Aleanore

Que sait-on des hommes ? Que sait-on de ceux qui nous entourent, ceux qui partagent chaque instant de notre vie ? Un instant, on s’arrête et on s’interroge sur ce qui motive les gens que l’on aime, les choix, qu’ils soient importants ou pas, qu’ils font pour avancer chaque jour. Les chemins de vie qu’ils se tracent, les émotions qui gouvernent leurs réflexions. En perçant le cœur des hommes, on apprend leurs forces et leurs faiblesses, et les faiblesses sont utiles à connaître. C’est à cela que pense l’Etincelle en regardant le tavernier de l’auberge qu’elle dépasse, mettre un ivrogne à la porte. L’alcool ? Faiblesse. Les noisettes se posent, vaguement attirées par une scène banale, un nobliau contant fleurette à une putain. Luxure ? Faiblesse. Autant de détails qui viennent s’inscrire dans l’immensité qu’est la mémoire de la jeune fille, repensant aux paroles de sa mère, à chaque attaque, une parade. A chaque force, sa faiblesse, il faut savoir en jouer avec adresse, et l’Etincelle avance sur les pavés saumurois, noisettes aux aguets, analysant ce que l’homme fait de mieux : Etre faible.. Ou n’être qu’homme.
Brindille rehaussée de velours et de fourrures qui erre dans les rues de Saumur, pas vraiment à la recherche de quelque chose de spécial, pas vraiment là par hasard non plus. Funambule de sa propre vie, fil doré qui se tend à l’infini comme la patience qu’elle déploie, le papillon se fait araignée pour l’occasion, la jeune fille déambule légère, poupée éthérée poussée par une force hors du commun qui la dépasse, haine implacable qui motive ses gestes, et dirige ses pas vers un but défini depuis le début : Sa mort. Sa mort qui lui renvoie au visage sa propre faiblesse : N’être que femme. Les noisettes se voilent un instant, et quelle femme, moue dédaigneuse s’adressant à sa propre personne, incapable d’avoir pu résister, incapable d’avoir pu défendre ce qu’elle avait de plus précieux avant même la vie. Adepte de la haine et du mépris, battue à son propre jeu et rabaissée plus bas que la plus basse des putains par un homme qui ne méritait même pas qu’elle pose les yeux sur lui. Sa Faiblesse. S’ajoutant à cela, une trop grande ignorance dans cet art qu’elle veut développer pour en finir avec lui, elle doit apprendre. Et alors que cette sentence résonnait dans son esprit, il était rentré dans sa vie assenant les mots à un autre qu’elle, avec une telle conviction dans la voix, que les mots étaient restés gravés en lettres flamboyantes dans l’âme meurtrie de la jeune fille. « Il reste tant à apprendre. »
Evidence qui avait sauté aux yeux de la jeune fille, appuyée en cela par le nom de l’homme qu’elle voyait comme un signe. Nerra. Les mots avaient dansé, sarabande lyrique étalée sur un vélin, écriture hâtive, la plume avait crissé, pleuré ses larmes sombres sur le parchemin tandis que l’esprit torturé de l’Etincelle s’égarait dans les requêtes, explications et autres justifications pour arriver à intéresser le Colosse. Les vélins avaient fini déchirés, les valets houspillés, les vases brisés, seules épargnées par le cataclysme, Clarisse, Fiora et sa Duchesse qu’elle voulait préserver puisqu’elle la savait convalescente du fait de sa récente grossesse. Et finalement, laconiques, les mots avaient été jeté en désespoir de cause.
Humbles, les mots pour la première fois de sa jeune vie, parce qu’il impose le respect ? Non, Aléanore, au grand damne de ses parents, ne respecte rien, ni personne. Humbles, parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose à apprendre, que l’homme a vécu. A-t-il tué ? Les cicatrices en masse ne laissent aucun doute là-dessus. A-t-il aimé ? Les azurs si familiers et pourtant si différents, ne trompent pas. Et alors que ses pas la guident vers la bâtisse qu’on lui a indiquée comme étant la sienne, la jeune fille s’interroge sur l’essentiel. Connaît-il la haine ?
Les noisettes étincelantes se lèvent sur les fenêtres, essayant de savoir où il se trouve. Immobile poupée malgré le froid qui attend devant la masure, fragile brindille qui pourrait se briser d’un mouvement brusque s’il n’y avait ce soutien inébranlable qu’est la haine. Et dans le brouillard de Saumur, une Etincelle obéit pour la première fois à un ordre donné : Aller au diable. Elle y est, et maintenant ?
