Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Des mouvantes retrouvailles.

Simone_de_beauvoir
Sur sa paillasse elle somnole encore, malgré le jour blafard qui filtre à travers ses volets et lui chatouille les paupières. De retour de voyage, elle a quelques nuits de sommeil de retard, et une migraine qui lui vrille les tempes. Elle finit par ouvrir des yeux clignotants, constate qu’elle est épuisée d’avoir trop dormi, et décide de soigner le mal par le mal. Quelques heures plus tard, alors que le jour décline en grisaillant, elle est toujours aussi profondément endormie. Un léger choc, comme la collision d’un corps mou avec son édredon, la réveille à demi. Elle se redresse légèrement, les yeux embrumés, les cheveux plaqués sur le visage.

Mmhfaust ?

Persuadée d’avoir affaire à son chat, elle le cherche à tâtons pour le serrer contre elle avant de se rendormir dans sa chaleur ronronnante. Sa main touche quelque chose de doux qu’elle s’empresse de rapatrier contre son cœur, avant de se rendre compte qu’il ne s’agit pas du tout, mais alors pas du tout, de son chat. Encore à moitié dans les vapes, elle bondit hors de son lit dans un glapissement de terreur.

La brusque froidure lui rend à peu près ses esprits. Avec circonspection, elle écarte le rideau de mèches en bataille pour essayer d’y voir plus clair. Sur la paillasse trône un pigeon à l’air particulièrement content de lui. Il ne doit pas avoir l’habitude d’être si bien accueilli, tant il est rare qu’on cède si facilement son lit à un volatile, aussi fourbu soit-il. Simone, qui a parfois le sens de l’autodérision, commence par rire franchement de sa propre réaction, mais son mal de crâne se fait à nouveau ressentir, et le froid qui règne dans la pièce, alors qu’elle n’est qu’en chemise, achève de la dégriser. Maussade, elle s’habille rapidement et au hasard, avant d’entreprendre de s’emparer du pigeon.


P’tain de retour… C’est fou comme on s’sent accueillie… Foutrestote, encore une journée qui commence bien… Et il fait presque nuit déjà.

L’animal, mis en confiance par l’accueil royal, se laisse attraper facilement. Simone réfrène son envie de lui tordre le cou et examine ses pattes. L’une d’elles est baguée. La jeune fille soupire rageusement.

Allons bon… Tel que c’est parti, à tous les coups ça va être une convocation quelconque, une stupide mise en procès pour avoir acheté je n’sais quoi je n’sais où…

Avec résignation, elle défroisse le vélin et celui-ci éclaire son visage comme un soleil. D’abord interloquée par les premières lignes anonymes au style pourtant familier, elle reste figée à la lecture de la signature. Quelque chose se dénoue dans sa poitrine, et tremblante elle se laisse tomber sur son lit. Alors elle laisse libre cours à un extraordinaire fou rire nerveux. Tordue, convulsée, elle se tient le ventre, les joues en feu. Et sur ces joues coulent bientôt des larmes de soulagement tandis qu’elle continue de rire.

Vivante…

Au terme d’un temps indéfini, rendu élastique par le rire et l’émotion, son souffle ralentit, ses hoquets s’apaisent. Calmement elle relit la missive, et il s’en faut de peu qu’elle ne reparte dans un nouveau fou rire. Cahors… Là où elle se trouvait l’avant-veille. Mais c’est ce qu’elles savaient faire de mieux, se croiser, se rater, se manquer. C’était ce en quoi avait consisté la majeure partie de leur relation.

Fébrile, Simone se saisit d’un parchemin vierge et d’un calame qu’elle tailla nerveusement en biseau. Nerveuse, sa main dérapa et le couteau entailla la pulpe de son pouce. Sans y accorder plus d’attention, elle écrivit en pissant tranquillement le sang.




Isa…


Une perle de sang s’écrasa juste à cet emplacement. Avec un soupir elle récrivit.



Isadora…

Bouge pas, j’arrive.

S.


La signature fut ponctuée d’une nouvelle tache sanglante. Prestement, Simone roula la missive sur elle même et l’attacha à la patte du pigeon qui ne semblait pourtant pas pressé de repartir, mais elle n’en avait pas d’autre sous la main.

Retourne vers ta maîtresse, elle te nourrira mieux que moi. Moi j’ai rien. Allez, envole-toi. Mais dégage ! Vite. C’est urgent.

