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Info:
Hostel d'Harlegnan, résidence parisienne de la famille d'Harlegnan

[RP]L'Hostel d'Harlegnan

Louishubert


Sinon du nombre de fenêtre particulièrement grand pour l'époque, la bâtisse se serait aisément confondu dans la masse. L'immeuble s'embriquait même légèrement entre les autres d'un genre semblable: un hostel particulier, comme un autre, avec son portail de fer forgé, les armes familiales du propriétaire bien en vue et ses allures de bâtiment trop peu habité. Certes, il était entretenu par les gens de la famille, mais il manquait de cet éclat certain que dégagent les domiciles habités à longueur d'année, de ce petit détail qui rend persceptible la présence humaine. Pas grand chose en somme, mais une infinité de légères touches qui font un tout dans l'esprit de l'Homme, de quoi lui donner la conclusion nette que l'hostel avait des occupants: des traces de sabot dans la terre, une dorure sur les poignées signifiant une usure naturelle, ou encore, le simple fait qu'aucune odeur ne se dégage de l'établissement. Car d'odeurs, Paris semblait être la championne, mais Patrick Süskind sait sans doute mieux que moi vous en faire le récit.

Un hostel assez normal en somme, avec son portail et sa petite cour, avec son salon et sa salle à manger, avec ses chambres et ses bureaux. Rien de somptueux en soit, mais un luxe assez grand pour la résidence secondaire d'un Vicomte à Paris. Bien qu'il eut regretté l'Hostel éponyme de la place Saint-Ange à Bruges, le Cerf s'agrémentait assez bien de sa situation. Et si, de circonstance, il en venait à s'ennuyer, Paris avait la faculté de regrouper la grande majorité du monde intéressant, et dès lors, il se permettait de les visiter et de prendre un verre.

Ainsi, l'hostel d'Harlegnan vivait... parfois. Autant on l'aurait cru mort à ses heures, autant on ne pouvait pas manquer d'être interpelé en passant devant l'édifice. Dans ses élans d'excès, on pouvait entendre mille discussions endiablées où les noms d'Aristote, de Lévan et de LongJohnSilver fusaient de par et d'autre, envenimant de sempiternels débats sortie une quelconque exégèse d'un vieux texte de loi ou une récente annonce scellée d'un coup de bague royal.
Ilargia
Paris, enfin! La blondinette n'était pas fâchée d'apercevoir enfin l'enceinte de la grande cité.

Par la porte Saint Jacques, puis la rue du même nom, le petit groupe pénétra dans la capitale et prit la direction de l'hostel du cousin de Flandres, gracieusement mis à la disposition des deux filles de la duchesse Izarra. L'aînée, bâtarde, avait en effet décidé de ce voyage afin de distraire sa cadette. Les séquelles de sa chute et sa longue immobilisation, l'ambiance mortifère du domaine guyennois sur lequel se cloîtrait une mère malade, tout cela faisait dépérir la gamine à vue d'oeil. C'est donc pour lui changer les idées que la blondinette l'avait mené céans. Et à voir l'éclat d'intérêt qui avait brillé dans les yeux de la pitchounette pendant le voyage, l'aînée se disait que son idée était bonne.

Plongée dans ses pensées, Aélis n'avait suivi qu'avec distraction leur cheminement sur ces dernières toises de leur voyage. Et c'est presque surprise qu'elle sentit la litière s'immobiliser devant l'entrée de la bâtisse que dominaient les armes du vicomte de Lannoy. Leur dernière étape avait pris la journée.

Expédiant l'escorte aux communs, la blondinette se fit ouvrir les appartements à elles deux réservés par l'intendant du flamand. Pièces dans lesquelles on ne tarda guère à apporter leurs bagues et bagages.

Se tournant vers sa jeune soeur, qui l'avait suivi en claudicant, elle prit un air faussement grondeur, imité de leur vieille gouvernante, pour s'adresser à elle.


Allons jeune damoiselle, au lit maintenant, et prestement.

Ebouriffant avec affection les boucles de la marmousette, elle reprit avec un sourire complice.