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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl
Brindille rehaussée de velours et de fourrures qui erre dans les rues de Saumur, pas vraiment à la recherche de quelque chose de spécial, pas vraiment là par hasard non plus. Funambule de sa propre vie, fil doré qui se tend à l’infini comme la patience qu’elle déploie, le papillon se fait araignée pour l’occasion, la jeune fille déambule légère, poupée éthérée poussée par une force hors du commun qui la dépasse, haine implacable qui motive ses gestes, et dirige ses pas vers un but défini depuis le début : Sa mort. Sa mort qui lui renvoie au visage sa propre faiblesse : N’être que femme. Les noisettes se voilent un instant, et quelle femme, moue dédaigneuse s’adressant à sa propre personne, incapable d’avoir pu résister, incapable d’avoir pu défendre ce qu’elle avait de plus précieux avant même la vie. Adepte de la haine et du mépris, battue à son propre jeu et rabaissée plus bas que la plus basse des putains par un homme qui ne méritait même pas qu’elle pose les yeux sur lui. Sa Faiblesse. S’ajoutant à cela, une trop grande ignorance dans cet art qu’elle veut développer pour en finir avec lui, elle doit apprendre. Et alors que cette sentence résonnait dans son esprit, il était rentré dans sa vie assenant les mots à un autre qu’elle, avec une telle conviction dans la voix, que les mots étaient restés gravés en lettres flamboyantes dans l’âme meurtrie de la jeune fille. « Il reste tant à apprendre. »
Evidence qui avait sauté aux yeux de la jeune fille, appuyée en cela par le nom de l’homme qu’elle voyait comme un signe. Nerra. Les mots avaient dansé, sarabande lyrique étalée sur un vélin, écriture hâtive, la plume avait crissé, pleuré ses larmes sombres sur le parchemin tandis que l’esprit torturé de l’Etincelle s’égarait dans les requêtes, explications et autres justifications pour arriver à intéresser le Colosse. Les vélins avaient fini déchirés, les valets houspillés, les vases brisés, seules épargnées par le cataclysme, Clarisse, Fiora et sa Duchesse qu’elle voulait préserver puisqu’elle la savait convalescente du fait de sa récente grossesse. Et finalement, laconiques, les mots avaient été jeté en désespoir de cause.
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Al Señor Eikorc de Nerra,
Buenos Dias,
Les mots sont faibles pour exprimer toute l’importance de ce que je m’apprête à vous demander, car il s’agit d’une requête, évidemment.. J’ai vu les changements opérés sur Jules, je sais aussi que vous en êtes en grande partie responsable, et pour cela, je vous remercie.
Vous avez dit qu’il avait beaucoup à apprendre. Moi aussi. Vous connaissez mon aversion pour un homme, vous connaissez aussi mon désir d’en finir avec lui. Je n’y arriverai pas seule, parce que je ne sais pas. Je dois apprendre.
Comme cette lettre peut paraître puérile, et pourtant, c’est une supplique que je vous adresse. Aidez moi à apprendre, vous que l’on appelle El Diablo, aidez moi à envoyer cet homme en enfer.
Je viendrai chercher votre réponse, si réponse il y a, vers tierce.
Aléanore.
Humbles, les mots pour la première fois de sa jeune vie, parce qu’il impose le respect ? Non, Aléanore, au grand damne de ses parents, ne respecte rien, ni personne. Humbles, parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose à apprendre, que l’homme a vécu. A-t-il tué ? Les cicatrices en masse ne laissent aucun doute là-dessus. A-t-il aimé ? Les azurs si familiers et pourtant si différents, ne trompent pas. Et alors que ses pas la guident vers la bâtisse qu’on lui a indiquée comme étant la sienne, la jeune fille s’interroge sur l’essentiel. Connaît-il la haine ?
Les noisettes étincelantes se lèvent sur les fenêtres, essayant de savoir où il se trouve. Immobile poupée malgré le froid qui attend devant la masure, fragile brindille qui pourrait se briser d’un mouvement brusque s’il n’y avait ce soutien inébranlable qu’est la haine. Et dans le brouillard de Saumur, une Etincelle obéit pour la première fois à un ordre donné : Aller au diable. Elle y est, et maintenant ?
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La Rançon du Succès d'une Pouffy-girl