Espérant que la reconnaissance du ventre accélèrerait son retour, elle se garda de le nourrir et le balança par la fenêtre avec force jurons et imprécations diverses. Avec une excitation mêlée d’inquiétude, elle le regarda s’éloigner, tache noirâtre sur le ciel mauve. Et tu ouvres les ailes et tu t’envoles… Je voudrais te suivre mais je pèse des tonnes.


Rajout balise par mes soins.

{Lilou}

_________________
Isadora.staicquachet
Isadora se réchauffait dans une auberge de Cahors, la première devant laquelle elle était passée. Elle attendait patiemment qu'on lui serve de quoi se sustenter, reprendre un peu des forces, et de trouver un lit où s'étaler de tout son long.

Elle avait pris le temps d'envoyer quelques missives pour signaler son retour à quelques personnes qui auraient pu ne pas l'oublier, voir l'attendre. Elle se demandait qu'elle serait leurs réactions.

Dans l'auberge, l'ambiance était étrange, ça sentait le duel ou le règlement de compte, et ça distrayait Isadora. C'était sa plus grande peur ici : l'ennui.

Avant même que l'aubergiste ne se décide à prendre sa commande, deux pigeons, presque simultanément, vinrent cogner à une vitre. L'un d'eux était accompagné d'un magnifique oiseau qu'Isadora aurait reconnu entre mille. L'aubergiste récupéra les missives et lança l'appel :


Deux courriers pour une Damoiselle Isadora !

Elle savait déjà que l'un était pour elle, mais les deux! Isadora donna une piécette à l'aubergiste, laissa les pigeons et oiseau retourner où bon leur sembler et décacheta son courrier.

La première venait d'Espalion, Isadora n'avait absolument aucune idée de là où ça se trouvait. Elle la fit sourire. Certaines diablesse ne changeait vraiment pas...

La deuxième était extrêmement courte mais lui fit bondir le cœur de joie !
Simone allait arriver ! Elle qui avait peur de devoir croupir pendant quelques semaines avant de pouvoir prendre les chemins toute seule, risquer sa vie toute frêle...

Elle était soulagée et impatiente de retrouver un visage connu.

En attendant son ventre criait famine...
Simone_de_beauvoir
Sitôt le pigeon envolé, elle s'était rendue à son bureau de tribun pour distribuer quelques épis de maïs à ses petits protégés, de crainte qu'ils ne meurent de faim durant sa courte absence. Certains d'entre eux étaient encore si fragiles... Ceci fait, elle rentra chez elle pour préparer son départ. Habituée à voyager léger, sa musette pour seul bagage, elle avait pourtant ces derniers fait l'acquisition d'un mulet pour transporter sa marchandise. Elle décida donc d'en profiter pour lui faire porter son équipage.

Dans une petite malle elle entassa tout ce qu'elle put trouver qui lui parut nécessaire à son amie. Pain, maïs, bouclier, chemise, bas, houppelande, ainsi que ses propres affaires. La malle bouclée, elle tenta de la déplacer et devina que son poids risquait de faire crever la malheureuse monture. Avec un soupir elle comprit qu'elle avait dû quelque peu s'embourgeoiser, pour ne plus se déplacer qu'avec un tel harnachement. Rouvrant la malle, elle en retira tout ce qui n'était pas de première nécessité, et tout compte fait se contenta de sa besace remplie de vivres, et de deux grands châles dans lesquels s'emmitoufla immédiatement le chat. Nourri rapidement d'une brassée de foin, le mulet fut détaché et emmené malgré tout, au cas où Isadora serait trop faible encore pour marcher quelques lieues. Dans ce cas, elle serait bien assez légère pour une mule.

Après un bref tour des tavernes pour prévenir de son départ, Simone prit donc la route, la longe à la main, se sentant étrangement légère de n'avoir rien à porter. Enthousiaste, motivée par le froid pinçant à allonger la jambe, elle sautillait gaiement sur le chemin, sans crainte des armées ni des forbans. Aussi le trajet fut-il particulièrement rapide.

Arrivée en pleine nuit, bien avant l'aube, elle envisagea la situation. Bien évidemment elle n'avait pas pensé avant de partir à lui demander où elle créchait. Ç'eût été trop simple. Donc, deux options s'offraient à elle. Soit l'objet de sa quête était occupé à s'enfiler des chopines dans une taverne, soit il était confiné dans une auberge à feuilleter des bouquins de la taille d'une roue de charrette. La première éventualité étant à la fois la plus pratique et la plus attrayante, elle entreprit la tournée des bouges de Cahors.

