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A la poursuite des ravisseurs.

Walan
Aistulf galopait aussi vite qu'il le pouvait sur la route de terre reliant Meyrieu et Maubec. Après avoir été forcé à marcher au pas tout du long à l'aller, l'étalon s'en donnait à cœur joie et cela semblait parfaitement convenir à son cavalier. Un nuage de poussière repérable de loin s'élevait derrière lui, mais le regard de Walan alternait entre l'examen du sol et celui de la route devant lui à la recherche d'un panache semblable.

Le Capitaine avait parcouru près d'une demie lieue lorsqu'il repéra des traces inhabituelles. Tirant les rênes, il fit s'arrêter sa monture et descendit rapidement afin de les examiner. S'éloignant du chemin en direction d'une forêt proche, on distinguait nettement les empreintes de plusieurs chevaux ...
Enguerrand
Enguerrand rattrapa Walan alors que celui-ci examinait la piste s'éloignant du chemin. Il avait pris pour la première fois un cheval, délaissant son fidèle poney qui n'aurait pas réussi à soutenir le rythme effréné d'une course. Il s'était certes un peu entraîné à Ryes en compagnie du chevalier Guilhem mais il avait un peu de mal à maîtriser parfaitement l'animal.

La forêt est un véritable labyrinthe, il sera très difficile pour eux d'en sortir rapidement, tellement elle est dense, ils devront ralentir l'allure et encore plus s'ils ne connaissent pas les environs et qu'ils sont nombreux.

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Max69lyon
La course avait été folle depuis le château des Roches. Heureusement, la route était bien entretenue, et les poursuivants avaient pu aller grand train à la suite du capitaine dauphinois.
Ils le rattrapèrent à la faveur d'une halte de celui ci pour examiner le sol. Les traces se dirigeaient visiblement vers la forêt, et le jeune vicomte fit parler sa connaissance des lieux. Les arbres semblaient effectivement serrés, et la chevauchée ne serait pas aisée...il fallait espérer que les ravisseurs ne se sachent point encore poursuivis, et qu'il ne soient pas trop nombreux...l'obscurité ambiante serait en effet favorable à une embuscade...
Le combat pourrait alors débuter n'importe quand, et n'importe où. Par réflexe, l'aspirant capitaine épiscopal dégagea sa lame de son fourreau, et vérifia qu'elle y coulissait facilement. Il détestait chevaucher épée en main, car celà fatiguait considérablement le bras. Mais il avait pris ce genre d'habitude, pour être réactif à la moindre alerte. Ceci fait, il guida sa monture droit sur le bois, et s'engagea de quelques pas sous les frondaisons. Scrutant l'obscurité et tendant l'oreille, cherchant à faire abstraction des bruyantes respirations des montures, il cherchait un signe. En vain, on ne voyait ni n'entendait rien. Retenant un grognement de frustration, il fit pivoter son bouclier d'un coup d'épaule, qui passa de son dos à son bras gauche. Combien ces chiens avaient ils pu prendre d'avance?
Walan
Walan avait eu un haussement de sourcil en voyant arriver Enguerrand parmi les renforts mais s'était contenté de répondre à mi-voix d'un ton sombre.

Visiblement leur attaque était préparée ... ils auront reconnu le terrain avant. Du moins je l'espère sérieusement pour eux ...

Les cavaliers avaient continué leur route, arrivant rapidement à l'orée de la forêt. Le Capitaine s'engagea dessous sans hésitation. La température était fraiche et le sol humide sous les arbres, l'été et le beau temps n'ayant pas encore pu faire leur œuvre, mais les traces en devenaient bien plus faciles à suivre malgré la luminosité réduite.

Alors qu'ils progressaient doucement, les sens aux aguets, le seigneur de Meyrieu laissa sa monture ralentir quelques instants pour se placer à la hauteur de Max. Après un rapide coup d'œil vers le jeune vicomte, Walan lança quelques mots au seigneur de Mions.

Lorsque le moment sera venu, ne laisse pas Enguerrand combattre. Il a acquis quelques techniques mais il n'a ni la force, ni l'allonge et encore moins l'endurance pour affronter un adulte un minimum entraîné.

Sans rien ajouter, le soldat talonna sa monture et reprit la tête de la colonne, la main sur le pommeau de son épée. Les traces visibles montraient que leur prédécesseurs avaient avancé au pas et au moins quatre séries d'empreintes étaient distinguables.

