[RP] ...

...

Dort? Dort pas?

La Brune, appuyée sur un coude, le regarde dormir. Ou faire semblant, va savoir.
Elle repousse d'un geste plein de tendresse la mèche de cheveux qui lui tombe sur le visage, et dépose un baiser sur son front.

Il ne cille pas, doit dormir, alors...

Un autre baiser, sur la joue... Pas de réaction.
Joueuse, elle continue sa douce promenade, à l'affût d'un mouvement qui le trahirait.
Il ne dort pas, elle en est sûre.
Profiteur!

Encore un là ... et là ... et par là ... et là, ... et ici aussi.
Et un dernier avant de quitter la chaleur de l'édredon en soupirant.

Au pied du lit, ouvert sur une page cornée, un livre qui traine. Souriante, elle le prend, le feuillette.
Des drôles de lettres, mystérieuses, et qu'elle a du mal à imaginer former des mots quand elles sont assemblées.



Mine dubitative devant la couverture, et le mot en lettres d'or qu'elle suit du bout du doigt.

Dernier regard vers le corps endormi, ou pas, et elle referme doucement la porte derrière elle.

...

Dort pas.

Dernière matinée avec elle... avant ...
avant...
avant...

Elle est là, juste à côté de lui, lui qui voudrait ne pas avoir à se réveiller aujourd'hui... et reste au lit en demandant à ce que le temps s'arrête. Maintenant.

Un bisou. C'est trop bon, ne pas bouger, surtout, que cela ne s'arrête jamais. Jamais. Un autre. Encore. Ne pas sourire, ne pas bouger...quelle torture ...

Le choix est difficile ... profiter encore, ou se réveiller...au risque de faire repartir le temps, de plus en plus vite...


Stop ?


Il prit le risque ... Mc ouvrit un oeil pour voir Tsampa regarder son bouquin de la veille... un livre de la bibliothèque ... comprend-elle quelque chose ? rien ? aucune idée ...

Il fait beau, en plus. Pfff. Même le temps s'y met, aujourd'hui . Si...

Hééééééééééé.... elle part...

Le temps de s'habiller en vitesse, et Mc descendit les escaliers... le plus silencieusement possible.

Elle est absorbée dans son courrier...
Mc s'approcha le plus silencieusement possible derrière elle, et posa doucement ses mains sur les épaules de Tsampa. En silence. Toujours.

Sur un coin de table, elle écrit. Pas que ce soit une urgence, non. Mais voilà, quoi.

Elle tente de répondre à son frère, à ce courrier où il s'inquiète de cet aveu qu'elle lui a fait.
De cet aveu d'aimer, elle si jeune, comme lui dit son frère, si vieux d'un coup, effaré de voir sa benjamine s'envoler... S'il savait...

Elle commence à écrire. Et ses pensées se déroulent, en même temps que sa plume glisse sur le vélin. Pendant qu'elle résume le mois qui vient de s'écouler, elle oublie presque les quelques heures qui leur restent...

Quelques heures.
Soupir.

...

Et combien de semaines après, sans lui?
Vague de tristesse.

...

Et si c'était plus que des semaines? Des mois?
Vent de panique.

...

Elle entend l'escalier qui craque, ce ne peut être que lui, il n'y a qu'eux ici... elle ne bouge pas. Concentrée sur le bruit de ses pas qui se rapprochent, presque silencieux.
Il est là, derrière elle. Résister, ne pas se retourners. Ne pas bouger. Respirer, peut-être, et même c'est déjà trop.
Ecrire encore. Et le laisser approcher. attendre qu'il la touche. Ou qu'il lui parle. Suspendre l'instant de cette délicieuse attente. La graver en elle, pour se la remémorer quand il ne sera plus là.

La plume a glissé de ses doigts, des taches d'encre constellent le vélin.
Il a posé ses mains sur ses épaules, et le temps s'est arrêté.

Sur le vélin, effaçant la fin d'un mot, l'encre se dilue.
Sur la joue de Tsampa, une larme a coulé.

Un sursaut et elle lâche sa plume ... qui vient couler sur le parchemin.
Elle s'immobilise...

Mc ramassa la plume et lui remit dans sa main encore en suspension au dessus du velin...Il ne put alors s'empêcher de remarquer une goutte étrange au beau milieu des petites taches d'encre parsemant maintenant le papier ... une goutte brillante, mais... pas noire. transparente. De l'eau? Une ... une larme.
Pas déjà.
Non...
Comment partir si elle verse déjà une larme...

...

Mc se tourna vers elle et observa son beau visage ... tout triste. Essayant un petit sourire timide, il lui fit une bise sur la joue et s'assit à côté d'elle, regardant avec curiosité ce qu'elle écrivait...

Continue...

D'une main un peu hésitante, elle essuye sa joue. Non, pas déjà, pas maintenant...
Sa main s'attarde sur une mêche de cheveux qu'elle enroule et déroule autour de son doigt.

Continuer? A écrire à Colhomban? Alors qu'il est là?
Avec un sourire, elle le regarde. Elle le voit lire. Ce qu'elle a écrit d'abord, puis ce que son frère a écrit, ensuite.
Que pense t-il, à cet instant?
Qu'imagine t'il de ce frère qui pense que son aimé n'en veut qu'à sa vertu, et qu'il promet de passer par l'épée s'il venait à la blesser?