À l'entrée de chacue d'entre eux, donc, elle beuglait tranquillement, faisant sursauter les braves consommateurs qui en renversaient leurs godets.

IIIIIII-SAAAAAA ?

_________________
Isadora.staicquachet
Isadora avait la tête dans une soupe fumante lorsqu'elle entendit quelqu'un beugler son prénom. Elle releva la tête surprise.
Simone !
Déjà là !
Elle avait l'impression que c'était il y a seulement quelques heures qu'elle avait reçu sa missive... Incroyable !
Elle pensait qu'elles se rateraient encore, qu'un évènement ferait qu'elles ne pourraient pas se revoir aussi vite et aussi facilement.
Et non, elle était là.
Isadora se leva, tout sourire, et dit bien haut pour couvrir le bruit des conversations :


Hé ! Je suis là Patate!

Elle écartait déjà les bras, prête à lui faire la plus chaleureuse des embrassades.

Elle sentait quelques regards passer de Simone à elle, la curiosité et un peu d'action inhabituelle sortait les badauds de leur picole.

Et puis vu l'allure déguenillée d'Isadora et sa tête de vagabonde, ils s'attendaient peut-être à une attaque de brigands fous... Remarque malgré la fumée du feu de cheminée mal aéré, et des divers mets fumants à travers la pièce, Isadora semblait voir que les atours de Simone étaient bien plus seyants que les siens... Ils devaient plutôt se demander ce qu'une fille de belle allure venait traînailler avec une pauvresse dégingandée...
Simone_de_beauvoir
Un visage familier émergea d'un bol de soupe en se fendant d'un sourire. Simone le fixa hébétée. Elle avait beau s'y attendre, et même être venue pour ça, sur le moment ça lui faisait un choc. Elle détailla le visage en question, ses traits à peine plus marqués que dans ses souvenirs, ses cheveux un peu plus ébouriffés. Et les bras qui s'écartent, et dans lesquels elle se jette en riant nerveusement.

J'ai cru ne jamais t'revoir, tu sais...

La serrant contre elle, elle remarque sa maigreur, sa peau glacée sous les frusques. Elle l'enveloppe de ses bras comme pour se faire mantel, puis desserre son étreinte pour extraire l'un des châles de son sac.

Tiens, emmitoufle-toi avant d'attraper la mort. Puis rassied-toi et mange tout ton soûl, c'est moi qui régale. T'en as bien besoin.

Un sourire au coin des lèvres, elle se recule pour l'observer encore, se repaitre d'une image qui lui a tant manqué.

Vrai qu'à tes côtés je suis une patate... Spèce de haricot ! Allez, mange donc, puis tu me raconteras... Où donc es-tu allée ? Tu as quitté le royaume alors ? Tu es allée sur la mer ? Tu as vu des sirènes et des cyclopes ? Des licornes peut-être ? Des nègres ? Raconte !
_________________
Isadora.staicquachet
Isadora, la chaleur du corps de Simone contre elle, sentit qu'elle pourrait facilement s'émouvoir et verser sa petite larme d'émotion. Mais elle n'allait pas commencer par faire pitié, déjà que son apparence faisait peine à voir...
Elle fut heureuse de voir que son Simone semblait aussi émue qu'elle.
Un léger silence suivi de quelques murmures avaient accompagné leurs embrassades, puis elles prirent place à la table, l'auberge retrouva son ambiance habituelle.

Lorsque Simone sortit un châle de son sac et le posa sur ses épaules, Isadora se sentit comme enveloppée de douceur et de chaleur. ça faisait tellement de bien de retrouver un visage amical après tous ces mois loin de tout.
Elle sourit entre deux longues goulées de soupe entendant l'impatience de Simone.
Elle s'amusa un peu à faire traîner les dernières gouttes de son repas, histoire de faire trépigner un peu la jeune fille.
Puis elle se décida enfin à tout raconter.

Elle raconta les villes traversées du Royaume de France, où chaque personne lui semblait vite aussi ennuyante que la précédente. Elle ne prêtait plus aucune attention aux problèmes politiques, se gaussait des plaintes des paysans et raillait les ecclésiastiques... plus personne n'obtenait grâce à ses yeux. Elle devenait de plus en plus solitaire. Passée dans les rues tel un fantôme, dans le meilleur des cas elle trouvait un travail d'une journée, se nourrissait, dormait un peu au sec et pouvait repartir sur les routes. Dans la pire des situations, elle avançait le ventre vide, l'œil hagard.