Aznar, comment diable avait-il pu faire pour oublier la menace que celui-ci avait fait plané sur Alyanne après leur première confrontation ? Cette fois, le Capitaine se jura que l'hispanique ne s'en sortirai pas ...
Max69lyon
La colonne de traqueurs s'engagea dans les sous bois, progressant aussi vite que les branches basses traîtresses le leur permettaient. Bien souvent, celles ci leur fouettaient le visage, laissant des trainées rouges. Au bout de quelques temps, le seigneur de Meyrieu vint se placer aux côtés de l'aspirant capitaine de Vienne et lui glissa quelques mots à propos de la sécurité du vicomte.
Max n'eut que le temps d'approuver d'un signe de tête et d'un regard convenu, et déja, le promis repartait devant.
Tout en continuant sa chevauché et en fouillant l'obscurité du regard, le seigneur de Mions priait. Lui qui avait passé une grande partie de sa vie à refuser de prier, voilà qu'à présent le temps lui manquait. Il priait pour que les gueux n'aient fait nul mal à la délicate Alyanne. Il priait pour que Walan retrouve un peu son sang froid avant le combat, et ne se jette ainsi pas dans cet état de nerf dans la bataille, sans quoi il serait en grand danger. Il priait aussi pour la tranquilité d'esprit des femmes restées à Maubec, et particulièrement de la vicomtesse de Guillestre. Il priait pour que tous ici sortent indemnes de l'affrontement qui viendrait sans nul doute. Il priait enfin pour que le jeune vicomte n'ait pas hérité de son père son entêtement. Il aurait pu tout hériter de lui, c'eut été un bien. Mais pas son entêtement, sans quoi il aurait le plus grand mal à le tenir à l'écart du coeur du danger. Qui plus est, il n'avait toujours pas vu combien de cavaliers chevauchaient à sa suite, et les traces révélaient au moins trois ou quatre montures devant eux... sa lame ne serait surement pas de trop pour affronter les chiens hispaniques, et il espérait qu'Enguerrand ne l'obligerait pas à le retenir de force. Car il en avait la certitude à présent, si l'enfant ne voulait pas l'écouter, il le ceinturerait, celà dut-il lui valoir une dégradation infâmante de son blason. Plus jamais il ne voulait voir sa chère Freyelda pleurer un membre de sa famille. Il en avait jadis fait le serment, debout devant le corps d'Aymon d'Avencourt. Et tant qu'il lui resterait la force de mettre un pied devant l'autre ou de se tenir en selle, il tiendrait ce serment.
le_troll
Le_troll avait suivi Walan mais se laissait distancer. Il n'avait pas l'habitude de longue chevauchée et être enfermé dans son bureau ne lui avait pas permi de devenir un si bon cavalier.

Arrivé à la forêt, l'allure ralentit. Ainsi il pu arriver à la hauteur des hommes.

Le_troll suivit la petite troupe. Tous les sens aux aguets. Heureusement pour eux, le sol mouillé, laissait des indices sur la direction à suivre.
Il scrutait les moindres recoins afin de decéler le moindre signe qui donnerait la position des ravisseurs.
Walan
La progression dans la forêt se faisait depuis une durée indéterminée. Un quart d'heure ? Une heure ? Difficile à déterminer lorsque les arbres cachent la vue du soleil et qu'ils se ressemblent tous.

Mais Walan sentait qu'ils se rapprochaient. Il n'aurait su dire la cause de cette impression : les empreintes qui semblaient plus fraiches, les bruits des oiseaux non loin qui lui paraissaient différents, ou tout simplement son intuition. Alors qu'il se demandait pourquoi Aristote jugeait bon de lui imposer tant d'épreuves, un sifflement caractéristique surgit soudain.

Les réflexes du Capitaine jouèrent et il se rejeta en arrière juste à temps pour éviter une flèche qui passa à moins d'un empan de son visage avant de se ficher, vibrant encore, dans un arbre proche. Dégainant son épée, le seigneur de Meyrieu talonna sa monture, non sans avoir jeté un bref regard à max.

Aistulf s'élança rapidement à travers les arbres et son cavalier ne fut pas long à repérer le possesseur de la flèche. Ils étaient deux ... seulement deux, le premier encochant un nouveau projectile à son arc tandis que l'autre pointait une pique en direction de Walan.