Demain, je t'emmène faire la tournée des orfèvres du Pont au Change, il va te falloir être en forme!
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pnj
La capitale ! Depuis que nous avions passé la vieille enceinte du feu roi Philippe Auguste, j'écarquillai des mirettes larges comme des soucoupes tant j'étais désireuse de tout voir. Le voyage déjà avait été toute une aventure pour moi, qui n'étais jamais allée plus loin que Bordeaux. Traverser ainsi le royaume m'avait semblé si enivrant, et tellement amusante les étapes dans les albergues disséminées le long des chemins, où se mêlaient marchands, pèlerins, soldats, bourgeois, nobles, marauds... Tant de gens dissemblables que seules leurs pérégrinations mettaient _ temporairement _ en présence...

Et mon impatience et ma curiosité grandissaient encore maintenant que nous nous trouvions à Paris. Tous les noms de lieux que je ne connaissais pas encore et qui avaient émaillé mes lectures ou les conversations de notre escorte chantaient à mes oreilles: Sorbonne, Louvre, Halles, Cité, marché aux fleurs, rues de la Harpe, de la Huchette, de la Tixanderie... Des mots qui masquaient tout un monde que je trépignais de découvrir!

La tête pleine de songes, j'en avais oublié l'état de mère, et ma récente boiterie. Et si le premier me laissa l'esprit en paix, la seconde en revanche se rappela vite à mon souvenir. A peine descendue de litière, ma jambe dextre demeurée trop longtemps immobile me refusa un service correct. Je me mordis les lèvres pour ne pas éclater en sanglots tandis que je gagnais en boitillant l'intérieur de l'hostel.

Aristote merci, la vision d'Aélis imitant à la perfection Eudeline-le-Dragon vint à point pour me distraire, et je souris avec reconnaissance à ma grande soeur, la bénissant de m'avoir emmenée pour ce séjour. Me pliant de bonne grâce aux directives de mon aînée, je pris le chemin de la chambre qu'on m'avait attribuée, les yeux brillants d'enthousiasme: orfèvres! Elle avait bien dit que nous irions voir les orfèvres! Et c'est la tête farcie de représentations de bijoux merveilleux que je m'endormis, un sourire aux lèvres.
Ilargia
L'adolescente suivit du regard sa jeune soeur qui s'éloignait d'un pas lent. Trop lent en fait, mais ce rythme plus que modéré lui permettait de dissimuler sa claudication. Elle retint un soupir. Pauvre Boucles-d'or. Elle payait bien cher la seule bêtise faite dans sa courte vie! Enfin...

S'étirant paresseusement, la blondinette gagna sa propre chambre où elle trouva une meschine attendant ses ordres. Décidément, le cousin savait tenir sa maison. Sourire en coin. La donzelle était loin d'être repoussante, elle ne devait pas servir icelieu qu'à faire les lits, mais devait bien les défaire aussi, l'occasion..

Baste! Peu importait! La seule chose qui intéressait la blondinette pour l'heure, c'était de se délasser de ces heures de voyage après lesquelles elle se sentait fourbue et poussiéreuse. Un bain. ce qu'il lui fallait, c'était un bain.

Il fallut peu d'instants à la meschine pour faire apprêter le caprice de la damoiselle. Le temps de faire chauffer l'eau, puis de la verser, encore fumante, dans une vaste cuve de bois au fond recouvert d'une toile de Hollande. Enfin seule, l'adolescente laissa choir ses vêtements à terre, ramena en couronne sur le dessus de sa tête les deux tresses qui maintenaient ses cheveux et se laissa glisser avec un petit soupir d'aise dans l'eau chaude, parfumée, et dans laquelle elle versa une généreuse ose de lait d'amande, dont l'opacité ne tarda pas à masquer le jeune corps immergé dans la cuve.

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Phillau
Paris, ville des Rois.

Après un bref interlude commercial dans la grande foire de Saint-Germain, haut lieu des commerces en tout genre, Phillau pénétrait enfin dans la grande ville.

Les bagages allégés de tout le fer et de toutes les armes vendues il y a peu, remplacés par du Tissu Flamand et de la laine tissée italienne, Phillau et sa petite escorte de seigneur provincial passaient la lourde porte Saint-Germain. Laissant un de ses hommes payer la taxe au questeur, Phillau toisa les gardes du Rois qui, surveillant les portes, paraissaient suspicieux à l'égard de cette petite troupe en arme.
Traversant la Rive Gauche parisienne, la petite troupe passa la Seine en enjambant l'île de la Cité, longeant ainsi l'Hôtel Dieu et son attroupement de malade et de mendiant. Le pont au Change traversé, Phillau se détourna de la place de Grève et pénétra dans une petite rue, il déboucha ainsi devant un grand portail frappé dans toute sa grandeur par les armes d'Harlegnan.