Elle finit, sans trop savoir comment par franchir une frontière, puis deux puis trois puis... elle ne sait combien. Il faisait de plus en plus froid, les langues étaient de plus en plus incompréhensibles, les gens de plus en plus suspicieux.

Elle raconta ensuite sa rencontre avec un Comte richissime qui tomba fou d'amour pour elle... qu'elle le suivit parce qu'elle n'avait rien de mieux à faire. Qu'elle l'épousa parce qu'elle trouvait l'idée confortable, qu'elle le laissa lui faire deux paires de jumeaux et l'enfermer dans son château parce qu'elle avait perdu toute envie d'Être.

Isadora commençait à avoir du mal à articuler. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas autant parlé d'un coup. Sa gorge était un peu sèche. Elle montra à Simone sa chopine vide, elle espérait bien que celle-ci ferait en sorte de la faire remplir rapidement.
En attendant, elle continua son discours.
Simone semblait boire ses mots. Et quelque part c'était un soulagement que de se confier enfin à quelqu'un. L'impression de se débarrasser d'un poids un peu trop lourd depuis trop longtemps.

Après quelques mois à pouponner, Isadora commençait vraiment à sentir qu'elle faisait fausse route, tout ceci n'était pas sa vie. Ce n'était pas Elle.
Le Comte de Staicquachet ne voudrait jamais la laisser partir, elle le savait. Elle ne pourrait pas non plus s'enfuir avec ses enfants... comment pourrait-elle s'en occuper et leur apporter tous les soins et le bonheur dont ils ont besoin sur des chemins escarpés, sans un denier en poche ?

Un soir de pleine lune, elle embrassa ses quatre enfants et prit la fuite. Elle pensait que le Comte, même s'il se mettrait à la haïr, prendrait soin de sa propre progéniture...

Il la fit poursuivre sans relâche, peut-être même que dans cette auberge même, un de ses émissaires était encore là à l'épier.
Fréquemment elle avait du se cacher, se battre, user de moult stratagèmes pour échapper à leurs griffes.
Après plusieurs semaines... Peut-être le Comte comprit qu'il ne parviendrait pas à la récupérer, peut-être voulut-il se venger, peut-être devint-il fou...
Elle reçut, chaque jour, pendant deux semaines, des petits tas d'osselets... les os de ses enfants. Son mari, leur père, les dévorait...

Pendant des semaines elle ne sut plus quoi faire. Elle savait qu'il était inutile de retourner là-bas, c'était trop tard, et elle n'y trouverait que l'enfermement ou la mort.
Elle n'arrivait pourtant plus à avancer.
Puis la faim, l'instinct de survie fut le plus fort. Elle repartit sur les routes. Elle arriva jusqu'à Cahors. Elle avait parcouru tant de kilomètres. La ville était calme, il y avait encore des gens qui manigançaient dans les coins, toujours les mêmes histoires. Mais elle voulait croire qu'un changement, un bon, était possible pour elle.
Alors elle avait écrit à Simone. Voilà. Parce qu'elle voulait de cette vie de chemin qu'elle avait toujours rêvé, mais pas seule. Et que Simone était la seule pour qui elle avait gardé un souvenir "pur" (c'était étrange dans une même phrase d'accoler Pur et Simone, mais finalement ce n'était pas paradoxal), et la seule en qui elle pouvait avoir confiance, elle le sentait.
Et, pour l'instant, on dirait qu'elle avait raison. Et elle en était heureuse.


Isadora s'arrêta de parler, elle était à bout de souffle.

_________________
Simone_de_beauvoir
Elle écouta. Elle écouta avec l'avidité d'écolière dont elle savait faire preuve dès qu'il s'agissait d'apprendre. Elle écouta avec les yeux brillants d'une gamine à qui l'on raconte des histoires d'horreurs au coin du feu. Elle écouta avec une attention proportionnelle à son admiration pour Isadora. Comme elle le supposait, rien de ce qui avait dû lui arriver ne saurait être banal.