Conscient du danger que représentait cette arme contre sa charge, le Capitaine fit passer sa jambe par dessus l'encolure de sa monture et se jeta à terre une dizaine de pas avant ses ennemis. Roulant au sol pour amortir sa chute, il se releva dans le même mouvement et fondit sur les deux hommes, l'épée levée et dans un hurlement retentissant ...
Enguerrand
La petite troupe marchait à l'aveuglette depuis un moment déjà et toujours aucune trace des ravisseurs. Pourtant l'atmosphère se faisait plus pesante pas après pas, sans qu'Enguerrand ne comprenne vraiment pourquoi. Il avait certes une grande connaissance des lieux pour les avoir arpentés toute sa petite enfance mais la forêt du domaine était tellement immense qu'il était difficile d'orienter les recherches, ceci sans compter que les ibères pouvaient avoir pris n'importe quelle direction. Il était finalement inutile, un poids pour ses combattants aguerris.

Soudain une étrange bruit se fit entendre, le jeune garçon eut juste le temps de voir Walan en tête de fil, se jeter à terre. Il aurait voulu dire quelque chose mais aucun son ne voulait sortir de sa bouche tellement sa surprise était grande et les évènements s'enchaînaient rapidement. Immédiatement le seigneur de Mions se plaça devant le Vicomte comme un rempart, tout en le poussant légèrement en arrière, son épée dégainée. Il était impossible de voir ni de faire quoique ce soit mais une drôle de sensation l'envahit... la flèche décrochée s'était logée dans l'arbre juste derrière le blondinet. S'il avait été légèrement plus grand, nul doute qu'elle l'aurait touché.

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Max69lyon
Après une longue chevauchée dans la chaleur humide et légèrement étouffante du sous bois, les esprits vagabondaient plus ou moins. Mais le danger pouvait être partout, et les cavaliers se secouaient régulièrement.
D'un seul coup, un sifflement fendit l'air en même temps que la flêche qui l'émettait, et cette seconde alla se ficher dans un tronc avec un bruit sec, après avoir failli transpercer coup sur coup le seigneur de Meyrieu, que ses réflexes avaient sauvé, et le jeune vicomte, que sa petite taille avait tiré d'affaire. Le chef de file lança aussitôt sa monture entre les arbres, du plus vite que le terrain l'autorisait, et même un peu plus, dans la direction de provenance de la flêche, non sans avoir jeté un dernier regard en arrière.
Poussant un rugissement hargneux, l'aspirant capitaine de Vienne tira sa longue lame qui chanta en sortant du fourreau et talona son jeune étalon pour le placer aux côtés de celui du vicomte.

Soulevant son bouclier devant lui, tous ses réflexes de soldat lui revinrent. Souvenirs de combats lointains, en terre d'orient dans sa jeunesse, contre des bandes d'anglois écumant les campagnes après qu'ils aient été battus par les armées royales, contre les écumeurs, ces anciens soldats du Roy, qui, faute de recevoir leur paye, s'étaient fait pillards redoutables à la fin de la guerre, contre quelques brigands plus récemment, dans les forêts de Mions, avec son vieil ami DD, et enfin la croisade à Genève.