Nous y sommes , lança-t'il à ses hommes.

Le plus âgé de ses compagnons, celui qui devait sans doute être son valet, la valeureux Nestor, s'approcha de la grille et héla l'un des gardes. S'en suivit un petit dialogue de serviteur qui déboucha sur le grincement sourd des deux grandes grilles de fer. La petite troupe rentra, la charrette de tissu ainsi que les chevaux furent conduit vers les écuries et les annexes, Phillau et Nestor, une fois décrottés, rentrèrent dans la demeure.

Nestor, fait monter mes bagages dans nos appartements. J'aimerais trouver mon cousin et mes nièces.

Phillau tenta de se retrouver dans ce grand hôtel.
pnj
Bien, monseigneur.

Nestor, cambré par l'âge, saisi les malles et suivis par deux autres hommes, monta les malles à l'étage. Les appartements de Phillau, situé peu loin de ceux de sa cousine et de ses nièces donnait directement dans la cour.

Nestor s'autorisa un petit repos sur l'un des sièges de la chambre de son maître, il savait que celui-ci ne lui tiendrait pas rigueur.
Phillau
Après avoir reprit possession des lieux et d'avoir rafraichit sa mémoire sur la disposition des lieux, Phillau monta à l'étage pour revoir sa nièce. Il s'approcha de ses appartements et croisa une des servantes d'Aélis, elle lui indiqua que la "petite" était dans son bain.

Phillau s'arrêta devant la porte, hésitant entre l'envie de frapper, et de croiser le jeune corps de sa nièce nue sous sa serviette, et sa raison qui le poussait à revenir peu avant le souper. Le corps de sa cousine, même enceinte flétrie par les années développait en lui des sentiments insoupçonnés et l'idée qu'il puisse trouver en sa nièce sa cousine sous le jour de ses belles années fit chavirer Phillau.

Il toqua


Ma nièce ?

Devant la porte, seul, un peu benêt, il attendit patiemment.
Ilargia
A trop se prélasser dans l'eau chaude et parfumée, on court le risque de s'y assoupir. Et une blondinette que l'on sort brusquement de sa torpeur, ça sursaute, ça glisse malgré la fine étoffe destinée à protéger sa peau des échardes de bois. Et ça boit plus ou moins la tasse. Bref en quelques minutes, voilà l'Aélis passée du statut de naïade à celui _ nettement moins attrayant _ de petit chat au bord de la noyade.

Quitte à ressembler à un chaton, la môme en profita pour secouer sa tignasse, façon bestiole qui s'ébroue, et se releva. Attrapant la grande pièce de tissu destinée à se sécher, elle s'entortilla dedans comme dans une toge et s'examina d'un oeil amusé dans le coin de miroir posé non loin. Mouais, après la naïade grecque, on faisait dans la matrone romaine là. Mais bon, si elle prenait le temps nécessaire pour se vêtir d'une façon eudelinesquement convenable, le cousin aurait dix fois le temps de s'endormir sur le palier. Et de toute façon, le Dragon n'était pas là pour venir la sermonner sur l'inconvenance de sa conduite.

C'est donc drapée dans sa robe de fortune, les boucles encore humides et frileusement blottie près de la cheminée que la blondinette s'apprêta à recevoir son oncle-cousin.


Je suis là mon oncle, entrez !
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Phillau
Je suis là mon oncle, entrez !

A ces mots, Phillau ouvrit lentement la porte, laissant rentrer par la même occasion un léger courant d'air froid. Il vit sa nièce drapée à la romaine dans son fauteuil près du feu, ses cheveux encore mouillés dégoulinaient sur le large tapis.

Il s'approcha et en faisant le tour du fauteuil, découvrit avec un mélange de sensation la nudité de sa nièce. Son drapage laissait entrevoir la base de son cou et le début de sa jeune poitrine, Phillau espérait intérieurement que son teint ne rougisse pas trop, sans trop de succès visiblement. Tentant de calmer ses ardeurs passagères, Phillau s'assit dans le fauteuil situé en face d'elle.


