Dame Hersende,
Si vous lisez ce courrier, il reste alors un espoir.
Premier échange depuis le début des affrontements entre nos deux camps. Faute de temps, faute d'envie ou égos trop forts certainement.
J'ai la désagréable impression que vous ne détenez pas toutes les informations relatives à ce conflit.
Le sort du marquisat est scellé. Peu importe le temps que cela prendra. Vous êtes autant consciente que moi de la nature illégitime de ce gouvernement.
Je comprends que l'inaction du SRING pendant trois ans, trois trop longues années, ait laissé les provençaux croire à cette illusion.
Mais la réalité est que le marquisat n'est reconnu nulle part en Empire francophone et au Royaume de France, et ne le sera jamais.
Lorsque nous tenions le château, des comtés étrangers nous contactaient pour commercer, peu soucieux du sort du marquisat.
Continuer à le défendre n'entraînera que guerre, révoltes et famines incessantes.
Nous n'abandonnerons jamais car la Provence est impériale.
Pourquoi s'entêter et sacrifier un peuple pour une institution sans avenir ni envergure ? Est-ce de crainte de perdre des titres ou du pouvoir ?
Dame, les titres délivrés par la Provence félonne n'ont aucune valeur. Les comtes et comtesses élus, en ne prêtant pas allégeance à Sa Majesté l'Empereur Long John Silver, perpétuent la félonie et ne restent que des gueux aux yeux des Royaumes connus. Et ce, depuis la déclaration d'indépendance.
Voulez-vous une Provence grandiose, rayonnante dans un Empire en cours de renouveau, protégée de la guerre et prospère ou allez-vous continuer à condamner son peuple à l'isolement ?
Car le marquisat ne s'exporte pas. Il est inutile à la liberté du comté, qui subsistera sans lui, sans que le peuple y voit un changement.
Au contraire, les provençaux auront de nombreuses opportunités d'évolution. Ils ne seront en effet plus considérés comme peuple félon.
Il est faux d'imaginer que l'Empire veut asservir les provençaux. Où avez-vous vu ça ? Oh oui, je sais que des prises de position délirantes sont avancées en public par certains de vos hauts dirigeants.
Elles ne tiennent pas devant la réalité des faits.
Le retour à l'Empire est une possibilité d'amnistie envers la Provence félonne pour ses fautes passées et répétées.
L'avenir, c'est une Provence légitime, où chaque homme et femme pourra s'épanouir sans peur d'une guerre.
C'est un devoir moral pour vous de vous positionner contre ces agissements d'une poignée qui enfonce la Provence dans la médiocrité.
Je ne reviendrai pas sur les verdicts abusifs délivrés récemment et les actes de sorcellerie commis.
Le Très-Haut sanctionnera ces suppôts de la Créature Sans Nom.
Il y a plus grave.
Le vice-chancelier Messire Savio Audisio, dit Ref1, a pris contact avec nous pour ouvrir des pourparlers, peu après l'élection du nouveau conseil. Bien sûr, nous avons accepté la proposition.
En ce jour, nous attendons toujours.
Nous savons qui bloque.
Si, comme vous le dites, votre préoccupation est le bien du comté et ses habitants, vous devez prendre vos responsabilités et refuser d'écouter ceux qui enrayent par tous les moyens les possibilités de mettre un terme à ce conflit.
Je ne vous demande donc qu'une chose : acceptez l'ouverture des débats entre les camps présents.
Il est évident qu'arriver à rapprocher nos opinions sera un défi mais nous devons au minimum essayer.
C'est une porte ouverte à une résolution rapide de ce conflit.
Si vous aussi refusez les échanges, alors ... nous irons jusqu'au bout, quoiqu'il en coûte humainement et économiquement.
Y a des jours où nous sommes tous confrontés à un choix décisif. En ce qui vous concerne, c'est aujourd'hui.
Salutations,
Rédigé non loin d'Aix, le 14 mars 1458
Flore de Lendelin