Des images de sang et de mort passèrent devant ses yeux. Continuant à guetter la direction de provenance de la flêche, il s'adressa au vicomte, à présent dans son dos, d'une voix puissante et rendue un peu rauque par la proximité du combat et du danger. On y percevait aussi un zeste d'autorité.
Quoi qu'il advienne, ne t'éloignes pas des autres cavaliers Monseigneur. Et pour l'instant, reste derrière moi
Il avait utilisé les titres appropriés, mais c'était à vrai dire plus l'homme qui parlait à l'enfant, que le seigneur au vicomte. Le ton n'admettait pas de contestation. Un regard lui assura d'ailleurs que le garçon n'en menait pas large. Le dur passage de l'entraînement à la réalité. Et il n'avait pas encore vu de crâne fendu ou de ventre ouvert... Tout en cherchant à percevoir Walan, qui s'était jeté à terre à quelques dizaines de pas devant eux, sans qu'il ne puisse deviner la raison de cette chute, pourtant visiblement volontaire, Max cherchait des yeux d'éventuels assaillants, et un abri plus sur que le milieu du chemin, si étroit fut il. Repérant un bosquet serré de noisetiers sur la gauche du chemin, il l'indiqua de l'épée au petit d'Avencourt.
Va derrière ce bosquet Enguerrand. Tu y seras plus à l'abri des flèches et des charges
Certes les minces branches n'arrêteraient surement pas un trait, mais elles cacheraient tout au moins le vicomte au tireur, et stopperait par contre sans aucun doute tout fantassin ou cavalier chargeant vers eux.
Tout en parlant, et en fouillant les sous bois du regard, le seigneur de Mions dirigea sa monture vers le bosquet, couvrant toujours le jeune garçon de son bouclier et de son corps. Il bouillait de rage et d'envie de lacher bride à sa monture pour voler au secours de son ami, mais ne pouvait abandonner Enguerrand ici. Peut être d'autres hommes étaient ils cachés, prêts à leur sauter dessus... et en ce cas, il devrait protéger le jeune noble, de sa vie au besoin.
Les entrailles serrées, d'appréhension pour le capitaine partit seul et leur intégrité à tous, de fureur de ne pouvoir combattre, d'impatience d'en découdre...
Le sang lui était monté au visage, et le peu de ses joues non encore couvert par sa blanchissante barbe était rouge vif. Se dressant sur ses étriers pour chercher, dans une ultime tentative, à percevoir un combat, il lâcha un cri de rage. La fureur de la bataille l'avait gagné, alors qu'il n'avait vu de l'ennemi qu'un trait fiché dans un arbre.
Walan
Même si les deux hommes s'étaient placés dans un endroit à peu près dégagé, l'usage d'une pique et d'un arc n'était guère aisé en pleine forêt. En temps normal, Walan aurait joué de cela, s'arrangeant pour briser les lignes de tir de l'acher, bloquer l'arme du piquier contre un arbre et profiter de l'avantage que lui conférait son épée sur ce terrain.

Mais il n'était pas en temps normal, c'est pourquoi le Capitaine chargeait simplement, brutalement, oubliant par là même toutes les leçons sur la tempérance au combat qu'il avait pu donner. Il n'en gardait pas moins une conscience et une maitrise de ses gestes pleines et entières : ce n'était pas cette fureur sanguinaire qui caractérisait certains combattants qui animait le seigneur de Meyrieu, mais une colère glaciale -la colère du Juste aurait pu dire une pieuse personne- qui, si elle lui faisait occulter certains choix tactiques, le faisait rester tout aussi redoutable combattant, comme l'apprirent à leur dépends les deux ibères.

Voyant l'homme en habits fins -quelque peu maculés de poussière et de terre- le charger, le piquier eut le réflexe de pointer son arme sur lui et de se camper sur ses pieds. Ce réflexe lui aurait été salvateur s'il avait s'agit d'un cavalier et de sa monture lancée au galop, incapables de changer de direction sur la courte distance les séparant. Face à un homme à pied, ne s'encombrant même pas d'un armure qui plus est, cela signa sa perte.

Walan fit un simple bon sur le côté une fraction de seconde avant l'impact et saisit la hampe fermement de sa main gauche, la poussant brutalement en direction de l'ibère. Réflexe malheureux, là encore, le piquier voulut compenser et s'arcbouta pour ne pas reculer. Il n'eut pas le temps de s'apercevoir de son erreur : le Capitaine lâcha l'arme d'hast et la propre force du piquier le précipita sur l'épée pointée sur sa gorge.

L'archer quant à lui s'était empressé de bander son arc mais n'avait pu décocher sa flèche, son compagnon étant placé devant sa cible. Alors qu'il se décalait pour avoir un angle de tir, le seigneur de Meyrieu retira sa lame du corps que la vie venait de quitter et se tourna vers lui, le visage froid ...
Enguerrand
Des combats faisaient rage il l'entendait mais il n'arrivait pas à apercevoir exactement de quoi il en retournait caché derrière son petit buisson. D'un côté, il était déçu et vexé d'avoir été mis à l'écart de la sorte mais d'un autre, il comprenait parfaitement que des adultes veuillent le protéger, d'autant plus que la discrétion était de rigueur, l'heure était déjà bien assez grave sans qu'ils aient à se soucier de la sécurité d'un jeune garçon. Il resta donc tapis là sans dire mot, essayant au mieux de se dégager une ligne de vue sans pour autant se mettre à découvert. Finalement il y parvint... juste à temps pour voir Walan occire un homme à terre.

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Walan
Face à face. Le bruit d'un cheval au galop. Deux yeux qui se tournent.