Cela faisait longtemps que nous ne nous sommes pas rencontrés.

Un léger rictus se dessina lorsque le regard de Phillau se laissa transporter jusqu'à sa cousine, et la réaction fut sans appel. Que ce feu est magnifique...
Ilargia
La blondinette regarda d'un oeil interloqué le teint de son oncle-cousin se colorer joliment. Effet du feu qui flambait haut dans l'âtre et donnait à la pièce une atmosphère proche de celle d'un étuve? Ou bien le... hum... désinvolte de sa vêture qui vêtait bien moins qu'il n'est ordinairement admis son corps à mi-chemin entre l'enfant et la femme? Bonne question. Du dernier des palfreniers des Dombes aux propres membres de sa famille, les hommes seraient-ils donc tous des pourceaux uniquement intéressés par la chair? Encore une bonne question, à laquelle la relative innocence de la jeune fille l'empêchait de donner une réponse.

Délaissant ces réflexions sans fond sur la nature masculine, elle sourit à l'oncle, amusée par la brusque remontée d'un souvenir d'enfance.


Fort longtemps en effet mon oncle, nous nous sommes bien peu vus depuis mon séjour en Flandres voici bien des années. Vous me consoliez alors des frayeurs que me causaient mes désobéissances, vous en souvient-il?
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Phillau
Le souvenir de sa nièce encore enfant permit à Phillau de regagner un calme intérieur qui inexorablement se reflétait sur ses trait. Il se souvenait d'elle, trainant la nuit dans les couloirs empoussiérés d'une bibliothèque délabrée.

Le souvenir des quelques mots qu'il lui avait tenu et qui avait semblé apporter un réconfort immense à l'enfant qu'elle était alors, ravivait en lui la tristesse de ne pouvoir se dire père. Bien qu'il fût au courant de la naissance au couvent d'un enfant qui était peut-être le sien, rien ne détruisait plus en lui, en ce moment, que le rappel de sa non-paternité et de sa solitude dans les douces nuits guyennaises.

Ah, qu'il aurait aimé à ces instants parler de père à fille des doux moments de l'enfance de cette femme en devenir. Bien qu'un père digne de ce nom ne se permettrait pas de voir sa fille en pareille tenue à des âges où le corps se dessine et où les sentiments naissent.


Oui, ma nièce, je m'en souviens. Je me souviens aussi du petit secret autour de ces évènements, secret qui n'aura jamais été ébruité dans la famille, ni ..., ni à votre mère.

Izarra, douce femme dont la beauté comme l'esprit commençaient à se flétrir sous le poids des années et des tourments. Une part d'elle vit dans ces filles, pensa Phillau. Cette même malice et cette beauté qui laisserait fou n'importe quel garçon d'écurie ou noble duc.
Ilargia
La gamine laissa filer un éclat de rire joyeux en repensant à ce fameux secret.

J'avais si peur de me faire punir... Songez donc, pour la première fois que mère me laissait seule, j'ai quand même trouvé le moyen de faire des bêtises. Elle en aurait été folle de rage!

Rire qui s'éteint aussi brusquement qu'il est parti. Folle, elle l'est bien devenue, la maternelle. Et hélas pas au sens figuré. La fière matriarche sombrait de plus en plus dans la démence. "Sauf quand on la met assez en colère pour la ramener sur terre" songea avec un humour noir la blondinette à qui l'on avait raconté la scène qui avait opposé sa mère, son demi-frère et la catin d'empire qu'il avait engrossée.

Secouant ses boucles, Aélis s'arracha à ces pensées et changea résolument de sujet, gardant néanmoins son ton badin.


Mais vous voilà bien loin de la Guyenne mon oncle. En auriez-vous assez du vin, la bière des Flandres vous manquerait-elle?
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Phillau
Ce petit rire....

Doux moment qui s'arrêta lorsqu'on passa sur les raisons de sa présence.


Je suis venu d'abord pour voir ma famille. Les longues soirées d'hiver commencent à me lasser, seul dans ma demeure.