Elle avait vu juste. Si les débuts du récits lui rappelèrent les siens sur les chemins, alors qu'encore toute jeunette, elle découvrait le monde et la vie, l'ennui d'un travail quotidien et de villes et de journées qui se ressemblent toutes, bientôt l'histoire se fit exotique. Simone retint son souffle. Des frontières, un riche étranger, de l'amour... Des jumeaux ? Elle haussa les sourcils. Jamais elle n'avait envisagé que cet esprit libre dans un corps gracile pût être celui d'une matrone... Elle ne souffla pourtant mot, se contentant d'emplir la coupe de vin chaque fois qu'elle se vidait.

Mais elle sut qu'elle ne s'était pas trompée lorsque vint le passage de la fuite en avant. Elle sourit avec émotion, ravie de comprendre combien elles deux se ressemblaient finalement. Le sourire se figea brusquement, avant de se muer en une grimace d'horreur. Le souffle court, elle l'entendit débiter d'un ton monocorde une sinistre histoire de sang, de folie d'amour et de meurtre. Quoique d'un tempérament fort peu maternel, elle chercha un instant à se mettre à la place de la jeune mère. Il lui parut évident qu'elle n'avait pas eu d'autre solution. Il aurait été folie d'emmener quatre nourrissons vagabonder sur les chemins, tout comme il aurait été folie de retourner se jeter dans la gueule du loup en espérant les sauver. Et elle savait qu'à sa place elle aurait agi de même, y compris en connaissant les conséquences possibles de ses actes.

Elle n'osa en faire part à son amie, de crainte de passer pour un monstre, mais l'amour qu'on pouvait porter à un être encore débile et dénué de parole ne saurait jamais, à ses yeux, justifier sa propre entrave, non plus que celle d'une amie. Osant poser une main sur la sienne, elle tâcha de se montrer réconfortante.


Tu as bien fait, Isadora... Tu n'as pas eu le choix. Bois et n'y songe plus, ne songe plus, je m'occupe de tout, je m'occupe de toi. Nous repartons demain si tu le veux bien. J'ai... J'ai acheté un mulet il y a peu, si tu ne te sens pas de marcher. À côté de mes marchandises, tu vas lui paraître une plume. J'ai également apporté de quoi te requinquer, du bon maïs récolté avec amour de mes blanches mains... Bon d'accord, récolté par quelqu'un que j'ai embauché avec amour de mes blanches mains. Hé hé, j'm'embourgeoise, tu vois ! Non, en fait ces champs sont une acquisition très récente, mais ils n'm'empêchent pas d'me balader. Je... Enfin, je t'expliquerai ça en détail plus tard, mais à Montauban j'ai quelques amis avec qui je voyage parfois... Si tu voulais... te joindre à nous, tu serais la bienvenue, j'en suis sûre.
_________________
Isadora.staicquachet
Isadora avait bu tout de même pas mal de vin. Sans s'en rendre compte, tout en parlant, elle enfilait les verres.
Lorsqu'elle s'arrêta de parler, et qu'elle dut se concentrer sur les mots de Simone, elle se rendit compte que le bar autour d'elle flottait légèrement autour d'elle, que ça tanguait même sévère.
Elle sentit les doigts de Simone se poser sur sa main, elle les serra fort, c'était une chose stable, agréable, et ça lui permettait de garder un peu de réalité.

Elle entendit vaguement les mots de son amie : mulet, plume, blanches mains, bourgeoise, Montauban, voyage.
Elle acquiesça à tout. Elle but encore quelques gorgées de vin, c'était bon et chaud à l'intérieur.
Hihi, et Simone était toute jolie à flotter comme ça autour d'elle, sa bouche s'étirait toute grande, ça donnait envie d'y glisser un doigt...



Hé!! Smoi que t'appelles mulet... héhéhéhé.
Vivivi, on voyage on voyage.
Jvais zoskou bout du monde avec toi, moi.
Montauban me voilà!!

Oh dis, on prend un peu de ce vin pour la route, hein ?


Elle prit la main de Simone, et la baisa du bout des lèvres, comme pour la supplier. Elle gloussait un peu en même temps. C'était bon de se laisser aller.

Hé... si on s'amusait avec un des maraud qui traîne là ? Tu veux pas provoquer un nouveau duel ! Pis moi j'arbitre. Hihihi.

_________________
Simone_de_beauvoir
Elle sourit avec attendrissement aux adorables élucubrations, ravie qu'Isadora n'e^t pas le vin triste. Tant qu'elle ne pensait plus aux horreurs passées... Elle avait pour sa part picolé presque autant, mais à force de s'amuser avec Naeld à vider les stocks des tavernes montalbanaises, elle avait acquis une certaine expérience... Pour ne pas dire qu'elle avait pris de la bouteille.