Il n'en fallu pas plus pour Walan. Saisissant l'instant de distraction de l'archer, il se fendit et effectua une légère attaque de taille sur le bas de l'arc et la corde de chanvre ciré. Son coup aurait tout aussi bien pu viser directement un point vital, mais l'intention du Capitaine n'était pas de tuer son adversaire, pas immédiatement en tout cas.

L'effet de ce simple coup fut redoutable. La corde, entamée, ne fut plus capable de résister à la puissance de l'arc et lâcha brutalement ... vers l'archer. Un coup de fouet aurait eu des conséquence moins dévastatrices et l'homme s'effondra, une trainée sanglante s'étendant sur tout son torse et une partie de son visage.

Le seigneur de Meyrieu s'approcha de l'ibère, pointant sa lame sur sa gorge et posant l'une de ses bottes sur la main droite de l'homme au moment où Max arivait à ses côtés. D'un ton glacial, il s'adressa à son agresseur.

Où l'emmenez vous ? Où ?

Choqué par sa blessure, affolé par l'arme le menaçant, l'homme répondit dans un espagnol par ce qui ressemblait à des suppliques. Insensible, le Capitaine avança un peu plus la pointe de son épée, avant de répéter avec un accent très approximatif.

La mujer ? Donde ?!

Le regard de l'homme se porta rapidement vers une direction précise avant qu'il ne reprenne son babil affolé.

D'un geste de la main, Walan montra à Max vers où la poursuite continuerai et s'en alla d'un pas vif chercher Aistulf qui était allé se réfugier à quelque mètres de là ...
Alyanne
Plus profondément dans les terres de Maubec, c'est une Alyanne à demie sonnée que l'on faisait descendre d'un cheval épuisé par la course rapide à laquelle on venait de le soumettre. La jeune femme ne reprit que lentement ses esprits, une fois que ses pieds touchèrent terre. A vrai dire, on ne lui en laissait pas vraiment le temps, un homme, tel un bourreau pour Alyanne, tenait fermement ses poignets pourtant déjà liés. Sans se préoccuper de la démarche peu assurée de la jeune femme, il la poussa devant lui, la forçant à avancer.
Deux hommes se tenaient derrière eux deux qui, malgré leur air assuré jetait quelques regards nerveux derrière eux.

Alyanne commençait peu à peu à se souvenir de ce qui était arrivé: Elle était avec Sancie, jusqu'à ce que trois hommes surgissent de nul part.. Qu'était-il arrivé après?... Elle ne se rappelait que d'une vive douleur derrière le crâne.

Qu'était-il advenu de Sancie? Avait-elle réussit à fuir? Et Walan? Elle n'osait pas l'imaginer seul devant l'autel... Elle fut tirée de ses pensées par une voix. Une voix qu'elle connaissait malheureusement trop bien. Elle releva la tête. Aznar.
Si lors de leur dernière rencontre, elle était restée tétanisée, cette fois-ci, la vision de l'homme ne produit pas le même effet sur Alyanne. De marbre, le regard dur et fier, elle demeura froide comme elle ne l'était jamais. Elle ne prêtait aucune attention aux mots de l'Ibère, la seule chose qu'elle gardait à l'esprit était Walan.

Il suffit d'un geste à Aznar pour que les trois hommes qui retenaient captive Alyanne se retirent, se dirigeant sûrement à nouveau vers leur destrier afin de repartir au plus vite. Demeurèrent alors seul à seul Alyanne et Aznar, la jeune femme ne représentant à coup sûr pas un grand danger. Il sortit du fourreau qui pendait à son côté une épée relativement courte, il apparaissait évident qu'il avait décidé d'en finir avec la jeune femme ici...

Alyanne ne sembla d'abord ne pas bouger, puis, d'un mouvement vif, elle ne laissa pas le temps à son opposant de réagir qu'elle avait déjà à la main une dague, dissimulée sous sa robe.
Malgré l'insouciance qui l'avait gagnée depuis quelques mois, elle n'en n'était pas demeurée aveugle, elle savait qu'il serait revenu mais si elle avait pû deviner qu'il reviendrait le jour de son mariage... Elle était à présent en proie à une colère intérieure sourde, que personne n'aurait été capable de taire. Pas même Walan, elle en était certaine.

