'avait empêché de voir ce qu'elle découvrait à présent avec stupeur: la teinture blanche peignée avec soin dans la chevelure noire, bien trop épaisse pour être celle d'un homme ayant dépassé la cinquantaine, les rides et les plis d'expression artistement dessinés au fard, les cernes et les lèvres mauves poudrés sur la peau blême passée au blanc de céruse...
L'illusion avait été parfaite... aussi longtemps que Xm avait, de toute son âme, souhaité y croire.
Xm reposa la lampe. La pointe acérée de son arme alla tapoter l'épaule de l'homme qui ne réagit pas. Xm renouvela son geste. La voix de l'homme, froide et cruelle, s'éleva sans qu'il daigne ouvrir les yeux.
Anata no koto de omoichigai ha shinakatta. Kimiha totemo sainouga arundane. *
Xm considérait l'homme sans rien dire.
Celui-ci se redressa sur un coude et ouvrit enfin les yeux. Une lueur malsaine y dansait, peut-être s'agissait-il seulement du reflet de la lampe, mais Xm ne put s'empêcher d'y lire une nouvelle preuve de son aveuglement passé.
Elle recula d'un pas, s'assurant de son équilibre sur ses talons et ses orteils, dans la position traditionnelle d'attente du sabreur, la pointe de son arme toujours dirigée vers la gorge de son mystérieux visiteur.
Anataha wa nemutte ita nodesune, neh?**
L'homme ricana à la stupidité de sa propre question.
Sore wa kakujitsu desu...***
L'homme se tut.
Xm l'observait toujours, le sabre fermement brandi à deux mains. Il finit par s'asseoir en tailleur, repoussant complètement la couverture et la rejetant dans l'angle de la pièce. La manuvre n'échappa pas à Xm qui y reconnut clairement la volonté de se ménager un terrain plus favorable au combat, ou une fuite plus rapide.
Yamete kudasai! ***
Xm avait craché l'ordre entre ses dents, avec autant d'autorité et de brutalité que la situation l'imposait.
Le feu aux joues, Xm contourna sans le quitter des yeux, le simulacre de maître qui la regardait calmement.
Elle puisa dans un coffre une des cordes dont elle s'était servie pour hisser les plus grosses poutres de la charpente de la maison et la jeta aux pieds de l'homme qui, comprenant, ce qu'on attendait de lui, entreprit de se lier les pieds.
Anata wa dare desuka? *****
Qui je suis? répondit l'homme dans un français parfait à une Xm complètement stupéfaite.
Je pensais que tu l'avais deviné tout à l'heure Kiku-Chan, ajouta-t-il en insistant avec une joie mauvaise sur le surnom de Xm.
Après tout, peut-être n'es-tu pas aussi intelligente que mon père le pensait!
Je ne me suis pas trompé sur toi. Tu es très douée.*
Tu ne dormais pas , n'est-ce pas?**
C'est évident...***
Arrêtez!****
Qui êtes vous?
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