Montauban c'est pas l'bout du monde, mais on va commencer sagement par là, le temps qu'tu t'remplumes, d'acc ?

D'un geste elle héla la tavernière pour lui acheter deux bouteilles du raisiné qui semblait tant plaire à son amie et, avec un clin d'œil à son adresse, les glissa dans sa musette.

Spas pour tout de suite, hein... Ce soir tu te contenteras de finir ce pichet, ou tu vas d'voir roupiller sur un coin de table. La route, j'pensais la prendre ce soir, mais vu ton état... On va p't-être crécher ici, et partir à l'aube si t'es en forme.

La main d'Isa ne la lâchait plus, comme cherchant à s'ancrer dans le réel malgré la brume éthylique qui les enveloppait. Même, elle la porta à ses lèvres. Simone en rougit, vaguement gênée, tout autant qu'émue.

Euh... Pas ce soir, le duel, si on doit partir tôt... À Montauban j'provoque tout c'que tu veux, promis, et tu arbitreras ce que tu voudras... Pour l'heure j'crois qu'on va plutôt aller se coucher, s'tu veux bien ?

Passant un bras autour de sa taille, elle la soutint jusqu'au comptoir sur lequel elle déposa sa bourse. Au bruit alléchant de métaux entrechoqués, l'aubergiste accourut pour leur attribuer une chambre, se proposant même d'aider la belle pochetronne à monter l'escalier vermoulu. Simone préféra lui confier son sac, craignant qu'à la faveur de l'obscurité et de l'ivresse isadorienne il n'eût les mains trop baladeuses.

_________________
Isadora.staicquachet
Oueeep, commençons par Montauban, stuveux TiCastor. Jte suis jte suis.

Isadora eut un petit gloussement bien aviné en voyant Simone mettre dans son sac les deux bouteilles de vin.

D't'façon jpeux plus faire grand chose d'aut' qu'êt' d'accord avec toi là. Hein.

Isadora vit les joues de Simone devenir un petit peu rouge lorsqu'elle s'amusa à les baiser. Elle sourit, toute attendrie. L'alcool la rendait joyeuse et pleine d'affection. Et lorsque Simone l'enlaça pour l'aider à se relever et à l'amener jusqu'à une chambre, tout en parlant de duel, Isadora en profita pour s'agripper à elle et lui faire un gros bisou sonore sur la joue.

T'es troooop meugnone toi ! Stu bas en duel, jf'rais ta PomPom !

Disant cela elle tenta un pas de danse chaotique et déséquilibré, le tout accompagné d'un chant aussi faux qu'un roulement de cailloux dans un précipice.

Vlà le Castor. 'Tention à la Castagne. Vlà la Simone. En voiture pour la pogne !!

Danse et chant s'arrêtèrent nets lorsqu'Isadora manqua perdre complètement l'équilibre et s'effondra dans les bras de Simone, auxquels elle s'agrippa de toutes ses forces.

Pfiou. Jcrois que j'ai vraiment mon compte. Pas bu comme ça dpuis des lustres.
Dis on va scoucher hein ?
Pis n'en profites pas hein !


Isadora eut encore un petit rire, mais elle était déjà plus qu'à moitié en train de dormir. Pesant de tout son poids sur Simone, elle avançait tant bien que mal, cherchant juste à repérer dans le flou, l'endroit où elle pourrait s'aplatir et sombrer.

Elle réussit encore à prononcer quelques paroles...


Tu me réveilles quand tu veux qu'on parte. S'il faut tu me roules jusque sur ton mulet.

La voix un peu plus douce et émue :

Et merci Simone. D'être là. Et tout ça.
Merci.

_________________
Simone_de_beauvoir
Un léger pincement au cœur, du côté des souvenirs, en réentendant le surnom. Il y avait bien longtemps qu'on ne l'avait appelée ainsi. Un sourire nostalgique flottant sur les lèvres, elle s'appliquait à aider son amie à grimper les escaliers tout en prêtant une oreille distraite à ses divagations. Elle en était à se demander ce que pouvait bien être une pomme-pomme quand ladite pompom autoproclamée gicla hors de ses bras pour entamer une chorégraphie des plus avant-gardistes.