De longues secondes, silencieuses, s'écoulèrent. Il était évident que le combat serait perdu d'avance, les forces étant inégales.
Mais cela importait peu à Alyanne, il lui fallait simplement gagner assez de temps pour que Walan s'aperçoive de sa disparition.

Enfin, Aznar brisa le silence.

Elysabeth..

Pourquoi diable l'appelait-il par le prénom de sa mère? Alyanne ne chercha pas à comprendre, la folie meurtrière qui la gagnait peu à peu l'aveuglait. La pensée de Walan avait cédé sa place à celle de la fille de la jeune femme, de son père, de sa famille...

Meurtrier...

Aznar ne réagit à cette phrase que par un sourire. Sourire qui s'effaça sitôt qu'il se rendit compte que la jeune femme fondait sur lui, dague armée. Il l'évita de peu, mais l'arme laissa une vilaine marque sur tout le torse de l'homme. Il releva son épée avant de l'abattre à nouveau. Alyanne se jetta à terre pour l'éviter. Aznar s'approcha d'elle en une fraction de seconde avant d'abattre à nouveau son épée sur elle. La jeune femme roula sur le côté, sentant le souffle de la lame effleurant son visage. Elle voulut se relever, mais malheureusement, elle ne fut pas assez rapide et l'épée d'Aznar marqua toute la hanche droite d'Alyanne, souillant d'une tâche vermeil sa robe blanche autrefois imaculée.

La jeune femme se mordit les lèvres, elle ne laissa pas le temps à Aznar de contrer son assaut. La haine folle qu'il avait provoqué chez elle réveillait une combativité insoupsonnée.
Alyanne fondit une nouvelle fois sur son opposant et Aznar s'empala de lui même sur la dague qu'elle tenait en avant...
Celui-ci resta un moment interdit, incapable d'articuler un mot il balbutia quelque chose avant d'utiliser ses dernières forces pour relever son arme qui se ficha en dessous de la poitrine d'Alyanne...

Il s'écrasa lourdement sur le sol en arrière et celle qui devait se marier ce jour retomba non loin de lui..
Walan
Les indications de l'homme n'avaient pas été utiles, tant la piste s'était révélée facile à suivre par la suite. Il semblait que les ravisseurs avaient abandonné à partir de ce point toute tentative de se dissimuler et avaient privilégié la vitesse.

Qu'à cela ne tienne, le Capitaine avait lancé Aistulf au galop sur la piste. Quelque temps plus tard, Walan n'aurait su dire si c'était après deux minutes ou deux heures tant il était à sa colère et à la traque, un cavalier venait dans le sens opposé. Ses traits et ses vêtements le désignaient clairement comme ibère et, si cela n'avait pas suffit, l'épée qu'il brandissait vers le groupe de pisteurs affichait clairement sont hostilité.

Le seigneur de Meyrieu ne s'encombra pas de considérations tactiques. Tirant sa propre lame, s'arc boutant sur ses étriers, il se dirigea droit vers l'homme. Le choc fut rapide et brutal ... à son issue, l'un des deux hommes était amputé de tout ce qui se trouvait au dessus de ses épaules tandis qu'une longue estafilade rouge s'étendait sur la manche du second.
Déchirant son vêtement, Walan banda sommairement sa plaie alors que sa monture arrivait en vue d'une clairière, lui permettant de distinguer une silhouette en robe blanche en prise avec un homme armé.

Eperonnant à nouveau Aistulf et passant en flèche devant les deux derniers hommes postés non loin, les laissant à ses compagnons, le seigneur de Meyrieu assista, impuissant, au combat entre sa fiancée et Aznar l'ibère.

L'instant où la lame du meurtrier s'enfonçait dans l'abdomen d'Alyanne sembla durer une éternité, avant que des larmes de rage et de souffrance ne se mirent à envahir le champ de vision du Capitaine et que sa gorge laissait échapper un hurlement de douleur qui tenait plus de la bête que de l'homme.

Les deux combattants étaient tombés à terre depuis moins d'une minute lorsque Walan arriva et se jeta à bas de sa monture. Deux larges corolles écarlates fleurissaient sur la robe de mariée d'un blanc immaculé lorsque l'homme prit la femme qu'il aimait dans ses bras, lui murmurant doucement à l'oreille, la gorge nouée.

Belle dame, je suis ici, tout ira bien désormais, tout ira bien ... tu as vengé ceux que tu as perdus ... tout ira bien ...