Seul, là était bien le mot. Malgré la présence de Nestor à ses côtés et les chasses entre ami dans les forêts landaises, Phillau était définitivement seul. Sans femme à chérir, sans enfants avec qui jouer. La présence des enfants d'Izarra se faisait manquer à l'Hostel d'Harlegnan bazadais et cela déprimait Phillau.
Seul devant le feu à lire traité sur traité, Seul dans la bibliothèque à négocier avec de lointain marchand les prochains contrats.
Seul et définitivement seul alors que ses amis croulaient sous les bambins que Phillau chérissait tant.

A cette petite, il allait cacher son passage à la foire Saint-Germain, les affaires économiques et ses trafics d'armes en tout genre ne nécessitent pas d'être ébruité. Particulièrement vu les acheteurs du moment, de sombres brigands dont Phillau ne connaissait pas plus qu'un surnom et qu'ils payaient grassement.


Je vais me rendre en Flandres aussi, même si je suis heureux de vous voir, Paris n'est qu'une étape.

Une étape oui, étape vers la résurrection sentimentale. Phillau voulait revoir sa famille, ses nièces, sa cousine. Mais ce qu'il voulait plus que tout, c'était revoir ses Flandres et peut-être elle.

Il y a quelqu'un que je souhaite revoir, une femme que j'ai servit quand elle fut duchesse et que je regrette d'avoir quitté.

Les regrets étaient nombreux, mais particulièrement celui-ci. Un soupir résonna dans la pièce avant de faire vaciller la flamme dans le feu, chatoyant les briques en pierre de la cheminée.
Sa nièce était joyeuse et voilà qu'il venait l'ennuyer avec des problèmes que femme en devenir ne devait pas encore connaître, elle qui était encore pure dans l'attente d'un mari.
Ilargia
La blondinette détailla l'oncle du regard, un peu surprise de le voir si... Si quoi au juste d'ailleurs? Abattu? Mélancolique? Blasé? Peut être tout simplement humain au fond. On était si prompts, chez les Vergy-Harlegnan, à se transformer en statue que rien ne semble toucher, qu'on en oubliait parfois que les autres aussi vivaient, aimaient parfois, souffraient à l'occasion. Avec l'égoïsme forcené de la jeunesse, Aélis ne s'était que fort rarement préoccupée d'autres états d'âmes que les siens. Bon, elle s'inquiétait aussi de ceux de Guilhem, certes, mais ce n'était pas pareil. Guilhem c'était... C'était Guilhem et ça se passait de commentaires superflus, même in petto.

"Une femme que j'ai servit quand elle fut duchesse et que je regrette d'avoir quitté"... Ah ah ! On tenait peut être là l'explication de la mélancolie du cousin-oncle ! Avec un sourire taquin, la blondinette entreprit d'en apprendre davantage.


Une femme? Je me disais aussi que la seule bière flamande était un peu légère pour vous faire traverser tout le royaume, mais s'il y a une dame...

Vous en êtes épris mon oncle?

Elle rosit légèrement, consciente que l'oncle en question pourrait fort bien prendre sa curiosité pour de l'impertinence et la rabrouer vertement.
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Phillau
Les couleurs montaient au teint de sa nièce comme cela fut le cas peu avant lorsque Phillau avait pénétré dans cette pièce. Les rôles s'échangeaient peut-être entre personne mal à l'aise.

Epris est un bien grand mot et je ne saurais répondre maintenant.

Il semblerait quand même que le malaise restait gravé sur les traits de Phillau, la petiote allait vite savoir qu'elle touchait un point faible

Il existe une femme, fort jolie et fort intelligente, vivant en Flandres. Je ne sais encore si ce sont réellement des sentiments ou bien si mon esprit me joue des tours, mais...

Arrêt au cœur de la phrase pour laisser échapper un soupir mélancolique. Il parlait de supposition, mais au fond même de lui, dans sa chair la plus interdite, il savait. Oui, Phillau savait la réalité de ce qu'il pensait, mais personne ne devait le savoir pour le moment. Epris il l'était, mais ce qu'il ne voulait pas, c'est être éconduit.

Mais, je me rends là-bas pour être certains

Réponse facile et sans aucune surprise, mais elle suffisait à ne pas laisser pareille phrase en suspens.
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