Surprise, et légèrement embarrassée devant l'aubergiste qui ne perdait pas une miette du spectacle, Simone fut néanmoins touchée de cette démonstration en son honneur. Celle-ci fut de courte durée puisque les jambes d'Isadora ne la portèrent pas longtemps. Vacillantes, elles se cramponnèrent l'une à l'autre en basculant sur l'hôtelier, fort heureusement assez massif pour les rattraper.

Confuse, Simone se répandit en excuses plates tandis que l'ivrognesse continuait de délirer, s'enferrant jusque dans des sous-entendus grivois, qui ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd mais bien dans celles du tavernier narquois, qui les quitta en leur laissant ostensiblement "plus d'intimité", et leur souhaita "une excellente nuit, pas trop reposante tout de même".

Écarlate et furibonde, la jeune fille se tourna vers le lit où gisait son amie au moment où celle-ci, d'une voix si douce qu'elle en était enfantine, la remerciait d'être là pour elle. Brutalement déshabillée de toute sa colère, Simone crut un instant fondre en larmes. Elle avait beau tenir l'alcool, celui-ci avait tendance à exacerber sa perception, et la soirée avait été riche en émotions. La gorge nouée, elle hocha la tête en silence avant de réussir à prononcer quelques mots.


Tout le plaisir est pour moi.
_________________
Isadora.staicquachet
Isadora s'aplatit de tout son long sur le lit. Dès qu'elle l'avait vu, elle s'y était laissée tomber comme un masse. Entendant à peine les derniers mots prononcés par Simone, elle tenta vainement d'ôter ses chausses et quelques bouts de ses vêtements, puis renonça et s'endormit le nez fourré dans le châle offert par Simone, comme un doudou réconfortant.

Sa nuit fut pleine de rêves étranges et emmêlés, des épées pourfendaient des nuages, des castors grignotaient des bouts de bois qui se transformaient en serpent à plume, des litres de vin venaient la submerger...

Elle fut presque soulagée d'ouvrir les yeux et de voir le jour poindre. Si ce n'est le mal de tête violent qui lui enserrait le crâne. Elle enfouit sa tête sous la couverture et enturbannée dans le châle, elle rumina contre elle-même.
Elle espérait qu'il lui restait encore de longues minutes avant de devoir mettre un pied par terre... et prendre la route.
Elle zieuta vaguement sur le côté et crut déceler le corps endormi de Simone, à moins que ce n'était que la couverture et le taux d'alcool qu'elle avait encore dans le sang qui lui jouaient des tours. Elle préféra ne pas enquêter plus loin, et renfouit de nouveau toute sa tête dans le sombre de la couette, et ferma les yeux, priant pour que la douleur s'évanouisse.

_________________
Simone_de_beauvoir
Isadora dormait déjà, affalée en travers de la paillasse. tira la couverture de sous son corps pour l'en recouvrir, puis lui retira ses chausses avec une grimace critique. Usées, percées, elles laissaient passer le froid autant que l'humidité. Il faudrait songer à lui en racheter, à Montauban. Elle se déchaussa elle-même puis entra dans le lit, moins pour y dormir que pour se réchauffer.

Enfouie sous la couverture, elle regarda le visage de son amie qui à la lumière de la bougie avait pris une douce teinte orangée et tremblotante. Elle ne la souffla pas, cherchant à lire sur ses traits le passage de ses songes. Les paupières cillaient un peu trop rapidement. Elle s'adossa au mur, lui prit la tête entre les mains et la déposa sur ses genoux. Fredonnant un air aux étranges paroles sifflantes, elle se balança doucement d'avant en arrière, des heures durant, souriant ironiquement de son propre comportement. Elle si peu portée sur la maternité pouvait parfois se montrer étonnamment maternelle, quoique souvent plus louve que mère-poule. La flammèche de la chandelle finit par se noyer dans la cire fondue, plongeant la chambre dans le noir.

Bercée par son propre mouvement, Simone finit par s'assoupir, la tête contre le mur. Moins d'une heure plus tard poignit l'aube, dont la blanche lumière lui blessa les yeux à travers les paupières. À ses côtés elle sentit Isa s'agiter et se retourner. Réveillée tout à fait, elle se leva. Elle avait projeté de partir à l'aurore, mais le corps étendu, comme désarticulé, lui fit pitié et elle descendit sans l'éveiller.