Les mots semblaient destinés à convaincre autant la jeune femme que le Capitaine, dont le regard habitué à ce genre de plaies ne cessait d'en voir l'extrême gravité. Ses mains semblèrent agir sans qu'il ne puisse les contrôler, l'une prenant celle de sa belle et l'autre tentant désespérément d'enrayer le flot de sang qui s'écoulait de la blessure et emmenait avec lui la vie d'Alyanne.

Jamais depuis tant d'années le seigneur de Meyrieu n'avait été si désemparé ...
Max69lyon
Walan était venu à bout des agresseurs lorsque Max arriva à ses côtés, Enguerrand en sécurité derrière le bosquet, qu'il ne perdait pas de vue cependant. Le premier ibère gisait mort, baignant dans son sang qui continuait à se répandre par la large blessure laissée par l'épée du capitaine dans sa gorge. Le second était étendu, torse et visage cinglés d'une fine coupure, la main écrasée par la botte d'un capitaine à la froideur terrifiante. Avisant l'arc détendu et la corde ensanglantée, Max compris ce qui s'était passé. Le temps de jeter un regard circulaire alentour pour vérifier que personne n'était en vue, et le blessé indiquait du regard une direction à Walan qui l'avait interrogé. Celui ci, d'un signe de la main, indiqua que la poursuite continuerait par là. Max se remit en selle et fit le tour du bosquet pour dire à Enguerrand qu'ils repartaient tendit que le seigneur de Meyrieu en finissait avec l'ex archer. Tous trois repartirent de l'avant. Walan, en tête, suivait la piste avec une rigueur et une facilité déconcertantes. L'expérience de militaire parlait là sans aucun doute. Enguerrand suivait, concentré sur sa monture, lui qui n'était pas habitué à en monter d'aussi grandes. Max fermait la marche, guettant d'éventuels ennemis embusqués.
La piste devenant plus visible, la chevauché s'accéléra. Ils allaient maintenant au galop, au péril des pattes de leurs montures. Mais celui qui leur ouvrait la route n'avait que sa douce en tête.