Continuer à écrire?
Non, pas envie. Envie de se serrer contre lui, de retrouver la chaleur de ses bras, chaleur qu'elle n'aurait pas du quitter ce matin.

Elle relit ce qu'elle a écrit, et se dit qu'elle ne pourra pas envoyer cette lettre à son frère. Les tâches d'encre... Colhomban n'apprécierai pas. Et le petit rond, délavé, maintenant, comment l'interpréterai-il?

Alors, appliquée, sous le regard de Mc, elle continue d'écrire, mais pas pour son frère.
Elle pose trois petits point, les uns à coté des autres et dessous, quelques mots, deux. Ceux la même qu'elle lui a murmuré, à Argentan, dans la taverne du petit maire.

[...]

Le moment est venu... déjà.
Le soleil est passé de l'Est au Nord, du Nord à l'Ouest, du Levant au Midi, du Midi au Couchant...
mais ...
fatalement...
Le soir arrive.


Et avec lui l'heure...
l'heure de...
l'heure de partir.

L'heure de rassembler ses petites affaires.
L'heure de faire son baluchon.
L'heure de ... pfff. Toutes ces heures ne sont que des prétextes pour retarder l'autre Heure... il n'y a plus qu'une Heure qui compte...
L'Heure des adieux à Tsampa.

Elle m'attend en bas, dans la taverne...triste.

Les secondes passent.
Plus rien à faire, c'est bien terminé, pu rien à ranger, il ne reste qu'à descendre. La voir. Lui dire au revoir. Si seulement c'était si simple. Mais non.


La descente de l'escalier est un calvaire.

Une marche. Les secondes s'égrènent.
Une marche.
Une marche.
Je la vois.

Qu'elle est belle.
Triste, aussi.

Mc ne dit rien.
S'approche.
La prend dans ses bras.
L'embrasse longuement.
Serre les paupières, mais verse une larme rageusement, à son tour, qu'il essuie rapidement.
Il a les yeux rouges, mais ne veut pas qu'elle le voie... peine perdue, surement.

Il la serre contre lui, l'embrasse encore et encore.
La relache.
Enfin.

La regarde.

Elle entend ses pas au dessus de sa tête.
Il rassemble ses affaires.
Mc va partir.
Longtemps.
loin.

...

Elle le guette.
Les pas s'arrêtent, repartent.
Elle ne veut pas qu'il voit ses larmes.
Puis plus rien, silence. Il descend. Et la regarde.
Elle soutiens ce regard, luttant contre les larmes, luttant.

...

Ses lèvres sur les siennes, quand il l'embrasse, figent l'instant, les mettent tous les deux entre parenthèses. Elle sent contre sa joue une larme qui glisse. Est-elle à elle, à lui? Peut importe, elle est à eux. Marquant leur rencontre, leur séparation, leur avenir probablement aussi. A eux. Et à eux seuls.

Quand, trop tôt, bien trop tôt, il desserre son étreinte, elle se recule, pose sa cape sur ses épaules, met ses gants, rituel immuable, le même toujours, quand elle quitte la taverne, et rabat la capuche sur ses cheveux.

Saisissant sa main, elle l'attire à elle, caresse son visage, ses cheveux, l'embrasse encore, et ouvre la porte.

...

La cape, les gants, la capuche. Comme quand ils partaient se promener, que ce soit au bord du lac, sur le lac, au marché, ou ailleurs.

Après tout, n'était-ce que cela ? Une promenade?
Non, non, arrête.
Ce n'est pas ça.
Tu rentres à Patay.
Chez toi.


Et elle reste ici.
En Alençon.


Elle ouvre la porte.
Le temps passe vite, trop vite, il fera bientôt sombre.
Je serai prudent, lui avait-il promis.

Je reviendrai.

Petite marche, main dans la main, de la taverne aux portes de la ville.
En silence.

Ni l'un ni l'autre n'osent se regarder.

Il n'y a plus le temps.

Le temps...


Parti il y a un mois presque, soit-disant pour deux semaines, de Patay, visiter l'Alençon.

Y ayant trouvé bien plus que ce qu'il cherchait.

Mc pensait à tout cela...à lui, à Elle, à Eux.

Serre la main de Tsampa dans la sienne, au fur et à mesure que les portes se rapprochent.

Déjà.

On y est.

Déjà.


Mc s'arrêta et se tourna vers Tsampa, sans savoir quoi lui dire exactement.

Il la prit dans ses bras et la serra contre lui autant qu'il put, en murmurant

Au revoir ...

Comme s'il ne partait que quelques jours.

Il déposa enfin un dernier baiser sur ses lèvres, attendit ses derniers mots, et regarda le chemin devant lui, avant de se lancer.

Un pas.
Le premier.
Le plus dur.
Une pause.
Ne pas se retourner.
Ne plus s'arrêter.
Ne pas hésiter.
Avancer.

Second pas.
Plus simple.
Douloureux.
Ne pas la regarder.
Avancer.

Encore.

Quelques pas.

Avancer.

Avancer.

Avancer.

Avancer.

Avancer.

Un tournant.

Disparaitre de sa vue.

Pleurer, enfin.

Avancer.

Je reviendrai.