À l'aubergiste elle acheta une miche de pain et une jatte de lait si crémeux qu'il en était solide. Elle déposa le pain chaud près du visage de son amie, espérant que son odeur suffirait à réveiller son appétit, et le reste de son corps par la même occasion. Appliquant une main fraîche sur son front, elle la bouscula doucement, sans mot dire, sachant qu'au réveil d'une cuite le moindre son est une agression personnelle.

_________________
Isadora.staicquachet
Isadora sentit une agréable odeur venir lui titiller l'appétit, son ventre grogna sourdement. Elle mourrait de faim. Elle avait du se rendormir, et son mal de tête était un peu passé, et quelque chose de frais sur son front l'apaisait également. Elle ouvrit doucement les yeux. Il faisait lumineux, mais c'était supportable. Elle vit la jatte de lait et le bout de bain, on aurait dit qu'il fumait tant son odeur exhalait dans toute la pièce. Elle en eut un nouveau grognement du ventre.
Puis elle vit Simone penchée au-dessus d'elle. Elle la secouait doucement, elle lui sourit.


Bonjour Castor.

Elle avait la voix un peu embrumée, et tout en se redressant elle ressentit un violent coup de masse sur le crâne... elle tenait une fameuse gueule de bois... elle était bien tentée de replonger illico sous la couverture... mais elle savait qu'elle devait se bouger. Simone était venue jusqu'ici pour la chercher, elle n'allait pas d'emblée commencer à faire le boulet.

Elle se cala en position assise dans le lit, se frotta le visage avec ses mains, et attrapa le bol de lait. Elle avait terriblement soif, l'alcool l'avait complètement déshydratée. Entre deux grandes gorgées goulument avalées, elle remercia Simone :


T'es adorable, merci. Je dois avoir une sale tête hein... Heureusement que t'as pensé au mulet... J'ai les jambes complètement engourdies...

Finissant sa phrase elle croqua un gros morceau de pain tout chaud, ça lui fit des pétillements dans la bouche tant c'était bon, et tant son ventre criait famine.
Elle engloutit pain et lait dans la foulée, terminant tout jusqu'à la dernière miette et l'ultime goutte.

Puis elle jeta les couvertures loin d'elle, et se redressa. La tête lui tournait encore un peu, et elle se sentait un peu nauséeuse, mais elle n'allait pas traîner des pieds toute la journée ! Elle sentit le froid sous ses pieds et constata qu'elle était déchaussée, laissant voir ses pieds tout boursouflés par le froid et les chemins parcourus dans de mauvaises chausses... Elle retrouva rapidement ses chaussures, les enfila, et se retourna vers Simone.



Tada!
Jsuis prête!
Allons-y gaiement !

_________________
Simone_de_beauvoir
Elle la regarda dévorer. Ses longs cheveux emmêlés lui tombaient dans les yeux, des yeux rougis de fatigue et d'avoir été frottés. Simone passa une main dans sa propre crinière, songeant qu'elle ne devait pas avoir meilleure allure.

T'as... ta tête. Et elle a même pas changé. Tu te sens de partir maintenant ? Je sais qu'il est tôt...

Elle ouvrit les volets en grand, laissant la lumière crue d'hiver entrer à flots dans la chambre, puis s'accouda à la fenêtre. Le froid lui mordit les joues.

Mais si on part maintenant, on sera arrivées avant la nuit.

Elle dut se montrer convaincante, puisque son amie finit par quitter la couche et se chausser. Souriant devant son enthousiasme, Simone l'imita.

Hosanna !...

Et elles y allèrent gaiement. Au sortir de l'auberge, elles firent un détour par l'écurie pour y chaparder une brassée de foin et détacher l'animal. Simone ficela la balle pour la lui attacher sur le dos, en prévision d'un caprice en plein voyage. Puis elle le tira, bon gré mal gré, hors de l'étable.

Bon. Voilà. J'ai pas encore trop l'habitude, hein, parfois j'sais pas trop comment le prendre, surtout quand il s'arrête brusquement et qu'il refuse d'avancer pendant une demi-heure. Pour ça que j'aimerais prendre un peu d'avance. Dommage qu'il parle pas, ça serait quand même bien plus pratique pour savoir ce qu'il veut. M'enfin il n'devrait pas t'envoyer dans le décor, t'inquiète. Il ne rue pas, il est très gentil, même s'il n'aime pas trop être monté. Ah, il s'appelle Jean-Paul. 'Fin, j'dis ça mais il a pas l'air au courant, lui.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)