D'un seul coup, un cavalier surgit face à eux, lancé à grande vitesse, épée brandie. Forcant l'allure, Max remonta à la botte d'Enguerrand, le faisant se déporter sur la gauche du chemin. Il sortit sa lame en même temps que son ami, mais n'eut pas le loisir de s'en servir: dressé sur ses étriers, Walan chargea celui qui les chargeait. Le choc fut terrible entre les deux cavaliers lancés à pleine vitesse. Mais l'expérience du Dauphinois fut payante, et il visa plus juste. Alors que l'ibère lui entaillait le bras, Walan jeta la tête de son adversaire à bas.
A peine le temps pour lui de bander sa blessure avec un bout de sa tunique, et ils arrivaient dans une grande clairière.
A son autre extrémité, deux silhouettes semblaient en venir aux armes. Le sang de Max ne fit qu'un tour en se rendant compte que l'une d'elles était en robe blanche. Alyanne se battait! Le temps de s'en rendre compte, et son adversaire tombait, transpercé par la courte lame que la mariée maniait. Malheureusement, dans le même temps, l'ibère réussit à lui passer son épée par le corps. Walan hurla d'un cri qui du s'entendre à plus d'une lieue, et fonça droit sur les deux qui s'affalaient sur eux même, transpercés.
Max faillit faire de même, mais il vit sur sa droite une autre menace. Deux cavaliers fondaient sur le Capitaine, qui les ignorait.
D'un coup de talon, le seigneur de Mions poussa sa monture pour leur couper la route. Seul l'un des cavaliers eut la bonne idée de décrire un cercle pour affronter Max de face. Le second préféra pousser sa monture pour passer devant l'aspirant capitaine épiscopal. Ce fut sa dernière erreur. Car s'il passa effectivement devant lui, il ne le fit pas avec assez d'avance, et la pointe de la lame du viennois, d'une attaque de taille, lui fouilla le dos, brisant net quelques vertèbres. L'homme tomba de monture quelques pas plus loin, sans un bruit.
Maintenant son allure, Max ajusta sa trajectoire pour aller droit sur le dernier ibère intact dans la clairière. Il brandissait une pique, redoutable pour le seigneur de Mions, qui n'avait pas d'arme à portée si longue.
Son salut vint de son écu. Depuis bien longtemps déjà, Max avait apprit à utiliser à plein les possibilités offensives offertes par cette pièce défensive. Appuyé sur ses étriers, comme pour une joute, il l'orienta presque parallèlement à l'arme d'hast, faisant glisser celle ci dessus. L'instant d'après, il était à la hauteur du cavalier, et, détendant son bras, il frappa violement l'homme du bouclier aux armes de Mions. La vitesse ajoutée des deux montures donna à ce choc une violence inouïe. Surpris, l'ibère chuta lourdement, alors que Max, rompu aux joutes, parvint à rester en selle.
Tirant sur les rênes, il ralentit sa monture et lui fit faire demi tour.
Lorsqu'il fut près de l'ibère, il mit pied à terre. Il n'eut pas à l'achever. L'angle que formaient tête et corps lui indiquèrent que sa chute s'était mal terminée. Faisant un rapide signe de croix, plus par habitude que par réelle compassion, il remit le pied à l'étrier et s'élança en direction de Walan, à présent au chevet d'Alyanne. Il ralentit en arrivant vers eux.
Apercevant l'auréole sanglante qui souillait un peu plus à chaque instant la robe auparavant immaculée, il eut une grimace.
La jeune femme était très grièvement blessée.
Il redescendit de selle, et s'approcha, remettant son épée au fourreau. S'agenouillant en grimaçant, il posa sur l'épaule de Walan une main qui se voulait réconfortante.
Il ne servirait à rien de retourner à Maubec chercher du secours. Le temps d'y retourner, Alyanne aurait sans doute succombé à sa blessure.
Il se saisit de l'outre en peau qui pendant à sa selle. Elle était à moitié vide, il n'aurait pas assez d'eau pour baigner la blessure de la promise de Walan. Il la déposa à côté de celui ci.
Donne lui à boire. Ensuite j'irai chercher plus d'eau pour laver sa plaie.
Enguerrand arrivait à leur hauteur.
Jeune vicomte, si vous désirez sauver cette belle dame, rassemblez du bois et allumez un feu. La Licorne a bien du vous apprendre ceci pendant les missions non? Puis vous fouillerez les affaires des ibères, ils devaient bien avoir une outre ou un quelconque récipient. Il faudra le remplir d'eau à la rivière la plus proche et la faire bouillir.
Puis Max fit quelques pas vers le centre de la clairière.
Par là, les prés regorgeaient de thym, et ses vertus assainissantes n'étaient plus à prouver. Il ne mit pas longtemps à en trouver une touffe, qu’il dépouilla rapidement. Il mit les tiges dans l’une des poches intérieures de sa cape. Se redressant un instant, il regarda autour de lui. Il aperçut quelques plants de pimprenelle, qui étaient également courants sous ces latitudes. Elle était quand à elle recommandée en application sur les plaies et pour les saignements. Il remercia Aristote de lui avoir mit sous la main ces deux plantes, si courantes et si utiles. Il revint vers les deux promis et commença à effeuiller les tiges de pimprenelle.
Alors qu’Enguerrand revenait avec du bois, il s’adressa à lui.
En allant chercher de l’eau, si vous trouvez des ronces, ramassez en des feuilles. Si vous trouvez un saule, prélevez donc de l’écorce. Vous m’aiderez grandement.
Regardant autour de lui, il repéra une pierre plate. Il posa dessus les feuilles de pimprenelle et les tiges. Saisissant sa dague, il se mit à hacher grossièrement les herbes, et à les écraser avec le pommeau de l’arme. Ses gestes étaient fébriles. Quelques instants plus tard, il amena la bouillie qui s’était ainsi formée à Walan.
Applique donc ceci sur sa blessure. J’ai encore une herbe à chercher qui fait merveille contre les saignements…par contre… [i] Jetant un regard gêné à son ami Elle est déconseillée aux femmes qui attendent descendance… Si Alyanne porte ton enfant, et qu’elle survit, elle risque de le perdre…
L’aspirant capitaine de Vienne n’attendit pas la réponse du capitaine. Alyanne avait de toute façon très peu de chances de survivre, et sans soins, elle n’en avait aucune. En ce cas, si elle portait un enfant, celui-ci ne vivrait pas non plus. Il fallait tout essayer. Il s’éloigna à grands pas en direction de la lisère des bois. La bourse à pasteur n’aimait pas les terrains trop fertiles. Et puis les sous bois regorgeaient eux aussi de plantes utiles.
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